Texte intégral
Bonjour à toutes et à tous,
Mesdames et Messieurs, je voudrais vous présenter mes meilleurs vux en cette année 2012 pour vous, votre famille, vos proches et pour votre engagement professionnel. Année 2012 qui sera bien évidemment passionnante non seulement compte tenu de l'action qui est portée par ce ministère, par moi-même et le gouvernement - je vais revenir dans un instant sur les sujets d'actualité que nous avons - Année qui sera passionnante parce que j'ai cru comprendre que l'éducation pourrait être au cur de débats passionnés au printemps prochain. En tout cas, je m'en félicite.
Je voudrais en quelques minutes vous faire un petit point d'actualité de l'action qui est la mienne au sein de ce ministère que vous connaissez, depuis deux ans et demi que j'en ai pris la responsabilité. J'ai pensé important de revenir sur un certain nombre de questions, à la fois structurelles, de fond et en même temps d'actualité, des sujets qui nous mobilisent mon équipe et moi-même ces derniers temps. La réalité est que - le Président de la République l'a très bien dit la semaine dernière lorsqu'il a présenté ses vux à l'éducation - nous sommes en train de transformer profondément le système éducatif français. En profondeur parce que nous avons d'abord réalisé des réformes majeures, depuis quatre ans et demi. La réforme des fondamentaux en primaire, la réforme de la formation des enseignants, la réforme du lycée et du lycée professionnel sont des réformes structurelles absolument majeures. Nous avons aussi engagé des expérimentations. Je pense au dispositif Eclair, précurseur de l'éducation nationale future. Je pense aux expérimentations au collège. Je pense aux expérimentations sur les rythmes scolaires. Nous avons aussi amorcé des réformes fondamentales sur le système éducatif. Je pense à l'évaluation des enseignants. Je pense aux rythmes scolaires. Je pense à la gouvernance du système éducatif.
La vérité est que la famille politique à laquelle j'appartiens aujourd'hui porte une réelle vision, un cap du système éducatif, ce qui n'a pas toujours été le cas par le passé. Aujourd'hui nous avons une vraie vision. J'ai eu l'occasion de la présenter à plusieurs reprises devant vous. Nous considérons que l'école française est aujourd'hui à un tournant de son histoire, comme elle l'a été il y a une centaine d'années au moment des décisions fortes qui ont été prises pour rendre l'école obligatoire, comme elle l'a été il y a trente ans lorsqu'il y a eu une volonté politique de la démocratiser davantage. Aujourd'hui l'enjeu est de rendre le système éducatif plus efficace pour faire en sorte qu'il y ait bien une solution pour chacun en sortant de l'école. C'est donc tout l'enjeu de cette personnalisation que nous avons engagée, à tous les étages, la personnalisation des parcours, la personnalisation des pédagogies et la personnalisation dans l'organisation du système.
Je vous disais que l'un des acquis importants de ce quinquennat dans le domaine éducatif aura été la réforme de l'école primaire, tout le travail que nous avons mené sur l'école primaire. Il est vrai que l'école primaire est le début de tout. Vous vous souvenez, au moment où j'ai présenté mon plan sur la prévention de l'illettrisme, j'avais consulté un certain nombre de spécialistes du langage qui m'avaient très bien expliqué que tout se joue à l'arrivée avant même l'arrivée en cours préparatoire. Les conditions de l'arrivée en cours préparatoire sont fondamentales. Un élève qui possède 150 mots et un élève qui en maîtrise 700 à 1 000, l'on sait très bien qu'en entrant au cours préparatoire, ils n'auront pas les mêmes chances. Mon dernier fils est en cours préparatoire. Dans sa classe, ils sont déjà un certain nombre à savoir lire. D'autres ne savent pas encore lire. D'autres ont lu plus tôt. L'on voit bien que la maîtrise du langage en entrant en cours préparatoire a des conséquences sur la rapidité d'acquisition de la lecture et des fondamentaux.
