Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
A propos de laccord trouvé avec le sidérurgiste MITTAL, vous insistez sur le sauvetage des emplois à Florange, beaucoup de Français, avez-vous dit hier soir sur FRANCE 2, aimeraient avoir un tel résultat, et pourtant, les syndicalistes de Florange vous accusaient hier soir dans la cour de lhôtel Matignon de trahison, ils disaient je les cite leur écoeurement ; des députés socialistes ont regretté que vous ayez renoncé à la nationalisation temporaire, des ministres, Delphine BATHO, Aurélie FILIPPETTI, Arnaud MONTEBOURG, ont dit publiquement quon ne pouvait pas faire confiance à MITTAL. Avez-vous raison dans ce dossier, Jean-Marc AYRAULT, seul contre tous ?
JEAN-MARC AYRAULT
Dabord, je ne suis pas seul contre tous, cest la position du gouvernement que je dirige.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous êtes le seul à lexprimer comme vous lexprimez.
JEAN-MARC AYRAULT
Je lexprime dans la cohérence, la clarté, et le courage quil faut pour assumer une décision qui a été prise dans lintérêt des Français. Moi, je suis le Premier ministre dun gouvernement pour toute la France, et donc je me bats pour lemploi, le redressement productif, la compétitivité des entreprises, jai lancé dailleurs un pacte le 6 novembre pour tout le pays. Et le Parlement, en ce moment, prend des décisions extrêmement importantes pour mettre en place, dès le 1er janvier, le crédit dimpôt et pour réussir justement ce pacte de compétitivité, suite au rapport GALLOIS. Donc cest une bataille frontale que nous menons pour la croissance et pour lemploi. Et il y a, et cest, je dirais, dune certaine façon, lhéritage, de multiples plans sociaux dans le pays, et il y a celui qui était en marche pour Florange, un des engagements du président de la République, qui ma demandé dy travailler, cest : pas de plan social à Florange, pas de licenciement. Eh bien, cest fait. Et ça, cest important, ce nest pas fait partout. Donc cette bataille, il va falloir la continuer ailleurs. Donc cest pour ça que jassume la décision qui a été prise. Et en même temps
JEAN-MICHEL APHATIE
Et quand vos ministres, quand certains de vos ministres disent
JEAN-MARC AYRAULT
Non, mais je termine, parce que cest très important
JEAN-MICHEL APHATIE
On ne peut avoir confiance en MITTAL
JEAN-MARC AYRAULT
Vous avez dit, vous avez cité les syndicalistes, et moi, jai beaucoup de respect pour eux, dailleurs
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, trahison
JEAN-MARC AYRAULT
La rencontre qui sest passée hier sest passée dans le respect mutuel
JEAN-MICHEL APHATIE
Ecoeurement
JEAN-MARC AYRAULT
Dans la franchise, et jai dit que nous étions là pour ça donc. Mais jai beaucoup de respect parce que ce sont des gens qui ont beaucoup de dignité et de courage, qui se sont battus, sils ne sétaient pas battus comme ils se sont battus, et avec un gouvernement, et je pense au travail qua fait Arnaud MONTEBOURG, et qui est réel, pas seulement sur ce site, mais aussi sur beaucoup dautres, nous naurions pas obtenu labandon de ce plan social. Mais nous avons obtenu une deuxième chose, cest 180 millions dinvestissement sur la partie aval de la sidérurgie, cest-à-dire ce quon appelle le laminage, lactivité de packaging, cest-à-dire lemballage, qui était en péril, 180 millions, cest-à-dire le double des investissements qui se font chaque année sur ce site, troisième
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça, ce sont les engagements de MITTAL
JEAN-MARC AYRAULT
Troisième engagement
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce sont les engagements de
JEAN-MARC AYRAULT
Troisième mais Monsieur APHATIE
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG
JEAN-MARC AYRAULT
Cest un engagement qui devra être respecté
JEAN-MICHEL APHATIE
Que vous venez de signer
JEAN-MARC AYRAULT
Jai nommé un responsable, un sous-préfet, qui prend ses fonctions ces prochains jours, qui est chargé dun comité de suivi. Les organisations syndicales y seront associées, les élus locaux y seront associés, qui travaillera avec lentreprise MITTAL, mais aussi les entreprises de sous-traitance. Il y a un projet davenir
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG, que vous avez cité
JEAN-MARC AYRAULT
Qui est le projet ULCOS
JEAN-MICHEL APHATIE
ULCOS
JEAN-MARC AYRAULT
Pour produire de lacier propre dans les années à venir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG, que vous avez cité, ministre du Redressement productif, a dit je le cite : MITTAL na jamais tenu ses promesses.
