Texte intégral
Mesdames, messieurs, d'abord merci Chantal Didier pour vos propos chaleureux, enfin en tout cas vos vux chaleureux et je sais qu'ils sont sincères, s'agissant des vux que vous m'avez adressés à titre personnel et pour ma famille et je vous en remercie. Et puis je voudrais saluer aussi votre expérience puisque je crois que c'est le 4ème Premier ministre auquel vous présentez vos vux. Et puis je vous souhaite comme à tous vos confères qui sont ici une bonne année 2013 dans l'exercice de votre métier ; et je le dis sincèrement, indispensable pour le bon fonctionnement de notre démocratie.
Oui je le sais, l'année 2013 sera une année difficile, et il n'est pas question pour moi de nier cette réalité, de nier aussi la nécessité de l'effort. J'ai toujours dit la vérité aux Français, et dès ma déclaration de politique générale du 3 juillet, parce que je crois que sans un discours de vérité, il n'y a pas de confiance possible. Et les Français ont besoin de confiance, c'est donc ce qu'ils attendent de nous, la vérité sur la réalité du pays, sur les difficultés qu'il rencontre, sur les changements qu'on doit entreprendre, sur les réformes qu'il faut réussir. Et je le répète, c'est indispensable de le faire pour l'avenir même du pays et l'avenir même de notre modèle, et je crois aussi pour le sauver il faut le rénover. Et donc personne n'échappe à cette réalité, qu'on soit acteur de la politique, qu'on soit citoyen ou qu'on soit même observateur et commentateur. Donc je souhaite vraiment sincèrement que nous mettions à profit cette nouvelle année pour que les Français se rassemblent, en tout cas une majorité d'entre eux, autour des grandes questions qui engagent notre avenir et l'avenir de notre pays.
Mais au moment où je m'adresse à vous, nous vivons des moments d'une particulière gravité. Le début de cette année est marqué par l'engagement de nos forces armées au Mali, pour combattre les groupes terroristes qui menacent l'intégrité même de ce pays, la stabilité de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest mais aussi notre propre sécurité. Depuis mercredi une prise d'otages de plusieurs dizaines de personnes sur le site algérien d'In Amenas confirme la gravité de la menace terroriste et la nécessité d'y opposer un front déterminé et uni. A l'heure où je vous parle, le décès de plusieurs otages est à déplorer, nous n'en connaissons pas encore précisément le nombre ni la nationalité. Depuis le début, je suis avec les ministres concernés en contact régulier avec les autorités de l'Algérie, pays durement éprouvé dans le passé par le terrorisme. Et je viens à l'instant de m'entretenir avec le Premier ministre algérien, qui m'a confirmé que l'opération se poursuivait. Nous sommes également en liaison avec les autres pays directement concernés par cette prise d'otages.
Ce qui se passe en Algérie justifie encore davantage la décision de la France de venir en aide au Mali, car ce sont les mêmes groupes terroristes qui sont à l'uvre. Je rappelle les 3 objectifs de cette intervention décidée par le président de la République : le premier objectif c'est d'arrêter l'avancée des groupes terroristes vers Bamako, cet objectif est atteint ; le deuxième objectif c'est de préserver l'existence de l'Etat malien et lui permettre de recouvrer son intégrité territoriale ; et le troisième objectif c'est de favoriser l'application des résolutions internationales à travers le déploiement de la force africaine de stabilisation, et l'appui aux forces armées maliennes dans leur reconquête du Nord.
Je le répète, cette opération décidée par le président de la République s'est faite en réponse à l'appel à l'aide des autorités maliennes, et dans le cadre de la charte des Nations Unies. Elle fait l'objet d'un large consensus national et bénéficie du soutien actif de la communauté internationale et de nos partenaires européens. C'est essentiel au moment où nos soldats sont engagés sur un terrain difficile au côté de l'armée malienne et alors que la Misma issue donc de la résolution 20.85 du Conseil de sécurité du 20 décembre est en train de se mettre en place.
Je veux ici rendre hommage à nouveau au courage de nos militaires et saluer la mémoire du chef de bataillon Damien Boiteux, mort au combat dès les premières heures de cette intervention. En m'adressant à vous, je pense aussi à tous ces journalistes qui risquent leur vie en couvrant les conflits armés, je pense aux journalistes victimes d'intimidation, retenus en otage, emprisonnés ou exécutés par ceux qui redoutent le plus plus que tout la liberté d'information. Je pense aux nombreux journalistes tués au cours de l'année 2012, et en particulier vous les avez cités à Gilles Jacquier et Rémi Ochlik qui ont perdu la vie en Syrie. C'est l'honneur de la France d'être au côté de toutes les démocraties et de tous ceux qui luttent pour leur liberté dans le respect du droit international de veiller au respect des valeurs individuelles et collectives qui sont au cur du fondement même de notre République, et d'être à la pointe du combat contre ceux qui les rejettent. Cet engagement ne nous éloigne pas des autres priorités, sur lesquelles nous avons pris des engagements devant les Français pour le redressement de notre pays.
