Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Directeur général de lINPI,
Mesdames et Messieurs,
Cest, comme vous le savez, la première fois que jassiste à cette cérémonie des Trophées de lInnovation décernés par le jury exigeant de lINPI. Et bien sûr cela ne surprendra personne parce que je suis moi-même la ministre déléguée à lInnovation, cest un véritable plaisir et un grand honneur pour moi dêtre ici ce soir avec vous. La France recèle des talents extraordinaires, des réussites entrepreneuriales remarquables, dont le succès est mondial : Criteo, Exalead Je suis donc particulièrement heureuse de pouvoir féliciter en personne les heureux récipiendaires de ces fameux Trophées.
Permettez moi de commencer par remercier Yves LAPIERRE, directeur général de lINPI, pour lorganisation de ce très bel événement, dans un lieu qui exprime si bien toute la force de linnovation et de la création. Je salue également Alain SEBAN, président du Centre Pompidou, qui nous accueille si chaleureusement ce soir.
Je vous transmets aussi les encouragements chaleureux dArnaud MONTEBOURG, célébrant en ce moment à Berlin lamitié franco-allemande à loccasion des 50 ans du Traité de lElysée. Cette amitié franco-allemande est au coeur du projet européen, facteur de paix et de prospérité sur tout le continent. Elle est aussi à lorigine de succès industriels majeurs, comme Airbus, et dinnovations remarquables, comme dans le pôle de compétitivité Alsace Biovalley, qui fait coopérer des acteurs de Strasbourg et de Fribourg. Je me réjouis donc tout particulièrement que lannée 2013 souvre par la célébration de cette entente.
Je saisis loccasion de ma présence pour vous adresser, à vous tous ici présents, qui êtes les premiers acteurs de lInnovation en France, mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Je souhaite pour ma part quen 2013, le changement se poursuive, et surtout, que 2013 stimule votre créativité, et vous permette de réaliser vos ambitions !
Ce soir, je suis venue vous parler de lavenir proche, mais aussi dun avenir plus lointain. Je voudrais en effet vous présenter lambition quArnaud Montebourg et moi partageons pour lInnovation, qui ne se limite certainement pas à lannée 2013. Notre regard porte bien plus loin.
LInnovation nest pas un concept abstrait : cest une réalité économique et une ambition politique. En quoi consiste-t-elle ? Dabord, créer du nouveau. Mais ce nouveau doit ensuite se traduire concrètement dans la société. Je veux dire par là que linnovation, ce nest pas seulement la recherche scientifique, ce nest pas seulement la R&D ; cest, plus généralement, lutilisation dune idée nouvelle dont la R&D peut bien sûr être à lorigine au service de la création dun produit nouveau, ou dun service nouveau, qui sadresse à un marché spécifique. Pour résumer, linnovation, cest une interaction entre des idées, des techniques et des usages. L'innovation, c'est la science plus les débouchés économiques/le succès économique.
Il y a une véritable tradition française de lInnovation. Nous en connaissons tous les exemples les plus glorieux : Ariane, Airbus, la filière nucléaire, le TGV, les technologies pétrolières, etc. Ces progrès technologiques ont été autant de ruptures positives dans la vie quotidienne des Français et pour léconomie du pays. Ruptures successives qui, réintégrées dans une histoire longue, assurent une continuité paradoxale, celle de la créativité française. De cette histoire, nous sommes les héritiers.
Si je fais ce rappel, ce nest pas pour nous inciter à nous reposer sur nos lauriers. Au contraire, cest une invitation à continuer sur la même voie. Car ces succès ne se limitent pas à un passé révolu : la sonde Curiosity, qui a révélé la présence deau sur Mars cet été, contenait de très nombreux composants français. Restons à lavant-garde !
Malgré les difficultés, malgré la crise, nous y parviendrons, jen suis convaincue, pour peu que nous répartissions mieux notre effort actuel dinnovation.
Ces dernières années, la France a, en effet, malheureusement perdu du terrain dans ce domaine. En dépit dune recherche publique de très haut niveau à laquelle je rends hommage , notre pays est aujourdhui au 14e rang mondial en matière dinnovation. Ce nest quun classement, mais il souligne un phénomène réel.
Ne tournons pas autour du pot : aujourdhui, la France ninnove pas assez. Pourquoi ? Peut-être parce que nous payons notre conception trop restrictive du rôle de lEtat. Il sen tient trop souvent au seul soutien à la recherche et développement, mais néglige la recherche de débouchés commerciaux. Cest dailleurs pour sattaquer à ce paradoxe quun portefeuille ministériel spécifique a été créé, celui de lInnovation, dont, à ma grande fierté, jai la charge. Cest une première dans lhistoire de la République, qui montre que le Gouvernement a pleinement conscience des enjeux.
Dressons dabord le bilan.
Dès 2012, malgré les très fortes contraintes budgétaires, le Gouvernement a donné la priorité à lInnovation. Le Pacte de compétitivité en a fait le principal levier de la stratégie de montée en gamme de notre économie. Ainsi avons-nous garanti la stabilité du CIR sur 5 ans, et celle des budgets des pôles de compétitivité, tandis que le statut de la JEI a été renforcé.
