Texte intégral
Malgré une réponse ambitieuse et concertée dans le cadre des institutions financières internationales et du G20, la crise économique persiste. Les tensions financières, la crise des dettes souveraines et les politiques de consolidation budgétaire simultanées, ont pesé sur la croissance. Aucune région nest protégée du ralentissement de lactivité économique, qui saccompagne dun risque de creusement des inégalités et de ralentissement du développement des pays les plus vulnérables.
Il nous faut donc faire face avec lucidité, responsabilité et solidarité à cette situation difficile. Car lobjectif est connu et partagé, notamment grâce aux diagnostics établis par le FMI et la Banque mondiale : recréer les conditions dune reprise mondiale robuste, en évitant lopposition entre consolidation budgétaire et croissance économique. Face à laccélération des cycles économiques, nous devons tracer une ligne de conduite claire et déterminée. Une gouvernance économique mondiale rénovée et renforcée est le moyen le plus sûr doffrir un cadre stable et crédible à la reprise économique sur le long terme.
Avec les nouveaux moyens mis à la disposition des IFIs, nous disposons désormais des instruments pour répondre collectivement aux causes de la crise : une réponse concertée à léchelle nationale, régionale et internationale est plus que jamais essentielle pour renforcer la coordination de nos politiques économiques afin de corriger les déséquilibres globaux. Simultanément, il nous faudra, au cours de lannée qui souvre, poursuivre les efforts de stabilisation et de régulation du secteur financier et de modernisation de la gouvernance et des instruments des institutions financières internationales. La France continuera dy prendre résolument toute sa part.
1. La capacité dintervention et de stabilisation des IFIS dans toutes les régions du monde a été considérablement renforcée
Collectivement, nous avons su donner aux institutions de Bretton Woods les moyens dagir face à la crise. Au premier chef, nous avons accru considérablement les ressources des banques multilatérales de développement et du FMI. Les IFIs ont ainsi pu accroître leurs actions de stabilisation: lencours des prêts du FMI est passé de 12Mds$ à 243Mds$ de 2007 à 2012, ce qui montre lengagement résolu pour soutenir lensemble des régions du monde dans cette période difficile, y compris pour accompagner les efforts des pays européens face à la crise. Dans un mouvement solidaire et déterminé face à la crise, des pays avancés et des pays émergents ont décidé ensemble daugmenter les ressources à la disposition du FMI de 458Mds$, lui permettant ainsi de doubler sa puissance de feu. Dans ce cadre, la France a joué un rôle actif et je me félicite que nous soyons en mesure de signer notre nouvelle contribution bilatérale de 31,4 Mds lors de ces Assemblées annuelles. Cette augmentation de ressources, alliée à la réforme de ses instruments, conforte le FMI dans son rôle de pivot de la stabilité financière international.
Le capital de la Banque mondiale a également été augmenté de 190Mds$ à 276Mds$ en 2011, et elle a engagé près de 200Mds$ depuis le début de la crise. Cet effort considérable est le résultat dune mobilisation collective remarquable. Notre priorité maintenant doit être den maximiser limpact en impliquant plus étroitement le secteur privé dans les actions de développement.
Je me félicite également de ce que les institutions de Bretton Woods aient su initier une rénovation de leurs méthodes dintervention au moyen dinstruments de prévention des crises plus flexibles. Elles ont ainsi fait la preuve de leur capacité à aller au-delà de la gestion de la crise en se dotant de moyens de nature à prévenir sa naissance et sa contagion. Je salue en particulier leffet très positif de la fenêtre de réponse de crise dans la Corne de lAfrique, et loctroi dune ligne de précaution et de liquidité au Maroc.
A cet égard, la France considère comme une urgente priorité que la Banque mondiale travaille plus et mieux dans la région du Sahel et que le FMI continue à y mener des actions dassistance et de soutien. Plus spécifiquement, la France attend que la Banque se mobilise pour répondre à la crise alimentaire qui y sévit et offre une réponse régionale de moyen-long terme pour promouvoir la résilience du Sahel. Je salue la mobilisation des IFIs , aux côtés des pays du G8, pour coordonner leur soutien aux pays en transition des rives de la Méditerranée dans le cadre du Partenariat de Deauville, afin de les aider tant à faire face aux inévitables déséquilibres de court terme quà poser les fondements dune croissance structurelle de long terme. Nous ne devons pas en rester là, et jencourage les IFIs à poursuivre les efforts accomplis. Dans cet esprit, je salue en particulier la décision de soutenir le Maroc et la Jordanie et jespère que lEgypte bénéficiera à son tour du soutien du FMI.
