Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, que demande la France à lItalie ?
R - Tout dabord, la France entretient avec lItalie des relations bilatérales très denses et très substantielles. Pour nous, lItalie est un partenaire indispensable. Face à la crise, la position française est claire : en Europe, nous sommes pour un respect rigoureux de la discipline budgétaire, mais nous demandons également des initiatives fortes pour la croissance. La concertation avec lItalie est fondamentale. Cest pour cela que je suis heureux daccompagner à Rome le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ce sera mon deuxième déplacement à létranger, après Berlin. Dans un contexte difficile, le partenariat avec lItalie est encore plus stratégique.
Q - Pourquoi la France insiste-t-elle autant sur les incitations à la croissance ?
R - Parce que cest le chemin principal pour résoudre la crise, mais également parce que sans la croissance, à la crise économique sen ajouterait une autre : la crise démocratique. Dans lEurope entière se multiplient des prises de position radicales et populistes qui non seulement séloignent des valeurs européennes, mais qui remettent en question lambition des Pères fondateurs.
Q - M. Hollande avait avancé quatre propositions aux partenaires européens : la recapitalisation de la BEI, le déblocage des fonds structurels non utilisés, la mise en place des project bonds et de la taxe sur les transactions financières. Pourquoi a-t-il relancé les eurobonds ?
R - Ces différents dispositifs sont au service dune seule ambition, maintes fois réaffirmée par le président de la République : la croissance. Pour nous, les eurobonds ne sont pas un outil pour ajouter de la dette à la dette ou pour mutualiser le déficit de chacun des États. Pour nous, ce sont surtout un moyen dassurer le redressement qui garantira la croissance de demain et les emplois daprès-demain. Que ce soit clair : sans solidarité financière, il ny a pas davenir pour lEurope.
Q - Pourtant, les Allemands ne veulent pas en entendre parler. Ce nest pas seulement le cas de Mme Merkel, mais également de vos alliés de la SPD. Bref, vos négociations stagnent.
R - En politique, ce nest pas seulement le chemin à parcourir qui compte, mais également celui qui a été parcouru. Lorsque jétais le porte-parole de François Hollande pendant la campagne présidentielle, quand M. Hollande parlait de croissance, personne ne pensait quelle ferait lobjet de discussions dans un cadre européen. Aujourdhui, tous les sujets sont sur la table. Le débat avance. En effet, le sujet de désaccord entre la France et lAllemagne nest pas de savoir sil faut mettre en place des obligations européennes, mais plutôt à quel moment : selon la France, elles doivent servir à surmonter la crise ; selon lAllemagne, elles doivent servir à certifier que la crise a été surmontée. Pour nous, les euro-obligations sont un outil ; pour nos amis allemands, un point dorgue. Mais le fait que nous nous en parlions constitue un progrès.
Q - Justement, lintégration européenne a toujours avancé en temps de crise.
R - Le 23 mai, à Bruxelles, François Hollande a eu le mérite de mettre tous les sujets sur la table. Herman van Rompuy a pris note des différentes positions et a commencé une série de contacts bilatéraux. La méthode de la discussion est définie et, au-delà des différences, la volonté européenne est commune.
Q - Même concernant le maintien de la Grèce dans leuro ?
R - Certainement. Nous sommes condamnés à trouver une solution.
Q - Pendant la campagne électorale, M. Hollande avait demandé à être reçu par M. Monti. La réponse avait été négative. A posteriori, était-ce une erreur ?
R - En politique, on ne peut pas revenir sur ce qui a été fait. Depuis, il y a eu plusieurs occasions pour se parler. Le temps perdu a été largement rattrapé. Nous nous rencontrons, nous nous parlons : cest cela qui est important.
Q - La fin du directoire franco-allemand, ou plutôt germano-français, ouvre de nouveaux espaces à lItalie ?
R - Je ne parlerais pas de directoire, mais dun moteur franco-allemand qui fait avancer lEurope et qui doit continuer à tourner. Cela dit, la ligne du président Hollande est celle de léquilibre, sans relations exclusives. Dans ce sens, aujourdhui et demain, le partenariat avec lItalie est stratégique. Je crois que M. Monti aussi ressent cette nouvelle atmosphère, ce rapprochement, entre lItalie et la France.
Q - La taxe sur les transactions financières se fera même si les Britanniques nen veulent pas ?
