Texte intégral
Permettez-moi, Madame la directrice, de vous remercier de votre accueil et de vous dire combien je suis heureuse, en ce début dannée de venir saluer la nouvelle promotion ainsi que lensemble des équipes de votre école.
Je me suis déjà rendue à Strasbourg le mois dernier, et jaurais été heureuse de pouvoir saluer collectivement les élèves de lINET et ceux de lENA, mais lENA est une école où les élèves voyagent et ne sont pas toujours disponibles. Aussi, cest avec plaisir que je reviens aujourdhui. Pour vous saluer, élèves français mais aussi étrangers que nous sommes honorés daccueillir, pour vous présenter mes meilleurs voeux, mais aussi pour vous dire combien ce que vous allez vivre et apprendre dans cette école compte pour le ministère dont jai la charge.
Non pas parce que cest lENA ou parce que cest la haute fonction publique, mais parce que cest la jeunesse et lavenir de laction publique qui se joue dans cette école comme dans chacune de nos écoles de service public.
Je crois à ce modèle français et je mesure la chance qua la France de pouvoir compter parmi ses nouvelles générations tant de talents prêts à servir la puissance publique et à lui consacrer le plus clair de leur énergie et les meilleures années de leur vie professionnelle.
Cette richesse est dabord une richesse humaine, et je noublie pas que notre fonction publique dans son ensemble reste aujourdhui encore lun des grands héritages que nous ont légués, à la Libération, les gouvernements issus de la Résistance.
La France, à cette époque, a pu compter sur lÉtat et sur ses agents pour conduire la reconstruction du pays et relever des défis immenses dont à peine aujourdhui nous pouvons imaginer lampleur.
Je me permets de rappeler ces circonstances historiques de la Libération non pas pour lanecdote mais parce quil est important, au seuil de votre nouvelle carrière, de sarrêter un instant sur le sens de votre choix.
Vous me direz, et vous aurez raison, que la France a changé et continue de changer à une vitesse stupéfiante.
La décentralisation est venue partager les compétences de lÉtat et enrichir les modalités daction de la puissance publique.
Le dialogue social sest développé et a permis de mettre en lumière les conditions de travail parfois difficiles des agents.
Les technologies progressent et modifient chaque jour les besoins de la société et les relations entre ladministration et lusager.
Les contraintes de laction publique se multiplient, que ce soit dans le respect des obligations européennes, constitutionnelles ou même dans le souci, chaque jour plus préoccupant, de la soutenabilité de nos finances publiques.
Ces mutations sont incontestables. Peu de secteurs ont autant évolué que celui de la puissance publique. Ce sont là dailleurs des réalités avec lesquelles nous devons composer quotidiennement dans nos réformes.
Mais sil est vrai que la France change, la pertinence de notre modèle français na pas changé. Car comment ne pas sentir lattente croissante des Français vis-à-vis dun État présent et efficace ?
Comment ne pas voir que toutes les crises dont les médias nous racontent chaque jour les nouveaux avatars sont autant darguments qui appellent une intervention renouvelée de la puissance publique dans tous les domaines stratégiques de la vie du pays ?
Et comment ne pas voir que toutes ces évolutions discréditent par avance tous ceux qui anticipent une société sans État ou une réduction de la place de la puissance publique dans nos sociétés ?
Face à cette crise, chacun doit avoir à lesprit que lÉtat nest pas le problème, mais bien la solution, et que les facteurs qui ont poussé au renforcement de lÉtat dans les nations occidentales ne sont pas uniquement dans les livres dhistoire, mais dans les journaux et dans lactualité.
Dans bien des domaines, nous sommes aujourdhui confrontés à un besoin croissant de régulation, dintervention, danticipation et de protection.
Nos économies se sont libéralisées, mais elles sont plus sophistiquées et plus fragiles. Notre société sémancipe et sindividualise. Elle réclame des libertés nouvelles, mais ces libertés doivent être organisées et la cohésion de notre pays doit être préservée. Je pense également aux défis considérables liés à la transition écologique.
Quil sagisse du maintien de notre puissance économique, du rayonnement international de la France ou de la cohésion dune société marquée par la montée de la précarité et des individualismes, les Français comptent sur lÉtat et sur leurs pouvoirs publics.
