Texte intégral
Monsieur le vice-président du conseil régional,
Mesdames et messieurs,
Nous sommes réunis ce matin autour dune initiative positive qui me réjouit à plusieurs titres :
- En premier lieu, elle émane dun acteur de léconomie sociale et solidaire (ESS), plus précisément dune association, Mozaïk RH fondée et dirigée par Saïd Hammouche, dont je tiens à saluer lengagement comme entrepreneur social, et qui comme tel, a le souci de réconcilier réussite économique et utilité sociale ;
- Cette initiative sinscrit également sous des auspices pleins davenir puisquelle est soutenue à la fois par lEtat, le ministère de léconomie sociale et solidaire dont lexistence est une première dans lhistoire gouvernementale, et le Conseil régional dIle-de-France : au moment où se dessinent une clarification et une meilleure répartition des rôles entre lEtat et les collectivités locales, il est très prometteur dengager des coopérations en faveur de lemploi des jeunes diplômés des quartiers et de la lutte contre les discriminations. Je remercie tout particulièrement le vice-président, Abdelhak Kachouri, sans linvestissement duquel cette coopération naurait pas été possible. Il nous dira lui-même combien le Conseil régional porte le déploiement des actions de Mozaik RH au bénéfice des jeunes franciliens ;
- Enfin, ultime motif de satisfaction, et non des moindres, cest de pouvoir accompagner les entreprises de lESS associations, coopératives, mutuelles, entreprises solidaires engagées aux côtés des TPE-PME dans une dynamique de création demplois au profit de tous les jeunes, y compris de ceux qui, malgré leurs diplômes, leur parcours scolaire brillant, ne réussissent pas à faire reconnaitre leurs mérites, notamment faute de réseau relationnel ou parce quils nont pas la bonne adresse, voire pire encore parce quils sont victimes de discriminations liées à leur nom ou à leur couleur de peau.
A travers mes propos, vous percevez bien que le lancement de la CVthèque créée par Mozaik RH avec aujourdhui 700 CV de jeunes diplômés voire très diplômés -70% dentre eux ont un bac+5- sinscrit dans le cadre plus large de la politique publique que je porte, dune part pour reconnaitre et développer lESS, dautre part pour faire passer léconomie du changement du concept à la réalité.
Je vais revenir rapidement sur ces deux points qui constituent autant de défis pour le ministre que je suis :
Mon premier défi, et jen mesure chaque jour la portée, est de faire connaitre lESS. Non pas que laction des associations, des coopératives ou des mutuelles soit méconnue de nos concitoyens dans la vie quotidienne, tout un chacun les a rencontré et à tous les âges de la vie : crèche associative, maison de retraite, entreprise dinsertion, mutuelle de santé etc. mais la diversité même des structures masque la finalité densemble. LESS est ainsi souvent confondue avec léconomie non marchande, les emplois quelle porte sont analysés comme des emplois publics ou, autre versant de la même pente confusionnelle, lESS est assimilée aux démarches de responsabilité sociale et environnementale des grandes entreprises : on parle alors d « économie positive et responsable » . Que lon ne se méprenne pas sur mes propos : tout ce qui contribue à améliorer linsertion sociale et professionnelle, à mettre en place des démarches de développement durable, va dans le bon sens, mais pour autant entretenir le flou entre deux logiques fondamentalement différentes, lune non lucrative et lautre lucrative, est préjudiciable à tous.
Ainsi, je suis heureux que ce matin, Mozaik RH qui incarne parfaitement les valeurs de lESS me donne loccasion, non pas de tracer des frontières, non pas de classer entre les « bons » et les « méchants », mais de clarifier :
- les entreprises de lESS, quels que soient leurs statuts, tous de droit privé, partagent des valeurs : non lucrativité, gouvernance démocratique, échelle resserrée de salaires,
- dans le respect de ces valeurs, elles interviennent dans tous les secteurs de léconomie (agriculture, industrie, services) mais avec un but dutilité sociale.
