Texte intégral
* Laffaire Merah
- Existe-t-il un lien entre laffaire Merah et le coup de filet dans les milieux islamistes radicaux ?
« Ce lien nest pas direct. Mais bien sûr, après les événements de Toulouse, jai demandé que se mettent en place de nouvelles actions de sécurisation de nos quartiers. Des armes lourdes ont été trouvées, nombre de personnes qui ont été interpellées vendredi matin auront des comptes à rendre à la justice. Notre travail est de renforcer la sécurité des Français pour éviter de nouveaux drames. Nous sommes décidés à ne rien laisser au hasard. Nous serons dune fermeté totale et dune vigilance de chaque instant. Il y aura dautres opérations. »
- Y a-t-il un risque islamiste en France ?
« Je dirais un risque extrémiste, un risque terroriste accru, pour toutes les démocraties dans le monde. Nous sommes en face dindividus souvent isolés et radicalisés passés de la délinquance de droit commun à la délinquance terroriste. »
- Avec laffaire Merah, on a découvert quen France, il semblait facile de se procurer des armes
« Malheureusement, le trafic darmes est une préoccupation pour toutes les démocraties. Je veux juste rappeler que je suis en charge de la sécurité des Français, directement ou indirectement, depuis près de 10 ans. Chaque fois que jai décidé des moyens supplémentaires pour les forces de lordre pour renforcer la politique scientifique, larsenal législatif jamais François Hollande na soutenu, ni voté mes propositions. Jamais ! Cest dautant plus curieux quil vient maintenant dire quil ne faut pas renforcer la lutte contre le terrorisme sur internet car il estime que larsenal législatif est suffisant. Que na-t-il voté les lois quil estime à présent efficaces ? Il na pas davantage voté la loi interdisant le port de la burqa sur le territoire de la République. »
- La droite a-t-elle le monopole de la sécurité ?
« Il faut sen tenir aux faits. Aucun texte que jai présenté na été voté par la gauche. Les peines plancher contre les récidivistes ? La gauche a refusé de les voter. Les centres éducatifs fermés ? De même, et François Hollande propose à présent de les doubler ! Les fichiers pour retrouver les délinquants sexuels ? Les socialistes ont voté contre. Les lois sur le terrorisme ? Contre encore. Aujourdhui, ils sont de la même manière contre le fait de pénaliser la consultation des sites terroristes. Cest de lincohérence. »
- Sur le fond de laffaire Merah, François Bayrou a parlé de « crise morale », François Hollande de « laïcité affaiblie ». Quelle est votre lecture ?
« Dire que le climat en France est responsable de la tragédie de Toulouse, cest absurde et indigne. Mohamed Merah est un monstre. Un monstre dépourvu de la moindre humanité. Comment oser expliquer par le ton de la campagne quon tue trois enfants juifs et trois militaires ? Jajoute que jai demandé à ce que les médias ne diffusent pas les vidéos de ses crimes. Et je trouve que les médias donnent trop la parole à son père, incarnation de lindignité et de lindécence. »
* La crise en France
- De nouveau, les thèmes régaliens occupent lagenda de la campagne. Mais les Français veulent que lon parle demploi, de pouvoir dachat
« Excusez-moi ! Pendant une semaine, les médias nont parlé que de laffaire de Toulouse et on me reproche davoir instrumentalisé ces événements ? Pour François Hollande, on aurait ainsi le droit dévoquer des thèmes, et pas dautres Prenez limmigration. Quand je dis que nous allons diviser par deux le nombre de nouveaux migrants en France parce que nous avons des problèmes dintégration, et léquilibre de nos comptes sociaux sur lequel nous devons veiller, est-ce un débat qui nintéresse pas les Français ? Et quand je pose la question des frontières de lEurope ? Ou la question de la sécurité des Français après les événements de Toulouse et Montauban, vous pensez que ça ne les intéresse pas ? »
- La crise passe donc au second plan ?