En effet, notre pays doit faire face à de grands défis, notre modèle politique, économique et social, est aujourd'hui fragilisé par la crise qui perdure, mais il est surtout atteint, déstabilisé par des mutations, et ces mutations sont profondes, et durables, ce sont les mutations du monde, c'est l'essor des puissances émergentes, c'est la concurrence exercée par les pays à bas coûts, mais c'est aussi la grande question de l'avenir de la planète sur le plan environnemental, tant les atteintes à l'environnement se développent. Donc, pour autant, face à cette question centrale, qui est celle de l'avenir-même de notre nation, telle qu'elle est, telle qu'elle est conçue, telle que les Français la perçoivent, avec le sentiment parfois que les choses leur échappent, et ce qui crée certainement un doute au cur-même de leur perception de l'avenir de notre pays, eh bien il n'est pas question de renoncer à ce que nous sommes, il faut résister à la tentation de la rupture, qui serait celle de balayer tout ce qui fait le fondement-même de notre République et de notre modèle social, en disant qu'au fond, ça a été tenté, que c'était la cause des difficultés de la France, et que nous nous mettions en retard par rapport aux autres. Et puis l'autre tentation, elle est grave aussi et lourde de conséquences, c'est de nous replier sur nous-mêmes.
Eh bien justement, l'heure est venue, et je persiste, et je signe, Madame la présidente, d'adapter notre modèle, de gagner en compétitivité tout en confortant ce qui garantit la cohésion de notre société, et d'abord la solidarité. Concilier l'efficacité économique et la solidarité, la performance, l'efficacité, la solidarité, la justice sociale, c'est le sens du nouveau modèle français, que nous sommes en train de bâtir, et je sais que cet objectif est en mesure, à condition de l'expliquer, de le répéter, de le mettre en uvre, durablement, est en mesure de rassembler une large majorité de Français. Mais pour cela, effectivement, il y a des batailles à mener, et qu'il nous faut gagner.
La première de nos priorités c'est la bataille de l'emploi, et nous avons besoin de l'engagement déterminé de tous les acteurs de la société, d'abord des partenaires sociaux. Dès l'été 2012 le gouvernement a défini une nouvelle méthode, celle du dialogue social, et de la négociation collective, qui est la condition de réformes, intelligentes, efficaces, et durables, et qui passent par le compromis, la recherche du compromis, le compromis social. Ce sont donc les partenaires sociaux qui ont défini les modalités du Contrat de Génération, c'est une négociation réussie. Ils viennent d'aller plus loin ces derniers jours en négociant un accord ambitieux sur la sécurisation de l'emploi. Moi je me réjouis, comme le président de la République, de cet accord. Il apporte possibilités d'adaptation et sécurité juridique aux entreprises, mais aussi des droits nouveaux, et des protections nouvelles aux salariés. Le gouvernement s'engage à transcrire très vite, et fidèlement, cet accord dans un projet de loi. Mais ce n'est qu'une étape, qui n'épuise pas l'ensemble de la feuille de route issue de la grande conférence sociale de juillet dernier, mais c'est une étape décisive, et je veux croire que 2013 sera une grande année de dialogue social. Je pense notamment aux négociations sur la qualité de vie au travail et sur l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Il y a bien sûr de nouveaux leviers, d'autres leviers à actionner, ainsi le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, que j'ai présenté dès le lendemain de la remise du rapport Gallois, qui a été un vrai électrochoc, sur l'état de notre économie et de notre industrie, et qui a fait prendre conscience de la nécessité de réformes et de décisions courageuses. Je suis convaincu que ce pacte, il s'agit bien d'un pacte, donc un engagement réciproque, contribuera dès cette année au redressement productif. Je pense au crédit d'impôt, pour la compétitivité et l'emploi, mais aussi à l'ensemble des mesures visant à favoriser la montée en gamme de notre appareil de production. Nous n'avons négligé aucune piste, nous n'avons fui aucune responsabilité. Le gouvernement a pris à bras-le-corps les difficultés de financement de notre économie, et en particulier des petites et moyennes entreprises, qui n'avaient pas été résolues depuis tant d'années, et c'est pourquoi nous avons créé la Banque Publique d'Investissement, elle est opérationnelle, et c'est pourquoi la réforme bancaire sera votée dans les prochaines semaines, et nous serons le premier pays européen à mettre en uvre cette réforme bancaire. Nous mettons tout en uvre pour préparer l'avenir.
