Texte intégral
Monsieur le Président de la Commission Capital-Innovation,
Monsieur le Directeur de lEcole des Mines Paris-Tech,
Monsieur le Délégué Général de lAFG,
Monsieur le Délégué Général de lAFIC,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureuse dêtre là parmi vous ce soir, à loccasion du tout premier Forum du Capital-Innovation : cest le début dune belle aventure, qui, jen suis certaine, ira loin ! Je nai aucun doute là-dessus.
Avant dentrer dans le vif du sujet, permettez-moi tout dabord de remercier Dominique RENCUREL, Président de la Commission Capital-Innovation, et Romain SOUBEYRAN, directeur de lEcole des Mines, qui ont organisé ce Forum inaugural avec talent et efficacité. Messieurs, soyez-en remerciés !
Je me réjouis dailleurs que lEcole des Mines nous ait accueillis aujourdhui. Lambition du Forum Capital-Innovation sinscrit en effet dans une histoire longue dont lEcole est, depuis longtemps, lun des acteurs : je vous rappelle à ce propos que ce haut lieu de linnovation a pour raison dêtre, depuis 230 ans je cite lordonnance royale de mars 1783 , la formation des "directeurs intelligents". Innovation technologique et progrès économique, intelligence collective et talents individuels, force dimpulsion de lEtat et liberté de création : ces nobles ambitions sont toujours les nôtres, en ce début de XXIème siècle !
LInnovation nest pas un concept abstrait : cest une réalité économique et une ambition politique globale. Cest dailleurs pour incarner cette ambition quun portefeuille ministériel spécifique a été créé, celui de lInnovation, dont, à ma grande fierté, jai la charge. Cest une première dans lhistoire de la République, qui montre que le Gouvernement a pleinement conscience des enjeux. LInnovation, cest la nouveauté plus la réussite économique.
Voilà le coeur de la stratégie gouvernementale pour redresser léconomie française. De la France, nous entendons faire un pôle dInnovation de rang mondial. Cest le sens de la campagne dattractivité portée par lAFII et que jai inaugurée à Boston "Say oui to France, Say oui to innovation". Dailleurs, ce nest pas un hasard si jai été choisie par le Premier ministre pour défendre lattractivité de la France à linternational. Je me suis rendue à Boston et à Davos dans ce but, et je défendrai limage de la France en Asie dans les prochaines semaines. Cest aussi dans ce but que je porte le projet Paris Capitale Numérique qui vise, à travers la concentration géographique des acteurs du secteur, à accroître le dynamisme de léconomie numérique française ainsi que la visibilité des talents denvergure mondiale qui en font partie.
Nous sommes bien sûr tout à fait conscients que plusieurs obstacles dordre financier se dresseront se dressent déjà devant nous. Et bien, ces obstacles, nous devons les dépasser : ne nous résignons pas ! Les contraintes budgétaires sont ce quelles sont, rien de nouveau sous le soleil, il faut faire avec. Comme en poésie, la contrainte stimule limagination. Nous serons donc, dans les années qui viennent, très imaginatifs.
Je voudrais commencer par un rapide bilan de la situation. Dès lannée 2012, malgré les très fortes contraintes budgétaires, le Gouvernement a donné la priorité à lInnovation, dont le Pacte de Compétitivité a fait le principal levier de notre ambition économique. Je tiens vraiment à insister sur ce point dont nous pouvons, je crois, nous féliciter.
Ainsi, avons-nous garanti la stabilité du CIR pour les cinq années qui viennent, de même que celle des budgets des Pôles de Compétitivité, tandis que, dans le même temps, nous renforcions le statut de la JEI. Parallèlement, nous avons créé, pour les PME, le Crédit dImpôt Innovation : désormais, les dépenses de prototypage sont soutenues à hauteur de 20%. Par conséquent, pour le développement dun produit nouveau, cest jusquà 400 000 qui peuvent être aujourdhui économisés.
Par ailleurs, je vous rappelle que les dispositifs fiscaux daide à linvestissement dans les entreprises, les FIP et les FCPI, ont été pérennisés pour 5 ans. Certes, ils sont soumis aux contraintes que jai évoquées, et donc au plafonnement global des niches fiscales, mais nous avons mis en place un mécanisme de report permettant den lisser les effets.
Enfin, nous avons amorcé une politique de large mobilisation de la commande publique, qui mobilise dores et déjà les grandes entreprises à capitaux publics afin de les inciter à acheter en priorité auprès des PME innovantes.
Mais beaucoup reste encore à faire.
Si je devais résumer mon ambition pour lInnovation, je mettrais en avant quatre notions : communauté, priorités, solidarité, et enfin, créativité.
Je mexplique :
1. Dabord, les "communautés", briques de base de lInnovation. Nous voulons en effet renforcer les écosystèmes innovants qui sont le véritable creuset de la créativité française.
2. Par "priorités", ensuite, jentends le rôle dimpulsion et dorientation que nous voulons redonner à lEtat : ce dernier doit être en effet le catalyseur des idées et des projets nouveaux. Jen profite pour vous annoncer que nous lancerons très bientôt, Arnaud MONTEBOURG et moi-même, un programme de soutien à linnovation de rupture, qui doit concrétiser cette ambition.
3. Par ailleurs, quand je parle de "solidarité", je veux dire que notre rôle est également de susciter, dencourager les efforts de tous en faveur de lInnovation. Notre ambition concerne en effet la communauté nationale tout entière. Si lInnovation doit servir lintérêt général, la solidarité nationale doit elle aussi être au service de lInnovation. Lune ne va pas sans lautre.
4. Enfin, la "créativité" : cest la raison dêtre des trois mots dordre précédents. Cette créativité, nous devons lencourager, la valoriser, la protéger bref, contribuer à la rendre possible.
