Déclaration de Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, sur la politique de l'environnement, la création et la gestion d'organismes publics de l'environnement, Orléans le 18 juin 2001.

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Circonstance : Déplacement à la Diren (Direction régionale de l'environnement) et à l'Ifen (Institut français de l'environnement), à Orléans le 18 juin 2001-discours à l'Ifen

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le maire,
Messieurs les président et directeur de l'Ifen,
Mesdames et messieurs,
Je suis très heureuse d'être maintenant avec vous et de poursuivre à l'Ifen, à l'occasion de la signature de son contrat d'objectif, ce déplacement orléanais. Je tiens, pour commencer, à vous remercier tout particulièrement de votre accueil ce matin, car je sais que ma venue intervient pour vous à un moment très difficile, pour les raisons rappelées à l'instant par Vincent Jacques Le Seigneur, la disparition de l'un de vos collègues de travail, et pour beaucoup d'un ami.
Permettez moi, très simplement, de m'associer à votre peine et de vous exprimer en cette occasion toute ma sympathie. Je fais bien volontiers mienne l'idée de lui dédier cette journée.
Ce déplacement a, comme vous le savez, débuté ce matin, à la Direction Régionale de l'Environnement, où, à l'invitation du président de l'Etablissement public d'aménagement de la Loire et de ses affluents, j'ai inauguré le réseau Cristal modernisé.
Je dois vous dire que j'ai été très intéressée et très satisfaite par ce que j'y ai vu. Comme j'ai eu l'occasion de le dire il y a une heure, le réseau Cristal d'acquisition et de gestion de données hydrologiques, outil commun pour connaître et gérer une ressource commune, est un excellent exemple d'un partenariat fructueux entre les collectivités locales et leurs établissements publics de coopération, l'agence de l'eau et l'Etat, dans toutes ses composantes.
Je suis particulièrement heureuse que cet outil ait pu être modernisé de par la volonté commune des différents acteurs associés dans ce projet, afin d'améliorer encore son utilité, son efficacité, et le service rendu à tous ses bénéficiaires.
Je me suis également réjouie d'avoir l'occasion de rencontrer les personnels de la Diren et de dialoguer avec eux, comme j'aurai aussi la possibilité de le faire avec vous dans quelques minutes. La Diren Centre, en tant que Diren de bassin, est une Direction régionale particulièrement importante, en termes d'effectifs et de missions à remplir.
Vous savez qu'au cours de ces dernières années, l'une de mes actions prioritaires à la tête du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement a été de renforcer les Diren, instrument essentiel de mise en uvre des politiques de l'environnement. Ce renforcement passe à la fois par une meilleure reconnaissance de leur rôle, et notamment celui de " tête de réseau ", mais aussi par l'augmentation, sensible, de leurs effectifs.
Grâce au fait que le budget de l'Environnement a été prioritaire chaque année depuis le début de l'actuelle législature, beaucoup a pu être fait en ce domaine. En 2001, ce sont ainsi près de 140 emplois qui ont été ou seront créés en Diren, dont les effectifs totaux seront ainsi passés de 1.100 à près de 1.400 depuis 1998. Ce mouvement, déjà très important, sera poursuivi en 2002, année pour laquelle le budget de l'environnement sera, pour la quatrième année consécutive, budget prioritaire, ce qui ne s'était jamais vu. La Diren Centre, dont les effectifs ont cru d'une dizaine d'unités depuis 1997, en bénéficiera à nouveau elle aussi.
Si la place et le rôle des Diren sont essentielles pour le ministère chargé de l'environnement et pour la Ministre aujourd'hui à sa tête, celui de l'Institut Français de l'Environnement l'est tout autant. Il en constitue même, avec elles, mais pour ce qui le concerne le plus souvent en amont ou en accompagnement de notre action ou de nos politiques, par ses capacités d'analyse et d'expertise, l'un des deux grands piliers sur lesquels l'administration centrale peut, d'abord, s'appuyer.
Je trouve de ce point de vue très symbolique que ce déplacement, l'un des tout derniers en région, sans doute, dans mes fonctions actuelles, m'amène, dans une même journée, dans une Diren et à l'Ifen.