Parallèlement, nous avons créé le Crédit dimpôt Innovation destiné aux PME : les dépenses de prototypage sont maintenant soutenues à hauteur de 20%. Cest donc jusquà 400 000 euros qui peuvent être économisés dans le développement dun nouveau produit. Nous avons aussi pris la décision de créer des plates-formes territoriales de diffusion technologique à Bordeaux, Toulouse et Nantes, dans lesquelles les grands organismes de recherche français ouvriront leur portefeuille de brevets aux PME. Enfin, nous avons amorcé une politique de large mobilisation de la commande publique, en mobilisant les grandes entreprises à capitaux publics pour les inciter à acheter prioritairement aux PME innovantes.
Beaucoup de progrès ont donc déjà été faits, mais nous nen sommes encore quau commencement. Nous voulons ouvrir une nouvelle page pour linnovation dans notre pays.
Cette nouvelle page évitera deux écueils.
Premier écueil, la vision séquentielle de linnovation, dans laquelle on donne beaucoup dargent à un acteur pour développer une technologie puis on tente de la "pousser" vers un marché. Malheureusement, dans ce cas de figure, la technologie trouve trop rarement son marché
Deuxième écueil, la mise en place de politiques purement transverses, ne prenant pas en compte les spécificités des filières. Un soutien indiscriminé à la R&D peut certes augmenter le niveau des dépenses de R&D, mais nen développe pas de nouvelles entreprises pour autant : cest bien là la faiblesse française.
Notre vision de linnovation repose sur la conviction que lentreprise innovante, par sa capacité à mettre en oeuvre un nouveau modèle économique, à faire le lien entre idée et marché, occupe une place centrale dans linnovation. Cest elle quil faut encourager, cest elle qui fera le lien entre notre recherche dont lexcellence est reconnue, et notre tissu économique qui souffre.
La France en est capable : jen veux pour preuve Bertin NAHUM, PDG de Medtech à Montpellier, que jai rencontré la semaine dernière et qui a été classé par la revue canadienne "Discovery Series" le plus révolutionnaire du monde, après Steve JOBS, Mark ZUCKERBERG et James CAMERON.
Notre ambition pour linnovation se résume donc en quatre mots :
-communauté ;
-priorités ;
-solidarité ;
-et pour finir créativité.
Communauté, dabord. Cest à la fois la brique de base et le milieu dans lequel naît et vit linnovation. En effet, linnovation ne se décrète pas. Il ny a pas de processus linéaire, prévisible, de la recherche à la commercialisation. Bien au contraire, linnovation, cest un foisonnement, ce sont des allers-retours incessants, des essais, des erreurs, des progrès, des échanges didées, qui ont lieu dans des communautés.
Notre première priorité est donc de renforcer, délargir ces communautés, où les idées séchangent, où sont identifiés nos nouveaux besoins et les nouvelles façons de les satisfaire. Concrètement, nous venons dentrer dans une nouvelle phase de lexistence des pôles de compétitivité, qui, au cours des six prochaines années, deviendront le pivot de notre système dinnovation. Leur mission sera précisément de construire ces liens entre lidée et lusage. Désormais, les projets seront suivis et accompagnés tout au long de leur durée, de leur invention jusquà leur industrialisation et leur commercialisation. Les débouchés économiques seront lobjectif numéro 1 des pôles, sur lesquels ils seront évalués. En résumé, les pôles deviendront des "usines à produits davenir".
Pour accompagner les pôles dans cet effort, 100 millions deuros issus du PIA ont été affectés à un programme dindustrialisation des projets développés par les pôles de compétitivité, ce qui représente un effort tout à fait significatif de la part du Gouvernement.
Nous irons plus loin cette année dans la consolidation de nos communautés innovantes ; la mission qu'avec Arnaud MONTEBOURG et Geneviève FIORASO, jai confiée à Jean Luc BEYLAT et Pierre TAMBOURIN - je tiens à les saluer - remettra son rapport en mars prochain. Sur cette base, nous entamerons une vaste réforme de notre système dinnovation, dans le sens dun rapprochement entre les différentes institutions, les grandes entreprises et les PME. Cette réforme sera ambitieuse : la culture de linnovation et lusage de lépargne des Français seront également au programme.
Cest essentiel, car cest le brassage des cultures et des expériences qui est au coeur du processus dinnovation.
Nous veillerons enfin à ce que ces communautés dépassent le cercle des spécialistes de la technologie : les spécialistes des usages doivent y prendre une part accrue. Cest le cas des acteurs du financement, qui seront plus impliqués dans les pôles. Mais cela va plus loin encore. La France possède une grande tradition de design, fortement reconnue dans le monde entier, qui est habituellement négligée par nos politiques : je veillerai à y remédier, car linnovation nest pas uniquement technologique.
Bref, vous laurez compris, notre ambition, cest de renforcer le maillage et linteraction des communautés productrices didées nouvelles. Notre ambition, cest de faire apparaître des communautés au premier rang mondial en matière de dynamisme.
Priorités, ensuite. Jentends par là : priorités de lEtat. Autrement dit : quel rôle pour lEtat dans notre stratégie dinnovation ?
Au risque de provoquer quelques grincements de dents, jaffirme que lEtat doit être à nouveau capable, comme il le fit par le passé et avec succès , de définir des priorités au service de linnovation française. Force dimpulsion et facteur démulation, il doit encourager et catalyser leffervescence des communautés autour des grands défis qui engagent lavenir même de la France.
