Interview de M. Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche à RMC le 2 février 2012, sur la délocalisation de l'entreprise Lejaby, la TVA sociale et la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012.

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Texte intégral


 
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vais vous lire un petit message que nous avons reçu sur RMC à propos de LEJABY. « Est-ce bien le rôle d’un ministre d’intervenir dans la recherche d’un repreneur pour les LEJABY ? Est-ce à vous d’agir pour l’intérêt particulier ou lieu d’agir pour l’intérêt général ? Attention, je suis heureux de savoir que ces femmes vont retrouver du travail, mais quid des milliers d’emplois détruits tous les jours depuis des années, est-ce un symbole électoral ? Ceci dit, j’ai enfin remarqué un consensus entre la droite et la gauche pour cette reprise, et plus précisément entre monsieur WAUQUIEZ et monsieur MONTEBOURG. » Voilà. Laurent WAUQUIEZ, alors, que lui répondez-vous à Patrice qui est dans l’Essonne, qui est fonctionnaire de police ?
 
LAURENT WAUQUIEZ D’abord, la première chose, c’est mon département. Ces filles je les connais depuis des années. Encore ce matin vous aviez Jacqueline au téléphone, c’est quelqu’un que je connais très bien, je n’avais aucune intention de les abandonner, et oui je considère que c’est la responsabilité d’un politique de se battre sur un dossier, peut-être pour sauver une centaine de famille, mais est-ce que c’est accessoire de sauver une centaine de familles ? Et la deuxième chose, je vais le dire aussi très clairement à votre micro, rien n’aurait été possible sans l’engagement du président sur ce dossier. Tout au long du dossier j’ai pu compter sur lui, il a fallu activer des outils de politique de l’emploi, notamment de formation et de reconversion professionnelle, et à chaque fois son action a été déterminante. Il l’avait dit dimanche – j’ai vu les commentaires qu’il y avait eu à ce moment-là – il avait dit « je n’abandonnerai pas les filles de LEJABY », il ne les a pas abandonnées. Et je pense qu’à un moment où tout le monde doute des politiques, pouvoir arriver à sauver un dossier comme ça, qui était un symbole des délocalisations, et en faire aujourd’hui une incarnation de ce qu’on peut réussir sur le produire en France, eh bien tant mieux.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Les relations avec Arnaud MONTEBOURG, vous vous êtes appelés je crois, téléphonés hier.
 
LAURENT WAUQUIEZ On s’est appelé, je vais être très clair.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Soyez clair, il faut être clair oui.
 
LAURENT WAUQUIEZ Que tout le monde apporte des solutions tant mieux, si Arnaud MONTEBOURG a d’autres entreprises qui peuvent venir et qui, par exemple, pourrait aider sur l’autre site de Rillieux-la-Pape, tant mieux, je n’ai aucun problème avec ça. Mais juste un point quand même Jean- Jacques.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y.
 
LAURENT WAUQUIEZ On ne lance pas, sur un dossier comme ça, des noms à la légère. On ne vient pas en jetant des marques, comme ça, et en disant, « tiens, peut-être que j’ai quelqu’un qui un jour fera quelque chose. » Moi au début je n’ai pas voulu réagir, et vous le savez d’ailleurs, je n’ai pas voulu aller dans l’usine au début, avant d’avoir quelque chose qui soit sérieux, et quand on est sur des dossiers comme ça il ne faut pas être dans l’affichage, quand on vient c’est parce qu’on a des choses solides. Donc si MONTEBOURG a des choses solides, je serai le premier à m’en réjouir, mais il est temps, là, de les sortir.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Rillieux, les salariés LEJABY de Rillieux, Bellegarde, le Teil, que vont devenir ces salariés-là ? Est-ce que vous avez des solutions pour eux ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Dans les projets de reprise qu’on a, il y en a d’autres…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Exactement, c’est pour ça que je vous pose la question.
 
