Interview de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, à RTL le 6 décembre 2012, sur l'accord entre le gouvernement et ArcelorMittal concernant l'avenir de l'usine de Florange (Moselle).

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE
A propos de l’accord trouvé avec le sidérurgiste MITTAL, vous insistez sur le sauvetage des emplois à Florange, beaucoup de Français, avez-vous dit hier soir sur FRANCE 2, aimeraient avoir un tel résultat, et pourtant, les syndicalistes de Florange vous accusaient hier soir dans la cour de l’hôtel Matignon de trahison, ils disaient – je les cite – leur écoeurement ; des députés socialistes ont regretté que vous ayez renoncé à la nationalisation temporaire, des ministres, Delphine BATHO, Aurélie FILIPPETTI, Arnaud MONTEBOURG, ont dit publiquement qu’on ne pouvait pas faire confiance à MITTAL. Avez-vous raison dans ce dossier, Jean-Marc AYRAULT, seul contre tous ?
JEAN-MARC AYRAULT
D’abord, je ne suis pas seul contre tous, c’est la position du gouvernement que je dirige.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous êtes le seul à l’exprimer comme vous l’exprimez.
JEAN-MARC AYRAULT
Je l’exprime dans la cohérence, la clarté, et le courage qu’il faut pour assumer une décision qui a été prise dans l’intérêt des Français. Moi, je suis le Premier ministre d’un gouvernement pour toute la France, et donc je me bats pour l’emploi, le redressement productif, la compétitivité des entreprises, j’ai lancé d’ailleurs un pacte le 6 novembre pour tout le pays. Et le Parlement, en ce moment, prend des décisions extrêmement importantes pour mettre en place, dès le 1er janvier, le crédit d’impôt et pour réussir justement ce pacte de compétitivité, suite au rapport GALLOIS. Donc c’est une bataille frontale que nous menons pour la croissance et pour l’emploi. Et il y a, et c’est, je dirais, d’une certaine façon, l’héritage, de multiples plans sociaux dans le pays, et il y a celui qui était en marche pour Florange, un des engagements du président de la République, qui m’a demandé d’y travailler, c’est : pas de plan social à Florange, pas de licenciement. Eh bien, c’est fait. Et ça, c’est important, ce n’est pas fait partout. Donc cette bataille, il va falloir la continuer ailleurs. Donc c’est pour ça que j’assume la décision qui a été prise. Et en même temps…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et quand vos ministres, quand certains de vos ministres disent…
JEAN-MARC AYRAULT
Non, mais je termine, parce que c’est très important…
JEAN-MICHEL APHATIE
On ne peut avoir confiance en MITTAL…
JEAN-MARC AYRAULT
Vous avez dit, vous avez cité les syndicalistes, et moi, j’ai beaucoup de respect pour eux, d’ailleurs…
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, trahison…
JEAN-MARC AYRAULT
La rencontre qui s’est passée hier s’est passée dans le respect mutuel…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ecoeurement…
JEAN-MARC AYRAULT
Dans la franchise, et j’ai dit que nous étions là pour ça donc. Mais j’ai beaucoup de respect parce que ce sont des gens qui ont beaucoup de dignité et de courage, qui se sont battus, s’ils ne s’étaient pas battus comme ils se sont battus, et avec un gouvernement, et je pense au travail qu’a fait Arnaud MONTEBOURG, et qui est réel, pas seulement sur ce site, mais aussi sur beaucoup d’autres, nous n’aurions pas obtenu l’abandon de ce plan social. Mais nous avons obtenu une deuxième chose, c’est 180 millions d’investissement sur la partie aval de la sidérurgie, c’est-à-dire ce qu’on appelle le laminage, l’activité de packaging, c’est-à-dire l’emballage, qui était en péril, 180 millions, c’est-à-dire le double des investissements qui se font chaque année sur ce site, troisième…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça, ce sont les engagements de MITTAL…
JEAN-MARC AYRAULT
Troisième engagement…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce sont les engagements de…
JEAN-MARC AYRAULT
Troisième… mais Monsieur APHATIE…
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG…
JEAN-MARC AYRAULT
C’est un engagement qui devra être respecté…
JEAN-MICHEL APHATIE
Que vous venez de signer…
JEAN-MARC AYRAULT
J’ai nommé un responsable, un sous-préfet, qui prend ses fonctions ces prochains jours, qui est chargé d’un comité de suivi. Les organisations syndicales y seront associées, les élus locaux y seront associés, qui travaillera avec l’entreprise MITTAL, mais aussi les entreprises de sous-traitance. Il y a un projet d’avenir…
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG, que vous avez cité…
JEAN-MARC AYRAULT
Qui est le projet ULCOS…
JEAN-MICHEL APHATIE
ULCOS…
JEAN-MARC AYRAULT
Pour produire de l’acier propre dans les années à venir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG, que vous avez cité, ministre du Redressement productif, a dit – je le cite – : MITTAL n’a jamais tenu ses promesses.
