Texte intégral
Les débats sur la réforme de la dépendance lont bien montré : limmense majorité de nos concitoyens souhaitent vivre à domicile le plus longtemps possible.
Et cest bien légitime !
Pour autant, vivre à domicile, cela ne signifie pas vivre le confinement à domicile.
Vivre à domicile, lorsque lon est âgé, ce nest pas vivre loin des autres, à lécart de la vie sociale et citoyenne, relégué dans une solitude trop souvent invisible.
Et cela dautant plus que les aînés daujourdhui parmi lesquels un très grand nombre de femmes ne ressemblent pas à ceux dhier.
Pour la plupart et ce sera encore plus vrai dans les prochaines années , ils ont eu une vie active dense et ils ne sauraient concevoir la dernière période de leur existence comme celle de lisolement.
Comme chacun dentre nous, jeunes et moins jeunes, nos aînés aspirent à vivre pleinement.
Rencontrer, partager, se cultiver, se divertir et se détendre : autant de revendications, ô combien légitimes, qui nous obligent et auxquelles nous devons répondre.
Qui, en effet, oserait nier limportance, pour chaque être, quel que soit son âge, dune conversation ou simplement de léchange de quelques mots avec autrui, dans le cours dune journée ?
Saint Thomas dAquin ne dit-il pas de nous que nous sommes dabord des « êtres de relation » ?
Nest-ce pas précisément cela qui fait notre humanité et notre communauté de destins avec le reste des vivants ?
Cest précisément pour permettre à nos aînés de rester, toujours, des vivants que nous devons garantir à chacun le libre choix entre le maintien à domicile et laccueil en établissement dhébergement.
Dans les deux cas, linclusion pleine et entière des personnes âgées dans la société, leur participation à la vie sociale et citoyenne constituent une problématique cruciale, à laquelle nous devons apporter des réponses concrètes (I).
Pour cela, il nous faut offrir aux personnes âgées des structures innovantes pour faciliter leur vie quotidienne et entretenir leur autonomie.
Assurément, la maison de services de Gosné est de celles-là.
Cest pourquoi jai tenu à venir aujourdhui à votre rencontre pour vous dire tout lintérêt que je porte à des projets tels que celui qui vous a réuni ici.
Implanter non seulement un lieu de soins mais aussi un espace de vie au cur de ce territoire rural et non en périphérie, comme cest encore trop souvent le cas , à côté de lécole publique pour mieux favoriser ce lien intergénérationnel qui nous est si cher : tel est en effet lambition collective qui vous a animés et qui est devenue une réalité au service de nos concitoyens.
Toutes et tous, soyez-en profondément remerciés.
Naturellement, je veux avoir ici une pensée toute particulière pour les professionnels et les bénévoles qui, ensemble, donnent le meilleur deux-mêmes pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
Vous avez su, Madame le maire, chère Véronique Lepannetier-Ruffault, vous adapter aux exigences spécifiques de votre territoire pour répondre très concrètement à une demande croissante de nos concitoyens en situation de perte dautonomie.
Répondre aux attentes et aux besoins de nos concitoyens : cest bien cela, lenjeu pour demain. Cest cela, aussi, que lEtat veut faire à léchelle nationale (II).
Dans cette perspective, des initiatives pionnières et pertinentes comme la vôtre doivent permettre de dégager des bonnes pratiques.
Pour favoriser le maintien à domicile, lEtat aussi se mobilise.
Je nen donnerai quun exemple : le fonds de restructuration des services à domicile de 50 millions deuros, dont la gestion va être confiée aux ARS. Cest en effet une préoccupation qui a très clairement émergé des débats et nous avons voulu y répondre.
Je serai particulièrement vigilante sur le sujet car, en la matière, nous avons une obligation de résultats.
Par ailleurs, nous réfléchissons à dautres organisations de notre système de prise en charge.
Dores et déjà, chaque initiative et la vôtre au premier chef est intéressante. Soyez assurés quelle sera examinée avec attention.
Pour mieux aider et accompagner les personnes âgées, nous devons en effet réfléchir à la création de nouveaux métiers, mais aussi à une meilleure coordination entre les différentes initiatives qui existent.
Jajoute que cest dailleurs lune des recommandations du Haut Conseil pour lavenir de lassurance maladie (HCAAM).
Naturellement, tout cela devra se dérouler dans le strict respect des prérogatives de chacun. Il ne sagit pas, pour lEtat, de se substituer dune quelconque manière à vos interlocuteurs locaux traditionnels, à commencer par le Conseil général.
Au contraire, toutes les énergies doivent se fédérer et se compléter pour construire le système de demain.
Dans nos villages, dans nos territoires ruraux, partout dans notre pays, chaque âge doit pouvoir connaître ces étincelles de vitalité qui font le sel et le sens de lexistence.
Cela ne doit pas être réservé aux cours de récréation des écoles, aux centres de loisirs ou aux restaurants scolaires.
Les personnes âgées sont des personnes comme les autres, cest-à-dire, jusquau terme de leur vie, des être sociaux qui veulent vivre avec les autres .
Pour leur permettre de le faire, je me réjouis quil existe ici, dans ce lieu exemplaire, des femmes et des hommes exemplaires, qui contribuent à donner à notre pays un visage plus humain.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 22 novembre 2011