Texte intégral
Mes chers amis !
Merci dêtre venus aussi nombreux, ce soir, à Lille, cette ville qui compte tant de personnalités exceptionnelles. Plus exceptionnel encore que dautres, Pierre Mauroy qui fut maire de Lille pendant plus de 30 ans et qui fut aussi et surtout en 1981 le premier Premier ministre de François Mitterrand. Le Premier ministre de lalternance, le Premier ministre du changement, le Premier ministre de lunion de la Gauche ! Merci, Pierre Mauroy. Jexprime ici notre gratitude. Je sais quil mentend et quil sera encore présent à nos côtés. Je remercie Martine Aubry de maccueillir comme maire de Lille, une ville quelle a continué de transformer et de tourner vers lavenir. Je salue Martine Aubry, première Secrétaire du Parti socialiste. Un parti que je connais bien et que jai dirigé pendant plus de dix ans. Jen sais, je lai rappelé ici, les grandeurs, les vicissitudes.
Mais sans le Parti socialiste, il ny a pas de changement possible aujourdhui en France ! Ces militants ici rassemblés, ces sympathisants, ces électeurs, tout ce qui a fait quaujourdhui lalternance est possible ! Je remercie Martine Aubry davoir permis le rassemblement au lendemain des primaires citoyennes, davoir engagé le mouvement avec celles et ceux qui avaient été candidats dans ces primaires et qui sont ici avec nous pour gagner aujourdhui ! Rassemblement de toutes les personnalités qui ont fait la fierté de notre engagement, et lhonneur de nos gouvernements : Lionel Jospin, Laurent Fabius et tant de ministres qui ont servi sous les présidences de François Mitterrand ou sous le gouvernement de Lionel Jospin. Et ce rassemblement, nous lavons élargi aux Radicaux de Gauche Jean-Michel Baylet , à ceux de culture communiste Robert Hue , et à toutes celles et à tous ceux qui veulent aujourdhui permettre lalternance, la réussite, le changement. Ce rassemblement, il est notre force. Rassembler les Socialistes, rassembler la Gauche, rassembler les Français. Il ny a pas dautre leçon que jai apprise de François Mitterrand, la leçon de la victoire !
Certains, je les entends, voudraient que la Gauche se divise, se désunisse, se désarticule. Je leur dis calmement : ils ny parviendront pas ! Il ny aura pas la Gauche contre la Gauche ! La Gauche de la protestation contre la Gauche du gouvernement, la Gauche des cortèges contre la Gauche des ministères, la Gauche de lidéal contre la Gauche du réel. Non, je my refuse ! Il ny a pas deux Gauche, il y a une Gauche qui veut gagner, qui veut diriger, qui veut rassembler les Français.
Je veux lunion. Les citoyens la veulent. Les électeurs la réclament. Nous la ferons, cette union ! Mais mon devoir, candidat du Parti socialiste, soutenu par les forces de Gauche qui ont bien compris lutilité de ma candidature pour gagner, mon devoir cest de réussir. Ce nest pas de témoigner pour attendre. Mais attendre quoi ? Attendre encore cinq ans ? Non, cest tout de suite que nous devons gagner !
Je ne prépare rien dautre que la victoire et ensuite, la transformation de notre pays. Je veux agir. Je ne veux pas simplement protester, résister, contester. Non, je veux réformer notre pays, le faire avancer, lui trouver une nouvelle fois la capacité de chercher des conquêtes en lui-même, de valoriser ses atouts, de défendre ses valeurs. Il y a urgence ! Cest là, dans cinq jours, que nous allons décider de notre destin : destin pour la France, destin pour lEurope. Cinq jours pour que les Français comprennent bien le message que je porte ici à Lille : cest le premier tour qui va emporter tout, le mouvement qui va se lever, la conquête qui va sannoncer !
Chaque fois que je traverse les foules, jentends les mêmes messages, les mêmes paroles. « Courage ! », me dit-on. Mais le courage, je laurai jusquau bout pour vous porter à la victoire ! « Tenez bon », me dit-on. Mais je ne lâcherai rien, parce que je nai quun devoir : vous faire gagner, vous faire réussir, vous emmener ! Mais jai besoin aussi quune levée en masse se fasse, dès le premier tour de lélection présidentielle. Nattendez pas ! Faites-le tout de suite. Engagez le processus. Il sera irréversible, irrépressible, irrésistible.
Je salue aussi dautres Socialistes que les Socialistes français parce que nous appartenons à un grand mouvement qui ne se limite pas à nos frontières : un grand mouvement européen, international. Merci Thierry Giet dêtre là au nom des Socialistes belges. Merci à toi Elio di Rupo, mon ami. Nous avons, Elio et moi, siégé pendant tant dannées dans des réunions du Parti socialiste européen où nous préparions des décisions prises par dautres ! Eh bien aujourdhui, tu es au Conseil européen et je veux te retrouver le plus vite possible autour de la table du Conseil européen !
Une fois encore, et cest dimanche, la France va rencontrer son destin. Lenjeu, cest notre pays. Cest de poursuivre la longue marche de lhistoire. Cette histoire que vous connaissez bien, que vous avez faite ici dans le nord. Cette histoire, cest le combat engagé de ceux qui vivent de leur travail et dont le seul patrimoine sappelle la sécurité sociale. Cest le combat de ceux qui attendent tant de la promesse républicaine pour leurs enfants, cette promesse que nous avons reçue de nos grands-parents ou de nos parents, qui voulaient que nous vivions mieux queux. Cette promesse que nous devons honorer pour nos propres enfants, petits-enfants, qui doivent vivre mieux que nous parce que cela sappelle le progrès ! Cela sappelle lhumanité ! Cest le rêve français, celui que nous partageons depuis que la République est là : ce rêve de vivre mieux, ce rêve davancer, de ne jamais rien céder malgré les épreuves et ladversité.
Je ne laisserai jamais dire que la valeur travail appartiendrait à la Droite quand le chômage frappe 4 millions de nos concitoyens, quand la précarité sétend et touche notamment les plus jeunes, quand ceux qui travaillent dur au service des autres les infirmières, les aides-soignantes, les enseignants, les assistantes sociales ne reçoivent pas des dirigeants de notre pays la considération qui leur est due, quand des rémunérations indécentes sont versées à des patrons qui nont pas mérité par leur seul travail de recevoir ces sommes. Eh bien la Droite nest pas qualifiée pour nous faire la leçon ! Elle ajoute dailleurs le cynisme à léchec. Non ! Cest la Gauche qui doit promouvoir le travail, la dignité qui sy attache et lemploi indispensable tant attendu, ici dans cette région comme partout en France.
Nous poursuivons depuis tant de décennies le combat pour la justice, légalité humaine. Nous nacceptons pas la misère, la pauvreté. Elles nont pas disparu. Je relisais Victor Hugo, un de ses discours quil avait prononcé à la Chambre des députés, au milieu du XIXe siècle, discours qui sappelle « les caves de Lille », où il décrivait les conditions de vie des enfants, des familles, ici même dans cette ville, dans cette région. Eh bien, un siècle et demi après, la France nest pas encore débarrassée de la pauvreté, de la misère, de linjustice. Eh bien cest notre combat ! Comme cela a été le combat, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, de ceux qui sétaient levés dans la Résistance et qui nous ont laissé un programme accompli, encore inachevé, et remis en cause depuis cinq ans !
Nous avons ce devoir de reprendre la marche. Il ne sagit pas, pour ceux qui sont dans cette situation de pauvreté et de précarité, dassistés. Non ! Beaucoup de ceux-là travaillent. Mais trop peu pour atteindre un niveau de vie suffisant. Et je pense aussi aux jeunes condamnés à lintermittence, à lintérim, à la précarité. Et je sais aussi ce quest la condition des femmes qui en plus, souvent, affrontent la vie familiale parfois seules. Alors devant cette situation, nous, nous avons dans cette élection le devoir de rappeler le combat pour la dignité du travail, le droit de faire de son travail une émancipation et aussi laffirmation de sa condition.
Le combat de 2012, cest de ne pas accepter quen France un ouvrier ait une espérance de vie inférieure de plus de huit ans à celle dun cadre. Et cest pourquoi je rétablirai la retraite à 60 ans pour ceux dont les carrières ont été longues, dures, pénibles, difficiles.
Le combat de 2012, cest de préserver le principe du repos dominical, cest-à-dire de permettre aux travailleurs de consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la liberté. Et jy veillerai !
Le combat de 2012, cest de lutter contre le travail précaire, contre la multiplication de ces contrats qui ne contractualisent rien, contre labus indécent des stages non rémunérés, des intérims, contre ce travail qui nest pas de lemploi.
Le combat de 2012, cest de lutter contre la souffrance au travail, partout, y compris dans les entreprises publiques.
Le combat de 2012, cest de lutter contre les discriminations à lembauche.
Le combat de 2012, cest de donner toute leur place aux personnes handicapées qui doivent aussi saccomplir par le travail.
Le combat de 2012, cest de rémunérer le travail à son prix et de valoriser lintervention de louvrier, de lartisan, du technicien qui avec leurs mains fabriquent la richesse de la Nation et doivent comprendre, doivent savoir que si nous sommes demain aux responsabilités, ils seront considérés, respectés et valorisés.
Le combat de 2012, cest de lutter pour légalité professionnelle des femmes avec les hommes. Même travail, même salaire ! Même diplôme, même rémunération !
Le combat de 2012, cest de rendre au dialogue social toute sa place, toute sa légitimité. Et cest la raison pour laquelle jinscrirai avec le Parlement dans la Constitution la reconnaissance de la démocratie sociale qui est indispensable si lon veut que lintérêt général puisse être servi, au-delà de la démocratie politique, par des forces sociales organisées, patronales comme syndicales. Et moi, je respecte les syndicats ! Attaquer les syndicats cest, en définitive, atteindre les travailleurs qui leur ont donné mandat de les défendre.
Le combat de 2012, cest de permettre à des salariés ou plutôt à leurs représentants dêtre élus dans les conseils dadministration des grandes entreprises pour pouvoir dire leur mot et avoir linformation indispensable. Cela sappelle, tout simplement, la démocratie.
