Déclaration de M. Thierry Repentin, ministre de la formation professionnelle et de l'apprentissage, sur la politique en matière de formation professionnelle et d'apprentissage, Paris le 28 janvier 2013.

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Circonstance : Voeux aux partenaires sociaux à Paris le 28 janvier 2013

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Nous y voilà : 2012 a passé la main à 2013 et nous consacrons le mois de janvier à célébrer cette transition avec un certain bonheur pour ce qui me concerne, tant la formation professionnelle et l’apprentissage font fait parler d’eux en ce début d’année. Il faut dire que nous entrons, d’après l’horoscope chinois, dans l’année du serpent et que le serpent symbolise aussi dans les civilisations extrême-orientales la connaissance mais aussi l’apprentissage. Si même les astres sont avec nous, alors… nous ne pouvons que démarrer en confiance cette année nouvelle !
Il faut dire que 2012 a bien préparé 2013. 2012 fut résolument l’année du changement. Des changements. En matière de formation professionnelle, il y en a eu un certain nombre. Je vais en citer deux pour ne pas être trop long. Tous les trois signent le retour d’un Etat serein mais efficace, actif mais respectueux des prérogatives de ses partenaires.
D’abord – et c’est le plus important -, le dialogue social a été renoué. Après des années de défiance voire de ponction, après des déclarations répétées d’interrogation sur l’intérêt des corps intermédiaires, les partenaires sociaux sont revenus mieux accueillis autour de la table. Je crois pouvoir le dire devant vous qui en avez été les premiers acteurs : j’ai le sentiment que la grande conférence sociale de juillet a marqué une modification notable des conditions de dialogue entre l’Etat, les partenaires sociaux, les chambres consulaires et les collectivités territoriales. Après la condescendance, le respect. Après le dénigrement, le dialogue.
Cela a déjà produit des effets. L’accord du 11 janvier en est le fruit et ce dialogue renoué nous aidera à long terme pour améliorer les conditions de vie et de travail de nos concitoyens. Sur le fond et sur la forme, c’est à mon sens la plus grande avancée de 2012.
Ensuite, l’AFPA a été remise sur de bons rails. Nommé le 21 juin, jour de la fête de la musique, le premier air qui m’a été chantonné en arrivant – et qui allait devenir un refrain lancinant –était plutôt funèbre : pas de quoi payer les salaires de juillet pour les 9 000 salariés de l’association. Il a fallu, avec Michel SAPIN, se battre, prendre des décisions rapides, argumenter, colmater, trouver des solutions, moderniser la gouvernance de ce bel outil…
Un travail interministériel intense a été engagé afin de permettre au Premier Ministre d’annoncer le 14 janvier dernier qu’il n’y aurait aucun licenciement économique et que des mesures décisives étaient prises pour pérenniser cet outil si nécessaire sur les territoires.
Maintenant que 2012 est derrière nous, en route pour 2013 : après le changement, la transformation ! Il faut désormais transformer l’essai, aller plus loin et engager des réformes en profondeur.
La transformation commence avec les vœux historiques du Président de la République. Vous y étiez, vous avez bien entendu comme moi : le chef de l’Etat qui cite le FPSPP – sans se tromper – l’AFPA, et la réforme attendue de la taxe d’apprentissage, dans ses vœux aux acteurs économiques et de l’emploi ! Le Premier Ministre lui a emboîté le pas la semaine dernière dans ses vœux aux parlementaires, évoquant lui aussi l’AFPA !
Face à une telle confiance, je vous propose de partager trois priorités pour orienter nos efforts communs en 2013.
Tout d’abord, mettre la formation professionnelle au service de la bataille pour l’emploi.
Il est un impératif social et économique que Michel SAPIN a rappelé : renverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année.
Ainsi, comme nous y avons été collectivement invités, nous devrons faire en sorte que la formation bénéficie prioritairement à ceux qui en ont le plus besoin : les personnes ayant le plus faible niveau de formation initiale et les personnes les plus éloignées de l’emploi.
C’est le sens des plans d’action pour la formation des demandeurs d’emploi en cours d’élaboration.