Tout le travail que nous avons mené, les programmes resserrés et recentrés sur les fondamentaux, l'abandon de certaines méthodes de lecture considérées comme néfastes, l'apprentissage du par cur, la réhabilitation du calcul mental mais aussi la réaffirmation d'un certain nombre de valeurs républicaines, civiques, morales, l'instruction morale, l'apprentissage de la Marseillaise en CM1, tout cela constitue des avancées considérables. L'incitation à la lecture, au travers le plan de prévention mais aussi le grand succès de l'opération Livre pour l'été - je vous annonce d'ailleurs en avant-première que le livre pour l'été 2012 sera Les lettres de mon moulin, qui seront, après Les Fables de La Fontaine et les Contes de Perrault, le best-seller des élèves de CM1 pour l'été 2012. Je n'oublie pas le travail de formation que nous avons mis en place au profit des enseignants primaires. Un exemple, en ce moment, nous avons 2 000 conseillers pédagogiques pour l'apprentissage de la lecture qui sont en formation. Ils auront pour mission d'accompagner les professeurs de CP et de grande section. Vous le voyez, après la nomination d'inspecteurs de l'éducation nationale en maternelle, après la réforme des programmes, nous avons une mobilisation très importante pour l'école primaire.
Deuxième élément important qui restera de cette action, c'est la déclinaison du concept de personnalisation que j'évoquais voilà un instant. Il se traduit à tous les niveaux d'enseignement par la mise en uvre de dispositifs d'accompagnement personnalisé. En primaire, la grande nouveauté depuis 2008, c'est la mise en uvre de l'aide personnalisée. Je rappelle qu'elle concerne 1,3 million d'élèves, deux heures par semaine, c'est-à-dire 26 % des effectifs. Dans l'éducation prioritaire, elle touche 33 %. Nous ciblons donc bien les élèves qui ont le plus de besoins, sur les élèves qui peuvent avoir des difficultés, qui ont été repérés par le maître et nous accordons bien la remédiation interne. C'est à nous, l'école de la République, d'assurer la remédiation. C'est dès le plus jeune âge qu'il faut permettre de corriger le tir. C'est un devoir que d'apporter ces corrections dès le plus jeune âge. C'est l'objectif de cette aide personnalisée. C'est aussi l'objet de ces stages de remise à niveau la semaine qui précède la rentrée. 244 000 élèves en ont bénéficié l'an dernier. C'est un vrai succès. Cela représente environ 15 % des CM1-CM2.
Nous sommes donc bien sur le même public des enfants en difficulté, qui ont besoin de davantage. C'est l'illustration de cette politique de différenciation. Sortons définitivement de cet égalitarisme qui a fait tant de mal à notre école. Nous avons besoin de faire plus pour les élèves qui ont plus de difficultés. L'égalité, ce n'est pas tout le monde pareil. L'égalité, c'est être capable d'affecter les moyens au bon endroit, là où il y a plus de difficultés. Si, sur le long terme, les résultats ne sont pas à la hauteur des engagements notamment financiers, c'est sans doute à cause de cela.
Je veux évoquer, en termes d'accompagnement tout au long de la scolarité, le grand succès d'un engagement fort du candidat Sarkozy de 2007, qui était l'accompagnement éducatif. Souvenez-vous. Il avait appuyé sa candidature sur les "orphelins de 16 heures", ces enfants dont les parents n'ont pas la possibilité de les accueillir à la sortie du collège, à 16 heures, parce qu'ils travaillent, parce qu'il y a des familles décomposées, parce qu'il y a des mères célibataires, parce qu'il y a des parents qui ont aussi parfois démissionné de leur rôle, des enfants qui étaient dans la rue et qui n'étaient pas accompagnés dans leur parcours scolaire. Nous avons mis en place un accompagnement éducatif dans les collèges qui est aujourd'hui systématique. Il est proposé à tous les collégiens. Un collégien sur trois, tous les soirs, en bénéficie. Un million d'élèves au total si l'on ajoute ceux de l'éducation prioritaire bénéficient tous les soirs de cet accompagnement éducatif. Je rappelle que cet accompagnement consiste à apporter un soutien scolaire. Des études, des enseignants qui aident pour leurs devoirs les collégiens qui restent après 16 heures, environ la moitié. L'autre moitié est composée d'activités sportives ou culturelles, ce qui est aussi un plus. Les résultats sont édifiants puisque dans la note de la DEPP publiée en fin d'année, vous l'avez vu, l'on constate une amélioration du comportement de ces élèves qui participent à l'accompagnement éducatif, pour 70 % d'entre eux. On constate une amélioration de leur réussite. 69 % des principaux de collèges nous disent que ces élèves réussissent mieux parce qu'ils sont accompagnés personnellement après les cours. On voit également une amélioration de leurs motivations pour l'école. Les deux tiers des principaux l'affirment. L'accompagnement éducatif était un engagement très fort de 2007 qui a rencontré un succès quantitatif et qualitatif.