Nous avons engagé le chantier de la transition écologique et énergétique, pour une transformation progressive de nos modes de production et de consommation, c'est un impératif politique, c'est un impératif moral, au regard des enjeux environnementaux considérables qui s'imposent à nous, mais c'est aussi le choix de l'innovation, et d'un formidable accélérateur de croissance. Et c'est dans le même esprit que je prépare, avec le gouvernement, à la demande du président de la République, un programme d'investissements à l'horizon 2020.
Ces défis, nous ne les relèverons pas seul, mais aussi avec nos partenaires européens, et je veux rappeler que sous l'impulsion du président de la République 2012 a été l'année de la réorientation de la construction européenne, dans le sens de la croissance et de l'emploi. Cette réorientation doit se poursuivre, elle doit s'approfondir. Mais, il y a 1 an, la zone euro était dans la tourmente, et son avenir semblait même incertain, elle est aujourd'hui stabilisée. Le rôle de la Banque Centrale Européenne est renforcé. 2013 sera l'année de l'approfondissement, de l'intégration solidaire, et de la mise en uvre effective de l'Union bancaire, mais chacun sait que nous avons aussi des engagements à tenir pour notre propre compte, en matière de finances publiques. Et cette stratégie de réduction de notre dette, et de nos déficits publics, je l'assume pleinement, car c'est notre capacité d'action, et notre souveraineté, qui sont en jeu. Le redressement des comptes publics est nécessaire pour pouvoir financer les politiques de compétitivité, mais aussi les politiques de solidarité, et préparer l'avenir, et engager les grandes réformes que je viens d'évoquer. Et la réforme fiscale, il y a bien une réforme fiscale, que nous avons engagée, met davantage à contribution les grandes entreprises pour protéger les moyennes entreprises et les petites entreprises. Elle met aussi davantage à contribution les très hauts revenus, pour ménager les classes moyennes et les classes populaires. C'est une réalité. Certes, c'est un effort, mais c'est une question de solidarité nationale. L'Etat lui-même doit montrer l'exemple, et contribuer, par des économies sans précédent, à l'effort de redressement budgétaire.
Nous sommes engagés dans une stratégie de modernisation de l'action publique, elle demandera du temps, de la constance, mais avec un objectif, c'est mieux servir les Français, mieux faire fonctionner nos services publics, mais en même temps supprimer les dépenses inutiles, diminuer la part de la dépense publique dans la richesse nationale. Mais cet effort ne peut être dissocié de la nouvelle étape de la décentralisation, que nous voulons mettre en uvre, dans les prochains mois, et qui permettra de clarifier ce qui relève de l'Etat, l'Etat qui doit être davantage stratège, qui doit être davantage garant, qui doit être davantage régulateur, et en même temps les différents niveaux des collectivités territoriales, plus d'efficacité, plus de visibilité, plus de simplicité, et plus d'économie et de maîtrise de la dépense publique. C'est un vaste chantier. Ce sont de grandes réformes, difficiles, difficiles à faire partager, à faire accepter, mais elles sont indispensables, et elles contribuent, je suis désolé, à dessiner les contours du nouveau modèle français. Parce qu'il faut aussi répondre à une forme de défiance, croissante, des citoyens à l'égard de l'action politique, et je crois, pour ma part, à l'exemplarité. C'est le sens des projets de loi que nous allons présenter pour mettre fin au cumul des mandats, et garantir l'indépendance de la justice. C'est un engagement, il sera tenu.
