Texte intégral
Je suis venu avec plaisir passer quelques heures à Rome à l'invitation de mon ami Lamberto Dini. Nous avons passé en revue l'ensemble des questions qu'il vient de vous indiquer. Je ne vais pas répéter ce qu'il vous a déjà dit.
Ce qui est très important à mes yeux c'est que, alors que l'Europe est à la veille d'une série d'échéances d'une extrême importance pour son développement, pour son avenir, pour son renforcement, je constate que sur presque toutes ces questions européennes, nos positions sont, soit identiques, soit convergentes, soit complémentaires. En tout cas, nous allons travailler dans le même sens sur le plan européen, et c'est à mes yeux extrêmement important, je le répète. Pour le reste je n'ai rien à ajouter à votre présentation, Monsieur le Ministre, dans laquelle je me reconnais tout à fait.
Q - Messieurs, je voudrais revenir une seconde sur le Proche-Orient avec une question pour chacun d'entre vous. M. Dini, est ce que vous partagez l'analyse qui a été évoquée hier par M. Védrine sur la crise actuelle dans le processus de paix et, à M. Védrine, s'il a été étonné par les réactions qu'ont suscitées ses propos justement et s'il ne pense pas que ses déclarations ne peuvent pas limiter le rôle que la France et peut-être l'Europe peuvent jouer dans la région ?
R - En ce qui me concerne, je vous dirais que c'est précisément parce que la France est engagée depuis très longtemps dans un effort pour favoriser la paix, une paix qui assure la justice et la sécurité pour l'ensemble des peuples et des Etats de la région et qui assure donc un avenir stable aux Israéliens, aux Palestiniens et aux autres populations arabes, c'est parce que la France a beaucoup investi d'efforts, d'ailleurs sous plusieurs présidents et gouvernements successifs, que la France est désolée d'avoir à constater dans quelle situation d'impasse se trouve ce processus de paix, notamment à la suite de nombreux actes unilatéraux qui ont été regrettés à chaque étape. Je me suis donc borné à récapituler cette observation et à réitérer ce regret. Je pense vraiment qu'il faut redonner vie à ce processus de paix aujourd'hui et qu'il faut le faire en pensant à l'avenir et à la sécurité des Israéliens, des Palestiniens et des autres populations arabes. A cet égard, nous saluons les efforts qui ont été faits par Mme Albright. Naturellement, comme elle l'a dit elle-même à plusieurs reprises, elle ne songeait pas à régler l'ensemble des questions dans un premier voyage.
Nous souhaitons qu'elle poursuive ses efforts et nous pensons que d'autres doivent joindre leurs efforts aux siens dans ce domaine. Pour le reste, je n'ai pas le sentiment d'avoir été mal compris à propos d'une appréciation extrêmement répandue en réalité. Mais ce qu'il s'agit maintenant de voir c'est ce qui peut être fait utilement, j'y reviens, je le resouligne, pour redonner vie à ce processus.
Q - Comment sera-t-il possible de redonner vie à ce processus de paix ?
Est-ce que vous pensez que l'Italie sera dans l'euro dès le départ ?
Est-ce que vous pensez que l'attitude de l'Allemagne posera un problème ?
L'Allemagne est inquiète à cause notamment de la dette accumulée par l'Italie.
R - Je pense que l'Italie entrera dans l'euro au moment prévu et je pense que l'euro se fera à la date prévue et dans les conditions prévues par le Traité et je pense que l'Italie en fera partie. Quant à votre première question, nous arriverons à redonner vie à ce processus de paix par l'explication, la persuasion, la ténacité. Pourquoi ? Parce que tout simplement il n'y aura pas de vraie sécurité durable au Proche-Orient tant qu'il n'y aura pas eu un processus politique ayant conduit à une solution stable et durable, acceptée par tous. En sens inverse, on ne pourra pas progresser vers une solution politique si on ne se préoccupe pas en permanence et à chaque étape de la plus grande sécurité possible, les deux approches doivent être menées de front.
Q - Je voudrais demander à M. Dini s'il pouvait expliquer plus en détail qu'elle sera cette initiative, cette déclaration franco-italo-belge lors de la signature du Traité d'Amsterdam, en particulier sur quels thèmes elle portera.
R - J'ajoute un mot, bien que la question ne m'ait pas été posée. J'ajoute simplement que pour la France, comme pour l'Italie, c'est un point fondamental : nous voulons que l'Europe s'agrandisse et reste forte et nous n'avons pas travaillé, l'Italie et nous, pendant quarante ans pour prendre le risque de voir cette Union européenne se dissoudre. Donc nous voulons une réforme institutionnelle qui fasse que l'Europe soit capable de décider, d'agir et de rester forte.
Q - Est-ce que parmi les sujets que vous avez traités, il y a aussi l'Algérie ?
Est-ce que vous pensez qu'une initiative internationale est exclue pour arrêter le carnage qui se déroule presque chaque jour en Algérie ?
R - Nous avons en effet échangé nos vues sur cette question. Mais toute action internationale est difficile à concevoir, sauf dans l'hypothèse où elle serait souhaitée ou demandée par telle ou telle partie prenante à cette crise.
Q - La situation en Bosnie devient de plus en plus dangereuse. En ce qui concerne Karadzic, est-ce qu'on fait vraiment des efforts pour le capturer, ou est-ce que l'Europe préfère laisser tomber et essayer de ne pas le capturer ?