Mozaik RH illustre très bien cette définition : cest une association, à but non lucratif, qui développe des activités utiles socialement, dans le secteur des services (ressources humaines), de façon innovante : avec des techniques RH imaginées par ses soins, elle crée le lien entre les offreurs demploi, qui ont souvent des difficultés à recruter les candidats adaptés à leur besoin, et les jeunes demandeurs demploi, issus des quartiers populaires et pour lesquels le diplôme nest plus le bouclier quil devrait être.
Faire connaitre lESS, cela ne suffit pas : la feuille de route confiée par le Président de la République et le Premier ministre a des objectifs plus ambitieux. Il sagit de créer les conditions pour que les entreprises de lESS se développent, puissent sécuriser leurs modèles économiques, créent de lemploi. Dans ce ministère, plusieurs de mes collègues travaillent à la même stratégie économique qui vise à renouer avec une croissance stable et durable, par exemple comme le fait ma collègue Fleur Pèlerin, en faveur des TPE-PME, qui sont au coeur de lactivité de notre pays, donc de la création demplois. Depuis le mois de mai, le Gouvernement a été très actif sur ces sujets : en témoignent les travaux pour créer la Banque Publique dInvestissement et le vote la semaine prochaine du projet de loi relatif aux emplois davenir.
Les entreprises de lESS sont au coeur de tous ces projets : elles trouveront auprès de la BPI les financements qui leur manquent, en fonds propres et quasi fonds propres, pour structurer leur activité ; avec les emplois davenir, elles seront fortement aidées par lEtat dans leurs projets de recrutement des jeunes peu qualifiés et qualifiés (jusquà bac+3), notamment pour ceux issus des quartiers populaires, en milieu urbain mais aussi dans les zones rurales en déshérence économique. Par ailleurs, au premier semestre 2013, je défendrai un projet de loi dédié aux entreprises de lESS pour assurer la reconnaissance légale de ce qui les unit et les avantages associés eu égard à leur apport à léconomie nationale.
Tout cela pour quoi faire, dans quel but ? Cest tout lobjet du second défi qui est le mien, rendre réelle léconomie du changement : concrétiser la promesse que ce quinquennat change la donne, que lactivité et lemploi soient au rendez-vous pour les habitants des quartiers populaires, des zones rurales ou périurbaines dans lesquelles nos concitoyens nont parfois plus confiance dans leurs représentants et sont attirés par des votes qui font de lautre un bouc-émissaire.
Lenjeu est loin dêtre mince et la partie nest pas facile : plus de 3 millions de chômeurs, 14% de la population sous le seuil de pauvreté, un taux de chômage supérieur à 20% dans les quartiers, à plus de 40% dans certains, jai bien conscience de lampleur de la tâche et je nai pas la prétention de croire que léconomie sociale et solidaire puisse être la seule voie pour sortir du bourbier dans lequel le quinquennat précédent nous a laissé. Mais cest une voie : différente, innovante, dynamique, créatrice demplois non délocalisables, qui nest pas fondée sur la seule logique de profit tout en étant efficace économique. Comme nous le voyons ce matin avec laction de Mozaik RH, cest une voie qui réunit, ce nest pas une voie qui divise : lEtat et le Conseil régional ; les entreprises de lESS et les TPE-PME ; les jeunes diplômés des quartiers à égalité de chances avec les autres jeunes diplômés alors quaujourdhui les premiers ont deux fois plus de risques que les seconds dêtre aux chômage.
Ce matin, cest une voie qui souvre, cest un chemin qui se trace, dans le respect des valeurs de la République, et je tiens à le souligner, à Bercy, parce que la stratégie économique sécrit aussi avec une pensée politique, parce quéconomie et justice sociale sont au coeur de laction de ce Gouvernement.
