Texte intégral
Mesdames, Messieurs, Jouvre ce débat, consacré à léconomie mondiale, à la nouvelle économie mondiale faut-il dire, tant les mouvements en son sein ont été et restent profonds. Mais comme le rappelait le Président de la République, il y a deux jours, si lordre international ancien a disparu, aucun autre na encore réellement émergé et linstabilité est omniprésente. Regardons ensemble. Les grands émergents se sont affirmés, mais ils hésitent encore à assumer pleinement les responsabilités qui vont avec la puissance. Dautres pays, dans leur sillage, viennent renforcer le nombre des acteurs « pleins » de léconomie mondiale. La révolution des technologies de la communication a permis dinternationaliser et de segmenter les processus de production, mettant en concurrence les systèmes sociaux et environnementaux. Des dynamiques dintégration sur une base régionale ont pris leur essor mais aucune nest totalement aboutie. De nouvelles thématiques « globales » comme le développement durable viennent désormais tempérer ou contrecarrer le seul principe de la liberté des échanges.
La France na pas su trouver vraiment sa place. Elle se sent menacée, à juste titre peut-être puisquelle a reculé, et pas seulement pour faire place aux nouveaux venus, les chiffres révèlent ses propres défaillances. Pourtant elle a de nombreux atouts : des positions fortes dans les domaines de haute technologie, la productivité de sa main doeuvre, la densité du tissu de ses PME, ses grandes entreprises qui ont souvent réussi leur internationalisation, lexcellence de ses chercheurs, limagination de ses créateurs, louverture au monde de sa jeunesse et de ses nouveaux entrepreneurs.
Nous devons mobiliser ces atouts et proposer ensemble des réponses. Celles du Gouvernement sont connues et le Premier Ministre vient de le rappeler : lEurope, la compétitivité, la solidarité.
Je veux souligner quelques convictions fortes dans les responsabilités qui sont les miennes : la performance extérieure de la France et la compétitivité des entreprises pour leur développement international.
1) Ma première conviction a trait aux règles du commerce et de linvestissement international, ce que lon appelle la politique commerciale. La France comme lUnion Européenne privilégie la voie multilatérale, qui permet dassocier le plus grand nombre dacteurs de léconomie mondiale à létablissement des règles, et de les traiter de manière la plus égale possible, quels que soient leur poids ou leur puissance. Or, le multilatéralisme est en panne, du fait de lopposition entre grands émergents et Etats-Unis. Dans le domaine commercial, lOMC ne parvient plus à édicter de nouvelles règles. Elle vit sur celles établies il y a vingt ans alors que le monde sest depuis profondément transformé même si, et cest heureux, autant que nécessaire, son Organe de Règlement des Différends continue de fonctionner et a prévenu des différends commerciaux majeurs.
Alors lEurope sest tournée, depuis quelques années, vers les accords bilatéraux de libre-échange. Ils sont nombreux, déjà signés (la Corée) ou en projet (Canada, Japon). Il ne fallait pas laisser ce terrain aux seuls Etats-Unis qui tentent dorganiser leurs voisins de lOuest et du Sud le projet de partenariat transpacifique-, sauf à courir le risque de se voir imposer leurs normes et leur approche règlementaire. Cela serait pour nos entreprises un danger. Par ailleurs, des grands blocs se cherchent (Mercosur, Asean )
Mais il ne sagit pas de pratiquer, comme lEurope la trop souvent fait, louverture asymétrique. Nos entreprises doivent disposer des mêmes armes que leurs concurrentes.
Voilà pourquoi je pose quatre conditions à la négociation et à la signature daccords de libre-échange :
- dabord que ces accords présentent des perspectives positives pour lemploi. Cela, nous ne pouvons en décider sans concertation. La France doit, avant daccepter un accord, consulter ses industriels, ses entrepreneurs, ses producteurs agricoles ;
- ensuite, que ces accords permettent une ouverture réciproque et réelle, au-delà des barrières tarifaires, qui inclut les marchés publics, le respect de la propriété intellectuelle,
- troisièmement, quils intègrent un haut niveau dexigence environnementale et sociale, comme déjà de nombreuses entreprises le pratiquent,
- enfin, quils fassent lobjet dune mise en oeuvre progressive et de mesures de sauvegarde efficaces et rapides pour les secteurs sensibles.
Si ces conditions sont réunies, seulement si, nous nous engagerons.
Nous pouvons même aller plus loin en matière de partenariats, comme avec nos voisins de la rive Sud de la Méditerranée. Je pense que loin de constituer une menace, le développement de ces pays doit permettre à nos entreprises de trouver des compléments de compétitivité et de nouveaux marchés.
