Entretien de M. Bernard Cazeneuve, ministre des affaires européennes, avec Europe 1 le 17 mai 2012, sur les relations franco-allemandes dans le cadre européen et sur l'avenir de la Grèce dans la Zone euro.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Q - Alors vous allez avoir beaucoup de travail, ça vous le savez déjà évidemment parce que le dossier européen est crucial, on le sait bien, on l’a vu avec la toute première visite de François Hollande à Berlin au côté d’Angela Merkel.
D’ailleurs, qu’est-ce que cela vous a inspiré cette visite ? Il n’y a pas eu de clash mais on voit bien quand même que cela va être difficile de trouver un compromis sur la question de la croissance notamment, qui est le dossier central de ce début de quinquennat…
R - François Hollande, conformément aux engagements qu’il avait pris, à ce qu’il avait indiqué avant d’être élu président de la République, a voulu, dès le premier jour de son mandat, quelques heures après son investiture, se rendre à Berlin pour bien matérialiser l’importance de la relation franco-allemande, du moteur franco-allemand en Europe.
Il y est allé avec le souci - et on l’a très bien entendu dans les déclarations qui ont été faites - de rappeler avec force les positions de la France et qui, d’ailleurs, faisaient écho à ce qu’il avait pu dire pendant la campagne présidentielle, c’est-à-dire l’attachement à l’Europe, l’attachement en Europe à l’axe franco-allemand, la volonté de faire en sorte que cet axe se déploie de façon équilibrée ; et enfin pour l’Europe la volonté de ne pas condamner les peuples d’Europe à l’austérité à perpétuité, en mettant au cœur de l’Europe la croissance. Il l’a dit avec beaucoup de fermeté, de sérénité aux côtés d’Angela Merkel. Ce qui a été extrêmement impressionnant à l’occasion de cette première rencontre, c’est la qualité du dialogue et la fermeté des positions de François Hollande.
Q - Bernard Cazeneuve, est-ce que la Grèce va sortir de la zone euro ?
R - Angela Merkel et François Hollande ont clairement indiqué, l’un et l’autre - et c’est un point de convergence fort -, que leur volonté commune les conduirait à faire tous les efforts utiles pour que cela ne soit pas le cas.
Q - Est-ce que cela suffira ?
R - De ce point de vue-là, ce que nous voulons faire pour mettre la croissance au cœur du Traité est de nature à régler une partie des problèmes de la Grèce, à éviter que la Grèce ne soit confrontée à une situation inextricable qui la conduise à sortir de la zone euro. Encore une fois, l’objectif est de tout faire pour que cela ne soit pas le cas.
J’ai senti dans les déclarations du président de la République et de la chancelière allemande une volonté de tout mettre en œuvre pour atteindre le but du maintien de la Grèce dans la zone euro, du sauvetage de la zone euro et de la sortie de la crise à laquelle l’Europe est confrontée depuis de nombreux mois.
Q - Vous êtes la voix du Parti socialiste dans l’affaire Karachi. Je rappelle que vous êtes député de la Manche, maire de Cherbourg. Est-ce que le secret défense va être levé dans ce dossier ?
R - Vous savez que nous sommes dans une procédure extrêmement précise, puisque pour que le secret défense soit levé sur des documents, il faut que les juges les demandent. La Commission consultative du secret de la défense nationale émet un avis, qui ne lie pas le gouvernement et, ensuite, le ministre déclassifie. Je dis bien que l’avis ne lie pas le gouvernement ; même lorsque la Commission consultative du secret de la défense nationale dit non à la déclassification, le ministre peut déclassifier. Il est souhaitable que cette déclassification totale intervienne pour que la vérité progresse et que les victimes de l’attentat de Karachi…
Q - Cela pourrait intervenir rapidement ?
R - Dès que les juges auront saisi de nouveau les ministres de la demande de déclassification, celle-ci pourra intervenir dans le cadre de la procédure que j’ai indiquée.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2012