Texte intégral
Je suis heureux dêtre à Londres aujourdhui et davoir pu participer à cette conférence sur la Somalie, qui est une réussite.
Je voudrais féliciter le Premier ministre, David Cameron et mon collègue William Hague pour la parfaite préparation et organisation de cette rencontre. Jai eu loccasion de dire, dans une intervention qui, je crois, a été retransmise par les télévisions, combien la France souhaitait accompagner la Somalie dans sa reconstruction et sa pacification. Cest pour nous une obligation politique dabord, car la crise somalienne a des répercussions dans lensemble de la sous-région et favorise le développement du terrorisme. Cest aussi une obligation morale parce que nous connaissons toutes les souffrances du peuple somalien. Cest également une obligation pour la France qui est directement concernée. Je voudrais rappeler lassassinat odieux de Mme Dedieu, lune de nos compatriotes qui a été enlevée et exécutée par des terroristes. Nous avons aussi des otages victimes des terroristes en Somalie et au Sahel.
Il semble quaujourdhui, une fenêtre dopportunité, comme lon dit dans le langage diplomatique, souvre et que les perspectives saméliorent pour la Somalie. Le gouvernement fédéral de transition est à luvre et a défini une feuille de route que nous soutenons.
LUnion africaine et les pays qui envoient des soldats sous le drapeau de lAMISOM jouent un rôle important pour la sécurisation du pays.
Je voudrais rappeler que lUnion européenne et la France - on ne le rappelle peut-être pas souvent - sont également fortement engagées. La France a formé plus de 16.000 soldats africains depuis 2006 ; ils participent au contingent de lAMISOM. Lopération EUTM (European Union Training Mission), à laquelle nous participons, forme aussi les forces de sécurité somaliennes. Nous avons été, dès lorigine, engagés dans lopération de lutte contre la piraterie le long de la Corne de lAfrique : cest lOpération Atalante de lUnion européenne
Enfin, nous contribuons évidemment financièrement, de façon très importante à laide humanitaire. Nous allons donc poursuivre dans cette direction avec tous les acteurs qui étaient représentés ce matin : lUnion africaine, lONU, lUnion européenne, les partenaires également bilatéraux pour encourager le développement du dialogue inter-somalien, pour améliorer la fourniture de laide humanitaire, pour renforcer la lutte contre la piraterie, notamment en cherchant des solutions à terre pour quune juridiction spécialisée puisse mettre fin à limpunité dont bénéficient souvent les pirates. Bien sûr, il faut également accompagner le processus politique. Sur tous ces sujets, le peuple somalien peut compter sur lengagement de la France.
Je voudrais aussi dire un mot de la situation en Syrie puisque nous en avons parlé avec plusieurs de nos partenaires et nous avons préparé la Conférence qui se tiendra à Tunis demain et à laquelle je participerai bien sûr avec près de 60 délégations. Ce qui se passe en Syrie est chaque jour plus révoltant, plus scandaleux, plus honteux. Le régime massacre son peuple.
Je voudrais en particulier élever une vigoureuse protestation face au sort qui est réservé aux journalistes prisonniers des forces syriennes à Homs. Deux dentre eux sont morts, dont un Français, une autre est gravement blessée et jai demandé hier au gouvernement de Damas de permettre son évacuation. Pour linstant, rien na été fait. Je crois quune vidéo circule, elle montre dans quelles conditions de santé extrêmement précaires se trouve cette femme. Je pense aussi à tout le peuple syrien qui est victime de la même répression.
Donc, nous allons à nouveau, demain, en Tunisie, rassembler les forces de la communauté internationale pour essayer dexercer une pression supplémentaire afin que soit mis un terme aux massacres, que laccès de laide humanitaire soit facilité ou même tout simplement permis, pour quensuite le processus politique de règlement de la crise, selon les propositions de la Ligue arabe et que nous soutenons pleinement, puisse être relancé dans le but de surmonter les oppositions que vous connaissez, que ce soit au Conseil de sécurité ou celles bien sûr qui viennent du régime lui-même.
