Texte intégral
Mesdames, Messieurs, chers amis, je remercie Serge Godard de nous avoir prêté la place, la place de Jaude où l'on me dit que l'on ne fête que des victoires ! Nous préparons la nôtre, elle arrive, elle vient ! Et vous êtes déjà très nombreux ! Je vous remercie pour votre patience. C'est long, encore dix jours, dix jours avant le premier tour. Je ne vous demande pas de rester là pendant dix jours et dix nuits ! Je vous demande, au-delà de la réunion de ce soir, de vous mobiliser pour ce premier enjeu, le premier tour qui arrive le 22 avril. C'est le moment où, déjà, notre peuple va s'exprimer pour envoyer le message de confiance dans une Gauche qui se rassemblera au second tour pour réussir le changement qui est attendu depuis dix ans ! dix ans ! !, pour que notre pays reprenne confiance en lui-même, reprenne espoir dans son destin, et pour que la jeunesse comprenne bien qu'elle sera au cœur des engagements du prochain président de la République.
Moins de dix jours nous séparent du premier tour. Ce sont, finalement, les jours les plus importants de la campagne que j'ai engagée il y a un an déjà. Tout ce travail que j'ai construit, toute cette démarche que j'ai affirmée à plusieurs reprises, au-delà des primaires et maintenant dans la campagne présidentielle. Tout cet engagement qui est le vôtre, toute cette espérance que nous avons créée. Eh bien, c'est dans les dix jours que le changement va se décider !
Je mesure ma responsabilité, ma mission : être capable de vous emmener vers la victoire. Je mesure aussi la responsabilité qui est celle du peuple français dans un contexte très difficile, un monde désorganisé, une Europe affaiblie, une France inquiète. Oui, c'est toujours une responsabilité de faire le changement, de faire l'alternance. Il y a tant de forces qui nous rappellent qu'il y a toujours un risque à changer de président. Mais le plus grand risque que le pays peut connaître, ce serait de garder le même président, la même majorité, la même politique !
Je vois ce mouvement qui monte, je vois cette aspiration à un autre temps politique, à un autre rapport au pouvoir, à une autre capacité de changement, de justice. Je sens ce mouvement. Je mesure cette attente. Vous êtes là très nombreux, et dimanche nous serons encore davantage à Paris pour lancer cet appel - appel à la mobilisation, ce que j'appelle la levée en masse où tous nos concitoyens vont, pour le premier tour, se prononcer déjà sur ma candidature. Non pas que j'aie quelque prétention par rapport à d'autres. Je suis un candidat comme les autres. Mais il se trouve que je suis le candidat qui peut permettre à la Gauche de gagner l'élection présidentielle ! Je ne sous-estime pas les autres, je respecte toutes les forces de progrès ! et nous en aurons besoin. Mais moi, j'ai à conduire la victoire et à conduire ensuite le pays vers sa réussite. Gagner d'abord, redresser la France ensuite !
Il est vrai qu'une élection, c'est toujours un refus et une espérance. Le refus, ai-je besoin d'insister ? Le rejet de ce que nous ne voulons plus, d'une présidence incohérente, inconstante, inconséquente, qui en définitive n'a eu aucun cap, aucune ligne et aucune clarté dans la conduite des affaires publiques. Oui, je sens ce mouvement de refus, de rejet de l'injustice qui a été la marque de ces cinq dernières années. Injustice sur le plan fiscal où les plus favorisés ont été privilégiés dans les choix. Injustice sur le plan social, où l'on a fait subir à des travailleurs le report du droit à la retraite à 60 ans. Injustice dans l'accès aux soins, injustice dans la montée du chômage, injustice face au risque de la précarité. Oui, il y a ce rejet qui s'exprime. Et enfin, le refus d'une confusion des genres entre les affaires publiques et les affaires privées, d'une connivence au sommet de l'Etat entre ce qui devrait être l'intérêt général et qui se trouve confisqué par la puissance des forces de l'argent.
