Déclaration de M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale, sur la refondation de l'école et l'échec scolaire, Paris le 21 novembre 2012.

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Circonstance : 95ème congrès des Maires à Paris le 21 novembre 2012

Texte intégral


Merci beaucoup de votre invitation, et c’est normal d’avoir organisé aujourd’hui – on va avoir chaud, ici ! – cette réunion, j’en étais et j’en suis toujours très demandeur.
Je vais m’exprimer, vous le comprendrez, au nom d’un intérêt général, et comme ministre de l’Education nationale, avec le sentiment que nous avons à faire – et je sais que c’est un point de vue que vous partagez – beaucoup de choses pour notre jeunesse, et pour nos élèves ou nos enfants.
Pourquoi ?
Parce qu’il y a une situation que vous connaissez, qui est celle du pays, situation qui conduit une grande partie de notre jeunesse, on le voit dès l’entrée au collège, à être en difficulté et en échec. On nous parle beaucoup – je recevais encore un président de région ce matin, qui mène une initiative particulière, Valérie [….] qui, je pense, puisqu’elle a cette responsabilité, cette affaire des décrocheurs, c’est-à-dire 20 à 25 % d’une génération – vous imaginez, pour la cohésion sociale d’un pays, pour la préparation de son avenir, pour la compétitivité dont on parle tant – qui se trouve à sortir de notre système éducatif sans qualification, sans diplôme.
Ces jeunes, lorsqu’on regarde leur trajet, ne sont pas tombés du ciel ! Nous avons contribué, nous, adultes, à les mettre dans la situation dans laquelle ils sont. Et leur destin scolaire commence très tôt : ce sont les même, évidemment, qui vont décrocher en première année de CAP, qui étaient en difficulté déjà lorsqu’ils étaient à l’entrée du collège. Et ce sont les mêmes qui étaient en difficulté en grande section, CP, CE1 ; avec d’ailleurs des déterminismes sociaux qui pèsent plus, en France, que dans tous les autres pays de l’OCDE. Pour la France républicaine, c’est quand même un crève-coeur.
Nous avons donc décidé, parce que c’est d’intérêt national, de faire de l’école une priorité – elle l’est, vous le savez, je vais y revenir – et de fixer à l’intérieur de cette priorité une priorité au primaire. On parle des rythmes scolaires mais, je vais le montrer, c’est un élément d’une multitude de réformes à conduire pour faire réussir l’école.
Le bon sens devrait être la chose du monde la mieux partagée, et d’ailleurs au pays de Descartes, le principe de la méthode c’était de commencer par le commencement. Ce n’est pas ce que nous avons fait. La France consacre plus d’argent à son collège et à son lycée qu’à son école élémentaire, et quand les élèves arrivent en difficulté au collège, ce n’est pas le collège qui a produit les difficultés, c’est bien qu’elles existaient avant. Nous avons un taux d’encadrement pour l’école primaire – nombre d’élèves par professeur – qui est le plus faible des pays de l’OCDE.
Nous avons donc décidé d’accorder la priorité à l’école, parce que c’est la France de demain - c’est aussi notre histoire : la France républicaine s’est construite autour de son école – et dans cette priorité à l’école, de donner la priorité au primaire.
Nous nous trouvons de ce fait devant un certain nombre de décisions à prendre. Pour qu’un professeur du primaire soit capable d’enseigner à lire, à écrire, à compter, à un élève, il faut qu’il l’ait appris. Vous pouvez faire des études à l’université d’anglais, d’histoire, de ce que vous voulez, on ne vous apprend pas à enseigner à lire, à écrire, à un enfant de CP. Il y a eu une époque où dans les Ecoles Normales on prenait plusieurs années – deux ans, trois ans – pour enseigner à des professeurs comment enseigner eux-mêmes ces rudiments.
L’enseignement des maîtres, des professeurs, a été supprimé. Nous venons nous plaindre : nos jeunes ne sont pas capables de… Et nous avons laissé faire cela. C’est unique, là aussi, dans tous les pays européens. Toutes les études montrent – et c’est une évidence – que ce qui fait la réussite d’un enfant et d’un élève, c’est ce qu’on appelle le facteur maître – enfin, le principal déterminant de la réussite, il y en a d’autres. Donc il nous faut des enseignants bien formés. On nous parle de la Finlande, on nous parle de la Corée : première chose, formation des enseignants.
