Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur la politique de redressement industriel, à Montoir-en-Bretagne le 21 janvier 2013.

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Circonstance : Inauguration de usines Alstom spécialisées dans l'éolien offshore, à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) le 21 janvier 2013

Texte intégral

Merci mesdames et messieurs. Mes chers collègues, madame, messieurs les ministres. Je voudrais saluer bien sur les parlementaires, députés et sénateurs, le président du Conseil régional et le président du Conseil général, les maires et tout particulièrement le maire de Saint-Nazaire ; Mesdames et messieurs les présidents ; mesdames, messieurs.
C'est un moment pour moi de fierté et de bonheur partagé avec vous ce matin, ici à Montoir, tout près de Saint-Nazaire sur ce territoire historique à la fois portuaire et en même temps industriel.
C'est pour moi l'occasion de rappeler que notre pays a un avenir industriel et que ce matin nous en avons une démonstration concrète. Monsieur le président du grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire, monsieur BERTOLOTTI, je voudrais vous remercier tout particulièrement, pour la contribution du port à cette réussite, vous savez que ça n'a pas été facile mais dès le départ les autorités portuaires ont compris l'enjeu ; et d'ailleurs il y a un symbole ici ce matin mais il suffit que vous regardiez sur le quai et vous voyez ce bateau qui est prêt à s'en aller vers Gijon puisque c'est une belle réussite des autoroutes de la mer, voulues ici par toutes les autorités régionales. Monsieur le Préfet je sais que vous continuez à y porter beaucoup d'attention mais parce que ça peut faire exemple et référence. Les autoroutes de la mer ça marche, le port de Nantes Saint-Nazaire en a fait la démonstration même au-delà des prévisions.
Monsieur le président du groupe ALSTOM, monsieur Patrick KRON, nous nous connaissons depuis de longues années, vous l'avez rappelé dans vos différentes responsabilités et donc je vous remercie de m'avoir invité pour cette inauguration parce que c'est une belle histoire qui va commencer.
Ici, c'est un atelier de fabrication des futures éoliennes offshore qui va se développer. Et le président de la République, à l'occasion de la grande conférence environnementale a décidé d'engager la France sur le chemin de la transition énergétique en développant un modèle de développement sobre et efficace. Et pour ça la France s'est fixée des objectifs ambitieux, à la fois de maîtrise de notre consommation énergétique – c'est la première des priorités – c'est vrai dans le logement, c'est vrai dans le transport. Mais le deuxième chantier c'est le rééquilibrage de notre mix énergétique. Nous conserverons une part très importante de production d'électricité d'origine nucléaire, passant d'ici 2025 de 75 à 50 % de la production. En même temps cela veut dire développer très fortement de façon volontariste les énergies renouvelables. D'un coté économie, efficacité énergétique et développement des énergies renouvelables.
Il faut atteindre ces objectifs, ils sont indispensables pour relever le défi du développement durable, du respect des engagements pris par la France sur le plan international, de réduire ces productions de gaz à effet de serre ; et puis en même temps c‘est une opportunité dans cette grande période de mutation de développer une nouvelle filière économique, ce qu'on appelle la croissance verte. Et ça n'est possible que s'il y a un soutien très fort à l'investissement, à l'innovation, et à la réalisation d'une véritable filière industrielle. Et sans cela ces objectifs ne pourront pas être atteints et en tout cas les objectifs économiques et les objectifs de création d'emploi.
Dans le secteur des énergies et des technologies propres, la croissance – si nous y mettons tous les moyens – est estimée entre 5 et 10 % par an. 5 et 10 % par an. Quant au marché mondial des produits et services environnementaux, il devrait presque doubler d'ici 2020. Donc vous voyez bien l'enjeu. L'enjeu pour la France de saisir cette opportunité ; l'enjeu pour la France, parmi d'autres productions, de promouvoir l'éolien offshore, et de construire là aussi une filière industrielle française de référence.
Monsieur le président Patrick KRON, vous l'avez rappelé, son potentiel de développement sur le marché européen est considérable. Compte tenu des perspectives d'équipement de la France, mais aussi d'autres grands pays qui ont fait ce choix, je pense au Royaume Uni, je pense à l'Allemagne, mais des pays de taille moyenne aussi. Et le niveau de production de ces éoliennes est plus élevé que celui des éoliennes terrestres. Ce qui contribue efficacement à la lutte contre le réchauffement climatique. Ici donc à Saint-Nazaire et Montoir, grâce au groupe ALSTOM, ce sont des objectifs concrets du gouvernement qui se mettent en œuvre. L'éolien offshore constitue pour votre groupe une perspective de croissance qui est importante et vous en avez rappelé les chiffres, monsieur le président Patrick KRON, avec le développement d'une éolienne de nouvelle génération de 6 mégawatts, la Haliade 150, qui devrait vous permettre d'occuper une position très forte sur ce marché.