JEAN-MARC AYRAULT
Là, il sera obligé de les tenir, il y a une différence, vous savez, cest que sous le gouvernement précédent, il y avait eu des engagements pris, mais qui étaient conditionnés à la situation générale de lactivité de lacier. Là, ce sont des engagements inconditionnels, si jai nommé quelquun sur place pour diriger un comité de suivi, cest pour que ces investissements, que jai cités, soient respectés. Jai également
JEAN-MICHEL APHATIE
Et sils ne le sont pas ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien écoutez, nous prendrons nos responsabilités.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nationalisation ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, est-ce que vous voulez que, on fasse, ici, ce matin, un débat théorique ? Moi, je ne suis pas dans la théorie, je suis dans laction. Et demain, je serai pas seulement sur Florange je serai sur dautres dossiers, et puis après-demain, encore, et quand jannonce aux Français et là, je madresse à tous les Français que si on avait pris une autre option, eh bien, ces 630 emplois nauraient pas été préservés, il y aurait eu un plan social. Et donc il y a beaucoup de salariés en France qui aujourdhui voient leur emploi menacé, et jen connais dans dautres régions qui voudraient aussi bénéficier de cela. Donc la bataille que nous avons menée a été fructueuse. Par ailleurs, vous évoquez la nationalisation, toutes les options ont été examinées. Mais je rappelle que
JEAN-MICHEL APHATIE
La nationalisation a été examinée sérieusement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Parmi toutes les options, mais elle na pas été retenue
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous lavez examinée sérieusement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais elle na pas été retenue
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous navez jamais semblé favorable à cette idée
JEAN-MARC AYRAULT
Je vais vous expliquer quelque chose, Monsieur APHATIE, parce que vous avez beaucoup de mémoire, et votre voisin, monsieur Alain DUHAMEL, aussi, beaucoup. Lhistorique, en 1981, la sidérurgie a été nationalisée par la gauche, mais il y a quand même eu des dizaines de milliers de suppressions demplois. Ce que je veux dire aussi, cest que la nationalisation, elle a un coût. Là, il y avait un candidat repreneur, non pas pour remettre en marche le haut-fourneau tout seul, mais pour prendre la totalité de lactivité du site de Florange, cest-à-dire les hauts-fourneaux et aussi la partie aval, le laminage, dont jai parlé tout à lheure, qui est rentable. Mais ça voulait dire, pour y parvenir, exproprier MITTAL, donc nationaliser MITTAL. Ça avait un coût. Il fallait, en gros, mobiliser, au-delà de ce que le repreneur pouvait apporter, autour de 400 millions avec son partenaire, un milliard deuros, pour faire repartir les hauts-fourneaux, cétait à peu près 450 millions. Donc qui aurait payé ? Les contribuables, avec la certitude que les emplois auraient été dans la durée maintenus, je ne pouvais pas le garantir, Monsieur APHATIE, je ne pouvais absolument pas le garantir. Et cest lexpérience de lhistoire qui me montre que même quand vous nationalisez, vous êtes aussi obligé de restructurer. Aux Etats-Unis, on a cité lexemple de monsieur OBAMA dans lautomobile
JEAN-MICHEL APHATIE
Et il y a eu beaucoup de licenciements chez GENERAL MOTORS
JEAN-MARC AYRAULT
Il a pris des participations très importantes, le Trésor américain, mais il y a eu dix-huit sites de fermés, des milliers demplois supprimés pour faire repartir lindustrie automobile. Donc je veux dire, ce nest pas quelque chose où on appuie sur un bouton, et tous les problèmes sont réglés. Moi, je suis là pour traiter les problèmes de la France, avec mon équipe gouvernementale, jai cité Arnaud MONTEBOURG, il y avait aussi Michel SAPIN hier soir, qui va veiller au respect de laccord sur le volet social, le volet de lemploi, il y avait la ministre de la Recherche, il y avait les ministres de lEconomie, il y avait aussi elle était à excuser la ministre de lEnvironnement, parce que sur le dossier ULCOS, eh bien, on aura besoin du concours de tous les membres du gouvernement.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un député socialiste, Jérôme GUEDJ, notait ce matin sur lantenne de RTL que MITTAL bénéficiera du crédit dimpôt, il lévalue à trente-cinq millions deuros pour MITTAL. Donc sur les engagements que prend MITTAL, nous allons en financer une partie.
JEAN-MARC AYRAULT
Vous navez pas cité complètement Jérôme GUEDJ, il a dit : jai fait un calcul sur un coin de table
JEAN-MICHEL APHATIE
Un coin de table
JEAN-MARC AYRAULT
Daccord ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, exact.
