Texte intégral
Q - Que peut-on espérer du sommet européen des 28 et 29 juin ?
R - Il faut tout dabord que les outils concrets pour la croissance, et notamment la possibilité dy consacrer 1 % du produit intérieur brut de lUnion européenne, puissent être confirmés dans les discussions à Vingt-sept.
Nous souhaitons que lUnion européenne sengage : sur la mobilisation des fonds structurels, la recapitalisation de la Banque européenne dinvestissement, sur les «projects bonds» - emprunts en commun pour financer des infrastructures -, et sur la capacité daffecter ces moyens aux investissements qui feront la croissance de demain dans tous les pays de lUnion.
Il faut aussi que les fondements dune lunion bancaire, posés lors du Sommet de Rome des quatre chefs dÉtat et de gouvernement - France, Allemagne, Italie, et Espagne -, soient approfondis.
Enfin, il y a la question des eurobonds et des autres sujets qui renvoient à la stabilité financière européenne. LEurope doit renforcer les outils existants et, pour cela, elle a besoin dune feuille de route. La discussion se poursuit. Il peut y avoir des divergences, mais il ne faut pas les dramatiser.
Q - Une déception au sommet est pourtant anticipée...
R - Je ne pense pas quon puisse aborder le sujet de manière aussi émotive. Sur les trois points que le président François Hollande a mis sur la table au cours de sa campagne, nous avons progressé : la croissance est désormais considérée avec autant dattention que la responsabilité budgétaire. Et il est entendu que cette croissance doit résulter autant de lapprofondissement du marché intérieur que de linvestissement dans les grands projets stratégiques.
Enfin, lintégration politique ne peut être le préalable aux mesures urgentes de redressement. Mais le renforcement doutils monétaires et financiers existants et la mutualisation de moyens peuvent justifier un pilotage politique plus intégré.
Q - Est-ce à dire que les eurobonds, que refuse la chancelière allemande Angela Merkel, sont désormais un point darrivée et non un point de départ ?
R - Sur ce sujet, la discussion avec les Allemands est intéressante. Il ne faut pas la figer avec des crispations. Il y a un respect de la position de chacun et un impératif de pragmatisme.
Q - Quelles sont les concessions possibles pour la France ?
R - Le problème, cest celui de laustérité qui mine lespérance des peuples et les conduit à se tourner vers les populismes. Cest un danger considérable pour la démocratie. Il faut donc savoir de quels outils on peut se doter collectivement pour être efficaces face à la crise. Encore une fois, le pragmatisme doit nous conduire à poser dans une feuille de route la double question des instruments concrets de relance de la croissance et dune plus grande efficacité des politiques financières et monétaires. Dans le même temps, il convient denvisager le pilotage politique plus intégré qui doit en découler.
Q - Les Allemands bluffent-ils en exigeant cette intégration politique pour refuser certaines revendications ?
R - Personne au sein de lUnion européenne nimagine que lon puisse aller plus loin dans le renforcement de lunion financière et monétaire, sans réfléchir à lintégration quappellent ces outils mutualisés. Nous navons aucune raison de refuser ce débat.
Mais ce nest pas le cur du sujet. Pour résumer, les réponses à la crise, cest maintenant. Et en apportant maintenant ces réponses, nous rendons possibles les évolutions institutionnelles que ces réponses auront rendues nécessaires.
Q - Ny a-t-il pas urgence, après plus de deux ans de crise, à afficher des résultats ?
R - Ce qui compte, ce nest pas le rythme mais ces résultats concrets. Ils existent : jai déjà évoqué la possibilité de consacrer 1 % du PIB de lUnion européenne à la croissance, de conforter lunion bancaire et de renforcer les outils de stabilisation financière. Je pourrais aussi évoquer la taxe sur les transactions financières, qui nétait pas envisageable il y a encore quelques semaines. Aujourdhui, une coopération renforcée se dessine. Cest mieux que de faire voter un impôt de Bourse, tout seul, dans son pays !
Q - Après avoir dénoncé laxe «Merkozy» - pour Merkel et Sarkozy -, le président François Hollande, nest-il pas en train de créer un axe «Merkollande» ?
R - Nous ne nous situons pas dans une logique où Français et Allemands se rencontrent pour tout régler entre eux. Nous parlons à tout le monde. Le moteur franco-allemand doit bien entendu jouer son rôle. Mais il nest pas exclusif de relations approfondies avec les autres pays.
Q - En sérigeant en porte-parole de lEurope du Sud, M. Hollande a tenté dinstaller un rapport de force avec la chancelière. Cela a-t-il porté ses fruits ?
R - Prendre la tête des pays du Sud face à lAllemagne ne correspond pas à notre approche. LEurope est une et indivisible. Elle sera plus forte si elle surmonte les oppositions qui laffaiblissent.
( )
Q - La France a-t-elle vocation à présenter un candidat pour la présidence de lEurogroupe ?