Dans cette personnalisation, j'ai également voulu mettre en uvre un accompagnement personnalisé au lycée. Nous l'avons fait au lycée professionnel. Nous l'avons fait au lycée général et technologique. J'aurai l'occasion, après la remise du rapport de l'inspection générale, de vous présenter dans le détail les premiers éléments sur cet accompagnement personnalisé. Je peux déjà vous donner quelques tendances. En gros, les deux heures d'accompagnement personnalisé au lycée sont composées pour moitié d'activités de soutien scolaire, pour un quart de méthodes d'accompagnement en matière d'orientation et pour le dernier quart d'un approfondissement. Deuxième élément que je peux vous confier, on a un premier impact de cet accompagnement personnalisé au lycée sur le taux de redoublement en classe de seconde. Vous connaissez ma politique en matière de redoublement. Je ne suis pas dans la logique qu'il faut interdire tout redoublement. Il y a des redoublements utiles. Je suis d'ailleurs, en tant que père de famille, bien placé pour le dire. J'ai une fille qui redouble sa troisième et c'est un bon redoublement. Mais il y a aussi de mauvais redoublements. Vous avez des redoublements où l'on aurait sans doute pu trouver une alternative. Vous le savez, 40 % des élèves qui se présentent au baccalauréat ont redoublé au moins une fois durant leur parcours scolaire. La question est : ne peut-on éviter cela, trouver des alternatives à ce redoublement ? C'était l'idée de cette réforme du lycée, avec un suivi individualisé, avec des passerelles, avec une meilleure orientation et avec cet accompagnement personnalisé. Nous avons déjà un impact puisque le taux de redoublement en classe de seconde en 2011 a été de 9,5 % contre 10,9 % en 2010 et autour de 13 % les années précédentes. Dernier élément, vous savez que j'ai voulu donner une marge de manuvre aux établissements scolaires dans l'affectation des ressources. Le quart de l'enveloppe des dotations scolaires est sous la responsabilité du chef d'établissement. Le quart de l'enveloppe horaire des établissements vient en soutien à l'accompagnement personnalisé. Les chefs d'établissement ont fait un choix d'aller plus loin dans l'accompagnement personnalisé, l'encourageant puisqu'il fonctionne et y consacrant davantage de moyens.
Ces réformes commencent à porter leurs fruits. Le temps de l'éducation est un temps long et le jugement suprême, que j'ai compris à travers l'enquête Pisa - l'on m'interroge beaucoup sur l'enquête Pisa. Je suis bien placé pour savoir que je suis sans doute le premier ministre de l'éducation nationale à avoir osé présenter les résultats, les assumer et essayer d'y donner une réponse. Beaucoup de ministres avant moi ont dit : "Pisa, cela ne nous intéresse pas, ce sont des anglo-saxons qui ne pensent pas comme nous, nous sommes seuls au monde, nous sommes différents donc ces enquêtes ne nous intéressent pas". Si, ces enquêtes nous intéressent.
Toutes les enquêtes nous intéressent. Toutes les évaluations nous intéressent. C'est notre devoir de les regarder en face. L'enquête Pisa 2009 porte sur des élèves de quinze ans, c'est-à-dire des élèves qui sont arrivés dans le système éducatif en 1997. Les réformes commencent à porter leurs fruits parce que vous avez des enquêtes plus régulières. Nous avons mis en place un système d'évaluation régulière en CM2 et en CE1. Vous le savez, la cohorte de 2011 évaluée en septembre est la première qui a connu toute la réforme du primaire que j'évoquais tout à l'heure. Or on assiste à un frémissement intéressant. Le nombre d'élèves fragiles et à niveau insuffisant en français a baissé de quatre points entre 2011 et 2010. Le nombre d'élèves qui au contraire sont bons et très solides a augmenté de plus de trois points. C'est un frémissement intéressant. Ensuite, nous avons une enquête que beaucoup citent en exemple, l'enquête CEDRE, qui vient d'être publiée pour l'année 2009. Elle montre qu'il y avait 15 % d'élèves qui entraient en sixième en ne maîtrisant pas la lecture en 2003. Ils sont aujourd'hui 13 %. C'est encourageant. Cela frémit. Le troisième élément, on parle beaucoup d'inégalités sociales. Je réponds différenciation. On fait plus là où il y a plus de besoins. Cela a l'air de plutôt bien fonctionner puisque dans les écoles d'éducation prioritaire, la part des élèves les plus faibles est passée dans l'enquête CEDRE de 31 % en 2003 à 23 % en 2009. Cela aussi est encourageant.