Nous avons, cest vrai, un grand sentiment de frustration. Je comprends aussi le sentiment dimpuissance de nos opinions publiques qui nous disent : «Très bien, vous vous réunissez mais pendant ce temps-là, les morts sadditionnent».
Pour moi, cest une angoisse, un tourment très profond et nous essayons de faire tout ce que nous pouvons, puisquil nest pas question pour nous bien sûr de violer les règles du droit international ni dagir sans un feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies.
Voilà ce que je voulais vous dire sur la réunion daujourdhui et, par anticipation, sur celle de demain.
Q - Un certain nombre de médias ont fait état récemment dune conversation de militaires syriens, information selon laquelle ordre aurait été donné de tirer délibérément contre ce qui servait de centre de presse aux journalistes qui étaient présents hier à Homs et qui ont été touchés par ces bombardements. La France, elle aussi, a-t-elle ce type dinformations ? Oui ou non, ce tir, selon vous, a été fait de façon délibérée ?
R - Je ne peux pas répondre à cette question, tout simplement parce que je nai pas dinformation en ce sens et, compte tenu de la gravité de laccusation, je ne parlerai quavec des preuves. Il nen reste pas moins que la responsabilité du régime syrien est pleinement engagée du fait de ce qui se passe vis-à-vis de sa population dune part, et dautre part, vis-à-vis des journalistes qui font leur métier, qui essaient dassurer un minimum de liberté dinformation et qui sont piégés aujourdhui dans des conditions qui sont contraires au droit, aux règles internationales et à lhumanité.
Q - Sur la Somalie, quelles sont les principales avancées qui ont été obtenues aujourdhui à lissue de cette conférence ? Et quelle est la position de la France sur léventualité de frappes aériennes contre les insurgés demandées par le Premier ministre somalien ?
R - La principale avancée, elle a été obtenue, hier ou avant-hier, par le vote de la résolution par le Conseil de sécurité qui a relevé le plafond de lAMISOM des 12.000 soldats actuels à près de 18.000, 17.700 pour être exact. Et, donc, cela va permettre de renforcer le dispositif ; vous savez que ce sont des troupes africaines, sous le drapeau de lUnion africaine, mais avec le soutien des Nations unies, et donc la participation financière des pays membres des Nations unies, dont la France.
Je voudrais souligner que cela se traduira par un doublement de leffort financier au soutien à lAMISOM. En ce qui concerne léquipement des troupes somaliennes, la question na pas été évoquée ce matin, et lhypothèse que vous avez citée ne la pas été non plus.
Nous développons aussi, bien sûr, notre aide économique, notre assistance humanitaire, enfin tous les chapitres que jai évoqués tout à lheure. Et je voudrais à nouveau insister, car je crois quon na pas été nombreux à le rappeler - je crois que Mme Ashton la fait et moi aussi - sur la forte implication de lUnion européenne dans cette action.
Q - Sur la Somalie toujours, on parle de 200 combattants étrangers qui auraient rejoint le Shebab et dune cinquantaine qui viendrait de Grande-Bretagne. À quel point cela vous inquiète et quelles sont concrètement les mesures que vous pouvez prendre là-dessus ?
R - Oui, nous savons quil y a vraisemblablement des infiltrations terroristes et on connaît les liens entre les Shebab et Al-Qaïda. Nous sommes évidemment très préoccupés, cest une raison supplémentaire pour soutenir les efforts du gouvernement de transition et soutenir lAMISOM.
Les choses sont en train dévoluer favorablement sur le terrain et nous avons appris hier la chute dune ville au Sud de la Somalie qui était jusquà présent détenue par les Shebab et qui vient dêtre prise par les soldats de lAMISOM et les Somaliens.