LAURENT WAUQUIEZ Qu’on peut peut-être arriver à utiliser. Parmi ceux qu’on avait essayé d’exploiter, il y a une PME qui est sur le textile médical, peut-être que là-dessus on peut faire quelque chose. Il y en a une autre qui travaille sur des textiles de luxe, peut-être que là aussi on peut réussir à avancer. Je n’ai pas de baguette magique, mais ce qu’il y a de sûr c’est qu’à travers ce combat des filles de LEJABY, qui a été d’une dignité incroyable, si ça peut nous permettre d’arriver à construire d’autres projets de reprise industrielle, on les jouera tous.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Les filles de LEJABY, comme vous les appelez, vont devoir être formées, c’est l’Etat qui paiera la formation, Laurent WAUQUIEZ, et dans l’usine LEJABY à Yssingeaux, on va leur changer les machines pour faire de la maroquinerie, c’est donc l’Etat, là encore, qui va payer.
 
LAURENT WAUQUIEZ Alors, deux éléments de réussite.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
LAURENT WAUQUIEZ D’abord le premier, celui qui reprend c’est un petit entrepreneur, une PME industrielle…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN De l’Allier.
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, vous plaisantez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il n’est pas de l’Allier ?
 
LAURENT WAUQUIEZ De chez moi, d’Yssingeaux.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN D’Yssingeaux même. Il est né à Yssingeaux…
 
LAURENT WAUQUIEZ Il est né à Yssingeaux, il a même fait ses études…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il est installé à Yssingeaux ? Son entreprise est installée à Yssingeaux ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Il a même fait ses études avec une partie des salariées de LEJABY. Il a, vous avez raison, une entreprise dans l’Allier, mais il est de Haute-Loire. Donc on n’est pas sur un fonds de pension, on est sur quelqu’un qui a envie de poser des racines et de garder un process industriel. La deuxième chose, et je tiens à le dire, c’est qu’il a un grand groupe qui va l’aider, et qui va l’aider en lui donnant des commandes, c’est le groupe VUITTON, et heureusement que la France a des groupes comme ça. Ce groupe là a été capable de dire « moi je mets 150 000 heures de commandes pour aider au démarrage de l’atelier », et je pense que ça c’est aussi une belle image qui peut nous redonner un peu confiance, parce que c’est de l’excellence française et du savoir-faire français. Après vous m’avez posé une question précise, est-ce qu’on va aider ? On a affaire à des filles qui ont plus de 50 ans, qui ont accepté, c’est un très beau courage de leur part, de dire « on va apprendre un nouveau métier, nous on n’a pas peur », elles l’ont dit hier.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et passer de la corsetterie à la maroquinerie.
 
LAURENT WAUQUIEZ Exactement, et « on a envie d’apprendre, on a envie de se remettre en cause, on a envie de repartir sur la formation. » Evidemment, et Xavier BERTRAND m’a beaucoup aidé là-dessus, qu’on va mobiliser les outils de la politique de l’emploi, et qu’on va les aider à se reconvertir. Mais c’est notre job. Moi je préfère mettre de l’argent pour garder des emplois à Yssingeaux et en France, plutôt que de mettre de l’argent sur des dispositifs qui ne servent à rien. On est en plein dans le coeur de notre vocation.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ, Nicolas SARKOZY était devant quelques députés UMP hier, voilà ce qu’il a dit à propos de François HOLLANDE. « Il a tiré toutes ses cartouches, sa déclaration de candidature, son premier meeting, son projet, sa grande émission, qu’est-ce qu’il lui reste ? Pouf ! Il se prend de la farine sur la tête. » C’est de la moquerie, c’est de l’ironie ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Vous savez, je me méfie beaucoup, mais beaucoup, de ce genre de choses. C’est, vous êtes…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ce sont des députés UMP qui ont rapporté ces propos, ce n’est pas moi.
 
LAURENT WAUQUIEZ Qui ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Je les donne. Valérie ROSSO-DEBORD, Franck RIESTER, Bruno RETAILLEAU, Eric CIOTTI…
 
LAURENT WAUQUIEZ Non non…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui étaient à l’Elysée. Non ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, mais ce n’est pas eux qui ont dit que c’est ça qui avait été dit.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon !
 