JEAN-MARC AYRAULT
Moi, je ne fais pas de calculs sur un coin de table, Monsieur APHATIE
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous pensez que ce calcul est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je fais un calcul sérieux
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce calcul est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, écoutez, je vous lai dit, le gouvernement a pris ses responsabilités, vous vous souvenez du rapport GALLOIS, qui a porté un diagnostic extrêmement sévère sur les dix ans de dégradation de léconomie française, de lindustrie française, et qui a dit que nous étions dans un cercle vicieux, que si nous ne réagissions pas, alors la France allait entamer un déclin. Et moi, je refuse le déclin pour le pays. Donc nous avons décidé en effet de venir en aide aux entreprises
JEAN-MICHEL APHATIE
A toutes les entreprises, même à celles qui gagnent beaucoup dargent, et même à celles qui, comme MITTAL, sont dans la situation qui est la leur, cest-à-dire, ferment des hauts-fourneaux
JEAN-MARC AYRAULT
Mais vous savez, je vais vous donner un chiffre, je vais vous donner un chiffre précis, lautofinancement des entreprises, cest vrai, là et les marges de manoeuvre avec lesquelles elles peuvent investir, innover, monter en gamme, produire des produits qui vont se vendre, et pas perdre des parts de marché très importantes, il est de 120% en Allemagne, lautofinancement, il est descendu à 60 en France, ça, cest un chiffre qui dit tout, donc il faut redonner de la marge aux entreprises, non pas pour augmenter les dividendes, non pas pour augmenter les rémunérations des hauts dirigeants, cest pour investir, innover, et pour cela, le gouvernement va mettre en place des outils, par filière, avec des outils comme la Banque publique dinvestissement, la séparation avec la réforme bancaire des banques de dépôt, de toutes les activités spéculatives. On se donne les moyens de réussir le redressement économique du pays, et donc linvestissement et lemploi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nous avons tous noté, Jean-Marc AYRAULT, les tensions qui ont existé entre vous et Arnaud MONTEBOURG, pouvez-vous continuer à travailler ensemble au gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien oui, écoutez, dans la vie politique, dans un gouvernement, il y a des personnalités diverses, avec des parcours différents, nous ne sommes pas tous faits du même moule avec les mêmes sensibilités, les mêmes histoires, mais il y a une équipe
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça va au-delà ?
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a une équipe
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça va au-delà avec Arnaud MONTEBOURG
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a une équipe
JEAN-MICHEL APHATIE
Quand il dit aux ECHOS : nous ne voulons plus de MITTAL en France, vous avez réagi comment en voyant cette Une ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, je ne sais pas sil la dit exactement comme ça. Ce qui est sûr
JEAN-MICHEL APHATIE
Il semblerait que oui
JEAN-MARC AYRAULT
Cest quen France, il y a 20.000 salariés qui dépendent de ce groupe, si on voulait être sûr, comme certains disent : nous navons pas confiance en MITTAL, qui a imaginé, et pas plus Arnaud MONTEBOURG quun autre, de nationaliser toutes les entreprises de MITTAL, donc il faut se battre avec les moyens qui sont les nôtres, autant quil sera
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous pouvez continuer à travailler avec Arnaud MONTEBOURG
JEAN-MARC AYRAULT
Mais il ny a pas de problème de personne, moi, je ne fais pas de problème de personne, moi, ce qui mintéresse dans la responsabilité que ma confiée le président de la République, cest de diriger une équipe, le gouvernement, au service de la France, et pas autre chose. Les Français nattendent que ça, ils nattendent pas les querelles, quand vous voyez les querelles quil y a à droite, ça écoeure tout le monde, eh bien, moi, je ne tomberai pas dans ce piège.
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG a sa place dans votre gouvernement.
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien, il y est, il y reste.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y reste. Vous souhaitez quil y reste ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais bien sûr, comme dautres membres du gouvernement. Tout le monde doit pouvoir continuer à faire son travail, mais en pensant dabord au service des Français, de tous les Français, de toutes les régions de France.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un autre sujet important, peu commenté jusquà présent, EDF vient dannoncer un nouveau dépassement pour lEPR de Flamanville, deux milliards et demi deuros de plus, la facture totale est de huit milliards et demi, alors que le chantier nest quà la moitié, dautres dépassements sont possibles, faut-il terminer lEPR de Flamanville, Jean-Marc AYRAULT ?
JEAN-MARC AYRAULT
Il va se terminer, puisquil doit être mis en service en 2016.
JEAN-MICHEL APHATIE
2016 ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, en 2016. Cest un chantier
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans quatre ans
JEAN-MARC AYRAULT
Cest un chantier, on va dire, cest un premier exemplaire de lEPR, donc effectivement, il y a des précautions qui sont prises, et puis, comme cest un chantier qui dure plus longtemps que prévu, il y a lactualisation des coûts. Et lactualisation des coûts
JEAN-MICHEL APHATIE
Deux milliards et demi !
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, cest cher, cest vrai, mais en même temps
JEAN-MICHEL APHATIE
Grosse actualisation
JEAN-MARC AYRAULT
Monsieur APHATIE, connaissez-vous la durée de vie de cette centrale, qui sera la plus sûre du monde ?