Lenjeu pour nous aujourdhui est donc bien dadapter nos administrations et nos services publics à des besoins nouveaux et à une société en profonde mutation.
Cest le sens de la démarche de modernisation de laction publique initiée par le Premier ministre à lautomne.
La crise que nous traversons rend lexercice dautant plus difficile que le redressement des finances publiques nous oblige à faire des économies. Mais nous avons le devoir de ne pas renoncer à notre ambition : celle de définir ensemble la puissance publique du XXIème qui sera le socle du « nouveau modèle français ».
Le gouvernement s'est fixé pour objectif de repenser laction publique dans son ensemble en prenant en compte les attentes des citoyens et les besoins des usagers, en impliquant tous les acteurs publics et en associant étroitement les fonctionnaires.
Notre cap, cest un État stratège, qui anticipe et prépare lavenir, un État garant de la cohésion sociale et territoriale, un État partenaire pour les collectivités territoriales, les entreprises, les associations.
Notre cap, cest une administration plus proche des citoyens et des usagers, évolutive, plus simple, plus transparente.
Notre cap, cest un partage clair et coordonné de laction publique entre les acteurs publics, respectueux des responsabilités de chacun.
Notre cap, cest une administration employeur exemplaire, qui associe les agents et les organisations syndicales à lavenir du bien public et développe une gestion des ressources humaines qui valorise les agents publics.
Notre cap, cest une démocratie renforcée, une action publique ordonnée efficace pour le nouveau modèle français
Cest la responsabilité à laquelle chacun de nous, à la place où il est, va devoir satteler. Et cela concerne aussi cette école.
À un moment où nos concitoyens placent dans lÉtat et le service public des attentes toujours plus fortes et où, pourtant, laction publique se complexifie sous leffet de contraintes sans cesse renouvelées, lENA se doit dêtre la première garante de lexcellence et de lexemplarité des futurs cadres dirigeants de lÉtat.
Face aux défis qui attendent la puissance publique dans les années à venir, lENA aura pour première mission de recruter et de former ses élèves à un haut niveau de compétences afin de les préparer à lexercice de responsabilités souvent lourdes au service de lÉtat.
LÉtat a besoin dexperts aux profils les plus complets possibles. Mais il attend aussi de lensemble de ses hauts fonctionnaires quils soient capables dassurer des missions dencadrement exigeantes et quils disposent dès leur entrée en poste des capacités opérationnelles nécessaires à lexercice des missions souvent diverses qui leur sont confiées.
La dimension humaine du management devra donc être valorisée, tant pour des raisons dexemplarité que defficacité, les dernières années ayant montré à quel point les politiques publiques se doivent dêtre porteuses de sens et de repères.
Lenjeu, au fond, est de préparer les élèves à la complexité croissante dune action publique dont lÉtat na plus le monopole et où lefficacité dun cadre dirigeant dépend de sa capacité découte, danimation et de pilotage vis-à-vis des acteurs si nombreux qui concourent aujourdhui aux missions du service public.
Ce sont là des exigences fortes. Je sais quelles contredisent largement les poncifs dont on accable les anciens élèves de cette école, supposée former des cadres arrogants, autoritaires et sourds aux avertissements venant de lextérieur.
Mais jai confiance dans votre capacité à faire mentir les critiques et à vous comporter comme nos concitoyens lattendent de vous.
La fonction publique doit donner lexemple dune communauté professionnelle généreuse et ouverte sur la société, entièrement guidée par la passion du bien public.
Cette passion, je sais que vous la partagez. Le simple fait davoir accepté des études si longues et de courir les risques dun concours si difficile en témoigne. Lenthousiasme de votre engagement est un bien précieux que nos écoles doivent cultiver et encourager par tous les moyens.
Je compte sur votre équipe dirigeante et sur votre nouvelle directrice pour vous accompagner dans cet engagement, et vous pouvez compter sur moi pour porter ce beau projet quest la réhabilitation des valeurs du service public et leur diffusion auprès de tous ceux qui aujourdhui comptent sur nous et comptent sur la puissance publique pour les aider et mobiliser les forces vives de ce pays autour de son redressement.
Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 7 janvier 2013
Je me suis déjà rendue à Strasbourg le mois dernier, et jaurais été heureuse de pouvoir saluer collectivement les élèves de lINET et ceux de lENA, mais lENA est une école où les élèves voyagent et ne sont pas toujours disponibles. Aussi, cest avec plaisir que je reviens aujourdhui. Pour vous saluer, élèves français mais aussi étrangers que nous sommes honorés daccueillir, pour vous présenter mes meilleurs voeux, mais aussi pour vous dire combien ce que vous allez vivre et apprendre dans cette école compte pour le ministère dont jai la charge.
Non pas parce que cest lENA ou parce que cest la haute fonction publique, mais parce que cest la jeunesse et lavenir de laction publique qui se joue dans cette école comme dans chacune de nos écoles de service public.
Je crois à ce modèle français et je mesure la chance qua la France de pouvoir compter parmi ses nouvelles générations tant de talents prêts à servir la puissance publique et à lui consacrer le plus clair de leur énergie et les meilleures années de leur vie professionnelle.
Cette richesse est dabord une richesse humaine, et je noublie pas que notre fonction publique dans son ensemble reste aujourdhui encore lun des grands héritages que nous ont légués, à la Libération, les gouvernements issus de la Résistance.
La France, à cette époque, a pu compter sur lÉtat et sur ses agents pour conduire la reconstruction du pays et relever des défis immenses dont à peine aujourdhui nous pouvons imaginer lampleur.
Je me permets de rappeler ces circonstances historiques de la Libération non pas pour lanecdote mais parce quil est important, au seuil de votre nouvelle carrière, de sarrêter un instant sur le sens de votre choix.
Vous me direz, et vous aurez raison, que la France a changé et continue de changer à une vitesse stupéfiante.
La décentralisation est venue partager les compétences de lÉtat et enrichir les modalités daction de la puissance publique.
Le dialogue social sest développé et a permis de mettre en lumière les conditions de travail parfois difficiles des agents.
Les technologies progressent et modifient chaque jour les besoins de la société et les relations entre ladministration et lusager.
Les contraintes de laction publique se multiplient, que ce soit dans le respect des obligations européennes, constitutionnelles ou même dans le souci, chaque jour plus préoccupant, de la soutenabilité de nos finances publiques.
Ces mutations sont incontestables. Peu de secteurs ont autant évolué que celui de la puissance publique. Ce sont là dailleurs des réalités avec lesquelles nous devons composer quotidiennement dans nos réformes.
Mais sil est vrai que la France change, la pertinence de notre modèle français na pas changé. Car comment ne pas sentir lattente croissante des Français vis-à-vis dun État présent et efficace ?
Comment ne pas voir que toutes les crises dont les médias nous racontent chaque jour les nouveaux avatars sont autant darguments qui appellent une intervention renouvelée de la puissance publique dans tous les domaines stratégiques de la vie du pays ?
Et comment ne pas voir que toutes ces évolutions discréditent par avance tous ceux qui anticipent une société sans État ou une réduction de la place de la puissance publique dans nos sociétés ?
Face à cette crise, chacun doit avoir à lesprit que lÉtat nest pas le problème, mais bien la solution, et que les facteurs qui ont poussé au renforcement de lÉtat dans les nations occidentales ne sont pas uniquement dans les livres dhistoire, mais dans les journaux et dans lactualité.
Dans bien des domaines, nous sommes aujourdhui confrontés à un besoin croissant de régulation, dintervention, danticipation et de protection.
Nos économies se sont libéralisées, mais elles sont plus sophistiquées et plus fragiles. Notre société sémancipe et sindividualise. Elle réclame des libertés nouvelles, mais ces libertés doivent être organisées et la cohésion de notre pays doit être préservée. Je pense également aux défis considérables liés à la transition écologique.
Quil sagisse du maintien de notre puissance économique, du rayonnement international de la France ou de la cohésion dune société marquée par la montée de la précarité et des individualismes, les Français comptent sur lÉtat et sur leurs pouvoirs publics.
