Texte intégral
P. Lapousterle - Chacun convient que le RPR a retrouvé de la pugnacité, samedi dernier, à Paris, lors de la réunion de son Conseil national. Mais en même temps, on a entendu F. Bayrou, à droite, C. Pasqua, à droite, A. Madelin, à droite, P. de Villiers, Boutin - toujours à droite, dans votre camp - qui passent leur temps à dire leur désaccord avec J. Chirac, leur déception pour ceux qui l'ont soutenu. Ne craignez-vous pas que l'impression de samedi soit fugace et passagère, et que les déchirements soient à venir ?
- "Non, pas du tout. D'abord, pour le RPR, c'est vrai que M. Alliot-Marie a d'abord remis le mouvement en marche, c'était sa première mission dès son élection. Tout le monde s'accorde à reconnaître que c'est fait : le RPR est en ordre de marche. Il fallait ensuite reconquérir le terrain des idées. Samedi, effectivement, après un an de travail - cela a commencé aux Assises, où 10 000 personnes ont voté, il y a un an, les orientations pour l'alternance -, nous avons donc adopté ce qui est la base de notre projet pour l'alternance et qui va nous permettre effectivement d'avoir des idées, d'avoir un projet politique crédible."
Un programme.
- "Pas un programme style "La Redoute", parce que nous avons déjà donné en la matière. Nous ne nous engageons que pour ce dont nous sommes sûrs de pouvoir tenir. Donc, un projet politique très fort, avec des propositions néanmoins très concrètes. Ces forums qui ont été organisés pendant près de trois mois vont se poursuivre à la rentrée. Oui, nous sommes en ordre de marche et effectivement, en cela, M. Alliot-Marie a réussi le pari de l'élection."
Mais ...
- "Vous me dites "mais." Bien sûr qu'à droite il y a plusieurs postulants ..."
Vous savez bien ce que c'est qu'une campagne électorale ?
- "Oui, mais vous mélangez les campagnes. Nous, nous préparons, avec notre projet, l'alternance, dans le cadre d'une majorité parlementaire, après les élections législatives, pour gouverner le pays. Vous, vous parlez de candidats à l'élection présidentielle. Ils sont légitimes. Je vous rappelle qu'à gauche, il y en aura autant, si ce n'est plus, qu'à droite. Monsieur Jospin aura autant de concurrents que monsieur Chirac pourra en avoir. La candidature de F. Bayrou est légitime, tout comme celle de monsieur Pasqua. Ils ont des choses à dire et il est normal qu'il les disent. Ce qui est important pour la droite, c'est qu'il y ait un code de bonne conduite entre les candidats. Ce qui est important, c'est qu'au soir du premier tour, tout le monde se retrouve pour faire gagner son camp. C'est à cela que nous travaillons."
Des propositions ont été faites clairement lors de votre conseil national, pour qu'au soir du deuxième tour de la présidentielle - c'est une déclaration d'A. Juppé - se crée immédiatement dans la foulée, une sorte de "Mouvement pour le Président", selon son mot. Cela veut-il dire que le soir de la réélection de Chirac - s'il était réélu - le RPR se fondrait, pour l'élection immédiatement suivante, dans un ensemble de mouvement présidentiel ?
- "Qu'au lendemain de l'élection de J. Chirac - et nous travaillons pour la réélection de J. Chirac - il y ait un mouvement qui se constitue autour de lui pour préparer les législatives, c'est tout à fait naturel. De là à ce que ce mouvement se crée par la disparition de toutes les formations, c'est peut-être un peu rapide comme conception des choses, mais il est bien évident que c'est vers cela que nous tendrons après l'élection. Dire que le RPR va disparaître au bénéfice de cette formation, je ne pense pas que cela soit la bonne formule. Le problème pour nous est qu'il y ait un mouvement du Président ; que le RPR, qui a retrouvé cette pugnacité dont vous parliez tout à l'heure, en soit la pierre angulaire, et travaille avec ses partenaires pour créer ce mouvement, c'est tout à fait naturel. C'est ce que nous essaierons de faire tous ensemble."
Cela veut dire que rien ne changera ?
- "Non, au contraire, cela changera. Mais on peut très bien changer les choses sans pour autant faire disparaître les idées ou les spécificités."
Le retour de Sarkozy a été remarqué. Tous ceux qui l'ont entendu disent qu'il s'agissait pratiquement d'un discours-programme pour un futur premier ministre si Chirac été élu. Serait-ce une bonne idée ?