Oui, c'est une élection où il y aura d'abord une sanction ! et elle est légitime ! Car quand un candidat sortant se présente, la moindre des choses serait qu'il rende compte de ce qu'il a fait ou de ce qu'il n'a pas fait, de ce qu'il a promis et de ce qu'il n'a pas tenu. Mais là, nous avons un président sortant qui fuit, qui ne présente pas son bilan ! comment le pourrait-il ? !, qui fait des propositions le jour, la nuit ! sans que l'on comprenne d'ailleurs pourquoi il ne les a pas mises en œuvre depuis cinq ans ! !, qui présente un projet qui n'est rien d'autre que la poursuite de ce qu'il a engagé, notamment la mise en cause de la protection sociale, l'austérité, la dégradation des services publics !
Et donc, nous avons là devant nous un président qui non seulement ne présente pas son bilan, mais en plus a un projet caché. Ce projet caché, nous le connaissons, à travers ses accords compétitivité-emploi : c'est, maintenant, de demander aux salariés de travailler moins pour gagner moins ! Curieux paradoxe ! Projet caché qui consiste à ne pas annoncer des impôts mais, déjà, d'en avoir voté, et notamment cette TVA sociale sur laquelle j'ai dit que nous reviendrions au lendemain de notre victoire. Projet caché qui consiste à renvoyer la charge sur les collectivités locales, à les priver de ressources, à leur transférer de nouvelles compétences sans les moyens correspondants, et même à leur infliger cette règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux et à menacer de les punir, si elles n'obtempèrent pas, par une réduction des dotations de l'Etat à ces mêmes collectivités.
De ce point de vue, le candidat sortant, qui ne veut pas assumer son bilan, qui cache son projet, se présente « en candidat du peuple ». On aura tout vu, tout entendu ! Candidat du peuple néanmoins soutenu par le Medef tout entier ! La présidente du patronat a même dit que Nicolas Sarkozy, je le cite, « avait fait un boulot extraordinaire » ! Eh bien nous, nous voulons qu'il arrête ce boulot-là ! Et nous, nous allons nous mettre au travail. Et le travail, ce sera de récompenser le travail plutôt que le capital !
Une élection présidentielle, ce n'est pas simplement un rejet, un refus. Je ne suis pas devant vous simplement pour vous demander de prononcer une sanction, par ailleurs nécessaire, légitime. Je suis devant vous pour vous appeler à la confiance, à l'espérance, à une aspiration bien plus haute que, simplement, l'expression de notre colère. Nous avons toutes les raisons de nous mettre en opposition, en contestation, en refus. Mais moi, je ne suis pas simplement le candidat qui agrège toutes les colères, toutes les frustrations, tous les mécontentements. Je veux changer la France avec vous ! La France, notre France, notre beau pays, celui que nous aimons. Nous voulons d'abord qu'il se redresse, qu'il se redresse économiquement, que nos industries puissent être soutenues, que nous en terminions avec ces licenciements boursiers que j'ai encore vu ici frapper dans des entreprises rentables, dont les détenteurs de capitaux veulent une nouvelle fois améliorer leur profit plutôt que de créer l'emploi.
Nous changerons la fiscalité des entreprises pour que les bénéfices soient moins taxés quand ils sont réinvestis, et davantage lorsqu'ils sont distribués aux actionnaires. Nous redresserons notre économie en créant une banque publique d'investissement pour prendre des participations dans les entreprises qui se développent, qui embauchent, qui exportent. Nous créerons un produit d'épargne, un livret d'épargne-industrie pour mobiliser l'épargne des Français, qui est l'une des plus hautes d'Europe, et pour l'affecter à ces entreprises, les PME qui souffrent aujourd'hui d'un accès difficile au crédit.
Redresser la France, c'est aussi redresser ses comptes publics. Car nous avons une dette historique, nous avons des déficits considérables ! pas simplement celui de l'Etat, celui de la Sécurité sociale, de l'UNEDIC. Ils ne nous ont laissé que des dettes et que des déficits ! Le malheur, c'est qu'ils ne partiront pas avec. Nous serons obligés d'en être les héritiers, à notre corps défendant. Nous ne pourrons pas les annuler, ces dettes. Certains l'espèrent, mais non, c'est la signature de la France. Alors, nous devrons faire effort pour redresser nos comptes publics. Mais l'engagement que je prends devant vous, c'est que cet effort sera juste. Il sera demandé d'abord à ceux qui ont reçu beaucoup de faveurs fiscales de commencer à payer, les premiers, le prix du redressement.
