Texte intégral
En me confiant la responsabilité des Français de l'étranger, sous l'autorité du ministre des Affaires étrangères, le président de la République a souhaité témoigner de l'importance, pour notre pays du rôle de ceux de nos compatriotes qui résident hors de nos frontières. Je suis donc très heureuse de vous voir réunis si nombreux sur un sujet aussi essentiel qu'est la sécurité, qui contribue à l'influence de la France tant il conditionne la décision de nos compatriotes et de nos entreprises de s'expatrier ou de s'implanter à l'étranger.
La sécurité des Français à l'étranger est une mission traditionnelle de notre diplomatie. C'est aussi aujourd'hui une mission prioritaire en raison des risques encourus par ses ressortissants[asb1] .
- D'abord, un nombre élevé et croissant de nos compatriotes se trouvent à l'étranger, qu'ils y soient établis ou qu'ils y voyagent. Nous sommes donc plus exposés que par le passé aux risques et aux menaces.
- Ensuite, comme l'a rappelé le président de la République, le monde est instable et l'actualité internationale témoigne de l'augmentation des risques et de leur diversification à travers le monde. La combinaison de ces deux éléments accroit de ce fait le risque d'une atteinte à l'intégrité physique de nos ressortissants.
- Enfin, l'opinion publique est aujourd'hui immédiatement informée des drames qui se déroulent à l'étranger. Désormais, les crises mobilisent instantanément notre appareil diplomatique et consulaire. Leur bonne gestion est devenue un critère de mesure de son efficacité.
Qu'il s'agisse de la prévention d'une crise ou de sa gestion les premiers concernés sont naturellement les représentants de l'État. Vous jouez, mesdames et messieurs les ambassadeurs, un rôle-clé. Il me faut cependant insister sur l'idée que la bonne gestion d'une crise, se joue en amont, bien avant les événements eux-mêmes.
Il y a d'abord un travail d'information et de prévention à effectuer en permanence. Il faut idéalement, par exemple :
- veiller à la bonne tenue des Conseils aux voyageurs de votre pays de résidence ;
- réunir régulièrement le comité de sécurité de l'ambassade, qui vous permet de faire passer les principaux messages aux représentants de votre communauté.
Pour l'avoir été il me semble important que les élus des Français de l'étranger soient systématiquement invités à participer aux comités de sécurité et, dans toute la mesure du possible, soient aussi associées aux mesures préventives susceptibles d'être mises en oeuvre. Leur expérience et leurs réseaux sont particulièrement utiles.
Vous avez enfin la responsabilité de planifier la réponse aux crises. Il est essentiel de veiller à la planification et à l'actualisation des plans de sécurité.
C'est notamment grâce à ces dispositifs que notre gestion de crise est efficace et reconnue comme telle. Aujourd'hui se pose toutefois la question de l'adéquation entre l'étendue de notre action, dans un contexte de multiplication des crises et d'instabilité croissante, et les moyens dont nous disposons.
Qu'en est-il de notre responsabilité de protéger nos ressortissants quand ils prennent des risques inconsidérés ? Quelle assistance l'État doit-il leur apporter et cette responsabilité est-elle sans limite? Peut-on s'inspirer des modalités d'intervention d'autres pays partenaires à l'égard de leurs compatriotes ? Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, le moment est venu de nous poser ces questions et d'y apporter des réponses.
Dans un contexte budgétaire restreint, pouvons-nous mutualiser nos efforts avec nos partenaires européens ? Notre réseau consulaire est le premier dans l'Union et notre conception de la protection et de l'assistance à nos compatriotes est la plus extensive. De fait, nous sommes État pilote européen dans un cas sur deux lorsque celui-ci est désigné. Je remarque également que 75 % des délégations de l'Union européenne dans le monde se sont placées sous notre protection. L'article 23 du Traité sur l'Union européenne va sans doute donner lieu à un accroissement des demandes d'assistance des citoyens de l'Union auprès de notre réseau. L'opportunité d'une directive relative à la protection consulaire des citoyens de l'union européenne à l'étranger est d'ailleurs en discussion à Bruxelles. Pierre Vimont avec lequel je m'en suis entretenu hier est particulièrement sensible à l'ensemble des implications juridiques et financières de ce projet. J'ai aussi abordé avec Bernard Cazeneuve ce point qui requiert notre attention.
La sécurité de nos entreprises et de leurs personnels est à la fois une préoccupation et une priorité. On ne peut compter sur elles pour mettre en oeuvre une diplomatie économique sans, dans le même temps, s'assurer des conditions dans lesquelles leur sécurité est garantie. J'ai l'intention de réunir très prochainement les principales entreprises françaises afin de faire le point sur leurs stratégies de sécurité et leurs méthodes de gestion de crise. Il importe en effet de connaitre leurs besoins et de savoir comment elles y satisfont pour réfléchir aux conditions dans lesquelles l'État se conforme ou non à ses missions. Nous devons responsabiliser nos entreprises, mais également les associer à nos réflexions quand elles sont innovantes en matière de sécurité. Des synergies peuvent sans aucun doute être créées. C'est précisément la raison pour laquelle j'ai souhaité que des représentants du secteur privé interviennent dans notre débat d'aujourd'hui.
