Texte intégral
Chers amis,
Je veux vous parler ce soir de lécologie, et de la France.
La campagne du premier tour touche à sa fin. Je suis venue vous dire ce soir de ne pas perdre espoir. Même si les temps sont durs pour le pays, et durs pour les écologistes.
Chacun veut décrire ma campagne comme un calvaire. On a même parlé de chemin de croix. Je ne dis pas quelle nest pas difficile. Mais cest quand les choses sont difficiles que nous devons nous battre sans baisser les bras. Jai coutume de le dire, cest la nuit quil fait beau croire à la lumière. Et voyez vous, malgré toute les difficultés, je suis sereine.
Je suis fière dêtre votre candidate.
Lhistoire dira qui avait raison de ceux qui voulaient sortir du nucléaire ou de ceux qui glorifiaient latome français. Lhistoire dira qui avait raison de lutter contre le réchauffement climatique ou de continuer à se voiler la face. Lhistoire dira qui voulait débarrasser lagriculture des pesticides ou qui préférait produire toujours plus et toujours plus mal.
Ceux qui, avec beaucoup de morgue, nous donnent tort aujourdhui, ne peuvent le faire que parce quils tiennent tous les leviers du pouvoir. Le sentiment de leur propre importance passe avant la défense de lintérêt général. Leur pensée na plus le goût de la liberté, plus le courage de linvention, plus laudace de la lucidité. Leurs yeux ne voient plus que leur reflet satisfait dans le miroir, ignorant létat du monde. Leur bouches ne souvrent que pour déverser en boucle le même discours de renoncement, paré des atours trompeurs du réalisme économique.
Ils sont confits de certitudes et ne voient pas leur monde sécrouler. Ils ne savent pas que lécologie est une sagesse, une morale en actes, une volonté dharmonie, un espoir davenir fondé sur léquilibre et la modération. Lécologie cest la défense continue de lintérêt général contre la logique du profit à courte vue. Lécologie cest la priorité donnée au vivant. Si la société de consommation vous promet le pouvoir dachat, que dailleurs elle ne vous donne pas, la société écologique, elle, vous redonne le pouvoir de vivre.
On me reproche mon manque de charisme, et mon peu de goût pour les effets de tribune. Je ne crois pas que la politique doive dabord sadresser aux tripes. Parce que la crise que nous traversons est telle que nous avons dabord besoin dun sursaut de lintelligence.
Je pensais, et je le pense toujours que la politique à besoin de vérité. Alors tout au long de cette campagne, jai essayé de dire le monde tel quil est, dans sa complexité et ses contradictions.
Nous devons faire comprendre de quels grands changements la planète a besoin. Si je joue les troubles fêtes, cest que la fête est finie : nous ne pouvons plus gaspiller les ressources, nous ne pouvons plus continuer à produire plus sans chercher à produire mieux, nous ne pouvons plus créer des problèmes écologiques sans savoir comment les résoudre, aux dépends des écosystèmes.
Si je ne parviens pas à convaincre immédiatement, je cherche à ensemencer les consciences. Le temps court dune élection ne sert pas forcément le temps long de lenracinement des idées. Mais il faut bien commencer quelque part. Et jai la conviction que le temps de lécologie nest plus si lointain.
Oui, nous sommes le mouvement de la rupture avec la destruction de la planète et lasservissement des êtres humains. Oui un jour viendra, et plus vite quon ne le pense, où lécologie se fera définitivement sa place dans les idées qui mettent en mouvement lhumanité toute entière. Un jour viendra où on se demandera pourquoi les principaux dirigeants du pays ont préféré, persister dans la folie nucléaire plutôt que de chercher à utiliser les énergies renouvelables. Un jour viendra où nous serons majoritaires : et même si la route est semée dembûches je vous promets de vous accompagner sur ce chemin.