Nous venons, enfin, répondre au désir d'égalité des Français, qui est au cur-même de notre, j'allais dire de notre patrimoine, commun, l'égalité, et c'est au nom de l'égalité des chances que nous allons refonder l'école, c'est au nom de l'égalité que nous allons accroître la construction de logements pour tous, au nom de l'égalité que nous allons conforter notre système de protection sociale, mais aussi améliorer la sécurité des Français, particulièrement dans les zones les plus sensibles. C'est au nom de l'égalité que nous allons lutter contre les déserts médicaux, et c'est au nom de l'égalité des droits que nous ferons le mariage pour tous. Sur ce dernier sujet, il est normal que s'exprime une diversité d'opinions, il n'y a pas à s'en inquiéter, nous sommes dans une démocratie, et même le droit de manifester en fait partie, soyons donc sereins. Mais en même temps, rappelons ce qui est le plus clair, c'est l'engagement présidentiel. Le président de la République, comme les députés, ont été élus sur un programme qui est clair, et le débat se déroule normalement au Parlement. Le gouvernement est déterminé à honorer ses engagements et la représentation nationale aura le dernier mot, comme il est d'usage dans une démocratie.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les journalistes, vous l'avez remarqué, le programme du gouvernement est substantiel, et de nombreux projets de loi seront présentés au Parlement au cours de l'année 2013, et je suis bien décidé, avec l'ensemble des ministres, à aller à la rencontre des Français, à expliquer le sens de notre action, à les écouter, mais aussi à mobiliser les énergies, et les talents, et les initiatives, et elles sont tellement nombreuses dans notre société, et parfois on a tendance à les oublier, parce que ce sont les Français, ce sont les capacités des Français, alors 2013 ce sera une année bien remplie, aussi pour ceux dont c'est le métier d'informer et d'éclairer l'opinion. Même s'il n'y a pas d'élection, vous n'allez pas, pour autant, ne rien avoir à faire.
Avant tout je veux vous affirmer que le gouvernement sera toujours à vos côtés, pour préserver la liberté de la presse et l'indépendance des médias. Comme le président de la République vous l'a confirmé, un projet de loi sur la protection des sources des journalistes sera déposé cette année au Parlement. La réforme sur laquelle nous nous sommes engagés pour renforcer l'indépendance des médias audiovisuels, redonnera au CSA le pouvoir de nommer les présidents des sociétés de l'audiovisuel public. L'année qui vient de s'écouler a été rude, pour de nombreux titres de presse, mais j'ai la conviction que la presse française peut surmonter les difficultés qu'elle rencontre, et qui affectent de la même manière la presse internationale. La condition c'est de continuer à produire une presse de qualité et innovante, à laquelle les citoyens puissent se référer avec confiance. La rigueur de l'information, l'indépendance des rédactions, l'éthique du journalisme, sont les meilleures garanties de votre avenir. Nous avons entendu l'aspiration de la presse à un meilleur partage de la valeur sur Internet, l'Etat a nommé un médiateur pour faciliter les discussions entre Google et la presse d'information, politique et générale, mais à défaut d'accord le gouvernement prendra ses responsabilités et instituera un droit voisin du droit d'auteur, dont les éditeurs de presse pourront se prévaloir à l'égard des moteurs de recherche. Nous allons refonder les aides à la presse, pour mieux en accompagner les mutations, il ne s'agit pas de refaire les états généraux de 2009, qui avaient été suivis de peu d'effets, donc pas de grand messe en 2013, mais un groupe de réflexion placé auprès de la ministre de la Culture et de la Communication, et qui rendra ses conclusions d'ici au mois d'avril.
Dans le contexte que vous connaissez le gouvernement a demandé à l'ensemble de l'audiovisuel public de contribuer, lui aussi, mais comme tous les opérateurs publics, pas seulement l'Etat et ses services, à l'effort de redressement des comptes publics, mais dans le même temps la hausse de la redevance garantit un financement pérenne, et qui permet de redéfinir, et en confiance, sereinement, les missions et les priorités stratégiques.
Mesdames, messieurs, le métier qui est le vôtre, est un métier exigeant, mais vous savez vous-mêmes, vous montrer exigeants à l'égard du gouvernement, et je crois que je peux en témoigner très sincèrement, en tout cas c'est le signe de la vitalité de notre démocratie. Et je souhaite que vous puissiez continuer à exercer votre mission dans les meilleures conditions possibles.
Par votre intermédiaire, aujourd'hui, je sais que je peux aussi m'adresser à l'ensemble de nos concitoyens, je veux qu'ils sachent que le gouvernement est concentré sur sa tâche, et qu'il est déterminé à surmonter tous les obstacles pour réussir le redressement du pays, et lui redonner confiance en lui-même, et fierté dans ses propres talents, et capacités. En tout cas c'est l'ensemble de l'équipe gouvernementale qui est mobilisé, et je rends hommage à l'engagement de chacune et chacun des ministres qui la constituent.
