Texte intégral
Intervention au colloque "Regards croisés sur la paix" le 30 octobre 2001 à Ris Orangis :
D'abord, je voudrais vous remercier de cette initiative, de cette invitation et je dois dire que si je l'ai acceptée avec plaisir, en dépit de la vie qui est la mienne - c'est compliqué à gérer avec tous ces déplacements incessants -, c'est parce que je sais qu'il se fait dans cette ville, un travail exceptionnel de dialogue entre les habitants de la ville, entre vous tous, et qu'il règne ici un esprit de concorde qu'on aimerait pouvoir généraliser par un coup de baguette magique, si cela pouvait marcher. Je sais qu'il y avait un sens à répondre à cette invitation et de venir ici dialoguer. Car j'imagine que c'est à travers les questions que s'exprimeront des interrogations, des inquiétudes auxquelles il faut tenter de répondre.
Je dirais les choses simplement : c'est un sujet sur lequel on pourrait passer des jours et des nuits entières. On pourrait le prendre sous l'angle historique, sous l'angle religieux, sous l'angle politique, rappeler les choses, énumérer les enchaînements des drames, des espérances, des désillusions et des déceptions, etc. On peut aussi se mettre à soupeser les torts des uns et des autres - qui est responsable de ceci et de cela ? - et les griefs. On pourrait le faire. C'est facile. Cela durerait très longtemps mais cela ne servirait à rien en réalité.
Alors, je vais prendre le problème dans l'autre sens pour amorcer la discussion et pour vous dire tout de suite le point de conclusion auquel nous sommes arrivés qui est très simple. Il faut essayer, partir de la conclusion pour remonter la situation actuelle et voir ce que nous pouvons faire pour contribuer à débloquer les choses. Le point de conclusion est d'une grande simplicité ! Il y a l'Etat d'Israël. Nous sommes profondément et de toutes nos forces attachés à sa sécurité, à son avenir et à son intégrité. Nous devons prévoir aussi un Etat palestinien qui doit être viable, un terme qui a été introduit il y a quelques années par la France. Il faut un Etat palestinien vrai qui soit à côté, qui soit lui-même stable, qui puisse lui-même garantir la sécurité et à partir de là, on commencera à bâtir le Proche-Orient de demain. Il est arrivé souvent à Shimon Peres, que je respecte beaucoup, de définir la vision d'un Proche-Orient de demain en paix. Cela viendra un jour mais ce n'est pas cela qui peut résoudre le problème actuel.
On peut prendre le problème dans tous les sens, il n'y a pas d'autres solutions de fond. Ou si il y a une autre solution, c'est la situation actuelle, une situation de dégradation sans fin, un abîme qui continue de se creuser entre les deux communautés. D'un côté, les populations israéliennes qui veulent se protéger de la violence, du terrorisme, qui ont le sentiment que toutes les revendications palestiniennes remettent en cause leur existence même. Les populations palestiniennes, de l'autre, privés d'avenir, avec tout ce que cela entraîne comme expériences frustrantes, décourageantes, de déceptions par rapport à des aspirations légitimes et qui se sentent harcelées dans leur vie quotidienne dans les gestes les plus simples. Et les conséquences sont simples : d'un côté la tentation de la répression, de l'autre la haine incoercible, peut-être irrationnelle mais il n'y a plus que cela qui prime. On est dans cette situation. Et pourtant il faudra en revenir au dialogue. Le problème, c'est comment passer de l'un à l'autre et comment fait-on, aujourd'hui, pour parvenir à obtenir des engagements précis, alors qu'on en est à faire les pompiers tous les jours entre discussions, déclarations, négociations ? En ce moment, tout le monde demande au gouvernement israélien de retirer ses troupes de la zone A. Mais, c'est un travail de pompier. Cela ne résout rien au fond. Il faut donc un travail plus systématique.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 05 Novembre 2001)
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Interview à RFI à Ris-Orangis, le 30 octobre 2001 :
Cela fait maintenant des mois et des mois que tout processus de paix est interrompu et qu'on a l'impression d'avoir assisté à la ruine de toutes les espérances qui s'étaient développées depuis les Accords d'Oslo.
Cela fait donc également des mois et des mois que nous faisons tout ce que nous pouvons, d'abord pour arrêter cet engrenage du pire, et la politique folle menée par certains, et pour essayer de reconstruire un processus de paix.