A lopposé, lorsque nous affrontons une concurrence déloyale avec des pays qui verrouillent leurs marchés, ou qui pratiquent dumping social et pillage de lenvironnement, nous ferons état de notre détermination. Vis-à-vis des ces pays, notre exigence sappelle réciprocité.
Cest un débat que nous devons porter en Europe, où nos positions ne sont pas spontanément majoritaires. Je me rendrai prochainement à Bruxelles et à Strasbourg, Je rencontrerai nos grands partenaires pour essayer demporter la conviction.
2) Jai une deuxième conviction en matière de performance extérieure. Notre offre commerciale doit être rassemblée et structurée.
Cet objectif vaut naturellement pour nos grandes entreprises lorsquil leur arrive doublier de travailler dans la cohésion et la cohérence pour promouvoir les intérêts de notre industrie. Mais cela renvoie surtout à la place de nos PME et de nos ETI dans nos exportations.
Nos PME sont plus petites que leurs homologues européennes et peinent à grandir. Le diagnostic est connu comme sa conséquence : la difficulté à réaliser avec succès le saut international. Lorsquelles tentent leur chance, il sagit souvent dune expérience sans lendemain. Sur 100 nouveaux exportateurs, 70 nexporteront plus lannée suivante. Il faut donc bien les préparer. Il faut leur donner les moyens financiers de leur stratégie internationale. Ce sera un des rôles de la BPI. Il faut surtout favoriser leur regroupement.
Quand nos PME se regroupent, elles grandissent. Elles peuvent partager des ressources mais aussi étoffer leur offre commerciale en jouant de leur complémentarité technologique, comme jai pu le voir avec la très belle expérience du réseau décotechnologie Durapole, basée ici en Essonne. Jencouragerai ces regroupements.
Quand nos PME sassocient à nos groupes internationalisés, elles peuvent devenir moyennes ou grandes. Cest lenjeu de la structuration des actions à lexportation au sein des filières ou à travers les pôles de compétitivité. Je la mènerai à bien avec le Ministre du Redressement Productif.
Si le commerce international est affaire davantages comparatifs comme nous lont appris les économistes, il repose également sur notre capacité à travailler collectivement, à mobiliser nos avantages « collaboratifs ».
Ceux-ci peuvent aussi sexprimer dans une relation directe entre la petite et la grande entreprise. On appelle cela le portage. Nos PME en ont souvent besoin. Nos grandes entreprises ont une responsabilité : laction publique a souvent été décisive pour quelles deviennent des champions nationaux, puis internationaux. Nous sommes toujours à leurs côtés à lexport, à travers la Coface ou notre diplomatie économique. Le Gouvernement va renforcer son action dans ces deux domaines : la diplomatie économique (jen ai parlé devant nos ambassadeurs) et nos financements exports, et je mattache particulièrement à ce quils redeviennent compétitifs pour que nos entreprises se retrouvent dans une position concurrentielle favorable.
En retour, jattends que les grandes entreprises nhésitent pas à associer des entreprises plus petites à leur expansion internationale. Il y a des tentatives pour avancer dans cette direction comme linitiative « Pacte PME international ». Jestime quil faut changer déchelle. Je vais donc revenir vers les entreprises, les fédérations professionnelles, les comités de filières pour un « appel à idées », et promouvoir des approches où les grandes entreprises trouveraient peut-être plus naturellement leur intérêt :
démarches liées à linnovation ouverte où la grande entreprise senrichit des apports innovants des PME,
mobilisation des réseaux internationaux de nos entreprises de distribution pour favoriser la distribution de produits en jouant de limage de marque France qui reste si forte dans certains secteurs,
mises à disposition dans les PME de compétences existant au sein des groupes qui peuvent être momentanément sous-utilisées. Il peut y en avoir dautres.
3) Jai une troisième conviction. Nos entreprises, mieux équipées pour résister à la compétition internationale, et en situation de concourir « à armes égales », peuvent aller chercher des relais de croissance hors de nos frontières: nouveaux marchés, compléments de compétitivité, partenaires technologiques ou de recherche. Je les y aiderai en concentrant laction publique extérieure là où notre potentiel dexportations est sous-utilisé et où les gains à attendre dune mobilisation collective sont les plus forts. Jai demandé à cette fin à la Direction Générale du Trésor didentifier les couples produits/marchés où les perspectives de progression sont objectivement les plus importantes. Jaurai les résultats le mois prochain et je les présenterai à la Commission Internationale du MEDEF.
Ce travail me permettra dengager, sans tarder, de fortes actions prioritaires.
La France et ses entreprises peuvent aller de lavant avec succès dans la mondialisation. Je serai sur le front extérieur de la compétitivité mais celle-ci se jouera dabord sur ses dimensions internes.
Cest dont tout le Gouvernement qui est mobilisé. Lengagement dans cette bataille de la compétitivité est porté par le Premier ministre.