Cest à la fois un choix stratégique et une conviction politique. Depuis 30 ans, les thuriféraires du néo-libéralisme nous ont fait croire quil suffisait de soutenir la R&D pour que les nouvelles industries se développent delles-mêmes et quelles fleurissent naturellement sur lensemble du territoire national. Aujourdhui, nous savons que cétait une erreur : depuis 30 ans, même si elle possède de formidables atouts industriels et technologiques, la France na produit aucun nouveau grand leader industriel. On a beau essayer de la tordre dans tous les sens, la réalité reste la réalité. Les faits sont têtus, comme disait lautre
Les nations qui aujourdhui sen sortent le mieux dans la compétition internationale sont précisément celles qui soutiennent leur industrie. Prenons lexemple des Etats-Unis, si souvent cité par les hérauts du néo-libéralisme : si le Pentagone navait pas financé la recherche sur les semi-conducteurs, jamais la Silicon Valley naurait pu exister. La Chine consacre 15 milliards deuros à la création dun champion aéronautique.
Pour que lEtat joue pleinement son rôle et contribue à dynamiser le tissu industriel français, nous avons donc pris la décision de mettre en place un programme de soutien aux innovations de ruptures, dores et déjà doté de 150 millions deuros, dont la Banque Publique dInvestissement sera lopérateur. Ainsi, en fonction de nos atouts et de nos savoir-faire, lEtat déterminera-t-il les défis à relever, dans des secteurs aussi différents que lénergie notamment les énergies renouvelables , le numérique, la santé, etc. Notre objectif sera daccompagner la création des grands champions industriels de demain : pourquoi les Google de 2030 ne pourraient-ils pas naître parmi nos PME et nos ETI, aidées et renforcées ? Nous ne devons donc pas hésiter à encourager la prise de risque et lesprit dentreprise, sans lesquels les champions de demain ne pourront exister.
LEtat doit également aider à ce que linnovation infuse dans toute notre économie, que ce soit dans des secteurs en émergence ou des secteurs matures. Dès maintenant, 300 millions deuros de prêts bonifiés les prêts numériques seront donc accordés aux PME afin que celles-ci investissent dans les technologies numériques de production. Dans cet esprit, nous encouragerons les organismes de recherche à ouvrir leur portefeuille de brevets pour renforcer les PME, avec les plates-formes de diffusion technologique qui sont en cours de création à Toulouse, Nantes et Bordeaux. De même, nous prendrons exemple sur les instituts Fraunhofer allemands, qui font travailler les chercheurs quils emploient avec les entreprises qui les entourent pour les aider à développer de nouvelles solutions et de nouveaux produits. Nous renforcerons donc lensemble de nos instituts Carnot.
Comme vous pouvez donc le constater, nous sommes en train de définir un nouveau rôle de la puissance publique. Notre ambition, cest de désigner des priorités. Notre ambition, c'est dorganiser une émulation dans ces directions bien choisies, pour aider les champions de demain à éclore.
Solidarité, enfin. Si linnovation doit servir lintérêt général, la solidarité nationale doit, elle aussi, être au service de linnovation. Lun ne va pas sans lautre. Leffort dinnovation est un défi qui engage la Nation tout entière, et qui, par conséquent, doit mobiliser aussi bien lEtat que lensemble des Français.
LEtat et ses opérateurs ont donc pris lengagement de consacrer à linnovation 2% de la commande publique, pour un gain de chiffres daffaires estimé entre 500 millions et 1 milliards deuros.
Pour atteindre cet objectif, nous organiserons à Bercy des rencontres entre les acheteurs des administrations dun côté et les PME innovantes, de lautre, pour que les acheteurs connaissent notre tissu national dentreprises innovantes et puissent orienter intelligemment la commande publique. Je peux dores et déjà vous annoncer qu'en mars prochain aura lieu la première conférence sur lachat public innovant, à Bercy. Tous les acteurs publics sont donc mobilisés.
Cette mobilisation tous azimuts concernera également lépargne de nos concitoyens, en vue du financement du capital-risque et de la croissance de nos PME. En effet, leffort français en matière de capital-risque est encore trop limité. Nos concitoyens rechignent à investir dans nos entreprises, et, au contraire des anglo-saxons, ont tendance à préférer la dette des Etats, en imaginant que le risque est plus faible. Je ne sais pas si cest le cas, mais ce que je peux vous dire, cest que nous voyons en France encore trop de projets, originaux et ambitieux, qui ne peuvent se développer et créer des emplois par manque dinvestissement. Cette question nous concerne donc tous, elle sera aussi traitée cette année. Nous voulons en effet encourager les Français à investir massivement dans linnovation, dans les entreprises qui feront la France de demain.
La Banque Publique dInvestissement sera elle aussi mobilisée au service de cet enjeu de solidarité nationale : elle proposera dailleurs cet été son nouveau plan stratégique dintervention, qui fera la part belle aux produits de soutien à linnovation. Et dès maintenant, elle permettra le préfinancement du Crédit Impôt Recherche. Ainsi, serons-nous également parés, au cours des années qui viennent, de ce côté-là.
La solidarité nationale doit aussi impliquer les grandes entreprises. Elles doivent donner lexemple, entretenir leur écosystème, par solidarité nationale mais aussi dans leur propre intérêt. Les initiatives sont nombreuses : organiser une politique dachat qui permette réellement aux PME innovantes de répondre ; travailler avec des PME lors de ses projets de recherche ; respecter la propriété intellectuelle de ses sous-traitants ; investir en fonds propres dans les PME à fort potentiel de croissance ; respecter et développer les PME quon rachète, et ne pas simplement chercher à étouffer des solutions alternatives. Certaines grandes entreprises ont déjà pris des engagements : je souhaite que toutes progressent dans cette voie.