Voilà notre combat ! Il nest pas épuisé ! Nous ne sommes pas les héritiers de thèses qui auraient été dépassées. Nous navons pas accompli notre devoir. Tant de génération se sont mobilisées pour de grandes causes et la nôtre a également une belle mission : permettre à la génération qui arrive de vivre mieux. Permettre le progrès. Permettre légalité. Permettre la justice. Mais aussi, parce que nous sommes dans une crise, parce que notre pays a été affaibli, parce que lEurope a mis trop de temps pour se mettre en ordre, parce que le monde est touché par la spéculation et par la finance, nous avons aussi la mission de redresser la France, de redresser la production, la croissance, lactivité, lindustrie. Lindustrie ! Ici, cest une part de votre histoire, de votre identité. Tant de travailleurs se sont dévoués, nés ici ou venus dailleurs. Polonais, Belges, Italiens, Marocains, Algériens, Africains sont venus ici travailler dans les usines. Vous savez ce quest une grande industrie : le labeur, linvestissement productif, la belle tâche qui est de façonner des produits avec des technologies sans cesse nouvelles. Moi, je ne veux pas dune France sans usines, ni dusines sans ouvriers. Je ne veux pas dune France sans bureaux détudes, sans laboratoires de recherche. Je ne veux pas dune France qui achèterait davantage de produits quelle nen vendrait aux autres pays. Je ne veux pas dune France dépendante, dune France soumise ! Je ne veux pas non plus, dans la mondialisation, dune France reléguée comme une puissance secondaire, spectatrice. Je naccepte pas la perspective dune France condamnée à assembler ce qui serait fabriqué à lautre bout de la planète !
Non ! La crise est venue de cet oubli de léconomie réelle, de cette place disproportionnée des services, de la finance, de ce qui ne crée pas toujours la valeur nécessaire pour créer de lemploi et de lactivité. Ceux qui ont laissé cette finance sinstaller, ceux qui ont libéralisé sans règles la mondialisation, ceux qui ont mis partout en Europe une concurrence sans projet de croissance, ceux-là ont manqué à leur devoir. Et ceux-là, cest la Droite coalisée en Europe et cest la Droite au pouvoir en France ! Partout où je me déplace, je mesure cette véritable saignée des emplois industriels : 400 000 ont été rayés de la carte depuis cinq ans, près de 800 000 en dix ans. Rien que ces trois dernières années, 900 usines ont fermé. Et derrière ces chiffres, quy a-t-il ? Des ateliers qui ferment, des hommes et des femmes dont le savoir-faire était reconnu jetés en dehors de leurs usines, des brevets qui sen vont et une région qui peut craindre pour son avenir. Eh bien non, nous arrivons ! Nous serons là et nous redonnerons une perspective industrielle à la France !
Mais il nous faut bien plus que changer de président cest nécessaire. Cest le passage obligé. Cest le préalable. Cest la condition. Nous ne pouvons pas imaginer une politique différente avec le même président. Lui-même essaie de faire comprendre quil naurait pas été, jusque-là, président. Dune certaine façon, cest un peu vrai ! Mais comment pourrait-il, pour les cinq prochaines années, faire différemment de ce quil a déjà fait depuis cinq ans ou plutôt de ce quil a défait ? Nous devons changer de président, sûrement ! Changer de politique, assurément ! Mais changer de logique. Et cest ce que je propose.
Changer de logique, cest en finir avec les aides de lEtat aux entreprises sans contrepartie.
Changer de logique, cest créer par exemple un contrat de relocalisation qui permettra dapporter un soutien public pour des engagements précis en faveur de lemploi, de la présence sur le territoire, de linvestissement, de la formation des salariés, du respect des délais de paiement avec les sous-traitants. Voilà ce qui permettra de réinstaller des entreprises sur le territoire. Et nous le ferons avec les régions ici, avec les régions Nord-Pas-de-Calais et Daniel Percheron.
Changer de logique, cest en terminer avec un chômage qui frappe les plus jeunes et qui écarte les plus anciens. Et cest ma proposition de contrat de génération, qui permettra à un employeur qui garde un sénior le temps quil puisse accéder à lentraide et qui embauche un jeune mais avec un contrat à durée indéterminée , de ne plus payer de cotisations sociales sur les deux emplois.
Changer de logique, cest en finir avec un système où les grands groupes paient moins dimpôt sur les sociétés en proportion que les petites et moyennes entreprises. Et cest pourquoi jintroduirai une modulation de limpôt sur les sociétés : 15 % sur les plus petites, 30 % sur les moyennes et 35 % pour les plus grandes. Et je modulerai aussi cet impôt sur les sociétés, qui sera plus haut si le bénéfice est distribué aux actionnaires mais plus bas sil est réinvesti dans lentreprise.
Changer de logique, cest mobiliser lépargne, lépargne populaire mais pour lemploi, pour lemploi et pour lindustrie. Cest le sens du livret dépargne que je propose, dont lensemble des dépôts sera affecté aux décisions dinvestissement des PME qui les attendent.
Changer de logique, cest faciliter laccès à la commande publique, justement, de ces petites et moyennes entreprises.
Changer de logique, cest en finir avec un système bancaire où largent sert la spéculation et non la production, la rente et non linvestissement, les profits et non les embauches. Doù ma proposition de réforme bancaire que nous voterons dès lété et qui séparera dans lactivité de toutes les banques ce qui relève du dépôt et du crédit qui doit être encouragé, stimulé de ce qui relève de la spéculation et qui doit être au risque de ceux qui la décident, avec leur propre argent et non avec le nôtre !
Changer de logique, cest interdire les produits financiers qui sont autant de vecteurs pour des rentes insupportables ou des calculs qui finalement spéculent sur des valeurs qui nont plus rien à voir avec léconomie réelle.
Changer de logique, cest aussi engager une grande politique industrielle autour de nos grandes filières. Nos grandes entreprises, cest une chance, cest un atout à condition de les inscrire dans une perspective de moyen et de long termes, pour la diversification énergétique, pour laéronautique, pour lespace, pour les transports, pour le numérique, pour la santé, pour lagroalimentaire. Nous avons là des entreprises performantes. Défendons-les ! Développons-les ! Redressons-les ! Et ce sera tout lenjeu de la banque publique dinvestissement que nous créerons pour accompagner les entreprises qui investiront dans ces secteurs.
Changer de logique, cest réinvestir dans la croissance verte, dans la transition énergétique, écologique, qui est un défi en ce début de XXIe siècle, parce que nous devons trouver dautres ressources que celles du pétrole, nous rendre moins dépendant du nucléaire tout en faisant monter les énergies renouvelables et les économies de toute sorte en matière de consommation dénergie, et de nouveaux modes de transports urbains, mais aussi le véhicule propre. Bref, tout ce qui va faire léconomie de demain.
Changer de logique, cest investir dans la formation, dans léducation, dans la qualification. Pour tout dire, dans lécole qui est notre atout maître , dans la connaissance, dans la recherche, dans les savoirs.
Changer de logique, cest aussi changer lorientation de lEurope. Mes chers amis, jamais une élection en France naura autant pesé sur lavenir de lEurope. Je suis européen. Tous mes engagements depuis que je suis entré en politique ont été marqués par la volonté de bâtir, de construire une Europe de solidarité, de progrès. LEurope est une aventure extraordinaire ! Jévoquais devant vous, à linstant, des déchirures de conflits mondiaux. Et les mêmes pays qui avaient été capables de se détruire eux-mêmes ont été suffisamment clairvoyants et lucides pour construire ensemble un continent. Et cette Europe qui sétait divisée à travers cette coupure qui sétait faite au lendemain de la Seconde guerre mondiale a été également capable, grâce à François Mitterrand et à Helmut Kohl en Allemagne, de trouver toutes les forces pour ne pas faire ressurgir les tensions ou les suspicions et permettre la réunification et de lAllemagne, et de lEurope. Formidable projet ! Quen ont-ils fait, avec cette dérive libérale, avec ces directives Wolkenstein ou autres que nous avons été conduits à combattre tant elles mettaient simplement des règles de concurrence plutôt que des règles demploi et de croissance ? Cette Europe qui dérive, qui ne sait pas quelle est, finalement, sa référence, qui exige des salariés quils fassent des efforts. Et cette Europe qui ne fait rien pour dompter la spéculation ou le capital. Eh bien elle ferait mieux de limiter les rémunérations maximum et dintroduire le salaire minimum partout en Europe ! Cest cette Europe-là qui à un moment a pu séparer à gauche les tenants du oui et les tenants du non. Cétait en 2005. Les uns, les autres, avec sûrement la même bonne foi, la même conscience mais pas la même réponse, voulaient faire avancer lEurope sur le chemin de la croissance, de la solidarité, de la cohésion. Eh bien je suis fier, aujourdhui, de rassembler ceux qui sétaient séparés hier, le oui, le non : aujourdhui, ils sont pour ma candidature au nom de la France et au nom de lEurope, pour un changement !
Ce changement est espéré, attendu bien au-delà de nos frontières. Dabord par les progressistes ils sont là, ils me le disent. Ils nous encouragent. Et je veux vous transmettre leur message. Ils nous disent : « Peuple de France, nous sommes dans lopposition. Nous attendons. Nous espérons. Faites le choix ! Faites le choix du changement ! Apportez-nous une autre direction de lEurope, parce que vous êtes la France, vous êtes une nation qui par votre histoire, par votre géographie, par le destin que vous a conféré notre intervention, a la capacité à être un pays fondateur. » Nous ne voulons pas imposer nos vues. Mais les Européens attendent de nous, peuple de France, que nous leur donnions une autre perspective, une autre direction, une autre orientation de lEurope. Rendez-vous compte de la responsabilité qui est la mienne, qui est la vôtre dans cette élection ! Alors jai annoncé que nous voulions renégocier le traité budgétaire qui avait été signé par les chefs dEtat et de gouvernement au mois de mars.
Non pas pour ne pas respecter les disciplines. Nous savons bien ce qui nous a été laissé comme dette et comme déficit par le candidat sortant et nous prendrons nos responsabilités. Mais parce que nous avons considéré que sans la croissance, sans une perspective industrielle, sans de nouveaux efforts de recherche, mais aussi de mobilisation de lenseignement supérieur, de linnovation, il ne pouvait pas y avoir de retour vers léquilibre, parce que nous avons besoin de croissance, demploi, dactivité. Et je ne céderai rien sur ce point.
Jai compris ces derniers jours, ces dernières heures, que le candidat sortant avait eu dun seul coup cela peut lui arriver un éclair de lucidité. Et voilà quil sen prend à la Banque centrale européenne ! Et voilà quil réclame que la Banque centrale intervienne pour soutenir la croissance. Mais qua-t-il fait pendant cinq ans ? Qua-t-il dit ? Qua-t-il changé ?