LAURENT WAUQUIEZ Ça c’est des propos de couloirs, qui sont rapportés plus ou moins par untel, qui a entendu tel, qui a rapporté les propos qu’il aurait entendu du président.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nicolas SARKOZY ne peut pas dire ce genre de choses ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, là où… ce qui est très juste, et moi c’est ce que je dénonce, c’est qu’on a un programme de François HOLLANDE qui repose sur 44 milliards d’euros d’impôts en plus. Et ce que propose François HOLLANDE, c’est de faire tomber 44 milliards d’euros d’impôts en plus, sur les classes moyennes. Après, c’est pour moi le seul sujet. C'est-à-dire qu’il vient en disant « les dépenses, l’Etat va continuer à dépenser », deux, « moi je ne veux pas faire d’économies », et trois, « par contre, pour arriver à faire l’équilibre, je mets 44 milliards d’euros d’impôts en plus. » Par exemple, fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG, par exemple revenir sur les déductions fiscales pour les emplois à domicile qui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, il a dit non.
 
LAURENT WAUQUIEZ Désolé, mais il est impossible…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a dit non.
 
LAURENT WAUQUIEZ Il est impossible de faire 12 milliards d’euros d’économies sur des niches fiscales sans revenir sur les emplois à domicile.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN « Mais si », dit François BAYROU, « mais si, rabot sur les niches fiscales, 20 milliards d’euros », « moi je fais 20 milliards d’euros d’économies » nous dit François BAYROU qui a présenté son programme hier.
 
LAURENT WAUQUIEZ Monsieur BOURDIN.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est là où il faut les obliger à être précis. Moi j’aime beaucoup les politiques qui viennent en disant « je fais 12 milliards d’euros d’économies sur les niches fiscales, mais je ne vais surtout pas expliquer ce sur quoi j’économise. » C’est sur quoi qu’ils vont économiser ? François HOLLANDE, qu’est-ce qu’il veut supprimer ? Les heures sup pour les salariés. Les routiers, les salariés, les ouvriers, tous ceux qui bénéficient des heures sup.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Comme François BAYROU.
 
LAURENT WAUQUIEZ François BAYROU de…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Si, supprime les heures supplémentaires, défiscalisées.
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, eh bien je considère… juste j’ai regardé le programme de François BAYROU, il y a deux choses qui me frappent. La première chose qui me frappe c’est que son programme est totalement incompatible avec François HOLLANDE. Prenons un exemple précis, il dit « moi la règle d’or, il est évident qu’il faut l’adopter », on a un François HOLLANDE qui vous dit « les déficits je ne m’en occupe pas », François BAYROU rappelle « pour moi, la priorité c’est remettre de l’équilibre dans les dépenses. »
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais il est compatible le programme de François BAYROU avec celui de Nicolas SARKOZY ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Il y a beaucoup de points communs avec notre famille politique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il est compatible, alors regardons-le. On le regarde.
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, il y a même d’ailleurs des propositions, monsieur BOURDIN, qui sont des propositions qu’on avait avancées avec la droite sociale. Je vais prendre quelques exemples pour…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, je l’ai sous les yeux, là, le programme, allez-y.
 
LAURENT WAUQUIEZ Je l’ai regardé aussi avec attention, parce que je m’intéresse à ce qu’il fait.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je n’en doute pas. Allez-y.
 
LAURENT WAUQUIEZ Participation des salariés au conseil d’administration des entreprises, c’est fait en Allemagne, je ne considère que c’est une bonne idée. Mise en place…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Avec droit de vote !
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, avec droit de vote. Mise en place d’un Livret d’Epargne Industrie, c’est une proposition qu’on a faite avec la droite sociale.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, ça vous partagez, les trois candidats veulent mettre une banque pour aider les PME…
 
LAURENT WAUQUIEZ Ce n’est pas uniquement ça.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ce n’est pas tout à fait ça, oui.
 
