Texte intégral
BRUNO DUVIC Première expérience de ministre, numéro 3 donc du Gouvernement, le ministère réputé le plus difficile à gérer. Vous devez appliquer l'une des grandes promesses de campagne de François HOLLANDE, les 60.000 postes, vous avez une pression d'enfer sur les épaules ce matin ?
VINCENT PEILLON Non ! La promesse n'est pas d'ailleurs les 60.000 postes, elle a beaucoup plus d'ambition, c'est la refondation de l'école républicaine. François HOLLANDE a mis, le président de la République, la jeunesse au coeur de son projet et évidemment la jeunesse c'est l'école, ce n'est pas simplement un aspect de notre vie, c'est la France de demain, c'est elle qui est pénalisée, nous avons et nous vivons une crise d'avenir. Et donc il est normal et dans le fond il est conséquent, il est cohérent d'avoir fait du Ministère de l'Education une priorité, il y a les postes ce sont des moyens les postes mais c'est pour avoir et atteindre un certain nombre d'objectifs, les objectifs c'est simple, c'est la réussite de nos enfants, c'est la réussite de nos élèves.
BRUNO DUVIC Alors on reviendra en détail sur les dossiers de l'Education ! Quelques questions autour des secrets de fabrication de ce Gouvernement quand même, quand avez-vous appris que vous étiez désigné ?
VINCENT PEILLON Ecoutez l Le président de la République m'a appelé hier à l'heure du déjeuner et le Premier ministre dans l'après-midi. Mais nous étions déjà à la tâche, nous y sommes depuis longtemps, il ne faudrait pas faire croire je lis les gazettes que tout ça ce sont des conciliabules de derniers moments, quand on considère que la France doit se relever, que l'école a été abandonnée, quil faut la refonder, le président de la République vous le savez était allé rendre un hommage, c'est son premier acte de président de la République, au monument Jules FERRY
BRUNO DUVIC Mardi !
VINCENT PEILLON Ca a du sens.
BRUNO DUVIC Mais en ce qui concerne la formation de ce Gouvernement, est-ce que le Président et le Premier ministre, et le président singulièrement, ont été aussi secrets qu'on a pu le lire dans la presse, c'est-à-dire que jusqu'au dernier moment, même les personnes pressenties pour être ministres, n'étaient au courant de rien ou presque ?
VINCENT PEILLON C'est toujours mieux ! D'ailleurs vous avez vu
BRUNO DUVIC Mais c'était le cas ?
VINCENT PEILLON Mais bien entendu ! Vous avez vu les spéculations, ça fait une semaine que vous, vos collègues, vous faites et défaites des Gouvernements, vous imaginez bien la pression, en plus aujourd'hui il y a quelque chose qui s'appelle le téléphone portable - c'est assez commode - alors on arrive à joindre les gens partout et donc vous vous imaginez bien que, si vous dites les choses 24 heures, 36 heures, 48 heures avant, ce n'est pas la peine de les annoncer sur le perron de l'Elysée le soir.
BRUNO DUVIC Et quand vous avez lu que Martine AUBRY faisait partie des noms cités pour le Ministère de l'Education, vous vous êtes dit c'est fichu ?
VINCENT PEILLON Non ! Je me suis dit les journalistes sont, une nouvelle fois, très mal informés. Je trouve très désobligeant d'ailleurs tous les commentaires qui sont faits aujourd'hui, Martine AUBRY n'a jamais demandé ce poste
BRUNO DUVIC Vous n'avez jamais été en concurrence sur ce poste ?
VINCENT PEILLON Il n'y a jamais eu d'algarade entre nous ! Je n'ai jamais eu François HOLLANDE, à part hier au déjeuner lorsqu'il m'a appelé pour me proposer ce poste depuis son élection à la Présidence de la République, et des journées c'est même la des journaux entiers et même la une de certains journaux c'est sur des algarades entre François HOLLANDE, Martine AUBRY et moi-même. Je rends hommage à Martine AUBRY, nous avons construit le projet éducatif avec elle et avec Bruno JULLIARD pendant deux ans et nous avons été en conversation en permanence sur le fond, elle a fait un choix, elle est la Première secrétaire du Parti Socialiste
BRUNO DUVIC Il n'y a pas de divorce AUBRY HOLLANDE, pour reprendre le journal auquel vous faisiez référence
VINCENT PEILLON Non ! Non.