Il est temps que cette campagne se termine. Jai limpression quil va lire toutes nos propositions, les reprendre une à une. Lautre soir cétait sur lencadrement des loyers. Aujourdhui cest sur la Banque centrale. Avant-hier cétait sur les exilés fiscaux. Et puis, encore plus tard, il nous a parlé de limposition nécessaire des grandes entreprises. Il avait découvert il était bien temps quelles payaient moins dimpôts que les autres et que certaines nen payaient pas du tout. Une campagne électorale est utile. Cela permet à un candidat sortant de savoir ce quil na pas fait et ce quest létat de son pays. Eh bien nous allons lui dire, nous, le 6 mai, ce quil a à faire ! Ça y est, il en est informé. Il est prévenu. Mais à vous, à vous de vous mobiliser pour y parvenir.
Et puisque votre clameur va jusquà Paris, elle peut aller aussi jusquà Bruxelles. Et donc je proposerai à nos partenaires, au lendemain de lélection présidentielle, et dans la perspective du Conseil européen du mois de juin, un pacte de responsabilité de croissance et de responsabilité. La responsabilité, ce sera la nôtre, en France, de nous mettre en règle par rapport à ce quest la bonne gestion des finances publiques. Certains imaginent que Nicolas Sarkozy va partir avec la dette. Avant on pouvait craindre quun candidat sortant parte avec la caisse. Mais comme elle est vide, et même plus que vide, puisque nous sommes perclus de dettes et de déficits, il nous laissera la dette. Dautres imaginent, parfois par naïveté ou par illusion, quau prétexte que nous aurions gagné les élections, nous pourrions annuler les dettes. Eh bien non. Nous avons à assumer la continuité de lEtat. Nous avons à faire en sorte que la France se redresse. Cest notre mission, notre responsabilité. Ne pensez pas que lorsque la Droite est battue, la Gauche a dun seul coup toutes les vertus, toutes les possibilités. Ce serait trop simple. Quand la Droite est battue, ce nest pas la seule raison, cest quelle a mal géré. Et quand la Gauche arrive, le plus souvent, cest que la situation est difficile. Souvenez-vous en 1981, linflation à 14 % et le chômage qui grimpait. Souvenez-vous en 1997, Jacques Chirac avait dissous lAssemblée nationale parce quil ne parvenait plus, avec Alain Juppé, à rétablir les comptes. Il a fallu que ce soit Lionel Jospin qui sy colle. Et il la fait. Et il a redressé les finances publiques et il a qualifié la France pour participer à la monnaie unique. Eh bien encore aujourdhui, cest notre destin. Nous allons arriver et il va falloir réduire les déficits et maîtriser la dette. Cela, cest le pacte de responsabilité. Nous le dirons à nos amis européens. Mais en même temps nous leur dirons que ce pacte doit être un pacte de croissance. Chacun doit faire ses disciplines, sans doute. Mais ce sera tellement plus simple si nous mobilisons toutes nos énergies pour que la croissance soit plus forte. Ce sera la mise en place des euros bons, de cette capacité demprunt quest lEurope pour financer des grands travaux. Cela sera la mobilisation des fonds structurels vers lemploi, vers la formation des jeunes. Cela sera une politique dinnovation, de recherche, denseignement supérieur pour la jeunesse. Et pourquoi lEurope ne ferait pas de la jeunesse la grande cause pour les années qui viennent, elle aussi ?
Pacte de responsabilité de croissance et de solidarité, avec une taxe sur les opérations financières pour financer linvestissement et lemploi, avec une banque centrale qui plutôt que de prêter à 1 % aux banques, pour que ces banques prêtent peut-être aux Etats et aux entreprises ; ce ne serait pas plus simple que la banque centrale prête directement aux Etats pour couvrir un certain nombre de leurs risques et de leurs dettes souveraines ? Pacte de solidarité entre Européens mais solidarité aussi avec le Sud, avec les pays de la Méditerranée qui nous demandent, là encore, dêtre présents. Nous le serons, et dans leur intérêt et dans le nôtre. Solidarité aussi et ce sera mon action pour lutter contre la concurrence déloyale pour harmoniser nos règles fiscales, sociales dans lUnion européenne, pour que les entreprises étrangères à lUnion qui ne respectent pas les normes sociales, environnementales, soient découragées, et quil y ait une réciprocité dans les marchés publics. Là encore le candidat sortant la découvert à la fin de son mandat. Que na-t-il fait pour quun certain nombre de pays puissent enfin adopter les mêmes règles que les nôtres pour les marchés publics ? Nous mettrons aussi un mécanisme de contrôle des investissements étrangers, comme aux Etats-Unis, pour défendre un certain nombre de secteurs stratégiques. Moi je naccepte plus que certaines entreprises, parmi les plus brillantes, les plus innovantes, soient achetées par des fonds étrangers alors mêmes que ces entreprises ont été soutenues par la puissance publique, par les subventions, par les incitations fiscales, par nos chercheurs. Et là encore ce sera à la banque publique dinvestissement dapporter son concours.
Et puis nous mettrons en place une taxe carbone énergie climat aux frontières de lUnion pour participer nous aussi à la lutte contre le réchauffement climatique et financer également le développement sur lensemble de la planète. Voilà le changement auquel je vous appelle. Changement pour le travail, pour lemploi, pour la dignité humaine. Changement pour la France qui doit retrouver le redressement industriel. Changement pour lEurope qui doit de nouveau être capable de dominer la finance parce que si cette Europe a été capable de lutter contre ce qui nous séparait, elle doit être capable de lutter pour ce qui doit nous unir, les Européens, pour être plus forts que les marchés. Parce que la démocratie, elle doit être toujours plus forte que la finance.
Voilà mes chers amis, nous sommes à cinq jours. Et voilà cinq mois que jai commencé la campagne. Et ce qui est le plus troublant, cest de se dire que peut-être pendant cinq jours, les Français vont se décider, au dernier moment. Jai fait tout ce quil fallait, je le crois, avec vous, pour démontrer notre cohérence. Jai présenté 60 engagements, cétait au Bourget, pour le redressement de notre pays, redressement économique, industriel, financier, moral, parce que nous avons besoin, de nouveau, davoir confiance dans nos dirigeants, dans leurs comportements, dans leurs méthodes, dans leurs rapports avec les citoyens.
Nous devons nous retrouver sur une grande cause qui nous élève, qui nous permette au-delà de ce qui peut nous séparer, nous distinguer, selon nos lieux de résidence, selon nos revenus, ou selon nos rapports au travail. Oui, ce qui peut nous unir, cest la volonté davancer, de faire avancer notre pays. Le redressement ai-je dit, la justice, parce quil ny aura pas deffort sil nest pas partagé. Justice fiscale, ce sera la grande réforme que nous engagerons dès lété parce quil nous faut mettre les revenus du capital avec les mêmes règles que les revenus du travail en termes dimposition. Nous aurons à plafonner les niches fiscales, à rétablir limpôt sur la fortune, à faire cette réforme à la fois de la fiscalité des entreprises, de la fiscalité locale. Belle tâche que nous devons engager tout de suite, parce que nous risquerions de loublier en route. Il y a des réformes quil convient de faire en début de mandat, et de bien faire. Parce que quand on rate le début de mandat, il est rare quon réussisse la fin. Cest ce qui arrive au candidat sortant.
Encore que lui a été capable de rater le début, de ne pas réussir le milieu et jespère de connaître la sortie quil mérite. Justice, justice. Justice fiscale, justice sociale. Permettre à chacun de pouvoir se soigner dans la France daujourdhui, quand des millions, malgré la CMU, des millions de nos concitoyens renoncent à se soigner faute de revenus, ou faute de présence suffisante des professionnels de santé.
Eh bien nous remettrons la protection sociale au cur de la République parce que cest légalité fondamentale. Justice territoriale parce quoù que lon vive sur le territoire de la République on doit avoir les mêmes services publics, les mêmes hôpitaux, qui doivent être toujours regardés comme des services publics et non comme des entreprises. On doit avoir les mêmes conditions de vie, les mêmes chances de réussir. 60 engagements pour donner à la jeunesse toute sa place à travers lécole, oui lécole. Lécole qui a été abîmée pendant cinq ans et lécole qui sera relevée parce que moi jai confiance dans les personnels de lEducation nationale. Les réformes seront engagées, les emplois créés, et tout sera fait pour quaucun enfant de la République puisse être oublié, abandonné, relégué, écarté. Non. Tous les enfants de la République doivent être conduits à la réussite
Alors jai présenté ces 60 engagements et je my suis tenu. Je nai pas eu besoin chaque jour de la campagne de sortir une proposition nouvelle. Cela a pu marriver, en fonction des circonstances, quand jai découvert que des patrons indélicats sétaient rémunérés 34 % dans lannée 2010 au moment même où ils appelaient leurs salariés à la modération. Eh bien, on traitera ces cas de façon particulière avec une tranche maximale de 75 % au-delà du million deuros. Non pas quon veuille les spolier. Nous en avons besoin. Nous avons besoin de tous les talents. Nous avons besoin de tous les hommes et toutes les femmes qui veulent se consacrer au redressement de la France. Mais tout de même, il faut que lexemple vienne den haut pour quil soit compris den bas. Et cest ce que je ferai aussi pour les rémunérations du président de la République, du premier ministre et des membres du Gouvernement. Lexemple viendra den haut.
Et je nai pas eu besoin de sortir des propositions en fonction de sondages, qui peuvent aller, qui peuvent revenir. Quand je vois le candidat sortant, parfois je le plains. Cela ne doit pas être facile avec un bilan comme le sien, pas être facile non plus avec un parti comme le sien. Pas facile non plus avec un caractère comme le sien. Dure campagne. Alors chaque jour qui passe, il dépense notre argent. Dailleurs lautre jour il était en Corse. Un milliard cela nous a coûté. Aujourdhui, il est en Bretagne. Jespère que les Bretons seront servis mais ce que je peux dire, cest que nous, nous aurons à faire des promesses que nous tiendrons. Cest cela la différence.
Et les Français le savent. Ils sont lucides, ils sont conscients.
Ce quils reprochent au candidat sortant, cest de ne pas avoir tenu ce quil avait promis. Et moi, je nai pas le droit de vous décevoir ! Et je fais en sorte que ces 60 engagements que jai pris, ils soient respectés, ils soient honorés quelles que soient les circonstances, quels que soient les mouvements qui se produiront.
Jai dailleurs dit que tous les six mois, si jen ai le mandat par les Français, je rendrai compte de lactivité du nouveau gouvernement, du président de la République. Parce que cest la règle en démocratie, à chaque fois, être capable de dire où lon en est et de fixer la direction. Et le Premier ministre, tous les six mois aussi devant le Parlement, rendra compte de son activité. Cest ainsi que lon respecte la représentation nationale et les Français !