Donc, voilà, les choses progressent et nous pensons que, petit à petit, grâce à leffort des troupes kenyanes intégrées à lAMISOM dans sa nouvelle formation au Sud, nous pourrons juguler ce péril terroriste qui est très fort.
Peut-être une question dun journaliste britannique.
Q - Si je peux, Monsieur le Ministre, vous demander de répondre en anglais, je vous en serais très reconnaissant. En ce qui concerne la Syrie, pourriez-vous nous dire ce que vous, et ce que la France, voudraient voir sortir de la réunion de demain en ce qui concerne un possible ultimatum au président Assad, combien de temps lui serait donné, et quest-ce quil devrait faire pour éviter un renforcement des sanctions ? Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus au sujet des actions qui pourraient être prises sans que cela soit la forme dintervention militaire dont vous nous avez dit quelle nécessiterait une autorisation des Nations unies ? En dautres mots, la France est-elle prête à fournir un soutien militaire actif aux rebelles ? Est-ce que dautres doivent fournir un soutien militaire actif et est-il possible que les forces occidentales soient employées à sécuriser un corridor humanitaire, est-ce que cest ce quil faudrait faire pour permettre de réaliser cela ? Et ma dernière question, est-ce que le nouveau rapport
R - Il y a trois questions en une !
Q - Je sais. Ma dernière question : le nouveau rapport de la Commission denquête, mise en place par lONU, a apparemment établi que de hautes autorités, y compris - nous croyons - le président Assad, ont leurs noms contenus dans une lettre scellée, ce qui pourrait le conduire à lavenir à une mise en accusation. Êtes-vous davis que le président Assad doit être jugé devant la Cour pénale internationale de La Haye ?
R - Brièvement, sur la conférence, notre priorité est de faciliter laccès humanitaire, la fourniture daide humanitaire. Et nous avons des propositions sur la table sur la meilleure façon de fournir cette aide aussi vite que possible, si le régime accepte douvrir le pays aux ONG ou à la Croix Rouge. Mme Valérie Amos qui est la directrice du BCAH, ira en Syrie dans les prochains jours, cest la priorité de la conférence demain. Mais nous voulons aussi réaffirmer le consensus, lunité de la communauté internationale pour exercer le maximum de pression sur le régime, et aussi sur la Russie. Je pense que cest un calcul et un objectif difficiles mais montrer la détermination de la communauté internationale nest pas seulement symbolique. Je pense que cest aussi politiquement très important. Il ny a pas doption militaire pour le moment sur la table, et comme je lai dit auparavant, la France ne peut pas envisager une telle option sans un mandat international : cest notre ligne de conduite qui est claire et constante.
Sur la Cour pénale internationale, je dois être à Genève lundi prochain pour la réunion du Conseil des droits de lHomme et nous discuterons de ce point. Comme vous le savez, lenquête commanditée par le Conseil indique quil y a des crimes contre lhumanité en Syrie et je pense quun jour ou lautre, la responsabilité du régime sera bien sûr mise en cause.
Q - Si je peux poser une question sur lIran : est-ce que léchec de la mission de lAIEA en Iran, quel impact cela-a-t-il sur les chances de pourparlers des E3+3 avec lIran ? Est-ce que cela les rend moins probables ou plus probables parce que désormais cest la seule option diplomatique ouverte ?
R - Nous discutons de ce sujet au sein des Six et la France est très, très prudente. La dernière lettre de M. Jalili est certainement une ouverture mais cette ouverture est très ambigüe et pour nous, il nest pas question de lever les sanctions avant que le régime nenvoie un message concret et fasse un premier pas pour montrer sa bonne volonté. Et cela na pas été le cas, comme vous lavez dit, durant la mission de lAgence internationale, parce que le régime a refusé dautoriser les inspecteurs à aller sur le site quils voulaient visiter. Nous sommes donc très prudents mais nous discutons ce point avec les Américains, les Britanniques, les Allemands, les Russes et les Chinois.
Bien, peut-être une dernière question.