Je travaille pour que la génération Duflot accède au pouvoir : cest à la nouvelle génération de secouer les chaînes du vieux monde pour quenfin les choses changent vraiment. Demain les écologistes seront une force avec qui compter. Accordez moi votre vote, donnez moi votre confiance, insufflez moi votre énergie pour créer les conditions du vrai changement.
La crise écologique demande que nous inventions les bases dune nouvelle société. Voilà en réalité lenjeu de cette élection présidentielle. Mais de tout ceci, vous ne trouverez trace dans aucun édito, dans aucune chronique.
Cela ne métonne pas. Je nattendais pas dapprobation de la part de ceux qui doivent leur carrière à leur soumission, leur statut à leur obéissance et leur confort à leur docilité. Je nattendais pas dacclamation de la part de ceux qui ont dressé une statue à Nicolas Sarkozy avant dencenser puis de jeter au bûcher Dominique Strauss-Kahn.
Je nattendais pas dencouragement venant des éternelles girouettes qui suivent les modes pour mieux sembler les faire, qui moquent les naïfs et vantent les cyniques. Je sais bien que je les dérange. Je le vois bien à leur manière de sadresser à moi, guettant chacune de mes erreurs, espérant que chaque faux pas me sera fatal.
Il est vrai que je peux être maladroite. Mais si je peux parfois chuter, jai appris à me relever.
Je ne dépends daucun lobbie, ne cotise à aucune confrérie, nappartiens à aucun club dont lobjet serait de cultiver la satisfaction de lentre-soi. Peu mimportent les honneurs, cest la justice que je recherche. Le sentiment du devoir accompli est la plus belle des décorations. Je suis juste une femme libre au service de mon pays.
Mon pays justement. Ce soir, je veux vous parler aussi de la France. Vous parler de notre France.
Ici même, à Grenoble, il y a bientôt deux ans, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours qui déshonore la République. Un discours qui a donné une image désastreuse de la France, un discours qui a blessé vivement et profondément lidée que des millions de françaises et de français se font de notre pays. En stigmatisant les Roms, et au delà limmigration, Nicolas Sarkozy a mis dans sa bouche les mots des pires populistes.
Même à deux années dintervalle, je veux ce soir lui répondre.
Quest-ce que la France ? Chacun à sa réponse à la question.
La France cest le pays que jai choisi, aimé et servi toute ma vie.
La France, pour moi, cest une idée magnifique, dans une géographie sublime.
Lidée magnifique dabord. Cest celle de la nation citoyenne.
Nous sommes une nation citoyenne, cest-à-dire une nation dindividus librement assemblés autour dun projet commun que nous appelons République et dont la pierre de touche est légalité, dont loutil démancipation est la liberté de chacun et dont lhorizon est fixé par lidéal de fraternité entre tous.
Légalité cest la pierre de voûte de lédifice républicain. Légalité forme avec ses inséparables surs jumelles, la liberté et la fraternité, la plus belle devise du monde pour le plus beau pays du monde. Légalité, cest la fontaine de jouvence de la démocratie, celle qui permet de maintenir éternellement jeune et rebelle la promesse républicaine.
Et par temps de crise, davantage encore, légalité nest pas seulement une boussole qui indique le chemin à suivre. Elle est le chemin lui même ! Peu importent nos origines, lessentiel est de vouloir porter ce magnifique projet.
Celui dune nation fondée non pas sur la fiction de la race, non pas sur le mythe dun sang commun qui coulerait dans nos veines, mais sur lidée que les hommes et les femmes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Une nation fondée sur lidée que, peut importe doù on vient ; pourvu que nous chérissions pareillement la fraternité et la liberté.
On a parlé de mon accent. Mais la France en a mille. Chaque accent a son histoire, individuelle ou collective, chaque inflexion de la langue française raconte une part de lhistoire du peuplement de notre pays, chaque langue régionale dit assez quelle multiplicité et quelle diversité ont convergé pour construire notre nation.
Notre France, cest une France dont lidentité ne souffre pas de louverture, puisque son identité cest louverture, le mouvement vers les autres, la quête de luniversalité, non pas lexotisme et le relativisme, mais la curiosité vraie et le dialogue des cultures.