Notre ambition, cest de créer cette solidarité avec les entreprises innovantes, par tous les moyens possibles. Notre ambition, cest dorganiser une mobilisation nationale en faveur de linnovation.
Je voudrais finir sur le quatrième mot dordre, la créativité, qui est la raison dêtre des trois autres.
Cette créativité, nous devons lencourager, la promouvoir. Je souhaite valoriser la culture de linnovation dans un pays où le risque, linventivité ne sont pas encouragés à la mesure de leur importance.
Pour la rendre possible, il faut aussi la protéger : la propriété intellectuelle est ainsi un front décisif sur lequel nous devons nous battre. Je vais dailleurs proposer un plan daction ambitieux sur le sujet. Les circonstances sont historiques : Paris accueillera dès le 1er janvier 2014 le siège de la nouvelle juridiction européenne, qui sera compétente sur lensemble du continent. Ces derniers temps, on entend souvent vanter le dynamisme de Berlin, qui attirerait toutes les start-ups dEurope. Je ne me résous pas à cette situation, car je crois que la France possède des atouts indéniables. Je suis convaincue que les entreprises peuvent y fleurir. Et linstallation de la juridiction européenne des brevets à Paris renforce la pertinence de ce projet. Nous allons en profiter pour renforcer notre influence mondiale dans le domaine de la propriété industrielle.
Premier volet du plan que je vais mettre en oeuvre : les moyens de protection des titres des entreprises françaises seront renforcés, car la propriété industrielle est un déterminant de la souveraineté nationale. Les brevets sont une ressource stratégique dans la compétition internationale. France Brevets sera consolidé, à la fois pour aider nos PME à mieux défendre leurs actifs et pour mettre en sécurité certains brevets stratégiques nationaux. Mais France Brevets ira encore plus loin, et développera une place des brevets, qui permettra aux PME de mieux les valoriser et les exploiter.
Nos marques, richesse énorme issue de notre histoire et de nos savoir-faire accumulés au cours du temps, seront aussi mieux défendues : je lutterai aussi fermement contre la contrefaçon, qui sera plus efficacement et plus fermement réprimée. Enfin, en maintenant mon opposition à la brevetabilité du logiciel, je réfléchirai à la meilleure façon daccompagner les acteurs du logiciel dans la protection du droit d'auteur.
Deuxième volet de ce plan, nous avons lintention de développer et de valoriser la propriété intellectuelle détenue par les entreprises, surtout les PME. LINPI renforcera ses capacités daccompagnement des PME, maintiendra sa politique de tarifs préférentiels aux PME, pour la constitution et la défense de leur patrimoine, politique de nous tenterons détendre au brevet européen. La France, sappuyant en particulier sur lAFNOR, mettra en place une stratégie dinfluence dans les comités de normalisation, qui permettent dobtenir et de maintenir des avantages concurrentiels significatifs.
Grâce à ce plan, la France sera mieux armée pour faire valoir son ingéniosité. Notre ambition, cest que la France puisse exprimer toute sa créativité.
Car face à la crise, et contre les prophètes de malheur adeptes du déclinisme, notre créativité sera notre meilleure réponse que nous pouvons apporter. La France est très loin davoir dit son dernier mot. Mon ambition est claire : je souhaite faire de la France une place de tout premier rang mondial en matière dinnovation. Cest aussi pour cela que je veux faire de Paris la Capitale Numérique Européenne, en y créant des quartiers numériques dans lesquels les entreprises se multiplieront. Le Gouvernement a pris la mesure de ce défi essentiel : le pacte pour la croissance, la compétitivité et lemploi que nous avons lancé place justement linnovation au coeur de la stratégie de redressement de notre pays. Cette excellence en matière dinnovation fera lattractivité de la France pour les entrepreneurs de tous les pays : cette attractivité, je suis chargée den faire la promotion à létranger pour lensemble du Gouvernement.
Pour cette année qui commence, je souhaite vous dire que je compte sur vous. Puisque nous célébrons le cinquantième anniversaire du Traité de lElysée, je minspirerai de nos amis allemands : "Erst der Ernst macht den Mann, erst der Fleiß das Genie", disait Theodor FONTANE qui veut dire "Seul le sérieux fait l'homme, seul le travail fait le génie".
Cest sur votre travail que repose lavenir de notre pays.
Vous, acteurs de linnovation, vous êtes la clef du redressement de notre pays. Vous êtes la clef du Redressement productif, bien sûr, mais votre mission va plus loin. Notre pays qui a tant douté, vous allez le faire renouer avec le progrès. Avec le progrès technologique, mais surtout avec le progrès social quil prépare. Car, de même que je suis convaincue qu'un pays cloisonné et retranché sur lui-même ne sait plus innover, de même je sais quun pays qui innove est un pays dans lequel les idées et les personnes circulent, un pays ouvert, un pays tolérant, un pays où la progression sociale est possible, et où le mérite est récompensé.
Cest cela, la plus belle des ambitions pour linnovation.
Je vous remercie.
