Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur les efforts en faveur des Français de l'étranger, à Paris le 4 septembre 2012.

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Circonstance : Séminaire des nouveaux ambassadeurs, à Paris le 4 septembre 2012

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Parmi les Français qui portent les couleurs et les valeurs de la France par-delà nos frontières, vous allez occuper le premier rang : pour tous les Français de l'étranger, vous serez, chacun d'entre vous, l'incarnation de notre République, le point d'ancrage d'une France ouverte sur le monde et bien décidée à valoriser ses atouts à travers l'ensemble de la planète.
Les Français établis hors de France partagent sans doute, avec leurs compatriotes hexagonaux, cette représentation de la diplomatie que Flaubert a consignée dans son irremplaçable Dictionnaire des idées reçues : «Belle carrière (mais hérissée de difficultés, pleine de mystères). Ne convient qu'aux gens nobles. Métier d'une vague signification, mais au-dessus du commun». Et le grand Flaubert concluait : «Un diplomate est toujours fin et pénétrant».
Je me réjouis donc de vous retrouver aujourd'hui, dans le cadre de votre séminaire, comme j'avais déjà pris part au séminaire des nouveaux consuls. Je remercie la direction des ressources humaines d'avoir organisé cette rencontre utile : nous serons appelés à nous revoir, bien sûr, dans vos postes respectifs, mais l'occasion nous est ici donnée d'évoquer collectivement les principales actions que j'entends conduire et je veux la saisir pour insister sur mes trois chantiers prioritaires.
Premier chantier, le réseau consulaire
Depuis des années, il a été procédé à des fermetures de postes, sans que celles-ci s'accompagnent des réflexions indispensables sur les missions et les services de notre réseau. Vous devez être fiers de vous trouver à la tête d'un tel réseau, qui se maintient au second rang mondial par sa taille et au premier rang par l'éventail des services offerts. Vous assurez ainsi un lien très précieux auprès de nos communautés à l'étranger. Vous le savez, les Français de l'étranger sont de plus en plus nombreux et c'est pourquoi il nous faut réfléchir à l'architecture globale de notre réseau.
J'ai confié à un groupe de travail dirigé par Daniel Lequertier, secondé par Frédéric Basaguren et deux inspecteurs de l'IGAE, une étude sur l'évaluation des missions et la réforme éventuelle de notre réseau consulaire. Elle devra s'inscrire, bien entendu, dans le cadre du triennum budgétaire à venir. Vous y serez bien sûr associés.
J'attends de ces travaux, qui se nourriront de ce qui a déjà été fait précédemment, des propositions concrètes et opérationnelles dès 2013.
Deuxième chantier, la réforme du dispositif d'aide à la scolarité.
En supprimant la prise en charge des frais de scolarité pour les lycéens français à l'étranger, le président de la République a mis fin à un système injuste et largement critiqué. Cette suppression est une première étape. Nous avons besoin de refondre en profondeur le fonctionnement de notre système scolaire à l'étranger. C'est la raison pour laquelle Laurent Fabius souhaite me confier une large mission de réflexion sur notre réseau d'enseignement français à l'étranger. La lettre de mission comprend des termes très clairs. Il nous faut apporter des réponses à un certain nombre de problématiques :
- Comment répondre à la demande continue de nouvelles inscriptions ?
- Comment assurer le financement de l'enseignement français à l'étranger compte-tenu de l'augmentation continue des coûts, notamment immobiliers ?
- Comment garder le bon équilibre entre les deux missions de scolarisation des Français de l'étranger et d'enfants étrangers, sachant que ces deux missions sont fondamentales et complémentaires ?
- Comment faire évoluer le système d'aide à la scolarité pour le rendre plus juste et efficace, en respectant les équilibres budgétaires dans un contexte économique très difficile pour les familles ?
- Comment, enfin, maintenir l'excellence et l'attractivité du réseau d'enseignement français à l'étranger face à la concurrence internationale ?
La troisième réflexion que j'ai souhaité engager concerne la représentation de nos compatriotes à l'étranger.
Sa structure a été profondément modifiée avec l'élection, pour la première fois, de députés au sein des communautés françaises à l'étranger.
Elle est aujourd'hui la suivante :
- au niveau national : 12 sénateurs et 11 députés ;
- à l'échelon local : 155 conseillers élus à l'Assemblée des Français de l'étranger, qui constituent le collège électoral des sénateurs.
Une réflexion est en cours sur l'Assemblée des Français de l'étranger : elle se fait en concertation avec les parlementaires, les associations (FDM-ADFE et UFE) et, bien entendu, les conseillers à l'AFE qui siègent cette semaine en Assemblée plénière.
Il est important, je le crois, que vous soyez proches de ces élus, afin de créer, dans chacun de vos postes, les conditions d'un dialogue régulier et constructif. Je me permets à cet égard de vous renvoyer à la circulaire du 5 avril 2006, qui fixe les fonctions et les prérogatives des conseillers à l'AFE, ainsi qu'à celle du 22 juin 2012 relative aux relations du département avec les onze députés des Français de l'étranger.
Une préoccupation constante de nos communautés à l'étranger - la sécurité :
Pour terminer, je veux aborder devant vous un sujet de préoccupation crucial : la sécurité de nos compatriotes à l'étranger. Elle constitue véritablement une priorité de notre diplomatie. Dans le cadre de mes attributions ministérielles, j'y accorde une attention particulière. J'ai d'ailleurs organisé, le 29 août dernier, un déjeuner consacré à ce thème dans le cadre de la Conférence des ambassadeurs. Certains d'entre vous étaient présents à cette rencontre, qui a permis un échange sur l'adaptation de nos dispositifs, ainsi que sur les relations entre notre réseau diplomatique et nos partenaires européens en cas de crise. «Pour moi, les vrais intérêts de la France ne sont jamais en opposition avec les vrais intérêts de l'Europe», disait Talleyrand : cela se vérifie également dans ce contexte. Nous réfléchissons à faire évoluer nos règles d'assistance et de protection en cas de crise, dans les limites de ce que sont les missions régaliennes de l'État.
Assistaient également à ce déjeuner des représentants du secteur privé. Nous avons évoqué les synergies qui peuvent être mises en oeuvre entre les postes et ces partenaires.
Très bientôt, un questionnaire sera transmis aux ambassadeurs, en vue de mener une réflexion plus large sur ces questions avec le réseau diplomatique et les entreprises.
La sécurité de nos communautés à l'étranger est d'autant plus essentielle qu'elle a un effet direct sur l'influence de la France. Elle conditionne, chez nos compatriotes, la décision de s'expatrier, comme elle détermine, au sein de nos entreprises, la volonté de s'implanter à l'étranger.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a souhaité que je sois très présente dans ce domaine, y compris en faveur des petites et moyennes entreprises. Je m'attacherai donc à développer les contacts avec les entreprises, en France comme à l'étranger, lors de mes déplacements.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, vous venez de prendre vos fonctions ; vous pouvez compter sur moi pour vous soutenir et vous appuyer dans vos missions.
Pour ma part, je sais pouvoir compter sur vous pour porter nos ambitions communes. La diplomatie moderne n'est plus «cette ruse des princes» que conspuait Victor Hugo : au service de nos concitoyens, elle exprime et met en oeuvre les principes de la République que nous avons tous en partage.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2012