JEAN-MICHEL APHATIE
40 ans ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, 60 ans. Donc si vous le ramenez au kilowattheure, ça naura pas limpact que vous craignez sur le prix de lénergie. Donc je crois quil faut assumer cela, être très vigilant, et je vais vous dire aussi quelque chose, cest que cette centrale qui peut être controversée, ce projet a des adversaires, je le sais très bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans votre gouvernement
JEAN-MARC AYRAULT
Y compris au sein du gouvernement, puisque dans les accords qui avaient été signés entre les socialistes et les écologistes, cétait un des points de désaccord. Mais je vous ferais observer que ça sera la centrale la plus sûre du monde. Donc ce qui fait que cest cher, cest parce que la sûreté, la sécurité sont mises au-delà de toutes les exigences quil ny a jamais eues jusquà présent, donc ça, cest fondamental. Et donc cest pour ça que ce chantier ira jusquau bout, il y a des difficultés, mais je pense quil faut aussi assumer cela, parce que cest difficile, mais cest nécessaire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le site MEDIAPART a mis en ligne hier soir un enregistrement où dit le site on entend votre ministre Jérôme CAHUZAC, ministre du Budget, dire quil a un compte en Suisse. Jérôme CAHUZAC peut-il rester au gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais écoutez, oui, moi, jai toute confiance en Jérôme CAHUZAC, et jimagine ce quil ressent en ce moment, et hier, ce nest pas nimporte où quil sest exprimé, il a été interrogé, il la fait dans lenceinte de lAssemblée nationale, où il a dit quil combattait toutes ces allégations, quil considérait comme mensongères, il a commencé dailleurs à se battre, et cest difficile, mais il va se battre pour son honneur
JEAN-MICHEL APHATIE
Et lélément rendu public hier soir par MEDIAPART ne vous ébranle pas ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je nai pas eu le temps dobserver cela, mais moi, je fais toute confiance à Jérôme CAHUZAC, on la déjà accusé de ne pas avoir payé normalement son logement, et il a donné toutes les explications nécessaires. Donc je suis à ses côtés.
JEAN-MICHEL APHATIE
Une dernière question, votre ministre du Logement, Cécile DUFLOT, a interpellé léglise, en lui demandant de mettre davantage de locaux à disposition des sans-abri, les responsables de léglise nont pas apprécié cette mise en cause. Vous soutenez votre ministre ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien, elle sen est expliquée hier à lAssemblée nationale, je pense que Cécile DUFLOT, qui vient de réquisitionner
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle a été maladroite
JEAN-MARC AYRAULT
Avec laccord de la SNCF, des locaux pour héberger des personnes sans abri, elle mène une bataille difficile pour le logement. La semaine prochaine, je tiendrai la conférence de la lutte contre la pauvreté, la grande pauvreté, beaucoup trop de Français sont aujourdhui tombés dans cette situation, et ça peut arriver à beaucoup de gens qui perdent leur emploi et qui ont des situations familiales dégradées, et on ne peut pas les laisser tomber. Aujourdhui, il y a une urgence.
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle a eu raison dinterpeller léglise ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, on peut toujours dire quil y a la forme et il y a le fond. Le fond, cest mobilisons-nous, et je sais que vos auditeurs sont très attentifs à cela je lai encore entendu ce matin à la difficulté quont bon nombre de Français. On ne peut pas les laisser tomber. Cest un devoir de solidarité. Ça, ça fait partie aussi de nos valeurs, il ne faut pas les oublier, léconomique, le social, la solidarité, ça fait aussi partie du modèle français, aujourdhui, ce modèle est en crise, moi, je veux le renouveler, cest ce que jappelle le nouveau modèle français. Et pour cela, il faut beaucoup travailler, Monsieur APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes assailli par les problèmes, cest difficile de gouverner dans ces conditions, Jean-Marc AYRAULT ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais qui peut en douter ? Jai la fonction sans doute la plus difficile
JEAN-MICHEL APHATIE
Cest difficile de gouverner dans ces conditions
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je lassume totalement. Je suis au service du pays, et jai envie que notre pays reparte de lavant. Moi, jai confiance, parce quil y a énormément datouts en France, énormément de capacités, énormément de générosité, mais il y a un moment où il faut aussi dire les choses, décider, trancher, je le fais, en fonction des priorités qui ont été fixées par le président de la République pendant sa campagne, pour moi, cest ma feuille de route, et je continuerai de my tenir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Jean-Marc AYRAULT, Premier ministre, était linvité de RTL, ce matin.
LAURENT BAZIN
Pardonnez-moi, une question SMS qui nous parvient à linstant, que je vous soumets, Monsieur le Premier ministre, 3% de hausse des prix du gaz au 1er janvier, selon certains de nos confrères, est-ce que vous confirmez ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, je ne peux pas vous confirmer le chiffre exact, mais cest vrai que nous sommes confrontés régulièrement à ces hausses de prix qui sont liées aux contrats que le fournisseur de gaz a, qui sont des contrats à long terme et qui sont indexés sur le prix du pétrole, et que nous sommes en train de négocier avec GAZ DE FRANCE, GDF SUEZ, pour quils revoient ces contrats pour quon soit non plus dépendant de ces contrats qui coûtent cher, et quon puisse bénéficier des prix du marché qui, aujourdhui, sur le plan du gaz, sont plutôt à la baisse
LAURENT BAZIN
Mais pour linstant, probablement, 3% au 1er janvier
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais, vous savez, je crois que là, on est tout à fait face à la situation que jai à gérer, moi, jhérite de situations, ces contrats, ce nest pas moi qui les ai négociés, mais ils existent, si je veux les faire changer, il faut que jagisse. Et je ne veux pas me contenter dune formule. Le travail de chef de gouvernement, ce nest pas un travail dadditions de formules. Cest un travail difficile, mais cest justement ce que je fais.