En outre, je souhaite mettre en place, de façon concertée avec les régions et les professionnels de la formation, un service public régional de la formation professionnelle qui pourrait voir le jour avec le prochain projet de loi de décentralisation. Je souhaite à cette occasion pouvoir user d’autres solutions que la mise en concurrence pour les publics les plus fragiles parce que la transmission de savoirs et de compétences n’est pas un service comme les autres. Pour eux, si le Parlement nous suit, les Régions pourront habiliter, sur plusieurs années, un ou plusieurs organismes, sur le principe du service d’intérêt économique général (SIEG).
Enfin sur cette priorité emploi, je veux dire un mot de la lutte contre l’illettrisme dont j’espère qu’elle deviendra la grande cause nationale 2013. Alors que 51% des personnes illettrées sont en emploi, les partenaires sociaux sont, là aussi, très mobilisés puisque le FPSPP a décidé d’y consacrer cette année 54 millions d’euros, ce qui est un engagement inédit.
Deuxième priorité, après l’emploi : permettre à chaque jeune d’accéder à un premier niveau de qualification.
Cela passera d’abord par la lutte contre le décrochage scolaire. Ainsi, des Pactes de réussite éducative et professionnelle des jeunes seront réalisés dans toutes les régions. Le lien Education Nationale – monde de l’entreprise sera amélioré. Vincent PEILLON y est attentif et nous travaillons de concert sur ce sujet.
Là aussi, l’Etat fait confiance : il fait confiance aux territoires et il fait confiance aux partenaires sociaux pour que tous les outils, tous les dispositifs, tous les acteurs soient mieux coordonnés, mieux pilotés, que les « trous dans la raquette » soient le plus possible comblés et qu’aucun jeune ne soit laissé sans solution.
L’accès des jeunes à la qualification passera aussi par le développement de l’apprentissage :
- en matière de condition d’accès : je reçois trop de lettres de jeunes et de familles désespérés de ne trouver un contrat d’apprentissage, faute de réseau familial ou social. Il faut responsabiliser l’ensemble de la chaîne et ne pas faire reposer cette recherche d’entreprise sur les seules épaules des jeunes et de leurs familles
- en matière de conditions de financement : 60% seulement de la taxe d’apprentissage va à l’apprentissage… nous devons mieux flécher cette ressource, c’est pourquoi j’engage une réforme de la taxe d’apprentissage
- en matière de conditions de vie des apprentis : je l’ai encore entendu hier sur le Salon de l’apprentissage et de l’alternance à Paris. Ils doivent donc être soutenus en matière de logement et de restauration car c’est aussi une façon de prévenir les ruptures de contrat. Le programme d’investissement d’avenir prévoit déjà le financement de 4 000 places d’hébergement supplémentaires ou rénovées. Il reste près de 300 millions sur ce volet du PIA, nous pouvons donc aller encore plus loin.
Enfin, troisième priorité : préparer l’avenir. Préparer l’avenir, c’est anticiper l’évolution des compétences dont notre économie aura besoin demain. 2013 nous imposera de travailler sur des plans d’action déclinés par filière.
Préparer l’avenir, c’est aussi permettre à chacun de se repérer dans le foisonnement des possibles. Le renforcement du service public de l’orientation tout au long de la vie s’inscrit dans ce cadre. Son animation sera confiée aux Régions. S’orienter, on le fait tout au long de sa vie professionnelle et cela passe autant par l’emploi que par la formation ou la création d’activité.
Le service public de l’orientation pourra donner des idées pour exercer, par exemple, son droit à la formation et le futur compte personnel de formation issu de l’accord du 11 janvier. Ce sera, là aussi, un gros sujet de 2013. Nous aurons l’occasion d’en reparler sur la base du rapport que j’ai demandé au Conseil National de la Formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV).
Nombre des points que je viens d’aborder pourraient être traités dans un projet de loi dédié à la formation professionnelle et à l’apprentissage au début de l’été. D’ici là, nous serons amenés à nous revoir pour le préparer… parce que le dialogue social, pour Michel SAPIN comme pour moi, ce n’est pas une seule fois par an, lors de la Grande conférence sociale qui sera amenée à se réunir à nouveau en juillet prochain. Le dialogue social, c’est toute l’année, en continu. Parce que seul un dialogue permanent permet de prendre en compte en temps réel les préoccupations des uns et des autres et de trouver des compromis imaginatifs et durables.
Bonne année à toutes et à tous !
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 30 janvier 2013