En 2012, laction des IFIs a bénéficié à lensemble des régions du monde. Les Etats fragiles ont fait lobjet dune attention particulière de la part de la Banque mondiale, qui a réalisé en 2011 plus de la moitié de ses engagements en Afrique subsaharienne. A lavenir, jencourage la Banque à renforcer cette priorité, sur le plan quantitatif et sur le plan qualitatif. A cet égard, je suis fier de rappeler que nous avons décidé, la semaine dernière, de lancer un fonds fiduciaire en faveur des pays d'Afrique ; ce fonds doit les aider à mieux négocier les contrats des industries extractives pour en améliorer les retombées économiques au profit des populations, notamment locales, assurer le développement durable des projets et améliorer la gestion du cadre macroéconomique, y compris les enjeux relatifs à la dette ou la transparence. Les pays à faibles revenus ont également bénéficié des financements concessionnels octroyés par le FMI dans le cadre de la FRPC, ce qui leur a notamment permis de maintenir leurs dépenses de protection sociale dans un contexte de ralentissement global. Je me félicite de la décision de pérenniser ce mécanisme par loctroi du surplus des ventes dor à son financement, signe de la volonté du FMI dintervenir dans toutes les régions du monde, y compris les pays à bas revenu.
2. Dans lannée qui souvre, nous devrons tout à la fois répondre aux défis immédiats, poursuivre la rénovation de la gouvernance économique mondiale et renforcer lapproche régionale des politiques de développement
Notre priorité immédiate doit être de répondre aux défis qui menacent la reprise mondiale. Pour cela, trois axes doivent animer notre action : la poursuite de la coordination des politiques économiques, la lutte contre la volatilité excessive des cours des matières premières et une régulation robuste du secteur financier, couvrant tous les acteurs et tous les produits. Pour mener à bien ces chantiers, le soutien des institutions financières internationales est indispensable.
La France soutient le mouvement en cours de rénovation des IFIs qui vise à mieux refléter en leur sein la transformation de léconomie mondiale. Cest évidemment une garantie de la légitimité et de lefficacité des IFIs. La réforme des quotes-parts et de la gouvernance du FMI, adoptée en 2010, doit à ce titre rapidement entrer en vigueur. La modernisation et la rénovation des institutions doit aussi aller de pair avec lesprit de responsabilité de ceux qui en sont ou en deviennent les principaux actionnaires, sans quoi la transformation en cours pourrait conduire à limpuissance. La modernisation des IFIs, enfin, passe par des progrès en termes de diversité, aussi bien géographique que de formation, au sein de leurs personnels.
Confrontées à une hétérogénéité croissante des besoins et des capacités de leurs pays dintervention, les BMD devront enfin faire face à un double défi de coordination et de différenciation. Pour cela, elles devront développer une palette dapproches flexibles afin dadapter leurs instruments et leurs modalités daction aux circonstances particulières. Je pense en particulier au renforcement de capacité et à la stabilisation dans les Etats fragiles, au soutien à la croissance dans les pays à bas revenus, et à la diffusion des bonnes pratiques et à lassistance technique dans les pays plus avancés.
Dautres défis de développement dépassent les frontières nationales, et les IFIs ont un rôle majeur à jouer pour susciter des externalités positives. Au niveau mondial, laction des IFIs devra en particulier sattacher à soutenir la création demplois pérennes et de qualité, seuls à même de permettre une véritable croissance inclusive. Les institutions devront aussi collaborer étroitement pour accorder les efforts de lutte contre le changement climatique. Dautres urgences recouvrent une portée régionale : améliorer la sécurité alimentaire et adopter une approche régionale pour restaurer la stabilité au Sahel ou encore favoriser lintégration régionale en Afrique en portant des projets dinfrastructure.
Conclusion :
Dans cette période difficile, nous devons rester mobilisés et créer les conditions pour sortir de la crise et pour un retour de léconomie mondiale à une croissance durable, qui bénéficie au plus grand nombre et qui permette de poursuivre la réduction des déséquilibres globaux, aujourdhui insuffisamment engagée. Chacun doit utiliser les leviers disponibles afin de faire reculer ces déséquilibres, de manière à obtenir un impact de long terme. Face à un creusement des inégalités et au risque de détérioration de la croissance potentielle, laction coordonnée des IFIs sera également déterminante pour soutenir linvestissement de long terme dans les infrastructures et le capital humain, et ainsi favoriser le retour à lemploi. A cette fin, nous devons dépasser la seule gestion de crise pour installer notre action dans la durée. Cest à mes yeux lenjeu de lannée qui souvre.
