Texte intégral
Monsieur le Recteur, Chancelier des universités, merci de nous accueillir dans votre si belle Sorbonne,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires, chère Marie-Christine Blandin, cher Patrick Bloche,
Mesdames et Messieurs les représentants des collectivités locales, des régions, des départements, des mairies, des grandes villes, des territoires ruraux, Mesdames et Messieurs les représentants des confédérations syndicales, des syndicats des personnels de l'éducation nationale, des associations professionnelles, des lycéens, des étudiants,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde économique et des confédérations patronales,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations éducatives et des mouvements d'éducation populaire, des fédérations et des associations de parents d'élèves,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde de l'université et de la recherche,
Mesdames et Messieurs les fonctionnaires de l'éducation nationale,
Mesdames et Messieurs,
Le Président de la République nous a fixé une mission : refonder l'École de la République, mais aussi renouant ainsi avec une des plus belles et des plus vives traditions séculaires : refonder notre République par l'École. C'est cette mission et c'est cette tâche qui justifie votre présence ici, si nombreux, aujourd'hui. Je vous en remercie très chaleureusement.
Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre, qui nous rejoindra tout à l'heure pour marquer son engagement personnel, et celui de tout le gouvernement autour de la priorité donnée à l'École, a rappelé qu'il ne s'agissait pas là d'un engagement de circonstances, voire d'un artifice rhétorique, mais bien d'une priorité pour tout le quinquennat.
Et il nous a fixé en même temps une obligation de réussite.
Ce n'est pas simple, et nous devons le savoir au début de ces travaux. Et je le sais mieux que quiconque : tant d'incompréhensions, d'obstacles, d'approximations, de paresse et d'échecs se sont accumulés sur la voie de la refondation. Un certain scepticisme je le constatais ce matin encore à la lecture de divers commentaires se fait jour. Certains nous observent parfois avec ce qui ressemble au sourire de l'ironie, mais qui peut rapidement devenir du cynisme. Je veux vous dire tout d'abord que la démarche que nous entreprenons aujourd'hui est une démarche totalement inédite. Nous ne répétons pas le même, nous ne faisons pas une consultation, nous ne mettons pas en place une commission, nous organisons, avec l'ensemble de la Nation que vous représentez, une concertation qui sera le premier acte d'une loi de refondation de l'École de la République qui est déjà inscrite à l'agenda de ce gouvernement.
Il nous appartiendra, tous ensemble, - chacun dans le respect du point de vue de l'autre, de son expérience, de son histoire- de fatiguer le doute et de montrer qu'un pessimisme français, qui fait tant de ravages dans notre Nation et qui se permet de sacrifier tellement de notre jeunesse, peut être vaincu.
Lorsque les hussards noirs de la République partaient en mission, ils enseignaient à chaque élève de regarder le ciel étoilé au-dessus d'eux et de regarder la loi morale en eux. Cette inspiration puisait à la source du génie français qui recommande de ne jamais séparer la politique et la morale d'où la place de l'École dans la République et qui considère qu'il n'y a rien de meilleur qu'une bonne volonté, dans la classe comme sur la scène publique.
Cette inspiration, je vous le demande dans la continuité de vos travaux, doit demeurer constamment la nôtre. Elle est celle, pour reprendre une très belle parole d'un Discours à la jeunesse, de ceux qui ont confiance en l'homme. Et ceux qui ont charge d'éduquer sont ceux qui ont confiance en l'homme.
Mais cette priorité gouvernementale affichée et répétée par le Président de la République, par le Premier ministre, nous confère, particulièrement dans le contexte que nous connaissons et que nous ne pouvons pas ignorer nous n'avons pas de privilèges d'extraterritorialité une responsabilité particulière : celle de pouvoir rassembler toute la Nation, de lui permettre de se rassembler et de se dépasser autour de sa jeunesse et autour de son École afin de renouer avec la promesse républicaine (et dans cet amphithéâtre, comment ne pas y songer sous le regard de Descartes ?) : promesse de lumière et de liberté, promesse de dignité, d'égalité et de justice, promesse de fraternité et d'amitié. De renouer avec une certaine idée de la France qui est aussi une certaine idée de l'humanité, partagée par l'universalité du genre humain qu'aucune distinction ne doit pouvoir circonscrire, affaiblir ou abaisser.
Refonder l'École de la République et refonder la République par l'École, c'est un seul et même mouvement. C'est une seule et même exigence. C'est celle que nous devons porter.
La France, nous a dit le Premier ministre dans son discours de politique générale, est une idée. Elle n'est pas qu'un territoire, elle n'est pas qu'une langue, elle n'est pas qu'une histoire, elle est une idée. Mais cette idée, elle a aussi ses conditions.
Des conditions politiques : le suffrage universel ; la souveraineté populaire ; une certaine idée de la loi partant de tous, s'appliquant à tous également ; la séparation des pouvoirs.
Ce sont aussi des conditions morales : la liberté réglée par le devoir, comme disaient les artisans de la laïcité, l'égale dignité de tous les hommes, la laïcité, bien sûr, qui est aussi un immense mouvement de justice et de respect pour chaque conscience. Mais cette idée de la France, elle a aussi des conditions économiques et sociales : l'égalité, la justice, la solidarité, la protection. Pour les républicains, cela a toujours été un même combat que de lutter contre l'ignorance et de lutter contre l'indigence.
Ce sont aussi des conditions pédagogiques. Pourquoi ? Parce que c'est l'histoire de la France, parce que c'est notre patriotisme. Le temps fut long pour établir la République, de la Première à la Seconde, de la Seconde à la Troisième. La République a connu bien des éclipses, des retours en arrière, des réactions, des rétrogradations. C'est dans l'inspiration de Condorcet et de la Révolution française que la République a réussi à s'établir dans la durée.