Depuis cinq mois et je ne varierai pas pour les cinq derniers jours jai veillé à la constance. Je nai pas fluctué selon les circonstances. Je nai pas plié sous la pression des uns, des autres. Je nai pas non plus cédé à la polémique où on voulait mentraîner, avec des attaques qui ne cessaient pas. On me disait quil fallait entrer dans un pugilat. Mais non, il faut savoir prendre un peu de distance et en même temps répondre et le moment est venu coup pour coup quand il sagira daffronter au second tour cette Droite qui ne veut pas sappeler la Droite, ce sortant qui veut maquiller son bilan et ce candidat qui cache son projet. Parce que nous savons bien ce qui se prépare sil était reconduit. Il ne le sera pas ! Mais sil létait ? Réfléchissez un moment. Prenez la mesure de ce que serait la situation du pays, cinq ans de plus, avec ces accords compétitivité emploi où laccord dentreprise serait, il la dit, supérieur à la loi ou à la convention collective.
Cen serait terminé de la durée légale du travail ! Projet caché avec des prélèvements qui ne sont pas nommés et qui seront sur tous les Français, avec cette TVA qui est votée, qui nest pas encore appliquée et ne sappliquera pas si nous en décidons !
Cohérence, constance, transparence. Moi, je nai rien maquillé, rien dissimulé. Tout ce que jai proposé a été évalué, chiffré, contesté. Et jai même, pour donner toutes les informations à nos concitoyens avant quils ne votent, dit ce que je ferais dans les premiers jours du mandat jusquau renouvellement de lAssemblée nationale : exemplarité de lEtat, pouvoir dachat supplémentaire à travers laugmentation de lallocation de rentrée scolaire, et ce décret que je prendrai pour le départ à la retraite de ceux qui ont cotisé 41 années. Voilà ce que nous ferions au début du quinquennat. Et ensuite, une fois que lAssemblée nationale aura été renouvelée Mais là encore, ne vous démobilisez pas, il y aura dautres combats, il nous faut avoir une majorité à lAssemblée nationale, et une majorité qui défendra le projet que jaurai présenté, parce que cest celui-là que nous aurons à appliquer ! Avec cette Assemblée, nous ferons les réformes fiscales, bancaires, territoriales, institutionnelles, et tant dautres choses ensemble.
Voilà, chers amis, ce que jétais venu vous dire à Lille. Il est possible que nous gagnions, mais ce nest pas sûr, sinon je ne serais pas devant vous ! Les Français vont faire un choix. Cest vrai quil y a toutes les raisons de penser quau second tour, ce sera entre la Gauche et la Droite, entre le candidat sortant et ce que je peux représenter aujourdhui. Chacun jugera. Ce que je vous dis, cest quil nest pas possible, après cinq ans cest quand même un délai suffisant cinq ans dans lhistoire dun pays, dans la vie dun homme, pour savoir ce quil est possible de faire que le candidat sortant fasse, dans les cinq ans qui viennent, différemment de ce quil a fait. Et sil avait pris lexacte mesure de la situation, comment pourrait-il reconstruire tout ce quil a défait ? Nous aurons à le faire, nous. Ce sera un choix de candidat, bien sûr, de personne, de démarche, de méthode, de conception de la République, un choix de projet. Et les Français doivent décider en connaissance de cause. Ils sont prêts à le faire. Je sens le mouvement. Je sens lespérance se lever. Mais je ne suis sûr de rien.
La Droite a peur. Je la comprends ! Alors, elle utilise la peur pour essayer de convaincre ceux qui doutent toujours il y en a du changement nécessaire. Il y a eu la peur de létranger. Comme dhabitude, mettre létranger pour diviser les Français. Ils ny parviendront pas !
Mais la peur quils veulent maintenant installer, cest celle de la spéculation, celle des marchés qui viendraient frapper notre pays. Ils lappellent, la spéculation : « Quelle vienne pour nous sauver » disent-ils ! Même les marchés ne bronchent pas. Lui saffole, pas encore les marchés. Mais moi, je naccepte pas que lon puisse essayer dutiliser lintérêt national. Parce que nous avons besoin dêtre protégés des marchés pour justifier la peur de lalternance. Les Français sont un peuple libre, ils se détermineront souverainement. Et ils auront beau agiter des spectres, des épouvantails, prévenir des catastrophes, nous savons bien, et depuis tant dannées, que cest ainsi que la Droite procède. Il y a 31 ans, quand la Gauche avec François Mitterrand sapprêtait à conquérir le pouvoir, le candidat sortant avait dit : « Attention, la France sera la Pologne de loccident ». Finalement il avait été devin, la Pologne a fini par entrer dans lUnion européenne. Et maintenant, ce nest plus la Pologne qui nous sert de repoussoir, cest lEspagne ! LEspagne a protesté en disant : « Quand même, nous méritons mieux que dêtre un contre-exemple ». Et cest vrai, nos amis espagnols luttent contre la spéculation et doivent être encouragés à le faire plutôt que dêtre regardés comme les mauvais élèves.
Aucune peur ne sera suffisante pour empêcher le mouvement, pour empêcher lalternance. En appelant la peur, les candidats qui le font battent en définitive en retraite. Mais alors, quelle serait la nouvelle crainte quils pourraient éventuellement installer dans les esprits ? Non, ce nest pas moi seulement mais peut-être, à y réfléchir ! Ce quils essayent de nous faire croire, maintenant, cest que la Gauche, si elle gagnait lélection présidentielle, aurait tous les pouvoirs. Les collectivités locales, cest vrai, nous les avons gagnées, nous les avons conquises, nous ne les avons pas prises par effraction ou par surprise ! Cest le suffrage universel qui nous a permis de diriger ces collectivités locales. Alors, nous aurions les collectivités locales et le Sénat cest bien la première fois dans lhistoire de la République ! Et nous naurions plus le droit de venir exercer la responsabilité de lEtat ? Mais au nom de quoi la Droite qui a occupé tous les pouvoirs pendant des décennies viendrait empêcher la Gauche, elle, de les exercer différemment delle ? Nous avons le respect de la démocratie, de léquilibre, de la justice, des institutions !
Mais le candidat sortant ajoute même dautres pouvoirs : le pouvoir médiatique. Cela mavait échappé ! Je ne savais pas que nous avions pris le pouvoir au Figaro par exemple ! Nous verrons bien à la lecture du numéro de demain matin ! Nous aurions aussi le pouvoir parmi les syndicats. Mais ce nest rien comprendre à ce que la démocratie sociale est en France ! Les syndicats sont indépendants, nous ne les contrôlons pas, ça se saurait ! Et moi, je respecte la séparation entre les syndicats et le pouvoir politique. Mais je veux rassurer la Droite : elle nest pas seule, elle est quand même soutenue par le Medef qui, par sa présidente, a dit que Nicolas Sarkozy « avait fait un boulot extraordinaire ». Elle la répété. Elle nest pas seule, elle est soutenue par les patrons, par la finance. Cela doit servir ! Et jai même appris je veux vous en faire confidence que dimanche dernier, lorsquils se réunissaient à la Concorde, un certain nombre de grandes fortunes de France sétaient installées à lhôtel Grillon, en face. Ils ont bien le droit. Cétait le club des donateurs de la campagne présidentielle ! Ils sétaient installés ça ne sinvente pas ! dans le salon Marie-Antoinette ! Voilà ce qui résume un quinquennat : il avait commencé dans un grand restaurant et il finit dans un grand hôtel. Et dans les deux cas, cest avec les mêmes personnes, les mêmes convives que le candidat sortant avait commencé son mandat et que le président sortant va le terminer.
Et ne croyez pas que la Droite va lâcher le pouvoir comme cela, quelle va nous dire : « Nous nen pouvons plus, prenez, invitez-vous, lélection est jouée ». Elle nest pas jouée ! Et gardez-vous de leuphorie, gardez-vous de ce sentiment quavant même lélection, les sondages nous auraient proclamés élus. Mais vous navez pas de mémoire ! Vous ne vous souvenez pas combien ce type dillusion nous a coûté dans le passé ! Rien nest décidé avant que les bulletins de vote naient été mis dans lurne, comptés et ensuite décomptés pour savoir qui a gagné le scrutin.
Il nous reste cinq jours pour appeler au vote, pour convaincre un certain nombre de nos concitoyens qui ne croient plus en la politique, qui se sont détournés du suffrage souvent les plus modestes, les plus pauvres, les plus désespérés, qui se disent : « Mais quest-ce que ça changera si ce sont les uns ou les autres qui dirigent le pays ? ». Eh bien, nous devons leur dire que leur intérêt de citoyens, cest de croire en lavenir. Et sils ne sont pas satisfaits de ceux qui sont en place depuis trop dannées, quils prennent ceux qui se préparent à exercer la responsabilité du pays !
Nous devons aussi aller chercher ceux qui, hélas, sont allés jusquà donner leur intention à un parti qui est le contraire des valeurs de la République. Comment, là encore, des hommes et des femmes, souvent dans des tâches laborieuses, qui ont été abandonnés parfois par des entrepreneurs indélicats ou des sociétés mues par le seul profit, pourraient donner leur confiance à un parti qui na jamais jamais ! été au service du progrès social, de la dignité humaine et des libertés individuelles ?
Oui, cinq jours pour faire comprendre cette chose simple à des électeurs qui me disent : « Nous serons là pour le second tour ». Tant mieux ! Mais cest au premier tour que cela doit se décider. Tous ceux qui essayent de faire compliqué quand ça doit être simple ! Et la question, elle se pose aussi clairement que cela : la victoire vous la voulez ? (Oui !) Eh bien, cest au premier tour quil faut la prononcer ! Lalternance, vous la voulez ? (Oui !) Eh bien, cest le 22 avril quil faut en décider ! Et le changement, vous le voulez ? (Oui !) Eh bien, cest dimanche quil faut le créer ! Allez-y ! Faites-le ! Je suis ici dans le Nord Pas-de-Calais, la grande région du socialisme, du mouvement ouvrier. Faites en sorte de me donner le meilleur résultat possible au premier tour, pour être fidèles à votre histoire et conscients de votre avenir de grande région pour le pays !
Je veux ici même à Lille poursuivre la belle aventure de la Gauche quand elle rencontre la France et quand elle se hisse au niveau de la grandeur de notre Nation et de la force de ses aspirations. Un mouvement se lève. Rien ne doit larrêter ! Rien ne doit lempêcher ! Je dois aller jusquau bout de la mission que vous mavez confiée : gagner lélection présidentielle et réussir à faire avancer le pays. Je vous le demande ! Cest dimanche quil faut faire ce choix. Le choix pour la République, le choix pour la France, le choix pour notre idéal !
A dimanche ! A dimanche pour la victoire !
