Texte intégral
Monsieur le Vice-président,
Mesdames, Messieurs les chefs d'entreprises,
Mesdames, Messieurs,
Ce matin, j'assistais au séminaire gouvernemental consacré au numérique délocalisé à Gennevilliers. Pourquoi Gennevilliers ? On y trouve un Fablab de réputation mondiale, c'est-à-dire un atelier de machines-outils commandées par ordinateur. C'est un lieu d'innovations destinées à trouver des débouchés industriels.
A cette occasion, j'ai prôné la généralisation de « French Digital Houses » qui seraient des vitrines des savoir-faire français, ceux de nos entreprises et ceux des pôles de compétitivité.
Ce modèle que je souhaite développer connait déjà un début de réalisation à San Francisco avec l'initiative portée par l'Agence Régionale de Développement de la Région. C'est autour d'elle que j'entends rassembler ceux qui mettent en valeur la technologie française dans la Silicon Valley, lieu de l'innovation mondiale.
Cet exemple illustre le rôle de la Région en matière d'innovation et d'internationalisation
1/ L'Ile-de-France, au centre de ma stratégie
Très tôt après ma prise de fonction j'ai voulu que les régions soient les pilotes de l'export. Elles ont l compétence du développement économique, elles connaissent leurs territoires et leurs entreprises, apportent des financements, elles peuvent repérer, identifier et accompagner les futurs entreprises exportatrices.
Mais jusqu'à présent elles n'avaient pas individualisé leur contribution à l'internationalisation des entreprises. Cette année, elles franchiront donc une nouvelle étape en faisant leur plan export La loi de décentralisation devrait leur reconnaître cette compétence à l'international. . L'Ile-de-France, ce n'est pas une Région comme une autre. Comment envisager de faire sans une Région qui représente 18% de l'export français et 26% de nos importations ? Une Région qui, par ailleurs, pèse 29% du PIB de la France.
Je rappelais vendredi dernier, en Midi-Pyrénées, qu'elle est la première région aéronautique et spatiale de France. Mais c'est aussi le leader national de la santé, des industries créatives, du numérique, de l'automobile… Et c'est, dans le même temps, une région agricole importante (un milliard d'euros de CA dont 35% à l'export).
Pour moi, qui ai fait du commerce courant (410 milliards de nos 440 milliards d'exportations) une priorité, cette diversification, ce poids économique, font que je compte beaucoup sur l'Ile-de-France et sur le résultat de vos travaux.
On dit souvent de notre région qu'elle est une terre de contrastes. C'est à la fois vrai et un propos qu'il faut nuancer. Ainsi, c'est en Seine-Saint-Denis, si j'en crois l'étude régionale consacrée à l'export, que les entreprises exportent le plus durablement même si c'est dans les Hauts-de-Seine qu'on en trouve le plus fort contingent.
L'Ile-de-France joue un rôle majeur en termes d'attractivité. La politique que je pilote avec Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, doit porter à 1000, d'ici à 2017, le nombre de décisions d'implantation annuelle des entreprises étrangères (700 aujourd'hui). Ici, 30% des investissements créateurs d'emplois se font.
Lorsqu'une entreprise qui n'est pas encore installée en France cherche à y investir pour la première fois, elle tourne une fois sur deux ses yeux vers la Région capitale.
Et plus elle vient de loin, plus elle choisira d'abord l'Ile-de-France parce qu'elle est accessible, ouverte au monde et concentre beaucoup des atouts de notre pays.
Vous venez de vous doter d'une signature commune pour l'international suite à un long processus de concertation. La France réfléchit aussi à sa marque. Une mission travaille sur un "référent commun", un "imaginaire commun" qui reflèteront un ensemble de valeurs partagées par les Français. Ce sera une marque ombrelle où chacun s'y retrouvera. Elle fédérera les initiatives sans les remplacer.
Chaque territoire pourra s'inscrire sur une base volontaire et profiter d'une dynamique commune.
En matière de recherche et d'innovation, l'Ile-de-France est aussi la première région française. 8 pôles de compétitivité y sont implantés, qui couvrent 3 des 4 familles de produits dont j'ai fait mes priorités (mieux se soigner – Medicen -, mieux communiquer – Systematic et Cap Digital, mieux vivre en ville – Advancity).
L'Ile-de-France connait, à l'international, les mêmes freins que la France. Ces difficultés, vous les avez rappelées ce matin : des PME trop faiblement contributrices à l'export (30,2% des exportations franciliennes pour 73% du total des entreprises qui exportent), un solde commercial largement déficitaire (- 56 milliards d'euros), des handicaps liés à la taille des entreprises et aux difficultés de financement.
2/ un cadre national pour agir
Le Gouvernement a initié une politique cohérente pour lever ces freins. C'est le Pacte pour la compétitivité, la croissance et l'emploi.