- "C'est au Président de la République de choisir un Premier ministre, on n'y est pas encore. Commençons par gagner les élections, ensuite on rentrera dans le cadre des choix.
Est-ce que la perspective de monsieur Sarkozy, ...
- "N. Sarkozy a d'immenses qualités. Il serait, si nous gagnons les législatives, extrêmement utile à cette nouvelle majorité. Il n'est pas le seul, il y a d'autres fortes personnalités d'un mouvement gaulliste, il y en a dans les autres formations. Il reviendra au Président de la République de choisir son Premier ministre. Mais il est bon que le RPR ait plusieurs postulants à ce poste-là. C'est dire sa richesse."
Vous avez trouvé "légitime" pour reprendre votre mot, qu'il fasse un discours de ce genre ?
- "Bien sûr. Il a des choses à dire, et il les a dites. Tout le monde n'est pas d'accord, et on a vu les réactions de la presse avec lui. Comme tout le monde n'est pas d'accord d'ailleurs avec ce qu'a pu dire A. Juppé. L'important pour M. Alliot-Marie, est de faire en sorte que ceux qui ont des choses à dire puissent les dire au sein du RPR, dans l'organisation du RPR. Souvenez-vous, il y a un an, ce qu'on disait : que le RPR ne donnait pas les moyens à ceux que l'on appelle "ses éléphants" - en tout cas ses personnalités - de s'exprimer et qu'ils s'exprimaient à l'extérieur. Ceci est terminé. Tout le monde parle au sein du mouvement, car ce dernier a retrouvé sa crédibilité. Mais dire que l'un ou l'autre est plus légitime, c'est vous qui le dites. En tout cas, ils ont incontestablement des qualités et il est normal que nous en bénéficions."
Monsieur Ollier, vous qui ne nous cachez pas que vous soutenez la candidature de J. Chirac à sa réélection, est-ce que cela n'a pas été une très mauvaise nouvelle pour vous d'apprendre que les fonds publics avaient servi aux déplacements privés du Chef de l'Etat et de sa famille ? Et que, donc, 2,5 millions en deux ans et demi de billets d'avion ont été payés en liquide par J. Chirac, alors maire de Paris ?
- "Là, je dirais deux choses : d'abord, je trouve bizarre ces hasards qui font qu'à un an de la présidentielle, un certain nombre d'attaques ressortent contre le Président."
Ce sont des juges, monsieur Ollier, juges de la République ?
- "Oui, mais je trouve ça d'autant plus bizarre, des juges qui s'auto-saisissent et qui choisissent des dossiers pour mettre en cause le Président de la République ! Je rappelle que J. Chirac a toujours été attaqué, comme d'ailleurs un grand nombre de personnalités politiques. Et lorsqu'il n'était pas Président de la République, il a eu un certain nombre de réactions, très fortes, il a attaqué en diffamation. Il a gagné plus de 20 procès en diffamation, c'est-à-dire qu'il a gagné tous les procès qu'il a engagés ! Aujourd'hui, Président, il n'a plus les mêmes moyens pour se défendre - vous connaissez autant que moi les procédures -, et il est attaqué à ce niveau-là."
Vous pensez que les juges font de la politique ?
- "Je pense qu'un certain nombre de juges ont des tendances qui rejoignent effectivement la politique. Cela étant, sur ce dont vous parlez, c'est vous qui dites que ce sont des fonds publics qui ont servi à payer ..."
C'est lui, c'est le Président de la République qui a dit que c'était de l'argent du temps où il était ministre, Premier ministre ...
- "Des primes, ce sont des primes. Dans ce cas-là, cela devient de l'argent privé dès lors que ce sont des primes, premièrement. Deuxièmement, j'ai aussi entendu parler de financements familiaux et d'argent personnel. Il faut faire là aussi la distinction."
Doit-il des explications ?
- "Il ne faut pas faire d'amalgames."
Doit-il des explications aux Français ?