Source http://francoishollande.fr, le 25 avril 2012
Merci dêtre venus aussi nombreux, ce soir, à Lille, cette ville qui compte tant de personnalités exceptionnelles. Plus exceptionnel encore que dautres, Pierre Mauroy qui fut maire de Lille pendant plus de 30 ans et qui fut aussi et surtout en 1981 le premier Premier ministre de François Mitterrand. Le Premier ministre de lalternance, le Premier ministre du changement, le Premier ministre de lunion de la Gauche ! Merci, Pierre Mauroy. Jexprime ici notre gratitude. Je sais quil mentend et quil sera encore présent à nos côtés. Je remercie Martine Aubry de maccueillir comme maire de Lille, une ville quelle a continué de transformer et de tourner vers lavenir. Je salue Martine Aubry, première Secrétaire du Parti socialiste. Un parti que je connais bien et que jai dirigé pendant plus de dix ans. Jen sais, je lai rappelé ici, les grandeurs, les vicissitudes.
Mais sans le Parti socialiste, il ny a pas de changement possible aujourdhui en France ! Ces militants ici rassemblés, ces sympathisants, ces électeurs, tout ce qui a fait quaujourdhui lalternance est possible ! Je remercie Martine Aubry davoir permis le rassemblement au lendemain des primaires citoyennes, davoir engagé le mouvement avec celles et ceux qui avaient été candidats dans ces primaires et qui sont ici avec nous pour gagner aujourdhui ! Rassemblement de toutes les personnalités qui ont fait la fierté de notre engagement, et lhonneur de nos gouvernements : Lionel Jospin, Laurent Fabius et tant de ministres qui ont servi sous les présidences de François Mitterrand ou sous le gouvernement de Lionel Jospin. Et ce rassemblement, nous lavons élargi aux Radicaux de Gauche Jean-Michel Baylet , à ceux de culture communiste Robert Hue , et à toutes celles et à tous ceux qui veulent aujourdhui permettre lalternance, la réussite, le changement. Ce rassemblement, il est notre force. Rassembler les Socialistes, rassembler la Gauche, rassembler les Français. Il ny a pas dautre leçon que jai apprise de François Mitterrand, la leçon de la victoire !
Certains, je les entends, voudraient que la Gauche se divise, se désunisse, se désarticule. Je leur dis calmement : ils ny parviendront pas ! Il ny aura pas la Gauche contre la Gauche ! La Gauche de la protestation contre la Gauche du gouvernement, la Gauche des cortèges contre la Gauche des ministères, la Gauche de lidéal contre la Gauche du réel. Non, je my refuse ! Il ny a pas deux Gauche, il y a une Gauche qui veut gagner, qui veut diriger, qui veut rassembler les Français.
Je veux lunion. Les citoyens la veulent. Les électeurs la réclament. Nous la ferons, cette union ! Mais mon devoir, candidat du Parti socialiste, soutenu par les forces de Gauche qui ont bien compris lutilité de ma candidature pour gagner, mon devoir cest de réussir. Ce nest pas de témoigner pour attendre. Mais attendre quoi ? Attendre encore cinq ans ? Non, cest tout de suite que nous devons gagner !
Je ne prépare rien dautre que la victoire et ensuite, la transformation de notre pays. Je veux agir. Je ne veux pas simplement protester, résister, contester. Non, je veux réformer notre pays, le faire avancer, lui trouver une nouvelle fois la capacité de chercher des conquêtes en lui-même, de valoriser ses atouts, de défendre ses valeurs. Il y a urgence ! Cest là, dans cinq jours, que nous allons décider de notre destin : destin pour la France, destin pour lEurope. Cinq jours pour que les Français comprennent bien le message que je porte ici à Lille : cest le premier tour qui va emporter tout, le mouvement qui va se lever, la conquête qui va sannoncer !
Chaque fois que je traverse les foules, jentends les mêmes messages, les mêmes paroles. « Courage ! », me dit-on. Mais le courage, je laurai jusquau bout pour vous porter à la victoire ! « Tenez bon », me dit-on. Mais je ne lâcherai rien, parce que je nai quun devoir : vous faire gagner, vous faire réussir, vous emmener ! Mais jai besoin aussi quune levée en masse se fasse, dès le premier tour de lélection présidentielle. Nattendez pas ! Faites-le tout de suite. Engagez le processus. Il sera irréversible, irrépressible, irrésistible.
Je salue aussi dautres Socialistes que les Socialistes français parce que nous appartenons à un grand mouvement qui ne se limite pas à nos frontières : un grand mouvement européen, international. Merci Thierry Giet dêtre là au nom des Socialistes belges. Merci à toi Elio di Rupo, mon ami. Nous avons, Elio et moi, siégé pendant tant dannées dans des réunions du Parti socialiste européen où nous préparions des décisions prises par dautres ! Eh bien aujourdhui, tu es au Conseil européen et je veux te retrouver le plus vite possible autour de la table du Conseil européen !
Une fois encore, et cest dimanche, la France va rencontrer son destin. Lenjeu, cest notre pays. Cest de poursuivre la longue marche de lhistoire. Cette histoire que vous connaissez bien, que vous avez faite ici dans le nord. Cette histoire, cest le combat engagé de ceux qui vivent de leur travail et dont le seul patrimoine sappelle la sécurité sociale. Cest le combat de ceux qui attendent tant de la promesse républicaine pour leurs enfants, cette promesse que nous avons reçue de nos grands-parents ou de nos parents, qui voulaient que nous vivions mieux queux. Cette promesse que nous devons honorer pour nos propres enfants, petits-enfants, qui doivent vivre mieux que nous parce que cela sappelle le progrès ! Cela sappelle lhumanité ! Cest le rêve français, celui que nous partageons depuis que la République est là : ce rêve de vivre mieux, ce rêve davancer, de ne jamais rien céder malgré les épreuves et ladversité.
Je ne laisserai jamais dire que la valeur travail appartiendrait à la Droite quand le chômage frappe 4 millions de nos concitoyens, quand la précarité sétend et touche notamment les plus jeunes, quand ceux qui travaillent dur au service des autres les infirmières, les aides-soignantes, les enseignants, les assistantes sociales ne reçoivent pas des dirigeants de notre pays la considération qui leur est due, quand des rémunérations indécentes sont versées à des patrons qui nont pas mérité par leur seul travail de recevoir ces sommes. Eh bien la Droite nest pas qualifiée pour nous faire la leçon ! Elle ajoute dailleurs le cynisme à léchec. Non ! Cest la Gauche qui doit promouvoir le travail, la dignité qui sy attache et lemploi indispensable tant attendu, ici dans cette région comme partout en France.
Nous poursuivons depuis tant de décennies le combat pour la justice, légalité humaine. Nous nacceptons pas la misère, la pauvreté. Elles nont pas disparu. Je relisais Victor Hugo, un de ses discours quil avait prononcé à la Chambre des députés, au milieu du XIXe siècle, discours qui sappelle « les caves de Lille », où il décrivait les conditions de vie des enfants, des familles, ici même dans cette ville, dans cette région. Eh bien, un siècle et demi après, la France nest pas encore débarrassée de la pauvreté, de la misère, de linjustice. Eh bien cest notre combat ! Comme cela a été le combat, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, de ceux qui sétaient levés dans la Résistance et qui nous ont laissé un programme accompli, encore inachevé, et remis en cause depuis cinq ans !
Nous avons ce devoir de reprendre la marche. Il ne sagit pas, pour ceux qui sont dans cette situation de pauvreté et de précarité, dassistés. Non ! Beaucoup de ceux-là travaillent. Mais trop peu pour atteindre un niveau de vie suffisant. Et je pense aussi aux jeunes condamnés à lintermittence, à lintérim, à la précarité. Et je sais aussi ce quest la condition des femmes qui en plus, souvent, affrontent la vie familiale parfois seules. Alors devant cette situation, nous, nous avons dans cette élection le devoir de rappeler le combat pour la dignité du travail, le droit de faire de son travail une émancipation et aussi laffirmation de sa condition.
Le combat de 2012, cest de ne pas accepter quen France un ouvrier ait une espérance de vie inférieure de plus de huit ans à celle dun cadre. Et cest pourquoi je rétablirai la retraite à 60 ans pour ceux dont les carrières ont été longues, dures, pénibles, difficiles.
Le combat de 2012, cest de préserver le principe du repos dominical, cest-à-dire de permettre aux travailleurs de consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la liberté. Et jy veillerai !
Le combat de 2012, cest de lutter contre le travail précaire, contre la multiplication de ces contrats qui ne contractualisent rien, contre labus indécent des stages non rémunérés, des intérims, contre ce travail qui nest pas de lemploi.
Le combat de 2012, cest de lutter contre la souffrance au travail, partout, y compris dans les entreprises publiques.
Le combat de 2012, cest de lutter contre les discriminations à lembauche.
Le combat de 2012, cest de donner toute leur place aux personnes handicapées qui doivent aussi saccomplir par le travail.
Le combat de 2012, cest de rémunérer le travail à son prix et de valoriser lintervention de louvrier, de lartisan, du technicien qui avec leurs mains fabriquent la richesse de la Nation et doivent comprendre, doivent savoir que si nous sommes demain aux responsabilités, ils seront considérés, respectés et valorisés.
Le combat de 2012, cest de lutter pour légalité professionnelle des femmes avec les hommes. Même travail, même salaire ! Même diplôme, même rémunération !
Le combat de 2012, cest de rendre au dialogue social toute sa place, toute sa légitimité. Et cest la raison pour laquelle jinscrirai avec le Parlement dans la Constitution la reconnaissance de la démocratie sociale qui est indispensable si lon veut que lintérêt général puisse être servi, au-delà de la démocratie politique, par des forces sociales organisées, patronales comme syndicales. Et moi, je respecte les syndicats ! Attaquer les syndicats cest, en définitive, atteindre les travailleurs qui leur ont donné mandat de les défendre.
Le combat de 2012, cest de permettre à des salariés ou plutôt à leurs représentants dêtre élus dans les conseils dadministration des grandes entreprises pour pouvoir dire leur mot et avoir linformation indispensable. Cela sappelle, tout simplement, la démocratie.
