Interview de Mme Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale à RMC le 15 février 2012, sur la candidature et le programme de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle d'avril 2012.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral


 
 
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Roselyne BACHELOT est notre invitée ce matin. Bonjour.
 
ROSELYNE BACHELOT Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ministre des Solidarités, de la cohésion sociale. On va parler de solidarité et de cohésion sociale, parce que pour l’instant, on en parle assez peu. Alors, Roselyne BACHELOT, Nicolas SARKOZY, candidat ce soir, ça change quoi ?
 
ROSELYNE BACHELOT Ça change quelque chose de très important, c’est-à-dire que quand on est candidat, on peut se situer dans une stratégie de comparaison des programmes, dans une stratégie de combattivité aussi, je connais mon Nicolas SARKOZY, je sais qu’il…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous dites « mon Nicolas SARKOZY », vous, Roselyne BACHELOT !
 
ROSELYNE BACHELOT Mon Nicolas SARKOZY. Et il a le désir et la volonté de promouvoir ses idées, d’être extrêmement combattif, et…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Comme tous les candidats, cela dit…
 
ROSELYNE BACHELOT Mais exactement, mais justement, là, il va pouvoir rentrer dans l’arène, et pouvoir faire la promotion de ses idées, de son projet pour la France, donc c’est une bonne chose qu’il soit candidat ce soir.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien, il est candidat. Alors, je vais vous lire ce petit mail que m’a envoyé Carine, qui est infirmière dans les Alpes-Maritimes, Roselyne BACHELOT, pour vous dire, je lis : étant au plus près des gens, de par mon travail, je m’aperçois que depuis six mois, la situation se dégrade, de plus en plus de gens sont sans mutuelle, des retraités repartent travailler, des logements sont sans chauffage, je vous remercie de bien vouloir reparler de cette nouvelle précarité, je ne me plains pas pour moi, j’ai la possibilité de travailler plus, je suis à 70 heures par semaine, j’ai un emploi qui ne connaît pas la crise, je paie des impôts, signe que je gagne ma vie, et je devrais être fière, m’a toujours dit mon papa, mais je voudrais savoir où va tout cet argent ; retraités appauvris, école en crise, santé de plus en plus chère, etc., etc. Que lui répondez-vous ?
 
ROSELYNE BACHELOT Je lui réponds que la crise a durement frappé un certain nombre de Français, pas tous, mais qu’en particulier, les gens qui ont perdu leur emploi, oui, c’est dur pour eux, et ce que nous avons voulu, avec Nicolas SARKOZY, c’est faire en sorte que les filets de sécurité qui sont au coeur de notre système de protection sociale soient préservés, et nous avons le pays qui a le système de protection sociale le plus généreux de tous les pays comparables, 30% de notre richesse nationale est consacrée…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que la protection sociale doit rester aussi généreuse ?
 
ROSELYNE BACHELOT Est consacrée à ces personnes. Oui, notre filet de protection sociale, notre protection sociale doit rester généreuse, ça fait…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Aussi généreuse ?
 
ROSELYNE BACHELOT Aussi généreuse, et c’est ce que nous avons voulu faire…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez que tout le monde ne pense pas la même chose…
 
ROSELYNE BACHELOT Oui, mais justement, sur le témoignage de Carine, il faut garder ce système, vous savez, Nicolas SARKOZY, c’est l’homme qui a voulu créer le revenu de solidarité active, un milliard et demi de plus pour les plus pauvres d’entre nous, est-ce que c’est un luxe que d’avoir 460 euros par mois pour une personne seule, non, bien entendu. Nous avons voulu augmenter l’allocation d’adulte handicapé de 25%, augmenter le minimum vieillesse de 25%, et véritablement, nous avons voulu garder ce socle social, politique familiale, 4,7% de la richesse au début du quinquennat de Nicolas SARKOZY, 5,1% maintenant, c’est important parce qu’il y a des gens qui souffrent…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais comment…
 
ROSELYNE BACHELOT Vous ne pouvez pas après ce témoignage, Jean-Jacques BOURDIN…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, oui…
 
ROSELYNE BACHELOT Dire qu’on dépense trop pour la protection sociale…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je ne dis pas ça, moi, je vous pose la question, parce qu’à l’UMP, certains le disent, vous le savez bien, Roselyne BACHELOT, il y a trop d’assistés en France…
 
ROSELYNE BACHELOT Ce qui compte, ce ne sont pas les…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce qu’il y a trop d’assistés en France ?
 