Q - Quelles pistes sont actuellement explorées pour exfiltrer les journalistes français et étrangers qui sont actuellement bloqués en Syrie ? Avez-vous des informations précises dailleurs sur le nombre de journalistes français en Syrie actuellement ? Un accord humanitaire serait apparemment en discussion, de source américaine, pour être signé à Tunis. Est-ce que vous pouvez nous donner des précisions là-dessus ?
R - Il ny a pas daccord humanitaire en discussion. Les Américains prennent des initiatives avec nous. Nous en avons parlé ce matin, donc, sil y a une initiative, elle sera collective. Nous sommes en train, bien sûr, dy réfléchir. Ce que nous voulons, cest nous mettre en mesure dagir le plus vite possible si le régime finissait par accepter un libre accès de laide humanitaire. Jai lancé il y a quelques semaines lidée de corridors humanitaires. À lépoque, le monde avait considéré que cétait très audacieux et peut-être prématuré. On voit aujourdhui que cest plus que jamais nécessaire.
Sur lexfiltration - je ne sais pas si cest le bon mot - de journalistes, la voie que nous avons choisie, cest dexiger du régime quil permette lévacuation de ces journalistes de façon à leur faire courir le moins de risque possible, parce que toute autre opération serait évidemment extrêmement risquée. La seule chose qui a un peu bougé, cest quapparemment, daprès une dernière dépêche que je viens de recevoir, Damas aurait donné pour instruction au gouverneur de Homs de faciliter le départ des journalistes de la ville de Homs. Pour linstant, cest une annonce. Ce nest pas une mesure concrète et cest la raison pour laquelle jai renouvelé mon appel.
Quant au nombre de journalistes présents en Syrie, je ne peux pas vous répondre puisque malheureusement, - cest ainsi, ce nest pas un jugement de valeur - la plupart dentre eux entrent clandestinement et, donc, nous ne sommes pas toujours informés. Nous ne connaissions pas lexistence de ce groupe qui, apparemment, était assez nombreux et qui se trouvait à Homs durant cette mission.
Voilà, Mesdames et Messieurs, je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2012
Je voudrais féliciter le Premier ministre, David Cameron et mon collègue William Hague pour la parfaite préparation et organisation de cette rencontre. Jai eu loccasion de dire, dans une intervention qui, je crois, a été retransmise par les télévisions, combien la France souhaitait accompagner la Somalie dans sa reconstruction et sa pacification. Cest pour nous une obligation politique dabord, car la crise somalienne a des répercussions dans lensemble de la sous-région et favorise le développement du terrorisme. Cest aussi une obligation morale parce que nous connaissons toutes les souffrances du peuple somalien. Cest également une obligation pour la France qui est directement concernée. Je voudrais rappeler lassassinat odieux de Mme Dedieu, lune de nos compatriotes qui a été enlevée et exécutée par des terroristes. Nous avons aussi des otages victimes des terroristes en Somalie et au Sahel.
Il semble quaujourdhui, une fenêtre dopportunité, comme lon dit dans le langage diplomatique, souvre et que les perspectives saméliorent pour la Somalie. Le gouvernement fédéral de transition est à luvre et a défini une feuille de route que nous soutenons.
LUnion africaine et les pays qui envoient des soldats sous le drapeau de lAMISOM jouent un rôle important pour la sécurisation du pays.
Je voudrais rappeler que lUnion européenne et la France - on ne le rappelle peut-être pas souvent - sont également fortement engagées. La France a formé plus de 16.000 soldats africains depuis 2006 ; ils participent au contingent de lAMISOM. Lopération EUTM (European Union Training Mission), à laquelle nous participons, forme aussi les forces de sécurité somaliennes. Nous avons été, dès lorigine, engagés dans lopération de lutte contre la piraterie le long de la Corne de lAfrique : cest lOpération Atalante de lUnion européenne
Enfin, nous contribuons évidemment financièrement, de façon très importante à laide humanitaire. Nous allons donc poursuivre dans cette direction avec tous les acteurs qui étaient représentés ce matin : lUnion africaine, lONU, lUnion européenne, les partenaires également bilatéraux pour encourager le développement du dialogue inter-somalien, pour améliorer la fourniture de laide humanitaire, pour renforcer la lutte contre la piraterie, notamment en cherchant des solutions à terre pour quune juridiction spécialisée puisse mettre fin à limpunité dont bénéficient souvent les pirates. Bien sûr, il faut également accompagner le processus politique. Sur tous ces sujets, le peuple somalien peut compter sur lengagement de la France.