Voilà notre combat ! Il nest pas épuisé ! Nous ne sommes pas les héritiers de thèses qui auraient été dépassées. Nous navons pas accompli notre devoir. Tant de génération se sont mobilisées pour de grandes causes et la nôtre a également une belle mission : permettre à la génération qui arrive de vivre mieux. Permettre le progrès. Permettre légalité. Permettre la justice. Mais aussi, parce que nous sommes dans une crise, parce que notre pays a été affaibli, parce que lEurope a mis trop de temps pour se mettre en ordre, parce que le monde est touché par la spéculation et par la finance, nous avons aussi la mission de redresser la France, de redresser la production, la croissance, lactivité, lindustrie. Lindustrie ! Ici, cest une part de votre histoire, de votre identité. Tant de travailleurs se sont dévoués, nés ici ou venus dailleurs. Polonais, Belges, Italiens, Marocains, Algériens, Africains sont venus ici travailler dans les usines. Vous savez ce quest une grande industrie : le labeur, linvestissement productif, la belle tâche qui est de façonner des produits avec des technologies sans cesse nouvelles. Moi, je ne veux pas dune France sans usines, ni dusines sans ouvriers. Je ne veux pas dune France sans bureaux détudes, sans laboratoires de recherche. Je ne veux pas dune France qui achèterait davantage de produits quelle nen vendrait aux autres pays. Je ne veux pas dune France dépendante, dune France soumise ! Je ne veux pas non plus, dans la mondialisation, dune France reléguée comme une puissance secondaire, spectatrice. Je naccepte pas la perspective dune France condamnée à assembler ce qui serait fabriqué à lautre bout de la planète !
Non ! La crise est venue de cet oubli de léconomie réelle, de cette place disproportionnée des services, de la finance, de ce qui ne crée pas toujours la valeur nécessaire pour créer de lemploi et de lactivité. Ceux qui ont laissé cette finance sinstaller, ceux qui ont libéralisé sans règles la mondialisation, ceux qui ont mis partout en Europe une concurrence sans projet de croissance, ceux-là ont manqué à leur devoir. Et ceux-là, cest la Droite coalisée en Europe et cest la Droite au pouvoir en France ! Partout où je me déplace, je mesure cette véritable saignée des emplois industriels : 400 000 ont été rayés de la carte depuis cinq ans, près de 800 000 en dix ans. Rien que ces trois dernières années, 900 usines ont fermé. Et derrière ces chiffres, quy a-t-il ? Des ateliers qui ferment, des hommes et des femmes dont le savoir-faire était reconnu jetés en dehors de leurs usines, des brevets qui sen vont et une région qui peut craindre pour son avenir. Eh bien non, nous arrivons ! Nous serons là et nous redonnerons une perspective industrielle à la France !
Mais il nous faut bien plus que changer de président cest nécessaire. Cest le passage obligé. Cest le préalable. Cest la condition. Nous ne pouvons pas imaginer une politique différente avec le même président. Lui-même essaie de faire comprendre quil naurait pas été, jusque-là, président. Dune certaine façon, cest un peu vrai ! Mais comment pourrait-il, pour les cinq prochaines années, faire différemment de ce quil a déjà fait depuis cinq ans ou plutôt de ce quil a défait ? Nous devons changer de président, sûrement ! Changer de politique, assurément ! Mais changer de logique. Et cest ce que je propose.
Changer de logique, cest en finir avec les aides de lEtat aux entreprises sans contrepartie.
Changer de logique, cest créer par exemple un contrat de relocalisation qui permettra dapporter un soutien public pour des engagements précis en faveur de lemploi, de la présence sur le territoire, de linvestissement, de la formation des salariés, du respect des délais de paiement avec les sous-traitants. Voilà ce qui permettra de réinstaller des entreprises sur le territoire. Et nous le ferons avec les régions ici, avec les régions Nord-Pas-de-Calais et Daniel Percheron.
Changer de logique, cest en terminer avec un chômage qui frappe les plus jeunes et qui écarte les plus anciens. Et cest ma proposition de contrat de génération, qui permettra à un employeur qui garde un sénior le temps quil puisse accéder à lentraide et qui embauche un jeune mais avec un contrat à durée indéterminée , de ne plus payer de cotisations sociales sur les deux emplois.
Changer de logique, cest en finir avec un système où les grands groupes paient moins dimpôt sur les sociétés en proportion que les petites et moyennes entreprises. Et cest pourquoi jintroduirai une modulation de limpôt sur les sociétés : 15 % sur les plus petites, 30 % sur les moyennes et 35 % pour les plus grandes. Et je modulerai aussi cet impôt sur les sociétés, qui sera plus haut si le bénéfice est distribué aux actionnaires mais plus bas sil est réinvesti dans lentreprise.
Changer de logique, cest mobiliser lépargne, lépargne populaire mais pour lemploi, pour lemploi et pour lindustrie. Cest le sens du livret dépargne que je propose, dont lensemble des dépôts sera affecté aux décisions dinvestissement des PME qui les attendent.
Changer de logique, cest faciliter laccès à la commande publique, justement, de ces petites et moyennes entreprises.
Changer de logique, cest en finir avec un système bancaire où largent sert la spéculation et non la production, la rente et non linvestissement, les profits et non les embauches. Doù ma proposition de réforme bancaire que nous voterons dès lété et qui séparera dans lactivité de toutes les banques ce qui relève du dépôt et du crédit qui doit être encouragé, stimulé de ce qui relève de la spéculation et qui doit être au risque de ceux qui la décident, avec leur propre argent et non avec le nôtre !
Changer de logique, cest interdire les produits financiers qui sont autant de vecteurs pour des rentes insupportables ou des calculs qui finalement spéculent sur des valeurs qui nont plus rien à voir avec léconomie réelle.
Changer de logique, cest aussi engager une grande politique industrielle autour de nos grandes filières. Nos grandes entreprises, cest une chance, cest un atout à condition de les inscrire dans une perspective de moyen et de long termes, pour la diversification énergétique, pour laéronautique, pour lespace, pour les transports, pour le numérique, pour la santé, pour lagroalimentaire. Nous avons là des entreprises performantes. Défendons-les ! Développons-les ! Redressons-les ! Et ce sera tout lenjeu de la banque publique dinvestissement que nous créerons pour accompagner les entreprises qui investiront dans ces secteurs.
Changer de logique, cest réinvestir dans la croissance verte, dans la transition énergétique, écologique, qui est un défi en ce début de XXIe siècle, parce que nous devons trouver dautres ressources que celles du pétrole, nous rendre moins dépendant du nucléaire tout en faisant monter les énergies renouvelables et les économies de toute sorte en matière de consommation dénergie, et de nouveaux modes de transports urbains, mais aussi le véhicule propre. Bref, tout ce qui va faire léconomie de demain.
Changer de logique, cest investir dans la formation, dans léducation, dans la qualification. Pour tout dire, dans lécole qui est notre atout maître , dans la connaissance, dans la recherche, dans les savoirs.
Changer de logique, cest aussi changer lorientation de lEurope. Mes chers amis, jamais une élection en France naura autant pesé sur lavenir de lEurope. Je suis européen. Tous mes engagements depuis que je suis entré en politique ont été marqués par la volonté de bâtir, de construire une Europe de solidarité, de progrès. LEurope est une aventure extraordinaire ! Jévoquais devant vous, à linstant, des déchirures de conflits mondiaux. Et les mêmes pays qui avaient été capables de se détruire eux-mêmes ont été suffisamment clairvoyants et lucides pour construire ensemble un continent. Et cette Europe qui sétait divisée à travers cette coupure qui sétait faite au lendemain de la Seconde guerre mondiale a été également capable, grâce à François Mitterrand et à Helmut Kohl en Allemagne, de trouver toutes les forces pour ne pas faire ressurgir les tensions ou les suspicions et permettre la réunification et de lAllemagne, et de lEurope. Formidable projet ! Quen ont-ils fait, avec cette dérive libérale, avec ces directives Wolkenstein ou autres que nous avons été conduits à combattre tant elles mettaient simplement des règles de concurrence plutôt que des règles demploi et de croissance ? Cette Europe qui dérive, qui ne sait pas quelle est, finalement, sa référence, qui exige des salariés quils fassent des efforts. Et cette Europe qui ne fait rien pour dompter la spéculation ou le capital. Eh bien elle ferait mieux de limiter les rémunérations maximum et dintroduire le salaire minimum partout en Europe ! Cest cette Europe-là qui à un moment a pu séparer à gauche les tenants du oui et les tenants du non. Cétait en 2005. Les uns, les autres, avec sûrement la même bonne foi, la même conscience mais pas la même réponse, voulaient faire avancer lEurope sur le chemin de la croissance, de la solidarité, de la cohésion. Eh bien je suis fier, aujourdhui, de rassembler ceux qui sétaient séparés hier, le oui, le non : aujourdhui, ils sont pour ma candidature au nom de la France et au nom de lEurope, pour un changement !
Ce changement est espéré, attendu bien au-delà de nos frontières. Dabord par les progressistes ils sont là, ils me le disent. Ils nous encouragent. Et je veux vous transmettre leur message. Ils nous disent : « Peuple de France, nous sommes dans lopposition. Nous attendons. Nous espérons. Faites le choix ! Faites le choix du changement ! Apportez-nous une autre direction de lEurope, parce que vous êtes la France, vous êtes une nation qui par votre histoire, par votre géographie, par le destin que vous a conféré notre intervention, a la capacité à être un pays fondateur. » Nous ne voulons pas imposer nos vues. Mais les Européens attendent de nous, peuple de France, que nous leur donnions une autre perspective, une autre direction, une autre orientation de lEurope. Rendez-vous compte de la responsabilité qui est la mienne, qui est la vôtre dans cette élection ! Alors jai annoncé que nous voulions renégocier le traité budgétaire qui avait été signé par les chefs dEtat et de gouvernement au mois de mars.
Non pas pour ne pas respecter les disciplines. Nous savons bien ce qui nous a été laissé comme dette et comme déficit par le candidat sortant et nous prendrons nos responsabilités. Mais parce que nous avons considéré que sans la croissance, sans une perspective industrielle, sans de nouveaux efforts de recherche, mais aussi de mobilisation de lenseignement supérieur, de linnovation, il ne pouvait pas y avoir de retour vers léquilibre, parce que nous avons besoin de croissance, demploi, dactivité. Et je ne céderai rien sur ce point.
Jai compris ces derniers jours, ces dernières heures, que le candidat sortant avait eu dun seul coup cela peut lui arriver un éclair de lucidité. Et voilà quil sen prend à la Banque centrale européenne ! Et voilà quil réclame que la Banque centrale intervienne pour soutenir la croissance. Mais qua-t-il fait pendant cinq ans ? Qua-t-il dit ? Qua-t-il changé ?
