Texte intégral
Tout dabord merci pour votre invitation et votre accueil.
Je suis particulièrement heureux dêtre parmi vous aujourdhui à loccasion de la pose de la 1ère pierre de votre futur Campus des métiers. Un évènement tourné vers lavenir. Un projet qui est maintenant sur les rails et qui a été lun des premiers à recevoir le soutien du Programme des investissements davenir. Rien détonnant à cela puisque ce projet présente 4 caractéristiques essentielles qui « collent » totalement à lesprit du programme « formation en alternance et hébergement » du PIA, et qui sont parfaitement en phase avec la politique que jentends promouvoir en matière dapprentissage :
* Le Campus des métiers permettra en effet de développer les capacités dhébergement des apprentis.
* Il générera dans le même temps la possibilité de former des apprentis en plus grand nombre.
* Il contribuera à faire progresser positivement limage de lapprentissage.
* Et le projet sest construit grâce à un partenariat large et efficace.
Quelques réflexions sur ces 4 axes qui sont en quelque sorte les « premières pierres », les pierres angulaires du développement et de la promotion de lapprentissage. :
1er axe : les conditions de vie des apprentis
Votre document de présentation du futur Campus indique : « Linternat intégré est un des aspects majeurs du projet. Il participe grandement à la vie quotidienne des jeunes en apprentissage ».
Je suis très sensible à cela, et je pèserai de tout mon poids dans les arbitrages du programme des investissements davenir pour que cette question de lhébergement soit mieux prise en compte, car je crois que lon ne peut pas se préoccuper de lavenir de lapprentissage sans se soucier des conditions de vie et de travail des apprentis, dont une partie significative vit dans des conditions sociales, familiales et financières difficiles.
Or on napprend bien que sereinement pouvoir se poser et se « reposer » dans un espace à soi, compatible avec ses ressources, est facteur dépanouissement. Cest aussi un facteur dimplication pleine et entière dans la formation, tant en classe quen entreprise.
Je sais que la plupart des CFA développent avec un soin toujours plus grand des actions daccompagnement individualisé des apprentis, sur le plan pédagogique bien sûr, mais aussi sur tous les registres de leur vie quotidienne. A cet égard, chacun le sait, les problèmes de transport et dhébergement sont souvent un frein à la conclusion de contrats, mais aussi lune des causes de certaines ruptures. Un contrat dapprentissage sur cinq ne va pas à son terme dans notre pays.
La situation géographique du Campus et sa capacité dhébergement, supérieure à celle du CFA actuel, sont donc deux éléments très favorables.
2ème axe : former des apprentis en plus grand nombre
Cest une exigence pour notre pays. Cest également une nécessité pour notre économie. Dans les années qui viennent, nous avons en effet à résorber de manière significative, le grave problème du chômage, en particulier celui des jeunes dépourvus de toute qualification à lissue de leur parcours scolaire. Chacun sait quenviron 130 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans aucune qualification.
Vous savez aussi que le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est aujourdhui dramatiquement élevé. Il atteint 22 %, le double dans les zones urbaines sensibles, et ce sont les jeunes les moins diplômés, ou pas diplômés du tout, qui en sont les principales victimes. Nous ne pouvons céder au fatalisme.
Nous devons tout faire pour inscrire ces jeunes dans un parcours qui mène à une qualification car on sait quelle est un gage daccès à lemploi.
Sattaquer à cette question de la qualification et de lemploi des jeunes est véritablement une grande cause nationale, qui sinscrit dans la priorité Jeunesse du Président de la République, et à laquelle chacun doit, là aussi, apporter sa pierre.
Cest pour cela quont été créés les emplois davenir, premier texte voté au Parlement dans lactuelle session parlementaire, sont entrés en vigueur début novembre. Faisant le tour de France actuellement pour rencontrer des jeunes embauchés en emplois davenir et leurs employeurs, je me félicite que nombre dentre eux ont un CAP-BEP. Quand ils signent un emploi davenir, ils obtiennent un salaire, un emploi et une formation. Cest un véritable pied à létrier.
Prenant en compte laccord unanimement signé par les partenaires sociaux en octobre, le projet de loi relatif au contrat de génération a été adopté la semaine dernière en Conseil des ministres. Il sera débattu au Parlement dès janvier pour une mise en uvre au printemps. Je souhaite dailleurs souligner que le contrat de génération intégrera la possibilité de comptabiliser, dans les embauches de jeunes en CDI, celles qui seront réalisées à lissue de contrats en alternance sétant déroulés dans lentreprise.
