Texte intégral
Nous y voilà : 2012 a passé la main à 2013 et nous consacrons le mois de janvier à célébrer cette transition avec un certain bonheur pour ce qui me concerne, tant la formation professionnelle et lapprentissage font fait parler deux en ce début dannée. Il faut dire que nous entrons, daprès lhoroscope chinois, dans lannée du serpent et que le serpent symbolise aussi dans les civilisations extrême-orientales la connaissance mais aussi lapprentissage. Si même les astres sont avec nous, alors nous ne pouvons que démarrer en confiance cette année nouvelle !
Il faut dire que 2012 a bien préparé 2013. 2012 fut résolument lannée du changement. Des changements. En matière de formation professionnelle, il y en a eu un certain nombre. Je vais en citer deux pour ne pas être trop long. Tous les trois signent le retour dun Etat serein mais efficace, actif mais respectueux des prérogatives de ses partenaires.
Dabord et cest le plus important -, le dialogue social a été renoué. Après des années de défiance voire de ponction, après des déclarations répétées dinterrogation sur lintérêt des corps intermédiaires, les partenaires sociaux sont revenus mieux accueillis autour de la table. Je crois pouvoir le dire devant vous qui en avez été les premiers acteurs : jai le sentiment que la grande conférence sociale de juillet a marqué une modification notable des conditions de dialogue entre lEtat, les partenaires sociaux, les chambres consulaires et les collectivités territoriales. Après la condescendance, le respect. Après le dénigrement, le dialogue.
Cela a déjà produit des effets. Laccord du 11 janvier en est le fruit et ce dialogue renoué nous aidera à long terme pour améliorer les conditions de vie et de travail de nos concitoyens. Sur le fond et sur la forme, cest à mon sens la plus grande avancée de 2012.
Ensuite, lAFPA a été remise sur de bons rails. Nommé le 21 juin, jour de la fête de la musique, le premier air qui ma été chantonné en arrivant et qui allait devenir un refrain lancinant était plutôt funèbre : pas de quoi payer les salaires de juillet pour les 9 000 salariés de lassociation. Il a fallu, avec Michel SAPIN, se battre, prendre des décisions rapides, argumenter, colmater, trouver des solutions, moderniser la gouvernance de ce bel outil
Un travail interministériel intense a été engagé afin de permettre au Premier Ministre dannoncer le 14 janvier dernier quil ny aurait aucun licenciement économique et que des mesures décisives étaient prises pour pérenniser cet outil si nécessaire sur les territoires.
Maintenant que 2012 est derrière nous, en route pour 2013 : après le changement, la transformation ! Il faut désormais transformer lessai, aller plus loin et engager des réformes en profondeur.
La transformation commence avec les vux historiques du Président de la République. Vous y étiez, vous avez bien entendu comme moi : le chef de lEtat qui cite le FPSPP sans se tromper lAFPA, et la réforme attendue de la taxe dapprentissage, dans ses vux aux acteurs économiques et de lemploi ! Le Premier Ministre lui a emboîté le pas la semaine dernière dans ses vux aux parlementaires, évoquant lui aussi lAFPA !
Face à une telle confiance, je vous propose de partager trois priorités pour orienter nos efforts communs en 2013.
Tout dabord, mettre la formation professionnelle au service de la bataille pour lemploi.
Il est un impératif social et économique que Michel SAPIN a rappelé : renverser la courbe du chômage dici la fin de lannée.
Ainsi, comme nous y avons été collectivement invités, nous devrons faire en sorte que la formation bénéficie prioritairement à ceux qui en ont le plus besoin : les personnes ayant le plus faible niveau de formation initiale et les personnes les plus éloignées de lemploi.
Cest le sens des plans daction pour la formation des demandeurs demploi en cours délaboration.