« Mais rien nempêche de parler aussi de la crise économique. Le déficit public est passé de 7,1 % à 5,2 % de la richesse nationale. Cest la plus forte baisse depuis que la France est en déficit, cest-à-dire depuis 1974. François Hollande avait dit au début 2011 que je ne tiendrais pas mes promesses, que je ne serais pas au rendez-vous. Il a raison, nous ne sommes pas au rendez-vous : nous faisons mieux. Nous avions prévu 5,7 % de déficit public en 2011 et nous sommes parvenus à labaisser à 5,2 %. Il faut parler de pouvoir dachat et de sécurité, dimmigration et demploi. »
- A Florange, la colère monte
« Ne mélangeons pas les ouvriers, inquiets et pour qui jai obtenu 17 millions deuros dinvestissement, et les permanents de la CGT ou de la CFDT : 2 millions deuros de travaux sur la phase liquide réalisés immédiatement ces travaux ont démarré , 7 pour la cokerie, 8 millions pour lusine de fabrication de produits pour lautomobile. Cest de linvestissement pour Florange ! Et il est décidé. Si ces travaux navaient pas été engagés, cétait la certitude que les hauts fourneaux ne reprenaient pas. Quant aux permanents de la CFDT, ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus minsulter et essayer de casser mon siège de campagne. Ne confondons donc pas les salariés dArcelorMittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre lintérêt des salariés. »
- Malgré tout, face à un groupe privé, la marge de manoeuvre de lEtat nétait-elle pas très limitée ?
« Jinsiste : à Florange, il ne sagit pas dannonces mais bien de décisions. Ces 17 millions, si nous les avons obtenus, cest que jai su convaincre le groupe ArcelorMittal que Florange ne devait pas mourir. »
- Peugeot produit davantage en France que Renault. Est-ce normal ?
« À lépoque de Louis Schweitzer, qui a le coeur à gauche, Renault a délocalisé beaucoup de ses emplois. Nous avons inversé ce processus, en obtenant de Renault que la totalité des véhicules électriques soient désormais fabriqués en France. »
- Comment réindustrialiser la France ?
« La réindustrialisation est pour moi une priorité. Dans lEst de la France, il faut combattre les délocalisations. Jai pris une décision lourde : elle consiste à retirer jusquà 5,4 points de cotisations familiales sur chaque emploi, ce qui fait 1 800 en moins de charges par an, en échange dune augmentation de la TVA de 1,6 point. Car si le coût du travail nest pas allégé, les emplois seront encore détruits. Jai aussi supprimé la taxe professionnelle et créé le crédit impôt recherche. Sans oublier les 35 milliards deuros demprunts pour les investissements davenir. »
* LAllemagne et lEurope
- Dans cette campagne, il est beaucoup question du modèle allemand
« à juste titre, parce que cest un modèle qui marche. »
- mais sans rappeler quil y a dix ans, Gerhard Schroeder a fait beaucoup plus que nous en terme de flexibilité sur le marché du travail !
« Oui, les socialistes allemands ont compris ce que les socialistes français refusent dadmettre Voilà pourquoi nous ferons les accords compétitivité-emploi. Ils rendront la liberté aux salariés et aux chefs dentreprise pour parler aménagement du temps de travail, salaires, et emploi La loi ne peut pas tout régler, tout prévoir, tout interdire, ni tout normer. Il faut faire confiance aux entreprises. »
- Les Français y sont-ils prêts ?
« Que voulons-nous : que la France ressemble à la Grèce ou à lAllemagne ? La Grèce a refusé les réformes ; les plus pauvres et les plus fragiles en font les frais. LAllemagne a fait des efforts sur le travail, linnovation et linvestissement. Grâce aux efforts des Français, nous avons réduit le déficit public de 25 % en un an. La France est le seul grand pays occidental à navoir connu aucun trimestre de récession depuis le début de 2009, le seul pays dEurope à avoir augmenté son pouvoir dachat chaque année de 1,4 % en moyenne malgré la crise. Parce que les Français ont fait des efforts, parce que le gouvernement a mis en oeuvre des réformes que les socialistes ont refusées. On a tourné la page de la crise financière. Nous avons résolu le problème de la Grèce. »
- Et lEspagne ?
