Interview de M. Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants, avec Radio classique le 21 février 2012, sur la campagne présidentielle et sur la question du nucléaire iranien.

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Média : Radio Classique

Texte intégral

ANNE-LAURE JUMET Alors, on va commencer par cette polémique, Jean-Louis BORLOO qui pourrait arriver à la tête de VEOLIA. L’information a été démentie, hier, par le chef de l’Etat. Elle a suscité en tout cas énormément de réactions. Est-ce que Nicolas SARKOZY en s’entendant avec Henri PROGLIO, en tout cas c’est ce qu’on dit, le patron d’EDF, n’a pas commis une faute politique ?
 
GERARD LONGUET D’abord, il n’y a aucune réalité matérielle des faits, pour reprendre un terme judiciaire, puisque c’est un véritable complot qui est dénoncé. Je crois que François HOLLANDE a transformé une rumeur en un véritable complot, il a monté une mayonnaise qui n’a simplement aucun fondement. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que VEOLIA a une véritable interrogation sur son avenir et que la discussion est ouverte sur la place publique, qu’Henri PROGLIO nécessairement s’y intéresse puisqu’il a été président de cette société et qu’il y a, de mémoire, des liens entre VEOLIA et EDF. Et à partir de cela, il y a un dérapage absolu, un fantasme absolu, et de la part du candidat François HOLLANDE l’idée de reconstituer, ce qui n’a aucune réalité, un Etat UMP, puisque bien au contraire on a vu que pendant cinq ans Nicolas SARKOZY a tenu à des nominations équilibrées.
 
MICHAEL SZAMES Si on vous entend bien, Gérard LONGUET, vous parlez de climat de la campagne, du complot monté par François HOLLANDE.
 
GERARD LONGUET Disons qu’il a accéléré, il a amplifié et accepté et endossé une rumeur qui venait, elle, de ceux dont le métier est de faire de l’annihilation. Ils sont payés pour cela.
 
MICHAEL SZAMES Est-ce que vous ne croyez pas tout de même que le mal est fait et que cela risque d’entacher la campagne de Nicolas SARKOZY ?
 
GERARD LONGUET Bien au contraire.
 
MICHAEL SZAMES Une étiquette sera à jamais collée sur cette campagne.
 
GERARD LONGUET Bien au contraire ! Je pense que nous avons, nous, le devoir de dénoncer cette manipulation, de montrer comment à partir d’une supputation, et c’est tout à fait normal que les gens qui observent supputent, ils sont payés pour cela, et j’ajoute que les modes modernes de communication, y compris le net, le permettent largement. Mais il n’y a aucun lien entre une demande d’Henri PROGLIO et une acceptation de Nicolas SARKOZY, et une sollicitation de Jean-Louis BORLOO. On est dans le fantasme complet.
 
ANNE-LAURE JUMET Mais Jean-Louis BORLOO dit qu’il a rencontré des gens chez VEOLIA.
 
GERARD LONGUET Mais, c’est normal ! C’est normal, Jean-Louis BORLOO…
 
ANNE-LAURE JUMET …son nom ne fuite pas par hasard.
 
GERARD LONGUET Mais c’est normal.
 
ANNE-LAURE JUMET Il y a des informations de presse sérieuses qui semblent avérées.
 
GERARD LONGUET Naturellement, mais parce que Jean-Louis BORLOO avant d’avoir été un grand ministre, et avant d’avoir été l’homme qui a changé complètement Valenciennes, et donc un formidable gestionnaire, permettez-moi de le dire, est aussi un avocat d’affaires connu et avisé. Alors, qu’il ait été consulté, puisque l’on cherche par exemple, je crois, pour VEOLIA TRANSPORT, de nouveaux actionnaires, que l’on demande à quelqu’un qui connaît le secteur « quel est votre avis ? », c’est plausible.
 
ANNE-LAURE JUMET Un avis mais pas pour prendre la tête de VEOLIA ?
 
GERARD LONGUET Un avis. Il est tout à fait plausible, j’ai été ministre des Télécommunications à deus reprises au siècle précédent, on m’a toujours demandé, journalistes, financiers, hommes d’affaires, mon avis en me disant, « tiens, qu’est-ce que tu en penses ? », et pourtant je n’ai jamais présidé une société.
 