Nous engagerons la réforme fiscale, celle qui permettra que les revenus du capital soient imposés comme les revenus du travail. Nous plafonnerons les niches fiscales. Nous ferons en sorte d'introduire un taux supérieur d'imposition pour les plus favorisés. J'ai évoqué 75 % pour ceux qui gagnent 1 million d'euros et plus. Certains s'en sont effrayés, nous ont menacés d'exil, nous ont dit : « Ce n'est plus possible, nous allons être obligés d'être dans la rue ! ». J'attends la grande manifestation des 3 000 plus grandes fortunes de France ! Et si elles veulent partir, nous les retiendrons, nous ne leur voulons que du bien. Mais quand ces dirigeants d'entreprise, que je respecte, appellent à la modération des salaires pour tout le monde, cela vaut aussi pour eux-mêmes !
Justice fiscale, justice sociale. L'une des premières décisions que je prendrai, si vous me donnez la force et l'honneur d'être le prochain président de la République ! et avant même que l'Assemblée nationale ne soit renouvelée ! sera le décret qui permettra aux personnes qui ont commencé tôt à travailler et qui ont toutes leurs annuités de partir à 60 ans pour la retraite.
Justice sociale, parce que je ne peux pas accepter qu'elle ne soit pas appliquée dans le pays de la Sécurité sociale, alors même qu'au lendemain de la guerre des hommes et des femmes qui avaient été résistants ! et dont l'une des figures vient de disparaître, Raymond Aubrac ! avaient élaboré le programme du Conseil national de la Résistance qui prévoyait que chacun pouvait avoir enfin accès à la santé. Eh bien, nous appliquerons le programme du Conseil national de la Résistance pour que chacune, chacun puisse avoir une protection contre le risque qui est d'avoir, à un moment, besoin de la solidarité nationale pour l'accès aux soins. J'encadrerai les dépassements d'honoraires. Je changerai la loi sur l'hôpital public, qui redeviendra un service public et qui ne sera pas dirigé comme une entreprise.
Justice aussi par rapport aux territoires, par rapport à la présence de services publics partout. Parce que, où que l'on vive, dans une zone rurale, un quartier urbain ou une cité populaire, chacune, chacun a droit aux mêmes services, a droit à avoir, à chaque fois qu'il le demande, accès aux soins, accès à l'école, accès à la poste ! bref, accès à l'égalité.
Je créerai dans le gouvernement que je constituerai ! qui sera d'ailleurs composé d'autant de femmes que d'hommes ! un ministère de l'égalité. Egalité territoriale, de façon à ce que nous prenions aussi les décisions pour notre avenir. Je pense aux infrastructures ferroviaires. Je sais ici ce que vous attendez depuis tellement d'années : une ligne TGV. Vous l'aurez, parce que cela fait partie de ce que nous devons faire pour des régions comme les nôtres ! Mais aussi, accès au haut débit, au très haut débit, parce que quand on est résident d'une zone rurale, on a aussi besoin d'avoir accès à l'information, au savoir, à la connaissance. Eh donc, j'ai annoncé sur dix ans l'accès de tous au très haut débit.
Nous devons mettre la justice au cœur de nos engagements. Mais la grande espérance, celle que je veux vous adresser, celle que je veux lever dans le pays, celle qui déterminera tout mon quinquennat, ce sera la jeunesse de France, ce sera la priorité à la génération qui vient !
Je veux que nous nous rassemblions, au-delà de nos différences, au-delà de nos sensibilités, autour de la seule cause qui vaille dans une République. Est-ce que nos sommes capables ! nous, grande Nation, grand pays, grande République ! de donner une vie meilleure à nos enfants, une vie meilleure que celle que nous avons pu connaître ? Eh bien oui, c'est le devoir de la République ! C'est la promesse que nous avons nous-mêmes adressée à nos enfants, que nous avons reçue de nos propres parents, de nos grands-parents. C'est le récit de notre histoire. A chaque génération doit correspondre un progrès, une amélioration, une espérance, une avancée, une conquête. La France n'est pas arrêtée, elle doit reprendre sa marche ! sa marche vers l'égalité, sa marche vers le progrès.