Peut-être pour terminer sur cette partie de bilan des réformes importantes et d'impact direct sur le système éducatif, un mot sur deux priorités qui sont celles du gouvernement : la scolarisation des élèves handicapés constitue un exemple de prise en compte de la différence et de personnalisation et d'individualisation. 60 % des élèves handicapés scolarisés de plus qu'en 2005. L'effort sera maintenu. Je rappelle que dans le budget 2012, nous augmenterons de 30 % le budget pour l'accueil des enfants handicapés. Dans le contexte budgétaire que vous connaissez, c'est un symbole extrêmement fort. Le deuxième sujet concerne la lutte contre le décrochage scolaire. Nous portons, je porte une politique sans précédent, un volontarisme gouvernemental sans précédent. Nous assumons qu'il y ait trop de jeunes qui quittent le système éducatif. Il faut le regarder en face. Pendant trop longtemps l'école a oublié. C'est la vérité. Trop de jeunes nous quittent sans qualification et sans diplôme. Maintenant, nous savons combien ils sont et nous savons qui ils sont. Nous avons mis en place 350 plateformes de décrochage scolaire qui sont placées sous l'autorité des préfets et des inspecteurs d'académie. Nous identifions chaque élève et nous leur apportons une proposition. Je peux vous donner quelques exemples. Dans l'académie de Nancy-Metz, nous venons d'avoir des résultats. Sur tous les jeunes qui sont reçus en entretien, 90 % obtiennent une réponse, c'est-à-dire qu'on leur propose une solution entre CFA, nouvelle formation d'éducation nationale, enseignement agricole, mission locale. Donc il n'y a pas de fatalité en matière de décrochage scolaire. C'est un défi absolument considérable. On ne peut continuer à se priver de 150 à 200 000 jeunes par an. On ne peut pas les laisser sur le bord du chemin parce que toute leur vie, ils le paieront.
Deux mots sur notre philosophie. J'ai évoqué la personnalisation. Le deuxième volet de notre philosophie est l'autonomie, la volonté de faire confiance, la volonté de déléguer, la volonté de considérer que ceux qui sont plus proches des élèves, de la réalité du terrain sont mieux à mêmes d'apprécier la pédagogie et les réponses aux difficultés de nos élèves. Le programme Eclair que j'ai cité tout à l'heure est exemplaire en la matière. Je rappelle qu'il concerne aujourd'hui 297 collèges, 28 lycées, 2 100 écoles. Je réunirai la semaine prochaine pour un séminaire d'une journée l'ensemble des chefs d'établissement et des inspecteurs d'éducation nationale chargés de ce programme. Nous aurons l'occasion de parler de pédagogie et dans les prochains jours sera publiée la circulaire de mouvement des enseignants sur ce programme Eclair. Je vous rappelle que ces mouvements se font hors cadre. Les recrutements se font sur profil. Les candidatures sont recueillies sur un site internet et ce sont les chefs d'établissement qui recrutent leurs équipes pédagogiques. C'est une révolution au sein de l'éducation nationale. Cela concerne aujourd'hui 300 collèges, collèges difficiles, dans des situations de recrutement de populations fragiles. Je pense que c'est une vraie réponse. Réponse aussi en matière d'autonomie, le décret sur la gouvernance académique qui est passé en conseil des ministres la semaine dernière. J'ai eu l'occasion de vous en parler il y a quelques jours.
Quelques mots avant de terminer sur des sujets d'actualité qui me mobilisent et vont me mobiliser dans les jours et semaines qui viennent. Le Président de la République, à juste titre, nous a demandé de travailler jusqu'au dernier jour. Il ne m'a pas dit d'être ministre de l'éducation nationale jusqu'au 31 décembre. Il m'a demandé d'être ministre de l'éducation nationale jusqu'au dernier jour. Lui-même est élu pour cinq ans. Il n'est pas élu pour quatre ans et huit mois. Jusqu'au dernier jour, nous travaillerons. Sur quoi travaillons-nous ? L'actualité du jour est la publication au Journal Officiel d'aujourd'hui du décret sur la revalorisation de nos enseignants. Là, nous assumons à 200 % la politique qui consiste à dire : moins d'enseignants, mieux rémunérés. Oui, nous ne remplacerons pas la moitié des fonctionnaires qui partent. Il est vrai qu'il y aura environ 70 000 enseignants de moins en cette fin de quinquennat qu'il n'y en avait en début. Je ferai simplement remarquer qu'il y a encore aujourd'hui plus d'enseignants qu'il y a vingt ans dans le système éducatif alors qu'il y a toujours moins d'élèves.