Source : Service d'Information du Gouvernement, le 6 décembre 2012
A propos de laccord trouvé avec le sidérurgiste MITTAL, vous insistez sur le sauvetage des emplois à Florange, beaucoup de Français, avez-vous dit hier soir sur FRANCE 2, aimeraient avoir un tel résultat, et pourtant, les syndicalistes de Florange vous accusaient hier soir dans la cour de lhôtel Matignon de trahison, ils disaient je les cite leur écoeurement ; des députés socialistes ont regretté que vous ayez renoncé à la nationalisation temporaire, des ministres, Delphine BATHO, Aurélie FILIPPETTI, Arnaud MONTEBOURG, ont dit publiquement quon ne pouvait pas faire confiance à MITTAL. Avez-vous raison dans ce dossier, Jean-Marc AYRAULT, seul contre tous ?
JEAN-MARC AYRAULT
Dabord, je ne suis pas seul contre tous, cest la position du gouvernement que je dirige.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous êtes le seul à lexprimer comme vous lexprimez.
JEAN-MARC AYRAULT
Je lexprime dans la cohérence, la clarté, et le courage quil faut pour assumer une décision qui a été prise dans lintérêt des Français. Moi, je suis le Premier ministre dun gouvernement pour toute la France, et donc je me bats pour lemploi, le redressement productif, la compétitivité des entreprises, jai lancé dailleurs un pacte le 6 novembre pour tout le pays. Et le Parlement, en ce moment, prend des décisions extrêmement importantes pour mettre en place, dès le 1er janvier, le crédit dimpôt et pour réussir justement ce pacte de compétitivité, suite au rapport GALLOIS. Donc cest une bataille frontale que nous menons pour la croissance et pour lemploi. Et il y a, et cest, je dirais, dune certaine façon, lhéritage, de multiples plans sociaux dans le pays, et il y a celui qui était en marche pour Florange, un des engagements du président de la République, qui ma demandé dy travailler, cest : pas de plan social à Florange, pas de licenciement. Eh bien, cest fait. Et ça, cest important, ce nest pas fait partout. Donc cette bataille, il va falloir la continuer ailleurs. Donc cest pour ça que jassume la décision qui a été prise. Et en même temps
JEAN-MICHEL APHATIE
Et quand vos ministres, quand certains de vos ministres disent
JEAN-MARC AYRAULT
Non, mais je termine, parce que cest très important
JEAN-MICHEL APHATIE
On ne peut avoir confiance en MITTAL
JEAN-MARC AYRAULT
Vous avez dit, vous avez cité les syndicalistes, et moi, jai beaucoup de respect pour eux, dailleurs
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, trahison
JEAN-MARC AYRAULT
La rencontre qui sest passée hier sest passée dans le respect mutuel
JEAN-MICHEL APHATIE
Ecoeurement
JEAN-MARC AYRAULT
Dans la franchise, et jai dit que nous étions là pour ça donc. Mais jai beaucoup de respect parce que ce sont des gens qui ont beaucoup de dignité et de courage, qui se sont battus, sils ne sétaient pas battus comme ils se sont battus, et avec un gouvernement, et je pense au travail qua fait Arnaud MONTEBOURG, et qui est réel, pas seulement sur ce site, mais aussi sur beaucoup dautres, nous naurions pas obtenu labandon de ce plan social. Mais nous avons obtenu une deuxième chose, cest 180 millions dinvestissement sur la partie aval de la sidérurgie, cest-à-dire ce quon appelle le laminage, lactivité de packaging, cest-à-dire lemballage, qui était en péril, 180 millions, cest-à-dire le double des investissements qui se font chaque année sur ce site, troisième
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça, ce sont les engagements de MITTAL
JEAN-MARC AYRAULT
Troisième engagement
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce sont les engagements de
JEAN-MARC AYRAULT
Troisième mais Monsieur APHATIE
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG
JEAN-MARC AYRAULT
Cest un engagement qui devra être respecté
JEAN-MICHEL APHATIE
Que vous venez de signer
JEAN-MARC AYRAULT
Jai nommé un responsable, un sous-préfet, qui prend ses fonctions ces prochains jours, qui est chargé dun comité de suivi. Les organisations syndicales y seront associées, les élus locaux y seront associés, qui travaillera avec lentreprise MITTAL, mais aussi les entreprises de sous-traitance. Il y a un projet davenir
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG, que vous avez cité
JEAN-MARC AYRAULT
Qui est le projet ULCOS
JEAN-MICHEL APHATIE
ULCOS
JEAN-MARC AYRAULT
Pour produire de lacier propre dans les années à venir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG, que vous avez cité, ministre du Redressement productif, a dit je le cite : MITTAL na jamais tenu ses promesses.