JEAN-MARC AYRAULT
Là, il sera obligé de les tenir, il y a une différence, vous savez, c’est que sous le gouvernement précédent, il y avait eu des engagements pris, mais qui étaient conditionnés à la situation générale de l’activité de l’acier. Là, ce sont des engagements inconditionnels, si j’ai nommé quelqu’un sur place pour diriger un comité de suivi, c’est pour que ces investissements, que j’ai cités, soient respectés. J’ai également…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et s’ils ne le sont pas ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien écoutez, nous prendrons nos responsabilités.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nationalisation ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, est-ce que vous voulez que, on fasse, ici, ce matin, un débat théorique ? Moi, je ne suis pas dans la théorie, je suis dans l’action. Et demain, je serai – pas seulement sur Florange – je serai sur d’autres dossiers, et puis après-demain, encore, et quand j’annonce aux Français – et là, je m’adresse à tous les Français – que si on avait pris une autre option, eh bien, ces 630 emplois n’auraient pas été préservés, il y aurait eu un plan social. Et donc il y a beaucoup de salariés en France qui aujourd’hui voient leur emploi menacé, et j’en connais dans d’autres régions qui voudraient aussi bénéficier de cela. Donc la bataille que nous avons menée a été fructueuse. Par ailleurs, vous évoquez la nationalisation, toutes les options ont été examinées. Mais je rappelle que…
JEAN-MICHEL APHATIE
La nationalisation a été examinée sérieusement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Parmi toutes les options, mais elle n’a pas été retenue…
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous l’avez examinée sérieusement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais elle n’a pas été retenue…
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n’avez jamais semblé favorable à cette idée…
JEAN-MARC AYRAULT
Je vais vous expliquer quelque chose, Monsieur APHATIE, parce que vous avez beaucoup de mémoire, et votre voisin, monsieur Alain DUHAMEL, aussi, beaucoup. L’historique, en 1981, la sidérurgie a été nationalisée par la gauche, mais il y a quand même eu des dizaines de milliers de suppressions d’emplois. Ce que je veux dire aussi, c’est que la nationalisation, elle a un coût. Là, il y avait un candidat repreneur, non pas pour remettre en marche le haut-fourneau tout seul, mais pour prendre la totalité de l’activité du site de Florange, c’est-à-dire les hauts-fourneaux et aussi la partie aval, le laminage, dont j’ai parlé tout à l’heure, qui est rentable. Mais ça voulait dire, pour y parvenir, exproprier MITTAL, donc nationaliser MITTAL. Ça avait un coût. Il fallait, en gros, mobiliser, au-delà de ce que le repreneur pouvait apporter, autour de 400 millions avec son partenaire, un milliard d’euros, pour faire repartir les hauts-fourneaux, c’était à peu près 450 millions. Donc qui aurait payé ? Les contribuables, avec la certitude que les emplois auraient été dans la durée maintenus, je ne pouvais pas le garantir, Monsieur APHATIE, je ne pouvais absolument pas le garantir. Et c’est l’expérience de l’histoire qui me montre que même quand vous nationalisez, vous êtes aussi obligé de restructurer. Aux Etats-Unis, on a cité l’exemple de monsieur OBAMA dans l’automobile…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et il y a eu beaucoup de licenciements chez GENERAL MOTORS…
JEAN-MARC AYRAULT
Il a pris des participations très importantes, le Trésor américain, mais il y a eu dix-huit sites de fermés, des milliers d’emplois supprimés pour faire repartir l’industrie automobile. Donc je veux dire, ce n’est pas quelque chose où on appuie sur un bouton, et tous les problèmes sont réglés. Moi, je suis là pour traiter les problèmes de la France, avec mon équipe gouvernementale, j’ai cité Arnaud MONTEBOURG, il y avait aussi Michel SAPIN hier soir, qui va veiller au respect de l’accord sur le volet social, le volet de l’emploi, il y avait la ministre de la Recherche, il y avait les ministres de l’Economie, il y avait aussi – elle était à excuser – la ministre de l’Environnement, parce que sur le dossier ULCOS, eh bien, on aura besoin du concours de tous les membres du gouvernement.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un député socialiste, Jérôme GUEDJ, notait ce matin sur l’antenne de RTL que MITTAL bénéficiera du crédit d’impôt, il l’évalue à trente-cinq millions d’euros pour MITTAL. Donc sur les engagements que prend MITTAL, nous allons en financer une partie.