Source http://www.redressement-productif.gouv.fr, le 25 janvier 2013
Monsieur le Directeur général de lINPI,
Mesdames et Messieurs,
Cest, comme vous le savez, la première fois que jassiste à cette cérémonie des Trophées de lInnovation décernés par le jury exigeant de lINPI. Et bien sûr cela ne surprendra personne parce que je suis moi-même la ministre déléguée à lInnovation, cest un véritable plaisir et un grand honneur pour moi dêtre ici ce soir avec vous. La France recèle des talents extraordinaires, des réussites entrepreneuriales remarquables, dont le succès est mondial : Criteo, Exalead Je suis donc particulièrement heureuse de pouvoir féliciter en personne les heureux récipiendaires de ces fameux Trophées.
Permettez moi de commencer par remercier Yves LAPIERRE, directeur général de lINPI, pour lorganisation de ce très bel événement, dans un lieu qui exprime si bien toute la force de linnovation et de la création. Je salue également Alain SEBAN, président du Centre Pompidou, qui nous accueille si chaleureusement ce soir.
Je vous transmets aussi les encouragements chaleureux dArnaud MONTEBOURG, célébrant en ce moment à Berlin lamitié franco-allemande à loccasion des 50 ans du Traité de lElysée. Cette amitié franco-allemande est au coeur du projet européen, facteur de paix et de prospérité sur tout le continent. Elle est aussi à lorigine de succès industriels majeurs, comme Airbus, et dinnovations remarquables, comme dans le pôle de compétitivité Alsace Biovalley, qui fait coopérer des acteurs de Strasbourg et de Fribourg. Je me réjouis donc tout particulièrement que lannée 2013 souvre par la célébration de cette entente.
Je saisis loccasion de ma présence pour vous adresser, à vous tous ici présents, qui êtes les premiers acteurs de lInnovation en France, mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Je souhaite pour ma part quen 2013, le changement se poursuive, et surtout, que 2013 stimule votre créativité, et vous permette de réaliser vos ambitions !
Ce soir, je suis venue vous parler de lavenir proche, mais aussi dun avenir plus lointain. Je voudrais en effet vous présenter lambition quArnaud Montebourg et moi partageons pour lInnovation, qui ne se limite certainement pas à lannée 2013. Notre regard porte bien plus loin.
LInnovation nest pas un concept abstrait : cest une réalité économique et une ambition politique. En quoi consiste-t-elle ? Dabord, créer du nouveau. Mais ce nouveau doit ensuite se traduire concrètement dans la société. Je veux dire par là que linnovation, ce nest pas seulement la recherche scientifique, ce nest pas seulement la R&D ; cest, plus généralement, lutilisation dune idée nouvelle dont la R&D peut bien sûr être à lorigine au service de la création dun produit nouveau, ou dun service nouveau, qui sadresse à un marché spécifique. Pour résumer, linnovation, cest une interaction entre des idées, des techniques et des usages. L'innovation, c'est la science plus les débouchés économiques/le succès économique.
Il y a une véritable tradition française de lInnovation. Nous en connaissons tous les exemples les plus glorieux : Ariane, Airbus, la filière nucléaire, le TGV, les technologies pétrolières, etc. Ces progrès technologiques ont été autant de ruptures positives dans la vie quotidienne des Français et pour léconomie du pays. Ruptures successives qui, réintégrées dans une histoire longue, assurent une continuité paradoxale, celle de la créativité française. De cette histoire, nous sommes les héritiers.
Si je fais ce rappel, ce nest pas pour nous inciter à nous reposer sur nos lauriers. Au contraire, cest une invitation à continuer sur la même voie. Car ces succès ne se limitent pas à un passé révolu : la sonde Curiosity, qui a révélé la présence deau sur Mars cet été, contenait de très nombreux composants français. Restons à lavant-garde !
Malgré les difficultés, malgré la crise, nous y parviendrons, jen suis convaincue, pour peu que nous répartissions mieux notre effort actuel dinnovation.
Ces dernières années, la France a, en effet, malheureusement perdu du terrain dans ce domaine. En dépit dune recherche publique de très haut niveau à laquelle je rends hommage , notre pays est aujourdhui au 14e rang mondial en matière dinnovation. Ce nest quun classement, mais il souligne un phénomène réel.
Ne tournons pas autour du pot : aujourdhui, la France ninnove pas assez. Pourquoi ? Peut-être parce que nous payons notre conception trop restrictive du rôle de lEtat. Il sen tient trop souvent au seul soutien à la recherche et développement, mais néglige la recherche de débouchés commerciaux. Cest dailleurs pour sattaquer à ce paradoxe quun portefeuille ministériel spécifique a été créé, celui de lInnovation, dont, à ma grande fierté, jai la charge. Cest une première dans lhistoire de la République, qui montre que le Gouvernement a pleinement conscience des enjeux.
Dressons dabord le bilan.
Dès 2012, malgré les très fortes contraintes budgétaires, le Gouvernement a donné la priorité à lInnovation. Le Pacte de compétitivité en a fait le principal levier de la stratégie de montée en gamme de notre économie. Ainsi avons-nous garanti la stabilité du CIR sur 5 ans, et celle des budgets des pôles de compétitivité, tandis que le statut de la JEI a été renforcé.