Je voudrais aussi dire un mot de la situation en Syrie puisque nous en avons parlé avec plusieurs de nos partenaires et nous avons préparé la Conférence qui se tiendra à Tunis demain et à laquelle je participerai bien sûr avec près de 60 délégations. Ce qui se passe en Syrie est chaque jour plus révoltant, plus scandaleux, plus honteux. Le régime massacre son peuple.
Je voudrais en particulier élever une vigoureuse protestation face au sort qui est réservé aux journalistes prisonniers des forces syriennes à Homs. Deux dentre eux sont morts, dont un Français, une autre est gravement blessée et jai demandé hier au gouvernement de Damas de permettre son évacuation. Pour linstant, rien na été fait. Je crois quune vidéo circule, elle montre dans quelles conditions de santé extrêmement précaires se trouve cette femme. Je pense aussi à tout le peuple syrien qui est victime de la même répression.
Donc, nous allons à nouveau, demain, en Tunisie, rassembler les forces de la communauté internationale pour essayer dexercer une pression supplémentaire afin que soit mis un terme aux massacres, que laccès de laide humanitaire soit facilité ou même tout simplement permis, pour quensuite le processus politique de règlement de la crise, selon les propositions de la Ligue arabe et que nous soutenons pleinement, puisse être relancé dans le but de surmonter les oppositions que vous connaissez, que ce soit au Conseil de sécurité ou celles bien sûr qui viennent du régime lui-même.
Nous avons, cest vrai, un grand sentiment de frustration. Je comprends aussi le sentiment dimpuissance de nos opinions publiques qui nous disent : «Très bien, vous vous réunissez mais pendant ce temps-là, les morts sadditionnent».
Pour moi, cest une angoisse, un tourment très profond et nous essayons de faire tout ce que nous pouvons, puisquil nest pas question pour nous bien sûr de violer les règles du droit international ni dagir sans un feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies.
Voilà ce que je voulais vous dire sur la réunion daujourdhui et, par anticipation, sur celle de demain.
Q - Un certain nombre de médias ont fait état récemment dune conversation de militaires syriens, information selon laquelle ordre aurait été donné de tirer délibérément contre ce qui servait de centre de presse aux journalistes qui étaient présents hier à Homs et qui ont été touchés par ces bombardements. La France, elle aussi, a-t-elle ce type dinformations ? Oui ou non, ce tir, selon vous, a été fait de façon délibérée ?
R - Je ne peux pas répondre à cette question, tout simplement parce que je nai pas dinformation en ce sens et, compte tenu de la gravité de laccusation, je ne parlerai quavec des preuves. Il nen reste pas moins que la responsabilité du régime syrien est pleinement engagée du fait de ce qui se passe vis-à-vis de sa population dune part, et dautre part, vis-à-vis des journalistes qui font leur métier, qui essaient dassurer un minimum de liberté dinformation et qui sont piégés aujourdhui dans des conditions qui sont contraires au droit, aux règles internationales et à lhumanité.
Q - Sur la Somalie, quelles sont les principales avancées qui ont été obtenues aujourdhui à lissue de cette conférence ? Et quelle est la position de la France sur léventualité de frappes aériennes contre les insurgés demandées par le Premier ministre somalien ?