Nous avons un grand défi à relever ensemble, c'est la transition. Transition entre la crise et la nouvelle croissance ; transition entre une énergie fossile qui aujourd'hui est en voie d'épuisement et les nouvelles énergies que nous aurons à produire ; transition écologique ; transition générationnelle. Eh bien oui, nous devons faire ce passage.
Ce sera l'engagement que je prendrai d'abord pour l'Education nationale. Ce sera ma grande priorité. Dix ans de Droite, cinq ans d'accélération des suppressions de postes, de mise en cause de politiques qui avaient permis la lutte contre l'échec scolaire ! Je salue tous les personnels de l'Education, je leur dis tout mon respect. Et nous aurons comme première décision pour la rentrée de préserver les RASED, tout ce qui sert aux élèves les plus en difficulté. Nous rétablirons la formation des enseignants, et nous ferons en sorte qu'il y ait une réforme de l'Education qui permette la réussite de tous.
Nous avons aussi à accompagner les filières professionnelles, à permettre l'accès de beaucoup plus de jeunes qu'aujourd'hui à l'enseignement supérieur, à l'excellence. Mais faut-il encore qu'il y ait des emplois qui correspondent aux diplômes ! D'où ma grande proposition, celle que j'ai portée tout au long de cette campagne, le contrat de génération qui permettra à un employeur qui garde un senior le temps qu'il puisse partir à la retraite avec dignité, et qui embauchera un jeune avec un contrat à durée indéterminée, de ne plus payer de cotisation sociale sur les deux emplois.
Toute ma passion sera au service de la réussite de la jeunesse. Nous créerons 150 000 emplois d'avenir, 150 000 emplois-jeunes, et nous ferons en sorte que ce soit dans les quartiers, là où le taux de chômage est le plus insupportable. Je me déplace partout dans le pays, et à chaque fois me reviennent ces témoignages de tant de jeunes qui vivent avec la précarité, avec la crainte de ne pas pouvoir, enfin, accéder à l'autonomie, à l'indépendance. Taux de chômage qui est dans les quartiers les plus difficiles à 35 %, à 60 % en Outre-mer ! Nous devrons lutter chaque jour contre le chômage, et notamment celui des jeunes.
Chers amis, j'ai depuis plusieurs mois présenté mes propositions. C'était au Bourget à la fin du mois de janvier, 60 engagements, et je n'ai pas dévié. C'est ma cohérence, c'est ma constance. On me demande : « Mais, est-ce que vous en avez d'autres, des propositions ? Est-ce qu'il ne faudrait pas en faire dans les derniers jours, pour influencer ? ». Mais là, on m'aura confondu avec un autre ! Moi, je ne cherche pas une recette miracle, une poudre de perlimpinpin, un artifice, un chiffon. Non, j'ai plus de respect pour le peuple français. J'ai une cohérence, une constance, des engagements !
J'ai même voulu mettre de la clarté dans l'agenda, dans le calendrier. J'ai dit ce que je ferais dans les premiers jours de mon mandat, si vous me le confiez. D'abord une augmentation du pouvoir d'achat : l'allocation de rentrée scolaire augmentera de 25 %. Mais aussi un système de caution mutuelle pour les jeunes, pour qu'ils puissent accéder au logement. Et puis dès le départ, je montrerai un changement dans l'exemplarité de l'Etat. C'en sera fini de la protection du chef de l'Etat. C'en sera terminé de ces ministres qui cumulent des mandats. C'en sera fini des conflits d'intérêts. La justice pourra travailler en toute indépendance, cela la changera ! Je n'aurai pas à nommer les présidents des chaînes publiques. Ce sera le rôle de commissions parlementaires à la majorité des deux tiers. Je n'aurai pas à changer les directeurs d'administration centrale selon mon bon vouloir. Seules seront reconnues les compétences et la loyauté, non pas à l'égard du chef de l'Etat, non : tout simplement à l'égard de l'Etat. Et le chef de l'Etat lui-même ne sera pas le chef de la majorité. Ce sera le rôle du Premier ministre. Et si je suis demain choisi par vous, je ne réunirai pas les parlementaires de la majorité à l'Elysée. Ce n'est pas leur place. Je ne serai pas non plus le chef du parti. Nous n'allons pas organiser un Etat PS ! J'ai été suffisamment longtemps premier secrétaire du Parti Socialiste pour ne pas cumuler cette responsabilité avec la charge la plus éminente qui soit, qui est de rassembler tous les Français et de les représenter, au-delà du vote qu'ils ont pu faire lors de l'élection présidentielle. Moi, je ne serai pas un chef d'Etat chef de tout et responsable de rien - cela changera !
