Texte intégral
Pour une défense crédible
Parmi les dossiers les plus sensibles de cette fin de législature, il en est un, peu connu, dont l'importance est cruciale pour l'avenir de notre pays. Je veux parler de la prochaine loi de programmation militaire qui fixera, pour les années 2003 à 2008, le cadre général de l'organisation de nos armées et le niveau des ressources que nous entendons consacrer à la défense de la France, de ses habitants, de ses valeurs et de ses intérêts.
Des choix qui seront faits dépendront, dans les années à venir, non seulement la sécurité du territoire national mais aussi le niveau de l'influence de la France en Europe et dans le monde.
Le Gouvernement, après un an de valse-hésitation, semble avoir décidé enfin d'élaborer un projet de loi qui pourrait être présenté au Conseil des ministres avant les vacances d'été.
Est-il possible de faire confiance au Gouvernement en ce domaine ?
Nous sommes sans illusion. L'actuelle loi de programmation, votée en 1996, n'a pas été respectée, tant s'en faut. Les retards sur certains programmes d'équipement se chiffrent en années. Le différentiel avec nos partenaires britanniques s'est accru sensiblement depuis quatre ans.
Le projet du Gouvernement ne sera pas à la hauteur des besoins et des enjeux et ne répondra pas aux exigences d'une véritable politique de la France. Les informations dont nous disposons le prouvent déjà.
Consolider la professionnalisation de nos armées et leur donner les moyens de jouer un rôle déterminant dans la politique européenne de sécurité et de défense, garantir notre place dans l'Alliance, mettre la France en mesure d'exercer ses responsabilités de membre permanent du Conseil de Sécurité, tels sont les objectifs assignés à la future loi de programmation militaire par le Président de la République.
Il est évident que les ressources financières allouées par le Gouvernement à la future loi de programmation militaire ne donneront pas à la France les moyens de cette ambition. Cette loi ne sera pas celle que nous réclamons.
Il nous importe de faire comprendre au Gouvernement qu'il ne peut, ni ne doit brader l'intérêt national. Il ne faut pas sacrifier notre défense sur l'autel des mesures, 35 heures, emplois-jeunes non financées.
Mais il nous faut aussi bien poser le principe de la nécessité d'une loi de programmation afin de nous doter d'un cadre et d'une vision à long terme de notre défense adossée à une programmation budgétaire. Ce principe étant respecté notre vote dépendra de la réponse aux questions suivantes :
Permettra-t-elle la poursuite et l'achèvement de la réforme des armées engagée en 1996 ? Préservera-t-elle la professionnalisation et l'entraînement des forces ?
Maintiendra-t-elle l'objectif du modèle d'armée pour 2015 défini par la loi actuelle ?
Marquera-t-elle, en matière d'équipements, un effort conforme à nos engagements dans le cadre de l'Europe de la Défense ?
Si ces exigences minimales étaient respectées, nous pourrions dans l'intérêt des armées, accepter le projet du Gouvernement. Il ne fait guère de doute, en effet, que nos forces, très sollicitées, éprouvées par des restructurations de grande ampleur doivent être rassurées sur leur avenir, sur leurs effectifs, sur le modèle d'armée qui reste l'objectif.
Les personnels de nos armées s'interrogent sur la capacité du Gouvernement à prendre en compte leurs inquiétudes quant à la possibilité de remplir leur mission. Il est évident que la sous-estimation des dépenses de fonctionnement par la loi de Finances en est la raison principale.
La sécurité de la France, sa place dans le concert des Nations et le rôle qu'elle veut jouer dans la construction européenne sont des sujets trop graves pour qu'ils soient pris en otage par la cohabitation. La dérive des finances publiques et les surenchères électorales ne faciliteront pas la tâche des législateurs. Mais sur un sujet qui relève de l'intérêt national, l'opposition se déterminera en priorité sur les critères que j'ai énoncés.
La future loi de programmation militaire, si elle répond à ces exigences et si elle est appliquée, devrait donner à la France les moyens d'affronter dans les années à venir les crises qui affectent ses intérêts et les menaces nées de la prolifération des armes nucléaires. Nous ne sommes pas de ceux qui croient, comme l'a rappelé le Président de la République, "que la paix n'a pas de coût parce qu'elle n'a pas de prix ".