ROSELYNE BACHELOT Ce ne sont pas les paroles, ce sont les actes, non, il n’y a pas trop d’assistés en France, d’ailleurs, une preuve, c’est qu’un certain nombre de titulaires qui pourraient bénéficier du revenu de solidarité active ne le demandent pas. Et ce chiffre, il a été donné lors de la dernière conférence nationale du RSA, non, les gens ont besoin d’assistance, ce ne sont pas des assistés, et notre pays s’honore à avoir une politique sociale aussi performante.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, je vais être concret, près de neuf millions de personnes qui sont en situation de précarité énergétique, vous le savez, près de neuf millions de personnes, 3.800.000 foyers, est-ce qu’il faut interdire définitivement les coupures d’électricité et de gaz ?
 
ROSELYNE BACHELOT Alors, il y a des mesures qui sont prises…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y a des mesures, c’est vrai…
 
ROSELYNE BACHELOT Il y a des mesures qui sont prises à destination de ces personnes dans les tarifs sociaux du gaz, de l’électricité, nous intervenons même maintenant avec les opérateurs sur des choses qui ne rentraient pas dans les aides, comme par exemple la téléphonie mobile ou l’accès à Internet, parce que maintenant, si on veut se réinsérer, il faut aussi avoir les moyens modernes, des moyens modernes pour tout cela. Oui, je pense qu’il faut intervenir massivement…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Interdire définitivement les coupures d’électricité et de gaz ?
 
ROSELYNE BACHELOT A certains moments, certainement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais toute l’année ?
 
ROSELYNE BACHELOT Ah non…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah non, sur des périodes ?
 
ROSELYNE BACHELOT Là où la précarité énergétique, et en particulier le chauffage…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On ne s’interdit pas donc les coupures d’électricité et de gaz, même aux foyers les plus modestes, les plus démunis et les plus en difficulté en matière…
 
ROSELYNE BACHELOT C’est-à-dire que, dans les fournisseurs d’énergie, il y a des services spécialisés qui étudient au cas par cas et qui font la différence entre les mauvais payeurs et les gens qui sont vraiment en difficulté. Et de toute façon, une personne qui est en difficulté se tourne vers les services sociaux, services sociaux, centre communal d’action sociale, services sociaux du département, et peut obtenir des aides d’ores et déjà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien, Roselyne BACHELOT, nous allons parler des référendums en tous genres, qui fleurissent maintenant, ça y est, c’est la folie du référendum, nous allons parler d’euthanasie, un rapport très décrié qui est rendu, nous allons parler du droit de vote des étrangers aux élections locales, du mariage homosexuel, enfin, de plusieurs sujets dans deux minutes…
 
ROSELYNE BACHELOT De plusieurs sujets, mais qui me tiennent tous à coeur…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais oui, je sais ! C’est pour ça que je vous poserai des questions. Il est 08h42. A tout de suite. [08 :46 :00 : Début 2ème partie]
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est la mode du référendum. On nous promet un référendum sur le droit des étrangers, un référendum sur la formation des chômeurs, un référendum sur l’Europe, sur la règle d’or. Ca fait beaucoup non !! C’est ma mode ou quoi ?
 