Notre France ne récuse pas ceux qui ont quitté leur pays pour la rejoindre pour des raisons politiques ou économiques, parce notre France se bat pour changer lordre du monde et accompagner la longue marche de lhumanité vers lémancipation des individus.
Notre France a tiré toutes les leçons de lesclavage et du colonialisme : elle sait que les races nexistent pas, que la prétendue supériorité de lhomme blanc est une folie et que défendre, comme monsieur Guéant, lidée dune civilisation supérieure est un crime contre lesprit, une faute morale, une impasse politique, et au final, une menace pour notre civilisation.
Nen déplaise à Madame Le Pen, la chatelaine héritière du parti de la haine, lidentité de la France, ce nest pas une couleur de peau, ce nest pas une origine, ce nest pas une religion. Lidentité de la France, cest la République.
Et la nouvelle frontière de la république, cest lécologie : le droit pour tous davoir un environnement sain, cest-à-dire la liberté, légalité et la fraternité dans une planète préservée.
Je me bats donc pour une république écologique : une république ou lintérêt général compte davantage que les profits privés, une république où les droits des générations futures sont défendus avec vigueur, une république où la responsabilité est érigée en principe moteur de laction publique.
Je veux donc inscrire le droit à un environnement sain et protégé, dans la constitution de notre république.
Je défends également, vous le savez une république exemplaire. En le faisant, cest la France elle-même que je défends. Limpunité des puissants nest pas seulement une injustice, elle est un défi jeté au visage du pays tout entier, une trahison de notre histoire et de nos valeurs.
Limpunité, cest le retour en arrière, vers un ordre de castes et de privilèges que la révolution française est censée avoir aboli. Au fond, de ce point de vue, le sarkozysme na pas été seulement une régression : cest bien une véritable contre-révolution qui sest déroulée sous nos yeux pendant cinq années.
Notre pays doit retrouver lesprit des Lumières.
Je ne supporte pas lidée quil y aurait en France des droits à géométrie variable : je veux lutter contre la justice à deux vitesses en donnant enfin à la justice les moyens de faire son travail, en garantissant lindépendance du parquet, en cessant dencombrer les prisons pour des délits mineurs et en faisant en sorte que la condition carcérale soit digne dun pays démocratique.
Même en prison, on reste un être humain. Se battre pour la condition des prisonniers, cest se battre pour lefficacité de la sanction, pour que la peine prononcée par un juge ait un sens, et que la réinsertion dans la société soit rendue possible.
Voilà ce que ne vous dira jamais monsieur Sarkozy qui sagite sur les questions de lutte contre la délinquance mais a empiré la situation dans nos prisons en les transformant en véritables cocottes-minutes.
Je veux rendre hommage ce soir au personnel de ladministration pénitentiaire qui gère lingérable. Si jai quelque influence sur la future majorité, croyez-moi, je vous le jure, jagirai pour que notre système judiciaire et notre système carcéral retrouvent les moyens daccomplir leur mission.
A la question « cest quoi la France », je réponds : « cest la passion de légalité ». Cest pourquoi je me sens tellement française, parce que toute ma vie jai poursuivi cet idéal dégalité et de justice. Alors je ne supporte pas de voir la France défigurée par la haine de lautre, la France amoindrie par le manque dambition universaliste, la France amputée par le repli chauvin, alors que la France est grande quand elle parle pour tous les opprimés de la terre et quelle éclaire les peuples en lutte pour leur liberté.
Je le répète la France est une idée magnifique.
Mais la France ne se résume pas à une idée, aussi belle soit elle. La France est aussi et dabord une réalité physique.
Cest une géographie sublime.
Moi qui chérit la nature depuis ma plus tendre enfance, je veux dire aussi ce soir lamour que jai pour les territoires de France et leurs incroyables contrastes qui en font la chatoyante beauté. Et si aimer la France, cétait dabord protéger les cours deaux de la pollution, préserver la biodiversité de la destruction, empêcher le bétonnage dun littoral précieux, contester le tracé dune autoroute qui défigure une vallée, toutes choses que les écologistes font depuis des années ?
