Déclaration de Mme George Pau-Langevin, ministre de la réussite éducative, sur la concertation sur la refondation de l'école, Paris le 5 juillet 2012.

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Circonstance : Lancement de la concertation sur la refondation de l'école

Texte intégral

Bonjour à tous. Je salue évidemment mes collègues ministres : Vincent Peillon, François Lamy, ministre de la ville, les parlementaires ici présents, notamment le président de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée, du Sénat, évidemment Messieurs les recteurs et les hauts responsables de l'administration, Mesdames et Messieurs les membres du Comité de pilotage, Mesdames et Messieurs, chers amis.
C'est pour moi un plaisir et un honneur que de me retrouver avec vous cet après-midi, aux côtés du ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, pour lancer la grande concertation annoncée sur la refondation de l'École.
François Hollande, en plaçant cette perspective au coeur de son projet présidentiel, avait bien entendu conçu cette entreprise dans le cadre d'un dialogue avec tous les acteurs qui font l'École, au coeur du pacte républicain.
Dans une société devenue de plus en plus complexe, on ne peut plus vouloir réformer par simple décret, ou par une loi d'ailleurs, simplement. On ne peut plus vouloir changer les choses sans l'appui de ceux qui agissent quotidiennement, de ceux qui ont l'expérience de la pratique du terrain ou qui ont la vision critique ou le recul de l'analyse approfondie. On le peut d'autant moins sur un sujet comme l'éducation de nos enfants, qui concerne personnellement chaque famille de notre pays, et de manière d'autant plus passionnée, voire angoissée, que, dans ces temps de crise, chacun sait que l'avenir de ses enfants dépend étroitement de la qualité de l'enseignement qu'il a reçu et des performances réalisées.
D'autres ont constaté avant nous, mais il est nécessaire de le réaffirmer, que l'action gouvernementale durant ces cinq dernières années n'a pas été suffisamment soucieuse de consultations, de négociations, de prendre le temps d'écouter notamment les corps intermédiaires et la société civile.
Réformer ou changer les choses, dans une société comme la société française, c'est d'abord partir de la réalité et du débat avec tous les acteurs concernés par le projet. Ceci devrait être la règle, et le débat est d'autant plus naturel que l'on se penche sur ce qui fonde la République : l'apprentissage du pacte républicain, c'est-à-dire l'École.
Le président Hollande a placé la jeunesse au coeur de ses engagements devant les Français. Son programme, à cet égard, a été largement adopté. Nous devons non seulement le remplir, mais surtout, nous ne pouvons pas décevoir les Français. Cet ambitieux projet de refondation de l'École de la République, au centre du quinquennat débutant, nous concerne tous.
À cet effet, Vincent Peillon et son cabinet, ont cherché à rassembler le plus de talents, le plus d'expériences, le plus d'imaginations, le plus de diversités possible, pour que cette période de concertation qui s'ouvre pose véritablement les fondations d'une nouvelle vision de l'École.
Nous voulons des débats où la parole sera libre, où chacun exposera sa vision, où rien ne sera évité ou masqué. Cette concertation, comme vous le savez, partira donc d'un diagnostic partagé sur l'état de notre système éducatif. Vos travaux s'appuieront sur les engagements du Président de la République et devront déboucher sur des solutions opérationnelles. En tant que ministre déléguée à la réussite éducative, j'attends tout particulièrement des réponses de vos travaux. Comme vous le savez, la réussite éducative ne se réduit pas à la seule transmission des savoirs, à la seule réussite scolaire. Il s'agit de considérer l'enfant dans sa globalité et d'agir sur l'ensemble des facteurs d'ordre économique, familial, social, culturel et de santé, qui peuvent agir comme des freins à son épanouissement ou à la mise en valeur de ses atouts.
Lorsque j'évoque cette notion, je pense aussi à l'apprentissage de la citoyenneté, à travers la transmission de codes ou de valeurs. La réussite éducative s'intéresse au temps de l'enfant et au temps de l'élève. Elle concerne tous les enfants et, bien évidemment, tout particulièrement les plus démunis, les plus en difficulté.
Parmi les nombreuses problématiques qui seront abordées dans vos groupes de travail, certaines d'entre elles sont au coeur des préoccupations de mon ministère. Ainsi en est-il de la lutte contre l'échec scolaire et de la lutte contre le décrochage scolaire. Nous ne pouvons plus accepter, aujourd'hui, que plus de 150 000 enfants quittent le système éducatif sans diplôme, sans qualification, et j'allais dire sans perspective.
Il faut donc se pencher sur la prévention de ce phénomène complexe, et par là même, s'interroger sur le dispositif actuel d'orientation. Un certain nombre de dispositifs correctifs ont été mis en place durant la période récente. Force est de se demander s'ils sont pertinents, s'ils sont suffisamment déployés au regard des besoins, et s'ils le sont là où il le faut.
Dans le même ordre d'idées, nous ne pouvons plus accepter une École de la République qui reproduit, voire accroît les inégalités sociales de départ. L'École de la République doit redevenir un instrument de promotion sociale pour tous, et notamment pour les élèves les plus modestes et les plus méritants.
Cette exigence d'une plus grande justice au sein de l'École demande aussi que les dispositifs d'éducation prioritaire existants soient revus dans le sens d'une plus grande cohérence, d'une plus grande simplicité, et surtout d'une plus grande clarté.
Ce dispositif qui est aujourd'hui un véritable mille-feuilles devrait être actualisé pour qu'il puisse mieux jouer son rôle de réduction des inégalités. Vous débattrez aussi de la problématique globale de la santé des élèves et, plus spécifiquement, de la réussite des élèves en situation de handicap. Dans ce dernier cas, au-delà de leur intégration dans le milieu scolaire, qui nécessite un accompagnement par des professionnels compétents et en nombre suffisant, n'oublions jamais que ces enfants sont, par leur présence, un apprentissage de la tolérance et de l'ouverture à l'autre, valeurs fondamentales dans l'apprentissage de la citoyenneté nécessaire pour tous nos enfants.
L'éducation à la citoyenneté, qui est aussi une de mes préoccupations, sera à l'ordre du jour de vos travaux, notamment par l'intermédiaire de questions relatives au sport, à la place de l'éducation artistique, culturelle et scientifique à l'école. J'ai en tête plusieurs exemples de réalisations dans des établissements scolaires où ces disciplines ont joué un rôle important dans l'estime de soi, qu'il convient de renforcer, pour les enfants et leurs parents, et aussi pour la mixité, si nécessaire dans certains quartiers.
Enfin, un des sujets de réflexion importants sera la lutte contre les discriminations sous toutes ses formes. Dans un milieu aussi pétri de bonne volonté et de principes républicains que celui de l'École, je sais bien qu'il faut réfléchir non pas à la discrimination directe, très rare, mais surtout aux représentations stéréotypées qui peuvent induire des discriminations indirectes également ravageuses dans l'imaginaire et le devenir des enfants.
Je n'en dirai pas plus, puisque maintenant, c'est Vincent Peillon, grand organisateur de cet énorme chantier, qui prendra la parole. Je souhaite simplement vous redire la confiance que j'ai en vous, dans vos débats, dans votre engagement dans cette concertation. Vos travaux, et les propositions qui en sortiront, seront le socle de notre action future tout au long de ce quinquennat, et vous savez que nous sommes très attendus là-dessus.Je vous remercie.