Source http://www.tresor.economie.gouv.fr, le 17 octobre 2012
Il nous faut donc faire face avec lucidité, responsabilité et solidarité à cette situation difficile. Car lobjectif est connu et partagé, notamment grâce aux diagnostics établis par le FMI et la Banque mondiale : recréer les conditions dune reprise mondiale robuste, en évitant lopposition entre consolidation budgétaire et croissance économique. Face à laccélération des cycles économiques, nous devons tracer une ligne de conduite claire et déterminée. Une gouvernance économique mondiale rénovée et renforcée est le moyen le plus sûr doffrir un cadre stable et crédible à la reprise économique sur le long terme.
Avec les nouveaux moyens mis à la disposition des IFIs, nous disposons désormais des instruments pour répondre collectivement aux causes de la crise : une réponse concertée à léchelle nationale, régionale et internationale est plus que jamais essentielle pour renforcer la coordination de nos politiques économiques afin de corriger les déséquilibres globaux. Simultanément, il nous faudra, au cours de lannée qui souvre, poursuivre les efforts de stabilisation et de régulation du secteur financier et de modernisation de la gouvernance et des instruments des institutions financières internationales. La France continuera dy prendre résolument toute sa part.
1. La capacité dintervention et de stabilisation des IFIS dans toutes les régions du monde a été considérablement renforcée
Collectivement, nous avons su donner aux institutions de Bretton Woods les moyens dagir face à la crise. Au premier chef, nous avons accru considérablement les ressources des banques multilatérales de développement et du FMI. Les IFIs ont ainsi pu accroître leurs actions de stabilisation: lencours des prêts du FMI est passé de 12Mds$ à 243Mds$ de 2007 à 2012, ce qui montre lengagement résolu pour soutenir lensemble des régions du monde dans cette période difficile, y compris pour accompagner les efforts des pays européens face à la crise. Dans un mouvement solidaire et déterminé face à la crise, des pays avancés et des pays émergents ont décidé ensemble daugmenter les ressources à la disposition du FMI de 458Mds$, lui permettant ainsi de doubler sa puissance de feu. Dans ce cadre, la France a joué un rôle actif et je me félicite que nous soyons en mesure de signer notre nouvelle contribution bilatérale de 31,4 Mds lors de ces Assemblées annuelles. Cette augmentation de ressources, alliée à la réforme de ses instruments, conforte le FMI dans son rôle de pivot de la stabilité financière international.
Le capital de la Banque mondiale a également été augmenté de 190Mds$ à 276Mds$ en 2011, et elle a engagé près de 200Mds$ depuis le début de la crise. Cet effort considérable est le résultat dune mobilisation collective remarquable. Notre priorité maintenant doit être den maximiser limpact en impliquant plus étroitement le secteur privé dans les actions de développement.
Je me félicite également de ce que les institutions de Bretton Woods aient su initier une rénovation de leurs méthodes dintervention au moyen dinstruments de prévention des crises plus flexibles. Elles ont ainsi fait la preuve de leur capacité à aller au-delà de la gestion de la crise en se dotant de moyens de nature à prévenir sa naissance et sa contagion. Je salue en particulier leffet très positif de la fenêtre de réponse de crise dans la Corne de lAfrique, et loctroi dune ligne de précaution et de liquidité au Maroc.
A cet égard, la France considère comme une urgente priorité que la Banque mondiale travaille plus et mieux dans la région du Sahel et que le FMI continue à y mener des actions dassistance et de soutien. Plus spécifiquement, la France attend que la Banque se mobilise pour répondre à la crise alimentaire qui y sévit et offre une réponse régionale de moyen-long terme pour promouvoir la résilience du Sahel. Je salue la mobilisation des IFIs , aux côtés des pays du G8, pour coordonner leur soutien aux pays en transition des rives de la Méditerranée dans le cadre du Partenariat de Deauville, afin de les aider tant à faire face aux inévitables déséquilibres de court terme quà poser les fondements dune croissance structurelle de long terme. Nous ne devons pas en rester là, et jencourage les IFIs à poursuivre les efforts accomplis. Dans cet esprit, je salue en particulier la décision de soutenir le Maroc et la Jordanie et jespère que lEgypte bénéficiera à son tour du soutien du FMI.