Quand on aime la France, on ne la saccage pas, on la préserve on ne la pille pas, on la protège, on ne labîme pas, on la conserve. Voilà pourquoi, lécologie cest le vrai parti de la France : celui qui défend au quotidien nos ressources naturelles, nos terroirs et notre patrimoine paysager que le monde entier nous envie.
Dans les jours qui viennent, je vous demande de maider à tout faire pour que lécologie réussisse le meilleur score possible.
Je veux bousculer les habitudes du monde politique. Oui je veux que Nicolas Sarkozy soit battu, et que la majorité change mais je veux aussi un vrai changement pour mon pays.
Pour cette raison, je veux éviter les deux maladies qui on fait tant de mal à nos idéaux lorsque la gauche était en responsabilités. La maladie de la gauche molle, et le syndrome de la gauche folle.
La gauche molle a, quand elle a gouverné, cherché le chemin du consensus mais trouvé celui du renoncement. En voulant être raisonnable elle est devenue conservatrice. Elle a attendu que les marchés lui donnent quitus de ses efforts pour devenir gestionnaire, et au final cest le peuple quelle a perdu, à force de tant de génuflexions devant les forces quelle était censée combattre.
La gauche folle, elle, semballe dans lopposition. Elle fait des grands discours et des belles promesses. Elle agite des drapeaux et convoque la mémoire des révolutions. Elle lève des espoirs immenses qui finissent en cendres et dégénèrent en frustrations inconsolables.
Alors, si demain une nouvelle majorité remporte les élections, elle devra naviguer entre ces deux écueils pour éviter de faire naufrage.
Quand on aborde la saison des tempêtes, peu importe le capitaine : le problème cest de fixer le cap et davoir une bonne boussole. Le cap cest la transformation de nos sociétés pour sortir de la crise. La boussole cest lécologie, qui à chaque instant nous indique le chemin à suivre pour défendre le développement humain et protéger la planète.
Voilà de quoi je veux débattre avec mes partenaires.
Jentends que Jean-Luc Mélenchon, à ma suite, propose une règle écologique. Très bien. Je lui dis encore un effort : Jean-Luc, demande la sortie du nucléaire, et oppose toi à la construction de laéroport de Notre-Dame des Landes. Ta planification écologique sera plus crédible et le vrai changement sera en marche.
Jentends que François Hollande se réveille aussi à lécologie. Je lui dis bienvenu. Mais François, suit la boussole de lécologie et suit la réellement : mets le cap sur les énergies renouvelables, le développement dune agriculture sans pesticides, en refusant dès aujourdhui lépandage des pesticides et la lutte contre le réchauffement climatique.
Tu as une occasion unique de rentrer dans lhistoire comme le président de la transition écologique. Mets le cap sur le courage et la volonté et finissons en avec un vision obsolète du monde qui croit que lécologie ce nest quun supplément dâme quand lécologie est le vrai changement du siècle qui vient.
A vous tous qui êtes ici ce soir, je veux dire en définitive ceci : aidez-moi à dépasser la maladie de la gauche molle et le syndrome de la gauche folle, aidez-moi à installer lécologie au cur des politiques publiques pour les cinq ans à venir, aidez-moi à renverser la donne, aidez-moi à donner à lécologie la place quelle mérite, aidez-moi à construire une République écologique, aidez-moi à reconstruire une France ouverte, riche de sa diversité et de ses valeurs, aidez-moi dans mon combat contre la corruption et limpunité, aidez-moi à faire mentir les sondages, aidez-moi à faire du 22 avril une surprise pour tous ceux qui veulent le vrai changement.
Ne laissez pas tout le pouvoir aux forces du passé. Lavenir est entre vos mains.
Vive lécologie, vive la République, vive la France
Source : http://evajoly2012.fr, le 17 avril 2012
Je veux vous parler ce soir de lécologie, et de la France.