Il est temps que cette campagne se termine. Jai limpression quil va lire toutes nos propositions, les reprendre une à une. Lautre soir cétait sur lencadrement des loyers. Aujourdhui cest sur la Banque centrale. Avant-hier cétait sur les exilés fiscaux. Et puis, encore plus tard, il nous a parlé de limposition nécessaire des grandes entreprises. Il avait découvert il était bien temps quelles payaient moins dimpôts que les autres et que certaines nen payaient pas du tout. Une campagne électorale est utile. Cela permet à un candidat sortant de savoir ce quil na pas fait et ce quest létat de son pays. Eh bien nous allons lui dire, nous, le 6 mai, ce quil a à faire ! Ça y est, il en est informé. Il est prévenu. Mais à vous, à vous de vous mobiliser pour y parvenir.
Et puisque votre clameur va jusquà Paris, elle peut aller aussi jusquà Bruxelles. Et donc je proposerai à nos partenaires, au lendemain de lélection présidentielle, et dans la perspective du Conseil européen du mois de juin, un pacte de responsabilité de croissance et de responsabilité. La responsabilité, ce sera la nôtre, en France, de nous mettre en règle par rapport à ce quest la bonne gestion des finances publiques. Certains imaginent que Nicolas Sarkozy va partir avec la dette. Avant on pouvait craindre quun candidat sortant parte avec la caisse. Mais comme elle est vide, et même plus que vide, puisque nous sommes perclus de dettes et de déficits, il nous laissera la dette. Dautres imaginent, parfois par naïveté ou par illusion, quau prétexte que nous aurions gagné les élections, nous pourrions annuler les dettes. Eh bien non. Nous avons à assumer la continuité de lEtat. Nous avons à faire en sorte que la France se redresse. Cest notre mission, notre responsabilité. Ne pensez pas que lorsque la Droite est battue, la Gauche a dun seul coup toutes les vertus, toutes les possibilités. Ce serait trop simple. Quand la Droite est battue, ce nest pas la seule raison, cest quelle a mal géré. Et quand la Gauche arrive, le plus souvent, cest que la situation est difficile. Souvenez-vous en 1981, linflation à 14 % et le chômage qui grimpait. Souvenez-vous en 1997, Jacques Chirac avait dissous lAssemblée nationale parce quil ne parvenait plus, avec Alain Juppé, à rétablir les comptes. Il a fallu que ce soit Lionel Jospin qui sy colle. Et il la fait. Et il a redressé les finances publiques et il a qualifié la France pour participer à la monnaie unique. Eh bien encore aujourdhui, cest notre destin. Nous allons arriver et il va falloir réduire les déficits et maîtriser la dette. Cela, cest le pacte de responsabilité. Nous le dirons à nos amis européens. Mais en même temps nous leur dirons que ce pacte doit être un pacte de croissance. Chacun doit faire ses disciplines, sans doute. Mais ce sera tellement plus simple si nous mobilisons toutes nos énergies pour que la croissance soit plus forte. Ce sera la mise en place des euros bons, de cette capacité demprunt quest lEurope pour financer des grands travaux. Cela sera la mobilisation des fonds structurels vers lemploi, vers la formation des jeunes. Cela sera une politique dinnovation, de recherche, denseignement supérieur pour la jeunesse. Et pourquoi lEurope ne ferait pas de la jeunesse la grande cause pour les années qui viennent, elle aussi ?
Pacte de responsabilité de croissance et de solidarité, avec une taxe sur les opérations financières pour financer linvestissement et lemploi, avec une banque centrale qui plutôt que de prêter à 1 % aux banques, pour que ces banques prêtent peut-être aux Etats et aux entreprises ; ce ne serait pas plus simple que la banque centrale prête directement aux Etats pour couvrir un certain nombre de leurs risques et de leurs dettes souveraines ? Pacte de solidarité entre Européens mais solidarité aussi avec le Sud, avec les pays de la Méditerranée qui nous demandent, là encore, dêtre présents. Nous le serons, et dans leur intérêt et dans le nôtre. Solidarité aussi et ce sera mon action pour lutter contre la concurrence déloyale pour harmoniser nos règles fiscales, sociales dans lUnion européenne, pour que les entreprises étrangères à lUnion qui ne respectent pas les normes sociales, environnementales, soient découragées, et quil y ait une réciprocité dans les marchés publics. Là encore le candidat sortant la découvert à la fin de son mandat. Que na-t-il fait pour quun certain nombre de pays puissent enfin adopter les mêmes règles que les nôtres pour les marchés publics ? Nous mettrons aussi un mécanisme de contrôle des investissements étrangers, comme aux Etats-Unis, pour défendre un certain nombre de secteurs stratégiques. Moi je naccepte plus que certaines entreprises, parmi les plus brillantes, les plus innovantes, soient achetées par des fonds étrangers alors mêmes que ces entreprises ont été soutenues par la puissance publique, par les subventions, par les incitations fiscales, par nos chercheurs. Et là encore ce sera à la banque publique dinvestissement dapporter son concours.
Et puis nous mettrons en place une taxe carbone énergie climat aux frontières de lUnion pour participer nous aussi à la lutte contre le réchauffement climatique et financer également le développement sur lensemble de la planète. Voilà le changement auquel je vous appelle. Changement pour le travail, pour lemploi, pour la dignité humaine. Changement pour la France qui doit retrouver le redressement industriel. Changement pour lEurope qui doit de nouveau être capable de dominer la finance parce que si cette Europe a été capable de lutter contre ce qui nous séparait, elle doit être capable de lutter pour ce qui doit nous unir, les Européens, pour être plus forts que les marchés. Parce que la démocratie, elle doit être toujours plus forte que la finance.
Voilà mes chers amis, nous sommes à cinq jours. Et voilà cinq mois que jai commencé la campagne. Et ce qui est le plus troublant, cest de se dire que peut-être pendant cinq jours, les Français vont se décider, au dernier moment. Jai fait tout ce quil fallait, je le crois, avec vous, pour démontrer notre cohérence. Jai présenté 60 engagements, cétait au Bourget, pour le redressement de notre pays, redressement économique, industriel, financier, moral, parce que nous avons besoin, de nouveau, davoir confiance dans nos dirigeants, dans leurs comportements, dans leurs méthodes, dans leurs rapports avec les citoyens.
Nous devons nous retrouver sur une grande cause qui nous élève, qui nous permette au-delà de ce qui peut nous séparer, nous distinguer, selon nos lieux de résidence, selon nos revenus, ou selon nos rapports au travail. Oui, ce qui peut nous unir, cest la volonté davancer, de faire avancer notre pays. Le redressement ai-je dit, la justice, parce quil ny aura pas deffort sil nest pas partagé. Justice fiscale, ce sera la grande réforme que nous engagerons dès lété parce quil nous faut mettre les revenus du capital avec les mêmes règles que les revenus du travail en termes dimposition. Nous aurons à plafonner les niches fiscales, à rétablir limpôt sur la fortune, à faire cette réforme à la fois de la fiscalité des entreprises, de la fiscalité locale. Belle tâche que nous devons engager tout de suite, parce que nous risquerions de loublier en route. Il y a des réformes quil convient de faire en début de mandat, et de bien faire. Parce que quand on rate le début de mandat, il est rare quon réussisse la fin. Cest ce qui arrive au candidat sortant.
Encore que lui a été capable de rater le début, de ne pas réussir le milieu et jespère de connaître la sortie quil mérite. Justice, justice. Justice fiscale, justice sociale. Permettre à chacun de pouvoir se soigner dans la France daujourdhui, quand des millions, malgré la CMU, des millions de nos concitoyens renoncent à se soigner faute de revenus, ou faute de présence suffisante des professionnels de santé.
Eh bien nous remettrons la protection sociale au cur de la République parce que cest légalité fondamentale. Justice territoriale parce quoù que lon vive sur le territoire de la République on doit avoir les mêmes services publics, les mêmes hôpitaux, qui doivent être toujours regardés comme des services publics et non comme des entreprises. On doit avoir les mêmes conditions de vie, les mêmes chances de réussir. 60 engagements pour donner à la jeunesse toute sa place à travers lécole, oui lécole. Lécole qui a été abîmée pendant cinq ans et lécole qui sera relevée parce que moi jai confiance dans les personnels de lEducation nationale. Les réformes seront engagées, les emplois créés, et tout sera fait pour quaucun enfant de la République puisse être oublié, abandonné, relégué, écarté. Non. Tous les enfants de la République doivent être conduits à la réussite
Alors jai présenté ces 60 engagements et je my suis tenu. Je nai pas eu besoin chaque jour de la campagne de sortir une proposition nouvelle. Cela a pu marriver, en fonction des circonstances, quand jai découvert que des patrons indélicats sétaient rémunérés 34 % dans lannée 2010 au moment même où ils appelaient leurs salariés à la modération. Eh bien, on traitera ces cas de façon particulière avec une tranche maximale de 75 % au-delà du million deuros. Non pas quon veuille les spolier. Nous en avons besoin. Nous avons besoin de tous les talents. Nous avons besoin de tous les hommes et toutes les femmes qui veulent se consacrer au redressement de la France. Mais tout de même, il faut que lexemple vienne den haut pour quil soit compris den bas. Et cest ce que je ferai aussi pour les rémunérations du président de la République, du premier ministre et des membres du Gouvernement. Lexemple viendra den haut.
Et je nai pas eu besoin de sortir des propositions en fonction de sondages, qui peuvent aller, qui peuvent revenir. Quand je vois le candidat sortant, parfois je le plains. Cela ne doit pas être facile avec un bilan comme le sien, pas être facile non plus avec un parti comme le sien. Pas facile non plus avec un caractère comme le sien. Dure campagne. Alors chaque jour qui passe, il dépense notre argent. Dailleurs lautre jour il était en Corse. Un milliard cela nous a coûté. Aujourdhui, il est en Bretagne. Jespère que les Bretons seront servis mais ce que je peux dire, cest que nous, nous aurons à faire des promesses que nous tiendrons. Cest cela la différence.
Et les Français le savent. Ils sont lucides, ils sont conscients.
Ce quils reprochent au candidat sortant, cest de ne pas avoir tenu ce quil avait promis. Et moi, je nai pas le droit de vous décevoir ! Et je fais en sorte que ces 60 engagements que jai pris, ils soient respectés, ils soient honorés quelles que soient les circonstances, quels que soient les mouvements qui se produiront.
Jai dailleurs dit que tous les six mois, si jen ai le mandat par les Français, je rendrai compte de lactivité du nouveau gouvernement, du président de la République. Parce que cest la règle en démocratie, à chaque fois, être capable de dire où lon en est et de fixer la direction. Et le Premier ministre, tous les six mois aussi devant le Parlement, rendra compte de son activité. Cest ainsi que lon respecte la représentation nationale et les Français !
