Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur l'accueil des personnes âgées dépendantes, Gosné le 189 novembre 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite de la Maison des services de Gosné le 18 novembre 2011

Texte intégral


Les débats sur la réforme de la dépendance l’ont bien montré : l’immense majorité de nos concitoyens souhaitent vivre à domicile le plus longtemps possible.
Et c’est bien légitime !
Pour autant, vivre à domicile, cela ne signifie pas vivre le confinement à domicile.
Vivre à domicile, lorsque l’on est âgé, ce n’est pas vivre loin des autres, à l’écart de la vie sociale et citoyenne, relégué dans une solitude trop souvent invisible.
Et cela d’autant plus que les aînés d’aujourd’hui – parmi lesquels un très grand nombre de femmes – ne ressemblent pas à ceux d’hier.
Pour la plupart – et ce sera encore plus vrai dans les prochaines années –, ils ont eu une vie active dense et ils ne sauraient concevoir la dernière période de leur existence comme celle de l’isolement.
Comme chacun d’entre nous, jeunes et moins jeunes, nos aînés aspirent à vivre pleinement.
Rencontrer, partager, se cultiver, se divertir et se détendre : autant de revendications, ô combien légitimes, qui nous obligent et auxquelles nous devons répondre.
Qui, en effet, oserait nier l’importance, pour chaque être, quel que soit son âge, d’une conversation ou simplement de l’échange de quelques mots avec autrui, dans le cours d’une journée ?
Saint Thomas d’Aquin ne dit-il pas de nous que nous sommes d’abord des « êtres de relation » ?
N’est-ce pas précisément cela qui fait notre humanité et notre communauté de destins avec le reste des vivants ?
C’est précisément pour permettre à nos aînés de rester, toujours, des vivants que nous devons garantir à chacun le libre choix entre le maintien à domicile et l’accueil en établissement d’hébergement.
Dans les deux cas, l’inclusion pleine et entière des personnes âgées dans la société, leur participation à la vie sociale et citoyenne constituent une problématique cruciale, à laquelle nous devons apporter des réponses concrètes (I).
Pour cela, il nous faut offrir aux personnes âgées des structures innovantes pour faciliter leur vie quotidienne et entretenir leur autonomie.
Assurément, la maison de services de Gosné est de celles-là.
C’est pourquoi j’ai tenu à venir aujourd’hui à votre rencontre pour vous dire tout l’intérêt que je porte à des projets tels que celui qui vous a réuni ici.
Implanter non seulement un lieu de soins mais aussi un espace de vie au cœur de ce territoire rural – et non en périphérie, comme c’est encore trop souvent le cas –, à côté de l’école publique pour mieux favoriser ce lien intergénérationnel qui nous est si cher : tel est en effet l’ambition collective qui vous a animés et qui est devenue une réalité au service de nos concitoyens.
Toutes et tous, soyez-en profondément remerciés.
Naturellement, je veux avoir ici une pensée toute particulière pour les professionnels et les bénévoles qui, ensemble, donnent le meilleur d’eux-mêmes pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
Vous avez su, Madame le maire, chère Véronique Lepannetier-Ruffault, vous adapter aux exigences spécifiques de votre territoire pour répondre très concrètement à une demande croissante de nos concitoyens en situation de perte d’autonomie.
Répondre aux attentes et aux besoins de nos concitoyens : c’est bien cela, l’enjeu pour demain. C’est cela, aussi, que l’Etat veut faire à l’échelle nationale (II).
Dans cette perspective, des initiatives pionnières et pertinentes comme la vôtre doivent permettre de dégager des bonnes pratiques.
Pour favoriser le maintien à domicile, l’Etat aussi se mobilise.
Je n’en donnerai qu’un exemple : le fonds de restructuration des services à domicile de 50 millions d’euros, dont la gestion va être confiée aux ARS. C’est en effet une préoccupation qui a très clairement émergé des débats et nous avons voulu y répondre.
Je serai particulièrement vigilante sur le sujet car, en la matière, nous avons une obligation de résultats.
Par ailleurs, nous réfléchissons à d’autres organisations de notre système de prise en charge.
D’ores et déjà, chaque initiative – et la vôtre au premier chef – est intéressante. Soyez assurés qu’elle sera examinée avec attention.
Pour mieux aider et accompagner les personnes âgées, nous devons en effet réfléchir à la création de nouveaux métiers, mais aussi à une meilleure coordination entre les différentes initiatives qui existent.
J’ajoute que c’est d’ailleurs l’une des recommandations du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM).
Naturellement, tout cela devra se dérouler dans le strict respect des prérogatives de chacun. Il ne s’agit pas, pour l’Etat, de se substituer d’une quelconque manière à vos interlocuteurs locaux traditionnels, à commencer par le Conseil général.
Au contraire, toutes les énergies doivent se fédérer et se compléter pour construire le système de demain.
Dans nos villages, dans nos territoires ruraux, partout dans notre pays, chaque âge doit pouvoir connaître ces étincelles de vitalité qui font le sel et le sens de l’existence.
Cela ne doit pas être réservé aux cours de récréation des écoles, aux centres de loisirs ou aux restaurants scolaires.
Les personnes âgées sont des personnes comme les autres, c’est-à-dire, jusqu’au terme de leur vie, des être sociaux qui veulent vivre avec les autres .
Pour leur permettre de le faire, je me réjouis qu’il existe ici, dans ce lieu exemplaire, des femmes et des hommes exemplaires, qui contribuent à donner à notre pays un visage plus humain.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 22 novembre 2011