JEAN-MARC AYRAULT
Là, il sera obligé de les tenir, il y a une différence, vous savez, cest que sous le gouvernement précédent, il y avait eu des engagements pris, mais qui étaient conditionnés à la situation générale de lactivité de lacier. Là, ce sont des engagements inconditionnels, si jai nommé quelquun sur place pour diriger un comité de suivi, cest pour que ces investissements, que jai cités, soient respectés. Jai également
JEAN-MICHEL APHATIE
Et sils ne le sont pas ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien écoutez, nous prendrons nos responsabilités.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nationalisation ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, est-ce que vous voulez que, on fasse, ici, ce matin, un débat théorique ? Moi, je ne suis pas dans la théorie, je suis dans laction. Et demain, je serai pas seulement sur Florange je serai sur dautres dossiers, et puis après-demain, encore, et quand jannonce aux Français et là, je madresse à tous les Français que si on avait pris une autre option, eh bien, ces 630 emplois nauraient pas été préservés, il y aurait eu un plan social. Et donc il y a beaucoup de salariés en France qui aujourdhui voient leur emploi menacé, et jen connais dans dautres régions qui voudraient aussi bénéficier de cela. Donc la bataille que nous avons menée a été fructueuse. Par ailleurs, vous évoquez la nationalisation, toutes les options ont été examinées. Mais je rappelle que
JEAN-MICHEL APHATIE
La nationalisation a été examinée sérieusement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Parmi toutes les options, mais elle na pas été retenue
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous lavez examinée sérieusement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais elle na pas été retenue
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous navez jamais semblé favorable à cette idée
JEAN-MARC AYRAULT
Je vais vous expliquer quelque chose, Monsieur APHATIE, parce que vous avez beaucoup de mémoire, et votre voisin, monsieur Alain DUHAMEL, aussi, beaucoup. Lhistorique, en 1981, la sidérurgie a été nationalisée par la gauche, mais il y a quand même eu des dizaines de milliers de suppressions demplois. Ce que je veux dire aussi, cest que la nationalisation, elle a un coût. Là, il y avait un candidat repreneur, non pas pour remettre en marche le haut-fourneau tout seul, mais pour prendre la totalité de lactivité du site de Florange, cest-à-dire les hauts-fourneaux et aussi la partie aval, le laminage, dont jai parlé tout à lheure, qui est rentable. Mais ça voulait dire, pour y parvenir, exproprier MITTAL, donc nationaliser MITTAL. Ça avait un coût. Il fallait, en gros, mobiliser, au-delà de ce que le repreneur pouvait apporter, autour de 400 millions avec son partenaire, un milliard deuros, pour faire repartir les hauts-fourneaux, cétait à peu près 450 millions. Donc qui aurait payé ? Les contribuables, avec la certitude que les emplois auraient été dans la durée maintenus, je ne pouvais pas le garantir, Monsieur APHATIE, je ne pouvais absolument pas le garantir. Et cest lexpérience de lhistoire qui me montre que même quand vous nationalisez, vous êtes aussi obligé de restructurer. Aux Etats-Unis, on a cité lexemple de monsieur OBAMA dans lautomobile
JEAN-MICHEL APHATIE
Et il y a eu beaucoup de licenciements chez GENERAL MOTORS
JEAN-MARC AYRAULT
Il a pris des participations très importantes, le Trésor américain, mais il y a eu dix-huit sites de fermés, des milliers demplois supprimés pour faire repartir lindustrie automobile. Donc je veux dire, ce nest pas quelque chose où on appuie sur un bouton, et tous les problèmes sont réglés. Moi, je suis là pour traiter les problèmes de la France, avec mon équipe gouvernementale, jai cité Arnaud MONTEBOURG, il y avait aussi Michel SAPIN hier soir, qui va veiller au respect de laccord sur le volet social, le volet de lemploi, il y avait la ministre de la Recherche, il y avait les ministres de lEconomie, il y avait aussi elle était à excuser la ministre de lEnvironnement, parce que sur le dossier ULCOS, eh bien, on aura besoin du concours de tous les membres du gouvernement.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un député socialiste, Jérôme GUEDJ, notait ce matin sur lantenne de RTL que MITTAL bénéficiera du crédit dimpôt, il lévalue à trente-cinq millions deuros pour MITTAL. Donc sur les engagements que prend MITTAL, nous allons en financer une partie.
JEAN-MARC AYRAULT
Vous navez pas cité complètement Jérôme GUEDJ, il a dit : jai fait un calcul sur un coin de table
JEAN-MICHEL APHATIE
Un coin de table
JEAN-MARC AYRAULT
Daccord ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, exact.