Depuis cinq mois et je ne varierai pas pour les cinq derniers jours jai veillé à la constance. Je nai pas fluctué selon les circonstances. Je nai pas plié sous la pression des uns, des autres. Je nai pas non plus cédé à la polémique où on voulait mentraîner, avec des attaques qui ne cessaient pas. On me disait quil fallait entrer dans un pugilat. Mais non, il faut savoir prendre un peu de distance et en même temps répondre et le moment est venu coup pour coup quand il sagira daffronter au second tour cette Droite qui ne veut pas sappeler la Droite, ce sortant qui veut maquiller son bilan et ce candidat qui cache son projet. Parce que nous savons bien ce qui se prépare sil était reconduit. Il ne le sera pas ! Mais sil létait ? Réfléchissez un moment. Prenez la mesure de ce que serait la situation du pays, cinq ans de plus, avec ces accords compétitivité emploi où laccord dentreprise serait, il la dit, supérieur à la loi ou à la convention collective.
Cen serait terminé de la durée légale du travail ! Projet caché avec des prélèvements qui ne sont pas nommés et qui seront sur tous les Français, avec cette TVA qui est votée, qui nest pas encore appliquée et ne sappliquera pas si nous en décidons !
Cohérence, constance, transparence. Moi, je nai rien maquillé, rien dissimulé. Tout ce que jai proposé a été évalué, chiffré, contesté. Et jai même, pour donner toutes les informations à nos concitoyens avant quils ne votent, dit ce que je ferais dans les premiers jours du mandat jusquau renouvellement de lAssemblée nationale : exemplarité de lEtat, pouvoir dachat supplémentaire à travers laugmentation de lallocation de rentrée scolaire, et ce décret que je prendrai pour le départ à la retraite de ceux qui ont cotisé 41 années. Voilà ce que nous ferions au début du quinquennat. Et ensuite, une fois que lAssemblée nationale aura été renouvelée Mais là encore, ne vous démobilisez pas, il y aura dautres combats, il nous faut avoir une majorité à lAssemblée nationale, et une majorité qui défendra le projet que jaurai présenté, parce que cest celui-là que nous aurons à appliquer ! Avec cette Assemblée, nous ferons les réformes fiscales, bancaires, territoriales, institutionnelles, et tant dautres choses ensemble.
Voilà, chers amis, ce que jétais venu vous dire à Lille. Il est possible que nous gagnions, mais ce nest pas sûr, sinon je ne serais pas devant vous ! Les Français vont faire un choix. Cest vrai quil y a toutes les raisons de penser quau second tour, ce sera entre la Gauche et la Droite, entre le candidat sortant et ce que je peux représenter aujourdhui. Chacun jugera. Ce que je vous dis, cest quil nest pas possible, après cinq ans cest quand même un délai suffisant cinq ans dans lhistoire dun pays, dans la vie dun homme, pour savoir ce quil est possible de faire que le candidat sortant fasse, dans les cinq ans qui viennent, différemment de ce quil a fait. Et sil avait pris lexacte mesure de la situation, comment pourrait-il reconstruire tout ce quil a défait ? Nous aurons à le faire, nous. Ce sera un choix de candidat, bien sûr, de personne, de démarche, de méthode, de conception de la République, un choix de projet. Et les Français doivent décider en connaissance de cause. Ils sont prêts à le faire. Je sens le mouvement. Je sens lespérance se lever. Mais je ne suis sûr de rien.
La Droite a peur. Je la comprends ! Alors, elle utilise la peur pour essayer de convaincre ceux qui doutent toujours il y en a du changement nécessaire. Il y a eu la peur de létranger. Comme dhabitude, mettre létranger pour diviser les Français. Ils ny parviendront pas !
Mais la peur quils veulent maintenant installer, cest celle de la spéculation, celle des marchés qui viendraient frapper notre pays. Ils lappellent, la spéculation : « Quelle vienne pour nous sauver » disent-ils ! Même les marchés ne bronchent pas. Lui saffole, pas encore les marchés. Mais moi, je naccepte pas que lon puisse essayer dutiliser lintérêt national. Parce que nous avons besoin dêtre protégés des marchés pour justifier la peur de lalternance. Les Français sont un peuple libre, ils se détermineront souverainement. Et ils auront beau agiter des spectres, des épouvantails, prévenir des catastrophes, nous savons bien, et depuis tant dannées, que cest ainsi que la Droite procède. Il y a 31 ans, quand la Gauche avec François Mitterrand sapprêtait à conquérir le pouvoir, le candidat sortant avait dit : « Attention, la France sera la Pologne de loccident ». Finalement il avait été devin, la Pologne a fini par entrer dans lUnion européenne. Et maintenant, ce nest plus la Pologne qui nous sert de repoussoir, cest lEspagne ! LEspagne a protesté en disant : « Quand même, nous méritons mieux que dêtre un contre-exemple ». Et cest vrai, nos amis espagnols luttent contre la spéculation et doivent être encouragés à le faire plutôt que dêtre regardés comme les mauvais élèves.
Aucune peur ne sera suffisante pour empêcher le mouvement, pour empêcher lalternance. En appelant la peur, les candidats qui le font battent en définitive en retraite. Mais alors, quelle serait la nouvelle crainte quils pourraient éventuellement installer dans les esprits ? Non, ce nest pas moi seulement mais peut-être, à y réfléchir ! Ce quils essayent de nous faire croire, maintenant, cest que la Gauche, si elle gagnait lélection présidentielle, aurait tous les pouvoirs. Les collectivités locales, cest vrai, nous les avons gagnées, nous les avons conquises, nous ne les avons pas prises par effraction ou par surprise ! Cest le suffrage universel qui nous a permis de diriger ces collectivités locales. Alors, nous aurions les collectivités locales et le Sénat cest bien la première fois dans lhistoire de la République ! Et nous naurions plus le droit de venir exercer la responsabilité de lEtat ? Mais au nom de quoi la Droite qui a occupé tous les pouvoirs pendant des décennies viendrait empêcher la Gauche, elle, de les exercer différemment delle ? Nous avons le respect de la démocratie, de léquilibre, de la justice, des institutions !
Mais le candidat sortant ajoute même dautres pouvoirs : le pouvoir médiatique. Cela mavait échappé ! Je ne savais pas que nous avions pris le pouvoir au Figaro par exemple ! Nous verrons bien à la lecture du numéro de demain matin ! Nous aurions aussi le pouvoir parmi les syndicats. Mais ce nest rien comprendre à ce que la démocratie sociale est en France ! Les syndicats sont indépendants, nous ne les contrôlons pas, ça se saurait ! Et moi, je respecte la séparation entre les syndicats et le pouvoir politique. Mais je veux rassurer la Droite : elle nest pas seule, elle est quand même soutenue par le Medef qui, par sa présidente, a dit que Nicolas Sarkozy « avait fait un boulot extraordinaire ». Elle la répété. Elle nest pas seule, elle est soutenue par les patrons, par la finance. Cela doit servir ! Et jai même appris je veux vous en faire confidence que dimanche dernier, lorsquils se réunissaient à la Concorde, un certain nombre de grandes fortunes de France sétaient installées à lhôtel Grillon, en face. Ils ont bien le droit. Cétait le club des donateurs de la campagne présidentielle ! Ils sétaient installés ça ne sinvente pas ! dans le salon Marie-Antoinette ! Voilà ce qui résume un quinquennat : il avait commencé dans un grand restaurant et il finit dans un grand hôtel. Et dans les deux cas, cest avec les mêmes personnes, les mêmes convives que le candidat sortant avait commencé son mandat et que le président sortant va le terminer.
Et ne croyez pas que la Droite va lâcher le pouvoir comme cela, quelle va nous dire : « Nous nen pouvons plus, prenez, invitez-vous, lélection est jouée ». Elle nest pas jouée ! Et gardez-vous de leuphorie, gardez-vous de ce sentiment quavant même lélection, les sondages nous auraient proclamés élus. Mais vous navez pas de mémoire ! Vous ne vous souvenez pas combien ce type dillusion nous a coûté dans le passé ! Rien nest décidé avant que les bulletins de vote naient été mis dans lurne, comptés et ensuite décomptés pour savoir qui a gagné le scrutin.
Il nous reste cinq jours pour appeler au vote, pour convaincre un certain nombre de nos concitoyens qui ne croient plus en la politique, qui se sont détournés du suffrage souvent les plus modestes, les plus pauvres, les plus désespérés, qui se disent : « Mais quest-ce que ça changera si ce sont les uns ou les autres qui dirigent le pays ? ». Eh bien, nous devons leur dire que leur intérêt de citoyens, cest de croire en lavenir. Et sils ne sont pas satisfaits de ceux qui sont en place depuis trop dannées, quils prennent ceux qui se préparent à exercer la responsabilité du pays !
Nous devons aussi aller chercher ceux qui, hélas, sont allés jusquà donner leur intention à un parti qui est le contraire des valeurs de la République. Comment, là encore, des hommes et des femmes, souvent dans des tâches laborieuses, qui ont été abandonnés parfois par des entrepreneurs indélicats ou des sociétés mues par le seul profit, pourraient donner leur confiance à un parti qui na jamais jamais ! été au service du progrès social, de la dignité humaine et des libertés individuelles ?
Oui, cinq jours pour faire comprendre cette chose simple à des électeurs qui me disent : « Nous serons là pour le second tour ». Tant mieux ! Mais cest au premier tour que cela doit se décider. Tous ceux qui essayent de faire compliqué quand ça doit être simple ! Et la question, elle se pose aussi clairement que cela : la victoire vous la voulez ? (Oui !) Eh bien, cest au premier tour quil faut la prononcer ! Lalternance, vous la voulez ? (Oui !) Eh bien, cest le 22 avril quil faut en décider ! Et le changement, vous le voulez ? (Oui !) Eh bien, cest dimanche quil faut le créer ! Allez-y ! Faites-le ! Je suis ici dans le Nord Pas-de-Calais, la grande région du socialisme, du mouvement ouvrier. Faites en sorte de me donner le meilleur résultat possible au premier tour, pour être fidèles à votre histoire et conscients de votre avenir de grande région pour le pays !
Je veux ici même à Lille poursuivre la belle aventure de la Gauche quand elle rencontre la France et quand elle se hisse au niveau de la grandeur de notre Nation et de la force de ses aspirations. Un mouvement se lève. Rien ne doit larrêter ! Rien ne doit lempêcher ! Je dois aller jusquau bout de la mission que vous mavez confiée : gagner lélection présidentielle et réussir à faire avancer le pays. Je vous le demande ! Cest dimanche quil faut faire ce choix. Le choix pour la République, le choix pour la France, le choix pour notre idéal !
A dimanche ! A dimanche pour la victoire !
Source http://francoishollande.fr, le 25 avril 2012