Vous avez rappelé, Monsieur le Directeur, le rôle de l'Ifen, la qualité de sa production, et aussi sa productivité. L'ampleur de ses travaux et de ses publications, la qualité de ses analyses et de ses traitements statistiques sont aujourd'hui reconnus par tous. Dix ans après sa création, vous avez eu raison de le souligner, son utilité n'est, désormais, plus à démontrer.
Cela, vous le savez mieux que moi, n'a pas été sans mal. Comme le soulignent à juste titre les premières pages de votre contrat d'objectif, le bilan de ces dix premières années comporte, aussi, des zones d'ombre. Le bel élan des années de création s'est très vite heurté, au beau milieu de la dernière décennie, à plusieurs années d'incertitudes, de doutes quant à l'utilité ou à la place de l'Ifen, que certains croyaient pouvoir mettre en cause. Cela s'est traduit, très concrètement, par la prise d'un certain retard dans la montée en puissance de cet établissement, qui a été grandement préjudiciable à l'ensemble des administrations en charge de l'environnement, voire, au-delà, à tous ceux que ce domaine intéresse.
Rattraper ce retard, remettre l'Ifen sur les rails qu'il n'aurait jamais dû quitter, a été, vous le savez, l'une de mes autres grandes priorités. Avec l'aide de son personnel, car rien n'aurait été possible sans la qualité de votre travail, sans votre dévouement, une partie importante du chemin a été parcourue. Comme pour les Diren, il sera poursuivi en 2002, en termes budgétaires et en effectifs, et votre établissement tirera lui aussi pleinement profit du caractère une nouvelle fois prioritaire l'an prochain du budget de l'Environnement au sein du budget de l'Etat.
Mais ce chemin n'en sera pas terminé pour autant. Vous l'avez dit, Monsieur le Directeur, l'Ifen est aujourd'hui plus stable, il navigue désormais en eaux plus calmes. Mais il n'a pas atteint définitivement son rythme de croisière, et l'effort que nous avons engagé devra être parachevé ces toute prochaines années.
De ce point de vue, la période qui a été retenue pour votre contrat d'objectif, que nous allons signer ensemble dans quelques instants, 2002 à 2004, me paraît particulièrement pertinente. Ces trois années devront bien être celles de la mise en place définitive de l'Ifen, avec tout ce que cela suppose.
Vous avez, Monsieur le Directeur, décrit dans votre intervention le contenu de ce contrat d'objectif, et souligné ses trois grandes orientations stratégiques : la consolidation du système d'information ; la fonction d'appui aux politiques publiques ; le service public de l'information environnementale. Je n'y reviendrai donc pas dans le détail, de peur de lasser notre auditoire. Mais je tiens à dire combien je partage ces orientations stratégiques, et combien, plus globalement, je me félicite de la très grande qualité de ce contrat, qui constituera, pour vous et pour nous, un cadre de référence pour travailler ensemble au cours des années qui viennent.
De tout cela, je tiens à en remercier très chaleureusement le Directeur de l'Ifen mais aussi, personnellement, toutes celles et ceux qui travaillent dans cet établissement. Je tiens aussi à saluer ceux qui, en administration centrale, en assurent la tutelle, qui permettent au quotidien la mise en uvre des orientations que j'ai définies et qui ont participé à la préparation de ce contrat.
Outil et partenaire d'ores et déjà essentiel pour l'ensemble des acteurs de l'Environnement au sein de l'Etat et plus globalement de la sphère publique, l'Ifen le sera plus encore demain, grâce à son dynamisme, aux chantiers qu'il a ouvert et aux idées qu'il porte.
Je voudrais notamment, de ce point de vue, dire combien le projet, présenté en commun par l'Ifen et l'administration centrale du ministère, de créer un Centre d'information et de documentation sur l'environnement me paraît une très belle idée.
Ce projet est d'ores et déjà très avancé, même si un certain nombre d'éléments d'ordre administratif ou technique restent encore à préciser ou à décider, mais je suis persuadée que ce Centre sera opérationnel dès la fin de cette année ou au tout début de l'année prochaine, ce dont je me réjouie très vivement.
