Texte intégral
Madame la présidente, madame la ministre de lenseignement supérieur et de la recherche, madame la ministre déléguée chargée de la réussite éducative, monsieur le président de la commission des affaires culturelles et de léducation, monsieur le rapporteur, mesdames et messieurs les députés, jai lhonneur de présenter aujourdhui devant vous, au nom du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, le projet de loi dorientation et de programmation portant refondation de lécole de la République.
Avant toute chose, permettez-moi de saluer Mme Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre plénipotentiaire de la République fédérale dAllemagne, chargée des affaires culturelles dans le cadre du Traité de lÉlysée sur la coopération franco-allemande. Après lavoir reçue ce matin, je veux la remercier chaleureusement davoir répondu favorablement à mon invitation à assister à louverture de ce débat. Cest loccasion pour moi de saluer la réussite dun pays qui, après le choc provoqué par des résultats décevants au fameux test international PISA mené par lOCDE, a réussi, au début de la décennie, à mettre en place des réformes ambitieuses qui lui ont permis daméliorer les résultats de ses élèves. Cest ce que nous devons faire, cest ce que nous allons faire.
Mesdames et messieurs les députés, à lévidence, notre pays vit aujourdhui des moments difficiles. Depuis plusieurs années, nous ne connaissons pratiquement plus la croissance cela fait cinq ans que la croissance est à zéro , notre endettement, qui pèse sur les épaules des plus jeunes et obère leur avenir, sest accru dans des proportions que nous jugeons tous inacceptables, et le chômage na cessé de progresser 25 % des jeunes sont aujourdhui au chômage dans notre pays. Le redressement de la France doit être, pour nous tous, une volonté commune et sans faille.
Malheureusement, et contrairement à des discours tenus avec une certaine frivolité, nos difficultés ne sont pas seulement conjoncturelles. Elles ne sont pas non plus le seul effet mécanique de causes extérieures indépendantes de notre volonté une forme moderne de la « providence » des marchés , elles sont le résultat de nos choix, de nos faiblesses et souvent de nos manquements.
La France est touchée, beaucoup plus fortement que dautres pays, y compris européens, par une crise de lavenir. Cette crise, ce pessimisme collectif dans lesquels nous sommes plongés, cette incapacité de renouer avec loptimisme et la confiance, est aussi, pour la France, une crise de son identité, une vive inquiétude quant à son destin, qui a dailleurs donné lieu, ces dernières années, à des débats dont nous nous serions bien passés. Certains se sont inquiétés, récemment, de voir les populismes renaître en Europe. Effectivement, nous nen sommes pas préservés.
Parce que lécole est la France de demain, si nous voulons être en capacité de surmonter cette crise de lavenir, il faut redonner à lécole de la République la priorité qui lui a fait tant défaut ces dernières années. Si lon nignore pas ce bien commun quest lhistoire de notre République et si lon se souvient que lécole et la France républicaine ont toujours, depuis la Révolution française, eu partie liée, alors cest de lécole, de notre rapport au savoir, à la connaissance, à la transmission de valeurs, que nous devons attendre la capacité de surmonter cette crise davenir, cette crise didentité.
Vous pouvez voir derrière moi, installée là par les républicains en 1879, une tapisserie inspirée du célèbre tableau LÉcole dAthènes, de Raphaël. Nous nous inscrivons dans cette continuité. Nous avons remplacé Louis-Philippe par lécole dAthènes, parce que la démocratie et la raison ont partie liée au sein même de cette assemblée. Lorsquon regarde lhistoire si tragique du XXe siècle, on se rend compte que, dans les moments les plus difficiles de cette histoire, de laffaire Dreyfus au Conseil National de la Résistance, dont nous célébrerons les soixante-dix ans cette année, cest toujours grâce à lécole, à une certaine exigence intellectuelle, morale et politique, que la France a été capable de donner son cur et de construire son redressement.
Les mêmes défis sont devant nous depuis des années : le défi de la croissance, celui de la compétitivité, celui de lemploi, celui de la cohésion sociale et territoriale de notre pays, et celui de la justice. Aucun de ces défis ne pourra être relevé avec succès si nous ne sommes pas capables de redonner à notre école la fierté et lefficacité qui furent les siennes au cours de notre histoire, lorsquelle a assuré les plus belles réussites de notre nation.
Cest pourquoi notre projet est bien de refonder lécole de la République et de refonder la République par lécole. Cest pourquoi notre ambition collective doit être de passer un nouveau contrat entre lécole et la nation.
Mesdames et messieurs les députés, je veux tout dabord vous dire que, contrairement à ce que jentends, lexercice auquel nous sommes collectivement conviés est dabord un exercice dhumilité et de reconnaissance. Lhistoire nous a appris que ceux qui prétendent construire à partir de rien, faire fi des enseignements du passé, que ce soit pour créer des sociétés nouvelles ou des hommes nouveaux, provoquent en réalité de grandes tragédies. Notre démarche, que nous assumons pleinement, consiste, à linverse, dans la connaissance de notre tradition, linscription dans cette tradition et la reconnaissance à son égard.
