Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT Tiens ! Ce matin il y a beaucoup darticles dans la presse consacrés à cet album dIznogoud, notamment un dans Le Figaro, et tiens !, deux ministres enfin deux ministres : un ancien, un actuel témoignent, donnent leur avis et notamment vous, Laurent WAUQUIEZ. Je ne savais pas que vous étiez un fan de bande dessinée.
LAURENT WAUQUIEZ Ah ! Je suis un grand fan de bande dessinée. Je ne manque jamais le festival dAngoulême et je dois avoir plus de trois mille BD chez moi.
BRUCE TOUSSAINT Ah, trois mille ?
LAURENT WAUQUIEZ Et alors hier je relisais Iznogoud, et notamment Les vacances du calife qui est une des très, très bonnes bandes dessinées dIznogoud. Mais alors attention ! Je crains quil ny ait pas quen bande dessinée quil y a des Iznogoud !
BRUCE TOUSSAINT Ah bon ? Des noms !
LAURENT WAUQUIEZ Peut-être même sur le plateau dEurope 1. Faites attention, monsieur TOUSSAINT !
BRUCE TOUSSAINT Ah bon ? Cest Julie, ça, jen suis sûr ! Jen étais sûr !
LAURENT WAUQUIEZ Il est temps de féminiser Iznogoud.
BRUCE TOUSSAINT Bon ! On va parler évidemment de ceux qui veulent être calife à la place du calife puisque cest la campagne présidentielle vous avez raison de le souligner, Laurent WAUQUIEZ et puis aussi de laffaire Borloo. Ce sera le fait du jour sur Europe 1 dans un instant avec donc notre invité. À tout de suite ! [ ] Laurent WAUQUIEZ, Nicolas SARKOZY est-il intervenu pour essayer dinstaller Jean-Louis BORLOO à la tête du groupe VEOLIA ?
LAURENT WAUQUIEZ Ah ! Comment faire une rumeur à partir de rien ? Pour moi, cest un petit peu dailleurs comme lhistoire de la viande halal. On a en ce moment dans la République des affabulateurs, des créateurs de mythes : tant quon parle de ça, on ne parle pas dautre chose. Vous avez un sujet qui a été démenti par les principaux intéressés, qui ne repose sur rien, aucun fait et qui est devenu le sujet majeur de lactualité depuis deux jours. Alors je me demande juste pourquoi, et pourquoi à mon avis ? Ce mythe a une utilité. Lobjectif pour le PS, cest de raconter une histoire consistant à faire croire que bien entendu, à tous les échelons de lEtat, toutes les personnes qui occupent des responsabilités ne loccupent que sur volonté du pouvoir politique. Et pourquoi ? Parce que derrière, lobjectif cest de faire une purge, cest de couper les têtes. Cest dessayer dinstaller et de faire parce que là pour le coup, ce nest pas des rumeurs : cest une déclaration gravée dans le marbre de François HOLLANDE un travail qui est pour moi un travail sectaire, de faire un Etat qui soit à sa main.
BRUCE TOUSSAINT Jérôme CAHUZAC, qui nest quand même pas un fantaisiste, président de la Commission des finances à lAssemblée
LAURENT WAUQUIEZ Cest le président socialiste de la Commission des finances ; mais cest vrai, ce nest pas un fantaisiste.
BRUCE TOUSSAINT Non mais cest vrai.
LAURENT WAUQUIEZ Ce nest pas un fantaisiste.
BRUCE TOUSSAINT Ce nest pas un fantaisiste, il déclare : « La vérité, cest que Nicolas SARKOZY a téléphoné à certains actionnaires de référence de VEOLIA pour imposer son ami Jean-Louis BORLOO. »
LAURENT WAUQUIEZ Ben voilà, cest ce que jappelle de laffabulation. Quon nous apporte des preuves. Cest quoi ? Enfin, moi je peux on peut lancer lidée quuntel
BRUCE TOUSSAINT Donc ils se sont levés hier matin, ils ont dit : « Tiens ! on va lancer un truc complètement faux et on va » Enfin, cest une drôle didée de la façon de faire de la politique.