C’est pourquoi nous avons remis en place – et c’est ce qui justifie les 43 000 recrutements, c’est ce qui justifie les 60 000 postes, c’est deux ans de budget – les écoles supérieures du professorat et de l’éducation à la rentrée.
Si nous voulons commencer par le commencement, si nous voulons inverser ce lent déclin français que nous faisons peser sur les épaules de nos enfants, il faut donner cette priorité au primaire, et cela suppose cette première action.
Cela suppose de changer aussi, bien entendu – et là vous allez aussi avoir un rôle à jouer – les méthodes pédagogiques. Je ne crois pas que nous ne devons pas nous remettre en question, à l’Education nationale. Et d’ailleurs plus personne ne le croit, y compris les professeurs qui sont, vous le savez, dévoués et engagés, et souvent sur le front de la difficulté sociale. Mais nous voyons bien que nos façons de travailler – on ne travaille pas en équipe, avec les autres, on ne sait pas être assez coopératif, on ne sait pas mettre les moyens là où il le faut – impliquent que nous changions.
C’est pourquoi le Président de la République a souhaité que dans le ciblage de ces moyens nous accompagnions en même temps de grandes réformes pour le changement des pédagogies :
- le principe du « plus de maîtres que de classes », qui n’est pas comme je l’ai vu encore, uniquement du quantitatif, du surnuméraire : c’est être capable d’avoir des enseignants qui travaillent ensemble dans la même classe ! C’est un changement total de notre façon de penser l’apprentissage ! Et nous allons le mettre en place avec les Ecoles supérieures aussi, pour enseigner à nos futurs professeurs à le faire ;
- c’est aussi – et cela va vous concerner directement, et mobiliser énormément de fonds, nous essayons d’attraper en ce moment des reliquats de Fonds européen – la question de l’internet. Si la France rate le tournant de la e-éducation, à la fois dans la capacité à connecter en très haut débit, y compris les zones rurales, et à aller jusqu’au bout dans la production de contenus pédagogiques, la formation des enseignants, la capacité que nous aurons à produire une intelligence critique par rapport au fonctionnement de l’internet, alors nous raterons le tournant de la modernité. Et nous avons besoin que ce soit pareil sur tous les territoires.
Donc formation des enseignants, transformation pédagogique, et puis nous arrivons sur un sujet qui nous occupe aujourd’hui, et dont je craindrais qu’il ne résume, d’une certaine façon, la réforme de l’école, alors qu’il y a tant d’autres choses : l’orientation, les cartes de formation professionnelle, les lycées professionnels, tout ce que nous faisons… Le risque est donc de ne plus parler que des rythmes scolaires.
Alors, un mot sur cette question avant d’entrer dans le vif du sujet. D’abord, ce dont nous parlons, c’est uniquement de l’école maternelle et de l’école élémentaire. Nous n’avons pas parlé du collège, nous n’avons pas parlé du lycée, et pourtant, je vous le dis, si c’est la refondation républicaine de l’école, il faudra en parler, car là aussi il y a un problème. Nous sommes au début d’une réforme. Il ne faut pas se dire « c’est pour solde de tout compte » ! Non ! Nous devons avoir une grande ambition. Mais nous commençons par le commencement : priorité au primaire.
Or, pour enseigner comme pour apprendre, il faut du temps, d’ailleurs la plupart d’entre vous en avez eu beaucoup plus que les enfants d’aujourd’hui. Si vous interrogez le grand historien de l’éducation, Antoine PROST, il vous dira qu’en trente ans on a enlevé une heure d’enseignement au primaire ; il n’y a pas de quoi en être fier. Et dans les quatre dernières années, sans que personne ne dise rien – et il n’y avait pas eu de concertation avec les élus – une demi-journée par semaine ! Le résultat, c’est que nos élèves, les enfants, nos petits-enfants, ont 144 jours de classe par an en France. La moyenne européenne est à plus de 180. Nous étions nous-mêmes, je l’ai dit, à plus de 180. Cela nous amène à bourrer les journées ; de journées de six heures, pour un CP. Il n’y a pas un spécialiste qui dise qu’au-delà de quatre heures et demie c’est possible. Et comme il fallait rajouter l’aide individualisée, pour ceux qui sont le plus en difficulté, c’est six heures plus… Cela n’a aucun sens ! Cela arrange peut-être les adultes, mais cela n’a aucun sens pour les enfants.