- "Le moment venu, lorsque les problèmes se poseront, comme il l'a fait pour d'autres problèmes - J. Chirac a toujours fait face et s'est toujours expliqué. Je pense qu'il le fera le moment venu quand il sera nécessaire d'apporter un certain nombre d'explications. Je ne trouve absolument pas choquant que pour des raisons de sécurité - souvenez-vous ce qui se passait à l'époque, les attentats qu'il y a avait en France - je ne trouve pas choquant du tout que pour des raisons de sécurité, on puisse retenir des billets sous des noms différents ! Je vous rappelle qu'il a toujours voyagé avec des billets à son nom. Ce sont les réservations qui ont été faites à d'autres noms. Et que cela soit payé en liquide, tel que cela a été expliqué par l'Elysée, il n'y a rien qui me choque à titre personnel."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 3 juillet 2001)
- "Non, pas du tout. D'abord, pour le RPR, c'est vrai que M. Alliot-Marie a d'abord remis le mouvement en marche, c'était sa première mission dès son élection. Tout le monde s'accorde à reconnaître que c'est fait : le RPR est en ordre de marche. Il fallait ensuite reconquérir le terrain des idées. Samedi, effectivement, après un an de travail - cela a commencé aux Assises, où 10 000 personnes ont voté, il y a un an, les orientations pour l'alternance -, nous avons donc adopté ce qui est la base de notre projet pour l'alternance et qui va nous permettre effectivement d'avoir des idées, d'avoir un projet politique crédible."
Un programme.
- "Pas un programme style "La Redoute", parce que nous avons déjà donné en la matière. Nous ne nous engageons que pour ce dont nous sommes sûrs de pouvoir tenir. Donc, un projet politique très fort, avec des propositions néanmoins très concrètes. Ces forums qui ont été organisés pendant près de trois mois vont se poursuivre à la rentrée. Oui, nous sommes en ordre de marche et effectivement, en cela, M. Alliot-Marie a réussi le pari de l'élection."
Mais ...
- "Vous me dites "mais." Bien sûr qu'à droite il y a plusieurs postulants ..."
Vous savez bien ce que c'est qu'une campagne électorale ?
- "Oui, mais vous mélangez les campagnes. Nous, nous préparons, avec notre projet, l'alternance, dans le cadre d'une majorité parlementaire, après les élections législatives, pour gouverner le pays. Vous, vous parlez de candidats à l'élection présidentielle. Ils sont légitimes. Je vous rappelle qu'à gauche, il y en aura autant, si ce n'est plus, qu'à droite. Monsieur Jospin aura autant de concurrents que monsieur Chirac pourra en avoir. La candidature de F. Bayrou est légitime, tout comme celle de monsieur Pasqua. Ils ont des choses à dire et il est normal qu'il les disent. Ce qui est important pour la droite, c'est qu'il y ait un code de bonne conduite entre les candidats. Ce qui est important, c'est qu'au soir du premier tour, tout le monde se retrouve pour faire gagner son camp. C'est à cela que nous travaillons."
Des propositions ont été faites clairement lors de votre conseil national, pour qu'au soir du deuxième tour de la présidentielle - c'est une déclaration d'A. Juppé - se crée immédiatement dans la foulée, une sorte de "Mouvement pour le Président", selon son mot. Cela veut-il dire que le soir de la réélection de Chirac - s'il était réélu - le RPR se fondrait, pour l'élection immédiatement suivante, dans un ensemble de mouvement présidentiel ?
- "Qu'au lendemain de l'élection de J. Chirac - et nous travaillons pour la réélection de J. Chirac - il y ait un mouvement qui se constitue autour de lui pour préparer les législatives, c'est tout à fait naturel. De là à ce que ce mouvement se crée par la disparition de toutes les formations, c'est peut-être un peu rapide comme conception des choses, mais il est bien évident que c'est vers cela que nous tendrons après l'élection. Dire que le RPR va disparaître au bénéfice de cette formation, je ne pense pas que cela soit la bonne formule. Le problème pour nous est qu'il y ait un mouvement du Président ; que le RPR, qui a retrouvé cette pugnacité dont vous parliez tout à l'heure, en soit la pierre angulaire, et travaille avec ses partenaires pour créer ce mouvement, c'est tout à fait naturel. C'est ce que nous essaierons de faire tous ensemble."
Cela veut dire que rien ne changera ?
- "Non, au contraire, cela changera. Mais on peut très bien changer les choses sans pour autant faire disparaître les idées ou les spécificités."
Le retour de Sarkozy a été remarqué. Tous ceux qui l'ont entendu disent qu'il s'agissait pratiquement d'un discours-programme pour un futur premier ministre si Chirac été élu. Serait-ce une bonne idée ?
- "C'est au Président de la République de choisir un Premier ministre, on n'y est pas encore. Commençons par gagner les élections, ensuite on rentrera dans le cadre des choix.
Est-ce que la perspective de monsieur Sarkozy, ...