MICHAEL SZAMES Vous avez-vous-même subi ce genre de polémique, Gérard LONGUET. En 2007, on se rappelle que votre nom avait été avancé pour prendre la tête d’EDF.
 
GERARD LONGUET J’aurais rêvé. J’aurais rêvé et Nicolas SARKOZY, j’en parle d’expérience, m’a dit, non, à la tête des entreprises il faut des entrepreneurs. Donc, je puis témoigner que ce n’est pas dans l’esprit de Nicolas SARKOZY.
 
MICHAEL SZAMES Un politique aujourd’hui ne peut pas devenir un chef d’entreprise ?
 
GERARD LONGUET A condition de renoncer à la politique définitivement et complètement.
 
MICHAEL SZAMES Et Jean-Louis BORLOO aurait pu devenir un président de VEOLIA s’il avait abandonné la vie politique ?
 
GERARD LONGUET Moi, personnellement, si vous me demandez mon avis, je pense qu’il en a la compétence, à condition de ce que l’on appelle respecter un délai de viduité, vous savez le veuvage, on ne se remarie pas tout de suite, il faut un certain délai, et ce délai n’était pas établi à cet instant.
 
MICHAEL SZAMES C’était trop tôt.
 
GERARD LONGUET Oui.
 
ANNE-LAURE JUMET Gérard LONGUET, Henri PROGLIO quand même semble faire pression pour faire changer le patron de VEOLIA aujourd’hui. Donc, l’idée d’un marchandage…
 
GERARD LONGUET Oui, mais ça c’est un problème interne entre le père et le fils. Vous savez que le président FREROT a été choisi par Henri PROGLIO, et je crois que les successions sont toujours difficiles. Et en effet, en lisant notamment LES ECHOS, j’ai parfois le sentiment qu’il y a un conflit, mais je n’en sais pas plus que ce que j’en lis dans la presse.
 
MICHAEL SZAMES Gérard LONGUET, un mot sur la campagne électorale. Nouveau sondage ce matin IPSOS : 32 % pour François HOLLANDE, 25 pour Nicolas SARKOZY. Ca ne démarre pas cette campagne ?
 
GERARD LONGUET C’est une campagne d’observation actuellement. C’est un choc de personnalités. Incontestablement, c’est un choc de personnalités. L’élection présidentielle, on peut en dire beaucoup de choses, et le pouvoir…et quinquennat ont changé énormément de choses. Et aujourd’hui, les Français ont complètement intégré le quinquennat, et ils voient le choc des personnalités et à cet instant ils observent.
 
MICHAEL SZAMES Ils observent mais en attendant Nicolas SARKOZY est entré en campagne il y a plus d’une semaine et pourtant ça ne décolle pas.
 
GERARD LONGUET Mais une semaine c’est rien.
 
MICHAEL SZAMES 37 % des Français trouvent que son début de campagne n’est pas assez prometteur.
 
GERARD LONGUET Une semaine c’est rien ! Vous savez, Nicolas SARKOZY est un homme qui est connu, on ne peut pas dire le contraire. Et était-il vraisemblable qu’en une semaine de campagne il puisse changer totalement son image ? Je crois que son image va se construire…
 
ANNE-LAURE JUMET Sur BAYROU, on avait eu un frémissement après son entrée en campagne.
 
GERARD LONGUET Pardonnez-moi, son image va se construire dans sa détermination, dans son caractère établi, carré, face à celle de François HOLLANDE. Mais c’est le choc des personnalités qui intéresse les gens. C’est d’ailleurs très intéressant votre référence à cette affaire BORLOO, on va s’apercevoir qu’HOLLANDE est un homme qui manipule, qu’il peut détourner une information et qu’il peut en transformer. Nous savons déjà qu’il a des discours à géométrie variable, qu’il est, pour rependre la formule, « Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris ». On s’aperçoit que sur les retraites à 60 ans, il ne dit toujours pas clairement ce qu’il veut.
 
ANNE-LAURE JUMET Ca, c’est votre rhétorique...
 
GERARD LONGUET Il y a des rendez-vous…
 
ANNE-LAURE JUMET Mais ça ne prend pas dans l’opinion
 
GERARD LONGUET Et je pense que cette…non, ça ne prend pas actuellement parce que l’opinion a envie à chaque présidentielle, et on peut la comprendre, de quelque chose de complètement nouveau. Or, il est honnête de dire que Nicolas SARKOZY n’est pas un homme inconnu, et que François HOLLANDE suscite plus d’interrogations, en effet, parce qu’il est moins connu dans les responsabilités puisqu’il n’en a jamais exercé.
 