La campagne du premier tour touche à sa fin. Je suis venue vous dire ce soir de ne pas perdre espoir. Même si les temps sont durs pour le pays, et durs pour les écologistes.
Chacun veut décrire ma campagne comme un calvaire. On a même parlé de chemin de croix. Je ne dis pas quelle nest pas difficile. Mais cest quand les choses sont difficiles que nous devons nous battre sans baisser les bras. Jai coutume de le dire, cest la nuit quil fait beau croire à la lumière. Et voyez vous, malgré toute les difficultés, je suis sereine.
Je suis fière dêtre votre candidate.
Lhistoire dira qui avait raison de ceux qui voulaient sortir du nucléaire ou de ceux qui glorifiaient latome français. Lhistoire dira qui avait raison de lutter contre le réchauffement climatique ou de continuer à se voiler la face. Lhistoire dira qui voulait débarrasser lagriculture des pesticides ou qui préférait produire toujours plus et toujours plus mal.
Ceux qui, avec beaucoup de morgue, nous donnent tort aujourdhui, ne peuvent le faire que parce quils tiennent tous les leviers du pouvoir. Le sentiment de leur propre importance passe avant la défense de lintérêt général. Leur pensée na plus le goût de la liberté, plus le courage de linvention, plus laudace de la lucidité. Leurs yeux ne voient plus que leur reflet satisfait dans le miroir, ignorant létat du monde. Leur bouches ne souvrent que pour déverser en boucle le même discours de renoncement, paré des atours trompeurs du réalisme économique.
Ils sont confits de certitudes et ne voient pas leur monde sécrouler. Ils ne savent pas que lécologie est une sagesse, une morale en actes, une volonté dharmonie, un espoir davenir fondé sur léquilibre et la modération. Lécologie cest la défense continue de lintérêt général contre la logique du profit à courte vue. Lécologie cest la priorité donnée au vivant. Si la société de consommation vous promet le pouvoir dachat, que dailleurs elle ne vous donne pas, la société écologique, elle, vous redonne le pouvoir de vivre.
On me reproche mon manque de charisme, et mon peu de goût pour les effets de tribune. Je ne crois pas que la politique doive dabord sadresser aux tripes. Parce que la crise que nous traversons est telle que nous avons dabord besoin dun sursaut de lintelligence.
Je pensais, et je le pense toujours que la politique à besoin de vérité. Alors tout au long de cette campagne, jai essayé de dire le monde tel quil est, dans sa complexité et ses contradictions.
Nous devons faire comprendre de quels grands changements la planète a besoin. Si je joue les troubles fêtes, cest que la fête est finie : nous ne pouvons plus gaspiller les ressources, nous ne pouvons plus continuer à produire plus sans chercher à produire mieux, nous ne pouvons plus créer des problèmes écologiques sans savoir comment les résoudre, aux dépends des écosystèmes.
Si je ne parviens pas à convaincre immédiatement, je cherche à ensemencer les consciences. Le temps court dune élection ne sert pas forcément le temps long de lenracinement des idées. Mais il faut bien commencer quelque part. Et jai la conviction que le temps de lécologie nest plus si lointain.
Oui, nous sommes le mouvement de la rupture avec la destruction de la planète et lasservissement des êtres humains. Oui un jour viendra, et plus vite quon ne le pense, où lécologie se fera définitivement sa place dans les idées qui mettent en mouvement lhumanité toute entière. Un jour viendra où on se demandera pourquoi les principaux dirigeants du pays ont préféré, persister dans la folie nucléaire plutôt que de chercher à utiliser les énergies renouvelables. Un jour viendra où nous serons majoritaires : et même si la route est semée dembûches je vous promets de vous accompagner sur ce chemin.
Je travaille pour que la génération Duflot accède au pouvoir : cest à la nouvelle génération de secouer les chaînes du vieux monde pour quenfin les choses changent vraiment. Demain les écologistes seront une force avec qui compter. Accordez moi votre vote, donnez moi votre confiance, insufflez moi votre énergie pour créer les conditions du vrai changement.