R - La principale avancée, elle a été obtenue, hier ou avant-hier, par le vote de la résolution par le Conseil de sécurité qui a relevé le plafond de lAMISOM des 12.000 soldats actuels à près de 18.000, 17.700 pour être exact. Et, donc, cela va permettre de renforcer le dispositif ; vous savez que ce sont des troupes africaines, sous le drapeau de lUnion africaine, mais avec le soutien des Nations unies, et donc la participation financière des pays membres des Nations unies, dont la France.
Je voudrais souligner que cela se traduira par un doublement de leffort financier au soutien à lAMISOM. En ce qui concerne léquipement des troupes somaliennes, la question na pas été évoquée ce matin, et lhypothèse que vous avez citée ne la pas été non plus.
Nous développons aussi, bien sûr, notre aide économique, notre assistance humanitaire, enfin tous les chapitres que jai évoqués tout à lheure. Et je voudrais à nouveau insister, car je crois quon na pas été nombreux à le rappeler - je crois que Mme Ashton la fait et moi aussi - sur la forte implication de lUnion européenne dans cette action.
Q - Sur la Somalie toujours, on parle de 200 combattants étrangers qui auraient rejoint le Shebab et dune cinquantaine qui viendrait de Grande-Bretagne. À quel point cela vous inquiète et quelles sont concrètement les mesures que vous pouvez prendre là-dessus ?
R - Oui, nous savons quil y a vraisemblablement des infiltrations terroristes et on connaît les liens entre les Shebab et Al-Qaïda. Nous sommes évidemment très préoccupés, cest une raison supplémentaire pour soutenir les efforts du gouvernement de transition et soutenir lAMISOM.
Les choses sont en train dévoluer favorablement sur le terrain et nous avons appris hier la chute dune ville au Sud de la Somalie qui était jusquà présent détenue par les Shebab et qui vient dêtre prise par les soldats de lAMISOM et les Somaliens.
Donc, voilà, les choses progressent et nous pensons que, petit à petit, grâce à leffort des troupes kenyanes intégrées à lAMISOM dans sa nouvelle formation au Sud, nous pourrons juguler ce péril terroriste qui est très fort.
Peut-être une question dun journaliste britannique.
Q - Si je peux, Monsieur le Ministre, vous demander de répondre en anglais, je vous en serais très reconnaissant. En ce qui concerne la Syrie, pourriez-vous nous dire ce que vous, et ce que la France, voudraient voir sortir de la réunion de demain en ce qui concerne un possible ultimatum au président Assad, combien de temps lui serait donné, et quest-ce quil devrait faire pour éviter un renforcement des sanctions ? Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus au sujet des actions qui pourraient être prises sans que cela soit la forme dintervention militaire dont vous nous avez dit quelle nécessiterait une autorisation des Nations unies ? En dautres mots, la France est-elle prête à fournir un soutien militaire actif aux rebelles ? Est-ce que dautres doivent fournir un soutien militaire actif et est-il possible que les forces occidentales soient employées à sécuriser un corridor humanitaire, est-ce que cest ce quil faudrait faire pour permettre de réaliser cela ? Et ma dernière question, est-ce que le nouveau rapport
R - Il y a trois questions en une !
Q - Je sais. Ma dernière question : le nouveau rapport de la Commission denquête, mise en place par lONU, a apparemment établi que de hautes autorités, y compris - nous croyons - le président Assad, ont leurs noms contenus dans une lettre scellée, ce qui pourrait le conduire à lavenir à une mise en accusation. Êtes-vous davis que le président Assad doit être jugé devant la Cour pénale internationale de La Haye ?