« LEspagne doit fournir de grands efforts. Nous le savions. Elle a été gouvernée depuis dix ans par des socialistes. José Luis Zapatero est le seul chef de gouvernement à avoir reçu François Hollande. Il voulait sinspirer de son action. Pense-t-il toujours la même chose ? »
- En France, notre modèle social a amorti le choc de la crise
« Non, ce qui a amorti le choc, cest la réforme des retraites de 2010 elle rapporte 5 milliards dès cette année, 16 milliards en 2016 et le choix fait de travailler plus longtemps plutôt que daugmenter les impôts. Cela dit, je ne crois pas quil faille imiter lAllemagne en tout. Nous sommes la France et la France a des atouts. Grâce à lindustrie nucléaire par exemple, nous payons lélectricité 35 % moins cher que nos voisins européens. Pourquoi François Hollande veut-il priver la France de lénergie nucléaire ? Pour faire plaisir à Madame Joly ? Ce nest pas raisonnable. »
- Les tarifs de lélectricité ne vont donc pas augmenter ?
« Avec le nucléaire, non ! Avec le fossile, oui puisque nous navons ni pétrole, ni gaz et que les prix mondiaux augmentent. »
* La campagne, le programme, les sondages
- Au fil de la campagne, vous multipliez les annonces sans jamais les chiffrer. A quand une évaluation globale de votre programme ?
« Au nom de la France, jai pris des engagements vis-à-vis de lEurope : 0%de déficit en 2016. Pour y arriver, jai prévu 115 milliards deuros defforts, 75 milliards sur les dépenses, 40 milliards sur les recettes. Et sur celles-ci, jen ai déjà fait voter 32 milliards. Pour les 8 restants, je propose notamment limpôt forfaitaire sur les grandes sociétés et la taxe pour les exilés fiscaux. »
- Et sur les dépenses ? Comme les autres candidats, vous êtes plutôt discret
« A la différence de François Hollande, je ne vais pas faire de dépenses supplémentaires sur les retraites. Lui veut remettre en cause la réforme et augmenter les cotisations payées par les salariés. Pas moi ! Je continuerai la réforme de lEtat et la réduction des dépenses. Il ny a pas dautre solution pour la France. Ce que jai fait pendant mon premier quinquennat sera cohérent avec ce que je ferai pour le second. Nous sommes le premier gouvernement à avoir réduit les dépenses de lEtat. Nous avons réduit le nombre de fonctionnaires de 160 000. Il faut désormais que les collectivités territoriales sy mettent. Les régions ont augmenté leurs effectifs de 175 % en dix ans sans avoir acquis de compétences nouvelles. Les intercommunalités ont accru leur personnel de 174 %. Martine Aubry a 32 vice-présidents à la Communauté urbaine de Lille, Laurent Fabius 45 vice-présidents pour sa communauté dagglomération. Est-ce raisonnable ? »
- Vous annoncez votre programme complet cette semaine. En resterez-vous donc au chiffrage déjà annoncé de 115 milliards ?
« Oui. Depuis le début de la campagne, je ne cesse dapporter des idées. François Hollande en a proposé une seule : une taxation à 75%dont il a dit dès le lendemain quelle ne rapporterait pas un centime. Puis Laurent Fabius a précisé le surlendemain quelle ne sappliquerait pas puisquils feraient un bouclier fiscal. »
- Toutes ces annonces ne doivent-elles pas être mises en cohérence ?
« Cette mise en cohérence, je la ferai, mais nest-elle pas évidente ? Je me bats pour une France forte. Si la France est forte, les Français seront protégés. Si la France est faible, ils seront exposés. Je me bats pour la compétitivité des entreprises et pour linnovation. Je me bats pour la revalorisation du travail. Lan passé, 9 millions de salariés ont bénéficié dheures supplémentaires sur lesquelles ils ne paient pas dimpôts et sur lesquelles les entreprises ne paient pas de cotisations. François Hollande veut les supprimer. »
- Des sondages positifs, cest bon pour le moral ?
« Je ne commente pas les sondages. La seule chose qui mintéresse, cest le vote des Français. »
- Jean-Luc Mélenchon nest-il pas votre meilleur allié ?
« Non, mais cest un homme de qualité. Il a au moins un mérite : il défend des idées. »
- A propos des affaires, Bettencourt, Karachi, pensez-vous comme François Fillon quil y a des coïncidences curieuses favorisées par le contexte électoral ?
« Cest la même histoire à chaque fois. Un jour, ce sont les sous-marins pakistanais qui ont payé la campagne de 1995, un autre jour, cest Kadhafi ou Madame Bettencourt. Au lendemain de la campagne, cela nintéressera plus autant. »
source http://www.lafranceforte.fr, le 12 avril 2012
- Existe-t-il un lien entre laffaire Merah et le coup de filet dans les milieux islamistes radicaux ?
