Entretien de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, avec BFM le 16 janvier 2013, sur la sécurité des Français de l'étranger face au terrorisme.

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Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Bonsoir Madame la Ministre, je me retourne évidemment vers vous pour savoir si vous avez des informations à nous donner ce soir sur le sort d'éventuels ressortissants français sur ce site gazier ?
R - Nous n'avons aucune confirmation de la présence de Français parmi ces 45 otages. Il faut déplorer cette prise d'otages et nous voyons bien là que nous avons à faire à des terroristes, ceux-là, même s'ils ne sont pas dans le même pays, qui avançaient vers Bamako et qui ont obligé la France à cette intervention qui a eu lieu il y a six jours et qui se poursuit aujourd'hui.
Q - Si vous n'avez pas de certitudes, y a-t-il au moins des pistes, des indices de Français dont on cherche aujourd'hui la trace et qui travailleraient dans l'absolu sur ce site ?
R - Nous n'avons pas d'information. On sait que certains Français qui étaient sur le site sont aujourd'hui en sécurité mais nous ne pouvons confirmer la présence de Français que lorsque ceux-ci sont inscrits et que nous avons au consulat une trace de leur présence dans le pays. Pour l'instant, je n'ai pas d'information à vous donner.
Je dirais aussi que ce sont quand même des gens qui rassemblent à la fois le banditisme, le terrorisme avec une dose de religieux. Nous avons là un mélange assez explosif et qui n'est pas nouveau. Ce sont aussi des personnes qui vivent du trafic intense de cette région, trafic de drogue, d'êtres humains. Ce ne sont pas juste des terroristes.
Je rentre de Tunis où j'ai passé deux jours et, avant cela, j'étais à Tripoli. Je dois dire qu'il y a une vraie inquiétude partout dans l'ensemble de ces pays, avec une connaissance bien sûr des activités et parfois, dans certains pays, de camps d'entraînement pour des jeunes qui sont aujourd'hui facilement recrutés parce qu'il y a beaucoup de chômage et une certaine précarité. Il y a d'ailleurs eu une réunion entre la Tunisie, la Libye et l'Algérie à Ghadamès justement pour parler des questions de sécurité, pour tenter de parvenir à une coordination régionale entre ces pays pour être en capacité de réagir contre ces groupes. Il faut savoir en effet que ces groupes sont sur les territoires tunisien, libyen et algérien comme certains sont en France aussi.
Q - Il y a un peu moins de 30.000 Français en Algérie, il y a évidemment des préoccupations. Je cite cette phrase de Lucas Hashtag de «Le Soir BFM» qui nous dit : «Il doit quand même être possible de savoir si les Français qui travaillent sur le site sont sains et saufs ou pris en otage». Il y a un souci quand même ?
R - Il faut savoir s'ils sont enregistrés ou non. Aujourd'hui, nous n'avons pas de personne manquante si je puis dire. Il faut savoir aussi que les Français qui travaillent de façon temporaire dans un pays n'ont pas spontanément le réflexe de s'enregistrer au consulat. Nous leur demandons de le faire.
Au Centre de crise, nous avons aussi un système qui s'appelle le fil d'Ariane qui permet à un ressortissant français, lorsqu'il part à l'étranger de s'enregistrer au Centre de crise et ainsi recevoir ainsi sur son portable des informations sur la situation sur la sécurité du pays.
Je n'ai pas d'information, je ne peux pas vous dire qu'il nous manque des Français aujourd'hui. Si ces gens-là n'étaient pas enregistrés, forcément, nous ne pouvons pas savoir où ils sont.
Q - Ce soir, sur l'antenne de BFM-TV, avez-vous quelque chose de particulier à dire à ces ressortissants français qui se trouvent en Algérie et à leur famille ? Y a-t-il des mesures de sécurité particulières ?
R - Dès qu'il y a malheureusement une action comme celle-ci, le Centre de crise est saisi et, en effet, nous avons un protocole de sécurité qui est immédiatement activé en liaison avec l'ambassade de France. Généralement, un SMS ou un email est envoyé à l'ensemble des ressortissants enregistrés au consulat avec une information et en leur recommandant d'être prudents, vigilants, suivant le degré d'insécurité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2013