JEAN-MARC AYRAULT
Moi, je ne fais pas de calculs sur un coin de table, Monsieur APHATIE
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous pensez que ce calcul est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je fais un calcul sérieux
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce calcul est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, écoutez, je vous lai dit, le gouvernement a pris ses responsabilités, vous vous souvenez du rapport GALLOIS, qui a porté un diagnostic extrêmement sévère sur les dix ans de dégradation de léconomie française, de lindustrie française, et qui a dit que nous étions dans un cercle vicieux, que si nous ne réagissions pas, alors la France allait entamer un déclin. Et moi, je refuse le déclin pour le pays. Donc nous avons décidé en effet de venir en aide aux entreprises
JEAN-MICHEL APHATIE
A toutes les entreprises, même à celles qui gagnent beaucoup dargent, et même à celles qui, comme MITTAL, sont dans la situation qui est la leur, cest-à-dire, ferment des hauts-fourneaux
JEAN-MARC AYRAULT
Mais vous savez, je vais vous donner un chiffre, je vais vous donner un chiffre précis, lautofinancement des entreprises, cest vrai, là et les marges de manoeuvre avec lesquelles elles peuvent investir, innover, monter en gamme, produire des produits qui vont se vendre, et pas perdre des parts de marché très importantes, il est de 120% en Allemagne, lautofinancement, il est descendu à 60 en France, ça, cest un chiffre qui dit tout, donc il faut redonner de la marge aux entreprises, non pas pour augmenter les dividendes, non pas pour augmenter les rémunérations des hauts dirigeants, cest pour investir, innover, et pour cela, le gouvernement va mettre en place des outils, par filière, avec des outils comme la Banque publique dinvestissement, la séparation avec la réforme bancaire des banques de dépôt, de toutes les activités spéculatives. On se donne les moyens de réussir le redressement économique du pays, et donc linvestissement et lemploi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nous avons tous noté, Jean-Marc AYRAULT, les tensions qui ont existé entre vous et Arnaud MONTEBOURG, pouvez-vous continuer à travailler ensemble au gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien oui, écoutez, dans la vie politique, dans un gouvernement, il y a des personnalités diverses, avec des parcours différents, nous ne sommes pas tous faits du même moule avec les mêmes sensibilités, les mêmes histoires, mais il y a une équipe
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça va au-delà ?
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a une équipe
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça va au-delà avec Arnaud MONTEBOURG
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a une équipe
JEAN-MICHEL APHATIE
Quand il dit aux ECHOS : nous ne voulons plus de MITTAL en France, vous avez réagi comment en voyant cette Une ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, je ne sais pas sil la dit exactement comme ça. Ce qui est sûr
JEAN-MICHEL APHATIE
Il semblerait que oui
JEAN-MARC AYRAULT
Cest quen France, il y a 20.000 salariés qui dépendent de ce groupe, si on voulait être sûr, comme certains disent : nous navons pas confiance en MITTAL, qui a imaginé, et pas plus Arnaud MONTEBOURG quun autre, de nationaliser toutes les entreprises de MITTAL, donc il faut se battre avec les moyens qui sont les nôtres, autant quil sera
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous pouvez continuer à travailler avec Arnaud MONTEBOURG
JEAN-MARC AYRAULT
Mais il ny a pas de problème de personne, moi, je ne fais pas de problème de personne, moi, ce qui mintéresse dans la responsabilité que ma confiée le président de la République, cest de diriger une équipe, le gouvernement, au service de la France, et pas autre chose. Les Français nattendent que ça, ils nattendent pas les querelles, quand vous voyez les querelles quil y a à droite, ça écoeure tout le monde, eh bien, moi, je ne tomberai pas dans ce piège.
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG a sa place dans votre gouvernement.
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien, il y est, il y reste.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y reste. Vous souhaitez quil y reste ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais bien sûr, comme dautres membres du gouvernement. Tout le monde doit pouvoir continuer à faire son travail, mais en pensant dabord au service des Français, de tous les Français, de toutes les régions de France.
JEAN-MICHEL APHATIE
Un autre sujet important, peu commenté jusquà présent, EDF vient dannoncer un nouveau dépassement pour lEPR de Flamanville, deux milliards et demi deuros de plus, la facture totale est de huit milliards et demi, alors que le chantier nest quà la moitié, dautres dépassements sont possibles, faut-il terminer lEPR de Flamanville, Jean-Marc AYRAULT ?
JEAN-MARC AYRAULT
Il va se terminer, puisquil doit être mis en service en 2016.
JEAN-MICHEL APHATIE
2016 ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, en 2016. Cest un chantier
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans quatre ans
JEAN-MARC AYRAULT
Cest un chantier, on va dire, cest un premier exemplaire de lEPR, donc effectivement, il y a des précautions qui sont prises, et puis, comme cest un chantier qui dure plus longtemps que prévu, il y a lactualisation des coûts. Et lactualisation des coûts
JEAN-MICHEL APHATIE
Deux milliards et demi !
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, cest cher, cest vrai, mais en même temps
JEAN-MICHEL APHATIE
Grosse actualisation
JEAN-MARC AYRAULT
Monsieur APHATIE, connaissez-vous la durée de vie de cette centrale, qui sera la plus sûre du monde ?