Cohérence. Clarté. Et confiance. « Confiance », c'est le plus beau mot qui soit dans la langue française lorsqu'une responsabilité est demandée. La confiance, c'est ce qui unit un peuple et celui ou celle qui le représente. La confiance ne coûte rien, mais elle rapporte énormément, puisque c'est elle qui va permettre la mobilisation d'un pays. La confiance ne se proclame pas, elle se démontre. La confiance, c'est un lien à la fois personnel et politique. C'est ce qui permet de nous dépasser les uns les autres, parce que nous avons confiance dans un destin qui n'est pas simplement celui de l'addition de nos parcours individuels. La confiance, c'est ce qui permet à un moment à une Nation d'être plus grande, parce que plus forte, sans qu'il soit besoin de soumettre, de dominer, d'écraser. Pendant cinq ans, tant de coups ont été portés, tant de blessures ont été faites, tant d'attaques ont été assénées aux forces qui étaient supposées être les plus dynamiques du pays.
Moi, si je deviens votre prochain président, je respecterai les syndicats parce que nous avons besoin de représentants des salariés si nous voulons agir. Je respecterai les organisations professionnelles, toutes les organisations professionnelles, parce que nous avons besoin des entreprises pour investir et pour embaucher. Je respecterai les élus de la République, parce que nous avons aussi besoin de collectivités locales qui participent à notre effort. Et j'organiserai d'ailleurs un nouvel acte de la décentralisation, comme François Mitterrand l'avait fait en 1981, transférant des compétences, des libertés nouvelles aux territoires, parce que les territoires sont les mieux à même de décider de votre avenir - avec l'Etat. Je ferai confiance aux associations, aux engagements civiques, aux grands mouvements populaires. Je ferai tout simplement confiance aux Français, parce que rien ne sera possible sans eux. Il y aura des débats sur l'avenir de l'énergie et du nucléaire. Il y aura de grands débats sur les infrastructures. Il y aura des débats aussi sur nos institutions. Parce que nous avons besoin d'un pays mobilisé et d'une société en mouvement. Voilà pourquoi la confiance est là ! Elle va nous être donnée, si vous en décidez, le 6 mai.
Alors, la Droite l'a compris - parce qu'elle est bien informée, elle sait que les pronostics ne sont pas en sa faveur - je ne dis pas que nous allons gagner, c'est bientôt que nous le saurons et méfions-nous des annonces prématurées où les uns et les autres se partageraient les responsabilités : non, nous n'avons rien gagné tant que les électeurs n'ont pas voté. Mais la Droite essaie, dans ces derniers moments de campagne, d'agiter des spectres. La peur. D'abord - toujours les mêmes refrains, les mêmes rengaines : l'immigration. Comme si nous-mêmes nous voulions ouvrir les vannes ! Comme si nous-mêmes nous serions face à cette question du déplacement des populations oublieux des règles que nous avons en commun. Mais jamais je n'accepterai que l'on prenne l'étranger, dans cette campagne présidentielle, comme un élément de division entre les Français ! Nous ferons respecter les lois de la République. Mais nous le ferons avec la dignité qui sied à la République.