Source http://www.economie.gouv.fr, le 9 octobre 2012
Mesdames et messieurs,
Nous sommes réunis ce matin autour dune initiative positive qui me réjouit à plusieurs titres :
- En premier lieu, elle émane dun acteur de léconomie sociale et solidaire (ESS), plus précisément dune association, Mozaïk RH fondée et dirigée par Saïd Hammouche, dont je tiens à saluer lengagement comme entrepreneur social, et qui comme tel, a le souci de réconcilier réussite économique et utilité sociale ;
- Cette initiative sinscrit également sous des auspices pleins davenir puisquelle est soutenue à la fois par lEtat, le ministère de léconomie sociale et solidaire dont lexistence est une première dans lhistoire gouvernementale, et le Conseil régional dIle-de-France : au moment où se dessinent une clarification et une meilleure répartition des rôles entre lEtat et les collectivités locales, il est très prometteur dengager des coopérations en faveur de lemploi des jeunes diplômés des quartiers et de la lutte contre les discriminations. Je remercie tout particulièrement le vice-président, Abdelhak Kachouri, sans linvestissement duquel cette coopération naurait pas été possible. Il nous dira lui-même combien le Conseil régional porte le déploiement des actions de Mozaik RH au bénéfice des jeunes franciliens ;
- Enfin, ultime motif de satisfaction, et non des moindres, cest de pouvoir accompagner les entreprises de lESS associations, coopératives, mutuelles, entreprises solidaires engagées aux côtés des TPE-PME dans une dynamique de création demplois au profit de tous les jeunes, y compris de ceux qui, malgré leurs diplômes, leur parcours scolaire brillant, ne réussissent pas à faire reconnaitre leurs mérites, notamment faute de réseau relationnel ou parce quils nont pas la bonne adresse, voire pire encore parce quils sont victimes de discriminations liées à leur nom ou à leur couleur de peau.
A travers mes propos, vous percevez bien que le lancement de la CVthèque créée par Mozaik RH avec aujourdhui 700 CV de jeunes diplômés voire très diplômés -70% dentre eux ont un bac+5- sinscrit dans le cadre plus large de la politique publique que je porte, dune part pour reconnaitre et développer lESS, dautre part pour faire passer léconomie du changement du concept à la réalité.
Je vais revenir rapidement sur ces deux points qui constituent autant de défis pour le ministre que je suis :
Mon premier défi, et jen mesure chaque jour la portée, est de faire connaitre lESS. Non pas que laction des associations, des coopératives ou des mutuelles soit méconnue de nos concitoyens dans la vie quotidienne, tout un chacun les a rencontré et à tous les âges de la vie : crèche associative, maison de retraite, entreprise dinsertion, mutuelle de santé etc. mais la diversité même des structures masque la finalité densemble. LESS est ainsi souvent confondue avec léconomie non marchande, les emplois quelle porte sont analysés comme des emplois publics ou, autre versant de la même pente confusionnelle, lESS est assimilée aux démarches de responsabilité sociale et environnementale des grandes entreprises : on parle alors d « économie positive et responsable » . Que lon ne se méprenne pas sur mes propos : tout ce qui contribue à améliorer linsertion sociale et professionnelle, à mettre en place des démarches de développement durable, va dans le bon sens, mais pour autant entretenir le flou entre deux logiques fondamentalement différentes, lune non lucrative et lautre lucrative, est préjudiciable à tous.
Ainsi, je suis heureux que ce matin, Mozaik RH qui incarne parfaitement les valeurs de lESS me donne loccasion, non pas de tracer des frontières, non pas de classer entre les « bons » et les « méchants », mais de clarifier :
- les entreprises de lESS, quels que soient leurs statuts, tous de droit privé, partagent des valeurs : non lucrativité, gouvernance démocratique, échelle resserrée de salaires,
- dans le respect de ces valeurs, elles interviennent dans tous les secteurs de léconomie (agriculture, industrie, services) mais avec un but dutilité sociale.