Cette politique nous permet cependant de pratiquer une revalorisation sans précédent. Connaissez-vous une entreprise, une administration qui a augmenté ses employés en début de carrière de 18 % en pleine crise économique ? Le Portugal a annoncé qu'il allait baisser de 25 % la rémunération de tous ses fonctionnaires. L'Espagne a décidé de faire travailler davantage ses enseignants pour aucune rémunération en plus, tout en baissant les salaires de 5 %. Tel est l'environnement de la crise que nous connaissons aujourd'hui. Nous avons fait un choix inverse, de responsabilité financière. Nos finances sont extrêmement contraintes. Nous le savons. Il y a d'un côté ceux qui vous disent : "nous continuerons à créer des postes dans la fonction publique". Il faut avoir en tête que 60 000 postes d'enseignants, sur la durée d'une carrière d'enseignants, cela représente 60 milliards d'euros pour l'État. À cela s'ajoute la retraite. Quand on embauche un enseignant, il est pris en charge par l'État depuis le premier jour de son recrutement jusqu'au décès du conjoint survivant. Cela veut dire qu'aux quarante années d'activité professionnelle, il faut ajouter la retraite. 60 000 fonctionnaires de plus, cela représente environ 100 milliards d'euros d'impact sur les finances publiques sur la durée. Cela n'est pas raisonnable et ceux qui disent qu'ils recruteront davantage d'enseignants savent très bien qu'ils ne pourront pas les revaloriser. Le Président de la République l'a très bien dit la semaine dernière. Nous avons un vrai sujet de paupérisation des enseignants. Nous avons un vrai sujet de niveau de rémunération de nos enseignants par rapport à d'autres métiers. C'est pour cela que nous avons pris cette décision. 2 000 euros le 1er février, ce sera la première fiche de paie des enseignants. C'était un engagement que j'avais pris. Le décret publié ce matin au Journal officiel le permet. C'est plus 18 % par rapport à 2010.
Un autre sujet d'actualité qui me mobilise est l'appréciation professionnelle des enseignants, l'évaluation. Le Président de la République m'a demandé de travailler sur le sujet car c'est un sujet très important. Il n'est pas nouveau, que nous n'avons pas sorti du chapeau le 15 décembre. Souvenez-vous, j'avais évoqué ce sujet dans le cadre du nouveau pacte de carrière que j'ai proposé en 2009. Nous avons engagé un travail de fond avec les associations professionnelles. Je tiens à rendre hommage à ce travail, sur ce sujet comme sur d'autres. J'ai eu l'occasion de voir à plusieurs reprises les syndicats, y compris ici même au mois de juin dernier. Nous leur avons présenté des études très intéressantes faites par des cabinets extérieurs, après le travail réalisé avec un panel de 3 000 enseignants, qui ont été consultés pour voir quels étaient les défauts, les faiblesses du système actuel d'évaluation et ce vers quoi il fallait tendre. Nous avons avancé. Nous continuerons. Une organisation syndicale a signé un accord de méthode. Nous continuons à avancer. J'aurai l'occasion de vous tenir informés de l'évolution de ce chantier dans les semaines à venir.