Pour faire la République, il faut des républicains. C'est ce qu'ont compris les grands noms de notre histoire : Michelet, Quinet, Hugo, Ferry. La révolution matérielle, la révolution dans les intérêts, la révolution économique peut être nécessaire, elle ne sera jamais suffisante. La République doit se forger par l'individu, par l'esprit, par la conscience, par l'instruction, par le libre jugement. C'est donc, dans notre histoire, à l'École qu'il est revenu d'établir la République dans la durée par l'instruction, par l'éducation.
Les liens posés dès l'origine de la civilisation européenne entre la démocratie et la raison ont été renouvelés et scellés dans notre pacte républicain. C'est pourquoi, en France, quand on s'attaque à l'École, on s'attaque à la République, et c'est pourquoi, en France, quand on malmène la République, on affaiblit l'École.
L'École vient de traverser des années difficiles pour des raisons de moyens, sans doute et nous allons y pallier dans le contexte que vous savez mais pour des raisons de valeurs et de sens aussi. C'est pourquoi il nous faut réparer sans doute, mais il nous faut aussi refonder, retrouver les sources vives, redonner du sens, rebâtir du commun, vaincre le pessimisme que j'évoquais tout à l'heure.
Il ne m'appartient pas ici, d'autres le feront, George Pau-Langevin vient d'en dire quelques mots, de faire une nouvelle fois un diagnostic sombre de l'état de notre École. Elle a aussi ses qualités, ses dévouements et ses réussites. Mais je veux affirmer ce qui a guidé notre choix de faire de l'École une priorité et qui anime tout le sens que le Président de la République veut donner à son action.
Lorsque l'École est découragée, la France l'est aussi, mais si l'École retrouve courage, alors la France peut se redresser, se relever, se remettre en mouvement. C'est la mission que nous a confiée le Président de la République, et c'est la mission que nous tiendrons tous ensemble, d'abord par cette concertation et, ensuite, par la présentation de la loi d'orientation et de programmation.
Notre objectif, je l'ai dit, c'est passer un nouveau contrat entre l'École et la Nation. Votre assemblée le démontre, l'École n'appartient pas seulement à ceux qui ont la belle charge d'avoir la responsabilité d'enseigner. Elle appartient, dans notre République, à la Nation tout entière. C'est bien la Nation tout entière que nous avons souhaité réunir aujourd'hui.
Celles et ceux qui ont la charge d'enseigner doivent précisément pouvoir trouver, dans l'intérêt général, dans l'engagement des pouvoirs publics, le respect et le soutien nécessaires à l'exercice de leurs tâches, à la reconnaissance de leur mérite. Je le dis, car j'ai vu que certains pouvaient penser que je n'étais pas attentif à la consécration de leur autorité qui est toujours une autorité intellectuelle et morale.
Les professeurs ont reçu et recevront des plus hautes autorités de l'État tout le soutien nécessaire : le Président de la République lors de son discours au monument Jules Ferry, les paroles du Premier ministre lors de son discours de politique générale, et celles qu'il prononcera devant vous cet après-midi, de moi-même et de l'ensemble du gouvernement, vingt-deux ministres vont être impliqués dans cette concertation mais aussi, et je le sais et je les en remercie, des présidents des deux chambres du Sénat et de l'Assemblée nationale..
Ce soutien sera d'autant plus puissant et d'autant plus efficace que nous ne diviserons pas les Français autour de leur École, mais qu'au contraire, nous saurons les réunir comme nous voulons le commencer aujourd'hui autour des valeurs du savoir, de la culture, du désintéressement, du libre jugement, de l'émancipation, de l'épanouissement, de la justice et de la réussite pour tous les élèves. Les élèves, leur réussite, la réussite de tous les élèves et de toutes les élèves doivent être tout au long de cette concertation notre obsession partagée.
L'élève, c'est celui, dans le vocabulaire de la République, que l'on doit élever et pour cela lutter en chacun d'entre nous contre les forces d'abaissement, être capable chaque fois de viser au plus haut, de se mettre en mouvement, de poursuivre autant qu'on le peut la meilleure partie de soi-même, de persévérer dans ce travail. Nous avons, et c'est essentiel pour l'autorité de notre institution, à donner l'exemple. Cherchons en chacun d'entre nous ce qu'il peut y avoir de meilleur : les forces du redressement, les forces du progrès.
Lorsqu'un maître entre dans une classe, il doit quitter tous ses préjugés pour accueillir chaque élève dans son droit égal à la connaissance et au progrès. Je le cite souvent, le grand pédagogue Alain disait, et c'était un mot simple pour les enseignants : « Il faut donner d'abord ». Ayons cette démarche entre nous, une démarche d'écoute, de respect, de bienveillance. Ne croyons pas que nous allons répéter ce qui s'est fait hier. Ne répétons pas non plus les uns à l'égard des autres les mêmes préjugés, ne remettons pas sur le tapis les mêmes batailles scolaires ou idéologiques qui nous ont assez conduits, l'École et la nation, dans l'impasse.
De même, les professeurs savent et cette psychologie de l'enfant a été enseignée dans cette maison même que le processus d'apprentissage est un processus de décentration. Le petit enfant se croit le centre du monde, c'est l'égocentrisme enfantin. Et tout le travail doit être progressivement de lui apprendre à distinguer entre l'intérieur et l'extérieur, à reconnaître que l'autre existe, qu'il a son point de vue, que les choses peuvent être envisagées, même de plusieurs points de vue possibles, et que c'est ainsi que l'on acquiert intelligence et compréhension.
Bref, nous sommes plus intelligents à plusieurs que tout seul, et je veux que nous appliquions cette démarche à notre concertation, parce qu'elle est la seule démarche qui nous permettra de remplir notre mission et de réaliser notre ambition.
