Texte intégral
Monsieur le Président et Secrétaire général de la Francophonie,
Mesdames et Messieurs les Représentants personnels,
Chers Amis,
Je suis très honorée de me trouver à vos côtés ce matin pour participer aux travaux de la Commission permanente.
Cest avec émotion que je mexprime aujourdhui devant vous, non pas en tant que ministre, mais comme représentante personnelle du président de la République française pour la Francophonie, qui ma confiée cette nouvelle mission.
Cette première rencontre me donnera loccasion davoir des échanges essentiels avec vous hors du temps précieux mais formellement consacré à nos travaux en séance, afin de mieux nous connaître.
Il y a parmi vous des personnalités issues du monde des arts et de la culture, dautres viennent dunivers professionnels ou politiques, vous représentez tous cette diversité culturelle qui est lun des piliers de la Francophonie.
Je suis personnellement attachée à cette Francophonie qui forme le trait dunion pacifique entre les peuples et les cultures. Comme le disait le poète canadien, «La francophonie est un vaste pays sans frontières Celui de la langue française ». Cest donc à cette langue de la citoyenneté, à cette langue de la liberté, à cette langue porteuse de valeurs, à cette langue qui évolue, que je serai fidèle dans mon engagement de représentante personnelle.
Cest cette langue qui sera dans quelques décennies la langue de 800 millions de francophones.
Cette Francophonie, généreuse, ouverte, et que vous incarnez tous ici, jen porterai donc lidéal avec vous.
Je veux en venir maintenant à dautres éléments qui sinscrivent dans le cadre de nos travaux du jour.
Vous me permettrez aujourdhui de souligner que la Francophonie est actuellement confrontée à une situation exceptionnelle car trois de ses États membres (Madagascar, Mali, Guinée-Bissau) sont suspendus, en application de la déclaration de Bamako. Cela témoigne de la fragilité de certains États et de la nécessité dun soutien entre partenaires francophones. Nous souhaitons quune réponse appropriée soit apportée à chacun de ces États pour aboutir à une réintégration la plus rapide possible.
À cet égard, la France se félicite de la mission dexpertise électorale déployée par lOIF à Madagascar. Face à la dégradation inquiétante de la situation tant économique que sociale, il nous faut veiller, en synergie avec les autres acteurs internationaux, régionaux et sous-régionaux, à ce que le processus de préparation des élections ne prenne pas de retard. Les malgaches décideront le moment venu en toute souveraineté de la date des élections, mais rien ne saurait justifier la remise à plus tard de cette préparation. Au contraire, lorsque la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CENIT) aura jugé être techniquement prête, alors les acteurs du jeu politique ne pourront plus reculer. Grâce à un scrutin libre, crédible et transparent, Madagascar normalisera sa situation politique et cela favorisera le retour des principaux bailleurs et investisseurs internationaux.
Au Mali, la situation senlise au Nord, et le gouvernement de transition à Bamako reste fragile. Le renforcement de la légitimité du gouvernement et le retrait des militaires de la vie politique constituent nos priorités. Le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité maliennes est par ailleurs indispensable avant une éventuelle action militaire pour rétablir la souveraineté et in fine poursuivre activement la lutte contre les groupes terroristes. Toute solution/intervention militaire au Mali devra, selon nous, recueillir le consentement des autorités maliennes de transition. Sinon, elle prendrait le risque dêtre rejetée par la population. Nous souhaitons donc que la Communauté économique des États de lAfrique de lOuest (CEDEAO) et les autorités maliennes travaillent ensemble pour trouver une solution durable à la crise que traverse actuellement le Mali.
En Guinée Bissau, la France a apporté un soutien logistique au déploiement de la force de stabilisation de la CEDEAO. Elle soutiendra les propositions allant dans le sens dun dialogue le plus large possible entre les nouvelles autorités et les autorités en exil, dans la perspective dune restauration de lÉtat de droit.
Dans ces trois pays, il est important que les programmes qui bénéficient directement aux populations soient maintenus, voire renforcés.
Les Égyptiens viennent délire leur président de la République. Le bon déroulement du scrutin a montré une fois de plus laspiration du peuple égyptien à choisir librement et démocratiquement ses représentants et ses dirigeants. La France a réitéré son engagement à travailler avec le nouveau président dans un contexte économique égyptien marqué par des difficultés importantes ; elle souhaite que la transition se poursuive dans le respect des aspirations démocratiques du peuple égyptien et des engagements internationaux de lÉgypte.