Autre sujet d'actualité, je présenterai dans les prochains jours une grande campagne - la première - de lutte contre le harcèlement à l'école. A la suite des assises que j'ai organisées au mois de mai dernier, nous avons décidé de rompre un tabou. On ne parle pas de ce sujet à l'école. Or cela n'était pas normal. La première décision que nous avons prise est donc d'en parler. La deuxième décision que nous avons prise - elle est actée - est que j'ai signé avec Facebook une convention de partenariat sur la question des réseaux sociaux. Troisième décision, nous avons, à la rentrée, mis en uvre un site de ressources pédagogiques à destination de nos enseignants. Il existe, c'est vrai et il ne faut pas leur en vouloir, des enseignants qui se sentent démunis par rapport à ce phénomène. Il fallait qu'ils aient les outils nécessaires. J'ai eu l'occasion de voir dans certains pays la façon la prévention contre le harcèlement est intégrée dans l'enseignement. Ce sont les enseignants du primaire qui, dès le plus jeune âge, font passer des messages. On voit bien qu'en France certains enseignants sont parfois désarmés lorsqu'ils sont confrontés à de telles situations. Dans les prochains jours, je présenterai donc une grande campagne en trois spots, réalisée en partenariat avec France Télévisions, qui sera également diffusée sur Internet, qui sera une vraie réponse à ce sujet particulièrement douloureux. L'actualité récente l'a encore démontré. Le portail numéro national net-écoute sera également mis en place et le site internet prévu à l'attention des parents sera aussi mis en uvre.
Deux sujets pour terminer rapidement. Je recevrai à la fin du mois de janvier le rapport sur l'apprentissage des langues vivantes, un travail de plusieurs mois. Cela sera l'occasion de présenter les mesures que je souhaite mettre en uvre pour l'amélioration de l'enseignement des langues, des mesures proposées par le comité, sur lesquelles nous travaillons ici en interne depuis plusieurs mois. Je pense notamment au Cned, qui va proposer des innovations très spectaculaires dans le domaine de l'apprentissage des langues. Je vous présenterai cela au cours du salon Eurolangues.
Dernier sujet d'actualité, j'ai reçu voilà quelques jours le rapport des inspections générales sur l'organisation du baccalauréat à la suite des fraudes que nous avons constatées l'été dernier. Vous vous souvenez que j'avais pris deux décisions. L'urgence était d'améliorer la sécurisation du baccalauréat 2012. C'est chose faite. Nous avons mis en place une doctrine de sûreté. Actuellement, dans chaque rectorat est en train d'être réalisé un diagnostic de sécurité. Il a déjà été réalisé dans plusieurs académies. On améliore établissement par établissement, centre d'examen par centre d'examen, la sécurité. Nous avons mis en uvre - vous avez pu le voir à Pau en fin d'année - une charte de déontologie et nous sommes en train d'élaborer un texte qui sera publié prochainement sur le cadre juridique des sanctions lorsque l'on est coupable de fraude au baccalauréat. Tolérance zéro à l'égard des tricheurs. Je l'avais indiqué dès le mois de juin. C'est la mise en uvre de cette politique qui se fait progressivement. Le deuxième volet était le travail de fond confié aux inspections sur l'organisation du baccalauréat, objet du rapport qui vient de nous être remis. Nous sommes en train d'y travailler et je vous présenterai très rapidement quelques pistes et quelques décisions sur l'organisation même de ce baccalauréat pour faire en sorte qu'il soit plus équitable et que l'on réponde aujourd'hui à certaines difficultés que nous avons pu rencontrer.
Voilà Mesdames et Messieurs ce que je souhaitais vous dire ce matin. Comme vous le voyez, c'est un programme chargé, intense mais nous sommes là pour ça. Nous avons un cap. Le cap est de faire en sorte qu'aucun élève ne quitte à l'avenir le système éducatif sans qualification ni diplôme. Une solution pour chacun. Pour cela, nous mettons en uvre progressivement cette révolution de la personnalisation à tous les étages. Nous la déployons à travers l'organisation pédagogique, l'organisation du système et la réforme en profondeur de la gouvernance, à travers la plus grande autonomie qui est laissée aux acteurs locaux auxquels il faut faire confiance. Je fais confiance à nos enseignants qui font sans doute à la fois le métier le plus difficile mais aussi le plus beau. Transmettre le savoir est sans doute le plus beau métier qui soit, le plus exaltant. Nos enseignants sont confrontés à des difficultés. Il ne faut pas le nier. Ils sont les victimes de ce système et n'en sont pas les auteurs. C'est à nous d'apporter des réponses à cela. Il y a souvent des décalages entre la perception de l'extérieur du système éducatif et de ce que sont les enseignants et ce qu'il se passe réellement dans la classe, sur le terrain. Les enseignants souhaitent que l'éducation nationale se modernise, qu'elle s'adapte, qu'elle bouge, qu'elle suive l'évolution du monde et qu'on leur laisse davantage de marge de manuvre. C'est la voie que nous avons retenue.
Source http://www.education.gouv.fr, le 13 janvier 2012