Vous avez répondu nombreux à cette invitation faite à tout le pays, je vous en remercie. C'est un signal, je crois, positif que vous donnez, et c'est un signe d'espérance.
La concertation, je vous le redis, dans laquelle vous vous engagez, elle est beaucoup plus qu'une simple consultation. Elle est la première étape de la fabrique de la loi que nous déposerons en octobre ou en novembre.
Elle est d'abord une intelligence commune parce qu'il nous faut, et ça a été dit, partager un diagnostic, des analyses, des valeurs, des expériences. Et c'est pourquoi nous avons souhaité, mettre à votre disposition les apports des nombreuses évaluations qui ont pu être portées sur le système autant par les organismes internationaux que l'inspection générale, que les différents rapports parlementaires.
Nous devons partager une intelligence commune, mais nous devons aussi partager une volonté commune, nous forger une volonté commune. Il se peut, nous le savons, que nous ayons des moyens, mais à quelles fins allons-nous faire servir ces moyens ? Quels sont réellement nos objectifs ? Et, bien entendu, quelle est la hiérarchie de nos priorités ?
Viendra, et je voudrais le préciser, le moment de la loi, déclaration publique et solennelle de la volonté générale sur un objet d'intérêt commun. Cette loi, elle appartient à la responsabilité politique, à celle du législateur, à la souveraineté populaire.
Viendra aussi le moment de la négociation, et personne ne doit penser une seconde que nous allons nous substituer ici aux organisations représentatives et vouloir contourner la démocratie sociale par une démocratie d'opinion ou la démocratie participative. Mais avant la démocratie représentative, avant la démocratie sociale, nous allons devoir construire ensemble cette volonté commune, cette ambition commune pour notre École, notre jeunesse et notre pays.
Enfin, nous n'avons pas la naïveté de penser que seule une loi changerait l'École de la République. Nous allons inscrire notre action dans la durée. Nous allons devoir faire émerger une action et une responsabilité commune entre nous, au-delà même du vote de la loi, car, dans la durée, humblement, méticuleusement, il faudra être capable de vérifier que les orientations que nous aurons tranchées, les priorités que nous aurons fixées seront bien suivies d'effet et transformeront la réalité. Nous aurons donc aussi à inventer les moyens de suivre, dans la durée du quinquennat, le travail de refondation que nous commençons aujourd'hui.
Cette concertation, nous avons choisi de la confier à quatre personnalités - un comité de pilotage indépendantes, qui auront la redoutable charge de produire le rapport final et de nous le remettre début octobre.
Leur tâche est lourde, ils le savent, mais elle est exaltante. Permettez-moi de les saluer et permettez-moi en même temps de vous les présenter.
D'abord, Nathalie Mons, qui est professeur de sociologie, spécialiste de l'action publique, et en particulier des politiques éducatives, qui a introduit dans notre vision, avec d'autres, l'immense richesse de la perspective des comparaisons internationales. Elle a analysé déjà, à travers différents ouvrages, le mouvement de réforme scolaire qui a touché, vous le savez, la plupart des pays de l'OCDE depuis plusieurs décennies, et nous lui avons demandé d'apporter son regard d'expert et de chercheuse, et de faire venir dans notre travail, le regard d'une nouvelle génération de chercheurs dont nous avons besoin pour féconder notre réflexion.
À ses côtés, Christian Forestier. Il représente davantage notre institution. Il a été recteur de quatre académies : Reims, Dijon, Créteil, Versailles. Il a été directeur d'administration centrale au ministère de l'éducation comme à celui de l'enseignement supérieur et de la recherche, il a dirigé le cabinet d'un ministre, il a présidé le Haut conseil de l'évaluation de l'École. Il est aujourd'hui administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers. C'est, ceux qui connaissent l'École le savent, un des meilleurs connaisseurs de notre système éducatif et nous ne voulions pas nous priver de son regard, de son expérience et de son talent.
Marie-Françoise Colombani, qui est à ses côtés, est éditorialiste au magazine Elle, journaliste spécialisée dans les sujets de société et dans les questions éducatives. Elle est membre du conseil d'administration d'une fondation d'entreprise qui s'occupe d'éducation et de formation, et parmi nous, elle apporte le regard de la « société civile » comme on dit (mais c'est une distinction tendancieuse), et je suis heureux qu'elle ait accepté cette lourde tâche et de contribuer à cette refondation.
Enfin, François Bonneau. L'éducation aujourd'hui, c'est, et il n'y a pas de faux débat entre nous, la co-éducation. Nous allons devoir harmoniser les temps scolaires et les temps éducatifs. Nous allons devoir impliquer l'ensemble des professeurs, des personnels, mais aussi de ceux qui, après la fin des classes, contribuent à la tâche éducative. Je pense à toutes les associations, aux mouvements d'éducation populaire et bien sûr, au premier chef, aux collectivités locales.
Les collectivités locales ne peuvent pas être de simples carnets de chèques. Elles doivent et elles contribuent à l'effort de la Nation en termes d'éducation. C'est même elles qui ont le plus augmenté leurs dépenses dans les dépenses d'éducation ces dernières années. Il est essentiel qu'elles participent à cette concertation.
François Bonneau est le président de la région Centre, il est le vice-président de l'Association des régions de France, et il préside à ce titre, la commission éducation de l'Association des régions.
Mais, bien entendu, tous les mouvements d'élus seront représentés, nous avons besoin d'eux pour réussir cette grande réforme.
Je remercie enfin, sa tâche ne va pas être simple, Alain Dulot d'avoir accepté la lourde tâche d'être le rapporteur de ce comité de pilotage, et donc la charge de nous présenter et de produire ce rapport.
Le comité de pilotage sera appuyé sur quatre grands groupes qui eux-mêmes se subdivisent, vous savez, en sous-groupes. Vingt et un sous-groupes pour essayer de cerner la diversité des problèmes qui se posent à nous.