Je voudrais mentionner par ailleurs limplication renouvelée de lOIF dans le processus électoral guinéen. Cependant, les désaccords profonds qui entachent lorganisation du scrutin nont pas encore été totalement levés. La détermination des acteurs politiques guinéens ne doit pas fléchir car si la dynamique électorale devait une nouvelle fois sessouffler, la communauté internationale et les investisseurs pourraient en tirer des conséquences.
Aujourdhui, nous sommes tous tournés vers le 14ème Sommet de la Francophonie qui se tiendra en octobre prochain à Kinshasa et dont la préparation sorganise à grand pas. Cet évènement doit être le témoignage dune Francophonie unie autour de ses valeurs, du respect de la démocratie, des droits de lHomme et du bien-être des populations. Je voudrais saluer la volonté des autorités congolaises dassocier la population au Sommet. La France a dores et déjà apporté son soutien à différentes manifestations culturelles, qui accompagnent lorganisation du Sommet.
Ce sommet marquera également limplication croissante de la Francophonie dans les enjeux essentiels pour le monde moderne que sont les enjeux économiques et environnementaux. Alors que le Sommet Rio+20 a montré ses limites, la Francophonie doit savoir se montrer tout à la fois réaliste et ambitieuse. Réaliste car les idées débattues à Rio nécessiteront encore un temps de maturation, ambitieuse car elle doit savoir se saisir des opportunités pour faire progresser son influence et sa force de propositions. Je salue ainsi tout particulièrement lengagement du Niger et du Congo-Brazzaville, qui doivent pouvoir trouver au sein de la Francophonie le prolongement des initiatives quils ont lancées.
Le thème du Sommet pose de façon implicite la question de la Francophonie économique. Celle-ci existe déjà, timidement peut-être. Mais il nous faut réfléchir aux objectifs et aux moyens que nous sommes disposés à nous donner. Il sera important, dans le cadre du Sommet, de relever collectivement ce défi et de fixer à la Francophonie une ligne daction visible et efficace dans ce domaine.
Je voudrais juste terminer en vous rappelant ce qua dit Nelson Mandela, «ce qui se fait pour nous, sans nous, se fait contre nous».
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2012
Mesdames et Messieurs les Représentants personnels,
Chers Amis,
Je suis très honorée de me trouver à vos côtés ce matin pour participer aux travaux de la Commission permanente.
Cest avec émotion que je mexprime aujourdhui devant vous, non pas en tant que ministre, mais comme représentante personnelle du président de la République française pour la Francophonie, qui ma confiée cette nouvelle mission.
Cette première rencontre me donnera loccasion davoir des échanges essentiels avec vous hors du temps précieux mais formellement consacré à nos travaux en séance, afin de mieux nous connaître.
Il y a parmi vous des personnalités issues du monde des arts et de la culture, dautres viennent dunivers professionnels ou politiques, vous représentez tous cette diversité culturelle qui est lun des piliers de la Francophonie.
Je suis personnellement attachée à cette Francophonie qui forme le trait dunion pacifique entre les peuples et les cultures. Comme le disait le poète canadien, «La francophonie est un vaste pays sans frontières Celui de la langue française ». Cest donc à cette langue de la citoyenneté, à cette langue de la liberté, à cette langue porteuse de valeurs, à cette langue qui évolue, que je serai fidèle dans mon engagement de représentante personnelle.
Cest cette langue qui sera dans quelques décennies la langue de 800 millions de francophones.
Cette Francophonie, généreuse, ouverte, et que vous incarnez tous ici, jen porterai donc lidéal avec vous.
Je veux en venir maintenant à dautres éléments qui sinscrivent dans le cadre de nos travaux du jour.
Vous me permettrez aujourdhui de souligner que la Francophonie est actuellement confrontée à une situation exceptionnelle car trois de ses États membres (Madagascar, Mali, Guinée-Bissau) sont suspendus, en application de la déclaration de Bamako. Cela témoigne de la fragilité de certains États et de la nécessité dun soutien entre partenaires francophones. Nous souhaitons quune réponse appropriée soit apportée à chacun de ces États pour aboutir à une réintégration la plus rapide possible.