Parallèlement, nous avons créé le Crédit dimpôt Innovation destiné aux PME : les dépenses de prototypage sont maintenant soutenues à hauteur de 20%. Cest donc jusquà 400 000 euros qui peuvent être économisés dans le développement dun nouveau produit. Nous avons aussi pris la décision de créer des plates-formes territoriales de diffusion technologique à Bordeaux, Toulouse et Nantes, dans lesquelles les grands organismes de recherche français ouvriront leur portefeuille de brevets aux PME. Enfin, nous avons amorcé une politique de large mobilisation de la commande publique, en mobilisant les grandes entreprises à capitaux publics pour les inciter à acheter prioritairement aux PME innovantes.
Beaucoup de progrès ont donc déjà été faits, mais nous nen sommes encore quau commencement. Nous voulons ouvrir une nouvelle page pour linnovation dans notre pays.
Cette nouvelle page évitera deux écueils.
Premier écueil, la vision séquentielle de linnovation, dans laquelle on donne beaucoup dargent à un acteur pour développer une technologie puis on tente de la "pousser" vers un marché. Malheureusement, dans ce cas de figure, la technologie trouve trop rarement son marché
Deuxième écueil, la mise en place de politiques purement transverses, ne prenant pas en compte les spécificités des filières. Un soutien indiscriminé à la R&D peut certes augmenter le niveau des dépenses de R&D, mais nen développe pas de nouvelles entreprises pour autant : cest bien là la faiblesse française.
Notre vision de linnovation repose sur la conviction que lentreprise innovante, par sa capacité à mettre en oeuvre un nouveau modèle économique, à faire le lien entre idée et marché, occupe une place centrale dans linnovation. Cest elle quil faut encourager, cest elle qui fera le lien entre notre recherche dont lexcellence est reconnue, et notre tissu économique qui souffre.
La France en est capable : jen veux pour preuve Bertin NAHUM, PDG de Medtech à Montpellier, que jai rencontré la semaine dernière et qui a été classé par la revue canadienne "Discovery Series" le plus révolutionnaire du monde, après Steve JOBS, Mark ZUCKERBERG et James CAMERON.
Notre ambition pour linnovation se résume donc en quatre mots :
-communauté ;
-priorités ;
-solidarité ;
-et pour finir créativité.
Communauté, dabord. Cest à la fois la brique de base et le milieu dans lequel naît et vit linnovation. En effet, linnovation ne se décrète pas. Il ny a pas de processus linéaire, prévisible, de la recherche à la commercialisation. Bien au contraire, linnovation, cest un foisonnement, ce sont des allers-retours incessants, des essais, des erreurs, des progrès, des échanges didées, qui ont lieu dans des communautés.
Notre première priorité est donc de renforcer, délargir ces communautés, où les idées séchangent, où sont identifiés nos nouveaux besoins et les nouvelles façons de les satisfaire. Concrètement, nous venons dentrer dans une nouvelle phase de lexistence des pôles de compétitivité, qui, au cours des six prochaines années, deviendront le pivot de notre système dinnovation. Leur mission sera précisément de construire ces liens entre lidée et lusage. Désormais, les projets seront suivis et accompagnés tout au long de leur durée, de leur invention jusquà leur industrialisation et leur commercialisation. Les débouchés économiques seront lobjectif numéro 1 des pôles, sur lesquels ils seront évalués. En résumé, les pôles deviendront des "usines à produits davenir".
Pour accompagner les pôles dans cet effort, 100 millions deuros issus du PIA ont été affectés à un programme dindustrialisation des projets développés par les pôles de compétitivité, ce qui représente un effort tout à fait significatif de la part du Gouvernement.
Nous irons plus loin cette année dans la consolidation de nos communautés innovantes ; la mission qu'avec Arnaud MONTEBOURG et Geneviève FIORASO, jai confiée à Jean Luc BEYLAT et Pierre TAMBOURIN - je tiens à les saluer - remettra son rapport en mars prochain. Sur cette base, nous entamerons une vaste réforme de notre système dinnovation, dans le sens dun rapprochement entre les différentes institutions, les grandes entreprises et les PME. Cette réforme sera ambitieuse : la culture de linnovation et lusage de lépargne des Français seront également au programme.
Cest essentiel, car cest le brassage des cultures et des expériences qui est au coeur du processus dinnovation.
Nous veillerons enfin à ce que ces communautés dépassent le cercle des spécialistes de la technologie : les spécialistes des usages doivent y prendre une part accrue. Cest le cas des acteurs du financement, qui seront plus impliqués dans les pôles. Mais cela va plus loin encore. La France possède une grande tradition de design, fortement reconnue dans le monde entier, qui est habituellement négligée par nos politiques : je veillerai à y remédier, car linnovation nest pas uniquement technologique.
Bref, vous laurez compris, notre ambition, cest de renforcer le maillage et linteraction des communautés productrices didées nouvelles. Notre ambition, cest de faire apparaître des communautés au premier rang mondial en matière de dynamisme.
Priorités, ensuite. Jentends par là : priorités de lEtat. Autrement dit : quel rôle pour lEtat dans notre stratégie dinnovation ?
Au risque de provoquer quelques grincements de dents, jaffirme que lEtat doit être à nouveau capable, comme il le fit par le passé et avec succès , de définir des priorités au service de linnovation française. Force dimpulsion et facteur démulation, il doit encourager et catalyser leffervescence des communautés autour des grands défis qui engagent lavenir même de la France.
