Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes au ministère des affaires étrangères, à Paris le 8 mars 2013.

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Circonstance : Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2013

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur l'Ambassadeur du Royaume-Uni, Cher Sir Peter Ricketts,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames les Directrices, Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie d'être aujourd'hui nombreux pour participer à ces travaux sur l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes au ministère des affaires étrangères, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Je salue les agents de Nantes qui assistent à nos échanges. L'égalité professionnelle est une priorité du gouvernement et j'y attache la plus grande importance.
Comme vous le savez, un plan d'action propre à notre ministère a été publié le 30 novembre dernier, à l'occasion du premier comité interministériel des droits des femmes et de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Pour veiller à son application, j'ai nommé, en septembre 2012, un Haut fonctionnaire à l'égalité des droits. Il s'agit de Mme Maryse Bossière, directrice des Amériques. Dans de précédentes fonctions Mme Bossière a réfléchi aux problématiques de l'égalité entre les femmes et les hommes, qu'elle peut confronter également, dans ses fonctions actuelles d'encadrement supérieur, à la réalité du terrain. J'ai tenu également à ce qu'elle participe désormais, ès qualité, au comité de sélection des candidatures aux emplois supérieurs.
Notre feuille de route ministérielle comporte trois axes sur lesquels nous allons travailler avec elle, la direction générale de l'administration et l'association femmes et diplomatie, dont je salue ici le dynamisme.
Ce plan concerne chacune et chacun d'entre vous. Le premier axe passe par la formation et la sensibilisation à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
J'ai donné l'exemple ! J'ai en effet bénéficié d'une sensibilisation par le ministère des droits des femmes sur ces questions. C'était très instructif. Je sais que ce sujet est abordé de manière systématique dans les séminaires d'intégration des nouveaux agents. Je souhaite aller plus loin et j'ai demandé à la direction des ressources humaines de prévoir à l'institut diplomatique et consulaire un temps de formation spécifique pour les agents d'encadrement.
Le deuxième axe du plan d'action consiste à accroître le nombre de femmes susceptibles d'être nommées à des emplois d'encadrement supérieur. Ce sont des mesures de long terme, qui se traduisent par des mesures immédiates. Là aussi, il faut savoir mette du long terme dans le court terme. Pour cela, il faut augmenter le recrutement de femmes dans les corps A Plus du ministère en portant progressivement leur part à au moins 30 % en 2025 (contre 21 % aujourd'hui). C'est une obligation légale. Il faut aussi veiller à ce que, chaque année, à compétences égales, j'y insiste, le nombre de femmes promues soit supérieur ou égal à leur part dans le vivier des agents éligibles à une promotion. C'est ce qui s'est produit aux commissions administratives paritaires de fin d'année 2012. Enfin, davantage de femmes doivent occuper des postes à responsabilité. Depuis mon arrivée, je souhaite souligner ici que 40 % des nominations d'ambassadeur ont concerné des femmes.
Il faut créer un environnement permettant aux femmes, c'est-à-dire souvent aux mères de famille, d'occuper de tels emplois : c'est le dernier axe de travail.
Nous devons nous atteler à deux chantiers. L'organisation du temps de travail, en premier lieu, doit permettre de parvenir à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. Il faut adopter des méthodes de travail efficaces qui permettent d'éviter les horaires inutilement tardifs. Le Secrétaire général appellera l'attention des nouveaux agents d'encadrement sur ce sujet dans un courrier qu'il leur adressera à leur prise de fonction. Et parce que, quoi que l'on fasse, notre métier est exigeant en termes de disponibilité, j'ai demandé que les outils informatiques, déjà développés, soient généralisés pour permettre de travailler de chez soi, dans le respect des conditions de sécurité.
En second lieu, l'accompagnement de la mobilité du diplomate doit être renforcé. La difficulté pour les conjoints de trouver un travail constitue souvent l'obstacle principal des diplomates à la mobilité. Pour le surmonter, plusieurs pistes ont déjà été explorées. Le ministère a conclu une quinzaine d'accords bilatéraux hors Union européenne, permettant aux conjoints de travailler dans le pays de résidence. Nous allons accroître ce nombre. Une réunion avec nos partenaires européens aura lieu au printemps pour échanger les bonnes pratiques à ce sujet.
Le ministère a également signé une convention avec le Centre Inter-Entreprises de l'Expatriation (Cindex) regroupant 30 entreprises qui permettent à leurs salariés de bénéficier d'un congé sans solde pendant cinq ans pour suivre leur conjoint diplomate à l'étranger avec garantie de retour à un poste à responsabilité et niveau de rémunération similaires.
Enfin une task force sur la «mobilité familiale» vient de se mettre en place. Elle fera des propositions afin de mieux accompagner les agents au moment de leur départ à l'étranger et de leur retour en France. L'association française des conjoints d'agents, l'AFCA, y apporte une expérience utile. Je l'en remercie.
Je veux souligner que ces mesures permettent à l'ensemble des agents, femmes et hommes, de mieux concilier leurs vies personnelle et professionnelle, à l'administration centrale comme à l'étranger.
Je connais votre engagement professionnel. Vous n'êtes pas là par hasard. Mais le privilège de servir au Quai d'Orsay, c'est poursuivre une carrière passionnante tout en développant une vie personnelle riche et ouverte sur autrui. Il faut se donner les moyens de concilier ces deux aspects.
Je tiens à saluer particulièrement Sir Peter Ricketts, Ambassadeur du Royaume Uni en France et ancien Secrétaire général du Foreign Office. Monsieur l'Ambassadeur, vous avez été à l'initiative de nombreuses mesures novatrices au sein de votre ministère. Je vous remercie d'avoir accepté de les partager avec nous. J'ai même entendu dire que le Foreign Office avait nommé un couple d'ambassadeurs sur le même poste et qu'ils exerçaient, à tour de rôle, la mission de chef de poste ! Bel exemple de créativité britannique ! Merci encore de nous consacrer de votre temps.
Je profite de cette Journée pour remercier nos ambassades qui, nombreuses, ont organisé des manifestations sur le thème des droits des femmes, diffusant ainsi les valeurs de la France et de la francophonie.
Je m'adresse à vous tous et je veux vous remercier d'être là. Si on veut faire progresser les droits des femmes, il faut à la fois que l'action de nos collègues femmes continue et aussi que les hommes mettent du leur. Vous avez toute ma confiance. L'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est une des choses auxquelles je veux me consacrer. C'est un beau combat et je souhaite que le Quai d'Orsay soit un des ministères à la tête de ce combat.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 2013