Cest important car les contrats en alternance, et singulièrement le contrat dapprentissage, seront lun des leviers essentiels à mobiliser pour lemploi, la formation, la qualification et linsertion professionnelle des jeunes.
Notre pays compte aujourdhui 430 000 apprentis. Et malgré la conjoncture économique difficile que nous connaissons, qui touche parfois durement certaines entreprises, les chiffres ne baissent pas. Mieux encore, fin octobre 2012, le nombre de contrats enregistrés depuis le 1er janvier était en hausse de 8 % par rapport à lannée précédente.
Laction des développeurs de lapprentissage dont le financement a été renouvelé pour 2013 y est à coup sûr pour quelque chose. Les milliers de contacts et de visites dentreprises quils assurent au quotidien, avec un ciblage particulier sur celles qui navaient jamais embauché dapprenti ou avaient eu une expérience malheureuse, sont à lévidence précieux.
On peut donc dire que les objectifs fixés par le Gouvernement en la matière sont réalistes : porter le nombre dapprentis à 500 000 dici 2017. Cest réaliste et cest pour cela que nous latteindrons ! Et nous latteindrons pour concrétiser un autre objectif : celui que se sont donnés lEtat et les régions de diviser par deux dici 2017 le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail sans qualification professionnelle.
Dans ce cadre, je porterai une attention toute particulière aux premiers niveaux de qualification, qui constituent le socle de la pyramide des qualifications. Cela ne signifie pas que je sois hostile au développement de lapprentissage dans les niveaux supérieurs. Ce développement existe depuis plusieurs années, il se poursuivra car il va dans le sens de lhistoire économique, les entreprises et les étudiants voyant conjointement un réel intérêt à cette voie de formation. Mais il ne faudrait pas que dans le même temps, les moyens nécessaires à la formation des 1ers niveaux de qualification (V et IV) sen trouvent réduits.
A cet égard, vous savez bien sûr quil est dores et déjà prévu que le « quota » de la taxe dapprentissage augmente de sorte à passer de 53 % aujourdhui à 59 % en 2015, en 3 étapes. Cela permettra de flécher davantage de fonds directement vers les CFA, et je considère donc que cette augmentation du « quota » est positive.
Bien entendu, la question de la taxe dapprentissage et de sa répartition ne se résument pas au sujet du « quota ». Cest pourquoi jai commencé à engager une vaste concertation sur deux registres étroitement liés :
* dune part la rationalisation du réseau de collecte de la taxe, dont personne dailleurs ne conteste la nécessité.
* et dautre part la recherche dun mode de répartition de cette taxe qui soit plus équitable, plus juste, davantage conforme aux besoins réels, et qui ne pénalise surtout pas les formations visant les premiers niveaux de qualification.
Jai bien noté la grande inquiétude qui sest exprimée la semaine dernière à propos dun document relatif à la décentralisation, qui nétait même pas un avant-projet de loi, et qui traitait notamment de la taxe dapprentissage. Je lai dit publiquement et je le réaffirme aujourdhui : la loi de décentralisation ne traitera pas de la taxe dapprentissage. Ce nest quà lissue du processus de concertation que jai engagé - et qui nest pas achevé - que des modifications dordre législatif seront à lordre du jour. Cela se passera dans le cadre dun projet de loi qui traitera de certains aspects de lapprentissage, dont la taxe, ainsi que dautres questions relatives à la formation professionnelle continue.
Après les conditions de vie des apprentis et la nécessité de former des apprentis en plus grand nombre, 3ème axe : valoriser limage de lapprentissage.
Je souhaite vous faire part de quelques convictions sur ce registre. Les voies daccès à la qualification professionnelle sont diverses : la voie scolaire, celle de lapprentissage, et celle du contrat de professionnalisation.
Je veux affirmer une nouvelle fois ici légale dignité de ces différentes voies de formation, qui sont toutes des voies de réussite parce que toutes permettent datteindre la même cible : la qualification professionnelle et grâce à elle, lemploi.
Elles ne sont pas concurrentes mais au contraire complémentaires, à condition bien sûr que les cartes des formations soient définies en prenant en compte la réalité des besoins des secteurs professionnels. Il sagit là dun point qui sera traité dans la prochaine loi de décentralisation. Monsieur le Président de Région, vos pouvoirs dinitiative sur la carte des formations seront renforcés.