BRUNO DUVIC Qui est Le Figaro ?
VINCENT PEILLON Non ! Ce n'est pas à celui là que je faisais référence, c'était au Canard enchaîné qui faisait hier sa une sur un affrontement entre Martine AUBRY et moi-même, tout ça est injuste, tout ça est faux, nous sommes au travail ensemble, et ce Gouvernement est là - c'est la feuille de route du président de la République pour redresser la France dans un contexte je vous le rappelle, en dehors de tous ces bisbilles grotesques, qui est extrêmement difficile. Vous venez de le rappeler d'ailleurs, cette question de la croissance, OBAMA vient d'ailleurs en appui des textes du président de la République, c'est quand même un enjeu considérable, le président a rencontré Madame MERKEL cette semaine. Faire que notre école de la République se remette en mouvement, permette la réussite, ce n'est pas rien, remettre un peu de justice dans ce pays ça va être aussi une tâche ardue, voilà ce qui mobilisent les responsables Socialistes. Et je dois dire que le Gouvernement présenté par Jean-Marc AYRAULT hier se donne les moyens, y compris par le renouvellement, y compris par la parité, vous venez d'en parler, eh bien de tourner une page et de permettre ce redressement.
BRUNO DUVIC Quelles seront vos premières décisions dans les jours à venir en tant que ministre de l'Education ?
VINCENT PEILLON Il y a beaucoup de décisions à
BRUNO DUVIC Les premières !
VINCENT PEILLON Il y a beaucoup de décisions à prendre ! J'ai déjà eu d'ailleurs chez vous l'occasion d'annoncer, puisque lundi matin il y aura les évaluations, que nous allons suspendre les remontées nationales, je vais rencontrer
BRUNO DUVIC Décret d'évaluation des enseignants !
VINCENT PEILLON Non ! Celui là sera abrogé, là je vous parle de l'évaluation des élèves en CM2
BRUNO DUVIC D'accord !
VINCENT PEILLON Qui vont commencer cette semaine, tous les parents mais j'aurais l'occasion d'y revenir. Il y a aussi un temps d'écoute et ma première pensée est, je dois vous le dire après 30 ans de passion, c'est à l'ensemble des personnels et à l'ensemble de ceux que je vais rencontrer, la passation de pouvoirs avec Luc CHATEL aura lieu tout à l'heure à 9 h, quand je quitterai vos studios, qui se consacrent, qui se consacrent à l'éducation de nos enfants. Le président de la République a dit très nettement : « il va y avoir une inversion de valeurs », ce n'est pas simplement l'argent, c'est le mérite, c'est le dévouement, c'est le sens de l'intérêt général, c'est la préparation de l'avenir, voilà quelles ont été les valeurs de la République, les valeurs que l'on doit retrouver. Et vous savez il y a beaucoup de métiers - le vôtre d'ailleurs - qu'on ne choisit pas uniquement pour des considérations financières mais parce qu'on pense qu'on a un rôle à jouer dans la démocratie et une certaine idée de celle-ci, c'est vrai pour ceux qui nous soignent, c'est vrai pour ceux qui éduquent nos enfants, et donc aujourd'hui et dans les jours qui viennent, à partir des propositions que nous avons faites depuis plusieurs mois, qui sont bien connues, qui ont reçu l'assentiment, que je redévelopperai, je veux que tout le monde se rassemble autour de cette cause. On ne réformera pas l'école française contre les professeurs ou sans les professeurs, mais pas non plus contre les parents d'élèves ou sans les parents d'élèves, et donc nous allons avoir ce travail d'écoute avec les uns et les autres.
BRUNO DUVIC Propositions que vous développerez, dites-vous. Quand aurez-vous une idée des calendriers un peu plus précis, je pense notamment aux créations de postes, un millier d'ici la rentrée de septembre prochain dans le Primaire, quand saurez-vous où précisément affecter ces professeurs ?