Oui, c'est vrai, les chantiers que nous avons ouverts demandent du courage, de la cohérence et de la constance, mais je n'en manque pas, ni les membres du gouvernement, mais ils nécessitent aussi que les Français eux-mêmes, soient les acteurs du changement, et je suis convaincu qu'ils y sont prêts, en tout cas je forme le vu que l'année 2013 voie renaître la confiance et l'espérance dont notre pays a besoin, c'est le défi que je m'assigne, sous l'autorité du président de la République, et avec l'ensemble du gouvernement. Encore tous mes vux, à chacune et chacun d'entre vous, et bien sûr à tous vos journaux de la presse écrite et audiovisuelle. Merci de votre attention.Source http://www.gouvernement.fr, le 21 janvier 2013
Oui je le sais, l'année 2013 sera une année difficile, et il n'est pas question pour moi de nier cette réalité, de nier aussi la nécessité de l'effort. J'ai toujours dit la vérité aux Français, et dès ma déclaration de politique générale du 3 juillet, parce que je crois que sans un discours de vérité, il n'y a pas de confiance possible. Et les Français ont besoin de confiance, c'est donc ce qu'ils attendent de nous, la vérité sur la réalité du pays, sur les difficultés qu'il rencontre, sur les changements qu'on doit entreprendre, sur les réformes qu'il faut réussir. Et je le répète, c'est indispensable de le faire pour l'avenir même du pays et l'avenir même de notre modèle, et je crois aussi pour le sauver il faut le rénover. Et donc personne n'échappe à cette réalité, qu'on soit acteur de la politique, qu'on soit citoyen ou qu'on soit même observateur et commentateur. Donc je souhaite vraiment sincèrement que nous mettions à profit cette nouvelle année pour que les Français se rassemblent, en tout cas une majorité d'entre eux, autour des grandes questions qui engagent notre avenir et l'avenir de notre pays.
Mais au moment où je m'adresse à vous, nous vivons des moments d'une particulière gravité. Le début de cette année est marqué par l'engagement de nos forces armées au Mali, pour combattre les groupes terroristes qui menacent l'intégrité même de ce pays, la stabilité de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest mais aussi notre propre sécurité. Depuis mercredi une prise d'otages de plusieurs dizaines de personnes sur le site algérien d'In Amenas confirme la gravité de la menace terroriste et la nécessité d'y opposer un front déterminé et uni. A l'heure où je vous parle, le décès de plusieurs otages est à déplorer, nous n'en connaissons pas encore précisément le nombre ni la nationalité. Depuis le début, je suis avec les ministres concernés en contact régulier avec les autorités de l'Algérie, pays durement éprouvé dans le passé par le terrorisme. Et je viens à l'instant de m'entretenir avec le Premier ministre algérien, qui m'a confirmé que l'opération se poursuivait. Nous sommes également en liaison avec les autres pays directement concernés par cette prise d'otages.
Ce qui se passe en Algérie justifie encore davantage la décision de la France de venir en aide au Mali, car ce sont les mêmes groupes terroristes qui sont à l'uvre. Je rappelle les 3 objectifs de cette intervention décidée par le président de la République : le premier objectif c'est d'arrêter l'avancée des groupes terroristes vers Bamako, cet objectif est atteint ; le deuxième objectif c'est de préserver l'existence de l'Etat malien et lui permettre de recouvrer son intégrité territoriale ; et le troisième objectif c'est de favoriser l'application des résolutions internationales à travers le déploiement de la force africaine de stabilisation, et l'appui aux forces armées maliennes dans leur reconquête du Nord.
Je le répète, cette opération décidée par le président de la République s'est faite en réponse à l'appel à l'aide des autorités maliennes, et dans le cadre de la charte des Nations Unies. Elle fait l'objet d'un large consensus national et bénéficie du soutien actif de la communauté internationale et de nos partenaires européens. C'est essentiel au moment où nos soldats sont engagés sur un terrain difficile au côté de l'armée malienne et alors que la Misma issue donc de la résolution 20.85 du Conseil de sécurité du 20 décembre est en train de se mettre en place.
Je veux ici rendre hommage à nouveau au courage de nos militaires et saluer la mémoire du chef de bataillon Damien Boiteux, mort au combat dès les premières heures de cette intervention. En m'adressant à vous, je pense aussi à tous ces journalistes qui risquent leur vie en couvrant les conflits armés, je pense aux journalistes victimes d'intimidation, retenus en otage, emprisonnés ou exécutés par ceux qui redoutent le plus plus que tout la liberté d'information. Je pense aux nombreux journalistes tués au cours de l'année 2012, et en particulier vous les avez cités à Gilles Jacquier et Rémi Ochlik qui ont perdu la vie en Syrie. C'est l'honneur de la France d'être au côté de toutes les démocraties et de tous ceux qui luttent pour leur liberté dans le respect du droit international de veiller au respect des valeurs individuelles et collectives qui sont au cur du fondement même de notre République, et d'être à la pointe du combat contre ceux qui les rejettent. Cet engagement ne nous éloigne pas des autres priorités, sur lesquelles nous avons pris des engagements devant les Français pour le redressement de notre pays.