JEAN-MARC AYRAULT
Vous n’avez pas cité complètement Jérôme GUEDJ, il a dit : j’ai fait un calcul sur un coin de table…
JEAN-MICHEL APHATIE
Un coin de table…
JEAN-MARC AYRAULT
D’accord ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, exact.
JEAN-MARC AYRAULT
Moi, je ne fais pas de calculs sur un coin de table, Monsieur APHATIE…
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous pensez que ce calcul est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je fais un calcul sérieux…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce calcul est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, écoutez, je vous l’ai dit, le gouvernement a pris ses responsabilités, vous vous souvenez du rapport GALLOIS, qui a porté un diagnostic extrêmement sévère sur les dix ans de dégradation de l’économie française, de l’industrie française, et qui a dit que nous étions dans un cercle vicieux, que si nous ne réagissions pas, alors la France allait entamer un déclin. Et moi, je refuse le déclin pour le pays. Donc nous avons décidé en effet de venir en aide aux entreprises…
JEAN-MICHEL APHATIE
A toutes les entreprises, même à celles qui gagnent beaucoup d’argent, et même à celles qui, comme MITTAL, sont dans la situation qui est la leur, c’est-à-dire, ferment des hauts-fourneaux…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais vous savez, je vais vous donner un chiffre, je vais vous donner un chiffre précis, l’autofinancement des entreprises, c’est vrai, là… et les marges de manoeuvre avec lesquelles elles peuvent investir, innover, monter en gamme, produire des produits qui vont se vendre, et pas perdre des parts de marché très importantes, il est de 120% en Allemagne, l’autofinancement, il est descendu à 60 en France, ça, c’est un chiffre qui dit tout, donc il faut redonner de la marge aux entreprises, non pas pour augmenter les dividendes, non pas pour augmenter les rémunérations des hauts dirigeants, c’est pour investir, innover, et pour cela, le gouvernement va mettre en place des outils, par filière, avec des outils comme la Banque publique d’investissement, la séparation avec la réforme bancaire des banques de dépôt, de toutes les activités spéculatives. On se donne les moyens de réussir le redressement économique du pays, et donc l’investissement et l’emploi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nous avons tous noté, Jean-Marc AYRAULT, les tensions qui ont existé entre vous et Arnaud MONTEBOURG, pouvez-vous continuer à travailler ensemble au gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien oui, écoutez, dans la vie politique, dans un gouvernement, il y a des personnalités diverses, avec des parcours différents, nous ne sommes pas tous faits du même moule avec les mêmes sensibilités, les mêmes histoires, mais il y a une équipe…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça va au-delà ?