(source http://www.rpr.asso.fr, le 27 juin 2001)
Parmi les dossiers les plus sensibles de cette fin de législature, il en est un, peu connu, dont l'importance est cruciale pour l'avenir de notre pays. Je veux parler de la prochaine loi de programmation militaire qui fixera, pour les années 2003 à 2008, le cadre général de l'organisation de nos armées et le niveau des ressources que nous entendons consacrer à la défense de la France, de ses habitants, de ses valeurs et de ses intérêts.
Des choix qui seront faits dépendront, dans les années à venir, non seulement la sécurité du territoire national mais aussi le niveau de l'influence de la France en Europe et dans le monde.
Le Gouvernement, après un an de valse-hésitation, semble avoir décidé enfin d'élaborer un projet de loi qui pourrait être présenté au Conseil des ministres avant les vacances d'été.
Est-il possible de faire confiance au Gouvernement en ce domaine ?
Nous sommes sans illusion. L'actuelle loi de programmation, votée en 1996, n'a pas été respectée, tant s'en faut. Les retards sur certains programmes d'équipement se chiffrent en années. Le différentiel avec nos partenaires britanniques s'est accru sensiblement depuis quatre ans.
Le projet du Gouvernement ne sera pas à la hauteur des besoins et des enjeux et ne répondra pas aux exigences d'une véritable politique de la France. Les informations dont nous disposons le prouvent déjà.
Consolider la professionnalisation de nos armées et leur donner les moyens de jouer un rôle déterminant dans la politique européenne de sécurité et de défense, garantir notre place dans l'Alliance, mettre la France en mesure d'exercer ses responsabilités de membre permanent du Conseil de Sécurité, tels sont les objectifs assignés à la future loi de programmation militaire par le Président de la République.
Il est évident que les ressources financières allouées par le Gouvernement à la future loi de programmation militaire ne donneront pas à la France les moyens de cette ambition. Cette loi ne sera pas celle que nous réclamons.
Il nous importe de faire comprendre au Gouvernement qu'il ne peut, ni ne doit brader l'intérêt national. Il ne faut pas sacrifier notre défense sur l'autel des mesures, 35 heures, emplois-jeunes non financées.
Mais il nous faut aussi bien poser le principe de la nécessité d'une loi de programmation afin de nous doter d'un cadre et d'une vision à long terme de notre défense adossée à une programmation budgétaire. Ce principe étant respecté notre vote dépendra de la réponse aux questions suivantes :
Permettra-t-elle la poursuite et l'achèvement de la réforme des armées engagée en 1996 ? Préservera-t-elle la professionnalisation et l'entraînement des forces ?
Maintiendra-t-elle l'objectif du modèle d'armée pour 2015 défini par la loi actuelle ?
Marquera-t-elle, en matière d'équipements, un effort conforme à nos engagements dans le cadre de l'Europe de la Défense ?
Si ces exigences minimales étaient respectées, nous pourrions dans l'intérêt des armées, accepter le projet du Gouvernement. Il ne fait guère de doute, en effet, que nos forces, très sollicitées, éprouvées par des restructurations de grande ampleur doivent être rassurées sur leur avenir, sur leurs effectifs, sur le modèle d'armée qui reste l'objectif.
Les personnels de nos armées s'interrogent sur la capacité du Gouvernement à prendre en compte leurs inquiétudes quant à la possibilité de remplir leur mission. Il est évident que la sous-estimation des dépenses de fonctionnement par la loi de Finances en est la raison principale.
La sécurité de la France, sa place dans le concert des Nations et le rôle qu'elle veut jouer dans la construction européenne sont des sujets trop graves pour qu'ils soient pris en otage par la cohabitation. La dérive des finances publiques et les surenchères électorales ne faciliteront pas la tâche des législateurs. Mais sur un sujet qui relève de l'intérêt national, l'opposition se déterminera en priorité sur les critères que j'ai énoncés.
La future loi de programmation militaire, si elle répond à ces exigences et si elle est appliquée, devrait donner à la France les moyens d'affronter dans les années à venir les crises qui affectent ses intérêts et les menaces nées de la prolifération des armes nucléaires. Nous ne sommes pas de ceux qui croient, comme l'a rappelé le Président de la République, "que la paix n'a pas de coût parce qu'elle n'a pas de prix ".
(source http://www.rpr.asso.fr, le 27 juin 2001)