VINCENT PEILLON Il y a et il y aura une réunion des recteurs la semaine prochaine, qui permettra de voir quels sont les cas les plus urgents dans chaque département ; il y a, vous le savez, des postes qui vont concerner les réseaux d'aides spécialisés aux enfants
BRUNO DUVIC Les Rased !
VINCENT PEILLON Il y a des les fameux Rased ! Il y a des postes qui concernent l'absence de remplacement possible aujourd'hui ; il va falloir que nous regardions et y compris avec un diagnostic très précis des départs à la retraite ce que nous pouvons faire pour accorder aux jeunes enseignants qui arrivent un minimum de formation, elle a été détruite. Ce calendrier, il est en réalité en route croyez-le bien, nous faisons un travail d'orfèvre depuis plusieurs semaines et nous allons maintenant le faire avec tous les personnels mobilisés du ministère, je sais qu'ils ont envie d'être engagés dans cette grande cause parce qu'elle a du sens.
BRUNO DUVIC Sur les postes créés, un millier d'enseignants dans le Primaire, est-ce que, comme on peut le penser après le discours de mardi de François HOLLANDE, priorité aux quartiers populaires et aux zones rurales ? Première question ; deuxième question, y aura-t-il d'autres créations de postes hors enseignants (des surveillants, des agents) dans les écoles dès cette rentrée 2012 ?
VINCENT PEILLON Le président de la République a demandé à ce qu'au moins 2.000 postes supplémentaires soient créés à la rentrée, qui peuvent être des assistants pédagogiques, qui peuvent être des personnels qui accompagnent les enfants handicapés, ce nouveau corps, dont il souhaite la création et sur lequel nous travaillons, de personnels qui sont là pour assurer la sécurité dans les établissements les plus difficiles et donc vous savez toute la rentrée 2012 elle a été préparée par la Droite, elle devrait d'ailleurs se dérouler dans de mauvaises conditions (14.000 suppressions de postes, pas d'écoute des personnels), nous remédions, nous allons remédier le plus rapide, on ne pourra pas tout faire, à ces situations et donc il y a, oui, d'autres postes qui vont être créés à la rentrée.
BRUNO DUVIC Priorité au public sur le privé ?
VINCENT PEILLON Je ne suis absolument pas ni le président de la République, ni le Premier ministre, pour rallumer une guerre scolaire - qui d'ailleurs est terminée, heureusement, à part quelques rajouts depuis 1905 nous savons vivre ensemble, nous avons des règles pour vivre ensemble. La laïcité est d'abord une école de tolérance et donc les postes qui ont été détruits c'est assez simple ont été détruits et dans l'éducation publique et évidemment dans le privé, eh bien les postes qui seront recréés seront recréés à la proportionnelle des destructions. C'est un impératif, vous savez tout le temps, de justice, donc il n'y a pas d'idéologie, il y a de la justice et cette justice devrait produire de l'efficacité.
BRUNO DUVIC Alors abrogation du décret sur l'évaluation des enseignants, vous l'avez dit tout à l'heure, l'allocation de rentrée scolaire + 25%, ce décret là sera signé dès la semaine prochaine ?
VINCENT PEILLON Il sera signé très rapidement !
BRUNO DUVIC Quel sera le rôle de votre ministre déléguée, Madame George PAU-LANGEVIN, ministre déléguée à la Réussite éducative ça veut dire quoi ?
VINCENT PEILLON Ca veut dire que c'est notre obsession et que je suis ravi d'avoir George PAULANGEVIN avec son expérience, sa personnalité, à mes côtés et je crois que
BRUNO DUVIC Mais concrètement que fera-t-elle ?
VINCENT PEILLON Eh bien elle va travailler spécifiquement vous savez la réussite éducative c'est la grande affaire et donc on a besoin de pouvoir se concentrer sur un certain nombre de dispositifs que nous allons proposer. Pourquoi la grande affaire ? Eh bien parce que le problème français c'est bien l'échec, la machine à trier, quelques-uns réussissent, beaucoup échouent, et, en plus, même parmi ceux qui réussissent un peu, souvent linsertion professionnelle est très difficile, donc c'est pour bien marquer que la priorité du ministère ça va être la réussite de tous les élèves. Elle aura des dossiers transversaux, alors vous pouvez penser à l'éducation prioritaire, vous pensez penser au travail que nous devons faire avec les plus jeunes, elle sera présente à mes côtés sur tous les dossiers.