Quand on aura réussi à relancer la recherche de la paix, on retrouvera un certain nombre d'idées sur comment faire naître un Etat palestinien viable, qui puisse coexister avec Israël en assurant et en respectant sa sécurité, c'est la seule solution.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 05 Novembre 2001)
D'abord, je voudrais vous remercier de cette initiative, de cette invitation et je dois dire que si je l'ai acceptée avec plaisir, en dépit de la vie qui est la mienne - c'est compliqué à gérer avec tous ces déplacements incessants -, c'est parce que je sais qu'il se fait dans cette ville, un travail exceptionnel de dialogue entre les habitants de la ville, entre vous tous, et qu'il règne ici un esprit de concorde qu'on aimerait pouvoir généraliser par un coup de baguette magique, si cela pouvait marcher. Je sais qu'il y avait un sens à répondre à cette invitation et de venir ici dialoguer. Car j'imagine que c'est à travers les questions que s'exprimeront des interrogations, des inquiétudes auxquelles il faut tenter de répondre.
Je dirais les choses simplement : c'est un sujet sur lequel on pourrait passer des jours et des nuits entières. On pourrait le prendre sous l'angle historique, sous l'angle religieux, sous l'angle politique, rappeler les choses, énumérer les enchaînements des drames, des espérances, des désillusions et des déceptions, etc. On peut aussi se mettre à soupeser les torts des uns et des autres - qui est responsable de ceci et de cela ? - et les griefs. On pourrait le faire. C'est facile. Cela durerait très longtemps mais cela ne servirait à rien en réalité.
Alors, je vais prendre le problème dans l'autre sens pour amorcer la discussion et pour vous dire tout de suite le point de conclusion auquel nous sommes arrivés qui est très simple. Il faut essayer, partir de la conclusion pour remonter la situation actuelle et voir ce que nous pouvons faire pour contribuer à débloquer les choses. Le point de conclusion est d'une grande simplicité ! Il y a l'Etat d'Israël. Nous sommes profondément et de toutes nos forces attachés à sa sécurité, à son avenir et à son intégrité. Nous devons prévoir aussi un Etat palestinien qui doit être viable, un terme qui a été introduit il y a quelques années par la France. Il faut un Etat palestinien vrai qui soit à côté, qui soit lui-même stable, qui puisse lui-même garantir la sécurité et à partir de là, on commencera à bâtir le Proche-Orient de demain. Il est arrivé souvent à Shimon Peres, que je respecte beaucoup, de définir la vision d'un Proche-Orient de demain en paix. Cela viendra un jour mais ce n'est pas cela qui peut résoudre le problème actuel.
On peut prendre le problème dans tous les sens, il n'y a pas d'autres solutions de fond. Ou si il y a une autre solution, c'est la situation actuelle, une situation de dégradation sans fin, un abîme qui continue de se creuser entre les deux communautés. D'un côté, les populations israéliennes qui veulent se protéger de la violence, du terrorisme, qui ont le sentiment que toutes les revendications palestiniennes remettent en cause leur existence même. Les populations palestiniennes, de l'autre, privés d'avenir, avec tout ce que cela entraîne comme expériences frustrantes, décourageantes, de déceptions par rapport à des aspirations légitimes et qui se sentent harcelées dans leur vie quotidienne dans les gestes les plus simples. Et les conséquences sont simples : d'un côté la tentation de la répression, de l'autre la haine incoercible, peut-être irrationnelle mais il n'y a plus que cela qui prime. On est dans cette situation. Et pourtant il faudra en revenir au dialogue. Le problème, c'est comment passer de l'un à l'autre et comment fait-on, aujourd'hui, pour parvenir à obtenir des engagements précis, alors qu'on en est à faire les pompiers tous les jours entre discussions, déclarations, négociations ? En ce moment, tout le monde demande au gouvernement israélien de retirer ses troupes de la zone A. Mais, c'est un travail de pompier. Cela ne résout rien au fond. Il faut donc un travail plus systématique.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 05 Novembre 2001)
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Interview à RFI à Ris-Orangis, le 30 octobre 2001 :
Cela fait maintenant des mois et des mois que tout processus de paix est interrompu et qu'on a l'impression d'avoir assisté à la ruine de toutes les espérances qui s'étaient développées depuis les Accords d'Oslo.
Cela fait donc également des mois et des mois que nous faisons tout ce que nous pouvons, d'abord pour arrêter cet engrenage du pire, et la politique folle menée par certains, et pour essayer de reconstruire un processus de paix.
Quand on aura réussi à relancer la recherche de la paix, on retrouvera un certain nombre d'idées sur comment faire naître un Etat palestinien viable, qui puisse coexister avec Israël en assurant et en respectant sa sécurité, c'est la seule solution.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 05 Novembre 2001)