R - La France a déjà eu l'occasion de dire qu'il fallait faire ce qu'il fallait pour que les inculpés aient à répondre de leurs actes devant le Tribunal international. Et j'ajoute qu'il n'y a pas de différences entre les Etats-Unis et les pays européens concernés par cette question.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 octobre 2001)
Ce qui est très important à mes yeux c'est que, alors que l'Europe est à la veille d'une série d'échéances d'une extrême importance pour son développement, pour son avenir, pour son renforcement, je constate que sur presque toutes ces questions européennes, nos positions sont, soit identiques, soit convergentes, soit complémentaires. En tout cas, nous allons travailler dans le même sens sur le plan européen, et c'est à mes yeux extrêmement important, je le répète. Pour le reste je n'ai rien à ajouter à votre présentation, Monsieur le Ministre, dans laquelle je me reconnais tout à fait.
Q - Messieurs, je voudrais revenir une seconde sur le Proche-Orient avec une question pour chacun d'entre vous. M. Dini, est ce que vous partagez l'analyse qui a été évoquée hier par M. Védrine sur la crise actuelle dans le processus de paix et, à M. Védrine, s'il a été étonné par les réactions qu'ont suscitées ses propos justement et s'il ne pense pas que ses déclarations ne peuvent pas limiter le rôle que la France et peut-être l'Europe peuvent jouer dans la région ?
R - En ce qui me concerne, je vous dirais que c'est précisément parce que la France est engagée depuis très longtemps dans un effort pour favoriser la paix, une paix qui assure la justice et la sécurité pour l'ensemble des peuples et des Etats de la région et qui assure donc un avenir stable aux Israéliens, aux Palestiniens et aux autres populations arabes, c'est parce que la France a beaucoup investi d'efforts, d'ailleurs sous plusieurs présidents et gouvernements successifs, que la France est désolée d'avoir à constater dans quelle situation d'impasse se trouve ce processus de paix, notamment à la suite de nombreux actes unilatéraux qui ont été regrettés à chaque étape. Je me suis donc borné à récapituler cette observation et à réitérer ce regret. Je pense vraiment qu'il faut redonner vie à ce processus de paix aujourd'hui et qu'il faut le faire en pensant à l'avenir et à la sécurité des Israéliens, des Palestiniens et des autres populations arabes. A cet égard, nous saluons les efforts qui ont été faits par Mme Albright. Naturellement, comme elle l'a dit elle-même à plusieurs reprises, elle ne songeait pas à régler l'ensemble des questions dans un premier voyage.
Nous souhaitons qu'elle poursuive ses efforts et nous pensons que d'autres doivent joindre leurs efforts aux siens dans ce domaine. Pour le reste, je n'ai pas le sentiment d'avoir été mal compris à propos d'une appréciation extrêmement répandue en réalité. Mais ce qu'il s'agit maintenant de voir c'est ce qui peut être fait utilement, j'y reviens, je le resouligne, pour redonner vie à ce processus.
Q - Comment sera-t-il possible de redonner vie à ce processus de paix ?
Est-ce que vous pensez que l'Italie sera dans l'euro dès le départ ?
Est-ce que vous pensez que l'attitude de l'Allemagne posera un problème ?
L'Allemagne est inquiète à cause notamment de la dette accumulée par l'Italie.
R - Je pense que l'Italie entrera dans l'euro au moment prévu et je pense que l'euro se fera à la date prévue et dans les conditions prévues par le Traité et je pense que l'Italie en fera partie. Quant à votre première question, nous arriverons à redonner vie à ce processus de paix par l'explication, la persuasion, la ténacité. Pourquoi ? Parce que tout simplement il n'y aura pas de vraie sécurité durable au Proche-Orient tant qu'il n'y aura pas eu un processus politique ayant conduit à une solution stable et durable, acceptée par tous. En sens inverse, on ne pourra pas progresser vers une solution politique si on ne se préoccupe pas en permanence et à chaque étape de la plus grande sécurité possible, les deux approches doivent être menées de front.
Q - Je voudrais demander à M. Dini s'il pouvait expliquer plus en détail qu'elle sera cette initiative, cette déclaration franco-italo-belge lors de la signature du Traité d'Amsterdam, en particulier sur quels thèmes elle portera.
R - J'ajoute un mot, bien que la question ne m'ait pas été posée. J'ajoute simplement que pour la France, comme pour l'Italie, c'est un point fondamental : nous voulons que l'Europe s'agrandisse et reste forte et nous n'avons pas travaillé, l'Italie et nous, pendant quarante ans pour prendre le risque de voir cette Union européenne se dissoudre. Donc nous voulons une réforme institutionnelle qui fasse que l'Europe soit capable de décider, d'agir et de rester forte.
Q - Est-ce que parmi les sujets que vous avez traités, il y a aussi l'Algérie ?
Est-ce que vous pensez qu'une initiative internationale est exclue pour arrêter le carnage qui se déroule presque chaque jour en Algérie ?
R - Nous avons en effet échangé nos vues sur cette question. Mais toute action internationale est difficile à concevoir, sauf dans l'hypothèse où elle serait souhaitée ou demandée par telle ou telle partie prenante à cette crise.
Q - La situation en Bosnie devient de plus en plus dangereuse. En ce qui concerne Karadzic, est-ce qu'on fait vraiment des efforts pour le capturer, ou est-ce que l'Europe préfère laisser tomber et essayer de ne pas le capturer ?
R - La France a déjà eu l'occasion de dire qu'il fallait faire ce qu'il fallait pour que les inculpés aient à répondre de leurs actes devant le Tribunal international. Et j'ajoute qu'il n'y a pas de différences entre les Etats-Unis et les pays européens concernés par cette question.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 octobre 2001)