Aujourdhui, je voudrais surtout insister sur la notion de "solidarité" collective. Autrement dit, sur la politique que mène le Gouvernement pour susciter, comme je vous le disais, les efforts de tous en faveur de lInnovation, et plus particulièrement, du financement des projets.
Nous ne pouvons pas nous satisfaire de nos classements mondiaux actuels en matière dinnovation. 14e mondial pour la Commission européenne, parfois même 64e mondial pour lefficacité de son système mondial dinnovation pour lINSEAD ! Alors même que nous sommes bien placés en ce qui concerne les moyens consacrés à linnovation.
Nous devons donc libérer les énergies créatives de notre pays et supprimer un certain nombre de verrous. Ces verrous sont aussi financiers, nous en sommes bien conscients, et je le dis volontairement ici.
Malgré les contraintes budgétaires que nous connaissons tous, nous travaillons à supprimer ces verrous financiers.
Le fer de lance de notre politique en la matière, cest la Banque publique dInvestissement, mise en place début janvier qui est, par excellence, la banque du soutien à lInnovation. Cest là son originalité, cest là sa mission.
Je vous lannonce aujourdhui : la BPI lance cette semaine deux nouveaux produits, le Prêt pour lInnovation (ou PPI), et le préfinancement du Crédit dImpôt Recherche, qui vont grandement faciliter le financement des entreprises innovantes.
Le PPI, annoncé par le Président de la République le 25 octobre dernier, prendra ainsi en charge les dépenses matérielles et immatérielles liées à lindustrialisation et à la commercialisation des produits. Dune durée de 7 ans (remboursable à partir de la troisième année), pour un montant compris entre 30 000 et 1 500 000 , ce Prêt permettra aux entreprises de traverser plus facilement la fameuse "vallée de la mort" en finançant le passage dun projet de recherche et développement à une production industrielle régulière.
Le Crédit dImpôt Recherche, quant à lui, a pour objectif de renforcer les entreprises innovantes dont les efforts de R&D sont réalisés en France, en offrant un crédit dimpôt dun montant 30 % de dépenses de Recherche & Développement. Son préfinancement permettra ainsi aux PME de disposer dun apport de trésorerie pour couvrir ces dépenses de R&D dès la première année. Ce nest pas rien quand on connaît la situation des entreprises de croissance !
Le système que nous mettons en place est vertueux : la Banque Publique dInvestissement garantira les banques qui préfinanceront ce Crédit dImpôt ; et au-delà dun certain taux, la BPI pourra elle-même octroyer ce préfinancement. Les PME nauront donc plus à attendre, comme cétait le cas jusquà présent, lannée suivante pour récupérer le Crédit dImpôt Recherche correspondant.
Cest donc dès aujourdhui la Banque Publique dInvestissement qui est en marche pour soutenir nos entreprises innovantes.
Ces deux produits sont aussi deux pas réalisés en faveur du financement de linnovation. Mais ce nest pas tout. Après la trésorerie et lemprunt, le sujet des fonds propres est essentiel. Une offre de fonds propres abondante est essentielle pour la croissance de nos PME, la création dETI et linvestissement.
Dans le contexte que nous connaissons, je suis l'avocate de l'investissement productif et innovant.
Le Gouvernement prend des mesures résolues pour le favoriser, avec la mise en place dun fonds multisectoriel, doté de 590 M issus du redéploiement des investissements davenir, orienté vers les secteurs qui en ont le plus besoin, et qui permettra aux PME de croissance de se développer
Au-delà, avec mes collègues Arnaud MONTEBOURG et Pierre MOSCOVICI, nous avons lambition de fluidifier lensemble de la chaîne du financement de linnovation, de la naissance de lidée à lintroduction en Bourse.
Dabord, nous nous attaquerons à la mobilisation de lépargne privée pour soutenir linnovation.
Ensuite, nous veillerons à ce que les différents segments de linvestissement en capital soient convenablement alimentés, je pense ici particulièrement au capital-risque, si crucial dans la phase de commercialisation, mais aussi au capital-développement, car il nest pas acceptable que la France reste absente des levées de fonds au-dessus de 10M qui sont nécessaires pour construire nos ETI. Comment pouvons-nous sinon espérer créer les Google et les Netflix de demain ?
Et enfin, nous travaillons à la mise en place dun système boursier enfin efficace pour les PME sur notre continent.
Sur chacun de ces chantiers, des travaux sont en cours. Jaurais très prochainement loccasion de revenir vers vous avec des annonces extrêmement concrètes sur ces différents points. Pour nen mentionner quun, je puis vous assurer quun nouveau produit dépargne de type PEA-PME est bel et bien sur les rails pour permettre à tous les épargnants français de mobiliser leur argent au service de la grande bataille que nous menons pour la croissance des PME innovantes.
Maillon après maillon, cest ainsi toute la chaîne de linnovation que nous allons perfectionner. Je my engage fermement auprès de vous car la compétitivité de la place de Paris et lattractivité de ses financements constituent une condition sine qua non du succès de notre politique en matière dinnovation. Nous le ferons avec nos convictions, avec le souci de la justice fiscale et de lefficacité économique, nous le ferons avec le contexte budgétaire que lon connaît. Mais notre action nen sera pas moins résolue.
Faire mieux est une nécessité vitale.
La France est une terre de créativité et dimagination. France, "mère des arts, des armes et des lois", elle doit être à lavant-garde du progrès technologique, au service du bien-être de ses citoyens. Cest ici du rôle futur de la France dans le monde et dans lHistoire quil sagit.
Je vous remercie.
Source http://www.redressement-productif.gouv.fr, le 19 février 2013