BRUNO DUVIC Alors, au-delà des mesures d'urgence qu'on a évoquées, une négociation avec les syndicats est prévue cet été pour préparer la loi d'orientation qui doit être votée à l'automne ou discutée à l'automne. On connaît le poids des syndicats dans l'Education, est-ce que vous direz toujours oui aux syndicats, est-ce que vous saurez leur dire non ?
VINCENT PEILLON Eh bien d'abord sans doute ! Mais ce n'est pas une négociation, donc je vais préciser, c'est une concertation. L'idée de François HOLLANDE c'est qu'il faut passer un nouveau contrat entre l'école et la Nation, l'école elle n'appartient pas à quelques-uns, elle n'appartient pas aux professeurs seulement, elle n'appartient pas aux parents d'élèves seulement, elle appartient à la France. Chaque fois que la France a été grande, c'est la Ière République, c'est la IIIème, c'est juste après la guerre, c'est quand elle a été capable - parce que c'est ça son idée la France - c'est l'école, c'est le savoir, c'est le libre jugement, eh bien elle a été capable de se réunir autour de son école, c'est ce que nous allons faire. Nous avons le sens de l'intérêt général, il n'est jamais une addition d'intérêts particuliers. Mais nous avons le respect de chacun, donc nous allons écouter tous ceux qui veulent entrer dans cette concertation, les syndicats, bien entendu ils représentent les personnels
BRUNO DUVIC Les parents d'élèves aussi ?
VINCENT PEILLON Les parents d'élèves bien entendu ! Les grandes associations d'éducation populaire évidemment, les experts aussi, tous ceux qui veulent participer à cette refondation de lécole républicaine sont les bienvenus, mais l'intérêt général ne sera pas la résultante d'intérêts particuliers, ça n'est pas une négociation, c'est une concertation.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 mai 2012
VINCENT PEILLON Non ! La promesse n'est pas d'ailleurs les 60.000 postes, elle a beaucoup plus d'ambition, c'est la refondation de l'école républicaine. François HOLLANDE a mis, le président de la République, la jeunesse au coeur de son projet et évidemment la jeunesse c'est l'école, ce n'est pas simplement un aspect de notre vie, c'est la France de demain, c'est elle qui est pénalisée, nous avons et nous vivons une crise d'avenir. Et donc il est normal et dans le fond il est conséquent, il est cohérent d'avoir fait du Ministère de l'Education une priorité, il y a les postes ce sont des moyens les postes mais c'est pour avoir et atteindre un certain nombre d'objectifs, les objectifs c'est simple, c'est la réussite de nos enfants, c'est la réussite de nos élèves.
BRUNO DUVIC Alors on reviendra en détail sur les dossiers de l'Education ! Quelques questions autour des secrets de fabrication de ce Gouvernement quand même, quand avez-vous appris que vous étiez désigné ?
VINCENT PEILLON Ecoutez l Le président de la République m'a appelé hier à l'heure du déjeuner et le Premier ministre dans l'après-midi. Mais nous étions déjà à la tâche, nous y sommes depuis longtemps, il ne faudrait pas faire croire je lis les gazettes que tout ça ce sont des conciliabules de derniers moments, quand on considère que la France doit se relever, que l'école a été abandonnée, quil faut la refonder, le président de la République vous le savez était allé rendre un hommage, c'est son premier acte de président de la République, au monument Jules FERRY
BRUNO DUVIC Mardi !
VINCENT PEILLON Ca a du sens.
BRUNO DUVIC Mais en ce qui concerne la formation de ce Gouvernement, est-ce que le Président et le Premier ministre, et le président singulièrement, ont été aussi secrets qu'on a pu le lire dans la presse, c'est-à-dire que jusqu'au dernier moment, même les personnes pressenties pour être ministres, n'étaient au courant de rien ou presque ?
