Texte intégral
Q - ... la liberté d'expression sur cette histoire de «Charlie Hebdo». Êtes-vous inquiet sur ce qui pourrait se passer samedi ? Et quelles dispositions avez-vous prises, avec d'autres membres du gouvernement, pour éviter que les choses puissent mal se passer ?
R - Comme Jean-Marc Ayrault vient de le dire, la liberté d'expression est la règle en France. Bien sûr, le gouvernement la respecte. Maintenant, la liberté d'expression trouve ses limites dans les décisions des tribunaux. S'il existe tel ou tel excès, il appartient à des particuliers ou à des groupes de saisir la justice qui dira si, oui ou non, les dispositions de la loi de 1881 ont été respectées. Voilà pour le volet sur la législation française. Maintenant, comme vous l'avez dit, au-delà de la loi il y a une émotion qui est présente dans un certain nombre de pays. Étant le chef de la diplomatie française, je parle de pays étrangers.
J'étais hier en Égypte, et nous savons ce qui s'est passé en Libye la semaine dernière et dans d'autres pays comme l'Afghanistan. Il faut donc faire appel à la responsabilité, ne pas pratiquer des amalgames qui représentent un danger. C'est-à-dire que, du côté des musulmans, l'on considère qu'au fond il y a toute une série de pays qui sont laxistes, ce qui n'est pas du tout le cas. Et que du côté de pays appartenant à ce qu'on appelle l'Occident, on considère que les musulmans sont des extrémistes, ce qui n'est absolument pas le cas. La religion musulmane est une religion pacifiste et paisible.
Sur un plan concret, j'ai donné instruction, après en avoir discuté avec le Premier ministre, de renforcer la vigilance dans nos postes partout à l'étranger où il pourrait y avoir des problèmes. J'ai demandé aussi que nos ressortissants soient extrêmement prudents. Mais cela montre bien qu'il est très dangereux et parfois irresponsable, alors que l'on connaît le climat général, de jeter de l'huile sur le feu.
C'est un appel à la responsabilité qui est lancé. Nous respectons et protégeons bien sûr la liberté d'opinion et les tribunaux sont là pour dire si des excès ont été commis. Nous refusons les amalgames et faisons appel à la responsabilité de chacun.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2012