En effet, notre pays doit faire face à de grands défis, notre modèle politique, économique et social, est aujourd'hui fragilisé par la crise qui perdure, mais il est surtout atteint, déstabilisé par des mutations, et ces mutations sont profondes, et durables, ce sont les mutations du monde, c'est l'essor des puissances émergentes, c'est la concurrence exercée par les pays à bas coûts, mais c'est aussi la grande question de l'avenir de la planète sur le plan environnemental, tant les atteintes à l'environnement se développent. Donc, pour autant, face à cette question centrale, qui est celle de l'avenir-même de notre nation, telle qu'elle est, telle qu'elle est conçue, telle que les Français la perçoivent, avec le sentiment parfois que les choses leur échappent, et ce qui crée certainement un doute au cur-même de leur perception de l'avenir de notre pays, eh bien il n'est pas question de renoncer à ce que nous sommes, il faut résister à la tentation de la rupture, qui serait celle de balayer tout ce qui fait le fondement-même de notre République et de notre modèle social, en disant qu'au fond, ça a été tenté, que c'était la cause des difficultés de la France, et que nous nous mettions en retard par rapport aux autres. Et puis l'autre tentation, elle est grave aussi et lourde de conséquences, c'est de nous replier sur nous-mêmes.
Eh bien justement, l'heure est venue, et je persiste, et je signe, Madame la présidente, d'adapter notre modèle, de gagner en compétitivité tout en confortant ce qui garantit la cohésion de notre société, et d'abord la solidarité. Concilier l'efficacité économique et la solidarité, la performance, l'efficacité, la solidarité, la justice sociale, c'est le sens du nouveau modèle français, que nous sommes en train de bâtir, et je sais que cet objectif est en mesure, à condition de l'expliquer, de le répéter, de le mettre en uvre, durablement, est en mesure de rassembler une large majorité de Français. Mais pour cela, effectivement, il y a des batailles à mener, et qu'il nous faut gagner.
La première de nos priorités c'est la bataille de l'emploi, et nous avons besoin de l'engagement déterminé de tous les acteurs de la société, d'abord des partenaires sociaux. Dès l'été 2012 le gouvernement a défini une nouvelle méthode, celle du dialogue social, et de la négociation collective, qui est la condition de réformes, intelligentes, efficaces, et durables, et qui passent par le compromis, la recherche du compromis, le compromis social. Ce sont donc les partenaires sociaux qui ont défini les modalités du Contrat de Génération, c'est une négociation réussie. Ils viennent d'aller plus loin ces derniers jours en négociant un accord ambitieux sur la sécurisation de l'emploi. Moi je me réjouis, comme le président de la République, de cet accord. Il apporte possibilités d'adaptation et sécurité juridique aux entreprises, mais aussi des droits nouveaux, et des protections nouvelles aux salariés. Le gouvernement s'engage à transcrire très vite, et fidèlement, cet accord dans un projet de loi. Mais ce n'est qu'une étape, qui n'épuise pas l'ensemble de la feuille de route issue de la grande conférence sociale de juillet dernier, mais c'est une étape décisive, et je veux croire que 2013 sera une grande année de dialogue social. Je pense notamment aux négociations sur la qualité de vie au travail et sur l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Il y a bien sûr de nouveaux leviers, d'autres leviers à actionner, ainsi le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, que j'ai présenté dès le lendemain de la remise du rapport Gallois, qui a été un vrai électrochoc, sur l'état de notre économie et de notre industrie, et qui a fait prendre conscience de la nécessité de réformes et de décisions courageuses. Je suis convaincu que ce pacte, il s'agit bien d'un pacte, donc un engagement réciproque, contribuera dès cette année au redressement productif. Je pense au crédit d'impôt, pour la compétitivité et l'emploi, mais aussi à l'ensemble des mesures visant à favoriser la montée en gamme de notre appareil de production. Nous n'avons négligé aucune piste, nous n'avons fui aucune responsabilité. Le gouvernement a pris à bras-le-corps les difficultés de financement de notre économie, et en particulier des petites et moyennes entreprises, qui n'avaient pas été résolues depuis tant d'années, et c'est pourquoi nous avons créé la Banque Publique d'Investissement, elle est opérationnelle, et c'est pourquoi la réforme bancaire sera votée dans les prochaines semaines, et nous serons le premier pays européen à mettre en uvre cette réforme bancaire. Nous mettons tout en uvre pour préparer l'avenir.