Lobjectif de retour à léquilibre de notre balance commerciale hors énergie quil ma fixé sera tenu à la fin du quinquennat. Cest 26 milliards deuros supplémentaires quil faut gagner en faisant progresser nos exportations plus vite que nos importations, au moins de 2% par an. Notre industrie nucléaire pourra y avoir sa part. Au final vous ferez ce succès, ce sera le vôtre, celui de lemploi en France et celui des Français.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 septembre 2012
La France na pas su trouver vraiment sa place. Elle se sent menacée, à juste titre peut-être puisquelle a reculé, et pas seulement pour faire place aux nouveaux venus, les chiffres révèlent ses propres défaillances. Pourtant elle a de nombreux atouts : des positions fortes dans les domaines de haute technologie, la productivité de sa main doeuvre, la densité du tissu de ses PME, ses grandes entreprises qui ont souvent réussi leur internationalisation, lexcellence de ses chercheurs, limagination de ses créateurs, louverture au monde de sa jeunesse et de ses nouveaux entrepreneurs.
Nous devons mobiliser ces atouts et proposer ensemble des réponses. Celles du Gouvernement sont connues et le Premier Ministre vient de le rappeler : lEurope, la compétitivité, la solidarité.
Je veux souligner quelques convictions fortes dans les responsabilités qui sont les miennes : la performance extérieure de la France et la compétitivité des entreprises pour leur développement international.
1) Ma première conviction a trait aux règles du commerce et de linvestissement international, ce que lon appelle la politique commerciale. La France comme lUnion Européenne privilégie la voie multilatérale, qui permet dassocier le plus grand nombre dacteurs de léconomie mondiale à létablissement des règles, et de les traiter de manière la plus égale possible, quels que soient leur poids ou leur puissance. Or, le multilatéralisme est en panne, du fait de lopposition entre grands émergents et Etats-Unis. Dans le domaine commercial, lOMC ne parvient plus à édicter de nouvelles règles. Elle vit sur celles établies il y a vingt ans alors que le monde sest depuis profondément transformé même si, et cest heureux, autant que nécessaire, son Organe de Règlement des Différends continue de fonctionner et a prévenu des différends commerciaux majeurs.
Alors lEurope sest tournée, depuis quelques années, vers les accords bilatéraux de libre-échange. Ils sont nombreux, déjà signés (la Corée) ou en projet (Canada, Japon). Il ne fallait pas laisser ce terrain aux seuls Etats-Unis qui tentent dorganiser leurs voisins de lOuest et du Sud le projet de partenariat transpacifique-, sauf à courir le risque de se voir imposer leurs normes et leur approche règlementaire. Cela serait pour nos entreprises un danger. Par ailleurs, des grands blocs se cherchent (Mercosur, Asean )
Mais il ne sagit pas de pratiquer, comme lEurope la trop souvent fait, louverture asymétrique. Nos entreprises doivent disposer des mêmes armes que leurs concurrentes.
Voilà pourquoi je pose quatre conditions à la négociation et à la signature daccords de libre-échange :
- dabord que ces accords présentent des perspectives positives pour lemploi. Cela, nous ne pouvons en décider sans concertation. La France doit, avant daccepter un accord, consulter ses industriels, ses entrepreneurs, ses producteurs agricoles ;
- ensuite, que ces accords permettent une ouverture réciproque et réelle, au-delà des barrières tarifaires, qui inclut les marchés publics, le respect de la propriété intellectuelle,
- troisièmement, quils intègrent un haut niveau dexigence environnementale et sociale, comme déjà de nombreuses entreprises le pratiquent,
- enfin, quils fassent lobjet dune mise en oeuvre progressive et de mesures de sauvegarde efficaces et rapides pour les secteurs sensibles.
Si ces conditions sont réunies, seulement si, nous nous engagerons.
Nous pouvons même aller plus loin en matière de partenariats, comme avec nos voisins de la rive Sud de la Méditerranée. Je pense que loin de constituer une menace, le développement de ces pays doit permettre à nos entreprises de trouver des compléments de compétitivité et de nouveaux marchés.
A lopposé, lorsque nous affrontons une concurrence déloyale avec des pays qui verrouillent leurs marchés, ou qui pratiquent dumping social et pillage de lenvironnement, nous ferons état de notre détermination. Vis-à-vis des ces pays, notre exigence sappelle réciprocité.
Cest un débat que nous devons porter en Europe, où nos positions ne sont pas spontanément majoritaires. Je me rendrai prochainement à Bruxelles et à Strasbourg, Je rencontrerai nos grands partenaires pour essayer demporter la conviction.
2) Jai une deuxième conviction en matière de performance extérieure. Notre offre commerciale doit être rassemblée et structurée.