ANNE-LAURE JUMET Plus d’interrogations, plus d’intérêt ?
 
GERARD LONGUET Et donc, cette personnalité, les Français vont la découvrir. Et ils vont découvrir qu’il a naturellement le goût du paradoxe, de la contradiction et en définitive de l’ambiguïté.
 
MICHAEL SZAMES Est-ce que pour vous ça n’est pas déjà trop tard, Gérard LONGUET, quand on voit les sondages d’opinion ?
 
GERARD LONGUET Non, pas du tout !
 
MICHAEL SZAMES 32 % dans les sondages.
 
GERARD LONGUET Pas du tout. Deux mois de campagne pour déceler la vraie nature d’une personne…de deux personnalités : l’une est connue, Nicolas SARKOZY est connu avec ses défauts et ses qualités. Les qualités c’est la détermination, c’est quelqu’un qui ne se résigne pas, c’est quelqu’un qui va de l’avant. Les défauts, c’est un peu la contrepartie des qualités, c’est-à-dire une certaine… une énergie débordante, et une remise en cause permanente de ses interlocuteurs en disant, « mais pourquoi vous n’en faites pas plus avec moi ? », bon. François HOLLANDE, on ne le connaît pas. Et là, on est en train de le découvrir. Et on découvre un personnage compliqué, qui refuse l’obstacle, qui place des pions sur le rouge et sur le noir pour être sûr de gagner. C’est la meilleure façon de perdre.
 
ANNE-LAURE JUMET Gérard LONGUET, sur le positionnement choisi par Nicolas SARKOZY, il a dit à Marseille, « Je ne serai pas le candidat d’une petite élite contre le peuple ». Est-ce que c’est un bon choix, selon vous, et est-ce que c’est cohérent avec ses cinq années de mandat ?
 
GERARD LONGUET Alors, ça dépend ce qu’on appelle une toute petite élite. Si c’est en effet cinquante personnes à Paris, ce que Raymond BARRE appelait le microcosme, il a totalement raison.
 
ANNE-LAURE JUMET C’est plus large parce qu’il a dénoncé les corps intermédiaires, les syndicats, les partis.
 
GERARD LONGUET Alors, ça, moi, je ne le suivrai pas sur ce terrain, et je ne pense pas d’ailleurs que ce soit la lecture qu’il faille en faire, parce que au contraire Nicolas SARKOZY est quelqu’un qui le 18 janvier encore, je crois, recevais tous les syndicats, salariés et patrons, pour essayer de trouver des solutions nouvelles dans les relations du travail, par exemple. Non, je crois que ce que Nicolas SARKOZY dénonce, et à juste titre, c’est le prêt à penser d’une extrême minorité de directeurs de conscience qui veulent imposer aux fonctionnaires, aux hommes politiques, aux journalistes, une pensée obligatoire. Et de ce point de vue, SARKOZY est un rebelle.
 
ANNE-LAURE JUMET Je vous cite ce qu’il a dit à Annecy quand même, « J’ai pu mesurer pendant cinq ans à quel point les corps intermédiaires font écran entre le peuple et le gouvernement, les syndicats, les partis, les groupes de pression, les experts, l’entre-soi des élites politiques, économiques, administratives, syndicales ». Ca fait quand même beaucoup de monde.
 
GERARD LONGUET Chacun de ces corps intermédiaires défend sa catégorie, et le rôle du président de la République c’est d’être un intégrateur et de rappeler aux syndicats, au patronat, aux régions, moi-même j’ai été président de région, j’adore ma région, mais c’est vrai que la France n’est pas la somme des syndicats, n’est pas la somme du patronat, n’est pas la somme des régions, c’est quelque chose d’autre, et c’est ce que voulait dire Nicolas SARKOZY, c’est un projet collectif pour tous les Français. Mais s’il veut se passer des corps intermédiaires, je crois qu’il aurait tort et ce n’est pas ce qu’il souhaite, et en tous les cas ce n’est pas mon voeu.
 
MICHAEL SZAMES Les référendums notamment, pour vous c’est se passer des corps intermédiaires ? Jean-Pierre RAFFARIN lui aussi est très clair là-dessus, c’est une erreur.
 