Et donc, dans la priorité au primaire, la formation des enseignants, le changement des méthodes pédagogiques, la grande ambition internet… ET la question des rythmes scolaires. Elle est un très bon test pour notre pays. Le gouvernement précédent l’avait préparée par une longue consultation nationale qui a créé du consensus – on parle de conférence de consensus, maintenant. Tout le monde était pour le retour à quatre jours et demi, tout le monde était pour la journée de cinq heures. Tout le monde était même pour un allongement de l’année. Cela, je vous en parlerai l’année prochaine, à votre prochain Congrès, à chaque jour suffit sa peine !
Et puis, il faut passer à l’acte. Et alors c’est très compliqué, parce que nous avons tous des contraintes, des intérêts divergents. Ceux qui trinquent, ce sont les élèves, ils n’ont toujours que quatre jours de classe ; ils n’ont toujours pas le numérique – nous allons être dépassés par la Turquie – etc. Il faut que nous avancions !
Je suis très heureux des déclarations qui ont été les vôtres depuis le début de cette affaire, dont je mesure la complexité pour les élus. Mais vous avez assumé de dire « il faut passer aux quatre jours et demi, c’est notre responsabilité ». Le principe n’est pas en cause, nous savons que c’est juste, personne ne soutient le contraire. On peut avoir des discussions sur la pause méridienne, sur… mais sur cet objectif là, nous sommes d’accord.
Maintenant, il faut discuter de la mise en oeuvre, de l’application. Je tiens à vous dire – et je vous demande d’y penser – que nos amis les professeurs ont quand même aussi le souci de la mise en oeuvre, car vous noterez que dans le moment budgétaire que nous vivons, avec le point d’indice bloqué, avec un certain nombre d’autres questions, nous demandons à des fonctionnaires – qui ne sont pas les mieux payés, même s’ils ont fait beaucoup d’études et si leur métier est très important – de revenir une demi-journée de plus, sans leur proposer de mieux les payer. C’est une position que j’assume depuis le début. Et l’Etat a assumé de dire « c’est la priorité à l’école » ; cela veut dire que d’autres n’ont pas la même priorité. Mais c’est d’abord la priorité aux élèves. D’où plus de professeurs, d’où les moyens, etc. avant même d’entrer dans des considérations liées par exemple au traitement des personnels.
Nous avons un objectif, puisque tout le monde est d’accord. Au Parlement, sachez-le, il y avait eu un rapport parlementaire aussi, voté à l’unanimité des groupes. Les quatre jours et demi, ce n’est pas de gauche ou de droite ! L’intérêt de nos enfants, ce n’est pas de gauche ou de droite ! C’est l’intérêt des élèves, qui est aussi l’intérêt de la France de demain ; car imaginez, si nous continuons ce long déclin éducatif, nous voyons bien le coût que cela va avoir, que cela a déjà, d’ailleurs, parce que quand vous n’avez pas mis les bases, derrière, il faut réparer. Et éparer, c’est plus cher que prévenir, toujours, dans toutes les politiques. Nous devons donc consolider le socle, et faire les quatre jours et demi.
Un certain nombre de collectivités locales, et vous-mêmes, vous nous avez dit : il y a deux problèmes, qui sont un peu liés en réalité.
Nous ne sommes pas tous égaux devant ce qui nous est demandé. Il y a en France, nous le savons, des communes riches, des communes pauvres, il y a donc le facteur de la richesse ; les quatre jours et demi, cela se fait déjà à Toulouse, à Angers, à Brest, à Nancy, et dans beaucoup d’autres endroits… Il y a des journalistes qui ne sont pas au courant de cela ; mais qu’il y ait des différences, c’est déjà le cas. Et donc on ne part pas égaux dans le travail qu’il y a à faire dans les mois qui viennent. Et il faut que vous soyez capables de reconnaître ces différences, et de permettre à chacun de s’organiser mieux.