Cest à la fois un choix stratégique et une conviction politique. Depuis 30 ans, les thuriféraires du néo-libéralisme nous ont fait croire quil suffisait de soutenir la R&D pour que les nouvelles industries se développent delles-mêmes et quelles fleurissent naturellement sur lensemble du territoire national. Aujourdhui, nous savons que cétait une erreur : depuis 30 ans, même si elle possède de formidables atouts industriels et technologiques, la France na produit aucun nouveau grand leader industriel. On a beau essayer de la tordre dans tous les sens, la réalité reste la réalité. Les faits sont têtus, comme disait lautre
Les nations qui aujourdhui sen sortent le mieux dans la compétition internationale sont précisément celles qui soutiennent leur industrie. Prenons lexemple des Etats-Unis, si souvent cité par les hérauts du néo-libéralisme : si le Pentagone navait pas financé la recherche sur les semi-conducteurs, jamais la Silicon Valley naurait pu exister. La Chine consacre 15 milliards deuros à la création dun champion aéronautique.
Pour que lEtat joue pleinement son rôle et contribue à dynamiser le tissu industriel français, nous avons donc pris la décision de mettre en place un programme de soutien aux innovations de ruptures, dores et déjà doté de 150 millions deuros, dont la Banque Publique dInvestissement sera lopérateur. Ainsi, en fonction de nos atouts et de nos savoir-faire, lEtat déterminera-t-il les défis à relever, dans des secteurs aussi différents que lénergie notamment les énergies renouvelables , le numérique, la santé, etc. Notre objectif sera daccompagner la création des grands champions industriels de demain : pourquoi les Google de 2030 ne pourraient-ils pas naître parmi nos PME et nos ETI, aidées et renforcées ? Nous ne devons donc pas hésiter à encourager la prise de risque et lesprit dentreprise, sans lesquels les champions de demain ne pourront exister.
LEtat doit également aider à ce que linnovation infuse dans toute notre économie, que ce soit dans des secteurs en émergence ou des secteurs matures. Dès maintenant, 300 millions deuros de prêts bonifiés les prêts numériques seront donc accordés aux PME afin que celles-ci investissent dans les technologies numériques de production. Dans cet esprit, nous encouragerons les organismes de recherche à ouvrir leur portefeuille de brevets pour renforcer les PME, avec les plates-formes de diffusion technologique qui sont en cours de création à Toulouse, Nantes et Bordeaux. De même, nous prendrons exemple sur les instituts Fraunhofer allemands, qui font travailler les chercheurs quils emploient avec les entreprises qui les entourent pour les aider à développer de nouvelles solutions et de nouveaux produits. Nous renforcerons donc lensemble de nos instituts Carnot.
Comme vous pouvez donc le constater, nous sommes en train de définir un nouveau rôle de la puissance publique. Notre ambition, cest de désigner des priorités. Notre ambition, c'est dorganiser une émulation dans ces directions bien choisies, pour aider les champions de demain à éclore.
Solidarité, enfin. Si linnovation doit servir lintérêt général, la solidarité nationale doit, elle aussi, être au service de linnovation. Lun ne va pas sans lautre. Leffort dinnovation est un défi qui engage la Nation tout entière, et qui, par conséquent, doit mobiliser aussi bien lEtat que lensemble des Français.
LEtat et ses opérateurs ont donc pris lengagement de consacrer à linnovation 2% de la commande publique, pour un gain de chiffres daffaires estimé entre 500 millions et 1 milliards deuros.
Pour atteindre cet objectif, nous organiserons à Bercy des rencontres entre les acheteurs des administrations dun côté et les PME innovantes, de lautre, pour que les acheteurs connaissent notre tissu national dentreprises innovantes et puissent orienter intelligemment la commande publique. Je peux dores et déjà vous annoncer qu'en mars prochain aura lieu la première conférence sur lachat public innovant, à Bercy. Tous les acteurs publics sont donc mobilisés.
Cette mobilisation tous azimuts concernera également lépargne de nos concitoyens, en vue du financement du capital-risque et de la croissance de nos PME. En effet, leffort français en matière de capital-risque est encore trop limité. Nos concitoyens rechignent à investir dans nos entreprises, et, au contraire des anglo-saxons, ont tendance à préférer la dette des Etats, en imaginant que le risque est plus faible. Je ne sais pas si cest le cas, mais ce que je peux vous dire, cest que nous voyons en France encore trop de projets, originaux et ambitieux, qui ne peuvent se développer et créer des emplois par manque dinvestissement. Cette question nous concerne donc tous, elle sera aussi traitée cette année. Nous voulons en effet encourager les Français à investir massivement dans linnovation, dans les entreprises qui feront la France de demain.
La Banque Publique dInvestissement sera elle aussi mobilisée au service de cet enjeu de solidarité nationale : elle proposera dailleurs cet été son nouveau plan stratégique dintervention, qui fera la part belle aux produits de soutien à linnovation. Et dès maintenant, elle permettra le préfinancement du Crédit Impôt Recherche. Ainsi, serons-nous également parés, au cours des années qui viennent, de ce côté-là.
La solidarité nationale doit aussi impliquer les grandes entreprises. Elles doivent donner lexemple, entretenir leur écosystème, par solidarité nationale mais aussi dans leur propre intérêt. Les initiatives sont nombreuses : organiser une politique dachat qui permette réellement aux PME innovantes de répondre ; travailler avec des PME lors de ses projets de recherche ; respecter la propriété intellectuelle de ses sous-traitants ; investir en fonds propres dans les PME à fort potentiel de croissance ; respecter et développer les PME quon rachète, et ne pas simplement chercher à étouffer des solutions alternatives. Certaines grandes entreprises ont déjà pris des engagements : je souhaite que toutes progressent dans cette voie.