LAURENT WAUQUIEZ Ce qu’il dit, c’est quoi, c’est, c’est bien d’avoir un Livret A…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Création d’un Livret d’Epargne pour l’Industrie…
 
LAURENT WAUQUIEZ Voilà, c’est bien d’avoir un Livret A, mais il faut que l’épargne des Français serve à soutenir des entreprises comme LEJABY.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY font la même proposition. Qu’est-ce qu’il y a encore, il y a beaucoup de choses…
 
LAURENT WAUQUIEZ Les liens entre les grandes entreprises et les PME.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Réduire le déficit de 100 milliards d’ici à la fin 2015. Et ne pas dépenser 1 euro de plus qu’en 2012 dans la sphère publique pendant 2 ans. Vous croyez que c’est possible ça ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Moi je vous donne mon sentiment personnel.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Franchement.
 
LAURENT WAUQUIEZ Qu’on fasse des économies sur les dépenses, c’est indispensable, et c’est le vrai marqueur…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais je vous demande, est-ce que vous croyez ça possible ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Je vais aller jusqu’au bout. Non seulement c’est possible, c’est indispensable, on l’a fait notamment au cours de ces 5 ans, en essayant d’améliorer le fonctionnement de l’Etat et de la sphère publique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, adoptez le programme de François BAYROU, puisque tout est formidable dans son programme.
 
LAURENT WAUQUIEZ Attendez, il y a des points qui sont des points…
 
EAN-JACQUES BOURDIN Lesquels ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Il y a des points sur lesquels on a des vraies divergences.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Lesquels ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Par exemple, moi je considère, et c’est ce qui est défendu par le président de la République, qu’on doit arriver à baisser les charges qui pèsent sur le travail, pour faire en sorte que, par exemple, des filles comme LEJABY, les salariées de LEJABY, puissent continuer à travailler et avoir une production en France.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc pour baisser les charges, on augmente la TVA, on est d’accord ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Par exemple, c’est d’ailleurs ce qui est proposé.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que ça va faire augmenter les prix ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Revenons sur un petit exemple.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous pose la question.
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, je vais répondre très directement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y.
 
LAURENT WAUQUIEZ Quand on a baissé la TVA sur la restauration, tout le monde nous a dit ça n’a pas baissé les prix, donc là on l’a remontée, tout le monde nous dit ça ne baisse pas les prix, ça n’augmente pas les prix, et donc quand on est sur des petites augmentations de TVA…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc ça ne fera pas augmenter les prix ?
 
LAURENT WAUQUIEZ On peut arriver à le faire sans que ça ait un impact sur le consommateur.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et pourquoi tout à l’heure le représentant de l’UFIP, les industries pétrolières, nous disait sur RMC, « si vous augmentez la TVA de 2 points vous augmentez le prix de l’essence de 2 centimes, le litre » ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ecoutez, ils sont bien gentils, les pétroliers, jusque là je n’ai pas constaté que TVA ou pas de TVA, le prix du pétrole était stable, donc qu’ils fassent plutôt un travail de fond pour essayer de nous garantir un peu plus de stabilité sur le prix du pétrole, et qu’ils arrêtent de donner des leçons à tout le monde.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il nous dit « c’est à l’Etat de prendre ses responsabilités, ce n’est pas à nous. Nous on répercute l’augmentation de la TVA. »
 
LAURENT WAUQUIEZ Ça je connais, c'est-à-dire que quand les prix du pétrole augmentent, eux ils répercutent bien soigneusement, quand ça baisse, votre petit délégué de l’UFIP, il faudra aussi qu’il nous explique si jamais il répercute les baisses !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Qu’est-ce qu’il y a ? Il y a rabot sur les niches fiscales, donc de 20 milliards chez François BAYROU !
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, mais ça c’est une vraie différence, ça c’est une vraie différence.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et puis il y a aussi l’ajout de deux tranches d’impôt supplémentaires, 45% et 50%, impôt sur le revenu, 45% pour les revenus supérieurs à 70 000 euros et 50% pour les revenus supérieurs à 150 000 euros.
 
LAURENT WAUQUIEZ Monsieur BOURDIN…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, Laurent WAUQUIEZ.
 
