Texte intégral
BENJAMIN PETROVER Ecoutez, cette étude ou plutôt cette synthèse détudes publiée dans les colonnes du Monde daté daujourd'hui et qui a de quoi inquiéter : la consommation excessive de sucre nuit gravement à la santé. Les chercheurs ont même établi un lien entre consommation de sucre et augmentation de maladies telles que cancer, maladies cardio-vasculaires et même, et ça on va sen douter, diabète ou obésité. Roselyne BACHELOT, ces chercheurs réclament un encadrement strict de la vente de ces produits, même leur taxation. Traiter le sucre comme le tabac ou lalcool, vous y êtes pour, vous ?
ROSELYNE BACHELOT, MINISTRE DES SOLIDARITES ET DE LA COHESION SOCIALE Je crois que les propos mesurés du professionnel sont parfaitement eux aussi équilibrés. Le sucre en lui-même nest pas un poison : cest le comportement alimentaire avec les excès qui doit être le mauvais comportement qui doit être encadré. Cest dailleurs ce que nous avons fait dans les plans nationaux nutrition santé avec un certain nombre dinformations.
BENJAMIN PETROVER Mangez, bougez
ROSELYNE BACHELOT Mangez, bougez, évitez de manger trop gras, trop sucré. On a appelé à des chartes de qualité alimentaire, des professionnels se sont engagés parce que cest vrai que les produits industriels sont trop gras et trop sucrés inutilement.
BENJAMIN PETROVER Mais parallèlement, ces producteurs font aussi des campagnes. Pour vous, cest nuisible ?
ROSELYNE BACHELOT C'est-à-dire quil faut quils sengagent dans une démarche nutritionnelle équilibrée. Il faut aussi cibler, et je suis heureuse de voir que Xavier BERTRAND et Nora BERRA sont allés dans ce chemin, il faut axer aussi linformation sur les populations les plus fragiles parce que cest vrai aussi que ce sont les populations les plus précaires et les plus déshéritées qui mangent des produits trop gras et trop sucrés. Donc cest aussi un marqueur social.
BENJAMIN PETROVER Et je remercie le docteur Boris HANSEL davoir été avec nous ce matin. Merci.
BORIS HANSEL Merci à vous.
BENJAMIN PETROVER Alors Roselyne BACHELOT, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, vous êtes notre invitée ce matin sur Europe 1, hier soir Martine AUBRY affrontait François FILLON, un débat très technique, cétait aussi le cas la semaine dernière entre François HOLLANDE et Alain JUPPE. On a presque limpression de part et dautres, quil y a cette volonté de montrer quon est technicien. Est-ce que cest en menant ce genre de campagne que lon va séduire les Français ?
ROSELYNE BACHELOT La crise est là, les Français ont besoin avant lélection présidentielle de débats qui ne soient pas des lancements de slogans à la figure les uns des autres, mais déléments dinformations et moi je salue au contraire cette démarche, qui est une démarche responsable, de véritables présentations des projets.
BENJAMIN PETROVER Beaucoup danalyses disent, au lieu dêtre technicien, cest devenu presque ennuyeux ce débat, que ce soit la semaine dernière ou cette semaine.
ROSELYNE BACHELOT Peut-être que la politique est ennuyeuse
BENJAMIN PETROVER Cest ce quon lit dans la presse de ce matin.
ROSELYNE BACHELOT mais quand on fait différemment on nous accuse de populisme. Moi, ce que jai remarqué, cest que François FILLON avec sa pondération, son sérieux habituel a parfaitement défini et défendu les réformes de structures du président de la République. Nous sommes dans un monde qui est en train de changer, il ny a pas seulement que la crise financière, le monde sous leffet de la mondialisation, de la globalisation, de laugmentation de lespérance de vie, voit ses fondamentaux profondément changer et même si demain nous sortons de la crise financière, il faudra des réformes de structures.
BENJAMIN PETROVER Mais cette posture naide pas pour autant le président et lUMP à monter dans les sondages.
ROSELYNE BACHELOT Oui mais nous serons, nous sommes sur une explication sérieuse et nous disons aux Français que nous sommes face à des défis, ces défis cest que nous avons la protection sociale la plus généreuse du monde, 30 % de notre richesse nationale est consacrée à la protection sociale, et que si nous voulons garder ce modèle social, il faut changer son mode de financement. Et cest ça que fait le président de la République, changer le mode de financement qui ne peut pas reposer uniquement sur le travail.
