Déclaration de Mme George Pau-Langevin, ministre de la réussite éducative, sur la réussite scolaire et éducative, Toulouse le 8 novembre 2012.

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Circonstance : 6èmes rencontres de la réussite éducative à Toulouse le 8 novembre 2012

Texte intégral


C’est avec un grand plaisir que je suis venu clôturer pour la première fois, ces 6éme rencontres nationales de la Réussite éducative dont le thème est « La réussite éducative : une éducation partagée »
Etant en charge dans le gouvernement de Jean- Marc Ayrault de la réussite éducative, il me semble en effet légitime que je sois aujourd’hui, ici à vos côtés !
Vous le savez tous, la notion de Réussite éducative n’est pas nouvelle. En revanche, la création d’un « ministère de la Réussite éducative » est une nouveauté.
Une nouveauté qui bien sûr revêt un sens politique fort : ce ministère de la réussite éducative est l’expression d’un volontarisme politique qui correspond à la volonté de François Hollande de faire de la question de l’avenir de notre jeunesse, « la » priorité de son mandat.
La création de ce ministère de la réussite éducative est aussi l’affichage d’un ambitieux projet : refaire de notre Ecole un vecteur de réussite scolaire et éducative pour tous les élèves. Ce qu’elle n’est plus aujourd’hui et ce qui légitime l’entreprise de refondation qu’a lancé Vincent Peillon.
Choisir la notion de réussite éducative et non celle réussite scolaire a un sens : la réussite éducative se veut une démarche qui considère l’élève dans toutes ses dimensions c'est-à-dire non pas seulement comme un élève mais aussi comme un enfant, un adolescent ou un jeune adulte. La réussite éducative à ce titre se propose d’agir sur son environnement qu’il soit d’ordre économique, culturel ou social.
La réussite éducative ne se réduit donc pas à la transmission des savoirs mais vise une transmission de valeurs, de codes sociaux et culturels afin de faire émerger les citoyens de demain.
De ce fait, la réussite éducative ne se réduit pas au temps de l’école : la réussite éducative comprend le temps scolaire et le temps périscolaire. La réussite éducative ne relève pas de la responsabilité exclusive d’un seul acteur en l’occurrence de l’Ecole de la République. La réussite éducative relève de la responsabilité de différents acteurs : L’école n’est que l’un d’entre eux au côté des parents, des collectivités locales et des associations.
La réussite éducative repose donc sur un partage des rôles, un partage des responsabilités, un partage des temps du jeune. Je me réjouis donc bien volontiers que l’idée de partage soit au coeur de votre réflexion de ce jour puisque l’intitulé de vos travaux est « La réussite éducative : une éducation partagée »
Depuis 7 ans, c'est-à-dire depuis la création par l’Etat en 2005 des Programmes de réussite éducative dans le cadre du Plan de Cohésion sociale, vous agissez sur le terrain au service des jeunes en difficultés ou en situation de fragilité. Prés de 530 sites ont ainsi mis en oeuvre des Projets de Réussite éducative, la plus grande partie étant portée par des villes ou des intercommunalités.
Je sais qu’à Toulouse, plus d’une trentaine de cellules de veille, implantées dans les établissements scolaires, associant responsables d’établissements scolaires et élus locaux n’ont cessé d’agir auprès d’élèves fragilisés ou en situation difficiles. Ces cellules de veille ont agit le plus souvent à titre préventif et ont trouvé des solutions extra-scolaires et des prises en charge sociales adaptées.
Votre action quotidienne le montre : si la réussite éducative concerne tous les élèves, elle concerne plus particulièrement les plus fragiles et des plus démunis.
La réussite éducative des plus fragiles est et sera donc le fil d’Ariane de mon action. Nos partageons donc le même objectif et nos actions sont complémentaires.
Ainsi parmi mes priorités :
-La lutte contre le décrochage scolaire. Nous ne pouvons plus tolérer que prés de 150 000 jeunes quittent chaque année l’école sans diplôme et sans qualification. L’objectif du gouvernement est de diviser par deux le flux annuel de ces décrocheurs dans les prochaines années. Il faut donc développer les outils ( micro-lycées ; école de la 2em chance ; internats…) pour réaliser cet objectif.
- La lutte contre la grande pauvreté et ses effets néfastes sur la scolarité des enfants. je participe activement à l’heure actuelle aux travaux préparatoires à la conférence nationale sur la grande pauvreté qui va se tenir au mois de décembre sous la parrainage du Premier ministre, en animant un groupe de travail « familles vulnérables et réussite éducative »
- la refonte des dispositifs actuels d’éducation prioritaire qui aujourd’hui, ne joue plus leur rôle de compensation des inégalités sociales et culturelles. Avec François Lamy, ministre de la ville, nous menons une réflexion commune pour rendre à la fois plus lisible et plus efficace ces politiques publiques en faveur des plus vulnérables.
Ici, la difficulté des territoires doit être prise en compte dans les moyens éducatifs attribués, sans pour autant enfermer notre action dans des zonages stigmatisants et réducteurs par rapport à une réalité de terrain plus contrastée.
- Enfin, l’amélioration de la situation des enfants en situation de handicap est une autre de mes priorités.. Diverses mesures ont déjà été prises lors de cette rentrée ( recrutement de 15OO AVSI) et un groupe de travail travaille actuellement à l’élaboration d’un référentiel pour améliorer la professionnalisation des personnels qui encadrent les enfants handicapés scolarisés.
Voilà quelques uns de mes principaux axes d’action. J’en ai d’autres que je ne fais qu’évoquer rapidement comme l’amélioration des procédures d’orientation ; le développement d’une éducation artistique et culturelle en faveur des plus démunis; l’approfondissement d’une politique de soutien à la parentalité et d’ouverture des enfants défavorisés à l’international.
Je terminerai en vous disant que je connais vos interrogations sur l’avenir des Programmes de réussite éducative, sur leur place dans le paysage institutionnel des accompagnements éducatifs. Ces questions ont animé votre réflexion de ce matin. Je sais aussi que dans votre manifeste, vous proposez l’inscription de la réussite éducative dans les politiques éducatives publiques.
Sachez que je souhaite appréhender au mieux et au plus vite le champ et la diversité des politiques de réussite éducative qui sont menées depuis de nombreuses années dans les territoires.
A cette fin, j’ai demandé aux recteurs de me faire remonter pour la fin d’année un état des lieux aussi précis que possible des dispositifs existants. Cet état des lieux débouchera au printemps 2013 sur la tenue de Journées nationales de la réussite éducative qui réuniront l’ensemble des acteurs qui y concourent quotidiennement.
Voilà en quelques mots mes objectifs. Comme vous le percevez ce ministère de la réussite éducative a un rôle complémentaire au votre à jouer. Soyez certains que nous allons travailler ensemble dans les prochains mois car la réussite ne peut- être que le fruit de la collaboration de tous.
Source www.haute-garonne.gouv.fr, le 4 décembre 2012