À cet égard, la France se félicite de la mission dexpertise électorale déployée par lOIF à Madagascar. Face à la dégradation inquiétante de la situation tant économique que sociale, il nous faut veiller, en synergie avec les autres acteurs internationaux, régionaux et sous-régionaux, à ce que le processus de préparation des élections ne prenne pas de retard. Les malgaches décideront le moment venu en toute souveraineté de la date des élections, mais rien ne saurait justifier la remise à plus tard de cette préparation. Au contraire, lorsque la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CENIT) aura jugé être techniquement prête, alors les acteurs du jeu politique ne pourront plus reculer. Grâce à un scrutin libre, crédible et transparent, Madagascar normalisera sa situation politique et cela favorisera le retour des principaux bailleurs et investisseurs internationaux.
Au Mali, la situation senlise au Nord, et le gouvernement de transition à Bamako reste fragile. Le renforcement de la légitimité du gouvernement et le retrait des militaires de la vie politique constituent nos priorités. Le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité maliennes est par ailleurs indispensable avant une éventuelle action militaire pour rétablir la souveraineté et in fine poursuivre activement la lutte contre les groupes terroristes. Toute solution/intervention militaire au Mali devra, selon nous, recueillir le consentement des autorités maliennes de transition. Sinon, elle prendrait le risque dêtre rejetée par la population. Nous souhaitons donc que la Communauté économique des États de lAfrique de lOuest (CEDEAO) et les autorités maliennes travaillent ensemble pour trouver une solution durable à la crise que traverse actuellement le Mali.
En Guinée Bissau, la France a apporté un soutien logistique au déploiement de la force de stabilisation de la CEDEAO. Elle soutiendra les propositions allant dans le sens dun dialogue le plus large possible entre les nouvelles autorités et les autorités en exil, dans la perspective dune restauration de lÉtat de droit.
Dans ces trois pays, il est important que les programmes qui bénéficient directement aux populations soient maintenus, voire renforcés.
Les Égyptiens viennent délire leur président de la République. Le bon déroulement du scrutin a montré une fois de plus laspiration du peuple égyptien à choisir librement et démocratiquement ses représentants et ses dirigeants. La France a réitéré son engagement à travailler avec le nouveau président dans un contexte économique égyptien marqué par des difficultés importantes ; elle souhaite que la transition se poursuive dans le respect des aspirations démocratiques du peuple égyptien et des engagements internationaux de lÉgypte.
Je voudrais mentionner par ailleurs limplication renouvelée de lOIF dans le processus électoral guinéen. Cependant, les désaccords profonds qui entachent lorganisation du scrutin nont pas encore été totalement levés. La détermination des acteurs politiques guinéens ne doit pas fléchir car si la dynamique électorale devait une nouvelle fois sessouffler, la communauté internationale et les investisseurs pourraient en tirer des conséquences.
Aujourdhui, nous sommes tous tournés vers le 14ème Sommet de la Francophonie qui se tiendra en octobre prochain à Kinshasa et dont la préparation sorganise à grand pas. Cet évènement doit être le témoignage dune Francophonie unie autour de ses valeurs, du respect de la démocratie, des droits de lHomme et du bien-être des populations. Je voudrais saluer la volonté des autorités congolaises dassocier la population au Sommet. La France a dores et déjà apporté son soutien à différentes manifestations culturelles, qui accompagnent lorganisation du Sommet.
Ce sommet marquera également limplication croissante de la Francophonie dans les enjeux essentiels pour le monde moderne que sont les enjeux économiques et environnementaux. Alors que le Sommet Rio+20 a montré ses limites, la Francophonie doit savoir se montrer tout à la fois réaliste et ambitieuse. Réaliste car les idées débattues à Rio nécessiteront encore un temps de maturation, ambitieuse car elle doit savoir se saisir des opportunités pour faire progresser son influence et sa force de propositions. Je salue ainsi tout particulièrement lengagement du Niger et du Congo-Brazzaville, qui doivent pouvoir trouver au sein de la Francophonie le prolongement des initiatives quils ont lancées.
Le thème du Sommet pose de façon implicite la question de la Francophonie économique. Celle-ci existe déjà, timidement peut-être. Mais il nous faut réfléchir aux objectifs et aux moyens que nous sommes disposés à nous donner. Il sera important, dans le cadre du Sommet, de relever collectivement ce défi et de fixer à la Francophonie une ligne daction visible et efficace dans ce domaine.
Je voudrais juste terminer en vous rappelant ce qua dit Nelson Mandela, «ce qui se fait pour nous, sans nous, se fait contre nous».
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2012