Nous avons confié la responsabilité de ces groupes à quatre personnalités que je vous présente aussi.
Nicole Belloubet, qui est professeur de droit, et qui pilotera un groupe, le premier, la réussite scolaire pour tous et pour toutes. Elle a été rectrice de l'académie de Limoges puis de celle de Toulouse. Elle a démissionné lors du précédent quinquennat. Elle est aujourd'hui vice-présidente, première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées en charge de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Elle siège comme membre titulaire d'un conseil que je réunirai davantage et auquel je donnerai davantage de pouvoir, celui du Conseil territorial de l'éducation nationale, et elle préside enfin une association nationale d'éducation populaire.
Agnès Buzyn présidera le groupe de travail : les élèves au coeur de la refondation. Agnès Buzyn est professeur d'hématologie à l'hôpital Necker - Enfants malades de l'université Paris-V. Elle est, aujourd'hui, présidente de l'Institut national du cancer, et présidente du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Je la remercie d'avoir accepté cette responsabilité supplémentaire.
Je me réjouis de vous présenter aussi François Monbois qui présidera, lui, le groupe de travail sur le système éducatif juste et efficace. Il est, depuis 2002, président de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance. Il vient du monde de l'entreprise, et il est, aujourd'hui, membre du Conseil national du numérique, vice-président en charge de la croissance à côté de ses autres activités professionnelles.
Enfin, Yves Durand, qui présidera le groupe de travail des personnels formés et reconnus. Député du Nord, il est un des meilleurs connaisseurs au parlement de la question éducative. Il a été co-rapporteur en 2010 de la mission d'information parlementaire sur les rythmes de vie scolaire dans le primaire et membre de la mission d'information parlementaire sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants.
Ils auront lourde responsabilité à piloter vingt et un groupes, c'est-à-dire autant de responsables, c'est-à-dire encore davantage de rapporteurs. Nous avons tenté tout le temps et partout, comme le disent les pédagogues, de croiser les regards, les cultures, les parcours. Bruno Julliard, qui a piloté pour nos deux cabinets, cette grande aventure, cette grande initiative, et que je remercie pour sa générosité, comme pour son intelligence et sa force d'entraînement, vous présentera dans un instant l'organisation des travaux cet après-midi, et aussi le site dédié que nous allons lancer cet après-midi même et qui permettra d'associer tous nos concitoyens à cette consultation.
Je voudrais conclure simplement. Dans cette consultation, cela vous a été dit, nous ne partons pas de rien. Nous avons des engagements, qui sont des engagements importants du président de la République. Vous les connaissez. Il y a d'abord la priorité au primaire : il y a la nécessité de permettre à nouveau l'accueil des moins de trois ans, il y a l'ambition d'une transformation des méthodes pédagogiques, le plus de maîtres que de classes, il y a la volonté de refonder l'école prioritaire, il y a la nécessité de mettre en place un grand plan d'éducation artistique pour que tous les élèves de France aient accès au meilleur de notre culture dans l'esprit qui était d'ailleurs celui des premiers inspirateurs et des fondateurs de notre République, tout enfant a le droit à une culture libérale. Il y a la volonté de faire en sorte que l'orientation, à travers un service public territorialisé de l'orientation dont nous allons avoir à débattre soit, aujourd'hui, pour les élèves un facteur d'épanouissement et de meilleure insertion professionnelle.
Il y a la volonté de rebâtir du commun entre tous les enfants de France, en conservant le collège unique, mais en lui permettant de répondre à la diversité des parcours et des excellences des uns et des autres.
Il y a la volonté de redonner une perspective à l'enseignement professionnel, de mieux organiser l'articulation du lycée et des années qui lui succèdent. Il y a la volonté fondamentale de recréer une formation initiale et continue des professeurs qui soit capable d'associer ceux qui, demain, auront à enseigner - et quelle immense et noble tâche ! - dès les maternelles et ceux qui auront à enseigner dans nos universités. C'est le projet - que nous mettrons et que nous construirons ensemble - des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation.
Il y a la volonté aussi de conduire enfin cette réforme de bon sens, dans l'intérêt des élèves, dans l'intérêt général de la Nation, du temps scolaire et de l'articulation du temps scolaire et du temps éducatif.
Trouvons ensemble les moyens et les voies de tenir à nouveau, c'est la mission qui nous est fixée, la promesse républicaine. En vous passant, d'une certaine façon, le flambeau aujourd'hui, au moins pour quelque temps, je ne peux m'empêcher de penser aux paroles de Léon Blum, au retour de sa longue captivité. Il méditait sur le destin des sociétés démocratiques, les fondements de la République et la nature des hommes au lendemain du désastre de la Seconde Guerre mondiale.
Nous sommes un gouvernement de gauche qui s'installe, et ces paroles doivent être méditées. Revenant sur l'action politique qui avait pu être la sienne avant-guerre et celle de son gouvernement, Léon Blum écrit dans À l'échelle humaine : « Avons-nous fait ce qui dépendait de nous pour améliorer l'individu humain, l'unité humaine, en même temps que nous nous efforcions de transformer la société ? » Et il ajoutait, concernant les deux buts qui animent évidemment tout républicain et tout socialiste engagé : « La justice sociale dans la Nation, la paix entre les peuples, qu'aucun socialiste digne de ce grand nom n'a jamais pensé qu'il pouvait être atteint, sans un perfectionnement, un enrichissement et un approfondissement de la personne humaine. » Il retrouvait alors, au soir de sa vie, la grande pensée de l'humanisme, celle qui, à travers un très long cortège de précurseurs et de combattants, attend que nous poursuivions à notre tour ce mouvement. C'est la grande tâche qui vous attend, cette tâche, elle est la nôtre, elle doit être une tâche partagée. Soyons à la hauteur.Source http://www.refondonslecole.gouv.fr, le 11 juillet 2012
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires, chère Marie-Christine Blandin, cher Patrick Bloche,
Mesdames et Messieurs les représentants des collectivités locales, des régions, des départements, des mairies, des grandes villes, des territoires ruraux, Mesdames et Messieurs les représentants des confédérations syndicales, des syndicats des personnels de l'éducation nationale, des associations professionnelles, des lycéens, des étudiants,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde économique et des confédérations patronales,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations éducatives et des mouvements d'éducation populaire, des fédérations et des associations de parents d'élèves,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde de l'université et de la recherche,
Mesdames et Messieurs les fonctionnaires de l'éducation nationale,
Mesdames et Messieurs,
Le Président de la République nous a fixé une mission : refonder l'École de la République, mais aussi renouant ainsi avec une des plus belles et des plus vives traditions séculaires : refonder notre République par l'École. C'est cette mission et c'est cette tâche qui justifie votre présence ici, si nombreux, aujourd'hui. Je vous en remercie très chaleureusement.
Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre, qui nous rejoindra tout à l'heure pour marquer son engagement personnel, et celui de tout le gouvernement autour de la priorité donnée à l'École, a rappelé qu'il ne s'agissait pas là d'un engagement de circonstances, voire d'un artifice rhétorique, mais bien d'une priorité pour tout le quinquennat.
Et il nous a fixé en même temps une obligation de réussite.
Ce n'est pas simple, et nous devons le savoir au début de ces travaux. Et je le sais mieux que quiconque : tant d'incompréhensions, d'obstacles, d'approximations, de paresse et d'échecs se sont accumulés sur la voie de la refondation. Un certain scepticisme je le constatais ce matin encore à la lecture de divers commentaires se fait jour. Certains nous observent parfois avec ce qui ressemble au sourire de l'ironie, mais qui peut rapidement devenir du cynisme. Je veux vous dire tout d'abord que la démarche que nous entreprenons aujourd'hui est une démarche totalement inédite. Nous ne répétons pas le même, nous ne faisons pas une consultation, nous ne mettons pas en place une commission, nous organisons, avec l'ensemble de la Nation que vous représentez, une concertation qui sera le premier acte d'une loi de refondation de l'École de la République qui est déjà inscrite à l'agenda de ce gouvernement.
Il nous appartiendra, tous ensemble, - chacun dans le respect du point de vue de l'autre, de son expérience, de son histoire- de fatiguer le doute et de montrer qu'un pessimisme français, qui fait tant de ravages dans notre Nation et qui se permet de sacrifier tellement de notre jeunesse, peut être vaincu.
Lorsque les hussards noirs de la République partaient en mission, ils enseignaient à chaque élève de regarder le ciel étoilé au-dessus d'eux et de regarder la loi morale en eux. Cette inspiration puisait à la source du génie français qui recommande de ne jamais séparer la politique et la morale d'où la place de l'École dans la République et qui considère qu'il n'y a rien de meilleur qu'une bonne volonté, dans la classe comme sur la scène publique.
Cette inspiration, je vous le demande dans la continuité de vos travaux, doit demeurer constamment la nôtre. Elle est celle, pour reprendre une très belle parole d'un Discours à la jeunesse, de ceux qui ont confiance en l'homme. Et ceux qui ont charge d'éduquer sont ceux qui ont confiance en l'homme.
Mais cette priorité gouvernementale affichée et répétée par le Président de la République, par le Premier ministre, nous confère, particulièrement dans le contexte que nous connaissons et que nous ne pouvons pas ignorer nous n'avons pas de privilèges d'extraterritorialité une responsabilité particulière : celle de pouvoir rassembler toute la Nation, de lui permettre de se rassembler et de se dépasser autour de sa jeunesse et autour de son École afin de renouer avec la promesse républicaine (et dans cet amphithéâtre, comment ne pas y songer sous le regard de Descartes ?) : promesse de lumière et de liberté, promesse de dignité, d'égalité et de justice, promesse de fraternité et d'amitié. De renouer avec une certaine idée de la France qui est aussi une certaine idée de l'humanité, partagée par l'universalité du genre humain qu'aucune distinction ne doit pouvoir circonscrire, affaiblir ou abaisser.
Refonder l'École de la République et refonder la République par l'École, c'est un seul et même mouvement. C'est une seule et même exigence. C'est celle que nous devons porter.
La France, nous a dit le Premier ministre dans son discours de politique générale, est une idée. Elle n'est pas qu'un territoire, elle n'est pas qu'une langue, elle n'est pas qu'une histoire, elle est une idée. Mais cette idée, elle a aussi ses conditions.
Des conditions politiques : le suffrage universel ; la souveraineté populaire ; une certaine idée de la loi partant de tous, s'appliquant à tous également ; la séparation des pouvoirs.
Ce sont aussi des conditions morales : la liberté réglée par le devoir, comme disaient les artisans de la laïcité, l'égale dignité de tous les hommes, la laïcité, bien sûr, qui est aussi un immense mouvement de justice et de respect pour chaque conscience. Mais cette idée de la France, elle a aussi des conditions économiques et sociales : l'égalité, la justice, la solidarité, la protection. Pour les républicains, cela a toujours été un même combat que de lutter contre l'ignorance et de lutter contre l'indigence.
Ce sont aussi des conditions pédagogiques. Pourquoi ? Parce que c'est l'histoire de la France, parce que c'est notre patriotisme. Le temps fut long pour établir la République, de la Première à la Seconde, de la Seconde à la Troisième. La République a connu bien des éclipses, des retours en arrière, des réactions, des rétrogradations. C'est dans l'inspiration de Condorcet et de la Révolution française que la République a réussi à s'établir dans la durée.