Le Président de la République, le Premier ministre et moi-même avons jugé que c’était juste. Pourquoi c’est juste ?
Pas si on est dans la mesquinerie de vouloir différer ! C’est juste parce que c’est l’intérêt des élèves. Vous savez très bien que si nous forçons – les collectivités locales représentent quand même aujourd’hui un quart de l’investissement éducatif ; vous êtes présent dans les programmes de réussite éducative, vous êtes présents dans le péri-scolaire, et la loi que je vais faire adopter donnera plus de pouvoirs aux collectivités locales et d’obligation de les consulter dans les contractualisations. Parce qu’il ne faut pas simplement payer le chèque, il faut pouvoir associer les collectivités à la définition de notre politique éducative, c’est mon voeu.
Si on nous dit « on veut un an de plus » – et Dieu sait que nous avons eu des discussions tous les deux, je vous ai même vu à la télévision, Monsieur JARDEL, expliquer cela, et j’ai cru comprendre que vous me parliez à travers le petit écran – et que c’est l’intérêt des élèves qui vous guide – autrement dit, quelle activité culturelle, quelle activité sportive, comment je fais pour trouver un animateur quand je suis en zone rurale – cela, c’est noble, cela mérite d’être entendu ! Cela veut dire que vous êtes les premiers acteurs de l’intérêt des élèves, de l’intérêt du pays, de la mobilisation générale. Il faut que nous soyons capables d’entendre cela.
Cela veut dire, et c’est la demande que le président PELISSARD a faite en votre nom, que oui, c’est en 2013, mais pour ceux qui ne pourraient pas être prêts à la rentrée 2013 – et nous arrivons dans un moment où, pour certains, le temps est court – il faut donner la possibilité de 2014. Oui ! Mais attendez, nous nous sommes bien compris : cela veut bien dire que la réforme des rythmes scolaires commence en 2013, et qu’en 2014 tout le monde y est passé. Donc ce n’est pas un recul, comme je l’entends, c’est : en 2014, l’ensemble des petits enfants de France iront à l’école quatre jours et demi par semaine, et pour y arriver en 2014, en prenant en compte les situations différentes, nous laissons les uns et les autres construire leur propre parcours pour y arriver. Je crois que c’est raisonnable.
On nous dit « mais vous allez miter le territoire français » ! Je viens de répondre à cela : il l’est déjà ! Qu’il y ait des gens dans un village ou une ville qui ne soient pas au même rythme que les autres, cela ne dérange personne depuis plusieurs années. Donc c’est possible, et cela a été entendu, à condition de bien l’interpréter, et pas, encore dans ce « déclinisme » français, ou une forme de cynisme, dans le sens « on recule pour ne jamais sauter ». Ce n’est pas cela qui a été dit.
Ce qui a été dit, c’est : la France sera intégralement aux quatre jours et demi en 2014, elle commence dès 2013, et j’ai indiqué ce matin que, dès 2013 il me semble qu’on devrait être à plus de 50 %.
Ceux qui ont plus de difficulté ont un peu plus de temps pour le faire, mais c’est SI ils ont des difficultés, et en fonction de ce que vous avez évoqué, et de la qualité de ce que l’on va amener aux enfants dans ce complément journalier.
La deuxième demande qui était la vôtre, c’est l’aide financière.
J’ai toujours dit que je voulais être le ministre des élèves, de tous les élèves, de la réussite de tous les élèves. Je sais que la réforme des rythmes scolaire est dans l’intérêt et des élèves, et du pays, mais je ne ferai pas cette réforme si c’est pour accroitre les inégalités. Je sais très bien qu’il y a déjà beaucoup d’inégalités entre les territoires, et que si nous n’y prenons pas garde, cette réforme peut les accentuer. Dès lors, il était tout à fait légitime que l’on envisage la question de l’aide financière à apporter, en dehors du délai, malgré les contraintes budgétaires. Mais le Président l’a rappelé hier : c’est bien cette priorité à l’éducation.
Nous envisageons l’aide financière pour les communes, les collectivités qui vont éprouver, éprouvent déjà, pour la plupart d’entre elles, le plus de difficultés à assumer leur charge.
