Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, en réponse à une question sur les prévisions de croissance pour l'année 2013, à l'Assembleé nationale le 19 février 2013.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Olivier Faure, député (groupe Socialiste, Républicain et Citoyen - SRC) de Seine-et-Marne, à l'Assemblée nationale le 19 février 2013

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et messieurs les députés,
Monsieur le député Olivier Faure,
Quand j'ai pris mes fonctions de Premier ministre, j'ai trouvé un déficit de 5,2 %. Et en six mois, le Gouvernement a réduit ce déficit à 4,5 % malgré une croissance très faible. Et la Cour des comptes dont vous connaissez le jugement sans complaisance a salué cet effort structurel sans précédent et considérable. Et quant à la croissance pour l'année 2012, vous le savez, elle est négative au dernier trimestre de l'année dernière : - 0,3 %. Dans la zone euro, -0,6 ; en Allemagne, -0,6 ; en Espagne -0,7. La France avec -0,3 % fait mieux certes, mais cela ne nous satisfait pas, mais c'est une réalité. Et avec une croissance encore plus faible, c'est vrai nous n'atteindrons pas les 3 % de déficit en 2013. Avec une croissance faible, je viens de le rappeler. Mais le cap, mesdames et messieurs les députés, reste le même. Je le rappelle ici, c'est l'engagement du président de la République : déficit 0 en 2017, ce cap c'est notre cap, il sera tenu.
Et pourquoi faut-il le tenir ? Parce qu'il s'agit de l'indépendance de la France. Ce n'est pas parce que d'autres nous le dicteraient, ce n'est pas parce qu'on nous l'imposerait, c'est parce que la France veut retrouver ses marges de manœuvre, ne pas laisser la facture aux générations futures, retrouver des marges de manœuvre pour investir, améliorer la situation des Français, c'est une question de souveraineté et d'indépendance nationale, c'est notre responsabilité. C'est pour cela qu'il faut tenir le cap, je le répète, et le tenir sans à coup, ne pas pénaliser l'activité économique, mais en agissant avec sérieux et constance, en modernisant l'action publique.
Et vous le savez, vendredi prochain, la Commission européenne va publier la situation de chaque pays de la zone euro en matière de croissance et donc en matière de déficit. Je l'ai dit dès la semaine dernière, puisque nous ne serons pas à 3 %, nous allons discuter avec la Commission, avec nos partenaires, pour trouver le meilleur calendrier possible pour ne pas déprimer l'activité économique en 2013. Nous ne prendrons pas la responsabilité de dégrader la très faible croissance pour 2013. C'est l'engagement que je prends devant la responsabilité (sic) nationale.
Alors, je voudrais vous rappeler les deux leviers dont nous disposons, dont vous disposez, dont dispose le pays pour la croissance. D'abord, le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi ; le crédit d'impôt pour redonner des marges aux entreprises, vous l'avez voté. Eh bien il faut que les entreprises l'utilisent ! J'appelle chacune et chacun et à vous-mêmes, les parlementaires, pour aller devant les entreprises et leur dire : vous avez ce crédit, vous avez ce plan, qu'en faites-vous pour la croissance, pour l'investissement, pour l'emploi ? Voilà ce que je voudrais vous dire aussi.
Et le deuxième levier, demain, avec le président de la République, nous tiendrons un séminaire sur l'investissement. C'est l'investissement public. J'annoncerai un certain nombre d'orientations à la fin de ce séminaire. L'investissement public et en partenariat avec les collectivités locales, avec le secteur privé, c'est l'investissement dans le haut débit, dans le numérique, sur tout le territoire national. C'est le transport, c'est le logement, c'est la transition énergétique, c'est la santé.
Enfin, je voudrais vous rappeler, nous avons tous les outils en main : le pacte de croissance, je l'ai rappelé ; l'accord sur la sécurisation de l'emploi ; le contrat de génération ; les emplois d'avenir. Eh bien c'est à tous les acteurs de l'entreprise, des collectivités territoriales de se saisir de ces leviers et d'agir pour redonner au pays la croissance et les perspectives qu'il attend.
Moi je ne suis pas à la tête d'un Gouvernement qui se fixe comme seul horizon, Mesdames et Messieurs, l'échec de notre pays. Moi je veux la réussite de la France. Et je demande un peu de modestie à la droite, parce que je vous ai dit 5,2 % de déficit, c'est ce que vous aviez laissé. Si nous n'avions rien fait nous étions à 6 %. C'est votre responsabilité d'avoir augmenté la dette de 600 milliards ! C'est votre responsabilité d'avoir augmenté le chômage de 1 million de chômeurs en cinq ans. C'est votre responsabilité d'avoir laissé un commerce extérieur en déficit de 70 milliards ! C'est votre responsabilité d'avoir détruit l'appareil productif de notre pays avec 750 000 emplois !
Comment pouvez-vous vous permettre de nous faire la leçon, vous qui portez dix ans de politique de droite, de régression, d'injustice. Eh bien nous, nous voulons sauver le modèle français, non pas en restant tels que nous sommes, en le réformant, parce que ce qui nous anime c'est l'avenir du pays, c'est la baisse du chômage, c'est la solidarité, c'est un nouveau modèle français qui fasse la fierté et qui rassemble les Français. Voilà notre engagement. Et c'est pour cela que je vous le dis, Mesdames et Messieurs les députés de l'opposition, j'attends votre motion de censure avec impatience, ce sera bilan contre bilan, projet contre projet !Source http://www.gouvernement.fr, le 22 février 2013