« Ce lien nest pas direct. Mais bien sûr, après les événements de Toulouse, jai demandé que se mettent en place de nouvelles actions de sécurisation de nos quartiers. Des armes lourdes ont été trouvées, nombre de personnes qui ont été interpellées vendredi matin auront des comptes à rendre à la justice. Notre travail est de renforcer la sécurité des Français pour éviter de nouveaux drames. Nous sommes décidés à ne rien laisser au hasard. Nous serons dune fermeté totale et dune vigilance de chaque instant. Il y aura dautres opérations. »
- Y a-t-il un risque islamiste en France ?
« Je dirais un risque extrémiste, un risque terroriste accru, pour toutes les démocraties dans le monde. Nous sommes en face dindividus souvent isolés et radicalisés passés de la délinquance de droit commun à la délinquance terroriste. »
- Avec laffaire Merah, on a découvert quen France, il semblait facile de se procurer des armes
« Malheureusement, le trafic darmes est une préoccupation pour toutes les démocraties. Je veux juste rappeler que je suis en charge de la sécurité des Français, directement ou indirectement, depuis près de 10 ans. Chaque fois que jai décidé des moyens supplémentaires pour les forces de lordre pour renforcer la politique scientifique, larsenal législatif jamais François Hollande na soutenu, ni voté mes propositions. Jamais ! Cest dautant plus curieux quil vient maintenant dire quil ne faut pas renforcer la lutte contre le terrorisme sur internet car il estime que larsenal législatif est suffisant. Que na-t-il voté les lois quil estime à présent efficaces ? Il na pas davantage voté la loi interdisant le port de la burqa sur le territoire de la République. »
- La droite a-t-elle le monopole de la sécurité ?
« Il faut sen tenir aux faits. Aucun texte que jai présenté na été voté par la gauche. Les peines plancher contre les récidivistes ? La gauche a refusé de les voter. Les centres éducatifs fermés ? De même, et François Hollande propose à présent de les doubler ! Les fichiers pour retrouver les délinquants sexuels ? Les socialistes ont voté contre. Les lois sur le terrorisme ? Contre encore. Aujourdhui, ils sont de la même manière contre le fait de pénaliser la consultation des sites terroristes. Cest de lincohérence. »
- Sur le fond de laffaire Merah, François Bayrou a parlé de « crise morale », François Hollande de « laïcité affaiblie ». Quelle est votre lecture ?
« Dire que le climat en France est responsable de la tragédie de Toulouse, cest absurde et indigne. Mohamed Merah est un monstre. Un monstre dépourvu de la moindre humanité. Comment oser expliquer par le ton de la campagne quon tue trois enfants juifs et trois militaires ? Jajoute que jai demandé à ce que les médias ne diffusent pas les vidéos de ses crimes. Et je trouve que les médias donnent trop la parole à son père, incarnation de lindignité et de lindécence. »
* La crise en France
- De nouveau, les thèmes régaliens occupent lagenda de la campagne. Mais les Français veulent que lon parle demploi, de pouvoir dachat
« Excusez-moi ! Pendant une semaine, les médias nont parlé que de laffaire de Toulouse et on me reproche davoir instrumentalisé ces événements ? Pour François Hollande, on aurait ainsi le droit dévoquer des thèmes, et pas dautres Prenez limmigration. Quand je dis que nous allons diviser par deux le nombre de nouveaux migrants en France parce que nous avons des problèmes dintégration, et léquilibre de nos comptes sociaux sur lequel nous devons veiller, est-ce un débat qui nintéresse pas les Français ? Et quand je pose la question des frontières de lEurope ? Ou la question de la sécurité des Français après les événements de Toulouse et Montauban, vous pensez que ça ne les intéresse pas ? »
- La crise passe donc au second plan ?