Cest une certaine idée de la France, sinspirant non pas dune conception ethnographique, mais dune conception qui a su faire de la France, « soldat du droit et de la liberté », la nation des droits de lhomme, le seul catéchisme républicain, portant dans le monde une certaine idée de luniversalité du genre humain, que nous retrouvons en chacun de nos enfants, chacun de nos élèves, dans lécole de la République.
Cest une certaine idée de la France, et cest une certaine idée de la République, qui fait de la liberté individuelle le fondement et le but imprescriptible de toute association politique, ne séparant jamais lexigence intellectuelle, qui doit permettre à chacun de construire son jugement, de lexigence morale, qui doit permettre de se donner à soi-même la règle et daccéder à la démocratie politique, ce moment où le souverain se rassemble pour dépasser les intérêts particuliers et construire lintérêt général. De tous les régimes politiques, la République est celui qui senorgueillit de sappuyer sur la raison et sur les Lumières. Cest pourquoi la République, qui a besoin de républicains, a toujours confié à lécole la tâche essentielle de pérenniser son modèle démocratique et social.
Cest aussi, bien entendu, une certaine idée de lécole, qui doit produire un citoyen actif, éclairé, membre du souverain, une école qui doit aussi et surtout, aujourdhui, produire un professionnel compétent, mais aussi permettre à chacun de conquérir la liberté de son jugement, de sarracher à toutes les servitudes, de saffranchir de toutes les oppressions, davoir accès au meilleur des uvres de la culture, quel que soit son milieu dorigine, une idée de lécole de la République qui fait vivre un idéal de dignité pour chaque personne, à égalité de droits et de devoirs.
Notre école, lécole de la République, porte une très grande tradition. Vouloir la refonder, cest la connaître et cest la reconnaître. En ce sens, cest dabord pour nous un exercice dhumilité. Nous devons de la reconnaissance, bien sûr, à toutes les grandes figures héroïques et célèbres de notre histoire le long cortège des hommes fiers, comme disait Régis Debray qui nous ont précédés dans notre histoire séculaire, mais aussi aux millions de héros anonymes et modestes qui ont su maintenir, à travers les vicissitudes souvent tragiques de notre histoire, à la fois linspiration, lexigence et lidéal.
En rendant cet hommage, je rends également hommage à lensemble des enseignants qui, au quotidien, depuis maintenant un siècle et demi, font vivre lidéal de lécole républicaine, démocratique, laïque, et font en sorte que chaque enfant de France puisse avoir accès au meilleur de notre culture.
Cest à cette source-là quil nous faut puiser à nouveau, non pas pour nous complaire dans je ne sais quelle nostalgie, non pas pour répéter une histoire qui, nous le savons, ne se répète jamais à lidentique, mais pour être à la hauteur de notre tâche, dont lécole de la République a dit sans cesse quelle était une tâche infinie, parce quelle récuse à la fois le dogmatisme de ceux qui prétendent posséder la vérité, mais aussi le scepticisme de ceux qui renoncent à la chercher.
Cette tradition nappartient à personne parce quelle appartient à tous, sur lensemble des bancs de cette assemblée. Cest pourquoi il me semble nécessaire dêtre capable, autour de notre école, à la fois de nous dépasser cest bien lidée de la refondation républicaine et de nous rassembler. Lécole peut, et elle doit, rassembler les Français. Cest son enseignement premier de respecter le point de vue de lautre, de sen enrichir et de construire, alors que lerreur et le mensonge divisent, une vérité qui puisse rassembler toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté. Les professeurs de nos écoles enseignent aux enfants ces principes issus de la grande tradition de la psychologie française. Le petit enfant est dabord égocentrique, il se croit le centre du monde un peu comme le croyait le chien de M. Bergeret chez Anatole France. Tout le processus de développement de lenfant est un processus de décentration. Cest dailleurs ce qui fait la vertu du débat démocratique.
Bien entendu, je nignore pas que ce nest pas la même chose de supprimer 80 000 postes ou den créer 60 000, de supprimer la formation des professeurs ou de la rétablir (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe SRC), de passer brutalement à la semaine de quatre jours ou de chercher à redonner du temps aux élèves pour apprendre. Mais, malgré cela, de la loi Jospin à la loi Fillon, il y a dans notre République une inspiration qui se poursuit et se reprend. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Et chacun sait, moi le premier, que les difficultés de nos élèves ne datent pas seulement de ces dernières années le grand historien Antoine Prost le rappelait récemment. Cest pourquoi, contrairement à dautres, quand une orientation est bonne, jai la capacité de la saluer et de la poursuivre.