Vous avez rappelé que c'est vous qui équiperez les champs de Saint-Nazaire, de Courseulles-sur-Mer et de Fécamp, pour un volume d'environ 240 éoliennes dans votre partenariat avec le consortium EDF/DONG. Ce projet industriel est soutenu fortement par l'Etat, à travers le programme des investissements d'avenir ainsi que l'ADEME, et cela montre bien le potentiel très important de croissance, puisque sa mise en œuvre a conduit à créer quatre usines, dont deux à Saint-Nazaire, qui créeront 300 emplois directs d'ici 2014, sans compter les 200 emplois supplémentaires tout près d'ici, sur le territoire de la métropole Nantes-Saint-Nazaire, grâce à l'installation de votre centre mondial de recherche et développement dans le domaine de l'éolien offshore, c'est un choix que vous avez fait, que votre groupe a fait, et je tiens à le saluer particulièrement. Et à terme, si on fait le total, en emplois directs et indirects, c'est 2.000 emplois.
Mais c'est aussi pour les PME de la région, rassemblées autour du pôle Néopolia, de développer de nouvelles activités. Ces PME sont déjà très présentes, elles sont présentes autour des chantiers de construction navale, nous y reviendrons tout à l'heure, elles sont présentes aussi autour des activités industrielles d'AIRBUS, trois usines ici dans cette région de Nantes-Saint-Nazaire, secteur qui se porte particulièrement bien, la croissance en matière de construction d'avions est très importante à l'échelle mondiale. Et l'Europe, grâce à AIRBUS, y prend toute sa part, et ici, dans cette région, particulièrement, confortée d'ailleurs par un soutien très fort avec l'IRT Jules Verne, qui est maintenant installé à Nantes, et qui vient conforter tous les efforts qui ont été faits par l'Etat et les collectivités territoriales, mais aussi les industriels, et qui est orienté sur les nouveaux matériaux composites.
Et ces nouveaux matériaux composites concernent à la fois l'avion, concernent à la fois le bateau, concernent la voiture, où tous les instruments industriels du futur vont pouvoir être conçus, dont nous avons déjà une première illustration avec l'atelier de montage de l'A350, que j'ai eu l'honneur d'inaugurer il y a quelques semaines à Toulouse. C'est dire que l'industrie du futur se construit ici, elle se construit dans différentes filières, et appuyée aussi par un formidable effort – que je voudrais saluer – de la région en matière de formations professionnelles, Monsieur le Président. Nous en parlions il y a quelques instants avant d'arriver, sur la route de Nantes, à Saint-Nazaire, c'est un effort considérable que vous faites, mais je sais que vous allez continuer à le faire ; former des jeunes, former des chômeurs, former des travailleurs qui veulent se reconvertir, et il y a des possibilités de développement de ces emplois dans la chaudronnerie, je pense par exemple, ou encore dans la soudure. On cherche des soudeurs. Mais avec la commande des chantiers de Saint-Nazaire, on va en chercher encore davantage.
Tout l'enjeu pour les grands groupes comme pour les PME, c'est aussi de trouver les bons vecteurs de formation. Et dans le cadre de la future loi de décentralisation, qui sera bientôt débattue au Parlement, un volet important permettra de clarifier les compétences de l'Etat, mais aussi les compétences des régions, on vous demande davantage de responsabilités, mais en mettant en place des schémas prévisionnels des formations avec le ministère de l'Education nationale, par territoire, par région, qui correspondent aussi aux besoins, donc aux perspectives d'emplois, et qui doivent s'accompagner de campagnes de valorisation des métiers professionnels ; être chaudronnier, c'est un beau métier, être soudeur, c'est un beau métier, mais encore faut-il le faire savoir et donner cette image nouvelle, et de ces métiers et de leur évolution. J'ajoute que le sauvetage de l'association française pour la formation professionnelle – l'AFPA – que j'ai annoncé lundi dernier à Caen, est une contribution supplémentaire à ces perspectives en matière de formation professionnelle.
Mais si je dis ça, c'est parce que l'AFPA était vouée à disparaître. Alors si je viens vous voir aujourd'hui, ce n'est pas simplement pour vous parler de ce qui ne marche pas ou qu'il faut sauver, mais pour montrer qu'il y a des perspectives de redressement concrètes et qui vont être renforcées avec la mise en place de la Banque publique d'investissement, qui est désormais opérationnelle, depuis le 1er janvier. Donc ces nouvelles usines, que nous inaugurons aujourd'hui en quelque sorte, en tout cas, les premières pierres, mais qui commencent déjà à produire, avant même d'être construites dans des bâtiments provisoires, témoignent d'une collaboration ambitieuse et réussie entre des grandes entreprises françaises, comme ALSTOM ou AREVA, des établissements publics de l'Etat, qui soutiennent l'innovation, comme l'ADEME, ou le CEA, avec lequel la région vient de signer un contrat de partenariat, et puis des territoires qui se sont fermement engagés dans la ré-industrialisation de notre pays, en développant les technologies de demain. Et quant à la filière des énergies marines, les énergies marines renouvelables en France, elle est soutenue aussi par un tissu industriel local pour l'éolien offshore. C'est une des priorités sur lesquelles sont mobilisés les investissements d'avenir.