Pour faire la République, il faut des républicains. C'est ce qu'ont compris les grands noms de notre histoire : Michelet, Quinet, Hugo, Ferry. La révolution matérielle, la révolution dans les intérêts, la révolution économique peut être nécessaire, elle ne sera jamais suffisante. La République doit se forger par l'individu, par l'esprit, par la conscience, par l'instruction, par le libre jugement. C'est donc, dans notre histoire, à l'École qu'il est revenu d'établir la République dans la durée par l'instruction, par l'éducation.
Les liens posés dès l'origine de la civilisation européenne entre la démocratie et la raison ont été renouvelés et scellés dans notre pacte républicain. C'est pourquoi, en France, quand on s'attaque à l'École, on s'attaque à la République, et c'est pourquoi, en France, quand on malmène la République, on affaiblit l'École.
L'École vient de traverser des années difficiles pour des raisons de moyens, sans doute et nous allons y pallier dans le contexte que vous savez mais pour des raisons de valeurs et de sens aussi. C'est pourquoi il nous faut réparer sans doute, mais il nous faut aussi refonder, retrouver les sources vives, redonner du sens, rebâtir du commun, vaincre le pessimisme que j'évoquais tout à l'heure.
Il ne m'appartient pas ici, d'autres le feront, George Pau-Langevin vient d'en dire quelques mots, de faire une nouvelle fois un diagnostic sombre de l'état de notre École. Elle a aussi ses qualités, ses dévouements et ses réussites. Mais je veux affirmer ce qui a guidé notre choix de faire de l'École une priorité et qui anime tout le sens que le Président de la République veut donner à son action.
Lorsque l'École est découragée, la France l'est aussi, mais si l'École retrouve courage, alors la France peut se redresser, se relever, se remettre en mouvement. C'est la mission que nous a confiée le Président de la République, et c'est la mission que nous tiendrons tous ensemble, d'abord par cette concertation et, ensuite, par la présentation de la loi d'orientation et de programmation.
Notre objectif, je l'ai dit, c'est passer un nouveau contrat entre l'École et la Nation. Votre assemblée le démontre, l'École n'appartient pas seulement à ceux qui ont la belle charge d'avoir la responsabilité d'enseigner. Elle appartient, dans notre République, à la Nation tout entière. C'est bien la Nation tout entière que nous avons souhaité réunir aujourd'hui.
Celles et ceux qui ont la charge d'enseigner doivent précisément pouvoir trouver, dans l'intérêt général, dans l'engagement des pouvoirs publics, le respect et le soutien nécessaires à l'exercice de leurs tâches, à la reconnaissance de leur mérite. Je le dis, car j'ai vu que certains pouvaient penser que je n'étais pas attentif à la consécration de leur autorité qui est toujours une autorité intellectuelle et morale.
Les professeurs ont reçu et recevront des plus hautes autorités de l'État tout le soutien nécessaire : le Président de la République lors de son discours au monument Jules Ferry, les paroles du Premier ministre lors de son discours de politique générale, et celles qu'il prononcera devant vous cet après-midi, de moi-même et de l'ensemble du gouvernement, vingt-deux ministres vont être impliqués dans cette concertation mais aussi, et je le sais et je les en remercie, des présidents des deux chambres du Sénat et de l'Assemblée nationale..
Ce soutien sera d'autant plus puissant et d'autant plus efficace que nous ne diviserons pas les Français autour de leur École, mais qu'au contraire, nous saurons les réunir comme nous voulons le commencer aujourd'hui autour des valeurs du savoir, de la culture, du désintéressement, du libre jugement, de l'émancipation, de l'épanouissement, de la justice et de la réussite pour tous les élèves. Les élèves, leur réussite, la réussite de tous les élèves et de toutes les élèves doivent être tout au long de cette concertation notre obsession partagée.
L'élève, c'est celui, dans le vocabulaire de la République, que l'on doit élever et pour cela lutter en chacun d'entre nous contre les forces d'abaissement, être capable chaque fois de viser au plus haut, de se mettre en mouvement, de poursuivre autant qu'on le peut la meilleure partie de soi-même, de persévérer dans ce travail. Nous avons, et c'est essentiel pour l'autorité de notre institution, à donner l'exemple. Cherchons en chacun d'entre nous ce qu'il peut y avoir de meilleur : les forces du redressement, les forces du progrès.
Lorsqu'un maître entre dans une classe, il doit quitter tous ses préjugés pour accueillir chaque élève dans son droit égal à la connaissance et au progrès. Je le cite souvent, le grand pédagogue Alain disait, et c'était un mot simple pour les enseignants : « Il faut donner d'abord ». Ayons cette démarche entre nous, une démarche d'écoute, de respect, de bienveillance. Ne croyons pas que nous allons répéter ce qui s'est fait hier. Ne répétons pas non plus les uns à l'égard des autres les mêmes préjugés, ne remettons pas sur le tapis les mêmes batailles scolaires ou idéologiques qui nous ont assez conduits, l'École et la nation, dans l'impasse.
De même, les professeurs savent et cette psychologie de l'enfant a été enseignée dans cette maison même que le processus d'apprentissage est un processus de décentration. Le petit enfant se croit le centre du monde, c'est l'égocentrisme enfantin. Et tout le travail doit être progressivement de lui apprendre à distinguer entre l'intérieur et l'extérieur, à reconnaître que l'autre existe, qu'il a son point de vue, que les choses peuvent être envisagées, même de plusieurs points de vue possibles, et que c'est ainsi que l'on acquiert intelligence et compréhension.
Bref, nous sommes plus intelligents à plusieurs que tout seul, et je veux que nous appliquions cette démarche à notre concertation, parce qu'elle est la seule démarche qui nous permettra de remplir notre mission et de réaliser notre ambition.
Vous avez répondu nombreux à cette invitation faite à tout le pays, je vous en remercie. C'est un signal, je crois, positif que vous donnez, et c'est un signe d'espérance.