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a une équipe…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça va au-delà avec Arnaud MONTEBOURG…
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a une équipe…
JEAN-MICHEL APHATIE
Quand il dit aux ECHOS : nous ne voulons plus de MITTAL en France, vous avez réagi comment en voyant cette Une ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, je ne sais pas s’il l’a dit exactement comme ça. Ce qui est sûr…
JEAN-MICHEL APHATIE
Il semblerait que oui…
JEAN-MARC AYRAULT
C’est qu’en France, il y a 20.000 salariés qui dépendent de ce groupe, si on voulait être sûr, comme certains disent : nous n’avons pas confiance en MITTAL, qui a imaginé, et pas plus Arnaud MONTEBOURG qu’un autre, de nationaliser toutes les entreprises de MITTAL, donc il faut se battre avec les moyens qui sont les nôtres, autant qu’il sera…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous pouvez continuer à travailler avec Arnaud MONTEBOURG…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais il n’y a pas de problème de personne, moi, je ne fais pas de problème de personne, moi, ce qui m’intéresse dans la responsabilité que m’a confiée le président de la République, c’est de diriger une équipe, le gouvernement, au service de la France, et pas autre chose. Les Français n’attendent que ça, ils n’attendent pas les querelles, quand vous voyez les querelles qu’il y a à droite, ça écoeure tout le monde, eh bien, moi, je ne tomberai pas dans ce piège.
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG a sa place dans votre gouvernement.
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien, il y est, il y reste.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y reste. Vous souhaitez qu’il y reste ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais bien sûr, comme d’autres membres du gouvernement. Tout le monde doit pouvoir continuer à faire son travail, mais en pensant d’abord au service des Français, de tous les Français, de toutes les régions de France.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un autre sujet important, peu commenté jusqu’à présent, EDF vient d’annoncer un nouveau dépassement pour l’EPR de Flamanville, deux milliards et demi d’euros de plus, la facture totale est de huit milliards et demi, alors que le chantier n’est qu’à la moitié, d’autres dépassements sont possibles, faut-il terminer l’EPR de Flamanville, Jean-Marc AYRAULT ?
JEAN-MARC AYRAULT
Il va se terminer, puisqu’il doit être mis en service en 2016.
JEAN-MICHEL APHATIE
2016 ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, en 2016. C’est un chantier…
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans quatre ans…
JEAN-MARC AYRAULT
C’est un chantier, on va dire, c’est un premier exemplaire de l’EPR, donc effectivement, il y a des précautions qui sont prises, et puis, comme c’est un chantier qui dure plus longtemps que prévu, il y a l’actualisation des coûts. Et l’actualisation des coûts…
JEAN-MICHEL APHATIE
Deux milliards et demi !
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, c’est cher, c’est vrai, mais en même temps…
JEAN-MICHEL APHATIE
Grosse actualisation…
JEAN-MARC AYRAULT
Monsieur APHATIE, connaissez-vous la durée de vie de cette centrale, qui sera la plus sûre du monde ?
JEAN-MICHEL APHATIE
40 ans ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, 60 ans. Donc si vous le ramenez au kilowattheure, ça n’aura pas l’impact que vous craignez sur le prix de l’énergie. Donc je crois qu’il faut assumer cela, être très vigilant, et je vais vous dire aussi quelque chose, c’est que cette centrale qui peut être controversée, ce projet a des adversaires, je le sais très bien…
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans votre gouvernement…
JEAN-MARC AYRAULT
Y compris au sein du gouvernement, puisque dans les accords qui avaient été signés entre les socialistes et les écologistes, c’était un des points de désaccord. Mais je vous ferais observer que ça sera la centrale la plus sûre du monde. Donc ce qui fait que c’est cher, c’est parce que la sûreté, la sécurité sont mises au-delà de toutes les exigences qu’il n’y a jamais eues jusqu’à présent, donc ça, c’est fondamental. Et donc c’est pour ça que ce chantier ira jusqu’au bout, il y a des difficultés, mais je pense qu’il faut aussi assumer cela, parce que c’est difficile, mais c’est nécessaire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le site MEDIAPART a mis en ligne hier soir un enregistrement où – dit le site – on entend votre ministre Jérôme CAHUZAC, ministre du Budget, dire qu’il a un compte en Suisse. Jérôme CAHUZAC peut-il rester au gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais écoutez, oui, moi, j’ai toute confiance en Jérôme CAHUZAC, et j’imagine ce qu’il ressent en ce moment, et hier, ce n’est pas n’importe où qu’il s’est exprimé, il a été interrogé, il l’a fait dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, où il a dit qu’il combattait toutes ces allégations, qu’il considérait comme mensongères, il a commencé d’ailleurs à se battre, et c’est difficile, mais il va se battre pour son honneur…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et l’élément rendu public hier soir par MEDIAPART ne vous ébranle pas ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je n’ai pas eu le temps d’observer cela, mais moi, je fais toute confiance à Jérôme CAHUZAC, on l’a déjà accusé de ne pas avoir payé normalement son logement, et il a donné toutes les explications nécessaires. Donc je suis à ses côtés.