Malheureusement, on doit encore déplorer - et combattre - le sentiment trop répandu selon lequel les formations en alternance, particulièrement dans le cadre de lapprentissage, seraient dune moindre valeur, quelles seraient une voie par défaut, que lon emprunte seulement quand on na pas pu faire autrement.
Il demeure donc incontestablement un problème dimage de lapprentissage dans les premiers niveaux de qualification comme si apprendre par le travail ne sadressait quà ceux qui ne parviennent pas à apprendre sur les seuls bancs de lécole comme si cétait une sorte de séance de rattrapage ! Cette vision manichéenne de ce quest apprendre est liée à notre histoire, à notre culture, à cette tendance à sur-valoriser les « modèles académiques ». Pourtant, cette vision est aujourdhui objectivement obsolète par rapport aux autres modalités dacquisition de connaissances et de compétences.
Ce chantier, je lai ouvert avec Vincent PEILLON et avec Marylise LEBRANCHU.
Pour faire converger réalité et représentation, il faut se rendre à lévidence : limage de lapprentissage, plus globalement celle de lalternance, et plus généralement encore celle de lenseignement professionnel, dépend également de la manière dont en parlent les structures en charge de lorientation.
La question du service public de lorientation, le « SPO », et de sa mise en uvre opérationnelle seront traités dans le cadre de la prochaine loi de décentralisation. Les Régions ont clairement vocation à piloter et animer le SPO, qui doit être caractérisé par une dimension « métier » renforcée. Il est donc indispensable que les professionnels y soient étroitement associés si lon veut que les jeunes aient les meilleures informations sur les métiers et les différentes voies qui permettent dy accéder, parmi lesquelles les formations en alternance et lapprentissage.
Les chambres consulaires doivent donc à mon sens trouver toute leur place dans le SPO, à limage de ce qui existe déjà dans certaines régions.
Il est évident que votre Campus, par sa modernité sur tous les registres, notamment celui de son architecture, contribuera grandement à une meilleure image de lapprentissage.
Enfin, 4ème axe : le partenariat
Cest aussi pour cela que le PIA est à vos côtés et que lEtat soutient ce projet. Lélaboration de votre projet de Campus me semble à cet égard exemplaire si jen juge par son plan de financement.
Se sont en effet mobilisés, pour un montant total de près de 45 M :
* la Région Bretagne
* le Département du Finistère
* Brest Métropole Océane
* La CCI de Brest
* Le Plan énergie bois Bretagne
* Et lEtat via le PIA.
Et je me dois également de souligner lappui de la Caisse des dépôts et Consignations dans lélaboration et le suivi des dossiers des projets éligibles au PIA.
Tous les acteurs de la formation et de lemploi des jeunes me semblent aujourdhui mobilisés autour de cette question centrale, urgente, de linsertion professionnelle des jeunes.
Dans les suites de la Grande Conférence Sociale, jai invité les Préfets de Région et les Présidents de Conseils régionaux à élaborer un « Pacte régional pour la réussite éducative et professionnelle des jeunes » fixant des objectifs en matière de réduction du nombre de jeunes sans qualification, en mobilisant tous les dispositifs, toutes les ressources, y compris lAFPA, en mutualisant les moyens, les financements, les projets.
Elaborés à linitiative des Régions et des services de lEtat, au sein des CCREFP, ces Pactes seront signés dès le printemps prochain par le Président de Région, le Préfet de Région et le Recteur, et dautres acteurs sils le souhaitent. En tout cas, tous devront en être partie prenante et associés à leur déclinaison opérationnelle. En un mot, les partenariats devront jouer à plein comme ici, vous avez su le faire.
Voilà Mesdames et Messieurs ce que je souhaitais vous dire.
La lutte contre le chômage est une priorité du Gouvernement. Lemploi des jeunes, de tous les jeunes, est une urgence sociale mais cest surtout un impératif générationnel et un formidable levier pour préparer lavenir.
La jeunesse est notre avenir, notre richesse. Nous attendons delle, elle attend de nous.
Vous avez su ici en Bretagne vous unir intelligemment pour répondre à cette attente.
Soyez-en, au nom du Gouvernement, remerciés.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 19 décembre 2012