Déclarations de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, sur les institutions européennes et l'union monétaire et sur l'aide apportée par la France et la Belgique au développement de l'Afrique, Paris le 3 septembre 1997.

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Circonstance : Rencontre de MM. Védrine et Moscovici avec M. Erik Derycke, ministre belge des affaires étrangères, à Paris le 3 septembre 1997

Texte intégral

Nous avons eu un entretien suivi d'un déjeuner, M. Moscovici et moi-même, avec mon homologue belge et nous avons abordé au cours de cette rencontre, à la fois de travail et très amicale, principalement les questions européennes et la situation en Afrique.

Concernant l'Europe, nous avons parlé des prochaines échéances, aussi bien les questions institutionnelles que le processus d'élargissement, le projet de Conférence et l'ensemble des questions traitées dans l'Agenda 2001.

En ce qui concerne l'Afrique, nous avons à la fois évoqué les principales difficultés de l'actualité, comme celles du Congo-Brazzaville. Nous avons parlé plus généralement de la situation en Afrique et des perspectives d'aide au développement sur ce continent et de la coordination de la Belgique et de la France sur tous les volets de leur politique africaine, dans le cadre plus général de la politique de l'Union européenne.

Q - (Sur la situation en Afrique)
R - Je suis d'accord avec ce que vient de dire le ministre belge. Je voudrais souligner que nous n'avons pas brusquement décidé de commencer à parler des questions africaines parce que nous étions gênés par la question compliquée de l'Afrique des Grands lacs.

Nous avons décidé d'entamer un dialogue ouvert et donc de confiance sur les politiques africaines, c'est-à-dire sur ce que l'on peut faire d'utile en tant que France, que Belgique, qu'Union européenne par rapport aux nombreux pays d'Afrique - il y en a 53 - sur le plan du développement de l'économie, de l'évolution politique toujours dans le sens bien sûr de la construction, de la consolidation et de l'évolution de la démocratie. C'est évidemment notre perspective générale. Partant de là, il faut adapter ces grandes orientations aux cas particuliers et le faire avec, justement, une combinaison équilibrée de pragmatisme et de principe, en fonction des disponibilités, pour répondre à ce que souhaitent les responsables africains.

L'élément que je souligne de nouveau est que cette concertation n'est pas dominée par une crise particulière. C'est une ouverture d'avenir et globale.

Q - (Sur la place de la Belgique et de la France en Afrique)
R - Je dirai simplement que, près d'une quarantaine d'années après les indépendances des deux pays, ce serait une lecture extraordinairement anachronique de cette situation si l'on s'interrogeait uniquement sur les concurrences réelles ou prétendues entre tel et tel pays européen ou occidental. La question qui se pose dans ces zones, puisque vous parlez de l'Afrique des Grands lacs, c'est de savoir ce que les responsables de ces pays veulent faire pour rebâtir leur pays, relancer l'économie, développer un système politique qui fonctionne avec un Etat de droit, etc. Il s'agit de savoir ce que les habitants, les responsables et les dirigeants de ces pays peuvent faire. Dans un second temps, il s'agit ensuite de savoir ce que les
pays européens, comme la Belgique et la France, toujours très intéressés, très ouverts, très disponibles par rapport aux questions africaines d'autres pays encore peuvent faire d'utile par rapport aux demandes qui sont faites et dans le respect de leurs propres orientations. Cela vient en second.

Q - (Sur la réforme des institutions de l'Union européenne)
R - Le gouvernement français a déjà eu l'occasion, ces dernières semaines, de dire qu'il était absolument indispensable à nos yeux qu'il y ait une réforme institutionnelle avant tout nouvel élargissement qui permette à l'Europe de continuer à fonctionner, tout simplement, pour empêcher que l'Europe ne se dissolve et soit paralysée par la suite. C'est un point très clair sur lequel la Belgique et la France ont des positions parfaitement convergentes.

Q - (Sur la situation au Congo-Brazzaville)
R - Pour le moment, nous restons pleinement engagés dans le soutien à la médiation menée par la président Bongo avec l'appui du représentant du Secrétaire général des Nations unies, l'ambassadeur Sahnoun. C'est l'axe de notre diplomatie. Ce n'est pas une initiative spécialement française. C'est l'action d'un président africain très important dans cette région, l'action des Nations unies, avec le soutien de l'OUA. Concernant la France, pour le moment il n'y a pas d'initiative supplémentaire qui soit envisagée.

Tout dépendra de l'accord qui sera, nous l'espérons, finalement bâti et tout dépendra de ce que les protagonistes de l'accord demanderont aux uns et aux autres. Il peut y avoir une seconde phase avec d'autres formes de soutien politique, économique ou autre, à imaginer en réponse aux demandes.

Q - (Sur la monnaie unique)
R - M. Moscovici - La position de la France est extrêmement claire. Nous pensons qu'il faut faire l'euro dans les conditions et aux délais prévus par le Traité. Un report ouvrirait la porte à de nouvelles spéculations. On voit à quel point les incertitudes qui peuvent encore peser créent ici ou là des remous. Je pense qu'en matière d'euro, le plus tôt est le mieux.

-source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2001)