Déclaration de Mme Yamina Benguigui, ministre de la francophonie, sur les défis et priorités de la Francophonie, à Kinshasa, le 11 octobre 2012.

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Circonstance : 28e conférence ministérielle de la Francophonie, à Kinshasa (République démocratique du Congo) le 11 octobre 2012

Texte intégral

Monsieur le Président,
Permettez-moi tout d'abord de renouveler mes remerciements aux autorités et au peuple de la République démocratique du Congo pour leur amitié et leur accueil à l'occasion de ce sommet.
Je salue l'ambition que traduit la déclaration de Kinshasa. Nous l'approuvons pleinement et je confirme l'engagement de mon pays à contribuer résolument à sa mise en oeuvre.
Les enjeux environnementaux et économiques sont essentiels pour la prospérité de nos populations. Les libertés fondamentales, la gouvernance démocratique et les droits de l'Homme sont le coeur de nos valeurs, avec la solidarité au sein de notre famille.
En me confiant les fonctions de ministre chargée de la Francophonie, le président François Hollande a montré toute sa détermination à inscrire résolument l'action de la France dans celle de la Francophonie. C'est avec ce mandat, qu'à sa demande, j'ai préparé un plan d'action pour la Francophonie que j'exposerai au conseil des ministres à Paris le 17 octobre prochain.
Dans ce plan je proposerai un certain nombre d'actions à développer, y compris de façon interministérielle, pour que la Francophonie devienne un réflexe dans l'action publique française : développement de notre politique de diffusion de la langue française, contenus en langue française sur la toile, soutien aux industries culturelles et à la diffusion des productions francophones, popularisation de la Francophonie sur le territoire de notre pays.
Je voudrais présenter ici quelques idées fortes.
Premièrement, un forum mondial des femmes francophones. Les femmes francophones sont le socle de notre communauté de langue. Elles ont toujours été de tous les combats pour la dignité et la liberté.
Premières victimes des conflits et dans certains pays des privations de liberté, les femmes sont de plus en plus nombreuses à exprimer leur refus de ces situations. Elles sont aussi les vecteurs de communication et d'éducation principaux auprès des nouvelles générations, et des actrices du changement.
Le projet de déclaration qui sera approuvé par le Sommet des chefs d'État appelle à actualiser la déclaration de Luxembourg de 2000. Je propose de réunir pour cela l'année prochaine un forum mondial des femmes francophone, en collaboration avec l'OIF et tous nos États membres qui le souhaiteront, pour contribuer à cette actualisation. Ce forum marquera la pleine reconnaissance du rôle des femmes au sein de la Francophonie et pourra identifier les obstacles qui demeurent et les solutions pour que ce rôle trouve à s'exprimer.
En tant que femme et femme francophone, femme engagée depuis toujours, je retrouve dans la francophonie les combats pour les droits de l'Homme. C'est en français que la Déclaration universelle des droits de l'Homme a été écrite. C'est en français que les femmes du Mali demandent la solidarité des peuples francophones. C'est en français que les femmes des Kivu crient au secours face aux crimes dont elles sont les victimes. C'est encore en français que nous nous parlons aujourd'hui, pour défendre et promouvoir notre langue, pour défendre et promouvoir le multilinguisme et refuser l'uniformisation de la langue et donc de la pensée.
C'est sur la base de ces principes que j'ai fondé ma réflexion pour élaborer, avec Laurent Fabius et à la demande du président de la République, un plan d'action pour la Francophonie, et pour relancer la politique de la France en faveur de la défense de notre langue.
Deuxièmement, concernant la francophonie économique, j'approuve pleinement le mandat que le sommet donnera à l'OIF pour rédiger une stratégie économique pour la Francophonie. Nous devons montrer aux jeunes de l'espace francophone, nombreux à rechercher les voies d'une insertion dans la vie professionnelle, que nous prenons en compte leurs attentes.
La complémentarité des économies respectives de nos pays pour assurer la mise en oeuvre du principe de solidarité qui nous réunit saute aux yeux. Les ressources budgétaires de chacun de nos États sont, nous le savons, comptées. C'est sous la forme de partenariats public-privé que nous pourrons avancer résolument dans la voie de la Francophonie économique. La France se mobilisera pour contribuer à cette stratégie.
Troisièmement, concernant l'appui aux médias francophones d'information, qu'ils relèvent de la presse écrite, audiovisuelle ou numérique, je sais que l'OIF a, dans des années peut-être plus fastes, consacré d'importants moyens à cette industrie.
Là aussi, je pense que c'est en adoptant de nouveaux concepts et de nouvelles méthodes que nous pouvons collectivement renouer de façon plus visible avec l'ambition d'une société francophone de l'information. La formation des journalistes, la mise en réseau des organes de presse, la coopération entre institutions peut donner un nouveau souffle à cette action, ce qui est important pour montrer que la Francophonie peut vraiment changer les choses dans le monde d'aujourd'hui. Je serais heureuse que cette dimension retrouve toute sa place à l'occasion du prochain cadre stratégique sur lequel nous allons commencer à réfléchir à partir de l'année prochaine.
Je vous remercie pour votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 octobre 2012