Texte intégral
Je suis particulièrement heureux dêtre parmi vous aujourdhui à loccasion de ce salon de lalternance et de lapprentissage, dont on me dit quil a dores et déjà rassemblé beaucoup plus de monde que lan passé.
Cest dailleurs une constante dans ce type dinitiative. Je me suis rendu dans plusieurs salons de lalternance ces dernières semaines, notamment à Chambéry et à Paris, et partout on me dit : il y a plus de monde que lan dernier ! Sans doute, linquiétude à légard de lavenir y est-elle pour quelque chose : les familles mettent dans lorientation de leurs enfants beaucoup denjeux je dirais même beaucoup de pression ! Hélas, trop souvent, elles y mettent aussi beaucoup de préjugés, notamment sur les filières dalternance.
Cest pour cela quil est important que des jeunes visitent ce salon. Je pense en particulier aux collégiens et aussi à leurs parents qui peuvent avoir une mauvaise vision des filières de formation en alternance alors quelles sont de réelles voies de réussite.
Des initiatives telles que la vôtre sont donc précieuses.
Oui, lapprentissage est une voie dexcellence, à parité de dignité avec les autres voies qui lui sont complémentaires.
Il en est ainsi pour tous les niveaux de formation, pour tous les types de métiers auxquels lapprentissage prépare. Et tous ces métiers sont dune égale noblesse. Je participais la semaine dernière à la remise des médailles des Meilleurs Apprentis de France au Sénat.
Quelle fierté dans le parcours de ces jeunes, dans leurs regards, dans leur expertise ! Et quelle diversité de leurs savoir-faire : fleuristes, bouchers, photographes, décorateurs, coiffeurs, sculpteurs, maçons cest extrêmement varié. Voilà, aussi, ce quun salon comme le vôtre peut donner à voir : ces parcours exemplaires, ces jeunes qui tombent amoureux de leur métier.
Le « métier », tel est justement le maître mot de lapprentissage. Les jeunes qui sengagent dans ces filières le font, bien souvent, non par choix dune « formation » mais pour « apprendre un métier ». Cest essentiel et cest ainsi que nous continuerons dattirer toujours davantage vers lapprentissage.
Je sais que votre salon daujourdhui est un temps fort dune action menée en continu tout au long de lannée notamment par la Mission locale, Pôle Emploi, les services de lEtat, mais aussi par votre dispositif « Le But vers lEmploi » qui sappuie lui-même sur un Point dInformation Jeunesse dynamique.
En somme, on peut dire que tout le monde sy met et cest bien le moins que lon puisse faire dans cette période difficile pour les jeunes, les demandeurs demploi, les familles et les entreprises.
Dans les années qui viennent, nous avons en effet à résoudre le grave problème du chômage, en particulier celui des jeunes dépourvus de toute qualification à lissue de leur parcours scolaire, ce qui est le cas de 130 000 dentre eux chaque année.
On pourrait considérer que la situation de lemploi en Haute-Savoie est plus favorable ou moins défavorable que sur lensemble du territoire puisque le taux de chômage, qui sélève à 7,6 %, y est inférieur de plus de 2 points au taux national.
Mais la situation est toutefois difficile dans certains territoires. Cest le cas de la Vallée de lArve dont le taux de chômage frôle aujourdhui 11 %. Je me félicite donc que le projet « Vallée de lArve » ait été retenu au plan national parmi les 13 plates-formes territoriales dappui aux mutations qui permettront de renforcer le travail danticipation dans les démarches dadaptation et délévation des compétences sur les emplois et les métiers dont les entreprises et léconomie ont besoin.
La situation est difficile aussi pour les jeunes dont le taux de chômage sest accru cette même année de près de 13 %, et même de 17 % pour les jeunes hommes.
Mais sagissant des jeunes, je vois des signes despoir tangibles, notamment sur le registre de lalternance, sur lequel la Haute-Savoie a fait aussi mieux que la moyenne.
Vous me permettrez de rappeler à ce sujet quau printemps dernier, une rumeur persistante sétait répandue, selon laquelle lannée 2012 serait une année catastrophique pour lapprentissage. Cela ne partait pas de rien, il faut le reconnaître : le contexte économique étant très morose, on pouvait effectivement craindre sinon un effondrement, du moins un tassement sensible du nombre dentrées en apprentissage.
Eh bien il nen a rien été !
Le nombre de contrats dapprentissage enregistrés du 1er janvier au 31 décembre 2012 sest élevé très exactement à 297 768, soit une progression de 1 % par rapport à 2011. Et en Haute-Savoie, la croissance a atteint 3,1 %. Félicitations !
Vous pourriez me dire quil ny a pas là particulièrement matière à senthousiasmer.
Je me réjouis toutefois de ce résultat, car il montre quen dépit des difficultés parfois lourdes quelles rencontrent, les entreprises continuent de préparer lavenir. Cest le cas tout particulièrement des plus petites : je rappelle en effet que 77 % des apprentis sont embauchés par des entreprises de moins de 50 salariés, et 57 % dans des entreprises de moins de 10 salariés, principalement artisanales.
Les entreprises continuent donc très majoritairement de faire confiance aux jeunes et de vouloir transmettre le flambeau. Jy vois un signe despoir qui doit nous encourager à poursuivre nos efforts.
Alors il faut continuer dagir sans relâche pour développer lalternance et lapprentissage.
Comme vous le savez, le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi a fixé lobjectif de faire progresser le nombre dapprentis dans notre pays de 435 000 actuellement à 500 000 dici 2017. Au vu des résultats de lannée 2012, cest un objectif raisonnable, réaliste, atteignable si tous les partenaires se mobilisent : les entreprises, les organisations professionnelles et consulaires, tous les prescripteurs et bien entendu les CFA eux-mêmes.