« Mais rien nempêche de parler aussi de la crise économique. Le déficit public est passé de 7,1 % à 5,2 % de la richesse nationale. Cest la plus forte baisse depuis que la France est en déficit, cest-à-dire depuis 1974. François Hollande avait dit au début 2011 que je ne tiendrais pas mes promesses, que je ne serais pas au rendez-vous. Il a raison, nous ne sommes pas au rendez-vous : nous faisons mieux. Nous avions prévu 5,7 % de déficit public en 2011 et nous sommes parvenus à labaisser à 5,2 %. Il faut parler de pouvoir dachat et de sécurité, dimmigration et demploi. »
- A Florange, la colère monte
« Ne mélangeons pas les ouvriers, inquiets et pour qui jai obtenu 17 millions deuros dinvestissement, et les permanents de la CGT ou de la CFDT : 2 millions deuros de travaux sur la phase liquide réalisés immédiatement ces travaux ont démarré , 7 pour la cokerie, 8 millions pour lusine de fabrication de produits pour lautomobile. Cest de linvestissement pour Florange ! Et il est décidé. Si ces travaux navaient pas été engagés, cétait la certitude que les hauts fourneaux ne reprenaient pas. Quant aux permanents de la CFDT, ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus minsulter et essayer de casser mon siège de campagne. Ne confondons donc pas les salariés dArcelorMittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre lintérêt des salariés. »
- Malgré tout, face à un groupe privé, la marge de manoeuvre de lEtat nétait-elle pas très limitée ?
« Jinsiste : à Florange, il ne sagit pas dannonces mais bien de décisions. Ces 17 millions, si nous les avons obtenus, cest que jai su convaincre le groupe ArcelorMittal que Florange ne devait pas mourir. »
- Peugeot produit davantage en France que Renault. Est-ce normal ?
« À lépoque de Louis Schweitzer, qui a le coeur à gauche, Renault a délocalisé beaucoup de ses emplois. Nous avons inversé ce processus, en obtenant de Renault que la totalité des véhicules électriques soient désormais fabriqués en France. »
- Comment réindustrialiser la France ?
« La réindustrialisation est pour moi une priorité. Dans lEst de la France, il faut combattre les délocalisations. Jai pris une décision lourde : elle consiste à retirer jusquà 5,4 points de cotisations familiales sur chaque emploi, ce qui fait 1 800 en moins de charges par an, en échange dune augmentation de la TVA de 1,6 point. Car si le coût du travail nest pas allégé, les emplois seront encore détruits. Jai aussi supprimé la taxe professionnelle et créé le crédit impôt recherche. Sans oublier les 35 milliards deuros demprunts pour les investissements davenir. »
* LAllemagne et lEurope
- Dans cette campagne, il est beaucoup question du modèle allemand
« à juste titre, parce que cest un modèle qui marche. »
- mais sans rappeler quil y a dix ans, Gerhard Schroeder a fait beaucoup plus que nous en terme de flexibilité sur le marché du travail !
« Oui, les socialistes allemands ont compris ce que les socialistes français refusent dadmettre Voilà pourquoi nous ferons les accords compétitivité-emploi. Ils rendront la liberté aux salariés et aux chefs dentreprise pour parler aménagement du temps de travail, salaires, et emploi La loi ne peut pas tout régler, tout prévoir, tout interdire, ni tout normer. Il faut faire confiance aux entreprises. »
- Les Français y sont-ils prêts ?
« Que voulons-nous : que la France ressemble à la Grèce ou à lAllemagne ? La Grèce a refusé les réformes ; les plus pauvres et les plus fragiles en font les frais. LAllemagne a fait des efforts sur le travail, linnovation et linvestissement. Grâce aux efforts des Français, nous avons réduit le déficit public de 25 % en un an. La France est le seul grand pays occidental à navoir connu aucun trimestre de récession depuis le début de 2009, le seul pays dEurope à avoir augmenté son pouvoir dachat chaque année de 1,4 % en moyenne malgré la crise. Parce que les Français ont fait des efforts, parce que le gouvernement a mis en oeuvre des réformes que les socialistes ont refusées. On a tourné la page de la crise financière. Nous avons résolu le problème de la Grèce. »
- Et lEspagne ?