La crise écologique demande que nous inventions les bases dune nouvelle société. Voilà en réalité lenjeu de cette élection présidentielle. Mais de tout ceci, vous ne trouverez trace dans aucun édito, dans aucune chronique.
Cela ne métonne pas. Je nattendais pas dapprobation de la part de ceux qui doivent leur carrière à leur soumission, leur statut à leur obéissance et leur confort à leur docilité. Je nattendais pas dacclamation de la part de ceux qui ont dressé une statue à Nicolas Sarkozy avant dencenser puis de jeter au bûcher Dominique Strauss-Kahn.
Je nattendais pas dencouragement venant des éternelles girouettes qui suivent les modes pour mieux sembler les faire, qui moquent les naïfs et vantent les cyniques. Je sais bien que je les dérange. Je le vois bien à leur manière de sadresser à moi, guettant chacune de mes erreurs, espérant que chaque faux pas me sera fatal.
Il est vrai que je peux être maladroite. Mais si je peux parfois chuter, jai appris à me relever.
Je ne dépends daucun lobbie, ne cotise à aucune confrérie, nappartiens à aucun club dont lobjet serait de cultiver la satisfaction de lentre-soi. Peu mimportent les honneurs, cest la justice que je recherche. Le sentiment du devoir accompli est la plus belle des décorations. Je suis juste une femme libre au service de mon pays.
Mon pays justement. Ce soir, je veux vous parler aussi de la France. Vous parler de notre France.
Ici même, à Grenoble, il y a bientôt deux ans, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours qui déshonore la République. Un discours qui a donné une image désastreuse de la France, un discours qui a blessé vivement et profondément lidée que des millions de françaises et de français se font de notre pays. En stigmatisant les Roms, et au delà limmigration, Nicolas Sarkozy a mis dans sa bouche les mots des pires populistes.
Même à deux années dintervalle, je veux ce soir lui répondre.
Quest-ce que la France ? Chacun à sa réponse à la question.
La France cest le pays que jai choisi, aimé et servi toute ma vie.
La France, pour moi, cest une idée magnifique, dans une géographie sublime.
Lidée magnifique dabord. Cest celle de la nation citoyenne.
Nous sommes une nation citoyenne, cest-à-dire une nation dindividus librement assemblés autour dun projet commun que nous appelons République et dont la pierre de touche est légalité, dont loutil démancipation est la liberté de chacun et dont lhorizon est fixé par lidéal de fraternité entre tous.
Légalité cest la pierre de voûte de lédifice républicain. Légalité forme avec ses inséparables surs jumelles, la liberté et la fraternité, la plus belle devise du monde pour le plus beau pays du monde. Légalité, cest la fontaine de jouvence de la démocratie, celle qui permet de maintenir éternellement jeune et rebelle la promesse républicaine.
Et par temps de crise, davantage encore, légalité nest pas seulement une boussole qui indique le chemin à suivre. Elle est le chemin lui même ! Peu importent nos origines, lessentiel est de vouloir porter ce magnifique projet.
Celui dune nation fondée non pas sur la fiction de la race, non pas sur le mythe dun sang commun qui coulerait dans nos veines, mais sur lidée que les hommes et les femmes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Une nation fondée sur lidée que, peut importe doù on vient ; pourvu que nous chérissions pareillement la fraternité et la liberté.
On a parlé de mon accent. Mais la France en a mille. Chaque accent a son histoire, individuelle ou collective, chaque inflexion de la langue française raconte une part de lhistoire du peuplement de notre pays, chaque langue régionale dit assez quelle multiplicité et quelle diversité ont convergé pour construire notre nation.
Notre France, cest une France dont lidentité ne souffre pas de louverture, puisque son identité cest louverture, le mouvement vers les autres, la quête de luniversalité, non pas lexotisme et le relativisme, mais la curiosité vraie et le dialogue des cultures.