M. Xavier Breton. Nous aussi !
M. Vincent Peillon, ministre. Cest vrai pour les décrocheurs, les langues étrangères, les équipes mobiles de sécurité et le socle commun de connaissances et de compétences. Nous devons être capables, dans ce débat, si vous le souhaitez, de dépasser les postures partisanes
M. Xavier Breton. À condition dêtre daccord avec vous !
M. Vincent Peillon, ministre. qui nous font toujours perdre trop de temps, et nous en avons déjà perdu beaucoup.
M. Patrick Ollier. Ce nest pas le chemin que vous prenez, monsieur le ministre.
M. Vincent Peillon, ministre. La méthode que je vous propose est une méthode de rassemblement. Nous sommes ici non pas pour faire uvre singulière, mais pour faire uvre patriotique. Nous sommes ici non pas pour faire uvre doriginalité certains voudraient soudain rebâtir de la cave au plafond ce quils ont eux-mêmes détruit mais pour faire uvre collective.
Quy a-t-il de partisan je vous le demande, cher Rudy Salles à vouloir enfin dans ce pays accorder la priorité au primaire, alors que nous savons bien que tous les destins scolaires et sociaux se jouent dès les premières années ?
M. Patrick Ollier. Cest votre attitude qui est partisane !
M. Vincent Peillon, ministre. Quy a-t-il de polémique, de diviseur ou de partisan à vouloir faire en sorte quon accueille les enfants de moins de trois ans, un objectif que la Suède souhaite également poursuivre ? Quy a-t-il de partisan à vouloir consacrer à lapprentissage des fondamentaux et au traitement des difficultés scolaires des moyens qui nont pas été accordés jusque-là ? Quy a-t-il de polémique, de diviseur ou de partisan à vouloir construire à nouveau dans ce pays une formation des enseignants, alors même que, chacun le sait, la qualité de celle-ci constitue un facteur essentiel de réussite pour les élèves ? Quy a-t-il de polémique, de diviseur ou de partisan, si on avance avec bonne volonté et bonne foi, à vouloir redonner à nos élèves le temps dapprendre et à nos professeurs le temps denseigner ?
Je veux que nous soyons capables de nous inscrire dans une tradition, de nous rassembler et dagir avec méthode et simplicité. Descartes écrivait quil convient de diviser les difficultés en autant de parcelles quil faut pour les résoudre. Notre système éducatif en a bien besoin. Et il ajoutait que pour rechercher la vérité, il est utile de procéder méthodiquement en commençant par le commencement. Cest un précepte que je veux suivre.
Cest pourquoi la refondation de lécole de la République, qui sinscrit dans la tradition et vise à rassembler, sattache pour commencer aux fondements mêmes de notre système éducatif. Une erreur fréquente et ancienne a été de vouloir commencer par le point darrivée pour privilégier cest arrivé souvent dans lhistoire de notre pays les enfants des classes les plus favorisées.
Nous devons être capables cest le sens même de la refondation de poser des fondements solides. Le premier de ces fondements, cest bien entendu la priorité au primaire. Le second fondement, cest la possibilité de former à nouveau les enseignants et de leur apprendre un métier exigeant et difficile qui mérite la reconnaissance et lestime de la nation. Le troisième, cest dêtre capable de donner du temps à ceux qui en ont besoin pour enseigner ou pour apprendre.
Voilà des principes simples, dont jentends toutefois ici ou là quils seraient insuffisants pour proposer une grande loi.
M. Benoist Apparu. Vous avez bien lu !
M. Vincent Peillon, ministre. Je pense exactement linverse. Et cest précisément parce que personne na eu jusquici le courage de proposer une telle loi, et quon a préféré ouvrir des débats subalternes ou lancer des attaques sur les moyens, que lécole de la République se trouve dans la situation où elle est aujourdhui. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Si vous vouliez construire du solide et aller jusquau bout des réformes, ce que je crois volontiers, il aurait fallu commencer par assurer des fondations solides à notre système éducatif. (Applaudissements sur les mêmes bancs.)
Car la réalité est implacable : dans notre pays, près de 150 000 jeunes sortent du système éducatif sans qualification ni diplôme chaque année. La réalité, cest que nous sommes un des pays de lOCDE où les origines socio-économiques influencent le plus les destins scolaires et où les inégalités saccroissent. La réalité, cest que les performances scolaires de nos élèves se détériorent année après année ; près de 25 % des élèves ont aujourdhui des acquis fragiles en fin de collège.
Lensemble des spécialistes reconnaissent les causes de cet état de fait, qui sont simples : nous naccordons pas la priorité au primaire, nous ne formons pas nos enseignants, nous ne donnons pas de temps aux enfants pour apprendre. Nous faisons même exactement linverse : vous avez supprimé la formation des enseignants (Exclamations sur les bancs du groupe UMP),
M. Patrick Hetzel. Cest ridicule !
M. Vincent Peillon, ministre. vous avez limité le nombre de jours de classe et vous avez enlevé des moyens à lécole de la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Cest pourquoi nous devons inverser ce mouvement et cest pourquoi nous voulons reconstruire sur des bases solides.