En outre, je souhaite mettre en place, de façon concertée avec les régions et les professionnels de la formation, un service public régional de la formation professionnelle qui pourrait voir le jour avec le prochain projet de loi de décentralisation. Je souhaite à cette occasion pouvoir user dautres solutions que la mise en concurrence pour les publics les plus fragiles parce que la transmission de savoirs et de compétences nest pas un service comme les autres. Pour eux, si le Parlement nous suit, les Régions pourront habiliter, sur plusieurs années, un ou plusieurs organismes, sur le principe du service dintérêt économique général (SIEG).
Enfin sur cette priorité emploi, je veux dire un mot de la lutte contre lillettrisme dont jespère quelle deviendra la grande cause nationale 2013. Alors que 51% des personnes illettrées sont en emploi, les partenaires sociaux sont, là aussi, très mobilisés puisque le FPSPP a décidé dy consacrer cette année 54 millions deuros, ce qui est un engagement inédit.
Deuxième priorité, après lemploi : permettre à chaque jeune daccéder à un premier niveau de qualification.
Cela passera dabord par la lutte contre le décrochage scolaire. Ainsi, des Pactes de réussite éducative et professionnelle des jeunes seront réalisés dans toutes les régions. Le lien Education Nationale monde de lentreprise sera amélioré. Vincent PEILLON y est attentif et nous travaillons de concert sur ce sujet.
Là aussi, lEtat fait confiance : il fait confiance aux territoires et il fait confiance aux partenaires sociaux pour que tous les outils, tous les dispositifs, tous les acteurs soient mieux coordonnés, mieux pilotés, que les « trous dans la raquette » soient le plus possible comblés et quaucun jeune ne soit laissé sans solution.
Laccès des jeunes à la qualification passera aussi par le développement de lapprentissage :
- en matière de condition daccès : je reçois trop de lettres de jeunes et de familles désespérés de ne trouver un contrat dapprentissage, faute de réseau familial ou social. Il faut responsabiliser lensemble de la chaîne et ne pas faire reposer cette recherche dentreprise sur les seules épaules des jeunes et de leurs familles
- en matière de conditions de financement : 60% seulement de la taxe dapprentissage va à lapprentissage nous devons mieux flécher cette ressource, cest pourquoi jengage une réforme de la taxe dapprentissage
- en matière de conditions de vie des apprentis : je lai encore entendu hier sur le Salon de lapprentissage et de lalternance à Paris. Ils doivent donc être soutenus en matière de logement et de restauration car cest aussi une façon de prévenir les ruptures de contrat. Le programme dinvestissement davenir prévoit déjà le financement de 4 000 places dhébergement supplémentaires ou rénovées. Il reste près de 300 millions sur ce volet du PIA, nous pouvons donc aller encore plus loin.
Enfin, troisième priorité : préparer lavenir. Préparer lavenir, cest anticiper lévolution des compétences dont notre économie aura besoin demain. 2013 nous imposera de travailler sur des plans daction déclinés par filière.
Préparer lavenir, cest aussi permettre à chacun de se repérer dans le foisonnement des possibles. Le renforcement du service public de lorientation tout au long de la vie sinscrit dans ce cadre. Son animation sera confiée aux Régions. Sorienter, on le fait tout au long de sa vie professionnelle et cela passe autant par lemploi que par la formation ou la création dactivité.
Le service public de lorientation pourra donner des idées pour exercer, par exemple, son droit à la formation et le futur compte personnel de formation issu de laccord du 11 janvier. Ce sera, là aussi, un gros sujet de 2013. Nous aurons loccasion den reparler sur la base du rapport que jai demandé au Conseil National de la Formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV).
Nombre des points que je viens daborder pourraient être traités dans un projet de loi dédié à la formation professionnelle et à lapprentissage au début de lété. Dici là, nous serons amenés à nous revoir pour le préparer parce que le dialogue social, pour Michel SAPIN comme pour moi, ce nest pas une seule fois par an, lors de la Grande conférence sociale qui sera amenée à se réunir à nouveau en juillet prochain. Le dialogue social, cest toute lannée, en continu. Parce que seul un dialogue permanent permet de prendre en compte en temps réel les préoccupations des uns et des autres et de trouver des compromis imaginatifs et durables.
Bonne année à toutes et à tous !
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 30 janvier 2013