R - Nous sommes pour cette taxe, parce quelle est utile pour les comptes publics, elle alimente des projets pour la croissance, elle aide le développement et concerne des produits financiers qui navaient jamais été imposés. Cela dit, nous espérons quelle soit acceptée par le plus grand nombre de pays, mais nous nattendrons pas que tous soient daccord pour la mettre en place.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 juin 2012
R - Tout dabord, la France entretient avec lItalie des relations bilatérales très denses et très substantielles. Pour nous, lItalie est un partenaire indispensable. Face à la crise, la position française est claire : en Europe, nous sommes pour un respect rigoureux de la discipline budgétaire, mais nous demandons également des initiatives fortes pour la croissance. La concertation avec lItalie est fondamentale. Cest pour cela que je suis heureux daccompagner à Rome le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ce sera mon deuxième déplacement à létranger, après Berlin. Dans un contexte difficile, le partenariat avec lItalie est encore plus stratégique.
Q - Pourquoi la France insiste-t-elle autant sur les incitations à la croissance ?
R - Parce que cest le chemin principal pour résoudre la crise, mais également parce que sans la croissance, à la crise économique sen ajouterait une autre : la crise démocratique. Dans lEurope entière se multiplient des prises de position radicales et populistes qui non seulement séloignent des valeurs européennes, mais qui remettent en question lambition des Pères fondateurs.
Q - M. Hollande avait avancé quatre propositions aux partenaires européens : la recapitalisation de la BEI, le déblocage des fonds structurels non utilisés, la mise en place des project bonds et de la taxe sur les transactions financières. Pourquoi a-t-il relancé les eurobonds ?
R - Ces différents dispositifs sont au service dune seule ambition, maintes fois réaffirmée par le président de la République : la croissance. Pour nous, les eurobonds ne sont pas un outil pour ajouter de la dette à la dette ou pour mutualiser le déficit de chacun des États. Pour nous, ce sont surtout un moyen dassurer le redressement qui garantira la croissance de demain et les emplois daprès-demain. Que ce soit clair : sans solidarité financière, il ny a pas davenir pour lEurope.
Q - Pourtant, les Allemands ne veulent pas en entendre parler. Ce nest pas seulement le cas de Mme Merkel, mais également de vos alliés de la SPD. Bref, vos négociations stagnent.
R - En politique, ce nest pas seulement le chemin à parcourir qui compte, mais également celui qui a été parcouru. Lorsque jétais le porte-parole de François Hollande pendant la campagne présidentielle, quand M. Hollande parlait de croissance, personne ne pensait quelle ferait lobjet de discussions dans un cadre européen. Aujourdhui, tous les sujets sont sur la table. Le débat avance. En effet, le sujet de désaccord entre la France et lAllemagne nest pas de savoir sil faut mettre en place des obligations européennes, mais plutôt à quel moment : selon la France, elles doivent servir à surmonter la crise ; selon lAllemagne, elles doivent servir à certifier que la crise a été surmontée. Pour nous, les euro-obligations sont un outil ; pour nos amis allemands, un point dorgue. Mais le fait que nous nous en parlions constitue un progrès.
Q - Justement, lintégration européenne a toujours avancé en temps de crise.
R - Le 23 mai, à Bruxelles, François Hollande a eu le mérite de mettre tous les sujets sur la table. Herman van Rompuy a pris note des différentes positions et a commencé une série de contacts bilatéraux. La méthode de la discussion est définie et, au-delà des différences, la volonté européenne est commune.
Q - Même concernant le maintien de la Grèce dans leuro ?
R - Certainement. Nous sommes condamnés à trouver une solution.
Q - Pendant la campagne électorale, M. Hollande avait demandé à être reçu par M. Monti. La réponse avait été négative. A posteriori, était-ce une erreur ?
R - En politique, on ne peut pas revenir sur ce qui a été fait. Depuis, il y a eu plusieurs occasions pour se parler. Le temps perdu a été largement rattrapé. Nous nous rencontrons, nous nous parlons : cest cela qui est important.
Q - La fin du directoire franco-allemand, ou plutôt germano-français, ouvre de nouveaux espaces à lItalie ?
R - Je ne parlerais pas de directoire, mais dun moteur franco-allemand qui fait avancer lEurope et qui doit continuer à tourner. Cela dit, la ligne du président Hollande est celle de léquilibre, sans relations exclusives. Dans ce sens, aujourdhui et demain, le partenariat avec lItalie est stratégique. Je crois que M. Monti aussi ressent cette nouvelle atmosphère, ce rapprochement, entre lItalie et la France.
Q - La taxe sur les transactions financières se fera même si les Britanniques nen veulent pas ?
R - Nous sommes pour cette taxe, parce quelle est utile pour les comptes publics, elle alimente des projets pour la croissance, elle aide le développement et concerne des produits financiers qui navaient jamais été imposés. Cela dit, nous espérons quelle soit acceptée par le plus grand nombre de pays, mais nous nattendrons pas que tous soient daccord pour la mettre en place.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 juin 2012