JEAN-MICHEL APHATIE
40 ans ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, 60 ans. Donc si vous le ramenez au kilowattheure, ça naura pas limpact que vous craignez sur le prix de lénergie. Donc je crois quil faut assumer cela, être très vigilant, et je vais vous dire aussi quelque chose, cest que cette centrale qui peut être controversée, ce projet a des adversaires, je le sais très bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans votre gouvernement
JEAN-MARC AYRAULT
Y compris au sein du gouvernement, puisque dans les accords qui avaient été signés entre les socialistes et les écologistes, cétait un des points de désaccord. Mais je vous ferais observer que ça sera la centrale la plus sûre du monde. Donc ce qui fait que cest cher, cest parce que la sûreté, la sécurité sont mises au-delà de toutes les exigences quil ny a jamais eues jusquà présent, donc ça, cest fondamental. Et donc cest pour ça que ce chantier ira jusquau bout, il y a des difficultés, mais je pense quil faut aussi assumer cela, parce que cest difficile, mais cest nécessaire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le site MEDIAPART a mis en ligne hier soir un enregistrement où dit le site on entend votre ministre Jérôme CAHUZAC, ministre du Budget, dire quil a un compte en Suisse. Jérôme CAHUZAC peut-il rester au gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais écoutez, oui, moi, jai toute confiance en Jérôme CAHUZAC, et jimagine ce quil ressent en ce moment, et hier, ce nest pas nimporte où quil sest exprimé, il a été interrogé, il la fait dans lenceinte de lAssemblée nationale, où il a dit quil combattait toutes ces allégations, quil considérait comme mensongères, il a commencé dailleurs à se battre, et cest difficile, mais il va se battre pour son honneur
JEAN-MICHEL APHATIE
Et lélément rendu public hier soir par MEDIAPART ne vous ébranle pas ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je nai pas eu le temps dobserver cela, mais moi, je fais toute confiance à Jérôme CAHUZAC, on la déjà accusé de ne pas avoir payé normalement son logement, et il a donné toutes les explications nécessaires. Donc je suis à ses côtés.
JEAN-MICHEL APHATIE
Une dernière question, votre ministre du Logement, Cécile DUFLOT, a interpellé léglise, en lui demandant de mettre davantage de locaux à disposition des sans-abri, les responsables de léglise nont pas apprécié cette mise en cause. Vous soutenez votre ministre ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien, elle sen est expliquée hier à lAssemblée nationale, je pense que Cécile DUFLOT, qui vient de réquisitionner
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle a été maladroite
JEAN-MARC AYRAULT
Avec laccord de la SNCF, des locaux pour héberger des personnes sans abri, elle mène une bataille difficile pour le logement. La semaine prochaine, je tiendrai la conférence de la lutte contre la pauvreté, la grande pauvreté, beaucoup trop de Français sont aujourdhui tombés dans cette situation, et ça peut arriver à beaucoup de gens qui perdent leur emploi et qui ont des situations familiales dégradées, et on ne peut pas les laisser tomber. Aujourdhui, il y a une urgence.
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle a eu raison dinterpeller léglise ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, on peut toujours dire quil y a la forme et il y a le fond. Le fond, cest mobilisons-nous, et je sais que vos auditeurs sont très attentifs à cela je lai encore entendu ce matin à la difficulté quont bon nombre de Français. On ne peut pas les laisser tomber. Cest un devoir de solidarité. Ça, ça fait partie aussi de nos valeurs, il ne faut pas les oublier, léconomique, le social, la solidarité, ça fait aussi partie du modèle français, aujourdhui, ce modèle est en crise, moi, je veux le renouveler, cest ce que jappelle le nouveau modèle français. Et pour cela, il faut beaucoup travailler, Monsieur APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes assailli par les problèmes, cest difficile de gouverner dans ces conditions, Jean-Marc AYRAULT ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais qui peut en douter ? Jai la fonction sans doute la plus difficile
JEAN-MICHEL APHATIE
Cest difficile de gouverner dans ces conditions
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je lassume totalement. Je suis au service du pays, et jai envie que notre pays reparte de lavant. Moi, jai confiance, parce quil y a énormément datouts en France, énormément de capacités, énormément de générosité, mais il y a un moment où il faut aussi dire les choses, décider, trancher, je le fais, en fonction des priorités qui ont été fixées par le président de la République pendant sa campagne, pour moi, cest ma feuille de route, et je continuerai de my tenir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Jean-Marc AYRAULT, Premier ministre, était linvité de RTL, ce matin.
LAURENT BAZIN
Pardonnez-moi, une question SMS qui nous parvient à linstant, que je vous soumets, Monsieur le Premier ministre, 3% de hausse des prix du gaz au 1er janvier, selon certains de nos confrères, est-ce que vous confirmez ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, je ne peux pas vous confirmer le chiffre exact, mais cest vrai que nous sommes confrontés régulièrement à ces hausses de prix qui sont liées aux contrats que le fournisseur de gaz a, qui sont des contrats à long terme et qui sont indexés sur le prix du pétrole, et que nous sommes en train de négocier avec GAZ DE FRANCE, GDF SUEZ, pour quils revoient ces contrats pour quon soit non plus dépendant de ces contrats qui coûtent cher, et quon puisse bénéficier des prix du marché qui, aujourdhui, sur le plan du gaz, sont plutôt à la baisse
LAURENT BAZIN
Mais pour linstant, probablement, 3% au 1er janvier
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais, vous savez, je crois que là, on est tout à fait face à la situation que jai à gérer, moi, jhérite de situations, ces contrats, ce nest pas moi qui les ai négociés, mais ils existent, si je veux les faire changer, il faut que jagisse. Et je ne veux pas me contenter dune formule. Le travail de chef de gouvernement, ce nest pas un travail dadditions de formules. Cest un travail difficile, mais cest justement ce que je fais.
Source : Service d'Information du Gouvernement, le 6 décembre 2012