(...) Sachez que cette rencontre constitue la première étape d'une réflexion plus large que je souhaite mener. Il s'agit d'un axe prioritaire de mon action qui vise à faire évoluer nos règles d'assistance et de protection en cas de crise dans les limites de ce que sont les missions régaliennes de l'État. J'ai souhaité que vous soyez étroitement associés à ces travaux. À cette fin un questionnaire vous sera transmis prochainement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2012
La sécurité des Français à l'étranger est une mission traditionnelle de notre diplomatie. C'est aussi aujourd'hui une mission prioritaire en raison des risques encourus par ses ressortissants[asb1] .
- D'abord, un nombre élevé et croissant de nos compatriotes se trouvent à l'étranger, qu'ils y soient établis ou qu'ils y voyagent. Nous sommes donc plus exposés que par le passé aux risques et aux menaces.
- Ensuite, comme l'a rappelé le président de la République, le monde est instable et l'actualité internationale témoigne de l'augmentation des risques et de leur diversification à travers le monde. La combinaison de ces deux éléments accroit de ce fait le risque d'une atteinte à l'intégrité physique de nos ressortissants.
- Enfin, l'opinion publique est aujourd'hui immédiatement informée des drames qui se déroulent à l'étranger. Désormais, les crises mobilisent instantanément notre appareil diplomatique et consulaire. Leur bonne gestion est devenue un critère de mesure de son efficacité.
Qu'il s'agisse de la prévention d'une crise ou de sa gestion les premiers concernés sont naturellement les représentants de l'État. Vous jouez, mesdames et messieurs les ambassadeurs, un rôle-clé. Il me faut cependant insister sur l'idée que la bonne gestion d'une crise, se joue en amont, bien avant les événements eux-mêmes.
Il y a d'abord un travail d'information et de prévention à effectuer en permanence. Il faut idéalement, par exemple :
- veiller à la bonne tenue des Conseils aux voyageurs de votre pays de résidence ;
- réunir régulièrement le comité de sécurité de l'ambassade, qui vous permet de faire passer les principaux messages aux représentants de votre communauté.
Pour l'avoir été il me semble important que les élus des Français de l'étranger soient systématiquement invités à participer aux comités de sécurité et, dans toute la mesure du possible, soient aussi associées aux mesures préventives susceptibles d'être mises en oeuvre. Leur expérience et leurs réseaux sont particulièrement utiles.
Vous avez enfin la responsabilité de planifier la réponse aux crises. Il est essentiel de veiller à la planification et à l'actualisation des plans de sécurité.
C'est notamment grâce à ces dispositifs que notre gestion de crise est efficace et reconnue comme telle. Aujourd'hui se pose toutefois la question de l'adéquation entre l'étendue de notre action, dans un contexte de multiplication des crises et d'instabilité croissante, et les moyens dont nous disposons.
Qu'en est-il de notre responsabilité de protéger nos ressortissants quand ils prennent des risques inconsidérés ? Quelle assistance l'État doit-il leur apporter et cette responsabilité est-elle sans limite? Peut-on s'inspirer des modalités d'intervention d'autres pays partenaires à l'égard de leurs compatriotes ? Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, le moment est venu de nous poser ces questions et d'y apporter des réponses.
Dans un contexte budgétaire restreint, pouvons-nous mutualiser nos efforts avec nos partenaires européens ? Notre réseau consulaire est le premier dans l'Union et notre conception de la protection et de l'assistance à nos compatriotes est la plus extensive. De fait, nous sommes État pilote européen dans un cas sur deux lorsque celui-ci est désigné. Je remarque également que 75 % des délégations de l'Union européenne dans le monde se sont placées sous notre protection. L'article 23 du Traité sur l'Union européenne va sans doute donner lieu à un accroissement des demandes d'assistance des citoyens de l'Union auprès de notre réseau. L'opportunité d'une directive relative à la protection consulaire des citoyens de l'union européenne à l'étranger est d'ailleurs en discussion à Bruxelles. Pierre Vimont avec lequel je m'en suis entretenu hier est particulièrement sensible à l'ensemble des implications juridiques et financières de ce projet. J'ai aussi abordé avec Bernard Cazeneuve ce point qui requiert notre attention.
La sécurité de nos entreprises et de leurs personnels est à la fois une préoccupation et une priorité. On ne peut compter sur elles pour mettre en oeuvre une diplomatie économique sans, dans le même temps, s'assurer des conditions dans lesquelles leur sécurité est garantie. J'ai l'intention de réunir très prochainement les principales entreprises françaises afin de faire le point sur leurs stratégies de sécurité et leurs méthodes de gestion de crise. Il importe en effet de connaitre leurs besoins et de savoir comment elles y satisfont pour réfléchir aux conditions dans lesquelles l'État se conforme ou non à ses missions. Nous devons responsabiliser nos entreprises, mais également les associer à nos réflexions quand elles sont innovantes en matière de sécurité. Des synergies peuvent sans aucun doute être créées. C'est précisément la raison pour laquelle j'ai souhaité que des représentants du secteur privé interviennent dans notre débat d'aujourd'hui.
(...) Sachez que cette rencontre constitue la première étape d'une réflexion plus large que je souhaite mener. Il s'agit d'un axe prioritaire de mon action qui vise à faire évoluer nos règles d'assistance et de protection en cas de crise dans les limites de ce que sont les missions régaliennes de l'État. J'ai souhaité que vous soyez étroitement associés à ces travaux. À cette fin un questionnaire vous sera transmis prochainement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2012