GERARD LONGUET Le référendum c’est une arme ultime dans des cas majeurs. Le Général de GAULLE l’a utilisé à juste titre pour la décolonisation, par exemple, et il a eu raison. Le président POMPIDOU l’a utilisé pour l’entrée de la Grande-Bretagne en Europe, et il a eu raison de le faire.
 
MICHAEL SZAMES Et donc, ce que propose Nicolas SARKOZY, y a-t-il raison ?
 
GERARD LONGUET MITTERRAND l’a fait pour Maastricht et pour la monnaie unique, il a eu raison. Je crois que le référendum a une vertu lorsqu’il faut un saut qualitatif qui justement mécontente toutes les catégories, est en fait en même temps une évidente nécessité pour le pays tout entier.
 
ANNE-LAURE JUMET Gérard LONGUET, autre proposition de Nicolas SARKOZY, l’introduction d’une dose de proportionnelle, et c’est un sujet qui ne fait pas l’unanimité à l’UMP. Jean-François COPÉ y est opposé. Et vous ?
 
GERARD LONGUET Très favorable ! Très favorable. Moi, j’ai une tradition girondine, libérale, régionaliste, je soutiens naturellement Nicolas SARKOZY, mais je ne me reconnais pas dans un système totalement fermé. Et moins de députés, moins de sénateurs d’ailleurs, et avec une proportionnelle à l’Assemblée, comme il y a en au Sénat, je vous rappelle qu’au Sénat un tiers des sénateurs sont élus…plus d’un tiers sont élus à la proportionnelle, ce n’est pas une tragédie. Quel est l’intérêt de la proportionnelle ? C’est justement de restituer au Parlement sa place et de lui donner un peu de liberté par rapport à la logique présidentielle. J’y suis favorable.
 
MICHAEL SZAMES Alors quelle dose et quel calendrier ?
 
GERARD LONGUET Alors, je vais vous dire, ça, c’est un débat politique et…
 
MICHAEL SZAMES Oui, mais qui est important à la veille de l’élection législative, notamment.
 
ANNE-LAURE JUMET Le calendrier aussi est important.
 
GERARD LONGUET Alors, le calendrier, c’est très simple. J’ai regardé ça avec beaucoup d’intérêt sur le plan de la procédure juridique. Un système mixte est à peu près impossible parce qu’il faudrait redécouper toutes les circonscriptions et c’est infaisable entre la présidentielle et la fin du mandat de cette législature. La seule chose qui soit faisable aujourd’hui…
 
MICHAEL SZAMES …donc, pas avant 2012.
 
GERARD LONGUET La seule chose qui soit faisable aujourd’hui c’est un système binaire, ou tout proportionnelle, ou le statu quo. Le tout proportionnel c’est ce qu’a fait MITTERRAND en 86, c’est ce que la gauche avait voté. Aujourd’hui, ce n’est pas à l’ordre du jour. Donc, on ne peut pas le faire pour 2012, c’est juridiquement impossible. Pourquoi ? Parce qu’il faudrait redécouper toutes les circonscriptions. Si l’on en crée par exemple que 300 ou 350 au scrutin majoritaire, il faut les redécouper toutes. C’est matériellement impossible dans les délais de cette législature.
 
MICHAEL SZAMES Donc, pas avant 2017.
 
GERARD LONGUET Alors, pas avant 2017, sauf si on décide, et l’Assemblée peut parfaitement être dissoute après avoir changé le mode de scrutin. C’est parfaitement possible avant 2017, mais je dois reconnaître que ça serait un petit peu compliqué.
 
MICHAEL SZAMES Et à ceux qui vous disent que c’est électoraliste, c’est une main tendue vers François BAYROU et c’est pour essayer de grappiller quelques voix au Front national ?
 
GERARD LONGUET Non, non, je pense que c’est profondément tirer les conséquences du quinquennat. Le quinquennat a fait du président le patron de l’exécutif, et d’ailleurs François FILLON en avait théorisé la réalité il y a cinq ans de cela. Et à partir du moment où tous l’exécutif est chez le président de la République et dans son entourage, nous, nous sommes nommés par le président de la République. J’ai été ministre de cohabitation, et j’ai vu la différence. Quand on est ministre de la cohabitation on dépend du Parlement ; quand on ministre du président de la République, on dépend du président de la République. Alors, restituer un peu de liberté à l’Assemblée nationale, avec une Assemblée plus complexe, peut-être plus contradictoire, plus difficile à gérer, mais plus libre de l’exécutif, n’est pas forcément une mauvaise solution.
 