« LEspagne doit fournir de grands efforts. Nous le savions. Elle a été gouvernée depuis dix ans par des socialistes. José Luis Zapatero est le seul chef de gouvernement à avoir reçu François Hollande. Il voulait sinspirer de son action. Pense-t-il toujours la même chose ? »
- En France, notre modèle social a amorti le choc de la crise
« Non, ce qui a amorti le choc, cest la réforme des retraites de 2010 elle rapporte 5 milliards dès cette année, 16 milliards en 2016 et le choix fait de travailler plus longtemps plutôt que daugmenter les impôts. Cela dit, je ne crois pas quil faille imiter lAllemagne en tout. Nous sommes la France et la France a des atouts. Grâce à lindustrie nucléaire par exemple, nous payons lélectricité 35 % moins cher que nos voisins européens. Pourquoi François Hollande veut-il priver la France de lénergie nucléaire ? Pour faire plaisir à Madame Joly ? Ce nest pas raisonnable. »
- Les tarifs de lélectricité ne vont donc pas augmenter ?
« Avec le nucléaire, non ! Avec le fossile, oui puisque nous navons ni pétrole, ni gaz et que les prix mondiaux augmentent. »
* La campagne, le programme, les sondages
- Au fil de la campagne, vous multipliez les annonces sans jamais les chiffrer. A quand une évaluation globale de votre programme ?
« Au nom de la France, jai pris des engagements vis-à-vis de lEurope : 0%de déficit en 2016. Pour y arriver, jai prévu 115 milliards deuros defforts, 75 milliards sur les dépenses, 40 milliards sur les recettes. Et sur celles-ci, jen ai déjà fait voter 32 milliards. Pour les 8 restants, je propose notamment limpôt forfaitaire sur les grandes sociétés et la taxe pour les exilés fiscaux. »
- Et sur les dépenses ? Comme les autres candidats, vous êtes plutôt discret
« A la différence de François Hollande, je ne vais pas faire de dépenses supplémentaires sur les retraites. Lui veut remettre en cause la réforme et augmenter les cotisations payées par les salariés. Pas moi ! Je continuerai la réforme de lEtat et la réduction des dépenses. Il ny a pas dautre solution pour la France. Ce que jai fait pendant mon premier quinquennat sera cohérent avec ce que je ferai pour le second. Nous sommes le premier gouvernement à avoir réduit les dépenses de lEtat. Nous avons réduit le nombre de fonctionnaires de 160 000. Il faut désormais que les collectivités territoriales sy mettent. Les régions ont augmenté leurs effectifs de 175 % en dix ans sans avoir acquis de compétences nouvelles. Les intercommunalités ont accru leur personnel de 174 %. Martine Aubry a 32 vice-présidents à la Communauté urbaine de Lille, Laurent Fabius 45 vice-présidents pour sa communauté dagglomération. Est-ce raisonnable ? »
- Vous annoncez votre programme complet cette semaine. En resterez-vous donc au chiffrage déjà annoncé de 115 milliards ?
« Oui. Depuis le début de la campagne, je ne cesse dapporter des idées. François Hollande en a proposé une seule : une taxation à 75%dont il a dit dès le lendemain quelle ne rapporterait pas un centime. Puis Laurent Fabius a précisé le surlendemain quelle ne sappliquerait pas puisquils feraient un bouclier fiscal. »
- Toutes ces annonces ne doivent-elles pas être mises en cohérence ?
« Cette mise en cohérence, je la ferai, mais nest-elle pas évidente ? Je me bats pour une France forte. Si la France est forte, les Français seront protégés. Si la France est faible, ils seront exposés. Je me bats pour la compétitivité des entreprises et pour linnovation. Je me bats pour la revalorisation du travail. Lan passé, 9 millions de salariés ont bénéficié dheures supplémentaires sur lesquelles ils ne paient pas dimpôts et sur lesquelles les entreprises ne paient pas de cotisations. François Hollande veut les supprimer. »
- Des sondages positifs, cest bon pour le moral ?
« Je ne commente pas les sondages. La seule chose qui mintéresse, cest le vote des Français. »
- Jean-Luc Mélenchon nest-il pas votre meilleur allié ?
« Non, mais cest un homme de qualité. Il a au moins un mérite : il défend des idées. »
- A propos des affaires, Bettencourt, Karachi, pensez-vous comme François Fillon quil y a des coïncidences curieuses favorisées par le contexte électoral ?
« Cest la même histoire à chaque fois. Un jour, ce sont les sous-marins pakistanais qui ont payé la campagne de 1995, un autre jour, cest Kadhafi ou Madame Bettencourt. Au lendemain de la campagne, cela nintéressera plus autant. »
source http://www.lafranceforte.fr, le 12 avril 2012