Lenjeu pour nous aujourdhui est donc bien dadapter nos administrations et nos services publics à des besoins nouveaux et à une société en profonde mutation.
Cest le sens de la démarche de modernisation de laction publique initiée par le Premier ministre à lautomne.
La crise que nous traversons rend lexercice dautant plus difficile que le redressement des finances publiques nous oblige à faire des économies. Mais nous avons le devoir de ne pas renoncer à notre ambition : celle de définir ensemble la puissance publique du XXIème qui sera le socle du « nouveau modèle français ».
Le gouvernement s'est fixé pour objectif de repenser laction publique dans son ensemble en prenant en compte les attentes des citoyens et les besoins des usagers, en impliquant tous les acteurs publics et en associant étroitement les fonctionnaires.
Notre cap, cest un État stratège, qui anticipe et prépare lavenir, un État garant de la cohésion sociale et territoriale, un État partenaire pour les collectivités territoriales, les entreprises, les associations.
Notre cap, cest une administration plus proche des citoyens et des usagers, évolutive, plus simple, plus transparente.
Notre cap, cest un partage clair et coordonné de laction publique entre les acteurs publics, respectueux des responsabilités de chacun.
Notre cap, cest une administration employeur exemplaire, qui associe les agents et les organisations syndicales à lavenir du bien public et développe une gestion des ressources humaines qui valorise les agents publics.
Notre cap, cest une démocratie renforcée, une action publique ordonnée efficace pour le nouveau modèle français
Cest la responsabilité à laquelle chacun de nous, à la place où il est, va devoir satteler. Et cela concerne aussi cette école.
À un moment où nos concitoyens placent dans lÉtat et le service public des attentes toujours plus fortes et où, pourtant, laction publique se complexifie sous leffet de contraintes sans cesse renouvelées, lENA se doit dêtre la première garante de lexcellence et de lexemplarité des futurs cadres dirigeants de lÉtat.
Face aux défis qui attendent la puissance publique dans les années à venir, lENA aura pour première mission de recruter et de former ses élèves à un haut niveau de compétences afin de les préparer à lexercice de responsabilités souvent lourdes au service de lÉtat.
LÉtat a besoin dexperts aux profils les plus complets possibles. Mais il attend aussi de lensemble de ses hauts fonctionnaires quils soient capables dassurer des missions dencadrement exigeantes et quils disposent dès leur entrée en poste des capacités opérationnelles nécessaires à lexercice des missions souvent diverses qui leur sont confiées.
La dimension humaine du management devra donc être valorisée, tant pour des raisons dexemplarité que defficacité, les dernières années ayant montré à quel point les politiques publiques se doivent dêtre porteuses de sens et de repères.
Lenjeu, au fond, est de préparer les élèves à la complexité croissante dune action publique dont lÉtat na plus le monopole et où lefficacité dun cadre dirigeant dépend de sa capacité découte, danimation et de pilotage vis-à-vis des acteurs si nombreux qui concourent aujourdhui aux missions du service public.
Ce sont là des exigences fortes. Je sais quelles contredisent largement les poncifs dont on accable les anciens élèves de cette école, supposée former des cadres arrogants, autoritaires et sourds aux avertissements venant de lextérieur.
Mais jai confiance dans votre capacité à faire mentir les critiques et à vous comporter comme nos concitoyens lattendent de vous.
La fonction publique doit donner lexemple dune communauté professionnelle généreuse et ouverte sur la société, entièrement guidée par la passion du bien public.
Cette passion, je sais que vous la partagez. Le simple fait davoir accepté des études si longues et de courir les risques dun concours si difficile en témoigne. Lenthousiasme de votre engagement est un bien précieux que nos écoles doivent cultiver et encourager par tous les moyens.
Je compte sur votre équipe dirigeante et sur votre nouvelle directrice pour vous accompagner dans cet engagement, et vous pouvez compter sur moi pour porter ce beau projet quest la réhabilitation des valeurs du service public et leur diffusion auprès de tous ceux qui aujourdhui comptent sur nous et comptent sur la puissance publique pour les aider et mobiliser les forces vives de ce pays autour de son redressement.
Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 7 janvier 2013