L'absence d'un tel centre est en effet aujourd'hui un manque sensible, alors même que la demande qui nous est désormais adressée en terme d'information et de documentation est très importante, et que nous avons aussi le devoir de mettre à la disposition de nos concitoyens les outils nécessaires à l'éducation à l'environnement.
Dans un autre domaine, je voudrais aussi saluer la création très récente et le tout début du démarrage du GIS Sol, grâce à un partenariat très fructueux entre le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche et le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement et leurs établissements publics, et, plus particulièrement, entre l'Inra et l'Ifen.
Là encore, cette nouvelle structure vient combler un manque important, en termes de connaissance et de surveillance des sols. Le Gis a ainsi pour mission de favoriser la réalisation d'actions d'inventaire géographique des sols, d'observation opérationnelle de leurs qualités, de création et de gestion d'un système d'information spécialisé répondant aux demandes des pouvoirs publics et de la société.
Je sais le rôle essentiel qu'a joué l'Ifen dans cette création et je tiens à vous en remercier. Nul doute que cette nouvelle structure, dès qu'elle sera pleinement opérationnelle, saura rapidement étendre le champ de ses missions et de ses investigations.
Mesdames et messieurs, je l'ai déjà souligné depuis le début de mon intervention : l'Ifen, comme les Diren, a grandi au cours de ces dernières années. Ce n'est pas un hasard, c'est un choix délibéré, celui de transformer le ministère chargé de l'Environnement et l'ensemble des structures qui le composent en un vrai ministère, un ministère qui ne soit plus celui de la parole ou de l'incantation, mais bel et bien celui de l'action, car, s'il est facile de faire de beaux discours, il est plus important d'agir, et de traduire ses propos en acte. Or, cela suppose, comme toujours, de la volonté et des moyens.
Cette volonté et ces moyens, nous en avons disposé, depuis 1997, comme jamais sans doute ce ministère n'en avait disposé auparavant, et en tout cas pas, tout particulièrement, dans les années immédiatement antérieures.
La hausse de son budget de 50 % à périmètre constant et de 150 % à périmètre transformé, la création, d'ores et déjà, de 650 emplois, la transformation de la Direction générale du Ministère, la création en son sein d'une nouvelle Direction, celle que nous appelons la D4E, qui a considérablement renforcé nos capacités d'analyses et d'expertise, la création de l'Inspection Générale de l'Environnement, qui nous dote d'un très bel outil de contrôle et d'amélioration de notre gestion et de nos procédures, la création, encore, de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale, l'Afsse, et celle de l'IRSN, par le rapprochement de l'IPSN et de l'OPRI, la création, enfin, en cours, de l'Institut de Formation de l'Environnement, l'Ifore, qui sera opérationnel dès cet automne, voilà, notamment, ce qui a été rendu possible ces dernières années, pour donner à l'Environnement une administration à la hauteur des enjeux qu'il incarne.
Le ministère, en quatre ans, a changé de taille, il a aussi changé de porté. Il est devenu un acteur important, de plus en plus écouté et respecté. D'autres ministères, l'Agriculture, l'Industrie, les Transports, ont commencer à intégrer l'environnement comme un élément essentiel de leurs propres politiques, qu'il s'agisse de pollution de l'eau et des sols, d'énergies renouvelables ou encore de transfert de la route vers le rail.
Cela, aussi, est nouveau, comme est nouvelle la place que notre pays occupe désormais, en Europe et dans le monde, sur les grandes questions environnementales. Qu'il s'agisse, en effet, de la lutte contre le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, du contrôle des organismes génétiquement modifiés et de leur commerce, ou encore de la réflexion sur la façon dont ces questions doivent être institutionnellement traitées au niveau international, réflexion qui a débouché sur la proposition formulée à ma suggestion par le Premier ministre d'une Organisation Mondiale de l'Environnement, la France, depuis quatre ans, a été à la pointe du combat, de tous les combats.
Je crois qu'il est maintenant temps, mesdames et messieurs, de passer à ce qui justifie ma présence aujourd'hui parmi vous : la signature du contrat d'objectif de l'Ifen. Je vous redis, pour finir, toute l'importance que j'accorde à cet établissement et à son personnel. Nous avons besoin de vous. Je compte sur chacune et chacun d'entre vous.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.ifen.fr, le 27 juillet 2001)