Notre ambition, cest de créer cette solidarité avec les entreprises innovantes, par tous les moyens possibles. Notre ambition, cest dorganiser une mobilisation nationale en faveur de linnovation.
Je voudrais finir sur le quatrième mot dordre, la créativité, qui est la raison dêtre des trois autres.
Cette créativité, nous devons lencourager, la promouvoir. Je souhaite valoriser la culture de linnovation dans un pays où le risque, linventivité ne sont pas encouragés à la mesure de leur importance.
Pour la rendre possible, il faut aussi la protéger : la propriété intellectuelle est ainsi un front décisif sur lequel nous devons nous battre. Je vais dailleurs proposer un plan daction ambitieux sur le sujet. Les circonstances sont historiques : Paris accueillera dès le 1er janvier 2014 le siège de la nouvelle juridiction européenne, qui sera compétente sur lensemble du continent. Ces derniers temps, on entend souvent vanter le dynamisme de Berlin, qui attirerait toutes les start-ups dEurope. Je ne me résous pas à cette situation, car je crois que la France possède des atouts indéniables. Je suis convaincue que les entreprises peuvent y fleurir. Et linstallation de la juridiction européenne des brevets à Paris renforce la pertinence de ce projet. Nous allons en profiter pour renforcer notre influence mondiale dans le domaine de la propriété industrielle.
Premier volet du plan que je vais mettre en oeuvre : les moyens de protection des titres des entreprises françaises seront renforcés, car la propriété industrielle est un déterminant de la souveraineté nationale. Les brevets sont une ressource stratégique dans la compétition internationale. France Brevets sera consolidé, à la fois pour aider nos PME à mieux défendre leurs actifs et pour mettre en sécurité certains brevets stratégiques nationaux. Mais France Brevets ira encore plus loin, et développera une place des brevets, qui permettra aux PME de mieux les valoriser et les exploiter.
Nos marques, richesse énorme issue de notre histoire et de nos savoir-faire accumulés au cours du temps, seront aussi mieux défendues : je lutterai aussi fermement contre la contrefaçon, qui sera plus efficacement et plus fermement réprimée. Enfin, en maintenant mon opposition à la brevetabilité du logiciel, je réfléchirai à la meilleure façon daccompagner les acteurs du logiciel dans la protection du droit d'auteur.
Deuxième volet de ce plan, nous avons lintention de développer et de valoriser la propriété intellectuelle détenue par les entreprises, surtout les PME. LINPI renforcera ses capacités daccompagnement des PME, maintiendra sa politique de tarifs préférentiels aux PME, pour la constitution et la défense de leur patrimoine, politique de nous tenterons détendre au brevet européen. La France, sappuyant en particulier sur lAFNOR, mettra en place une stratégie dinfluence dans les comités de normalisation, qui permettent dobtenir et de maintenir des avantages concurrentiels significatifs.
Grâce à ce plan, la France sera mieux armée pour faire valoir son ingéniosité. Notre ambition, cest que la France puisse exprimer toute sa créativité.
Car face à la crise, et contre les prophètes de malheur adeptes du déclinisme, notre créativité sera notre meilleure réponse que nous pouvons apporter. La France est très loin davoir dit son dernier mot. Mon ambition est claire : je souhaite faire de la France une place de tout premier rang mondial en matière dinnovation. Cest aussi pour cela que je veux faire de Paris la Capitale Numérique Européenne, en y créant des quartiers numériques dans lesquels les entreprises se multiplieront. Le Gouvernement a pris la mesure de ce défi essentiel : le pacte pour la croissance, la compétitivité et lemploi que nous avons lancé place justement linnovation au coeur de la stratégie de redressement de notre pays. Cette excellence en matière dinnovation fera lattractivité de la France pour les entrepreneurs de tous les pays : cette attractivité, je suis chargée den faire la promotion à létranger pour lensemble du Gouvernement.
Pour cette année qui commence, je souhaite vous dire que je compte sur vous. Puisque nous célébrons le cinquantième anniversaire du Traité de lElysée, je minspirerai de nos amis allemands : "Erst der Ernst macht den Mann, erst der Fleiß das Genie", disait Theodor FONTANE qui veut dire "Seul le sérieux fait l'homme, seul le travail fait le génie".
Cest sur votre travail que repose lavenir de notre pays.
Vous, acteurs de linnovation, vous êtes la clef du redressement de notre pays. Vous êtes la clef du Redressement productif, bien sûr, mais votre mission va plus loin. Notre pays qui a tant douté, vous allez le faire renouer avec le progrès. Avec le progrès technologique, mais surtout avec le progrès social quil prépare. Car, de même que je suis convaincue qu'un pays cloisonné et retranché sur lui-même ne sait plus innover, de même je sais quun pays qui innove est un pays dans lequel les idées et les personnes circulent, un pays ouvert, un pays tolérant, un pays où la progression sociale est possible, et où le mérite est récompensé.
Cest cela, la plus belle des ambitions pour linnovation.
Je vous remercie.
Source http://www.redressement-productif.gouv.fr, le 25 janvier 2013