Notre France ne récuse pas ceux qui ont quitté leur pays pour la rejoindre pour des raisons politiques ou économiques, parce notre France se bat pour changer lordre du monde et accompagner la longue marche de lhumanité vers lémancipation des individus.
Notre France a tiré toutes les leçons de lesclavage et du colonialisme : elle sait que les races nexistent pas, que la prétendue supériorité de lhomme blanc est une folie et que défendre, comme monsieur Guéant, lidée dune civilisation supérieure est un crime contre lesprit, une faute morale, une impasse politique, et au final, une menace pour notre civilisation.
Nen déplaise à Madame Le Pen, la chatelaine héritière du parti de la haine, lidentité de la France, ce nest pas une couleur de peau, ce nest pas une origine, ce nest pas une religion. Lidentité de la France, cest la République.
Et la nouvelle frontière de la république, cest lécologie : le droit pour tous davoir un environnement sain, cest-à-dire la liberté, légalité et la fraternité dans une planète préservée.
Je me bats donc pour une république écologique : une république ou lintérêt général compte davantage que les profits privés, une république où les droits des générations futures sont défendus avec vigueur, une république où la responsabilité est érigée en principe moteur de laction publique.
Je veux donc inscrire le droit à un environnement sain et protégé, dans la constitution de notre république.
Je défends également, vous le savez une république exemplaire. En le faisant, cest la France elle-même que je défends. Limpunité des puissants nest pas seulement une injustice, elle est un défi jeté au visage du pays tout entier, une trahison de notre histoire et de nos valeurs.
Limpunité, cest le retour en arrière, vers un ordre de castes et de privilèges que la révolution française est censée avoir aboli. Au fond, de ce point de vue, le sarkozysme na pas été seulement une régression : cest bien une véritable contre-révolution qui sest déroulée sous nos yeux pendant cinq années.
Notre pays doit retrouver lesprit des Lumières.
Je ne supporte pas lidée quil y aurait en France des droits à géométrie variable : je veux lutter contre la justice à deux vitesses en donnant enfin à la justice les moyens de faire son travail, en garantissant lindépendance du parquet, en cessant dencombrer les prisons pour des délits mineurs et en faisant en sorte que la condition carcérale soit digne dun pays démocratique.
Même en prison, on reste un être humain. Se battre pour la condition des prisonniers, cest se battre pour lefficacité de la sanction, pour que la peine prononcée par un juge ait un sens, et que la réinsertion dans la société soit rendue possible.
Voilà ce que ne vous dira jamais monsieur Sarkozy qui sagite sur les questions de lutte contre la délinquance mais a empiré la situation dans nos prisons en les transformant en véritables cocottes-minutes.
Je veux rendre hommage ce soir au personnel de ladministration pénitentiaire qui gère lingérable. Si jai quelque influence sur la future majorité, croyez-moi, je vous le jure, jagirai pour que notre système judiciaire et notre système carcéral retrouvent les moyens daccomplir leur mission.
A la question « cest quoi la France », je réponds : « cest la passion de légalité ». Cest pourquoi je me sens tellement française, parce que toute ma vie jai poursuivi cet idéal dégalité et de justice. Alors je ne supporte pas de voir la France défigurée par la haine de lautre, la France amoindrie par le manque dambition universaliste, la France amputée par le repli chauvin, alors que la France est grande quand elle parle pour tous les opprimés de la terre et quelle éclaire les peuples en lutte pour leur liberté.
Je le répète la France est une idée magnifique.
Mais la France ne se résume pas à une idée, aussi belle soit elle. La France est aussi et dabord une réalité physique.
Cest une géographie sublime.
Moi qui chérit la nature depuis ma plus tendre enfance, je veux dire aussi ce soir lamour que jai pour les territoires de France et leurs incroyables contrastes qui en font la chatoyante beauté. Et si aimer la France, cétait dabord protéger les cours deaux de la pollution, préserver la biodiversité de la destruction, empêcher le bétonnage dun littoral précieux, contester le tracé dune autoroute qui défigure une vallée, toutes choses que les écologistes font depuis des années ?