ROSELYNE BACHELOT Non, c’est pas la mode, c’est que Nicolas SARKOZY s’est rendu compte qu’il fallait réformer le pays, qu’un certain nombre de réformes était examiné par le Parlement, et qu’il n’y avait pas eu de blocage, ni de blocage majeur. Bien sur il pouvait y avoir des difficultés, de la discussion, mais que ces réformes, la réforme du système de santé, la réforme des retraites, la réforme du service minimum, la réforme de la recherche, des universités, avait été menée à bien, mais qu’il y avait un certain nombre de blocages et de blocages très importants et très dommageables pour les plus fragiles d’entre nous. Donc, ce qu’il souhaite, c’est ayant analysé ces blocages en sortir par le référendum. Et l’exemple de la formation professionnelle dans ce domaine est extrêmement intéressant. Voilà…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Quelle question peut-on poser ?
 
ROSELYNE BACHELOT Voilà une politique qui mobilise 31 milliards de francs, on s’aperçoit…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN D’euros ??
 
ROSELYNE BACHELOT D’euros, merci Jean-Jacques BOURDIN, merci, 31 milliards d’euros – vous voyez ….
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Le franc c’est terminé dans deux jours.
 
ROSELYNE BACHELOT Oui, c’est ça, 31 milliards d’euros, c’est vous qui me troublez. Et finalement il y a moins de 10 % des chômeurs qui ont vraiment accès à de la formation professionnelle qui leur permettrait de sortir du chômage. Depuis des années les partenaires sociaux qui détiennent une large part de ces crédits de ces 31 milliards, ne les mobilisent pas de la façon la plus performante - j’utilise volontairement une formule polie – donc Nicolas SARKOZY leur a dit très clairement « voilà, vous êtes - la discussion est toujours ouverte – je veux mettre ce sujet sur la table, je veux que nous sortions de ces difficultés, et si nous n’en sortons pas, nous ferons un référendum ».
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Référendum sur le droit des étrangers …
 
ROSELYNE BACHELOT Alors le référendum sur le droit des étrangers c’est très précisément, c’est sur la juridiction qui doit être utilisée dans le cadre du droit des étrangers.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous trouvez que c’est bien un référendum autour de l’immigration…
 
ROSELYNE BACHELOT Ce n’est pas un référendum sur l’immigration…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas sur l’immigration mais sur le sujet, pardon, Roselyne BACHELOT…
 
ROSELYNE BACHELOT Excusez-moi, enfin c’est un sujet extrêmement difficile…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous dites « oui » ?
 
ROSELYNE BACHELOT Oui bien sur. C’est un sujet sur la juridiction et on s’aperçoit que là non plus nous n’avons pas de majorité sur ce sujet et qu’il y a un blocage, et qu’il faut sortir de ce blocage.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN 2008, vous vous souvenez de 2008… Qu’est-ce qui s’est passé en 2008 ?
 
ROSELYNE BACHELOT Oui j’avais quatre ans de moins.
 
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Une loi, on nous a changé la loi en 2008, vous ne vous rappelez pas, à propos du référendum ?
 
ROSELYNE BACHELOT Posez votre question.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pour permettre des référendums d’initiative populaire. Vous vous souvenez, on a changé la constitution.
 
ROSELYNE BACHELOT C’est très bien oui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous savez que le texte d’application, quatre ans après, n’est toujours pas sorti ? Et on veut nous imposer des référendums !! 2008 on change la loi, quatre ans après ce n’est pas sorti, le texte d’application…
 
ROSELYNE BACHELOT Le référendum d’initiative populaire, permettez moi de vous dire que ce n’est pas tout à fait le référendum dont il est question. Voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais c’est un référendum quand même.
 
ROSELYNE BACHELOT Enfin je milite pour le référendum d’initiative populaire.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah !! Pour le référendum d’initiative populaire aussi, vous militez. Bien. Donc référendum sur la règle d’or et sur la règle d’or qu’on va signer au niveau européen dans quelques jours.
 
ROSELYNE BACHELOT Alors, à partir du moment où il n’y a pas de blocage, les voies je dirais habituelles et les voies parlementaires classiques sont utiles…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc chaque fois qu’il y a un blocage, référendum ?
 
ROSELYNE BACHELOT Voilà. Chaque fois… un blocage constaté, sérieux…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Dites moi on va voter tous les trois jours !!
 