M. Xavier Breton. Quelle volonté de rassemblement !
M. Vincent Peillon, ministre. Je ferai une deuxième observation. Certains considèrent que cette loi ne serait pas à la hauteur de son intention. Puis-je, en toute bonne foi, leur adresser quelques questions simples ? Est-ce peu de chose, après que vous avez supprimé 80 000 postes en cinq ans, den créer 60 000 en cinq ans dans le contexte budgétaire que vous nous avez laissé et que nous connaissons ? Est-ce si peu de chose, dans un pays qui na jamais accordé au primaire et aux premiers apprentissages la priorité nécessaire, de consacrer à ce moment de la scolarité deux tiers des nouveaux postes, dont plusieurs milliers visent à mettre en uvre des pédagogies nouvelles et à traiter réellement la difficulté scolaire ? Est-ce si peu de chose, alors que lon a supprimé la formation des enseignants et lannée de stage, de rétablir celle-ci et de créer les écoles supérieures du professorat et de léducation, consacrant ainsi 27 000 postes à une entrée progressive des enseignants dans le métier ? Est-ce si peu de chose que de se doter dun parcours dorientation et dinformation pour tous les élèves, alors même que beaucoup dentre eux subissent aujourdhui des orientations qui les conduisent jusquau décrochage ? Est-ce si peu de chose de proposer un conseil pédagogique commun à lécole et au collège, de créer un nouveau service public du numérique éducatif ? Est-ce si peu de chose, lorsquon voit les résultats des élèves français en langue étrangère, de rendre obligatoire lapprentissage dune langue étrangère dès le cours préparatoire ?
Soutenir que cela est peu de chose nest pas sérieux et témoigne de beaucoup de mépris à légard de lécole. Cest ignorer profondément son histoire. Cest ne pas être capable de distinguer lessentiel de laccessoire. Cest vouloir détourner lattention de nos concitoyens de la véritable révolution pédagogique que nous mettons en uvre dans ce pays, nous qui voulons enfin accorder à lécole primaire la priorité quelle mérite, à la formation des enseignants la reconnaissance dont ces derniers ont besoin, et faire primer dans le choix du temps scolaire lintérêt de lélève sur tous les intérêts particuliers qui nous ont conduits à cette situation difficile.
La loi, bien entendu et qui le penserait ? ne va pas résoudre delle-même toutes les difficultés.
M. Benoist Apparu. Nous sommes bien daccord !
M. Vincent Peillon, ministre. Cest dailleurs pourquoi nous avons commencé à agir bien avant son élaboration. Aucun gouvernement na autant agi pour lécole en si peu de temps. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Dès la rentrée 2012, alors que vous aviez programmé 14 000 suppressions de postes, monsieur Chatel, nous avons créé 1 000 emplois de professeurs des écoles, que vous navez dailleurs pas refusés dans vos circonscriptions. Près de 300 classes ont été rouvertes en zone rurale, ainsi que 100 postes de réseaux daides spécialisées aux enfants en difficulté, ou RASED. Nous avons mis en place 100 conseillers principaux déducation, 2 000 assistants déducation et 1 500 auxiliaires de vie scolaire individualisés pour accompagner les enfants en situation de handicap. Alors que vous expliquiez à la France entière que nous étions incapables de recruter des professeurs tant vous aviez dévalorisé ce métier, nous avons organisé deux concours, recruté dès cette année 40 000 professeurs et obtenu 50 % dinscrits en plus aux concours de recrutement des professeurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Parce quil fallait restaurer la promesse républicaine et permettre à des étudiants boursiers de se consacrer à leur vocation, nous avons fait voter le projet « emploi davenir professeur » ; plusieurs milliers détudiants se sont déjà inscrits dans ce parcours, qui leur permettra de réaliser leur vocation. Nous avons recruté dès la rentrée 500 assistants chargés de prévention et de sécurité, un métier quil a fallu créer et pour lexercice duquel nous avons dû former du personnel. Et pour la première fois dans lhistoire de léducation nationale, nous avons installé une délégation de lutte contre les violences en milieu scolaire.
Nous avons développé et engagé une stratégie nationale pour faire entrer lécole dans lère du numérique et dans le XXIe siècle. Nous avons lancé un dispositif « objectif formation-emploi » avec le concours du service civique et nous nous sommes fixé pour objectif de raccrocher 20 000 jeunes décrocheurs dici à la fin de lannée 2013. Cet engagement sera tenu.