LAURENT WAUQUIEZ Vous savez quoi ? Cest ce que jappelle : « La rumeur court. » Je me lève, je dis : « Ben tiens, oui, moi je sais. » Comment est-ce que monsieur CAHUZAC sait que le président de la République a appelé untel ou untel ? Mais sur quoi est-ce que ça repose ?
BRUCE TOUSSAINT Quand on est président de la Commission des finances, on a peut-êtrede des informations.
LAURENT WAUQUIEZ Vous voulez dire quil a mis le président sur écoute ? Cest peut-être effectivement
BRUCE TOUSSAINT Non ! Ce nest pas ce que je voulais sous-entendre. Alors peut-être quil y a eu maladresse tout simplement.
LAURENT WAUQUIEZ Je pense surtout que tout ceci na absolument aucun intérêt et jen reviens à ce que je disais au début : cest ces mythes qui sont très utiles parce que tant quon parle de ça, on ne parle pas dautre chose.
BRUCE TOUSSAINT Du coup, oui, quand Nicolas SARKOZY dit : « Je suis le candidat du peuple contre le candidat de lélite », avec cette histoire, cette affaire, même si vous la démentez ce matin ça fait un peu désordre, non ?
LAURENT WAUQUIEZ Je vais vous dire, de quoi est-ce quon ne parle pas dautre chose. Est-ce que vous avez regardé, parlons du peuple et des classes moyennes, sujet qui mintéresse : dans le programme du PS, il y a un thème qui est je vais revenir sur 12 milliards de déductions fiscales qui bénéficient aux classes moyennes. Monsieur TOUSSAINT, je vous fixe un défi : essayez dobtenir dun des représentants de François HOLLANDE le détail de ce quil y a dans ces 12 milliards. Vous naurez rien. Essayez de savoir si par exemple on va revenir sur les déductions fiscales pour les emplois à domicile. Ça, cest des sujets qui à mon avis intéressent beaucoup plus vos auditeurs. Et vous naurez rien comme réponse, et cest là où jen reviens à ce que je disais : quand on parle de ça, on ne parle pas dautres choses.
BRUCE TOUSSAINT Que peut faire le candidat du peuple pour les ARCELORMITTAL de Florange en Moselle ? Ils ont dit hier : lÉtat a sauvé les LEJABY vous êtes bien placé pour le savoir il doit intervenir pour nous.
LAURENT WAUQUIEZ Effectivement, je suis bien placé pour le savoir parce que le dossier des LEJABY, cest un dossier sur lequel je me suis moi-même beaucoup investi. Jai vu laction qui a été celle du président. Je crois que sur ces dossiers, on peut beaucoup le caricaturer, on peut beaucoup le critiquer ; ce quil y a de sûr, cest quil sest toujours impliqué. Donc sagissant de Florange, je sais que Xavier BERTRAND et Éric BESSON sont en train de se battre. Il ny a pas de fermeture définitive, il y a un carnet de commandes quil faut absolument regarnir, il faut y aller. C'est des dossiers qui sont toujours difficiles, on nest jamais sûr de lissue : il faut toujours le tenter.
BRUCE TOUSSAINT Il y avait une promesse quand même pour ARCELORMITTAL.
LAURENT WAUQUIEZ Vous savez monsieur TOUSSAINT, les promesses cest surtout la promesse de se battre sur chaque dossier.
BRUCE TOUSSAINT « Les promesses nengagent que ceux qui y croient », cest ça ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, non. Moi je vais vous donner aussi une promesse que javais eue.
BRUCE TOUSSAINT Oui.
LAURENT WAUQUIEZ Sur le dossier de LEJABY. Jai entendu François HOLLANDE qui avait dit : « Je vais me battre pour apporter une solution » ; jai vu Arnaud MONTEBOURG qui était venu en disant : « Moi évidemment jai une solution pour vous. » Cette solution, heureusement que je ne lai pas attendue et heureusement quon a constitué tout de suite une solution alternative. Sur ces dossiers, bien sûr on peut dire : « Attention ! sur tel sujet le président a échoué il y a trois ans, il y a quatre ans. » Ce que moi je vois surtout, cest quil a toujours été présent sur ces dossiers là où souvent par le passé, il y avait un travail desquive. Prenons du concret : RENAULT Flamanville. Il sest battu, lentreprise elle est toujours là. ALSTOM, il sest battu : lentreprise est toujours là.