ROSELYNE BACHELOT Mais non, regardez toutes les réformes qu’a fait Nicolas SARKOZY avec le gouvernement auquel j’ai l’honneur d’appartenir avec François FILLON, les réformes ont été menées à bien. Elles ont fait l’objet de discussion parfois d’un peu de flibuste parlementaire, mais sur le texte très important par exemple que j’ai posé, de la réforme que j’ai portée, la réforme du système de santé, on a discuté, on est allé plus loin, moins loin, mais on est arrivé au bout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN J’ai vu les réticences de François FILLON concernant la déclaration de Claude GUEANT, vous avez vu ça aussi ?
 
ROSELYNE BACHELOT Oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous êtes d’accord avec….
 
ROSELYNE BACHELOT Le mot « civilisation » n’était sans doute pas le mot adéquat, je partage totalement cette observation de François FILLON, mais je réfute le procès qui a été fait à Claude GUEANT qui me parait vraiment surdimensionné. Vraiment Claude n’a pas voulu tenir des propos racistes, ça j’en témoigne.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Ils sont renvoyés dos à dos d’ailleurs monsieur GUEANT et le député martiniquais qui lui n’a pas été sanctionné à l’Assemblée nationale. Bien. Roselyne BACHELOT, je voudrais parler, tient de la TVA Sociale. Cette fameuse TVA Sociale. Est-ce que les prix vont augmenter ?
 
ROSELYNE BACHELOT Alors cette TVA qui est une TVA compétitivité…Il faut dire à quoi elle sert. Ce qui est le plus important dans la réforme proposée par Nicolas SARKOZY c’est la diminution des charges pour les entreprises, en supprimant la taxe, enfin la cotisation allocations familiales de 5,4 % sur les salaires jusqu’à 2,1 fois le SMIC, c’est à dire pratiquement 80 % des emplois manufacturiers, et pratiquement la totalité des emplois agricoles, pour faire que notre économie soit compétitive ; c’est une mesure de compétitivité. Et pour compenser ce manque à gagner sur la politique familiale, on augmente de 1,6 point la TVA et il y a aussi très important une augmentation… Enfin une participation de 2 % sur les revenus du capital.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui la CSG.
 
ROSELYNE BACHELOT Il ne faut pas l’oublier, sur la CSG, sur le capital. Donc, ça ne rapporte pas un sou à l’Etat, c’est une mesure blanche pour l’Etat, mais qui permet d’améliorer la compétitivité de nos entreprises, en particulier sur les secteurs les plus fragilisés. Alors, il faut dire aux personnes qui nous écoutent que dans le panier de la ménagère, 60 % des produits, et en particulier des produits de première nécessité, tout ce qui est électricité, produits alimentaires…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …oui, ça ne bougera pas.
 
ROSELYNE BACHELOT …ne sont pas à des TVA de 19,6, que nous sommes dans la moyenne européenne de la TVA avec cette augmentation de 1,6 point de la TVA, et que les entreprises françaises vont aussi avoir la possibilité de faire jouer leurs prix en fonction de cette réduction de charges qui leur est donnée.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais, Roselyne BACHELOT, vous avez vu les records du prix de l’essence.
 
ROSELYNE BACHELOT Ah ben, oui, ça, c’est…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y a de la TVA sur le prix de l’essence qui est à 19,6, qui va passer à 21,2.
 
ROSELYNE BACHELOT Alors, j’ai noté d’ailleurs que la ministre en charge de cette affaire, Valérie PECRESSE, imaginait d’ailleurs…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …mais comment faire ?
 
ROSELYNE BACHELOT …de r??duire cette portion de la TVA qui joue sur la TIPP, voilà. 0
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, on ne va pas augmenter la TVA sur le coût de l’essence ?
 
ROSELYNE BACHELOT Ecoutez, j’attends que Valérie PECRESSE fasse les déclarations, confirme les déclarations qu’elle a faites.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, parce que ça c’est de la solidarité.
 