Je voudrais saluer la présence ici du commissaire général à l'investissement, Louis GALLOIS. De nouveaux appels à projets vont être lancés en 2013 pour accompagner la mise au point de nouvelles technologies. Mais j'ai annoncé, lors de la conférence environnementale du mois de septembre, le lancement d'un deuxième appel d'offres pour fournir dès que possible environ 200 éoliennes supplémentaires au large du Tréport, et entre les îles de l'île d'Yeu et de Noirmoutier. Enfin, la ministre de l'Ecologie, du développement durable et de l'énergie, Delphine BATHO, ici, présente, a lancé au mois de novembre un large débat sur la transition énergétique. Je l'évoquais il y a quelques instants en parlant des orientations du président de la République, à l'occasion de la conférence environnementale, ce large débat, qui aura lieu à l'échelle nationale, aura lieu aussi à l'échelle des régions et de tous les territoires, au plus près possible de nos concitoyens.
Je vous invite à vous saisir de ce débat, à y participer, à apporter vos contributions. On aura l'occasion d'évoquer tous les objectifs, tous les moyens, toutes les approches pour ensuite arrêter une stratégie, qui sera indispensable pour rendre plus claires les perspectives d'avenir pour notre pays. En ce qui concerne les objectifs de production pour la filière éolienne offshore, l'évolution de ses coûts, ainsi que les modalités de financement des énergies renouvelables, il sera nécessaire aussi que les règles du jeu soient stables, et qu'elles portent aussi, je dirais, une efficacité économique, il faut tirer la leçon de ce qui s'est passé il y a déjà des mois de cela, concernant la filière du photovoltaïque où des changements de posture ont déstabilisé un secteur économique. Nous repartons sur de nouvelles bases, et je pense que c'est nécessaire si on veut que ces bases permettent des perspectives durables sur le plan économique et donc aussi sur le plan de l'emploi.
Le projet de loi de programmation de la transition énergétique sera préparé à partir des éléments principaux de ce débat, il sera l'occasion pour la France, je l'ai dit, de se doter d'une stratégie, mais aussi de se doter d'une stratégie industrielle, qui permettra de développer cette croissance que nous cherchons, que nous appelons de nos vœux, mais qui est potentiellement là. Et ce matin, nous en avons la démonstration, nous l'avons à cette étape de cette brève visite, nous l'aurons dans quelques instants, mais je le dis pour terminer, nous devons avoir confiance en nous, dans nos capacités, dans nos potentialités, ne renoncez à rien, et surtout, ne jamais renoncer à développer les activités industrielles dans notre pays. Ceux qui croient que l'industrie est dépassée et derrière nous se trompent, l'industrie est devant nous, à condition de respecter un certain nombre de principes – j'y reviendrai dans quelques instants – de tenir compte des préconisations qui ont été faites par le rapport de Louis GALLOIS, et de mettre en œuvre tout ce qui est dans le pacte national pour la compétitivité, la croissance et l'emploi, que j'ai annoncé au nom du gouvernement le 6 novembre, tout y est, mais tout est à faire. Et tout se fera grâce à la mobilisation de tous les acteurs, grands groupes industriels, petites et moyennes entreprises, mais aussi les salariés qui y ont bien sûr leur première place, et puis, les autorités des collectivités territoriales, l'ensemble des acteurs publics, l'ensemble des acteurs privés. Je pense aussi aux institutions, comme les Chambres de commerce, d'industrie, les Chambres des métiers, les Chambres d'agriculture, tous ceux aussi qui sont chargés de la formation, l'Education nationale, comme tous les centres de formation, et enfin, tous les citoyens.
C'est l'occasion, en terminant, de vous dire ma confiance dans les capacités de redressement de la France. Nous en avons ici un exemple concret ce matin, nous sommes offensifs, nous sommes combatifs, nous savons lorsqu'il le faut retrousser nos manches, ne renoncer à rien, nous battre sans cesse, inventer, innover, mobiliser, alors merci d'y contribuer. Et bonne chance à ces usines qui vont bientôt voir le jour. Bonne chance à la filière des industries marines. Merci !Source http://www.gouvernement.fr, le 22 janvier 2013