Cette action ne se limitera pas non plus à une loi. Nous posons les bases dune rénovation en profondeur de lécole de la République. Mais le véritable temps de laction publique, ce nest pas celui de lémotion, ce nest pas celui de la polémique ; cest celui de la raison et de la constance. Il y a une loi de refondation, il y aura aussi un agenda de la refondation qui se déploiera durant tout le quinquennat de telle sorte que, après avoir donné la priorité au primaire, nous suivrons un ordre méthodique et continuerons par le collège puis par le lycée. Parce quil sagit de refonder lécole de la République, nous avons à renouer avec le temps long de la véritable action publique, celle qui se juge à ses résultats et qui ne se soumet pas à la dictature de linstant.
Cette loi que je vous présente aujourdhui et dont nous allons débattre toute la semaine, je voudrais vous en présenter brièvement les principaux aspects.
Il sagit tout dabord dune loi de programmation, la première du quinquennat. Le Président de la République a pris lengagement de créer 60 000 postes sur cinq ans et cet engagement sera tenu : 5 000 postes seront consacrés à lenseignement supérieur, piloté par ma collègue Geneviève Fioraso, que je salue ; 1 000 postes seront consacrés à lenseignement agricole nous y travaillons avec Stéphane Le Foll et 54 000 postes à léducation nationale.
La moitié de ces postes permettra de reconstituer lannée de stage, soit 27 000 emplois. Deux tiers des postes seront affectés au primaire. Il sagira à chaque fois de renforcer et de favoriser des pratiques pédagogiques innovantes, toujours en visant en priorité les zones les plus défavorisées. 7 000 postes sont ainsi prévus pour le dispositif « plus de maîtres que de classes », qui permet de traiter la difficulté scolaire dans la classe et de travailler différemment, tandis que 3 000 postes sont affectés à laccueil des enfants de moins de trois ans, dabord dans les territoires les plus en difficulté ; de récentes études viennent dailleurs de montrer à quel point cela peut être efficace. Et 4 000 postes sont prévus pour les établissements du secondaire les plus en difficulté, en particulier les collèges.
Pour faire face aux évolutions démographiques qui se profilent, 4 000 postes et 3 000 postes sont prévus respectivement dans le premier et le second degrés. Enfin, 6 000 postes sont programmés pour accueillir les élèves en situation de handicap jy veille aux côtés de Marie-Arlette Carlotti ainsi que pour am??liorer la vie des établissements et des services académiques.
Jentends certains qui sinterrogent pour savoir si ces moyens sont nécessaires.
M. Benoist Apparu. On peut poser la question !
M. Vincent Peillon, ministre. Il serait judicieux de sinterroger pour savoir sils sont suffisants. Mais nécessaires, ils le sont absolument.
Ces moyens sont nécessaires parce quils permettent daméliorer les taux dencadrement, et le taux dencadrement de la France dans le primaire est le plus bas de tous les pays de lOCDE. Ces moyens sont nécessaires parce quils permettent dassurer les remplacements, et, après cinq années de saignées, nous ne sommes plus en mesure de mettre des remplaçants en face des élèves, que ce soit à lécole publique élémentaire ou au lycée. Ils sont nécessaires parce quils permettent daccueillir les enfants de moins de trois ans, et nous sommes passés entre 2002 et 2012 de 35 % à 11 % pour la proportion denfants de moins de trois ans accueillis à lécole. Ils sont nécessaires parce quils rendent possible la formation initiale des enseignants, pour lesquels cest une considérable revalorisation de permettre à nouveau lannée de stage ; celle-ci requiert en effet un montant de 800 millions deuros. Ils sont nécessaires parce quils permettent également daccompagner les enfants en situation de handicap, parce quils assurent la présence dadultes dans les établissements, et donc la sécurité nécessaire à lacte denseignement, parce quils permettent enfin le traitement de la grande difficulté scolaire, alors que vous avez démantelé les réseaux daides spécialisées aux enfants en difficulté, un tiers de ces postes ayant été supprimés au cours des cinq dernières années.
M. Benoist Apparu. Pourquoi ne les recréez-vous pas tous ?
M. Vincent Peillon, ministre. Mais ces moyens ne sont pleinement utiles que sils servent aussi des objectifs pédagogiques et une exigence portée par toute la communauté éducative.
Il nous faut dabord et chacun doit mesurer limportance de cette priorité accorder au primaire lessentiel des moyens. Cela ne sest jamais produit dans notre pays. Cest une action qui suppose dagir sur une multitude de facteurs : laccueil des plus petits je viens de le dire ; de nouveaux principes pédagogiques, plus de maîtres que de classes ; la redéfinition des cycles ; le respect retrouvé pour la spécificité de lécole maternelle française, que lon nous envie partout dans le monde ; la redéfinition de nos programmes ; une meilleure articulation entre lécole et le collège ; sans oublier aussi, bien entendu, une formation initiale des professeurs qui soit à la hauteur de leur tâche et la reconnaissance par la nation de limportance de leur mission.