VINCENT PEILLON C'est toujours mieux ! D'ailleurs vous avez vu
BRUNO DUVIC Mais c'était le cas ?
VINCENT PEILLON Mais bien entendu ! Vous avez vu les spéculations, ça fait une semaine que vous, vos collègues, vous faites et défaites des Gouvernements, vous imaginez bien la pression, en plus aujourd'hui il y a quelque chose qui s'appelle le téléphone portable - c'est assez commode - alors on arrive à joindre les gens partout et donc vous vous imaginez bien que, si vous dites les choses 24 heures, 36 heures, 48 heures avant, ce n'est pas la peine de les annoncer sur le perron de l'Elysée le soir.
BRUNO DUVIC Et quand vous avez lu que Martine AUBRY faisait partie des noms cités pour le Ministère de l'Education, vous vous êtes dit c'est fichu ?
VINCENT PEILLON Non ! Je me suis dit les journalistes sont, une nouvelle fois, très mal informés. Je trouve très désobligeant d'ailleurs tous les commentaires qui sont faits aujourd'hui, Martine AUBRY n'a jamais demandé ce poste
BRUNO DUVIC Vous n'avez jamais été en concurrence sur ce poste ?
VINCENT PEILLON Il n'y a jamais eu d'algarade entre nous ! Je n'ai jamais eu François HOLLANDE, à part hier au déjeuner lorsqu'il m'a appelé pour me proposer ce poste depuis son élection à la Présidence de la République, et des journées c'est même la des journaux entiers et même la une de certains journaux c'est sur des algarades entre François HOLLANDE, Martine AUBRY et moi-même. Je rends hommage à Martine AUBRY, nous avons construit le projet éducatif avec elle et avec Bruno JULLIARD pendant deux ans et nous avons été en conversation en permanence sur le fond, elle a fait un choix, elle est la Première secrétaire du Parti Socialiste
BRUNO DUVIC Il n'y a pas de divorce AUBRY HOLLANDE, pour reprendre le journal auquel vous faisiez référence
VINCENT PEILLON Non ! Non.
BRUNO DUVIC Qui est Le Figaro ?
VINCENT PEILLON Non ! Ce n'est pas à celui là que je faisais référence, c'était au Canard enchaîné qui faisait hier sa une sur un affrontement entre Martine AUBRY et moi-même, tout ça est injuste, tout ça est faux, nous sommes au travail ensemble, et ce Gouvernement est là - c'est la feuille de route du président de la République pour redresser la France dans un contexte je vous le rappelle, en dehors de tous ces bisbilles grotesques, qui est extrêmement difficile. Vous venez de le rappeler d'ailleurs, cette question de la croissance, OBAMA vient d'ailleurs en appui des textes du président de la République, c'est quand même un enjeu considérable, le président a rencontré Madame MERKEL cette semaine. Faire que notre école de la République se remette en mouvement, permette la réussite, ce n'est pas rien, remettre un peu de justice dans ce pays ça va être aussi une tâche ardue, voilà ce qui mobilisent les responsables Socialistes. Et je dois dire que le Gouvernement présenté par Jean-Marc AYRAULT hier se donne les moyens, y compris par le renouvellement, y compris par la parité, vous venez d'en parler, eh bien de tourner une page et de permettre ce redressement.
BRUNO DUVIC Quelles seront vos premières décisions dans les jours à venir en tant que ministre de l'Education ?
VINCENT PEILLON Il y a beaucoup de décisions à
BRUNO DUVIC Les premières !
VINCENT PEILLON Il y a beaucoup de décisions à prendre ! J'ai déjà eu d'ailleurs chez vous l'occasion d'annoncer, puisque lundi matin il y aura les évaluations, que nous allons suspendre les remontées nationales, je vais rencontrer
BRUNO DUVIC Décret d'évaluation des enseignants !
VINCENT PEILLON Non ! Celui là sera abrogé, là je vous parle de l'évaluation des élèves en CM2
BRUNO DUVIC D'accord !