Mozaik RH illustre très bien cette définition : cest une association, à but non lucratif, qui développe des activités utiles socialement, dans le secteur des services (ressources humaines), de façon innovante : avec des techniques RH imaginées par ses soins, elle crée le lien entre les offreurs demploi, qui ont souvent des difficultés à recruter les candidats adaptés à leur besoin, et les jeunes demandeurs demploi, issus des quartiers populaires et pour lesquels le diplôme nest plus le bouclier quil devrait être.
Faire connaitre lESS, cela ne suffit pas : la feuille de route confiée par le Président de la République et le Premier ministre a des objectifs plus ambitieux. Il sagit de créer les conditions pour que les entreprises de lESS se développent, puissent sécuriser leurs modèles économiques, créent de lemploi. Dans ce ministère, plusieurs de mes collègues travaillent à la même stratégie économique qui vise à renouer avec une croissance stable et durable, par exemple comme le fait ma collègue Fleur Pèlerin, en faveur des TPE-PME, qui sont au coeur de lactivité de notre pays, donc de la création demplois. Depuis le mois de mai, le Gouvernement a été très actif sur ces sujets : en témoignent les travaux pour créer la Banque Publique dInvestissement et le vote la semaine prochaine du projet de loi relatif aux emplois davenir.
Les entreprises de lESS sont au coeur de tous ces projets : elles trouveront auprès de la BPI les financements qui leur manquent, en fonds propres et quasi fonds propres, pour structurer leur activité ; avec les emplois davenir, elles seront fortement aidées par lEtat dans leurs projets de recrutement des jeunes peu qualifiés et qualifiés (jusquà bac+3), notamment pour ceux issus des quartiers populaires, en milieu urbain mais aussi dans les zones rurales en déshérence économique. Par ailleurs, au premier semestre 2013, je défendrai un projet de loi dédié aux entreprises de lESS pour assurer la reconnaissance légale de ce qui les unit et les avantages associés eu égard à leur apport à léconomie nationale.
Tout cela pour quoi faire, dans quel but ? Cest tout lobjet du second défi qui est le mien, rendre réelle léconomie du changement : concrétiser la promesse que ce quinquennat change la donne, que lactivité et lemploi soient au rendez-vous pour les habitants des quartiers populaires, des zones rurales ou périurbaines dans lesquelles nos concitoyens nont parfois plus confiance dans leurs représentants et sont attirés par des votes qui font de lautre un bouc-émissaire.
Lenjeu est loin dêtre mince et la partie nest pas facile : plus de 3 millions de chômeurs, 14% de la population sous le seuil de pauvreté, un taux de chômage supérieur à 20% dans les quartiers, à plus de 40% dans certains, jai bien conscience de lampleur de la tâche et je nai pas la prétention de croire que léconomie sociale et solidaire puisse être la seule voie pour sortir du bourbier dans lequel le quinquennat précédent nous a laissé. Mais cest une voie : différente, innovante, dynamique, créatrice demplois non délocalisables, qui nest pas fondée sur la seule logique de profit tout en étant efficace économique. Comme nous le voyons ce matin avec laction de Mozaik RH, cest une voie qui réunit, ce nest pas une voie qui divise : lEtat et le Conseil régional ; les entreprises de lESS et les TPE-PME ; les jeunes diplômés des quartiers à égalité de chances avec les autres jeunes diplômés alors quaujourdhui les premiers ont deux fois plus de risques que les seconds dêtre aux chômage.
Ce matin, cest une voie qui souvre, cest un chemin qui se trace, dans le respect des valeurs de la République, et je tiens à le souligner, à Bercy, parce que la stratégie économique sécrit aussi avec une pensée politique, parce quéconomie et justice sociale sont au coeur de laction de ce Gouvernement.
Source http://www.economie.gouv.fr, le 9 octobre 2012