Je reçois en effet de trop nombreux courriers de parents et de jeunes désespérés qui ont trouvé une place dans un centre de formation mais ne trouvent pas dentreprise et de contrat dapprentissage. Je ne my résous pas.
Le succès de lapprentissage nous oblige tous et on ne peut laisser la responsabilité de trouver lentreprise sur les seules épaules des familles et des jeunes car alors celles et ceux qui nont aucun réseau familial ou social resteront durablement exclus de cette voie de réussite.
Je compte aussi sur laction des développeurs de lapprentissage dont jai décidé de renouveler le financement pour 2013.
23 dentre eux sont implantés en Région Rhône-Alpes et ont vu ainsi confortées leurs missions au service de la recherche de contrats dapprentissage, y compris dans des secteurs qui y recourent encore trop peu.
Je compte beaucoup également sur le tout nouveau contrat de génération dont jentends dire trop souvent quil risque de concurrencer les contrats en alternance alors quil constitue au contraire un levier de leur développement. En effet, lentreprise qui recrute un jeune en contrat de professionnalisation CDI ou bien qui embauche en CDI un jeune au terme de son contrat dapprentissage chez elle pourra comptabiliser ces deux recrutements au titre du contrat de génération et bénéficier des avantages qui en découlent.
Le Président de la République a signé la semaine dernière à Blois les premiers engagements relatifs à ce nouveau contrat. Et trois des signataires sur quatre étaient justement des jeunes qui achèvent un contrat en alternance.
Je constate aussi que malgré les doutes qui sexpriment souvent, les emplois davenir montent en charge. Cest le cas aussi en Haute-Savoie : je signerai dici ce soir des conventions sur ce registre. Je tiens dailleurs à souligner ici lengagement de Madame le Maire de Gaillard qui embauche 7 jeunes, ce qui est un bel engagement pour une commune de taille modeste.
Je crois donc pouvoir dire que la priorité Jeunesse fixée par le Président de la République est aujourdhui la priorité de tous, et je men félicite, car cest une nécessité vitale pour lavenir du pays tout entier.
Cette priorité Jeunesse passe aussi par lamélioration des conditions de vie des alternants et en particulier des apprentis.
Je suis très sensible à cela, car je crois que lon ne peut pas se préoccuper de lavenir de lapprentissage sans se soucier des conditions de vie et de travail des apprentis. Une partie significative dentre eux vit dans des conditions sociales, familiales et financières difficiles qui sont souvent un frein à la conclusion de contrats, mais aussi lune des causes de certaines ruptures.
Je sais que la plupart des CFA développent avec un soin toujours plus grand des actions daccompagnement individualisé des apprentis, sur le plan pédagogique bien sûr, mais aussi sur tous les registres de leur vie quotidienne. Je les encourage à amplifier encore leur action dans ce domaine, en pensant particulièrement aux problèmes de transport et dhébergement. En effet, un apprenti est souvent écartelé entre trois lieux de vie : son domicile familial, son CFA et son entreprise lesquels sont rarement dans la même ville ni même en proximité. Cet écartèlement induit des coûts importants, difficiles à supporter pour un certain nombre dapprentis.
Et cest pourquoi jattache une grande importance au développement des projets de laction « formation en alternance et hébergement » du programme des investissements davenir, déployé par la Caisse des dépôts et consignations, et qui a déjà permis la mobilisation de près de 240 M pour la mise en uvre de 56 projets innovants qui génèreront 12 000 places de formation supplémentaires pendant que 4 000 places dhébergement seront construites, reconstruites ou rénovées.
Il nous faut tous ensemble conforter tout cela.
Cest pourquoi un projet de loi est en préparation qui comportera un important volet apprentissage, avec 3 grands objectifs :
- Augmenter le nombre dapprentis, donc loffre de contrats, en particulier dans les secteurs où lapprentissage est peu développé : je pense notamment aux collectivités territoriales, à léconomie sociale
- Améliorer la qualité de lapprentissage pour lutter contre les ruptures de contrats, en confortant les missions des CFA à cet égard, ainsi que le rôle des maîtres dapprentissage
- Rendre plus lisibles, plus efficaces et plus équitables les modalités de répartition et de collecte de la taxe dapprentissage, pour favoriser un développement de lapprentissage harmonieux à tous les niveaux, en portant une attention toute particulière aux premiers niveaux de qualification. La part des apprentis visant le niveau V (CAP / BEP) a eu en effet tendance à régresser ces dernières années, passant de 49 % en 2009 à 45 % aujourdhui pendant que celle des apprentis visant les niveaux bac + 2 et au-delà progressait de près de 4 %.
Tous ces grands objectifs ont fait lobjet dune très large consultation avec lensemble des nombreux acteurs concernés : Chambres consulaires, partenaires sociaux, Régions
Jai constaté que tous les acteurs sont ouverts au débat dans un esprit constructif. Je fonde donc légitimement lespoir que chacun saura faire vers lautre les pas nécessaires pour que lon puisse déboucher sur une réforme significative de lapprentissage qui contribuera à une meilleure insertion professionnelle des jeunes. Il ne sagit évidemment pas de « jouer » lapprentissage contre les autres voies de qualification car elles sont toutes - je lai dit - dune égale dignité et complémentaires.
Il sagit au contraire de faire en sorte que chaque jeune puisse trouver une solution - sa solution - pour cultiver et développer ses capacités, construire son avenir professionnel et donc sa vie.
Lemploi des jeunes, de tous les jeunes, est une urgence sociale, sociétale. Je salue donc la contribution de tous les acteurs mobilisés ici aujourdhui à la construction de lavenir de notre jeunesse et donc de celui du pays tout entier.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 19 mars 2013