Le Crédit d'Impôts, d'abord, devrait donner aux entreprises un ballon d'oxygène, son préfinancement est en place.
L'accompagnement personnalisé des entreprises innovantes PME et ETI sera fait par Ubifrance et en 3 ans 1000 entreprises seront ainsi accompagnées.
Evidemment, beaucoup seront en Ile-de-France. Sur la base du travail du FSI, qui identifie 900 entreprises stratégiques, Ubifrance aura déjà porté sur les marchés export 250 entreprises à la fin de cette année, 600 en 2014.
J'ai déterminé des priorités géographiques (47 pays) et des familles de produits pour lesquelles nos entreprises sont idéalement placées pour répondre aux besoins des nouvelles couches moyennes de population (mieux se nourrir, mieux se soigner, mieux communiquer, mieux vivre en ville).
Cet accompagnement personnalisé, l'Ile-de-France l'a déjà mis en place au travers du dispositif Paris Région Entreprise piloté par l'ARD. Les deux actions devront se conduire en cohérence.
La Banque Publique d'Investissement se déploie. En Ile-de-France, elle s'installe dans les locaux d'Oséo.
C'est une banque d'intérêt général qui accompagne les entreprises dans l'ensemble des phases de développement : le financement de l'activité (trésorerie, BFR, export), le soutien à l'innovation, le renforcement des fonds propres.
C'est un partenaire des Régions : le Président de chacune préside le Comité Régional d'Orientation.
C'est un outil de prestations de service. Des experts d'Ubifrance, développeurs à l'international, rejoindront, à partir du 5 mars, ses équipes afin d'accompagner les entreprises qui souhaitent exporter.
C'est un partenaire de l'export. Outre un fonds de 150 millions d'euros destinés à aider les fonds qui soutiennent les entreprises exportatrices, la rationalisation des financements export est en cours. Cela signifiera :
- la mise en place d'un catalogue unique BPI/Coface pour toutes les interventions financières des deux opérateurs sous une marque commune « BPI export » ;
- la réorganisation des financements autour de trois lignes de produits : prospection, financement du développement international, assurance de la réalisation du projet d'exportation ou d'implantation à l'étranger,
- l'amélioration des conditions de délivrance et de mise en oeuvre de ces outils (réduction des délais d'instruction des aides, simplification de la documentation exigée des PME).
3/ une action régionale qui s'affirme et s'inscrit dans la politique nationale.
Ce cadre, j'ai souhaité que les Régions s'inscrivent dedans mais gardent leur liberté. Elles sont pilotes : je souhaite que les départements et les métropoles, s'inscrivent dans leurs stratégies.
L'Ile-de-France n'avait pas, jusqu'à présent, donné de visibilité à la fonction export au sein de son action en matière de développement économique.
Et pourtant, l'Ile-de-France agit sur bien des phases du développement de l'entreprise au travers de sa Stratégie Régionale de Développement Economique et d'Innovation (SRDEI) et des dispositifs comme PM'up (qui permet de financer indirectement des actions à l'export, comme le recrutement d'un VIE par exemple – et d'ailleurs, la Région ne pourrait-elle pas nous aider à porter de 7000 à 9000 le nombre de VIE dans les entreprises, surtout les PME ? C'est un engagement du Pacte et certaines Régions ont des dispositifs spécifiques).
La réunion qui nous rassemble lance le travail de concertation pour l'élaboration du Plan Régional d'Internationalisation des Entreprises. Elle est une première indication : la Région s'engage pour l'internationalisation de ses entreprises.
Vous proposez trois ateliers : gouvernance, financement, et pays/filière. Au mois de juin, nous nous retrouverons pour discuter des résultats de cette grande concertation.
Je veux, à ce propos, vous dire ce que doit être, pour moi, un PRIE.
Outil stratégique au service des entreprises, il fixe des priorités d'actions, notamment en termes de secteurs et de pays prioritaires ; il organise les acteurs du soutien à l'international ; il détermine des objectifs et des calendriers.
Vous avez chois un grand témoin, Gilles BATTIER, Président Directeur Général de SPRING Technologies. Il y veillera.
Vous y associerez la Chambre de Commerce et d'Industrie, désormais régionale. Elle accompagne chaque année 750 nouvelles entreprises exportatrices et réalise une quarantaine de missions à l'étranger par an.
J'ai visité déjà treize Régions. le lien entre l'institution régionale et les Chambres consulaires est fort. Ici, en Ile-de-France, la collaboration est ancienne et fructueuse. Elle doit se poursuivre. Le modus vivendi que vous trouverez entre tous les acteurs sera pour beaucoup dans le succès de votre stratégie pour l'export.
Je compte sur l'Ile-de-France, sa place majeure dans l'économie du pays et son ambition pour accompagner les entreprises, pour atteindre l'objectif d'équilibre de la balance commerciale hors énergie en cinq ans. Votre réussite sera la mienne.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 5 février 2013