BENJAMIN PETROVER Alors vous Roselyne BACHELOT, le week-end dernier vous avez évoqué votre après 2012, votre souhait de, non pas de vous retirer de la vie politique, mais de faire
ROSELYNE BACHELOT Certainement pas.
BENJAMIN PETROVER la politique différemment. Ca veut dire quoi, vous ne vous représenterez pas aux législatives dans le Maine et Loire en juin prochain, vous ferez quoi ?
ROSELYNE BACHELOT Alors dabord on est toujours étonné que les hommes et les femmes politiques soient conformes aux engagements quils ont pris il y a très longtemps. Javais dit très nettement et très clairement que javais été et réélue cinq fois dans mon département de Maine et Loire et que je passais donc le relai à mon suppléant Paul JEANNETEAU qui a fait un travail absolument extraordinaire sur la circonscription, donc ce nest pas une nouveauté.
BENJAMIN PETROVER Ce veut dire vous anticipez une défaite, vous partez avant tout le monde ?
ROSELYNE BACHELOT Mais pas du tout justement, jai pris cette décision, il y a une dizaine dannées, je lai confirmée en 2007, alors donc vraiment cette accusation est parfaitement, excusez-moi, jallais dire ridicule. Ca vous ne me lavez pas posé cette question
BENJAMIN PETROVER En tout cas cest vous prêtez de mauvaises intentions. Alors vous ferez quoi Roselyne BACHELOT ?
ROSELYNE BACHELOT Voilà cest me prêter de mauvaises intentions. Alors je participerai aux débats publics de toutes les façons possibles, dabord en écrivant des livres que jai en préparation, en participant à des débats, en animant un cercle de réflexion qui est déjà réuni autour de moi depuis une dizaine dannées. Et puis vraiment en faisant la promotion dans ma famille politique et dans lensemble de la classe politique pour dautres modes de fonctionnement de la vie politique en particulier à travers un certain nombre dexpériences que jai mené, par exemple sur les états généraux de la bioéthique, en faisant la promotion dune participation démocratique différente.
BENJAMIN PETROVER Dernière question Roselyne BACHELOT, François HOLLANDE a détaillé hier soir son programme de santé, il prévoit notamment un nouveau plan cancer, poursuite du plan Alzheimer, laide à linstallation de jeunes médecins, négociation dun nouveau pacte social lhôpital, Xavier BERTRAND voit dans ce programme une reprise des bonnes idées du gouvernement, quen pense lancienne ministre de la Santé ?
ROSELYNE BACHELOT Ecoutez, jai été un peu sidérée par le programme de François HOLLANDE, effectivement quel hommage aux politiques que nous avons mené depuis 5 ans, la loi hôpital-patient-santé-territoire a créé les moyens, les outils de lutter contre la désertification médicale, dailleurs pour la première fois cette année, nous enregistrons le fait quil y a plus dinstallations de médecins en zone que de départ de médecin.
BENJAMIN PETROVER François HOLLANDE a aussi dénoncé un service public hospitalier vu comme une entreprise.
ROSELYNE BACHELOT Ecoutez, vraiment cette réflexion, ce slogan, alors là vraiment on est dans le slogan absurde, au contraire nous avons conforté lhôpital public.
BENJAMIN PETROVER Et vous vous dites quoi, que les mesures dHOLLANDE sont bonnes ou pas
ROSELYNE BACHELOT Et dailleurs ce que nous notons également cest que lhôpital public gagne avec les politiques que nous avons menées, gagne de façon continue des parts de marché sur lhospitalisation privée. Si nous avions mis lhôpital public à mal ça ne se produirait certainement pas de cette façon.
BENJAMIN PETROVER Ca veut dire quoi, si HOLLANDE propose des mesures qui sont des copies des vôtres, c'est-à-dire quil a de bonnes idées ? Que son programme est bon ?
ROSELYNE BACHELOT Ca veut dire que, je ne sais pas parce quil faudra mettre son accord, ses actes en accord avec ses paroles parce que ce que jai constaté, cest que les gens qui le soutiennent nont pas arrêté de nous combattre pendant 5 ans.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 7 février 2012