Nous avons engagé le chantier de la transition écologique et énergétique, pour une transformation progressive de nos modes de production et de consommation, c'est un impératif politique, c'est un impératif moral, au regard des enjeux environnementaux considérables qui s'imposent à nous, mais c'est aussi le choix de l'innovation, et d'un formidable accélérateur de croissance. Et c'est dans le même esprit que je prépare, avec le gouvernement, à la demande du président de la République, un programme d'investissements à l'horizon 2020.
Ces défis, nous ne les relèverons pas seul, mais aussi avec nos partenaires européens, et je veux rappeler que sous l'impulsion du président de la République 2012 a été l'année de la réorientation de la construction européenne, dans le sens de la croissance et de l'emploi. Cette réorientation doit se poursuivre, elle doit s'approfondir. Mais, il y a 1 an, la zone euro était dans la tourmente, et son avenir semblait même incertain, elle est aujourd'hui stabilisée. Le rôle de la Banque Centrale Européenne est renforcé. 2013 sera l'année de l'approfondissement, de l'intégration solidaire, et de la mise en uvre effective de l'Union bancaire, mais chacun sait que nous avons aussi des engagements à tenir pour notre propre compte, en matière de finances publiques. Et cette stratégie de réduction de notre dette, et de nos déficits publics, je l'assume pleinement, car c'est notre capacité d'action, et notre souveraineté, qui sont en jeu. Le redressement des comptes publics est nécessaire pour pouvoir financer les politiques de compétitivité, mais aussi les politiques de solidarité, et préparer l'avenir, et engager les grandes réformes que je viens d'évoquer. Et la réforme fiscale, il y a bien une réforme fiscale, que nous avons engagée, met davantage à contribution les grandes entreprises pour protéger les moyennes entreprises et les petites entreprises. Elle met aussi davantage à contribution les très hauts revenus, pour ménager les classes moyennes et les classes populaires. C'est une réalité. Certes, c'est un effort, mais c'est une question de solidarité nationale. L'Etat lui-même doit montrer l'exemple, et contribuer, par des économies sans précédent, à l'effort de redressement budgétaire.
Nous sommes engagés dans une stratégie de modernisation de l'action publique, elle demandera du temps, de la constance, mais avec un objectif, c'est mieux servir les Français, mieux faire fonctionner nos services publics, mais en même temps supprimer les dépenses inutiles, diminuer la part de la dépense publique dans la richesse nationale. Mais cet effort ne peut être dissocié de la nouvelle étape de la décentralisation, que nous voulons mettre en uvre, dans les prochains mois, et qui permettra de clarifier ce qui relève de l'Etat, l'Etat qui doit être davantage stratège, qui doit être davantage garant, qui doit être davantage régulateur, et en même temps les différents niveaux des collectivités territoriales, plus d'efficacité, plus de visibilité, plus de simplicité, et plus d'économie et de maîtrise de la dépense publique. C'est un vaste chantier. Ce sont de grandes réformes, difficiles, difficiles à faire partager, à faire accepter, mais elles sont indispensables, et elles contribuent, je suis désolé, à dessiner les contours du nouveau modèle français. Parce qu'il faut aussi répondre à une forme de défiance, croissante, des citoyens à l'égard de l'action politique, et je crois, pour ma part, à l'exemplarité. C'est le sens des projets de loi que nous allons présenter pour mettre fin au cumul des mandats, et garantir l'indépendance de la justice. C'est un engagement, il sera tenu.
Nous venons, enfin, répondre au désir d'égalité des Français, qui est au cur-même de notre, j'allais dire de notre patrimoine, commun, l'égalité, et c'est au nom de l'égalité des chances que nous allons refonder l'école, c'est au nom de l'égalité que nous allons accroître la construction de logements pour tous, au nom de l'égalité que nous allons conforter notre système de protection sociale, mais aussi améliorer la sécurité des Français, particulièrement dans les zones les plus sensibles. C'est au nom de l'égalité que nous allons lutter contre les déserts médicaux, et c'est au nom de l'égalité des droits que nous ferons le mariage pour tous. Sur ce dernier sujet, il est normal que s'exprime une diversité d'opinions, il n'y a pas à s'en inquiéter, nous sommes dans une démocratie, et même le droit de manifester en fait partie, soyons donc sereins. Mais en même temps, rappelons ce qui est le plus clair, c'est l'engagement présidentiel. Le président de la République, comme les députés, ont été élus sur un programme qui est clair, et le débat se déroule normalement au Parlement. Le gouvernement est déterminé à honorer ses engagements et la représentation nationale aura le dernier mot, comme il est d'usage dans une démocratie.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les journalistes, vous l'avez remarqué, le programme du gouvernement est substantiel, et de nombreux projets de loi seront présentés au Parlement au cours de l'année 2013, et je suis bien décidé, avec l'ensemble des ministres, à aller à la rencontre des Français, à expliquer le sens de notre action, à les écouter, mais aussi à mobiliser les énergies, et les talents, et les initiatives, et elles sont tellement nombreuses dans notre société, et parfois on a tendance à les oublier, parce que ce sont les Français, ce sont les capacités des Français, alors 2013 ce sera une année bien remplie, aussi pour ceux dont c'est le métier d'informer et d'éclairer l'opinion. Même s'il n'y a pas d'élection, vous n'allez pas, pour autant, ne rien avoir à faire.