Lorsqu’on regarde, d’ailleurs, dans les budgets des communes, il est évident que le coût de la scolarité est très différent d’une commune à l’autre ; il l’est déjà. Les potentiels fiscaux sont très différents, etc. Vous connaissez cela très bien.
Et donc le Président a apporté hier un deuxième élément de réponse. Comme ministre de l’Education nationale – Monsieur JARDEL, vous avez dit : « est-ce qu’on va savoir exactement aujourd’hui quels sont les critères ? » – j’indique simplement deux choses :
- c’est un fonds d’amorçage – c’est ce que j’ai entendu – et j’ai entendu qu’il était lié, pour l’instant, à l’année 2013. Je conseille donc d’essayer de s’en saisir pour aller le plus vite possible à cette réalisation qui sera obligatoire de toute manière en 2014.
- La deuxième chose, c’est que le souci, de mon point de vue – nous allons avoir à délibérer sans doute et vous allez intervenir, les uns et les autres, je n’en doute pas, dans les fameux critères qui vont permettre de répartir ce fonds ; la position que je plaiderai, je l’assume, je l’ai toujours assumée, et en 25 ans je n’ai jamais changé, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres – c’est qu’il faut exercer entre les territoires une solidarité, bâtir du commun entre les enfants de France. Faire cette réforme, c’est leur permettre d’avoir tous les mêmes droits et les mêmes chances. On sait les uns et les autres que ce n’est pas le cas selon les endroits où ils naissent, et c’est même une des tristesses des études que nous avons sur l’école ces dernières années, c’est qu’on fonction de l’origine géographique, familiale, les difficultés peuvent s’accroitre ou s’amplifier, toutes les études le montrent. Et nous sommes désignés par la Commission européenne comme par l’OCDE comme étant de ce point de vue en difficulté.
Donc je souhaite que ces sommes permettent l’amorçage, mais permettent aussi d’aider ceux qui en ont le plus besoin, et donc les territoires qui sont le plus en difficulté pour assumer cette charge.
Cela me semble être un principe auquel il ne faut pas déroger.
Je ne veux pas être trop long, parce qu’il y a beaucoup de témoignages, mais je voudrais conclure là-dessus :
Je suis assez heureux de l’attitude de tous les élus, puisque, vous imaginez bien, nous avons les conseils généraux pour les transports, nous avons les compétences « lycées » – une région est représentée ici – en dehors de la mairie… Je trouve qu’autour de l’école, et c’est un très grand enjeu pour le pays, nous pouvons et nous devons nous rassembler. Nous ne devons pas prendre en otage de querelles politiques ou d’intérêts particuliers – et il y en aura beaucoup, ils sont tous légitimes – l’avenir de nos enfants. Donc il faut chercher ce rassemblement, et je crois que nous le pouvons, femmes et hommes de bonne volonté.
Maintenant, je ne suis pas dans la position de croire que l’Education nationale a raison sur tout et son ministre non plus. Je pense que l’apport intellectuel, pédagogique – nous procèderons par projets éducatifs locaux – des élus locaux, des parents aussi qu’il faut mettre dans la boucle – est important. Vous savez aussi ce que je pense des rapports entre l’école et le monde économique : il faut cesser de se tourner le dos, c’est encore les enfants qui en sont victimes et la jeunesse au chômage.
Nous avons là un test fantastique pour essayer de construire ensemble cette co-éducation. Je pense aussi aux mouvements d’éducation populaire, ici représentés par la Ligue de l’enseignement, qui ont été à la construction de notre République, qui ont toujours été totalement engagés, ils le sont auprès de vous, collectivités locales, auprès de l’éducation nationale aussi.
Il faut que nous réunissions nos forces et que nous arrivions à surmonter cette situation qui n’est pas bonne pour nos enfants, et comme ils sont la France de demain, pas bonne pour la France.
En venant vers vous aujourd’hui – avec tous les débats dont on voit bien que cela occupe les médias, que cela interroge et inquiète un certain nombre de gens – moi je viens avec une très grande confiance : la République, c’est d’abord un acte de confiance, et j’ai confiance dans notre volonté à tous de réussir cette priorité à l’école et à la réussite de tous nos enfants.
Source http://www.amf.asso.fr, le 4 décembre 2012