Cet objectif vaut naturellement pour nos grandes entreprises lorsquil leur arrive doublier de travailler dans la cohésion et la cohérence pour promouvoir les intérêts de notre industrie. Mais cela renvoie surtout à la place de nos PME et de nos ETI dans nos exportations.
Nos PME sont plus petites que leurs homologues européennes et peinent à grandir. Le diagnostic est connu comme sa conséquence : la difficulté à réaliser avec succès le saut international. Lorsquelles tentent leur chance, il sagit souvent dune expérience sans lendemain. Sur 100 nouveaux exportateurs, 70 nexporteront plus lannée suivante. Il faut donc bien les préparer. Il faut leur donner les moyens financiers de leur stratégie internationale. Ce sera un des rôles de la BPI. Il faut surtout favoriser leur regroupement.
Quand nos PME se regroupent, elles grandissent. Elles peuvent partager des ressources mais aussi étoffer leur offre commerciale en jouant de leur complémentarité technologique, comme jai pu le voir avec la très belle expérience du réseau décotechnologie Durapole, basée ici en Essonne. Jencouragerai ces regroupements.
Quand nos PME sassocient à nos groupes internationalisés, elles peuvent devenir moyennes ou grandes. Cest lenjeu de la structuration des actions à lexportation au sein des filières ou à travers les pôles de compétitivité. Je la mènerai à bien avec le Ministre du Redressement Productif.
Si le commerce international est affaire davantages comparatifs comme nous lont appris les économistes, il repose également sur notre capacité à travailler collectivement, à mobiliser nos avantages « collaboratifs ».
Ceux-ci peuvent aussi sexprimer dans une relation directe entre la petite et la grande entreprise. On appelle cela le portage. Nos PME en ont souvent besoin. Nos grandes entreprises ont une responsabilité : laction publique a souvent été décisive pour quelles deviennent des champions nationaux, puis internationaux. Nous sommes toujours à leurs côtés à lexport, à travers la Coface ou notre diplomatie économique. Le Gouvernement va renforcer son action dans ces deux domaines : la diplomatie économique (jen ai parlé devant nos ambassadeurs) et nos financements exports, et je mattache particulièrement à ce quils redeviennent compétitifs pour que nos entreprises se retrouvent dans une position concurrentielle favorable.
En retour, jattends que les grandes entreprises nhésitent pas à associer des entreprises plus petites à leur expansion internationale. Il y a des tentatives pour avancer dans cette direction comme linitiative « Pacte PME international ». Jestime quil faut changer déchelle. Je vais donc revenir vers les entreprises, les fédérations professionnelles, les comités de filières pour un « appel à idées », et promouvoir des approches où les grandes entreprises trouveraient peut-être plus naturellement leur intérêt :
démarches liées à linnovation ouverte où la grande entreprise senrichit des apports innovants des PME,
mobilisation des réseaux internationaux de nos entreprises de distribution pour favoriser la distribution de produits en jouant de limage de marque France qui reste si forte dans certains secteurs,
mises à disposition dans les PME de compétences existant au sein des groupes qui peuvent être momentanément sous-utilisées. Il peut y en avoir dautres.
3) Jai une troisième conviction. Nos entreprises, mieux équipées pour résister à la compétition internationale, et en situation de concourir « à armes égales », peuvent aller chercher des relais de croissance hors de nos frontières: nouveaux marchés, compléments de compétitivité, partenaires technologiques ou de recherche. Je les y aiderai en concentrant laction publique extérieure là où notre potentiel dexportations est sous-utilisé et où les gains à attendre dune mobilisation collective sont les plus forts. Jai demandé à cette fin à la Direction Générale du Trésor didentifier les couples produits/marchés où les perspectives de progression sont objectivement les plus importantes. Jaurai les résultats le mois prochain et je les présenterai à la Commission Internationale du MEDEF.
Ce travail me permettra dengager, sans tarder, de fortes actions prioritaires.
La France et ses entreprises peuvent aller de lavant avec succès dans la mondialisation. Je serai sur le front extérieur de la compétitivité mais celle-ci se jouera dabord sur ses dimensions internes.
Cest dont tout le Gouvernement qui est mobilisé. Lengagement dans cette bataille de la compétitivité est porté par le Premier ministre.
Lobjectif de retour à léquilibre de notre balance commerciale hors énergie quil ma fixé sera tenu à la fin du quinquennat. Cest 26 milliards deuros supplémentaires quil faut gagner en faisant progresser nos exportations plus vite que nos importations, au moins de 2% par an. Notre industrie nucléaire pourra y avoir sa part. Au final vous ferez ce succès, ce sera le vôtre, celui de lemploi en France et celui des Français.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 septembre 2012