La concertation, je vous le redis, dans laquelle vous vous engagez, elle est beaucoup plus qu'une simple consultation. Elle est la première étape de la fabrique de la loi que nous déposerons en octobre ou en novembre.
Elle est d'abord une intelligence commune parce qu'il nous faut, et ça a été dit, partager un diagnostic, des analyses, des valeurs, des expériences. Et c'est pourquoi nous avons souhaité, mettre à votre disposition les apports des nombreuses évaluations qui ont pu être portées sur le système autant par les organismes internationaux que l'inspection générale, que les différents rapports parlementaires.
Nous devons partager une intelligence commune, mais nous devons aussi partager une volonté commune, nous forger une volonté commune. Il se peut, nous le savons, que nous ayons des moyens, mais à quelles fins allons-nous faire servir ces moyens ? Quels sont réellement nos objectifs ? Et, bien entendu, quelle est la hiérarchie de nos priorités ?
Viendra, et je voudrais le préciser, le moment de la loi, déclaration publique et solennelle de la volonté générale sur un objet d'intérêt commun. Cette loi, elle appartient à la responsabilité politique, à celle du législateur, à la souveraineté populaire.
Viendra aussi le moment de la négociation, et personne ne doit penser une seconde que nous allons nous substituer ici aux organisations représentatives et vouloir contourner la démocratie sociale par une démocratie d'opinion ou la démocratie participative. Mais avant la démocratie représentative, avant la démocratie sociale, nous allons devoir construire ensemble cette volonté commune, cette ambition commune pour notre École, notre jeunesse et notre pays.
Enfin, nous n'avons pas la naïveté de penser que seule une loi changerait l'École de la République. Nous allons inscrire notre action dans la durée. Nous allons devoir faire émerger une action et une responsabilité commune entre nous, au-delà même du vote de la loi, car, dans la durée, humblement, méticuleusement, il faudra être capable de vérifier que les orientations que nous aurons tranchées, les priorités que nous aurons fixées seront bien suivies d'effet et transformeront la réalité. Nous aurons donc aussi à inventer les moyens de suivre, dans la durée du quinquennat, le travail de refondation que nous commençons aujourd'hui.
Cette concertation, nous avons choisi de la confier à quatre personnalités - un comité de pilotage indépendantes, qui auront la redoutable charge de produire le rapport final et de nous le remettre début octobre.
Leur tâche est lourde, ils le savent, mais elle est exaltante. Permettez-moi de les saluer et permettez-moi en même temps de vous les présenter.
D'abord, Nathalie Mons, qui est professeur de sociologie, spécialiste de l'action publique, et en particulier des politiques éducatives, qui a introduit dans notre vision, avec d'autres, l'immense richesse de la perspective des comparaisons internationales. Elle a analysé déjà, à travers différents ouvrages, le mouvement de réforme scolaire qui a touché, vous le savez, la plupart des pays de l'OCDE depuis plusieurs décennies, et nous lui avons demandé d'apporter son regard d'expert et de chercheuse, et de faire venir dans notre travail, le regard d'une nouvelle génération de chercheurs dont nous avons besoin pour féconder notre réflexion.
À ses côtés, Christian Forestier. Il représente davantage notre institution. Il a été recteur de quatre académies : Reims, Dijon, Créteil, Versailles. Il a été directeur d'administration centrale au ministère de l'éducation comme à celui de l'enseignement supérieur et de la recherche, il a dirigé le cabinet d'un ministre, il a présidé le Haut conseil de l'évaluation de l'École. Il est aujourd'hui administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers. C'est, ceux qui connaissent l'École le savent, un des meilleurs connaisseurs de notre système éducatif et nous ne voulions pas nous priver de son regard, de son expérience et de son talent.
Marie-Françoise Colombani, qui est à ses côtés, est éditorialiste au magazine Elle, journaliste spécialisée dans les sujets de société et dans les questions éducatives. Elle est membre du conseil d'administration d'une fondation d'entreprise qui s'occupe d'éducation et de formation, et parmi nous, elle apporte le regard de la « société civile » comme on dit (mais c'est une distinction tendancieuse), et je suis heureux qu'elle ait accepté cette lourde tâche et de contribuer à cette refondation.
Enfin, François Bonneau. L'éducation aujourd'hui, c'est, et il n'y a pas de faux débat entre nous, la co-éducation. Nous allons devoir harmoniser les temps scolaires et les temps éducatifs. Nous allons devoir impliquer l'ensemble des professeurs, des personnels, mais aussi de ceux qui, après la fin des classes, contribuent à la tâche éducative. Je pense à toutes les associations, aux mouvements d'éducation populaire et bien sûr, au premier chef, aux collectivités locales.
Les collectivités locales ne peuvent pas être de simples carnets de chèques. Elles doivent et elles contribuent à l'effort de la Nation en termes d'éducation. C'est même elles qui ont le plus augmenté leurs dépenses dans les dépenses d'éducation ces dernières années. Il est essentiel qu'elles participent à cette concertation.
François Bonneau est le président de la région Centre, il est le vice-président de l'Association des régions de France, et il préside à ce titre, la commission éducation de l'Association des régions.
Mais, bien entendu, tous les mouvements d'élus seront représentés, nous avons besoin d'eux pour réussir cette grande réforme.
Je remercie enfin, sa tâche ne va pas être simple, Alain Dulot d'avoir accepté la lourde tâche d'être le rapporteur de ce comité de pilotage, et donc la charge de nous présenter et de produire ce rapport.
Le comité de pilotage sera appuyé sur quatre grands groupes qui eux-mêmes se subdivisent, vous savez, en sous-groupes. Vingt et un sous-groupes pour essayer de cerner la diversité des problèmes qui se posent à nous.