Alors ensuite, on nous ferait des leçons en matière de laïcité. Je me suis demandé qui pouvait nous faire telle profession de laïcité. Le candidat sortant ? Celui qui avait parlé de laïcité ouverte ou tolérante - comme s'il y avait une laïcité fermée et intolérante ? Il n'y a qu'une laïcité : la laïcité de la République, qui permet la liberté de culte et, en même temps, qui garantit la vie en commun. Et voilà que le candidat sortant nous ferait la démonstration qu'il y aurait des piscines ici ou là qui seraient fermées aux hommes ou fermées aux femmes - et qui accuserait, d'ailleurs, Martine Aubry. Eh bien c'est faux ! Et je n'accepterai pas cette caricature, venant surtout de celui qui s'était rendu il y a quelques années comme ministre de l'Intérieur devant un congrès d'une organisation où il s'était exprimé devant une salle où les femmes étaient d'un côté et les hommes de l'autre. Je n'accepterai aucune leçon de celui, président de la République, qui avait pu dire que le curé ou le pasteur avait une autorité supérieure à l'instituteur. Aucune leçon de celui qui, à la suite d'un drame terrible, un acte terroriste, avait pu parler d'un « musulman d'apparence ». Il n'y a pas d'apparence dans la République ! Il n'y a que des citoyens, à égalité de droits et de devoirs. Et quand je vous vois ici, je ne vous juge pas sur votre apparence, je regarde votre appartenance à la République et à la communauté nationale. Oui, je l'entends aussi nous faire la leçon et nous faire des peurs sur la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité. J'ai dit que nous devions diversifier nos sources d'énergie, que nous devions moins dépendre du pétrole et du nucléaire. Et voilà qu'il ouvre un procès ! J'annonçais que je fermerai Fessenheim dans le prochain quinquennat. Et au prétexte qu'il serait allé à Fukushima - le candidat sortant -, il nous dit : « Mais Fessenheim, ce n'est pas au bord de la mer ». Nous le savions ! Et qu'il n'y aurait pas de risque de tsunami ! nous le savions aussi, sauf que c'est dans une zone sismique. Et puis je découvre qu'il ne se serait jamais rendu à Fukushima. Ce serait bien la première fois, sous la Cinquième République, qu'un président en exercice nous annonce qu'il est allé quelque part où il ne s'est jamais rendu. Il aura été un précurseur en tout, même en voyage qu'il n'a jamais fait !
Mais, parmi les peurs, en voilà une autre qui s'agite ou qui est agitée. Il nous est dit : « Mais si la Gauche arrive, les marchés vont s'affoler. La spéculation va reprendre ». Mais ce ne sont pas les marchés qui s'affolent en ce moment, c'est la Droite qui s'affole ! Et lorsqu'il y a l'exercice d'une responsabilité publique, et lorsqu'on est à la tête d'un pays comme le nôtre, on n'appelle pas la spéculation. On la combat ! Et c'est ce que j'aurai à faire : dominer la finance, faire en sorte que les marchés soient mis à leur place et permettre à la démocratie d'être plus forte que la spéculation et les marchés. Voilà le sens de la responsabilité qui doit être la nôtre.
Mais je me disais que je n'avais pas tout entendu. Cet après-midi même, le candidat sortant me met en garde. Il dit : « Quand même, il faudrait que la Gauche s'engage à réduire la dette ». Nous l'avons fait, sur le plan de l'engagement. Mais la dette, c'est lui qui l'a créée ! C'est sa dette, ses déficits. Et voilà ce qui nous est demandé : de régler ses additions, de payer ses factures et de venir faire le redressement des comptes publics qu'il a dégradés. Eh bien oui, nous le ferons, parce que c'est notre devoir. Mais en même temps, nous rappellerons tout au long de cette fin de campagne que c'est sous la responsabilité du candidat sortant qu'il y a eu 600 milliards de dette supplémentaires, qu'il y a eu l'accumulation de déficits et que le triple A - vous vous souvenez du triple A ? - a été perdu. Et qu'on ne vienne pas, là encore, nous faire la leçon. La leçon va être donnée par les Français le 6 mai à ceux qui ont mal géré la France !
Derrière toutes ces peurs agitées, tous ces chiffons brandis, tous ces spectres mobilisés pour la circonstance, quelle est l'idée que la Droite veut instiller, installer ? Qu'elle serait seule légitime ? Qu'il n'y aurait qu'elle qui pourrait diriger la France ? Que le peuple n'aurait pas le choix ? Eh bien si ! La France va décider souverainement, librement de son avenir. Et s'il lui plaît de choisir la Gauche, la Gauche dirigera la France. Cela s'appelle l'alternance !
