Texte intégral
Q - Pouvez-vous nous dire quelle est la situation ce matin dans la ville de Homs, en Syrie, ville assiégée par larmée de Bachar El-Assad, et où sont toujours bloqués plusieurs journalistes parmi lesquels Édith Bouvier, reporter au Figaro, et gravement blessée.
R - Toujours bloquée, et cest une immense frustration, bien sûr, que je ressens. Nous travaillons avec les autorités syriennes pour obtenir des garanties de sécurité. Nous travaillons avec la Croix-Rouge, pour permettre lévacuation de nos blessés. Nous ny sommes pas encore arrivés. Et les bombes continuent à tomber sur Homs.
Q - Le président de la République nous disait hier matin que peut-être une solution allait intervenir dans la journée, il avait lair confiant, et puis, finalement, non.
R - Elle est à tout instant toute proche, si je puis dire, mais vous connaissez la façon dont je traite ce genre daffaire, je ne veux pas laisser naître des espoirs prématurés, nous y travaillons darrache-pied et, quand je parlais de frustration, vous lavez vu, jessaie de tout faire pour arrêter ce massacre. Jétais au Conseil de sécurité des Nations unies, Nous sommes allés à lAssemblée générale des Nations unies, nous sommes allés à Tunis avec 80 délégations. Hier, jétais au Conseil des droits de lHomme à Genève, jai demandé que la communauté internationale étudie les conditions dans lesquelles on pourra traduire devant la Cour pénale internationale ceux qui se rendent coupables de crimes contre lhumanité.
Je ne renonce pas, et nous allons continuer à exercer la pression, il y aura une autre réunion des Amis du peuple syrien dans quinze jours ou trois semaines à Istanbul, une troisième
Q - Trop tard, disent certains, trois semaines
R - Bien sûr, bien sûr que cest trop tard
Q - Un massacre à Homs peut se produire demain, après-demain
R - Bien sûr que cest trop tard, le massacre se produit tous les jours, mais nous ne pouvons pas passer en force et nous ne pouvons pas provoquer une conflagration avec la Russie, qui continue
Q - À bloquer
R - À bloquer. Il faut quand même désigner les responsabilités dans cette affaire. Nous avons fait le maximum, mais nous navons pas encore bien sûr atteint la pression suffisante, nous allons continuer à accentuer la pression.
Q - Imaginez-vous que justement, la Russie change dattitude après lélection présidentielle qui doit se dérouler dimanche prochain ?
R - Cest possible, et il est incontestable que le climat préélectoral en Russie conduit son gouvernement à prendre des positions nationalistes, extrêmes dune certaine manière, mais il sisole de plus en plus, et dans le monde arabe, la Russie est aujourdhui profondément isolée et incomprise surtout.
Q - Certains évoquent une possibilité daction militaire de la Ligue arabe seule.
R - Je lai dit, loption militaire pourrait avoir des conséquences catastrophiques dans la région, parce quon nest pas en Libye, on est en Syrie. Le risque de guerre civile entre des communautés qui sont prêtes à saffronter, les Alaouites, les Sunnites, les Chiites, les Kurdes et les Chrétiens font que la situation est très différente de celle que nous avons connue en Libye.
Q - Avez-vous des nouvelles au moins de létat de santé, par exemple dÉdith Bouvier ?
R - Oui, nous avons des informations. On a été très inquiets à un moment donné sur les risques quelle courait, il semble que sa situation de santé soit stabilisée, mais il faut quelle puisse être évacuée le plus vite possible. On ne peut pas vivre indéfiniment avec une fracture du fémur comme celle quelle a vraisemblablement.
Q - Il nous faut dailleurs dire le degré de sauvagerie est tel que même les corps des journalistes tués mercredi dernier sont encore dans les ruines à Homs et ne peuvent pas eux-mêmes être évacués pour un enterrement digne.
R - Absolument, et on a franchi toutes les limites de la barbarie, les chiffres qui circulent sont validés par les organisations internationales, on est aux alentours de 8.000 morts. Des centaines denfants ont été tués, torturés, et quand je vois le président syrien parader dans un bureau de vote à Damas avec ce référendum bidon
Q - Dimanche
R - Cest une indignation profonde, bien sûr, qui sempare de tous ceux qui voient ce spectacle.
Q - On peut dire aujourdhui que la communauté internationale est impuissante, Alain Juppé ?
R - Oui, bien sûr, tant quon naura pas pu arrêter le massacre, on se sentira impuissant, mais nous ne restons pas inactifs, et nous continuons à agir sur tous les fronts, à chaque fois que cest possible.
Q - Quel est le prochain rendez-vous important, il ny en a pas, ce sont des discussions, ce sont des pressions, ce sont des
R - Kofi Annan vient dêtre désigné par le Secrétaire général des Nations unies. Cest un homme courageux, très respecté, très sage. Je lai rencontré hier à Genève, il a déjà pris des contacts pour essayer darrêter le massacre. Par ailleurs, une résolution à vocation humanitaire, en faveur dun cessez-le-feu humanitaire et de laccès de laide humanitaire dans les sites les plus menacés est en cours de discussion au Conseil de sécurité ; on peut espérer que la Chine et la Russie ne mettront pas leur veto à cette résolution.
( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er mars 2012
R - Toujours bloquée, et cest une immense frustration, bien sûr, que je ressens. Nous travaillons avec les autorités syriennes pour obtenir des garanties de sécurité. Nous travaillons avec la Croix-Rouge, pour permettre lévacuation de nos blessés. Nous ny sommes pas encore arrivés. Et les bombes continuent à tomber sur Homs.
Q - Le président de la République nous disait hier matin que peut-être une solution allait intervenir dans la journée, il avait lair confiant, et puis, finalement, non.
R - Elle est à tout instant toute proche, si je puis dire, mais vous connaissez la façon dont je traite ce genre daffaire, je ne veux pas laisser naître des espoirs prématurés, nous y travaillons darrache-pied et, quand je parlais de frustration, vous lavez vu, jessaie de tout faire pour arrêter ce massacre. Jétais au Conseil de sécurité des Nations unies, Nous sommes allés à lAssemblée générale des Nations unies, nous sommes allés à Tunis avec 80 délégations. Hier, jétais au Conseil des droits de lHomme à Genève, jai demandé que la communauté internationale étudie les conditions dans lesquelles on pourra traduire devant la Cour pénale internationale ceux qui se rendent coupables de crimes contre lhumanité.
Je ne renonce pas, et nous allons continuer à exercer la pression, il y aura une autre réunion des Amis du peuple syrien dans quinze jours ou trois semaines à Istanbul, une troisième
Q - Trop tard, disent certains, trois semaines
R - Bien sûr, bien sûr que cest trop tard
Q - Un massacre à Homs peut se produire demain, après-demain
R - Bien sûr que cest trop tard, le massacre se produit tous les jours, mais nous ne pouvons pas passer en force et nous ne pouvons pas provoquer une conflagration avec la Russie, qui continue
Q - À bloquer
R - À bloquer. Il faut quand même désigner les responsabilités dans cette affaire. Nous avons fait le maximum, mais nous navons pas encore bien sûr atteint la pression suffisante, nous allons continuer à accentuer la pression.
Q - Imaginez-vous que justement, la Russie change dattitude après lélection présidentielle qui doit se dérouler dimanche prochain ?
R - Cest possible, et il est incontestable que le climat préélectoral en Russie conduit son gouvernement à prendre des positions nationalistes, extrêmes dune certaine manière, mais il sisole de plus en plus, et dans le monde arabe, la Russie est aujourdhui profondément isolée et incomprise surtout.
Q - Certains évoquent une possibilité daction militaire de la Ligue arabe seule.
R - Je lai dit, loption militaire pourrait avoir des conséquences catastrophiques dans la région, parce quon nest pas en Libye, on est en Syrie. Le risque de guerre civile entre des communautés qui sont prêtes à saffronter, les Alaouites, les Sunnites, les Chiites, les Kurdes et les Chrétiens font que la situation est très différente de celle que nous avons connue en Libye.
Q - Avez-vous des nouvelles au moins de létat de santé, par exemple dÉdith Bouvier ?
R - Oui, nous avons des informations. On a été très inquiets à un moment donné sur les risques quelle courait, il semble que sa situation de santé soit stabilisée, mais il faut quelle puisse être évacuée le plus vite possible. On ne peut pas vivre indéfiniment avec une fracture du fémur comme celle quelle a vraisemblablement.
Q - Il nous faut dailleurs dire le degré de sauvagerie est tel que même les corps des journalistes tués mercredi dernier sont encore dans les ruines à Homs et ne peuvent pas eux-mêmes être évacués pour un enterrement digne.
R - Absolument, et on a franchi toutes les limites de la barbarie, les chiffres qui circulent sont validés par les organisations internationales, on est aux alentours de 8.000 morts. Des centaines denfants ont été tués, torturés, et quand je vois le président syrien parader dans un bureau de vote à Damas avec ce référendum bidon
Q - Dimanche
R - Cest une indignation profonde, bien sûr, qui sempare de tous ceux qui voient ce spectacle.
Q - On peut dire aujourdhui que la communauté internationale est impuissante, Alain Juppé ?
R - Oui, bien sûr, tant quon naura pas pu arrêter le massacre, on se sentira impuissant, mais nous ne restons pas inactifs, et nous continuons à agir sur tous les fronts, à chaque fois que cest possible.
Q - Quel est le prochain rendez-vous important, il ny en a pas, ce sont des discussions, ce sont des pressions, ce sont des
R - Kofi Annan vient dêtre désigné par le Secrétaire général des Nations unies. Cest un homme courageux, très respecté, très sage. Je lai rencontré hier à Genève, il a déjà pris des contacts pour essayer darrêter le massacre. Par ailleurs, une résolution à vocation humanitaire, en faveur dun cessez-le-feu humanitaire et de laccès de laide humanitaire dans les sites les plus menacés est en cours de discussion au Conseil de sécurité ; on peut espérer que la Chine et la Russie ne mettront pas leur veto à cette résolution.
( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er mars 2012