Nous avons confié la responsabilité de ces groupes à quatre personnalités que je vous présente aussi.
Nicole Belloubet, qui est professeur de droit, et qui pilotera un groupe, le premier, la réussite scolaire pour tous et pour toutes. Elle a été rectrice de l'académie de Limoges puis de celle de Toulouse. Elle a démissionné lors du précédent quinquennat. Elle est aujourd'hui vice-présidente, première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées en charge de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Elle siège comme membre titulaire d'un conseil que je réunirai davantage et auquel je donnerai davantage de pouvoir, celui du Conseil territorial de l'éducation nationale, et elle préside enfin une association nationale d'éducation populaire.
Agnès Buzyn présidera le groupe de travail : les élèves au coeur de la refondation. Agnès Buzyn est professeur d'hématologie à l'hôpital Necker - Enfants malades de l'université Paris-V. Elle est, aujourd'hui, présidente de l'Institut national du cancer, et présidente du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Je la remercie d'avoir accepté cette responsabilité supplémentaire.
Je me réjouis de vous présenter aussi François Monbois qui présidera, lui, le groupe de travail sur le système éducatif juste et efficace. Il est, depuis 2002, président de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance. Il vient du monde de l'entreprise, et il est, aujourd'hui, membre du Conseil national du numérique, vice-président en charge de la croissance à côté de ses autres activités professionnelles.
Enfin, Yves Durand, qui présidera le groupe de travail des personnels formés et reconnus. Député du Nord, il est un des meilleurs connaisseurs au parlement de la question éducative. Il a été co-rapporteur en 2010 de la mission d'information parlementaire sur les rythmes de vie scolaire dans le primaire et membre de la mission d'information parlementaire sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants.
Ils auront lourde responsabilité à piloter vingt et un groupes, c'est-à-dire autant de responsables, c'est-à-dire encore davantage de rapporteurs. Nous avons tenté tout le temps et partout, comme le disent les pédagogues, de croiser les regards, les cultures, les parcours. Bruno Julliard, qui a piloté pour nos deux cabinets, cette grande aventure, cette grande initiative, et que je remercie pour sa générosité, comme pour son intelligence et sa force d'entraînement, vous présentera dans un instant l'organisation des travaux cet après-midi, et aussi le site dédié que nous allons lancer cet après-midi même et qui permettra d'associer tous nos concitoyens à cette consultation.
Je voudrais conclure simplement. Dans cette consultation, cela vous a été dit, nous ne partons pas de rien. Nous avons des engagements, qui sont des engagements importants du président de la République. Vous les connaissez. Il y a d'abord la priorité au primaire : il y a la nécessité de permettre à nouveau l'accueil des moins de trois ans, il y a l'ambition d'une transformation des méthodes pédagogiques, le plus de maîtres que de classes, il y a la volonté de refonder l'école prioritaire, il y a la nécessité de mettre en place un grand plan d'éducation artistique pour que tous les élèves de France aient accès au meilleur de notre culture dans l'esprit qui était d'ailleurs celui des premiers inspirateurs et des fondateurs de notre République, tout enfant a le droit à une culture libérale. Il y a la volonté de faire en sorte que l'orientation, à travers un service public territorialisé de l'orientation dont nous allons avoir à débattre soit, aujourd'hui, pour les élèves un facteur d'épanouissement et de meilleure insertion professionnelle.
Il y a la volonté de rebâtir du commun entre tous les enfants de France, en conservant le collège unique, mais en lui permettant de répondre à la diversité des parcours et des excellences des uns et des autres.
Il y a la volonté de redonner une perspective à l'enseignement professionnel, de mieux organiser l'articulation du lycée et des années qui lui succèdent. Il y a la volonté fondamentale de recréer une formation initiale et continue des professeurs qui soit capable d'associer ceux qui, demain, auront à enseigner - et quelle immense et noble tâche ! - dès les maternelles et ceux qui auront à enseigner dans nos universités. C'est le projet - que nous mettrons et que nous construirons ensemble - des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation.
Il y a la volonté aussi de conduire enfin cette réforme de bon sens, dans l'intérêt des élèves, dans l'intérêt général de la Nation, du temps scolaire et de l'articulation du temps scolaire et du temps éducatif.
Trouvons ensemble les moyens et les voies de tenir à nouveau, c'est la mission qui nous est fixée, la promesse républicaine. En vous passant, d'une certaine façon, le flambeau aujourd'hui, au moins pour quelque temps, je ne peux m'empêcher de penser aux paroles de Léon Blum, au retour de sa longue captivité. Il méditait sur le destin des sociétés démocratiques, les fondements de la République et la nature des hommes au lendemain du désastre de la Seconde Guerre mondiale.
Nous sommes un gouvernement de gauche qui s'installe, et ces paroles doivent être méditées. Revenant sur l'action politique qui avait pu être la sienne avant-guerre et celle de son gouvernement, Léon Blum écrit dans À l'échelle humaine : « Avons-nous fait ce qui dépendait de nous pour améliorer l'individu humain, l'unité humaine, en même temps que nous nous efforcions de transformer la société ? » Et il ajoutait, concernant les deux buts qui animent évidemment tout républicain et tout socialiste engagé : « La justice sociale dans la Nation, la paix entre les peuples, qu'aucun socialiste digne de ce grand nom n'a jamais pensé qu'il pouvait être atteint, sans un perfectionnement, un enrichissement et un approfondissement de la personne humaine. » Il retrouvait alors, au soir de sa vie, la grande pensée de l'humanisme, celle qui, à travers un très long cortège de précurseurs et de combattants, attend que nous poursuivions à notre tour ce mouvement. C'est la grande tâche qui vous attend, cette tâche, elle est la nôtre, elle doit être une tâche partagée. Soyons à la hauteur.Source http://www.refondonslecole.gouv.fr, le 11 juillet 2012