VINCENT PEILLON Qui vont commencer cette semaine, tous les parents mais j'aurais l'occasion d'y revenir. Il y a aussi un temps d'écoute et ma première pensée est, je dois vous le dire après 30 ans de passion, c'est à l'ensemble des personnels et à l'ensemble de ceux que je vais rencontrer, la passation de pouvoirs avec Luc CHATEL aura lieu tout à l'heure à 9 h, quand je quitterai vos studios, qui se consacrent, qui se consacrent à l'éducation de nos enfants. Le président de la République a dit très nettement : « il va y avoir une inversion de valeurs », ce n'est pas simplement l'argent, c'est le mérite, c'est le dévouement, c'est le sens de l'intérêt général, c'est la préparation de l'avenir, voilà quelles ont été les valeurs de la République, les valeurs que l'on doit retrouver. Et vous savez il y a beaucoup de métiers - le vôtre d'ailleurs - qu'on ne choisit pas uniquement pour des considérations financières mais parce qu'on pense qu'on a un rôle à jouer dans la démocratie et une certaine idée de celle-ci, c'est vrai pour ceux qui nous soignent, c'est vrai pour ceux qui éduquent nos enfants, et donc aujourd'hui et dans les jours qui viennent, à partir des propositions que nous avons faites depuis plusieurs mois, qui sont bien connues, qui ont reçu l'assentiment, que je redévelopperai, je veux que tout le monde se rassemble autour de cette cause. On ne réformera pas l'école française contre les professeurs ou sans les professeurs, mais pas non plus contre les parents d'élèves ou sans les parents d'élèves, et donc nous allons avoir ce travail d'écoute avec les uns et les autres.
BRUNO DUVIC Propositions que vous développerez, dites-vous. Quand aurez-vous une idée des calendriers un peu plus précis, je pense notamment aux créations de postes, un millier d'ici la rentrée de septembre prochain dans le Primaire, quand saurez-vous où précisément affecter ces professeurs ?
VINCENT PEILLON Il y a et il y aura une réunion des recteurs la semaine prochaine, qui permettra de voir quels sont les cas les plus urgents dans chaque département ; il y a, vous le savez, des postes qui vont concerner les réseaux d'aides spécialisés aux enfants
BRUNO DUVIC Les Rased !
VINCENT PEILLON Il y a des les fameux Rased ! Il y a des postes qui concernent l'absence de remplacement possible aujourd'hui ; il va falloir que nous regardions et y compris avec un diagnostic très précis des départs à la retraite ce que nous pouvons faire pour accorder aux jeunes enseignants qui arrivent un minimum de formation, elle a été détruite. Ce calendrier, il est en réalité en route croyez-le bien, nous faisons un travail d'orfèvre depuis plusieurs semaines et nous allons maintenant le faire avec tous les personnels mobilisés du ministère, je sais qu'ils ont envie d'être engagés dans cette grande cause parce qu'elle a du sens.
BRUNO DUVIC Sur les postes créés, un millier d'enseignants dans le Primaire, est-ce que, comme on peut le penser après le discours de mardi de François HOLLANDE, priorité aux quartiers populaires et aux zones rurales ? Première question ; deuxième question, y aura-t-il d'autres créations de postes hors enseignants (des surveillants, des agents) dans les écoles dès cette rentrée 2012 ?
VINCENT PEILLON Le président de la République a demandé à ce qu'au moins 2.000 postes supplémentaires soient créés à la rentrée, qui peuvent être des assistants pédagogiques, qui peuvent être des personnels qui accompagnent les enfants handicapés, ce nouveau corps, dont il souhaite la création et sur lequel nous travaillons, de personnels qui sont là pour assurer la sécurité dans les établissements les plus difficiles et donc vous savez toute la rentrée 2012 elle a été préparée par la Droite, elle devrait d'ailleurs se dérouler dans de mauvaises conditions (14.000 suppressions de postes, pas d'écoute des personnels), nous remédions, nous allons remédier le plus rapide, on ne pourra pas tout faire, à ces situations et donc il y a, oui, d'autres postes qui vont être créés à la rentrée.