LAURENT WAUQUIEZ Je ne vais pas m’amuser à faire semblant de dire j’ai d’énormes différences avec le programme de BAYROU ou j’ai d’énormes points communs. Ce que je constate…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais il est dans votre camp BAYROU ou il n’est pas dans votre camp ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Il est très proche de notre famille politique. On a des différences, mais la philosophie est très commune. Pourquoi ? C’est une philosophie qui mise sur le travail…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous pouvez gouverner avec lui ?
 
LAURENT WAUQUIEZ En tout cas moi je considère que François BAYROU appartient à notre famille politique, oui, clairement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous souhaitez gouverner avec lui ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Moi je n’aurai aucun problème à travailler avec François BAYROU, évidemment.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous lui lancez un appel d’ailleurs. Rejoignez-nous entre les deux tours.
 
LAURENT WAUQUIEZ Ce n’est pas le sujet.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Comment ce n’est pas le sujet ? Si, c’est le sujet.
 
LAURENT WAUQUIEZ Aujourd’hui on n’est pas entre les deux tours. En tout cas, ce que je constate, c’est que ce programme-là est incompatible avec celui de François HOLLANDE, pour des raisons de fond, et les raisons de fond c’est qu’il n’a pas la même approche, ni du travail, ni de la dépense publique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et un emploi sans charges pendant 2 ans pour toutes les entreprises de moins de 50 salariés, pour les jeunes ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ça rejoint des dispositifs qu’on a faits. Quand par exemple on propose à une entreprise de prendre des apprentis sans charges, on est exactement là-dessus. Donc là encore, on voit, il y a des points qui sont des points communs, sur lesquels on peut travailler ensemble. Mais tant mieux, tant mieux si jamais on a des politiques qui sont capables de travailler ensemble, on n’a pas toujours besoin de faire semblant d’être en désaccord sur tout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ, Marine LE PEN est allée assister à un bal à Vienne avec des groupuscules néonazis. Est-ce qu’elle a commis une faute grave selon vous ?
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est à la fois, pour moi, lugubre, et macabre, et ça montre juste une chose, c’est que même si Marine LE PEN fait des jolis sourires dans les médias, le fond de cuve n’est pas ragoûtant. Et j’ajouterai à ça une deuxième chose, c’est que je suis incapable de vous donner la moindre proposition de Marine LE PEN.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Si…
 
LAURENT WAUQUIEZ Pardonnez-moi, en dehors de la sortie de l’euro, et de revenir au franc, qui serait une catastrophe pour les classes moyennes, et par exemple pour le prix de l’essence, vous passez de l’euro au franc, votre prix de l’essence et votre délégué du pétrole, vous prenez jusqu’à 25 euros de plus sur le plein, parce que l’essence s’achète en dollar, si vous avez une monnaie, le franc, qui est moins fort, votre plein d’essence, là vous comprendrez la différence. Oui, vous avez raison, c’est la seule proposition de Marine LE PEN. Moi ce que je constate…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ça veut dire quoi, que Marine LE PEN ressemble à Jean- Marie LE PEN ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ça veut dire deux choses. La première c’est que c’est bien la fille de son père, et qu’il y a bien des tendances qui sont macabres et qui sont là dans son approche de la politique, c’est pour moi très clair, et la deuxième chose c’est que si vous rajoutez à ça que dans cette campagne je ne vois pas très bien ce qu’elle propose, en dehors d’instrumentaliser les doutes et les inquiétudes des gens, je pense que ça donne sérieusement à réfléchir. Et que au lieu d’aller dans des bals comme ça à Vienne, elle ferait mieux d’essayer de faire des propositions concrètes, ou de se battre sur des dossiers comme LEJABY.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ, il y a eu un petit débat, qui n’intéresse pas forcément beaucoup les Français, sur la date de candidature, d’annonce de candidature de Nicolas SARKOZY. Vous souhaitez quoi, qu’il soit candidat très vite - j’ai entendu des députés UMP dire maintenant il faut qu’il y aille – ou vous pensez qu’il faut attendre, vous pensez que ça n’intéresse personne ? Franchement.
 
LAURENT WAUQUIEZ Je vais vous dire mon sentiment.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y.
 