BRUCE TOUSSAINT À propos de promesses et de LEJABY, Laurent WAUQUIEZ, cest vrai que ça vous a coûté le poste de porte-parole de la campagne cette histoire ? Vous avez été LAURENT WAUQUIEZ Alors ça aussi, ça fait partie des rumeurs que jai lues : le président serait fâché quon se soit impliqué sur LEJABY.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Il na pas apprécié la manière dont vous vous êtes comporté. « Il a trop tiré la couverture à lui » estime un proche du dossier cest ce quon a pu lire dans la presse récemment.
LAURENT WAUQUIEZ Voilà. C'est-à-dire peut-être aussi un proche du dossier qui a mis aussi le président sur écoute ! Visiblement cest très courant en ce moment dans la République. Cest dans mon département, cest chez moi la Haute Loire. Ces filles, ça fait depuis trois ans que je men occupais et on sétait notamment battu pour
BRUCE TOUSSAINT Personne ne le met en cause mais cest vrai que, bon, peut-être quà ce moment-là pour la campagne, ça aurait été bien que ce soit lui qui aille les sauver.
LAURENT WAUQUIEZ Mais cest lui 1/ qui les a reçues et il ny a jamais eu dambigüité. Heureusement quil a notamment pu construire les solutions pour la formation de ces salariés. Cest une belle leçon dailleurs aussi, lhistoire des LEJABY. Cest quau fond, ce sont quand même des filles qui acceptent pour certaines dentre elles à plus de 55 ans dapprendre un nouveau métier. Elles étaient dans le textile, elles se reconvertissent : elles vont faire des sacs en cuir.
BRUCE TOUSSAINT Ça aurait été un beau métier dêtre porte-parole.
LAURENT WAUQUIEZ Je ne suis pas sûr parce que notamment ça ne me permettrait pas de répondre en toute liberté sur le micro de Bruce TOUSSAINT et ça, ce serait vraiment dommage. Je préfère répondre avec mes convictions.
BRUCE TOUSSAINT Seuls 37 % des Français dans un sondage publié par Le Nouvel Observateur estiment que Nicolas SARKOZY fait une bonne entrée en campagne. Comment est-ce que vous analysez ce chiffre ? Est-ce quil ny a pas un problème de flou dans cette campagne ? Quel est le message, lidée principale de la campagne de Nicolas SARKOZY ?
LAURENT WAUQUIEZ Alors pour moi, elle est très simple. Vous avez un Etat et un système de dépenses publiques dans lequel il faut quon remette de lordre. Il y a deux voies pour le faire. La première, cest celle de François HOLLANDE et qui est clairement assumée, consistant à dire : « Je ne fais pas déconomies sur la dépense publique et donc dans mon programme, jaffiche que je prendrai 44 milliards deuros dimpôts en plus. » Ça cest la proposition de François HOLLANDE. La nôtre, en tous cas moi cest mon obsession, si on veut réussir à répondre à ces défis, il faut quon change notre mode de fonctionnement. Ça veut dire pour moi dabord remettre les classes moyennes au coeur de notre projet, donc pas dimpôt supplémentaire. On ne sort pas de la crise, on ne répond pas aux déficits publics avec des impôts supplémentaires sur les classes moyennes et deuxièmement, se poser les bonnes questions notamment sur quest-ce que cest aujourd'hui faire du social. Et cest ce que je résume par : il faut passer dun social assistanat à un social responsable. Le social assistanat, ce nest pas du social ; le social responsable, on peut en parler à votre micro.
BRUCE TOUSSAINT Vous saluerez le calife pour nous.
LAURENT WAUQUIEZ [rires] Cest qui le calife ici ?
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 24 février 2012