Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur les relations culturelles entre la France et l'Azerbaïdjan, Bakou le 9 mars 2012.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "Plaisirs de France en Azerbaïdjan" à Bakou le 9 mars 2012

Texte intégral


La carte du monde change, celles de nos coopérations culturelles également. La France compte désormais de nouveaux partenaires majeurs, dans tous les domaines de sa coopération : l’Azerbaïdjan, qui a recouvré son indépendance il y a un peu plus de vingt ans, en fait assurément partie. Notre relation bilatérale s’est profondément renforcée depuis comme l’atteste la visite du président de la République Nicolas Sarkozy à Bakou le 7 octobre 2011, première visite d’un chef d’Etat occidental dans votre pays et qui a sans conteste marqué une étape symbolique forte du développement de notre relation bilatérale. Car votre pays a vocation à occuper une place majeure dans ce monde multipolaire. Je sais que votre pays disposera d’un siège de membre non permanent au conseil de sécurité pour le biennum 2012-2013. Vous organisez également du 22 au 26 mai prochain le concours de l’eurovision. Il m’est apparu ainsi naturel de donner à notre coopération culturelle une nouvelle dynamique, à la hauteur des liens qui nous unissent.
Je sais, monsieur le Ministre, votre attachement et celui de votre pays à la promotion du dialogue interculturel. Vos initiatives dans ce domaine sont remarquables : je pense notamment à la Conférence que vous avez organisée en décembre 2008 en partenariat avec le Conseil de l’Europe, et au Forum mondial du dialogue interculturel que vous avez organisé à Bakou l’année dernière, sous la responsabilité du Président de la République d’Azerbaïdjan, avec le soutien de l’UNESCO, de l’Alliance des Civilisations et l’ISESCO . J’y vois une force de conviction que le gouvernement français partage pleinement avec vous.
Donner au public azerbaïdjanais l’occasion de voir un riche panorama du patrimoine artistique français, de la Renaissance au XXème siècle : tel est l’objectif de cette exposition que je suis très heureux, et honoré, d’inaugurer à vos côtés, dans ce lieu chargé d’histoire.
Comme vous le savez, ce sont quelque trois cents œuvres issues de nos plus prestigieux musées de France qui s’installent pour plusieurs mois dans ce magnifique Musée national des Beaux-Arts d’Azerbaïdjan. C’est un voyage dans le temps et dans les arts, de la peinture à la sculpture, à la photographie, à la tapisserie, de la Renaissance avec l’école de Fontainebleau jusqu’à la création la plus contemporaine, qui sera proposé au visiteur. Aux côtés de nos plus prestigieux musées qui ont contribué à « Plaisirs de France », on trouve également les musées de la ville de Paris qui se sont associés à cette initiative inédite proposée par mon ministère et la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais, la Bibliothèque nationale de France qui est le principal prêteur de cette exposition avec 93 œuvres allant des estampes d’Abraham Bosse aux affiches de Toulouse-Lautrec, le Mobilier national, les manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie, ou encore la Cité de la Musique, à qui on devra l’exposition « Brassens et la liberté » d’ici quelques semaines à Bakou. Cette réunion d’énergies, de compétences et de talents, on la doit à Philippe Costamagna, directeur du palais Fesch – musée des Beaux-Arts d’Ajaccio, qui aura mené en tant que commissaire de l’exposition, assisté de Françoise Heilbrun pour la photographie à laquelle je voulais donner une place particulière, un travail remarquable. Ce projet enthousiasmant, dans lequel j’ai tenu à m’impliquer le plus possible, a bénéficié du mécénat de TOTAL, ainsi que de l’appui aussi précieux qu’indispensable de l’Ambassade de France à Bakou et du nouvel établissement public qui est notre opérateur pour l’action culturelle extérieure de la France, l’Institut Français.
Cette exposition, monsieur le Ministre, n’aurait pas été possible sans l’engagement des autorités azerbaïdjanaises, et ce dès que l’idée en a été émise. Votre soutien, celui de votre ministère et du musée national des Beaux-Arts d’Azerbaïdjan, ainsi que l’engagement chaleureux et généreux de la fondation Heydar Aliyev ont été essentiels.
Madame Mehriban Aliyeva, puisque nous parlons de la fondation que vous dirigez, je voudrais rappeler combien la France vous est reconnaissante de votre formidable concours dans cette exposition ainsi que dans les projets culturels que vous financez en France : les vases du parc du Château de Versailles, les vitraux de la cathédrale de Strasbourg, et notamment le programme de restauration de tapis anciens du Département des arts de l’Islam du musée du Louvre. Ce dernier peut s’appuyer sur le protocole d’accord que le ministère de la Culture et du Tourisme azerbaïdjanais a établi avec lui, ainsi que sur son apport en tant que mécène pour la collection des arts de l’Islam qui, vous le savez, sera bientôt présentée dans la cour Visconti du Louvre.
Et puisque nous évoquons les domaines de notre coopération culturelle bilatérale, permettez-moi de mentionner également les liens remarquables qui existent entre l’Institut national de recherches en archéologie préventive (INRAP), le CNRS et l’Académie des Sciences d’Azerbaïdjan pour l’archéologie en Azerbaïdjan, ainsi que le travail qui est mené en commun par les archéologues azerbaïdjanais avec l’Institut d’archéologie et d’ethnographie d’Azerbaïdjan, et du côté français, la direction du Service des musées de France et le Musée d’Archéologie Nationale à Saint-Germain-en-Laye, ainsi que l’Université de Rennes 2, notamment sur les sociétés de l’âge du Bronze en Azerbaïdjan.
Ainsi donc cette exposition, singulière, ne se veut pas un évènement isolé mais s’inscrit bel et bien dans un mouvement d’ensemble de renforcement de nos liens dans tous les domaines et notamment culturels. Je voudrais encore citer le dynamisme de l’action de la première dame Mme Aliyeva pour la diffusion de la culture azerbaïdjanaise en France avec les manifestations à l’Unesco, l’organisation d’une exposition d’art contemporain « Flying to Bakou » à l’Hôtel de Rothschild dont l’inauguration est prévue le 11 avril et à laquelle j’assisterai avec le plus grand plaisir, ou encore avec la récente création d’un nouvel espace à vocation culturelle annexe de l’Ambassade d’Azerbaïdjan à Paris. Mais je voudrais également remercier la première dame pour son soutien déterminant dans l’avancée du projet de lycée français de Bakou dont l’ouverture est annoncée pour la rentrée scolaire 2013. Ces échanges auront le mérite de mettre en valeur nos cultures respectives et pourront en encourager les fertilisations croisées. Un dernier exemple permet d’illustrer la richesse potentielle de notre coopération : le projet de cité du cinéma lancé avec le soutien de Gérard Depardieu devrait permettre de redynamiser l’industrie cinématographique azerbaïdjanaise et d’entamer une coopération étroite avec le monde du cinéma français et notre CNC.
« Plaisirs de France » marque à l’évidence une nouvelle étape de notre coopération que j’ai souhaité ardemment et je ne peux que me féliciter de cette formidable concrétisation d’un projet qui en appelle d’autres. Elle se veut pour nous le symbole d’une nouvelle étape de nos liens avec ce carrefour remarquablement dynamique entre Orient et Occident qu’incarne la République d’Azerbaïdjan. Elle est avant tout la marque d’une profonde amitié.
Je vous remercie.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 15 mars 2012