En 2012, laction des IFIs a bénéficié à lensemble des régions du monde. Les Etats fragiles ont fait lobjet dune attention particulière de la part de la Banque mondiale, qui a réalisé en 2011 plus de la moitié de ses engagements en Afrique subsaharienne. A lavenir, jencourage la Banque à renforcer cette priorité, sur le plan quantitatif et sur le plan qualitatif. A cet égard, je suis fier de rappeler que nous avons décidé, la semaine dernière, de lancer un fonds fiduciaire en faveur des pays d'Afrique ; ce fonds doit les aider à mieux négocier les contrats des industries extractives pour en améliorer les retombées économiques au profit des populations, notamment locales, assurer le développement durable des projets et améliorer la gestion du cadre macroéconomique, y compris les enjeux relatifs à la dette ou la transparence. Les pays à faibles revenus ont également bénéficié des financements concessionnels octroyés par le FMI dans le cadre de la FRPC, ce qui leur a notamment permis de maintenir leurs dépenses de protection sociale dans un contexte de ralentissement global. Je me félicite de la décision de pérenniser ce mécanisme par loctroi du surplus des ventes dor à son financement, signe de la volonté du FMI dintervenir dans toutes les régions du monde, y compris les pays à bas revenu.
2. Dans lannée qui souvre, nous devrons tout à la fois répondre aux défis immédiats, poursuivre la rénovation de la gouvernance économique mondiale et renforcer lapproche régionale des politiques de développement
Notre priorité immédiate doit être de répondre aux défis qui menacent la reprise mondiale. Pour cela, trois axes doivent animer notre action : la poursuite de la coordination des politiques économiques, la lutte contre la volatilité excessive des cours des matières premières et une régulation robuste du secteur financier, couvrant tous les acteurs et tous les produits. Pour mener à bien ces chantiers, le soutien des institutions financières internationales est indispensable.
La France soutient le mouvement en cours de rénovation des IFIs qui vise à mieux refléter en leur sein la transformation de léconomie mondiale. Cest évidemment une garantie de la légitimité et de lefficacité des IFIs. La réforme des quotes-parts et de la gouvernance du FMI, adoptée en 2010, doit à ce titre rapidement entrer en vigueur. La modernisation et la rénovation des institutions doit aussi aller de pair avec lesprit de responsabilité de ceux qui en sont ou en deviennent les principaux actionnaires, sans quoi la transformation en cours pourrait conduire à limpuissance. La modernisation des IFIs, enfin, passe par des progrès en termes de diversité, aussi bien géographique que de formation, au sein de leurs personnels.
Confrontées à une hétérogénéité croissante des besoins et des capacités de leurs pays dintervention, les BMD devront enfin faire face à un double défi de coordination et de différenciation. Pour cela, elles devront développer une palette dapproches flexibles afin dadapter leurs instruments et leurs modalités daction aux circonstances particulières. Je pense en particulier au renforcement de capacité et à la stabilisation dans les Etats fragiles, au soutien à la croissance dans les pays à bas revenus, et à la diffusion des bonnes pratiques et à lassistance technique dans les pays plus avancés.
Dautres défis de développement dépassent les frontières nationales, et les IFIs ont un rôle majeur à jouer pour susciter des externalités positives. Au niveau mondial, laction des IFIs devra en particulier sattacher à soutenir la création demplois pérennes et de qualité, seuls à même de permettre une véritable croissance inclusive. Les institutions devront aussi collaborer étroitement pour accorder les efforts de lutte contre le changement climatique. Dautres urgences recouvrent une portée régionale : améliorer la sécurité alimentaire et adopter une approche régionale pour restaurer la stabilité au Sahel ou encore favoriser lintégration régionale en Afrique en portant des projets dinfrastructure.
Conclusion :
Dans cette période difficile, nous devons rester mobilisés et créer les conditions pour sortir de la crise et pour un retour de léconomie mondiale à une croissance durable, qui bénéficie au plus grand nombre et qui permette de poursuivre la réduction des déséquilibres globaux, aujourdhui insuffisamment engagée. Chacun doit utiliser les leviers disponibles afin de faire reculer ces déséquilibres, de manière à obtenir un impact de long terme. Face à un creusement des inégalités et au risque de détérioration de la croissance potentielle, laction coordonnée des IFIs sera également déterminante pour soutenir linvestissement de long terme dans les infrastructures et le capital humain, et ainsi favoriser le retour à lemploi. A cette fin, nous devons dépasser la seule gestion de crise pour installer notre action dans la durée. Cest à mes yeux lenjeu de lannée qui souvre.
Source http://www.tresor.economie.gouv.fr, le 17 octobre 2012