R - Brièvement, sur la conférence, notre priorité est de faciliter laccès humanitaire, la fourniture daide humanitaire. Et nous avons des propositions sur la table sur la meilleure façon de fournir cette aide aussi vite que possible, si le régime accepte douvrir le pays aux ONG ou à la Croix Rouge. Mme Valérie Amos qui est la directrice du BCAH, ira en Syrie dans les prochains jours, cest la priorité de la conférence demain. Mais nous voulons aussi réaffirmer le consensus, lunité de la communauté internationale pour exercer le maximum de pression sur le régime, et aussi sur la Russie. Je pense que cest un calcul et un objectif difficiles mais montrer la détermination de la communauté internationale nest pas seulement symbolique. Je pense que cest aussi politiquement très important. Il ny a pas doption militaire pour le moment sur la table, et comme je lai dit auparavant, la France ne peut pas envisager une telle option sans un mandat international : cest notre ligne de conduite qui est claire et constante.
Sur la Cour pénale internationale, je dois être à Genève lundi prochain pour la réunion du Conseil des droits de lHomme et nous discuterons de ce point. Comme vous le savez, lenquête commanditée par le Conseil indique quil y a des crimes contre lhumanité en Syrie et je pense quun jour ou lautre, la responsabilité du régime sera bien sûr mise en cause.
Q - Si je peux poser une question sur lIran : est-ce que léchec de la mission de lAIEA en Iran, quel impact cela-a-t-il sur les chances de pourparlers des E3+3 avec lIran ? Est-ce que cela les rend moins probables ou plus probables parce que désormais cest la seule option diplomatique ouverte ?
R - Nous discutons de ce sujet au sein des Six et la France est très, très prudente. La dernière lettre de M. Jalili est certainement une ouverture mais cette ouverture est très ambigüe et pour nous, il nest pas question de lever les sanctions avant que le régime nenvoie un message concret et fasse un premier pas pour montrer sa bonne volonté. Et cela na pas été le cas, comme vous lavez dit, durant la mission de lAgence internationale, parce que le régime a refusé dautoriser les inspecteurs à aller sur le site quils voulaient visiter. Nous sommes donc très prudents mais nous discutons ce point avec les Américains, les Britanniques, les Allemands, les Russes et les Chinois.
Bien, peut-être une dernière question.
Q - Quelles pistes sont actuellement explorées pour exfiltrer les journalistes français et étrangers qui sont actuellement bloqués en Syrie ? Avez-vous des informations précises dailleurs sur le nombre de journalistes français en Syrie actuellement ? Un accord humanitaire serait apparemment en discussion, de source américaine, pour être signé à Tunis. Est-ce que vous pouvez nous donner des précisions là-dessus ?
R - Il ny a pas daccord humanitaire en discussion. Les Américains prennent des initiatives avec nous. Nous en avons parlé ce matin, donc, sil y a une initiative, elle sera collective. Nous sommes en train, bien sûr, dy réfléchir. Ce que nous voulons, cest nous mettre en mesure dagir le plus vite possible si le régime finissait par accepter un libre accès de laide humanitaire. Jai lancé il y a quelques semaines lidée de corridors humanitaires. À lépoque, le monde avait considéré que cétait très audacieux et peut-être prématuré. On voit aujourdhui que cest plus que jamais nécessaire.
Sur lexfiltration - je ne sais pas si cest le bon mot - de journalistes, la voie que nous avons choisie, cest dexiger du régime quil permette lévacuation de ces journalistes de façon à leur faire courir le moins de risque possible, parce que toute autre opération serait évidemment extrêmement risquée. La seule chose qui a un peu bougé, cest quapparemment, daprès une dernière dépêche que je viens de recevoir, Damas aurait donné pour instruction au gouverneur de Homs de faciliter le départ des journalistes de la ville de Homs. Pour linstant, cest une annonce. Ce nest pas une mesure concrète et cest la raison pour laquelle jai renouvelé mon appel.
Quant au nombre de journalistes présents en Syrie, je ne peux pas vous répondre puisque malheureusement, - cest ainsi, ce nest pas un jugement de valeur - la plupart dentre eux entrent clandestinement et, donc, nous ne sommes pas toujours informés. Nous ne connaissions pas lexistence de ce groupe qui, apparemment, était assez nombreux et qui se trouvait à Homs durant cette mission.
Voilà, Mesdames et Messieurs, je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2012