R - La question des désignations à la tête des différentes instances européennes relève dun équilibre global et général, cest dans ce cadre que les décisions sont prises. Ces sujets ne se traitent pas au coup par coup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2012
R - Il faut tout dabord que les outils concrets pour la croissance, et notamment la possibilité dy consacrer 1 % du produit intérieur brut de lUnion européenne, puissent être confirmés dans les discussions à Vingt-sept.
Nous souhaitons que lUnion européenne sengage : sur la mobilisation des fonds structurels, la recapitalisation de la Banque européenne dinvestissement, sur les «projects bonds» - emprunts en commun pour financer des infrastructures -, et sur la capacité daffecter ces moyens aux investissements qui feront la croissance de demain dans tous les pays de lUnion.
Il faut aussi que les fondements dune lunion bancaire, posés lors du Sommet de Rome des quatre chefs dÉtat et de gouvernement - France, Allemagne, Italie, et Espagne -, soient approfondis.
Enfin, il y a la question des eurobonds et des autres sujets qui renvoient à la stabilité financière européenne. LEurope doit renforcer les outils existants et, pour cela, elle a besoin dune feuille de route. La discussion se poursuit. Il peut y avoir des divergences, mais il ne faut pas les dramatiser.
Q - Une déception au sommet est pourtant anticipée...
R - Je ne pense pas quon puisse aborder le sujet de manière aussi émotive. Sur les trois points que le président François Hollande a mis sur la table au cours de sa campagne, nous avons progressé : la croissance est désormais considérée avec autant dattention que la responsabilité budgétaire. Et il est entendu que cette croissance doit résulter autant de lapprofondissement du marché intérieur que de linvestissement dans les grands projets stratégiques.
Enfin, lintégration politique ne peut être le préalable aux mesures urgentes de redressement. Mais le renforcement doutils monétaires et financiers existants et la mutualisation de moyens peuvent justifier un pilotage politique plus intégré.
Q - Est-ce à dire que les eurobonds, que refuse la chancelière allemande Angela Merkel, sont désormais un point darrivée et non un point de départ ?
R - Sur ce sujet, la discussion avec les Allemands est intéressante. Il ne faut pas la figer avec des crispations. Il y a un respect de la position de chacun et un impératif de pragmatisme.
Q - Quelles sont les concessions possibles pour la France ?
R - Le problème, cest celui de laustérité qui mine lespérance des peuples et les conduit à se tourner vers les populismes. Cest un danger considérable pour la démocratie. Il faut donc savoir de quels outils on peut se doter collectivement pour être efficaces face à la crise. Encore une fois, le pragmatisme doit nous conduire à poser dans une feuille de route la double question des instruments concrets de relance de la croissance et dune plus grande efficacité des politiques financières et monétaires. Dans le même temps, il convient denvisager le pilotage politique plus intégré qui doit en découler.
Q - Les Allemands bluffent-ils en exigeant cette intégration politique pour refuser certaines revendications ?
R - Personne au sein de lUnion européenne nimagine que lon puisse aller plus loin dans le renforcement de lunion financière et monétaire, sans réfléchir à lintégration quappellent ces outils mutualisés. Nous navons aucune raison de refuser ce débat.
Mais ce nest pas le cur du sujet. Pour résumer, les réponses à la crise, cest maintenant. Et en apportant maintenant ces réponses, nous rendons possibles les évolutions institutionnelles que ces réponses auront rendues nécessaires.
Q - Ny a-t-il pas urgence, après plus de deux ans de crise, à afficher des résultats ?
R - Ce qui compte, ce nest pas le rythme mais ces résultats concrets. Ils existent : jai déjà évoqué la possibilité de consacrer 1 % du PIB de lUnion européenne à la croissance, de conforter lunion bancaire et de renforcer les outils de stabilisation financière. Je pourrais aussi évoquer la taxe sur les transactions financières, qui nétait pas envisageable il y a encore quelques semaines. Aujourdhui, une coopération renforcée se dessine. Cest mieux que de faire voter un impôt de Bourse, tout seul, dans son pays !
Q - Après avoir dénoncé laxe «Merkozy» - pour Merkel et Sarkozy -, le président François Hollande, nest-il pas en train de créer un axe «Merkollande» ?
R - Nous ne nous situons pas dans une logique où Français et Allemands se rencontrent pour tout régler entre eux. Nous parlons à tout le monde. Le moteur franco-allemand doit bien entendu jouer son rôle. Mais il nest pas exclusif de relations approfondies avec les autres pays.
Q - En sérigeant en porte-parole de lEurope du Sud, M. Hollande a tenté dinstaller un rapport de force avec la chancelière. Cela a-t-il porté ses fruits ?
R - Prendre la tête des pays du Sud face à lAllemagne ne correspond pas à notre approche. LEurope est une et indivisible. Elle sera plus forte si elle surmonte les oppositions qui laffaiblissent.
( )
Q - La France a-t-elle vocation à présenter un candidat pour la présidence de lEurogroupe ?
R - La question des désignations à la tête des différentes instances européennes relève dun équilibre global et général, cest dans ce cadre que les décisions sont prises. Ces sujets ne se traitent pas au coup par coup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2012