Quand on aime la France, on ne la saccage pas, on la préserve on ne la pille pas, on la protège, on ne labîme pas, on la conserve. Voilà pourquoi, lécologie cest le vrai parti de la France : celui qui défend au quotidien nos ressources naturelles, nos terroirs et notre patrimoine paysager que le monde entier nous envie.
Dans les jours qui viennent, je vous demande de maider à tout faire pour que lécologie réussisse le meilleur score possible.
Je veux bousculer les habitudes du monde politique. Oui je veux que Nicolas Sarkozy soit battu, et que la majorité change mais je veux aussi un vrai changement pour mon pays.
Pour cette raison, je veux éviter les deux maladies qui on fait tant de mal à nos idéaux lorsque la gauche était en responsabilités. La maladie de la gauche molle, et le syndrome de la gauche folle.
La gauche molle a, quand elle a gouverné, cherché le chemin du consensus mais trouvé celui du renoncement. En voulant être raisonnable elle est devenue conservatrice. Elle a attendu que les marchés lui donnent quitus de ses efforts pour devenir gestionnaire, et au final cest le peuple quelle a perdu, à force de tant de génuflexions devant les forces quelle était censée combattre.
La gauche folle, elle, semballe dans lopposition. Elle fait des grands discours et des belles promesses. Elle agite des drapeaux et convoque la mémoire des révolutions. Elle lève des espoirs immenses qui finissent en cendres et dégénèrent en frustrations inconsolables.
Alors, si demain une nouvelle majorité remporte les élections, elle devra naviguer entre ces deux écueils pour éviter de faire naufrage.
Quand on aborde la saison des tempêtes, peu importe le capitaine : le problème cest de fixer le cap et davoir une bonne boussole. Le cap cest la transformation de nos sociétés pour sortir de la crise. La boussole cest lécologie, qui à chaque instant nous indique le chemin à suivre pour défendre le développement humain et protéger la planète.
Voilà de quoi je veux débattre avec mes partenaires.
Jentends que Jean-Luc Mélenchon, à ma suite, propose une règle écologique. Très bien. Je lui dis encore un effort : Jean-Luc, demande la sortie du nucléaire, et oppose toi à la construction de laéroport de Notre-Dame des Landes. Ta planification écologique sera plus crédible et le vrai changement sera en marche.
Jentends que François Hollande se réveille aussi à lécologie. Je lui dis bienvenu. Mais François, suit la boussole de lécologie et suit la réellement : mets le cap sur les énergies renouvelables, le développement dune agriculture sans pesticides, en refusant dès aujourdhui lépandage des pesticides et la lutte contre le réchauffement climatique.
Tu as une occasion unique de rentrer dans lhistoire comme le président de la transition écologique. Mets le cap sur le courage et la volonté et finissons en avec un vision obsolète du monde qui croit que lécologie ce nest quun supplément dâme quand lécologie est le vrai changement du siècle qui vient.
A vous tous qui êtes ici ce soir, je veux dire en définitive ceci : aidez-moi à dépasser la maladie de la gauche molle et le syndrome de la gauche folle, aidez-moi à installer lécologie au cur des politiques publiques pour les cinq ans à venir, aidez-moi à renverser la donne, aidez-moi à donner à lécologie la place quelle mérite, aidez-moi à construire une République écologique, aidez-moi à reconstruire une France ouverte, riche de sa diversité et de ses valeurs, aidez-moi dans mon combat contre la corruption et limpunité, aidez-moi à faire mentir les sondages, aidez-moi à faire du 22 avril une surprise pour tous ceux qui veulent le vrai changement.
Ne laissez pas tout le pouvoir aux forces du passé. Lavenir est entre vos mains.
Vive lécologie, vive la République, vive la France
Source : http://evajoly2012.fr, le 17 avril 2012