ROSELYNE BACHELOT Et là, ce serait une mesure qui serait tout à fait intéressante.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ! Et la solidarité, les salaires des patrons du CAC 40 qui ont augmenté de 34 %, derniers chiffres que l’on connait, en 2010 ?
 
ROSELYNE BACHELOT Ce sont des chiffres évidemment choquants, mais ce que je veux dire, que le but dans notre pays ce n’est pas de diminuer le nombre de riches, c’est de diminuer le nombre de pauvres. C’est ça qui est le plus important.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, pourquoi augmente-t-il le nombre de pauvres ?
 
ROSELYNE BACHELOT Et alors, le nombre de…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …parce que les écarts se creusent, Roselyne BACHELOT.
 
ROSELYNE BACHELOT Pour les raisons que je vous ai…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …n’est-ce pas le principal échec de Nicolas SARKOZY ?
 
ROSELYNE BACHELOT Pour les raisons que je vous ai indiqué, le principal succès de Nicolas SARKOZY c’est d’avoir mené une politique sociale extrêmement performante et extrêmement généreuse et de l’avoir menée en période de crise. A aucun moment, les politiques sociales n’ont été les variables d’ajustement de notre politique. Est-ce que vous savez que partout en Europe on diminue les salaires des fonctionnaires, on taille dans les budgets sociaux. Il y a un pays qui ne le fait pas, c’est la France.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca ne nous pend pas au nez ça ?
 
ROSELYNE BACHELOT Mais, nous faisons tout pour que ça ne se produise pas.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, Roselyne BACHELOT, l’euthanasie, est-ce qu’il faut revoir la loi Leonetti ?
 
ROSELYNE BACHELOT Non. La loi Leonetti est une bonne loi, elle n’est pas suffisamment connue, et elle n’est pas suffisamment appliquée. Et le rapport, excellent, de l’Observatoire national de la fin de vie indique bien cela. Savez-vous, Jean-Jacques…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN La dernière page de…la dernière phrase de ce rapport dit qu’au final on ne sait rien sur la fin de vie.
 
ROSELYNE BACHELOT Mais…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, franchement, ce n’est pas…non ?
 
ROSELYNE BACHELOT Si, on sait des choses.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est 450 000 € pour dire ça !
 
ROSELYNE BACHELOT On sait des choses importantes. C’est le résultat de deux ans de travail. On sait par exemple que seulement 2,6 % des médecins généralistes ont une culture palliative, que seulement 15 % des infirmières en hôpital ont une…enfin, une formation à la culture palliative. Donc, c’est ça que nous voulons faire avec Xavier BERTRAND, avec Nora BERRA, par exemple avec la création d’une filière universitaire consacrée aux soins palliatifs. Oui, il y a de progrès à faire, mais ce qu’on constate c’est que dans cette priorité de santé publique qu’est la médecine palliative, vingt unités supplémentaires, vingt unités palliatives supplémentaires. Il y avait 4 000 lits palliatifs au début du quinquennat de Nicolas SARKOZY, il y en a 6 000 ; 362 équipes mobiles, 22 équipes spécialement destinées aux enfants, à la pédiatrie. La pédiatrie de fin de vie, c’est un sujet très douloureux. La France est le seul pays où ça existe.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Roselyne BACHELOT, dernière question, engagez-vous : est-ce que vous soutenez toujours le mariage pour les homosexuels ?
 
ROSELYNE BACHELOT Oui, je soutiens toujours le mariage.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Toujours !
 
ROSELYNE BACHELOT Et l’adoption pour les homosexuels.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A titre personnel ou à titre…
 
ROSELYNE BACHELOT Mais vous savez, soutenir un candidat c’est aussi garder sa liberté. On soutient un candidat pour une architecture de sa politique, et en particulier son architecture économique et sociale, et puis on peut avoir des points de divergence.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que Christian VANNESTE, député UMP, qui dit « les homosexuels français n’ont pas été déportés », doit être exclu de l’UMP ?
 
ROSELYNE BACHELOT Ce n’et pas à moi de prononcer des exclusions, mais je condamne ses propos.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 24 février 2012