BRUNO DUVIC Priorité au public sur le privé ?
VINCENT PEILLON Je ne suis absolument pas ni le président de la République, ni le Premier ministre, pour rallumer une guerre scolaire - qui d'ailleurs est terminée, heureusement, à part quelques rajouts depuis 1905 nous savons vivre ensemble, nous avons des règles pour vivre ensemble. La laïcité est d'abord une école de tolérance et donc les postes qui ont été détruits c'est assez simple ont été détruits et dans l'éducation publique et évidemment dans le privé, eh bien les postes qui seront recréés seront recréés à la proportionnelle des destructions. C'est un impératif, vous savez tout le temps, de justice, donc il n'y a pas d'idéologie, il y a de la justice et cette justice devrait produire de l'efficacité.
BRUNO DUVIC Alors abrogation du décret sur l'évaluation des enseignants, vous l'avez dit tout à l'heure, l'allocation de rentrée scolaire + 25%, ce décret là sera signé dès la semaine prochaine ?
VINCENT PEILLON Il sera signé très rapidement !
BRUNO DUVIC Quel sera le rôle de votre ministre déléguée, Madame George PAU-LANGEVIN, ministre déléguée à la Réussite éducative ça veut dire quoi ?
VINCENT PEILLON Ca veut dire que c'est notre obsession et que je suis ravi d'avoir George PAULANGEVIN avec son expérience, sa personnalité, à mes côtés et je crois que
BRUNO DUVIC Mais concrètement que fera-t-elle ?
VINCENT PEILLON Eh bien elle va travailler spécifiquement vous savez la réussite éducative c'est la grande affaire et donc on a besoin de pouvoir se concentrer sur un certain nombre de dispositifs que nous allons proposer. Pourquoi la grande affaire ? Eh bien parce que le problème français c'est bien l'échec, la machine à trier, quelques-uns réussissent, beaucoup échouent, et, en plus, même parmi ceux qui réussissent un peu, souvent linsertion professionnelle est très difficile, donc c'est pour bien marquer que la priorité du ministère ça va être la réussite de tous les élèves. Elle aura des dossiers transversaux, alors vous pouvez penser à l'éducation prioritaire, vous pensez penser au travail que nous devons faire avec les plus jeunes, elle sera présente à mes côtés sur tous les dossiers.
BRUNO DUVIC Alors, au-delà des mesures d'urgence qu'on a évoquées, une négociation avec les syndicats est prévue cet été pour préparer la loi d'orientation qui doit être votée à l'automne ou discutée à l'automne. On connaît le poids des syndicats dans l'Education, est-ce que vous direz toujours oui aux syndicats, est-ce que vous saurez leur dire non ?
VINCENT PEILLON Eh bien d'abord sans doute ! Mais ce n'est pas une négociation, donc je vais préciser, c'est une concertation. L'idée de François HOLLANDE c'est qu'il faut passer un nouveau contrat entre l'école et la Nation, l'école elle n'appartient pas à quelques-uns, elle n'appartient pas aux professeurs seulement, elle n'appartient pas aux parents d'élèves seulement, elle appartient à la France. Chaque fois que la France a été grande, c'est la Ière République, c'est la IIIème, c'est juste après la guerre, c'est quand elle a été capable - parce que c'est ça son idée la France - c'est l'école, c'est le savoir, c'est le libre jugement, eh bien elle a été capable de se réunir autour de son école, c'est ce que nous allons faire. Nous avons le sens de l'intérêt général, il n'est jamais une addition d'intérêts particuliers. Mais nous avons le respect de chacun, donc nous allons écouter tous ceux qui veulent entrer dans cette concertation, les syndicats, bien entendu ils représentent les personnels
BRUNO DUVIC Les parents d'élèves aussi ?
VINCENT PEILLON Les parents d'élèves bien entendu ! Les grandes associations d'éducation populaire évidemment, les experts aussi, tous ceux qui veulent participer à cette refondation de lécole républicaine sont les bienvenus, mais l'intérêt général ne sera pas la résultante d'intérêts particuliers, ça n'est pas une négociation, c'est une concertation.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 mai 2012