Avant tout je veux vous affirmer que le gouvernement sera toujours à vos côtés, pour préserver la liberté de la presse et l'indépendance des médias. Comme le président de la République vous l'a confirmé, un projet de loi sur la protection des sources des journalistes sera déposé cette année au Parlement. La réforme sur laquelle nous nous sommes engagés pour renforcer l'indépendance des médias audiovisuels, redonnera au CSA le pouvoir de nommer les présidents des sociétés de l'audiovisuel public. L'année qui vient de s'écouler a été rude, pour de nombreux titres de presse, mais j'ai la conviction que la presse française peut surmonter les difficultés qu'elle rencontre, et qui affectent de la même manière la presse internationale. La condition c'est de continuer à produire une presse de qualité et innovante, à laquelle les citoyens puissent se référer avec confiance. La rigueur de l'information, l'indépendance des rédactions, l'éthique du journalisme, sont les meilleures garanties de votre avenir. Nous avons entendu l'aspiration de la presse à un meilleur partage de la valeur sur Internet, l'Etat a nommé un médiateur pour faciliter les discussions entre Google et la presse d'information, politique et générale, mais à défaut d'accord le gouvernement prendra ses responsabilités et instituera un droit voisin du droit d'auteur, dont les éditeurs de presse pourront se prévaloir à l'égard des moteurs de recherche. Nous allons refonder les aides à la presse, pour mieux en accompagner les mutations, il ne s'agit pas de refaire les états généraux de 2009, qui avaient été suivis de peu d'effets, donc pas de grand messe en 2013, mais un groupe de réflexion placé auprès de la ministre de la Culture et de la Communication, et qui rendra ses conclusions d'ici au mois d'avril.
Dans le contexte que vous connaissez le gouvernement a demandé à l'ensemble de l'audiovisuel public de contribuer, lui aussi, mais comme tous les opérateurs publics, pas seulement l'Etat et ses services, à l'effort de redressement des comptes publics, mais dans le même temps la hausse de la redevance garantit un financement pérenne, et qui permet de redéfinir, et en confiance, sereinement, les missions et les priorités stratégiques.
Mesdames, messieurs, le métier qui est le vôtre, est un métier exigeant, mais vous savez vous-mêmes, vous montrer exigeants à l'égard du gouvernement, et je crois que je peux en témoigner très sincèrement, en tout cas c'est le signe de la vitalité de notre démocratie. Et je souhaite que vous puissiez continuer à exercer votre mission dans les meilleures conditions possibles.
Par votre intermédiaire, aujourd'hui, je sais que je peux aussi m'adresser à l'ensemble de nos concitoyens, je veux qu'ils sachent que le gouvernement est concentré sur sa tâche, et qu'il est déterminé à surmonter tous les obstacles pour réussir le redressement du pays, et lui redonner confiance en lui-même, et fierté dans ses propres talents, et capacités. En tout cas c'est l'ensemble de l'équipe gouvernementale qui est mobilisé, et je rends hommage à l'engagement de chacune et chacun des ministres qui la constituent.
Oui, c'est vrai, les chantiers que nous avons ouverts demandent du courage, de la cohérence et de la constance, mais je n'en manque pas, ni les membres du gouvernement, mais ils nécessitent aussi que les Français eux-mêmes, soient les acteurs du changement, et je suis convaincu qu'ils y sont prêts, en tout cas je forme le vu que l'année 2013 voie renaître la confiance et l'espérance dont notre pays a besoin, c'est le défi que je m'assigne, sous l'autorité du président de la République, et avec l'ensemble du gouvernement. Encore tous mes vux, à chacune et chacun d'entre vous, et bien sûr à tous vos journaux de la presse écrite et audiovisuelle. Merci de votre attention.Source http://www.gouvernement.fr, le 21 janvier 2013