LAURENT WAUQUIEZ Je ne suis pas persuadé que ce soit la question numéro 1 que se posent les Français. Ce qui me semble clair c’est que par exemple au sommet social, il était utile. Que par exemple quand il se bat sur l’euro avec Angela MERKEL, il est utile. Que quand il fait des propositions pour baisser le coût du logement, il est utile. Quand il propose des accords de compétitivité sur les 35 heures, il est utile. On a tellement vécu de présidents de la République, qui sur la dernière année ne faisaient plus rien, je pense que c’est bien d’avoir un président qui se bat jusqu’au bout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, on va être franc.
 
LAURENT WAUQUIEZ Et sur LEJABY, il a été utile. Voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors on va être franc. Quelle est sa première qualité ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Sa première qualité ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
LAURENT WAUQUIEZ Un volontarisme et une énergie qui ne se laissent jamais abattre. Et dans une période comme celle-ci, c’est très précieux.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et son premier défaut ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Une énergie et un volontarisme qui ne se laissent jamais abattre.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon, et c’est un défaut ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, mais parfois ce côté de vouloir se battre jusqu’au bout, a abouti à des caricatures.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça entraîne quoi, l’incohérence ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, ça aboutit au fait qu’il ne baisse jamais les bras et que parfois, peut-être…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc c’est une qualité, de ne jamais baisser les bras. Est-ce que vous lui voyez des défauts ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Monsieur BOURDIN, est-ce que je peux aller jusqu’au bout ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y.
 
LAURENT WAUQUIEZ Est-ce que je peux expliquer 2 secondes ce que j’ai en tête ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y…
 
LAURENT WAUQUIEZ Ce je veux dire, c’est que c’est quelqu’un qui ne se cache pas, et que du coup il va sur des dossiers qui sont parfois des dossiers difficiles. LEJABY, quand il s’est engagé, on n’était pas sûr d’aboutir, peut-être qu’il aurait mieux fait de ne pas s’exprimer, mais il y va, il y est à chaque fois dessus, et je pense que cette énergie qu’il met, sur LEJABY, sur SEAFRANCE, sur…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il n’a aucun défaut alors ? C’est un… sans défaut ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Evidemment que non Jean-Jacques, on a tous des défauts. Vous en avez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien sûr que j’en ai.
 
LAURENT WAUQUIEZ J’en ai. Ce que je vous dis, c’est que peut-être…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous les reconnaissez.
 
LAURENT WAUQUIEZ Peut-être que parfois, en politique, il y a une prime à des gens comme François HOLLANDE, qui surtout ne sont pas tellement dans la clarté, sont dans l’ambiguïté, sont dans une prudence, moi j’ai tendance à préférer des politiques engagés. Voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Engagez-vous tiens ! Oui, engagez-vous, parce que vous savez que c’est… vous voyez, vous nous avez conduit jusqu’à ce moment, est-ce que vous vous engagez à trouver une solution pérenne pour les autres salariés de LEJABY ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Monsieur BOURDIN, je n’ai jamais fait, sur ce dossier, de promesse à la légère. Je ne me suis pas amusé à dire, tiens j’ai peut-être un repreneur dans ma valise. Je ne dirai rien avant d’être sûr de ce que je dis. On a suffisamment vécu des politiques qui font des promesses en l’air, là, quand je suis allé chez LEJABY, c’est quand j’avais le repreneur. Par contre il y a une chose sur laquelle je m’engage, c’est que je ne vais pas abandonner ce dossier, on va le suivre sur la durée, on a des pistes, on les utilisera toutes, mais pas de promesse à la légère. Ne comptez pas sur moi là-dessus.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que Nicolas SARKOZY a fait des promesses à la légère à Gandrange ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, je crois qu’il s’est battu jusqu’au bout, il a essayé de se battre jusqu’au bout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et le résultat ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Le résultat c’est que sur des dossiers comme ça, précisément quand vous ne vous cachez pas, il y a des dossiers que vous réussissez, et il y a des dossiers que vous ne réussissez pas. Je retiendrai quand même aussi, et je pense qu’il faut être capable de retenir ça, ceux qui ont été réussis, LEJABY en est un.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 2 février 2012