JEAN-MICHEL APHATIE
Une dernière question, votre ministre du Logement, Cécile DUFLOT, a interpellé l’église, en lui demandant de mettre davantage de locaux à disposition des sans-abri, les responsables de l’église n’ont pas apprécié cette mise en cause. Vous soutenez votre ministre ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien, elle s’en est expliquée hier à l’Assemblée nationale, je pense que Cécile DUFLOT, qui vient de réquisitionner…
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle a été maladroite…
JEAN-MARC AYRAULT
Avec l’accord de la SNCF, des locaux pour héberger des personnes sans abri, elle mène une bataille difficile pour le logement. La semaine prochaine, je tiendrai la conférence de la lutte contre la pauvreté, la grande pauvreté, beaucoup trop de Français sont aujourd’hui tombés dans cette situation, et ça peut arriver à beaucoup de gens qui perdent leur emploi et qui ont des situations familiales dégradées, et on ne peut pas les laisser tomber. Aujourd’hui, il y a une urgence.
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle a eu raison d’interpeller l’église ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, on peut toujours dire qu’il y a la forme et il y a le fond. Le fond, c’est mobilisons-nous, et je sais que vos auditeurs sont très attentifs à cela – je l’ai encore entendu ce matin – à la difficulté qu’ont bon nombre de Français. On ne peut pas les laisser tomber. C’est un devoir de solidarité. Ça, ça fait partie aussi de nos valeurs, il ne faut pas les oublier, l’économique, le social, la solidarité, ça fait aussi partie du modèle français, aujourd’hui, ce modèle est en crise, moi, je veux le renouveler, c’est ce que j’appelle le nouveau modèle français. Et pour cela, il faut beaucoup travailler, Monsieur APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes assailli par les problèmes, c’est difficile de gouverner dans ces conditions, Jean-Marc AYRAULT ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais qui peut en douter ? J’ai la fonction sans doute la plus difficile…
JEAN-MICHEL APHATIE
C’est difficile de gouverner dans ces conditions…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je l’assume totalement. Je suis au service du pays, et j’ai envie que notre pays reparte de l’avant. Moi, j’ai confiance, parce qu’il y a énormément d’atouts en France, énormément de capacités, énormément de générosité, mais il y a un moment où il faut aussi dire les choses, décider, trancher, je le fais, en fonction des priorités qui ont été fixées par le président de la République pendant sa campagne, pour moi, c’est ma feuille de route, et je continuerai de m’y tenir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Jean-Marc AYRAULT, Premier ministre, était l’invité de RTL, ce matin.
LAURENT BAZIN
Pardonnez-moi, une question SMS qui nous parvient à l’instant, que je vous soumets, Monsieur le Premier ministre, 3% de hausse des prix du gaz au 1er janvier, selon certains de nos confrères, est-ce que vous confirmez ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, je ne peux pas vous confirmer le chiffre exact, mais c’est vrai que nous sommes confrontés régulièrement à ces hausses de prix qui sont liées aux contrats que le fournisseur de gaz a, qui sont des contrats à long terme et qui sont indexés sur le prix du pétrole, et que nous sommes en train de négocier avec GAZ DE FRANCE, GDF SUEZ, pour qu’ils revoient ces contrats pour qu’on soit non plus dépendant de ces contrats qui coûtent cher, et qu’on puisse bénéficier des prix du marché qui, aujourd’hui, sur le plan du gaz, sont plutôt à la baisse…
LAURENT BAZIN
Mais pour l’instant, probablement, 3% au 1er janvier…
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais, vous savez, je crois que là, on est tout à fait face à la situation que j’ai à gérer, moi, j’hérite de situations, ces contrats, ce n’est pas moi qui les ai négociés, mais ils existent, si je veux les faire changer, il faut que j’agisse. Et je ne veux pas me contenter d’une formule. Le travail de chef de gouvernement, ce n’est pas un travail d’additions de formules. C’est un travail difficile, mais c’est justement ce que je fais.
Source : Service d'Information du Gouvernement, le 6 décembre 2012