MICHAEL SZAMES A la proportionnelle, ça veut dire aussi faire peut-être éventuellement rentrer des députés du Front national ?
 
GERARD LONGUET Oui, mais…
 
MICHAEL SZAMES Est-ce que c’est une bonne chose ?
 
GERARD LONGUET Je crois que ça n’a pas retenu le président MITTERRAND en 86. De mémoire, j’étais député en 86, il y avait…
 
MICHAEL SZAMES 36.
 
GERARD LONGUET 36 députés du Front national. La France n’est pas morte pour autant, au contraire on s’est rendu compte qu’ils n’avaient rien à proposer.
 
ANNE-LAURE JUMET Gérard LONGUET, selon LE NOUVEL OBSERVATEUR, Nicolas SARKOZY devrait inaugurer le mois prochain une stèle en mémoire des combattants musulmans tombés pendant la guerre de 14-18, une stèle à la Grande mosquée de Paris. Vous confirmez ?
 
GERARD LONGUET En tous les cas, je m’en réjouirais. Il y a à Verdun un très beau monument aux combattants musulmans, comme il y a d’ailleurs un mur pour les combattants israélites, c’est ainsi qu’ils sont appelés à Verdun, et il y a ce merveilleux ossuaire de Douaumont qui rassemble des os français, allemands et de toutes confessions.
 
ANNE-LAURE JUMET C’est un vrai symbole dans cette campagne.
 
GERARD LONGUET C’est le grand symbole…
 
ANNE-LAURE JUMET … alors qu’on stigmatise par ailleurs les Musulmans, et Nicolas SARKOZY n’est pas forcément le dernier.
 
GERARD LONGUET Non, personne ne les stigmatise. Le Front national les stigmatise peut-être avec des histoires dérisoires comme une hypertrophie d’halal en région parisienne. Les Musulmans font partie de notre pays. Je suis ministre de la Défense, j’ai des aumôniers musulmans au Ministère de la Défense, et j’ai des combattants musulmans, et tout ça fait, comme dirait l’autre, d’excellents Français.
 
MICHAEL SZAMES Gérard LONGUET, une question au ministre de la Défense : soutiendrez-vous une attaque israélienne contre l’Iran ?
 
GERARD LONGUET Non, le président de la République l’a dit très clairement, le ministre d’Etat aussi, des sanctions, une obligation de prise de conscience par l’Iran de l’impossibilité de revenir sur le traité de non prolifération nucléaire que l’Iran a signé lui-même, mais pas d’offensive.
 
ANNE-LAURE JUMET Les sanctions, c’est ça la voie diplomatique ?
 
GERARD LONGUET Les sanctions et peu de sanctions encore, et manifestement ces sanctions portent leurs fruits dans un pays qui est en train de s’interroger sur le délire de ses dirigeants. MICHAEL SZAMES L’Iran utilise le pétrole comme arme de dissuasion.
 
GERARD LONGUET Enfin, c’est une arme…
 
MICHAEL SZAMES On risque quelque chose ?
 
GERARD LONGUET C’est un sabre de bois parce que le pétrole ne manque pas dans le monde, et nous n’en achetons pas en Iran, ou peu.
 
ANNE-LAURE JUMET Vous avez eu l’occasion de parler à Israël régulièrement et de les alerter sur le cas iranien ?
 
GERARD LONGUET J’ai rencontré Ehud BARAK, mon collègue israélien de la Défense, à Singapour, lors de réunions internationales, et j’ai un homme en effet déterminé à n’exclure aucune solution.
 
MICHAEL SZAMES Vous y croyez ?
 
GERARD LONGUET Il faut faire la part de la gestuelle.
 
ANNE-LAURE JUMET Et donc, vous voyez comment l’avenir ?
 
GERARD LONGUET Il ne peut s’interdire aucune solution officiellement. Ses amis le rappellent à un certain nombre de vérités, c’est que cette situation du monde est suffisamment compliquée pour qu’il ne s’agisse pas de la compliquer plus encore avec des offensives militaires.
 
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 24 février 2012