- "N. Sarkozy a d'immenses qualités. Il serait, si nous gagnons les législatives, extrêmement utile à cette nouvelle majorité. Il n'est pas le seul, il y a d'autres fortes personnalités d'un mouvement gaulliste, il y en a dans les autres formations. Il reviendra au Président de la République de choisir son Premier ministre. Mais il est bon que le RPR ait plusieurs postulants à ce poste-là. C'est dire sa richesse."
Vous avez trouvé "légitime" pour reprendre votre mot, qu'il fasse un discours de ce genre ?
- "Bien sûr. Il a des choses à dire, et il les a dites. Tout le monde n'est pas d'accord, et on a vu les réactions de la presse avec lui. Comme tout le monde n'est pas d'accord d'ailleurs avec ce qu'a pu dire A. Juppé. L'important pour M. Alliot-Marie, est de faire en sorte que ceux qui ont des choses à dire puissent les dire au sein du RPR, dans l'organisation du RPR. Souvenez-vous, il y a un an, ce qu'on disait : que le RPR ne donnait pas les moyens à ceux que l'on appelle "ses éléphants" - en tout cas ses personnalités - de s'exprimer et qu'ils s'exprimaient à l'extérieur. Ceci est terminé. Tout le monde parle au sein du mouvement, car ce dernier a retrouvé sa crédibilité. Mais dire que l'un ou l'autre est plus légitime, c'est vous qui le dites. En tout cas, ils ont incontestablement des qualités et il est normal que nous en bénéficions."
Monsieur Ollier, vous qui ne nous cachez pas que vous soutenez la candidature de J. Chirac à sa réélection, est-ce que cela n'a pas été une très mauvaise nouvelle pour vous d'apprendre que les fonds publics avaient servi aux déplacements privés du Chef de l'Etat et de sa famille ? Et que, donc, 2,5 millions en deux ans et demi de billets d'avion ont été payés en liquide par J. Chirac, alors maire de Paris ?
- "Là, je dirais deux choses : d'abord, je trouve bizarre ces hasards qui font qu'à un an de la présidentielle, un certain nombre d'attaques ressortent contre le Président."
Ce sont des juges, monsieur Ollier, juges de la République ?
- "Oui, mais je trouve ça d'autant plus bizarre, des juges qui s'auto-saisissent et qui choisissent des dossiers pour mettre en cause le Président de la République ! Je rappelle que J. Chirac a toujours été attaqué, comme d'ailleurs un grand nombre de personnalités politiques. Et lorsqu'il n'était pas Président de la République, il a eu un certain nombre de réactions, très fortes, il a attaqué en diffamation. Il a gagné plus de 20 procès en diffamation, c'est-à-dire qu'il a gagné tous les procès qu'il a engagés ! Aujourd'hui, Président, il n'a plus les mêmes moyens pour se défendre - vous connaissez autant que moi les procédures -, et il est attaqué à ce niveau-là."
Vous pensez que les juges font de la politique ?
- "Je pense qu'un certain nombre de juges ont des tendances qui rejoignent effectivement la politique. Cela étant, sur ce dont vous parlez, c'est vous qui dites que ce sont des fonds publics qui ont servi à payer ..."
C'est lui, c'est le Président de la République qui a dit que c'était de l'argent du temps où il était ministre, Premier ministre ...
- "Des primes, ce sont des primes. Dans ce cas-là, cela devient de l'argent privé dès lors que ce sont des primes, premièrement. Deuxièmement, j'ai aussi entendu parler de financements familiaux et d'argent personnel. Il faut faire là aussi la distinction."
Doit-il des explications ?
- "Il ne faut pas faire d'amalgames."
Doit-il des explications aux Français ?
- "Le moment venu, lorsque les problèmes se poseront, comme il l'a fait pour d'autres problèmes - J. Chirac a toujours fait face et s'est toujours expliqué. Je pense qu'il le fera le moment venu quand il sera nécessaire d'apporter un certain nombre d'explications. Je ne trouve absolument pas choquant que pour des raisons de sécurité - souvenez-vous ce qui se passait à l'époque, les attentats qu'il y a avait en France - je ne trouve pas choquant du tout que pour des raisons de sécurité, on puisse retenir des billets sous des noms différents ! Je vous rappelle qu'il a toujours voyagé avec des billets à son nom. Ce sont les réservations qui ont été faites à d'autres noms. Et que cela soit payé en liquide, tel que cela a été expliqué par l'Elysée, il n'y a rien qui me choque à titre personnel."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 3 juillet 2001)