Cela suppose aussi des rythmes scolaires adaptés, qui permettent aux enfants davoir le temps détudier et dapprendre au cours de journées moins chargées tout en étant plus complètes et de semaines plus harmonieuses. Je le redis au cas où certains ne lauraient toujours pas compris : la priorité au primaire est un projet de grande ampleur, qui marque une rupture et un temps nouveau pour lécole de la République. Ce sera la condition de la réussite de tous les élèves, tel est bien lobjectif que nous devons nous fixer en commun.
Il nous faudra progressivement, par le moyen des écoles supérieures du professorat et de léducation, développer des pédagogies de la confiance qui valorisent les talents de chacun, mais aussi linitiative et la coopération, qui exercent à lapprentissage, qui encouragent plutôt quelles ne découragent, qui ouvrent sur les uvres les plus riches de la culture et permettent lépanouissement de soi.
Dans cette école, chaque élève, quel que soit son milieu dorigine, doit être appelé à donner le meilleur de lui-même. Il doit se préparer à respecter les autres et à se respecter soi-même ce qui est une seule et même chose. Il doit, pour vivre dans un monde ouvert, maîtriser une langue étrangère. Il lui faut aussi apprendre à utiliser les technologies de linformation et de la communication dans des démarches actives, critiques et toujours riches pédagogiquement.
Dans ce projet, les écoles supérieures du professorat et de léducation, que nous mettons en place avec Geneviève Fioraso, ne marquent pas un retour vers le passé. Quand quelque chose de neuf se produit, il faut être capable de le saluer. Les ESPE ne sont ni les écoles normales, ni les IUFM. En effet, elles permettront de rassembler dans une même entrée progressive et professionnalisante dans le métier denseignant ceux qui se destinent à tous les niveaux de lenseignement. Que lon souhaite enseigner demain à lécole maternelle car nous remettons en place une formation pour les écoles maternelles, qui a disparu ou à luniversité, on doit être capable de partager des valeurs et une vision communes.
Ces apprentissages professionnels ne se substituent en aucun cas à lexcellence disciplinaire. Tout au contraire, ils viennent la compléter. Ils doivent pouvoir être suivis dès les années de licence par celles et ceux qui ont la vocation de transmettre et denseigner, dinstruire et déduquer. Avec la didactique, la recherche, la sociologie, la psychologie cognitive, la psychologie du développement, les sciences de léducation, les usages du numérique, la lutte contre les stéréotypes, la morale laïque, les droits et les devoirs du fonctionnaire, les philosophies de léducation, létude des systèmes étrangers, la lutte contre la violence, chacune et chacun doit pouvoir trouver dans les écoles supérieures du professorat et de léducation de quoi construire sa compétence, sa légitimité et son autorité de professeur.
De même, les professeurs devront pouvoir y travailler avec tous les autres métiers de léducation, ainsi quavec les professionnels des autres ministères ceux de la culture, de la jeunesse et des sports, de lenvironnement, de la santé, de la police, de la justice et de la formation professionnelle sans oublier les représentants des grandes associations avec lesquels ils auront à travailler tout au long de carrières dont nous aurons dailleurs à redéfinir les missions et le déroulement.
Les universités se sont engagées avec détermination, madame la ministre de lenseignement supérieur et de la recherche, dans la construction de ces écoles. Ce nétait pas chose aisée. Là encore, nous avons hérité dun passif important, à savoir le divorce de nos deux ministères, lequel avait conduit à la suppression de la formation des enseignants.
Les meilleurs de nos universitaires et de nos praticiens devront travailler ensemble dans une culture partagée et respectueuse pour former les centaines de milliers de professeurs dont la France aura besoin dans les années à venir.
M. Jean-Pierre Blazy. Très bien !
M. Vincent Peillon, ministre. Bien entendu, il faudra du temps, des efforts et de la persévérance pour que ces écoles donnent le meilleur delles-mêmes. Mais chacun doit garder présent à lesprit que le levier le plus efficace pour la réussite des élèves, cest la formation initiale et continue des professeurs. Lundi prochain, lOCDE tiendra dailleurs à Paris un grand colloque international pour soutenir cette démarche et rappeler que cest bien là le facteur essentiel dune grande ambition éducative.
Le numérique, on le sait, modifie profondément laccès à linformation et la transmission des connaissances ; il bouleverse notre relation au savoir. Lécole ne peut pas lignorer. Elle ne peut pas non plus se contenter de subir passivement cette mutation décisive. Cest pourquoi nous formerons les jeunes au numérique, pour quils maîtrisent ces outils indispensables à tous les aspects de leur vie. Nous les formerons aussi par le numérique, car cest un puissant levier de rénovation des pratiques pédagogiques, pour une plus grande réussite scolaire. Le numérique sera là pour aider le maître et lélève ; il sera un moyen, mais jamais une fin.