Mesdames, Messieurs, mes chers amis, je ne veux pas vous retenir trop longtemps. La nuit tombe. Il fait frais. Mais en même temps nous sommes ensemble et nous nous trouvons bien ! Nous communiquons nos chaleurs et nos espoirs. Et nous préparons l'arrivée du printemps, qui tarde un peu mais qui sera le 6 mai consacré. Je veux vous mettre en garde. Le combat sera rude, le combat difficile et la campagne n'est pas terminée. La Droite ne lâchera pas son pouvoir sans lutter pied à pied. La Droite estime que l'Etat lui appartient. Elle a mis des frontières. Elle a installé des barricades. Elle dit : « Ici, c'est chez moi ». Nous, nous voulons entrer. Nous sommes la Gauche, c'est notre tour. La Droite nous répond : « Mais vous n'y pensez pas ! Vous n'avez pas qualité. Vous pouvez gérer toutes les collectivités locales que vous voulez, les communes, les agglomérations, les départements, les régions, mais pas l'Etat. Pas vous, pas cela ! C'est trop gave, c'est trop important ». Alors elle essaiera jusqu'au bout de ne rien céder de son pouvoir. Et il faudra pousser - je ne dis pas fracturer les portes, nous rentrerons libres dans les bureaux de vote -, mais nous avons à convaincre encore. Rien n'est joué. Rien n'est gagné. Rien n'est fait. Je vois bien les menaces qui sont autour de nous. La démobilisation, certains pensant au vu de certaines enquêtes d'opinion qu'en définitive, ce serait déjà fait. Comme si un sondage avait une élection ! Et je veux ici rappeler à celles et ceux qui auraient perdu la mémoire qu'il y a 10 ans, on annonçait déjà un second tour. Nous connaissons les personnes qui allaient s'affronter. C'était le Premier ministre et le président de la République - Jacques Chirac et Lionel Jospin - qui, à l'époque, devaient être les candidats du second tour. Et souvenez-vous de ce qui s'est produit : c'est un autre qui a surgi. Tant que le résultat n'est pas accompli, rien n'est fait. Et aucun sondage n'a jamais élu un président de la République. C'est vous et vous seuls qui ferez la décision !
L'autre menace, c'est le fatalisme, la résignation - et vous la rencontrez. Tant de nos concitoyens qui n'en peuvent plus, qui doutent de la politique, qui pensent qu'elle est devenue impuissante, que les forces de l'argent décident de tout, que le monde est devenu ingérable, que l'Europe s'est effacée - oui, tous ceux-là qui se demandent si leur vote va changer quoi que ce soit. Eh bien c'est vers ceux-là qu'il faut aller ! Et leur dire que c'est maintenant, oui maintenant, qu'ils vont pouvoir décider. Il y en a toujours qui préfèrent aller dans les manifestations, dans les cortèges, qui font souvent et courageusement la grève et qui oublient, au moment où ils ont la possibilité de changer, de le faire. La meilleure manifestation, le meilleur cortège, la meilleure grève, c'est ce que nous organisons et qui s'appelle la démocratie, le bulletin de vote et le suffrage universel ! Et puis enfin, il y a le secret espoir de la Droite : « Ah, si la Gauche se divisait, si elle se dispersait... Quelle aubaine ! ». Quand j'entends le candidat sortant faire compliment au candidat du Front de Gauche, à Jean-Luc Mélenchon - il n'y est pour rien -, quand Nicolas Sarkozy trouve qu'il a plein de talents - ce qui est juste -, qu'il défend de belles idées - de son point de vue, cela se discute ! - et qu'il trouve que finalement, c'est lui le candidat de la Gauche, je m'interroge devant tant de sollicitude. Parfois je me demande : « Mais, il va peut-être voter pour lui ? ». Quand je regarde le Figaro, ce grand journal, ce beau journal, disposer de ses titres. (Hou !) Ne le brocardez pas, vous n'êtes pas obligés de l'acheter et c'est la liberté de la presse. Oui, dix ans déjà que je serais « l'otage de l'extrême gauche » ! le mot « otage » étant d'ailleurs particulièrement déplacé dans le moment que nous connaissons. Mais je ne serai l'otage de personne ! Et puis je vous l'annonce ici : qu'ils ne comptent pas sur la division de la Gauche ! La Gauche sera rassemblée. Elle sera rassemblée pour gagner ! Et c'est mon devoir de le faire.
Je n'ai qu'un adversaire, dans cette campagne : c'est la Droite, c'est le candidat sortant. Et rien ne me détournera de mon chemin !