Cest pourquoi je tiens à souligner devant vous limportance de la création du service public du numérique éducatif. Ce nest pas tous les jours que lon crée un nouveau service public dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Ce sera, de surcroît, un vrai service public, cest-à-dire gratuit et respectant les principes fondamentaux des services publics à la française : égalité daccès de tous au service, continuité et qualité du service. Ce sera aussi un important vecteur de réduction des inégalités scolaires. Nous ne voulons pas que la seule réponse à léchec scolaire et à la dette éducative soit le recours aux instituts privés qui proposent du bachotage. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
De la même façon, même si elle ne relève pas de la loi, la modification des rythmes scolaires devra être conduite dans la durée. Elle doit bien entendu concerner lécole élémentaire. Chacun convient en effet que la semaine de quatre jours na pas été une bonne chose.
M. Régis Juanico. Eh oui !
M. Vincent Peillon, ministre. Mais il faudra aussi penser aux collégiens et aux lycéens, pour lesquels les journées sont souvent inutilement lourdes et lannée trop déséquilibrée. Nous ne pouvons pas nous plaindre à longueur de temps de la détérioration de nos performances scolaires, de laccroissement des inégalités entre les jeunes Français et du trop grand nombre de jeunes qui sortent du système scolaire sans diplômes ou qualifications et ne rien vouloir changer, alors même que les causes de ce déclin sont clairement identifiées par tous, très au-delà des polémiques et des clivages partisans quil est déshonorant de vouloir reconstituer une nouvelle fois sur ces sujets, au détriment de notre jeunesse, voire de lintérêt général. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP. Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Benoist Apparu et M. Luc Chatel. Et vous, que faites-vous ?
M. Vincent Peillon, ministre. De nouveaux chantiers sont ouverts : ceux du collège, de léducation prioritaire et des lycées professionnels. Aucun sujet ne saurait être tabou et certainement pas celui du métier denseignant, de ses missions et de sa valorisation.
M. Benoist Apparu. Il ny a rien dans le texte !
M. Pascal Popelin. Un peu de modestie, monsieur Apparu !
M. Vincent Peillon, ministre. En rénovant les instruments démocratiques qui permettent que la nation dans son ensemble décide de linstruction et de léducation quelle veut pour ses enfants ; en remettant en place un conseil supérieur des programmes ; en associant mieux les collectivités locales ; en composant un nouveau conseil de lévaluation réellement indépendant et non prescripteur ; en veillant à associer davantage et pour la première fois la représentation nationale à ces grands choix de société, nous ouvrons une porte sur lavenir et nous permettons le rassemblement nécessaire.
Cest le même esprit de responsabilité qui nous guide lorsque nous souhaitons mieux associer État et régions à la définition des cartes de formation professionnelle, lorsque nous nous soucions que chaque enfant de la République ait droit à un parcours dorientation et dinformation sur les formations et les métiers lui permettant de construire son projet ou lorsque nous voulons, avec ma collègue Aurélie Filipetti, offrir à chacun un parcours déducation artistique et culturelle.
M. Benoist Apparu. Il ny a aucun budget !
M. Vincent Peillon, ministre. Là encore, nous sommes fidèles à cette grande tradition de la République enseignante qui veut une éducation libérale, cest-à-dire que chaque enfant puisse avoir accès au meilleur de la culture et aux arts libéraux et qui, en même temps, défend lenseignement professionnel en soutenant, comme le faisait Jules Ferry dans son discours de Vierzon, que « relever latelier, cest relever la patrie ».
Mesdames et messieurs les députés, refonder lécole de la République est une tâche pour tous les républicains, qui suppose de la rigueur, de la patience, des convictions et un idéal vivant et généreux. Comme la République, elle est un acte de confiance. Cest le choix de ceux qui nous ont précédés : faire confiance à la liberté de chacun et considérer que tout homme, toute femme, tout enfant peut être instruit et doit être éduqué. La vertu des pédagogues est la même que celle des politiques ; chez les uns comme chez les autres elle est rare. Il faut être attentif à ce qui permet à chacun de progresser et de donner le meilleur de lui-même, de façon à ce quil témoigne en lui-même de toute lhumanité.
La France daujourdhui, nous le savons, se complaît beaucoup trop dans la morosité ; Elle a du mal à discerner son avenir, à mobiliser son courage et à trouver son espérance. Certains peuvent encore croire, qui demandent davantage defforts de rigueur et de compétitivité, que toutes ces exigences sont dabord des nécessités matérielles imposées par je ne sais quelle fatalité, des contraintes physiques ; cest une vision réductrice.
M. Jean-Pierre Blazy. Cest vrai !
M. Vincent Peillon, ministre. Ce qui fait la grandeur dun peuple, cest son idéal, mais aussi ses vertus intellectuelles et morales. Leffort, le mérite, le courage et lhonnêteté ne seront jamais des chiffres de lINSEE ou de la Commission européenne ; ce sont des vertus de caractère et desprit.
M. Jean-Pierre Blazy. Très bien !
M. Vincent Peillon, ministre. Ces vertus, dont nous avons grand besoin pour répondre aux défis qui sont les nôtres, cest à lécole quil faut les apprendre ; cest donc à lécole quil revient de les enseigner. La France ne peut pas se permettre de voir ses performances scolaires décliner, les inégalités entre ses enfants saccroître, trop de jeunes sortir chaque année du système scolaire sans diplôme ou qualification, tant délèves français 25 % en difficulté à lentrée au collège.
Être rigoureux et juste dans nos raisonnements, précis dans nos argumentations, respectueux dans nos comportements, dévoués dans nos engagements et constants dans notre action, tout cela relève des vertus que lécole de la République doit enseigner. La refondation de notre école nest pas une réforme à côté dautres ; cest la condition même de la réussite de toutes les autres réformes et du redressement de la nation.
Cest pourquoi, si nous voulons surmonter la crise de lavenir et la crise de lidentité nationale que nous traversons depuis plusieurs décennies, nous devons faire de lécole notre premier investissement et notre bien commun. Encore une fois, la refondation de notre école sera la condition de ce redressement.
Mesdames et messieurs les députés, notre débat va commencer. Vous avez déjà, lors des travaux de la commission, enrichi fortement notre texte sur de nombreux points ; je vous en remercie.
Si je nai pas souhaité être présent lors de lexamen en commission, ce nest pas, contrairement à ce que jai pu entendre, par manque de respect ou dintérêt, mais très exactement pour la raison inverse : cest lesprit des institutions réformées en 2008 qui me commandait de laisser aux débats des parlementaires leur pleine liberté. Il y a le temps de la commission et il y a le temps de la séance.
Permettez-moi de saluer le président Patrick Bloche, qui a conduit en commission des débats précis et fructueux. Plus de 600 amendements ont été déposés et combien de textes ont-ils permis cela ? 200, venant de tous les groupes, ont dores et déjà été adoptés. Je salue le travail du rapporteur, Yves Durand, qui est, comme nous, au début dune longue semaine.
Vos travaux ont permis de promouvoir le concept dinclusion scolaire. Cest la définition dune nouvelle approche de la scolarisation des enfants en situation de handicap. Cest une bonne chose. Nous allons intégrer ces amendements dans le texte de loi et faire en sorte quils ne figurent pas seulement dans le rapport annexé.
Vos travaux ont également permis, grâce à des propositions venant de lensemble des bancs, dimportantes avancées en matière de langues régionales. Le rapport annexé reconnaît le bénéfice quil y a pour un entant à apprendre très tôt une langue régionale, au même titre quune langue étrangère.
Mme Martine Carrillon-Couvreur. Très bien !
M. Vincent Peillon, ministre. Enfin, je tiens à saluer votre commission pour son travail sur les valeurs et les symboles de la République. Vous avez proposé, dans le rapport annexé, que la devise de la République et le drapeau tricolore soient apposés sur la façade de tout établissement scolaire et que la Déclaration des droits de lhomme et du citoyen de 1789 soit affichée dans tous les établissements.
Ces dispositions vont tout à fait dans le sens de ce que je souhaite. Elles augurent dun débat riche et constructif autour de lenseignement des valeurs de la République et de la morale laïque, que jattends avec gourmandise.
Nous poursuivons, avec la nation tout entière, le même but : la réussite de tous les élèves. Cette réussite sera la réussite de la France. Si certains cherchent encore une cause qui les dépasse et qui est à même de nous rassembler, quils ne cherchent pas davantage : cest lécole, toujours lécole, encore lécole !
Vous voulez une France capable de vaincre le chômage : lécole doit mieux former la jeunesse et la préparer aux métiers de demain. Vous voulez une France capable de renouer avec la prospérité, la confiance, la compétitivité : il nous faut élever le niveau dinstruction, de qualification de la jeunesse, lui donner force et confiance, parce quelle est notre meilleur atout. Vous voulez une France où chacun pourra avoir sa chance et où la justice ne sera pas une hypocrisie : alors nous devons transmettre nos valeurs, qui sont généreuses, nobles et fortes. Nous devons instruire, éduquer et faire grandir.
Si nous faisons léconomie de cette tâche, si la paresse, le cynisme ou lesprit partisan reprennent le dessus, on pourra toujours chanter la même chanson : la France ne se redressera pas, elle continuera son lent déclin, les forces dinertie et dabaissement lauront emporté. Si, à linverse, nous engageons ensemble cette refondation, dans le sérieux et le respect de chacun, nous donnerons une chance à lespoir.
Je compte sur vous tous, afin que ce débat permette de redonner à la promesse républicaine toute sa force et à notre pays lespérance dont il a tant besoin ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)
source http://www.assemblee-nationale.fr, le 13 mars 2013