Et ce que je vous dis, amis qui êtes venus nombreux ici, c'est que c'est au premier tour que nous allons faire la décision. C'est au premier tour que la dynamique va s'engager. C'est au premier tour que nous allons créer l'irréversible, parce que quand seront annoncés les résultats le 22 avril, tout sera déjà en filigrane, en suspension vers le second tour. C'est la dynamique que nous allons gagner là qui nous permettra d'avoir la victoire. Je vous demande donc de venir nombreux d'abord voter et ensuite voter pour que dès le premier tour nous rendions la victoire irréversible, irrépressible, inévitable !
Mais nous ne sommes pas encore au second tour. Le candidat sortant me propose déjà des débats. Nous n'avons pas franchi la première étape qu'il me demande de faire autant de débats qu'il y a de jours ouvrables. Mais moi je ne suis pas à son rythme ! Nous avons déjà à faire le premier tour. Et puis ensuite, il y aura la confrontation entre la Gauche et la Droite. C'est le seul débat qui compte. Et puis après, il faudra rassembler, rassembler la Gauche. Je remercie Robert Hue qui est ici. C'est très important qu'il nous apporte sa voix - sa voix puissante, sa voix forte, sa voix sincère - et qu'il nous dise que la radicalité nous la portons aussi, mais avec une responsabilité particulière. Parce que la candidature que je porte est celle qui doit non seulement rassembler, faire gagner la Gauche, mais réussir la France. Souvent, il m'est demandé par mes concitoyens de ne pas décevoir. Et je suis conscient de cet enjeu. Nous devons gagner. Nous devons changer. Mais nous devons réussir, après. Transformer, réformer, amener notre pays à se redresser dans la justice, à lever une espérance. Moi je veux pouvoir, si je deviens président de la République, circuler librement. Quand je reviendrai à Clermont - si vous m'invitez ! (Oui !) J'honorerai à ce moment-là votre invitation -, je veux revenir sans barrières, sans entraves, sans cars de CRS. Je ne veux pas me cacher. Je ne veux pas que vous sachiez après que je suis venu à Clermont. Je veux être un président qui soit soutenu par les Français et pas rejeté, ou moqué, ou méprisé. Parce que diriger la France est une éminente responsabilité, ce qui suppose de réconcilier - réconcilier les Français. Au lendemain de l'élection présidentielle, tous n'auront pas voté pour la Gauche. Mais moi, si je suis le prochain président, je devrai être le président de tous les Français, de celles et ceux qui auront voté pour moi - je les en remercierai - mais aussi de celles et ceux qui n'auraient pas voté pour moi - je le regretterai - et qui doivent être aussi associés non pas à la responsabilité du pays, mais à l'action que nous engagerions.
Pour la responsabilité du pays, dans le gouvernement que je formerai, toutes celles et tous ceux, forces politiques, qui m'auront soutenu pour le second tour seront associés. Je n'écarterai personne, mais je ne forcerai personne. Parce que ce sera sur le projet que j'aurai présenté que le rassemblement se fera et que la direction du pays sera engagée.
Voilà, mes chers amis, ce que j'étais venu vous dire sur la place de Jaude aujourd'hui. On va gagner ! On va gagner, mais nous devons mériter notre victoire. Nous devons aller la chercher. Nous devons aller la construire. Nous devons être à la hauteur de l'enjeu. Eh bien moi je vais jusqu'au bout me battre pour parvenir à la victoire. Et je vous demande de faire le même effort. Chaque fois que je vais à travers la France et que je réunis comme ce soir de nombreux amis, ils me disent : « Courage ! ». Du courage, j'en ai, vous me l'apportez. Ils me disent : « Tenez bon ! ». Je tiens bon, je m'accroche. Et après ils me disent : « Allez jusqu'au bout ! ». Nous irons jusqu'au bout. Nous irons jusqu'à la victoire. Nous irons jusqu'à la responsabilité de notre pays. Et nous le ferons pour nos idées, pour la Gauche, mais nous le ferons aussi pour la République et pour la France, parce que c'est notre mission.
Merci, amis de Clermont ! A bientôt sur cette place pour fêter notre victoire, la victoire de la France !
Source : http://francoishollande.fr, le 16 avril 2012